La Princesse d'Axerik

Chapitre 4 : Une vie "normale"

1451 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:07

« Voilà ! Bon appétit.»

Flora venait de déposer une assiette devant Penelope. Sur cette dernière, il y avait une tranche de tarte ; soi-disant une tarte aux fruits. Luke regardait la jeune fille avec un sourire machiavélique. Elle allait goûter à la cuisine de Flora pour la première fois...

Penelope prit avec sa cuillère un morceau de tarte, le mena à sa bouche, le mâcha pendant quelques secondes avant de l'avaler. Luke étouffa un rire en voyant l'expression de son visage.

Elle reposa doucement l'assiette et Flora lui demanda.

« Ça ne te plaît pas ?

-Oui, c'est horrible. »

Le rire de Luke disparut aussitôt. Penelope venait de déclarer, avec tout le calme et toute l'insouciance qu'on puisse imaginer, que Flora cuisinait mal !

Il regarda la jeune Reinhold, impatient et surtout craintif de sa réaction.

« Tu trouves ? Demanda-t-elle, l'étonnement clairement visible sur son visage.

-Non... tenta de rectifier Luke, elle ne voulait pas dire ça...

-Non, je voulais vraiment le dire, répliqua Penelope, que signifie le mot « horrible » pour toi ? »

Il lui lança un regard noir mais elle ne broncha pas. Elle regarda simplement Flora à qui elle venait de faire sa critique. La réaction de cette dernière ne manqua pas de les surprendre.

« Bon, dit-elle en relevant le plat, ça doit être une mauvaise recette. Je m'en vais de ce pas en essayer une autre ! »

Et elle disparut dans la cuisine, un sourire accroché aux lèvres.

 À peine fut-elle partie que Luke se retourna vers Lopy.

« Tu es folle de lui dire une chose pareille ? »

Penelope leva un sourcil.

« Elle m'a demandé si ça ne me plaisait pas et je lui ai répondu la vérité.

-Je t'avais pourtant prévenue qu'elle... »

Luke baissa la voix.

« Cuisinait mal, chuchota-t-il.

-Oui, et alors ? »

Il frappa sa main contre son front ; Penelope était une cause perdue. Cela ne faisait que deux jours qu'elle vivait avec eux, mais c'était amplement suffisant pour comprendre sa personnalité. Elle était très têtue, toujours déterminée à faire ce qu'elle croit être juste, même si elle se trompe complètement. Elle avait sa propre façon de voir les choses et y croyait dur comme fer.

Et puis il y avait aussi sa franchise excessive. Luke avait l'impression qu'elle ne triait pas ce qu'elle disait, qu'elle ne se souciait ni des impressions des autres, ni de leurs sentiments.

Et il se demandait parfois pourquoi elle n'avait pas montré cette attitude à Folsense, lorsqu'ils avaient besoin d'informations...

« Peu importe, lui dit-il, si tu persistes à lui dire que sa cuisine est mauvaise, elle va croire que le professeur et moi sommes des menteurs !

-C'est pourtant la vérité : vous lui mentez ! »

Elle souriait d'un air narquois qui exaspérait Luke.

« C'est uniquement pour ne pas la blesser ! Avec le temps, elle va finir par s'améliorer. Inutile de la décourager dès le début ! »

Penelope soupira.

« Tu es trop sensible ! Qui serait blessé par une chose pareille ?

-N'importe qui à part toi, sans doute ! Répliqua-t-il.

-Ah... les petits et leur innocence... »

Petit. Elle avait appris à utiliser ce mot contre le pauvre Luke depuis le jour où elle a remarqué que ça l'énervait. Le ton ironique de sa phrase n'échappa point à l'apprenti du professeur, mais il feignit l'indifférence. Car, contrairement à Flora et à Layton, lui, n'arrivait pas à lui faire confiance.

Ce n'était qu'une intuition, bien sûr, mais elle ne semblait pas aussi innocente qu'elle le prétendait.

Penelope se leva tout d'un coup. Elle porta son sac à bandoulière qui ne la quittait jamais et avança vers la sortie du salon dans lequel ils se trouvaient.

« Où vas-tu ? Lui demanda Luke.

-Je sors me promener. Je ne comprends pas comment vous pouvez rester entre quatre murs toute la journée.

-Le professeur a dit qu'il reviendrait tôt.

-Dans ce cas-là, répondit-elle, dit lui que je suis sortie. J'irais peut-être à la bibliothèque, ou au parc de l'autre jour. »

Et elle s'en alla.

Luke se leva et alla jusqu'à la petite bibliothèque remplie de livres qui se trouvait dans le salon du professeur. Il en retira un et l'ouvrit à une page où il avait laissé un marque-page. C'était un roman policier.

Il appréciait ce genre. Même s'il n'avait jamais aimé les meurtres, le suspense donnait une sensation extraordinaire. Et il se disait qu'il acquerrait ainsi une certaine expérience dans le domaine, afin d'être plus utile au professeur dans ses prochaines affaires.

Dans ce petit appartement situé quelque part à Londres, le silence était roi. Seuls le bruit d'une poêle posée sur le feu et celui d'un livre dont on tournait de temps en temps les pages se faisaient entendre.

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Le professeur Layton sortit de l'université. Ça avait été une journée plutôt légère ; mais, comme presque toujours, il rapportait avec lui du travail pour le terminer à la maison. Le métier d'archéologue est loin d'être facile ; d'autant plus que, lorsqu'on est professeur, on doit gérer les travaux de ses étudiants et faire toutes sortes d'autres tâches de plus que celles d'un simple archéologue.

Tandis que sa voiture longeait le chemin entre son lieu de travail et son habitation, il pensait à toutes sortes de choses. Mais ce qui occupait le plus son esprit, c'était la question que Luke lui avait reposée, ce matin encore.

« Professeur, la lettre que vous avez écrite à Folsense, elle était destinée à qui ? »

Il avait, comme les deux fois précédentes, esquivé habilement la question. Mais il ignorait jusqu'à quand son apprenti allait s'obstiner à vouloir savoir. C'était un détail qui n'avait absolument aucun rapport avec l'enquête, et la réponse était (comme aurait dit Penelope) inutile.

Et, de plus, il ne pouvait pas le lui dire. Jamais.

Hershel soupira lourdement alors qu'il tournait le volant de l'automobile. Chacun avait ses petits secrets qu'il souhaitait garder pour lui-même. Lui n'était pas une exception.

Arrivé à destination, il gara la Laytonmobile à son endroit habituel et descendit. Il croisa M. Chiffter, qui passait juste devant chez lui. Aussi longtemps qu'il s'en souvienne, cet homme lui avait toujours apporté les lettres les plus importantes qu'il ait reçues. C'est-à-dire, celles qui l'ont conduit vers ses plus grandes aventures.

Il avait l'impression que cette fois-ci ne faisait pas exception.

Le professeur salua le facteur, qui lui répondit cordailement. Il lui tendit une enveloppe.

« Vous tombez bien, monsieur Layton, j'ai une lettre pour vous. J'allais la mettre dans votre boîte aux lettres mais puisque vous êtes là, autant vous la remettre en main. »

Layton prit la lettre et le remercia.

« Vous recevez toujours des lettres vous demandant de l'aide, plaisanta Chiffter, vous ne devez pas vous ennuyer, surtout si les requêtes sont assez originales... »

Il ne savait pas à quel point ce qu'il disait était vrai.

Le facteur s'en alla et le professeur regarda le dos de l'enveloppe pour voir le nom de l'expéditeur. Un sourire se dessina sur son visage.

« Luke va être content », se dit-il en entrant chez lui.

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