Tsukiyoko Monogatari - Le Conte de L'Enfant Lune

Chapitre 1 : Tsukiyoko Monogatari - Le Conte de l'Enfant de la Lune

1354 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:56

    On la disait plus belle que la lune.

  Aucune ride de colère n'avait plissé ses traits, aucune larme n'avait creusé sa peau, aucun sourire n'avait dévoilé sa véritable beauté. Au balaiement de son vêtement sur la terre, les hommes baissaient la voix et racontaient gravement que son sourire illuminait à tel point le ciel nocturne que le jour n'aurait plus besoin de se lever, comme si la légende donnait vie à la divinité. Aux ondulations souples de sa chevelure, les femmes se retournaient et murmuraient que l'heureux serait le plus courageux. Et pourtant, les uns comme les autres avaient tort ; comment parler de ce que vos yeux n'osent regarder, car personne n'avait jamais fait face à sa beauté.

  Jusqu'au jour où le plus courageux l'aborda fièrement et affronta la beauté qui bousculait le clan entier. Elle prit un moment avant d'étirer ses lèvres.

  « Qu'est-ce qui te fait sourire ? » voulut demander l'homme

  « Alors que je m'attendais à rendre aveugle cet homme, le voilà muet. »

  La première ride offerte à son promis amoindrit la beauté, mais personne ne put le constater, car ils la virent pour la première fois. L'homme cherchait la lune depuis qu'il en était tombé amoureux, un soir couché dans les hautes herbes, et l'avait trouvée sous les traits d'une femme dont il ne se lassait pas de comparer et d'en vanter sa lumière. Bientôt, il devint un personnage d'importance et chef du clan, époux de l'Enfant de la Lune. Il fut alors inquiété du mal croissant qui emportait les siens. Le clan continuait de diminuer tandis que d'étranges rumeurs se répandaient quant à cette lueur qu'on percevait s'enfoncer dans la forêt dès l'apparition de la face pâle céleste.

  Une nuit, les pleurs d'une mère réveillèrent le clan assoupi. Le mal lui avait enlevé son fils parti chasser pour soigner une fièvre, il n'était pas revenu. Persuadé par le prêtre du clan de la malveillance d'un démon, le chef prit les meilleurs chasseurs avec lui. Au pied d'un arbre gisait le fils, au loin la lueur avançait parmi les arbres en direction du village. Ils la poursuivirent jusqu'à l'orée du bois, où elle s'était figée pour appeler le nom du chef. Derrière, le clan crachait et criait sur la lueur dont la voix tremblante, familière, s'éleva une nouvelle fois. Personne ne l'écoutait. Un chasseur se souvenait avoir vu un démon semblable à la femme. Les femmes du clan attirées par le tumulte opinèrent, puis les autres crièrent au démon.

   Tandis que la seconde ride se creusait, le chef fut accablé par la soudaine laideur de la belle femme. Un démon ne méritait pas de vivre dans ce monde, mais en souvenir de son amour pour elle en qui il avait vu la lune, il la condamna à l'enfermement à vie. La femme s'effondra, épuisée par une maladie fatale qu'elle avait tenté de repousser avec des fleurs sauvages ne fleurissant qu'à la nuit tombée. La troisième ride plissa ses traits, divisés en plusieurs, elle en effrayait les plus courageux.

  « Ton fils mourra avec moi et le fruit de ma haine naîtra. Par cette lune que tu aimes tant, semblable à cette nuit, il se tiendra au milieu des cadavres des nôtres et le clan s'éteindra avec lui. »

  L'innocente fut emportée sous le regard de ceux qui étaient les siens.

  La tragédie se poursuivit malgré l'enfermement du démon ; son âme agitée – disait le prêtre – répandait une souffrance que des murs de pierre ne sauraient freiner, il fallait la calmer. On offrit en sacrifices les femmes du clan à la Lune, qui Seule pouvait aider ses fidèles. Les morts furent moins nombreux, de même que les enfants dans les foyers.

  Quatre mois plus tard, une nuit d'hiver, le clan se glaça aux cris du démon, annonciateur d'une naissance pareille à nulle autre. Les mots du démon n'avaient pas quitté les esprits, tous tremblaient et d'un sourire inquiet s'échangeaient des banalités, discutant de combien la lune semblait grosse dans le ciel sans nuage; au moins, se disait-il, elle les protégerait jusqu'à l'aube. Tandis que le clan se mettait à l'abri, le courageux chef de clan, accompagné d'un courageux médecin et du prêtre, voulait assister à l'entrée de son enfant dans ce monde. Il éprouva du désespoir à la vue de l'enfant péniblement immobile dans le bras du prêtre.

  « Tuez-la... »

  Mais les cris du démon reprirent et une petite chose blanche gesticula dans l'autres bras du prêtre.

  « Elle est morte. » constata le médecin « Il souhaite rejoindre sa mère. »

  « Il est né... Il nous faut l'éliminer avant qu'il ne cause notre perte. » ajouta le prêtre

  Le chef n'entendit pas, il ne voyait que l'enfant rappelant la lune et n'entendait que ses pleurs semblant être ceux de la défunte. Il s'en alla, tournant ainsi le dos à la peur, plus faible que la haine dont il était le père.

 

••

Yop ! Ce petit conte a été écrit pour noircir le brouillon trop rose d'un examen. Je le publie en attendant ma fic' sur Le Voyage de Chihiro, dont la rédaction a été stoppée par ces fichus partiels. Pourquoi ce thème ? Kimimaro est le premier personnage qui m'a intéressé et trop de questions l'entouraient dans mon cervelet. Pourquoi avait-il été enfermé et mis à l'écart par son propre clan ? D'où lui venaient ses cheveux blancs ? Qui étaient ses parents ? Quel était le lien entre le clan Kaguya et Kaguya ? Où étaient les femmes de ce clan (elles n'apparraissent ni dans le manga ni dans l'anime) ? Bla blabla, blablabla. Et j'aime les contes, surtout japonais !

Evidemment cette fic' prend beaucoup de liberté, rien ne dit que le clan Kaguya vouait un culte à la lune ou qu'il avait des prêtres. La fin finissait à l'origine par une réplique du père : "Il vivra tant qu'Elle le protégera", le "Elle" pouvant être compris comme à la fois la Lune et/ou la mère, car en vrai ça l'aura bien arrangé que Kimimaro meurt, mais il avait peur que le tuer réveille en plus la colère de sa femme. Et la suite de l'histoire, vous la connaissez XD

 

Laisser un commentaire ?