Le coeur du probleme.

Chapitre 2 : Kate.

3550 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/08/2015 14:39

Ce que Sherlock Holmes me raconta par la suite.

 

Sherlock Holmes ferma la porte derrière lui et fixa la jeune femme. Sans dire un mot, elle contourna la table carrée, bon marché, qui occupait le centre de la pièce et remplit une bouilloire d'eau, puis elle se tourna vers le détective consultant. Pendant de longs instants ils s'affrontèrent du regard. Sherlock en profita pour la "lire" et il avait la désagréable impression qu'elle faisait de même.

_ Voulez vous du thé Mr Holmes ? demanda-t-elle soudain.

_ Mon nom est John Watson, mademoiselle, répondit Sherlock en tentant de masquer sa surprise.

_ Ne jouons pas à ce petit jeu là, voulez vous.

_ Bien. Comment avez vous su ?

_ C'était évident.

_ Comment ? répéta-t-il.

Il était à présent plus qu’intéressé par la jeune femme. Comment avait-elle fait pour percer son secret ?

_ Je viens d'arriver à Londres et ...

_ Je sais cela. Continuez en sautant la partie narrative.

_ Quelqu'un de ma connaissance suis vos affaires avec beaucoup d'assiduité et m'a dit que vous étiez toujours accompagné d'un médecin. Il est clair que vous ne l'êtes pas mais votre ami, là bas, l'est. Je ne vous avait jamais vu avant aujourd'hui et j'ai été très surprise de vous rencontrer.

_ Comment savez vous que mon ami est médecin ?

_ Médecin militaire. C'était Afghanistan ou Irak ?

Un léger sourire étira les lèvres de Sherlock. Elle était futée. Ou peut être mentait-elle ? Non, elle ne mentait pas. Elle était très calme, n'avait aucun tic, ses pupilles n'étaient pas dilatées et elle n'avait aucune sueur. Peut-être s'était-elle documentée sur eux et était entraînée pour cacher ses mensonges. Non. Elle ne mentait pas, il le savait. Elle était futée. Elle était brillante.

_ Alors Mr Holmes ? Afghanistan ou Irak ?

Sherlock s’apprêtait à répondre quand la porte s'ouvrit.

 

Blog de John H. Watson :

 

Je me sentis parfaitement idiot en ouvrant la porte et en appelant :

_ John, viens voir s'il te plaît.

_ Arrête, me dit Sherlock sans quitter Kate des yeux, elle sait.

_ Elle sait ?

_ Qui nous sommes.

_ Tu lui as dit ?

_ Elle l'a deviné. S'il vous plais Kate, pouvez vous dire à John ce que vous savez ?

La jeune femme posa son regard bleu sur moi et l'espace d'un instant je les trouvait étrangement familiers.

_ Vous êtes un médecin militaire à la retraite et travaillez en ce moment dans un cabinet médical civil. Vous vous ennuyez souvent... et allez bientôt avoir un enfant.

J'étais abasourdi. La seule personne que je croyais capable d'un tel exploit était Sherlock. Sherlock qui regardait la jeune femme avec un air aussi interloqué que devait être le mien.

_ J'ai surtout vu que Mr Holmes n'était pas médecin mais détective et c'est ce qui m'a mis sur la voie. Malgré tout je ne comprend pas pourquoi vous avez échangé vos identités.

_ Qui êtes vous ? demandai-je.

Ce fut Sherlock qui répondit :

_ Katherin L. Étudiante en psychologie arrivée fraîchement à Londres. Vous avez vécu cinq ans à Paris. Vous avez été élevée par une mère célibataire mais vous venez de retrouver votre père avec qui vous avez de très bon rapports. C'est lui que vous êtes venue retrouver en ville car vous ne supporter pas le nouvel amant de votre mère. C'est votre père qui vous a parlé de moi mais vous n'y avez jamais prêter attention et ne nous connaissez que de nom.

_ Joliment résumé, dit Kate avec un joli sourire.

_ A vous, dit Sherlock, que savez vous de nous ?

_ Le docteur Watson était penché sur le corps de Mona et inspectait son corps : ses yeux, ses membres, son thorax. C'est ce que tout bon praticien observe pour émettre un diagnostique. J'ai donc su que vous étiez médecin. Votre maintien est celui d'un soldat et vous portez un revolver dans la poche droite de votre manteau. Vous ne me semblez pas être un terroriste, vous avez donc une licence qui vous permet de posséder cette arme. J'en conclus donc que vous êtes un ancien militaire travaillant dans le civil depuis 3 ou 4 ans car vous avez perdu votre bronzage même si on peut en deviner encore quelques traces. Vous avez été blessé à la tête d'où cette cicatrice au dessus de l'oreille que vous cachez avec vos cheveux. Qu'elle guerre à pu vous blesser il y quatre ans ? Afghanistan ou Irak. Vous ne semblez pas traumatisé par la guerre et j'ai suffisamment étudié d'ancien militaire pour savoir que ceux qui ne sont pas brisés s'ennuient. Vous semblez serré dans votre chemise mais elle est neuve ce qui indique que votre prise de poids est récente. De plus, votre alliance est toute neuve. Donc mariage récent et prise de poids signifie bébé à venir car les futurs pères ont aussi tendance à prendre du poids que les futures mères.

_ Brillant ! m'exclamai-je.

La jeune femme rougit. Bon, elle semblait humaine, plus humaine que Sherlock malgré ses étonnantes facultés de déduction.

_ Il dit tout le temps cela, dit Sherlock en banalisant ma remarque d'un geste de la main.

Kate rougit et je fus soudain prit d'une idée.

_ Pourriez vous faire la même chose pour Sherlock Holmes ? demandai-je.

Mon ami fronça les sourcils quand la jeune femme commença à lui tourner autour.

_ Célibataire, c'est la deuxième chose qui m'a fait comprendre que vous n'étiez pas celui que vous prétendiez être. Avec vos facultés et votre train de vie je doute que vous n'aillez une petite amie.

J'étouffai un rire et Sherlock me fusilla du regard.

_ Vous regardiez la pièce dans son ensemble mais vous ne perdiez pas un détail et votre esprit enregistrait tout. C'était plutôt l'attitude d'un détective très intelligent (Sherlock se redressa) que d'un médecin qui aurait tendance à porter son attention sur la victime.

_ C'est tout ? demanda Sherlock, un peu déçu.

_ Vous êtes musicien et vous jouer d'un instrument à corde. Les ongles de votre main gauche sont courts car ils pincent les cordes mais les ongles de votre main droite, celle qui tient l'archet, sont plus longs. D'après la marque ténue mais visible sur votre cou, j'en déduis que vous êtes...violoniste. C'est tout Monsieur, je ne suis pas encore très douée.

_ Vous l'êtes déjà beaucoup, lui assurai-je.

Elle me sourit en retour. Sherlock resta interdit quelques instants puis quitta la pièce sans un mot.

_ Il est toujours comme ça ? demanda Kate.

_ Oui, mais je pense que vous l'avez particulièrement surpris. Il n'aime pas être surpris.

_ Oh, je crois que si, au contraire.

Nous quittâmes tout deux la cuisine et nous retrouvâmes Sherlock agenouillé devant le corps.

_ Saviez vous que Mona était toxico ?

Mrs O'Conell étouffa un sanglot et son mari lui tapota affectueusement le dos.

_ C'est faux, dit-il, Mona a toujours été une jeune fille on ne peut plus raisonnable, jamais elle ne se serait droguée.

_ Ce n'était pas à vous que je parlais, mais à Kate.

_ Non, je ne savais pas. J'aurais du ?

_ Vous avez encore beaucoup de choses à apprendre.

_ Je vous dit que ma fille ne se droguait pas ! S'écria Mr O'Conell.

Le regard de Sherlock flamboya. Je suis qu'il allait commencer à débiter méthodiquement chaque vérité sur la victime sans aucune considération pour les parents éplorés. Je tentai de l'en en empêcher mais il m'ignora et commença :

_ Elle a des taches sur les mains et ses dents sont jaunies : elle fumait beaucoup, mais cela ne lui suffisait apparemment plus. Elle possède des dizaines de marques de piqûres au creux du coude gauche. J'en déduis qu'elle était droitière et qu'elle s'administrait les doses elle même. Comme cela commençait à devenir voyant, elle a commencé à se piquer entre les orteils et dans le blanc de l’œil. Pratique pour cacher une injection de poison ou autres. Elle a donc été empoisonnée et positionnée sur le canapé une fois morte. Des marques sur ses aisselles sont des hématomes post mortem. Pourquoi mettre la morte en scène ?

_ La télévision était allumée quand je suis arrivée, dit Kate.

_ Quelle chaîne ?

_ Une chaîne de dessin animés pour enfants.

Sherlock sortit sont portable et consulta le programme tv.

_ Ils passaient la version Disney de la Belle au Bois Dormant à 13h30, dit-il enfin. Que faisait une apprenti boulangère devant un Disney ?

Mr O'Conell faillit s'étrangler.

_ Apprentie boulangère ? Vous êtes fou ! Mona faisait des études pour devenir avocate !

_ Votre fille vous mentait, répliqua Sherlock. C'est ce que les enfants font. L'argent que vous lui envoyiez pour ses études servait en réalité à acheter de quoi se shooter.

_ Sherlock ! sifflai-je entre mes dents.

_ C'est faux, vous dis-je ! hurla Mr O'Conell, hors de lui.

_ Non, c'est vrai, dit la petite voix sanglotante de Mrs O'Conell. Mona était tombée dans une sorte de dépression. Elle était devenue paranoïaque depuis quelques mois. Elle ne voulait pas te le dire pour ne pas t'inquiéter. Elle a du abandonner ses études car c'était devenu trop dur pour elle et elle a trouver ce petit boulot dans une boulangerie il y a 2 mois. Elle n'allait pas bien mais je ne savais pas qu'elle se droguait...

Je cru pendant un instant que Mr O'Conell allait avoir une attaque. Son visage devint successivement violacé et blafard puis il s'affaissa contre un mur. Le psychologue de la police qui avait assisté à la scène fit sortir le couple éploré.

Durant cet échange, Sherlock avait continué à fureter dans toute la pièce, insensible au drame familial qui se déroulait devant lui.

_ Le tueur nous laisse un message, dit-il. Mais lequel ?

Il fini par prendre le téléphone que tenait la victime.

_ Il est chargé. Un smartphone tel que celui-là se décharge rapidement. Il devait charger pendant le meurtre et le meurtrier l'a débrancher pour le donner à sa victime. Elle a passer un appel à 13h, or l'heure de la mort est située entre 11h30 et 12h, c'est donc le meurtrier qui a passer l'appel. Sûrement pour dire que le travail était fait.

Il se leva brusquement et passa sa main sur le haut d'une armoire.

_ Depuis quand Mona vit-elle dans cet appartement ?

_ Depuis un an environ. Je suis la première personne à accepter d'être sa colocataire, répondit Kate.

_ Mona n'est pas du genre à faire le ménage, alors pourquoi n'y a t-il aucune poussière sur le haut des étagères ?

Il se retourna et scruta la poignée de la fenêtre au dessus du canapé.

_ Victoire ! Une caméra ! Mona était surveillée.

Effectivement, en m'approchant je pus remarquer qu'une des vis de la poignée n'était en fait pas une vis mais bel et bien une toute petite caméra.

_ Une jeune étudiante de bonne famille laisse tomber ses études d'avocat pour devenir boulangère et se droguer. Tout les meubles de l'appartement sont neufs mais bon marché, elle a du revendre les anciens pour avoir plus d'argent. Elle accepte une colocataire alors qu'elle avait l'habitude de vivre seule et il est bien connu que les junkies ne se mêlent pas aux autres. Pourquoi une colocataire maintenant ? Et pourquoi vous ?

Tout en disant cela, il s'était tourné vers Kate qui le regardait, fascinée. Elle mit quelques instants à se rendre compte que c'était à elle qu'il parlait.

_ Elle a semblé démesurément reconnaissante que j'accepte de vire avec elle. Elle savait que se serait provisoire car j'allais pouvoir vivre avec mon père dès que certains détails matériels seraient réglés. Elle ne cessait de marmonner que j'allais la protéger et que maintenant que j'étais là tout irait bien. Elle avait peur de quelque chose, je l'ai tout de suite vu mais elle m'avait fait promettre de ne pas poser de questions. Je le contentais de la rassurer quand en pleine nuit elle était prise de tremblements. Je voulais qu'elle consulte un médecin mais elle m'a dit que ça ne pourrait qu’aggraver les choses. Elle disait que, comme je faisais des études de psychologie, je lui suffisais. En dehors de ces crises de panique, elle était quelqu'un de vif et de facile à vivre alors je ne me suis pas inquiétée outre mesure. Mais maintenant que je sais que nous étions...enfin qu'elle était surveillée... Oh mon dieu !

_ Quoi ? demandai-je, surpris par sa soudaine exclamation.

_ Cela veut sire que quelqu'un à potentiellement vu tout ce qu'il se passait dans cette pièce ?

_ Ainsi que dans toutes les pièces de l'appartement, je suppose, dit Sherlock.

Kate s'empourpra. Je la comprenais, son intimité avait été violée pendant tout le temps qu'elle avait passer dans l'appartement, et quelqu'un, probablement un psychopathe, avait toutes les images de sa vie ses derniers jours.

_ Où sont les lettres de menace ? demanda soudain Sherlock.

_ Des lettres de menace ? répondîmes Kate et moi de concert.

_ Bien sur ! Une jeune fille vivant dans un carde stable ne devient pas paranoïaque pour rien. Elle était menacée et savait par qui. Elle connaissait son agresseur voilà pourquoi il n'y a aucune trace d'effraction, ni de lutte.

_ Elle savait qui la menaçait mais l'a quand même laissé entrer chez elle ? demandai-je, perplexe.

Contre toute attente, ce fut Kate qui répondit :

_ Sûrement pas. Son ennemi état le commanditaire du meurtre et est quelqu'un de très influent ou de très riche. Sûrement les deux, sinon comment aurait-il put payer ce matériel d'espionnage. Mona était vraiment paranoïaque, elle n'aurait laissé entrer personne qu'elle ne connaissait pas et elle s'enfermait quand elle était à l'intérieur. Le commanditaire a du convaincre quelqu'un proche de Mona de la tuer. L'assassin n'est pas le commanditaire du meurtre.

Sherlock fixa intensément la jeune femme, qui soutient son regard pendant longtemps mais qui finit par demander :

_ Je me suis trompée ?

_ Non, répondit-il en reprenant ses esprits. Qui avait les clés ?

_ Mona et moi même. Enfin, d'après ce que j'en sais.

_ Bien, nous avons finit. Merci mademoiselle et au revoir, dit Sherlock en tendant à Kate une main gantée.

Elle la serra, ainsi que la mienne et nous quittâmes l'appartement. En bas, Lestrade vint vers nous.

_ Alors ? demanda-t-il.

_ Cas digne d’intérêt. Je dois réfléchir avant de répondre aux questions, ajouta Sherlock alors que le policier ouvrait la bouche pour parler. La jeune fille à l'étage sait beaucoup de chose mais est innocente, gardez la sous la main et interrogez la si vous voulez.

Je suivis mon ami qui était en train de repasser la barrière quand Lestrade nous rattrapa.

_ C'est tout ?

_ Pour le moment. Comment se passe votre déménagement ?

_ Bon sang ! Comment savez vous ?

_ Vos habits. Ce sont les mêmes depuis trois jours et vous sentez fort le déodorant.

_ Et alors ?

_ Vos vêtements de rechange sont au fond d'un carton et vous n'avez pas eu le temps de vous laver c'est pourquoi vous cachez l'odeur avec du déodorant.

Sur ce, il appela un taxi et nous nous en allâmes, laissant Lestrade à ses odeurs de déodorant.

Une fois installé, mon ami perdit sa resserve et exulta :

_ Quel cas passionnant ! Je n'ai rien trouver d'aussi riche en questionnement depuis bien longtemps. Cela va être un véritable plaisir de résoudre cette enquête.

Il perdit son regard par la fenêtre et je sus que je ne devais pas parler. Il s'était retranché dans son palais mental pour réfléchir et remettre en ordre tous ce qu'il avait appris aujourd'hui, il ne m'entendrai sûrement même pas.

Nous fûmes à Baker Street à 18h et je montai avec mon ami dans l'appartement. Il s’assit en travers de son fauteuil et rejeta ses longues jambes par dessus l'accoudoir. Je m'assis dans mon propre fauteuil et le regarda joindre ses fines mains sous son menton dans une posture qui m'était très familière. J'avais très envie de savoir ce qu'il pensait mais n'osait interrompre le cours de ses pensées. Pourtant, au bout d'un quart d'heure je n'y tenais plus.

_ Alors, qu'est ce que tu en penses ?

_ De quoi ?

_ De cette fille pour commencer.

_ Mona O'Conell, 24ans, durant un stage chez un avocat, elle découvre des informations compromettant sérieusement son patron. Le-dit patron occupe un porte très important dans l'administration britannique, peut être même au gouvernement. Il décide de ne pas la tuer sur le champ mais de faire de sa vie un enfer. Elle reste malgré tout forte et s’apprêtait à divulguer ce qu'elle savait alors il a décidé de la rayer de la surface de la terre.

_ Excellent ! Je me doutais que tu avait déjà des théories malgré ce que tu as dit à Lestrade. Simplement, je ne parlais pas d'elle mais de Kate.

_ Je t'ai déjà dit tout ce que je savais sur elle.

_ Certes, mais tu ne m'as pas dit ce que tu en pensais.

Il resta un moment silencieux avant de dire :

_ Tu l'as dit toi même.

_ Quoi ?

_ Elle est brillante.

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