Notre amour écarlate

Chapitre 4 : Under The Fragments

Chapitre final

5345 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/05/2017 02:38

 

Aucun doute, cette agression était bien en train de se produire. Chloé était l’unique responsable de tout cela, son arme encore à la main et plantée dans ce corps. Elle aurait souhaité de tout son coeur qu’il ne s’interpose pas, qu’il garde ses distances et la laisse simplement agir. Ainsi, ils auraient pu être ensemble tous les deux et vivre le parfait amour. Au lieu de cela, le sang de Stuart s’écoulait de sa plaie causée par cette lame. Il semblait se vider de son liquide vital, à grande vitesse. Si bien qu’à vue d’œil, il ne lui restait plus quelques minutes à vivre. Sous le choc de ce soudain retournement de situation, la cadette relâcha son emprise sur son arme et recula de quelques pas.

Elle n’arrivait pas à croire ce qui se passait sous ses yeux. Voir le corps de son amour secret, tomber à la renverse et gémissant de douleur en gardant cette lame enfoncée dans sa chair. Tout ceci était irréel, bien trop morbide pour être son œuvre. Et pourtant, Chloé avait tout planifié du début à la fin sans éprouver le moindre remord. Son entrée dans la chambre de sa sœur pour piquer son téléphone et ainsi obtenir les informations concernant l’heure et le lieu de rendez-vous, et sa cachette derrière le cinéma avant de leur foncer dessus pour poignarder salement Marie-Luise. Autour d’elle, le monde devenait terne, perdant toute sa substance. Après tout, ses seules chances de bonheur venaient de s’envoler en même temps que cette lame avait pénétré le corps de son amour. Lui seul aurait pu lui apporter la joie de vivre, c’est ce qu’elle pensait dur comme fer. Pourtant, malgré cette perte en l’espoir de son existence, des larmes coulaient de ses yeux sans qu’elle ne puisse rien faire pour les en empêcher. Tout était perdu pour elle.

Marie-Luise à ce geste, s’était mise à hurler comme une hystérique, en sentant son souffle et son rythme cardiaque s’accélérer de manière exponentielle. D’abord de peur, mais ensuite de tristesse et de désespoir en pensant Stuart condamné avec une telle blessure. Elle aussi était en larmes. Venant s’agenouiller aux côtés de son amant pour lui prendre sa main. Les pleures cependant empêchaient sa bonne visibilité. Jamais de toute sa vie, la demoiselle n’avait autant versé de larmes. Jamais elle n’aurait pensé sa sœur capable d’une chose pareille, de tuer froidement quelqu’un. Elle avait bien compris qu’à la base, c’était elle que comptait tuer Chloé. Pour cette raison, Marie-Luise se releva brutalement en empruntant un regard plein de haine et de rage. La colère était tellement grande dans son coeur qu’elle déformait même les traits de son visage. Elle s’approcha alors de Chloé, sa cadette et lui colla un coup de poing en plein visage, la mettant par terre en un claquement de doigt. La demoiselle n’avait pas tenté de l’en empêcher une seule seconde, bien trop déboussolée par ce qui se passait en ce moment. Marie-Luise au dessus, encore en larmes, tentait un maximum de récupérer une respiration normale, sans y parvenir.

  • Pourquoi ?! Pourquoi est-ce que tu as tenté de m’assassiner, Chloé ? Je suis pourtant ta grande-sœur et je pensais que tu m’aimais. Alors pourquoi tu as voulu me poignarder comme ça ?! Explique-moi immédiatement pourquoi la raison de tout ça !
  • Il m’avait pourtant dis que tout fonctionnerait correctement si je suivais ses recommandations à la lettre. Sûrement que j’ai commis une erreur quelque part… Déclara la demoiselle avec un calme dans la voix presque inhumain, les yeux bien écarquillés et plus qu’effrayant en se relevant progressivement.
  • De qui est-ce que tu parles ? Qui est-ce qui t’a demandé de faire ça, dis-moi tout de suite !! Demanda la grande-sœur en hurlant sans la moindre retenue tant sa douleur était grande.
  • Mais voyons, grande-sœur. Tu le sais pourtant. Répondit Chloé avant d’emprunter un sourire, le même que ce démon en elle. Cette petite voix dans ma tête qui n’arrête pas de me pousser à faire du mal, encore et encore… Celle qui depuis toute petite, n’arrête pas de m’agresser dans le noir et qui se cache en voulant m'entraîner dans les ténèbres.
  • Une voix dans ta tête… ? Pourquoi est-ce que tu ne m’en as jamais parlé avant aujourd’hui ? Rétorqua l’aînée, elle aussi déboussolée par ce qu’elle venait d’apprendre.
  • Parce que tu crois que j’en sais plus qu e toi à son sujet ? Demanda la demoiselle à sa sœur en riant de moquerie à son égard, avant de reprendre. Je ne fais que l’entendre dans ma tête. Je ne l’ai jamais vraiment vu… Je ne sais même pas s’il existe, ou s’il est juste le résultat de ma folie.
  • Écoute, Chloé, tu es malade. Tu souffres d’un grave trouble psychiatrique qui t’incite à faire du mal aux autres. Affirma l’aînée de la famille en posant ses mains sur les épaules de sa sœur, manifestant toute sa crainte de la perdre elle aussi. Mais on va trouver une solution tous ensemble. On va te guérir et tout pourra redevenir comme avant.
  • Enlève tes mains de mon corps tout de suite ou toi aussi tu y passes. Rétorqua la petite-sœur avec une froideur intense dans sa voix, suffisamment pour inciter Marie-Luise à lui obéir sur le champ. Parce que tu y crois vraiment à ces salades ? Tu sais très bien que si je suis dans cet état tout simplement lamentable, c’est à cause de toi et seulement de toi.
  • Pourquoi ? Parce que je sors avec Stuart et qu’il m’a choisis à ta place ? Tu ne trouves pas que c’est un peu léger comme argument pour vouloir assassiner sa grande-sœur ?!
  • Parce que tu penses que c’est la seule raison qui m’a poussé à commettre ce geste ? Marie-Luise, depuis toujours tu as été la petite préférée de la famille ainsi que du reste du monde. Deux jumelles ne peuvent briller de la même façon, pas avec la même force et tu me l’as prouvé. Tu me fais de l’ombre soeurette, c’est pour ça que j’ai voulu te tuer. Parce que c’était la seule façon pour moi de trouver vraiment le bonheur que je recherche.
  • Chloé… Lança la grande-sœur en se reculant légèrement, effrayée par les mots de sa cadette. Tu es devenue totalement folle. Qu’est-ce qui t’es arrivée exactement pour croire une seule seconde qu’à cause de moi tu ne seras jamais heureuse ?
  • Et pour croire qu’une fois … Marie-Luise morte de par ta faute… J’accepterais d’être avec toi… Rétorqua avec difficulté Stuart, encore cloué au sol à cause de sa vilaine blessure au ventre.
  • Stuart ! S’écria la grande-sœur, surprise qu’il soit encore conscient et même vivant après cela, avant de retourner à ses côtés pour l’aider à se tenir mieux. Économise tes forces. Les urgences seront bientôt là, on va te sauver et tout ira mieux.
  • Jamais… je ne pourrais éprouver… Le moindre sentiment d’amour pour une tueuse de sang-froid telle que toi, Chloé. Répliqua t-il sans se soucier un seul instant des conseils de son aimée. Il envoya un regard plein de haine à Chloé, afin qu’elle comprenne le fond de ses sentiments à son égard, de la haine, pure et dure d'avoir tenté de tuer son amour.

 

Un flocon de neige, le premier de la saison et sans doute le premier de toute une série qui allait recouvrir la ville entière d’un manteau blanc de toute beauté. La demoiselle leva les yeux vers le ciel pour observer cette tombée de flocons. Quelque part, ce déferlement de la nature avait quelque chose d’ironique. Chloé avait aujourd’hui pour la dernière fois sûrement, la chance de pouvoir être avec l’homme qu’elle aime. D’entendre le son de sa voix, de lui parler et de le voir. Tout comme ce fameux jour de neige, il y a des années de cela. Ce fameux jour qu’elle avait occulté de sa mémoire. Le tout premier de leur rencontre. En se remémorant finalement ces très lointains instants, la cadette se laissa aller à rire aux éclats. Elle n’écoutait désormais plus les affirmations de son entourage, bien trop plongée dans sa mémoire, dans sa folie la plus intense. En voyant une telle transformation dans le comportement de Chloé, Marie-Luise n’éprouvait rien d’autre qu’un effroi sans précédent, ainsi qu’un dégoût à son égard. Jamais elle n’aurait pensé qu’en prétextant hier encore que ce n’était plus sa sœur, elle aurait raison à ce point. Cet être n’avait plus rien de sa gentille petite-sœur, cette personne si attentionnée, si gentille. Cette femme encore debout était un monstre, avec du sang sur les mains, avec le désir de tuer dans le coeur.

  • Que tout cela est amusant… Qui aurait cru qu’il se mettrait à neiger aujourd’hui. Comme ce jour si lointain, est-ce que tu te souviens, Stuart ? Questionna la demoiselle à son interlocuteur, avant de pivoter le visage vers son amour secret pour lui adresser un sourire plein de folie. Celui de notre toute première rencontre, devant la fontaine glacée.

 

Mais alors que Chloé semblait parler dans le vide, ne réveillant dans la mémoire de Stuart, pas le moindre souvenir d’une première rencontre avec elle, au loin, un passant indiqua à un groupe armé de policiers, la position de la criminelle. Chloé se doutait depuis la mise en place de son plan que les choses finiraient ainsi. Mais elle pensait au moins avoir une chance de s’échapper dans les bras de son aimé. Une course poursuite musclée allait donc commencer avec les forces de l’ordre, toute première et sûrement dernière de son existence. La jeune fille était bien décidée à ne pas se laisser attraper vivante de toute façon. C’est pour cette raison qu’elle adressa un dernier sourire plein de tendresse et d’amour à Stuart, laissant même voir sur son visage, une larme s’écoulant de son œil en toute sincérité. Son idée dans son esprit était désormais claire, comme reprenant le cours normal de ses pensées.

  • Je t’aime, Stuart. Même si je sais désormais que tu ne me désires pas, je t’aime plus que tout au monde. Mais je sais aussi que tant que mon coeur battra, jamais je ne pourrais renoncer à t’avoir. Je suis prête à tout juste pour te conquérir, alors pour préserver ton bonheur, il vaut mieux pour toi que le mien s’arrête pour toujours.
  • Chloé, attends… Tenta de murmurer difficilement le jeune homme en levant la main vers elle.

 

Déterminée à prendre la fuite toute fois, et sans adresser le moindre dernier message à sa grande-sœur, Chloé démarra à toute jambe. Elle n’avait absolument aucune idée de sa prochaine destination et de l’endroit exactement où ses pieds la mèneraient. Cependant, elle savait juste qu’elle devait fuir. Courir, et courir jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Elle savait toute fois qu’un beau jour, la justice la rattraperait, qu’elle n’échapperait pas éternellement à toutes ses responsabilités. Mais cela lui était maintenant égal. Elle avait finalement pu dire à son amour ce qu’elle ressentait à son égard. Au fond, tout n’était que mensonge. Quelque part, elle avait pu goûter au bonheur, au vrai bonheur de pouvoir libérer son coeur d’un vrai poids.

Devant la tentative de fuite de la demoiselle, alors qu’elle était déjà bien éloignée du périmètre, un des policiers déjà sur place, sortit son arme à feu et tira une première balle afin de la stopper. Alors qu’il avait l’intention de lui tirer en plein dans le genou pour la ralentir un maximum, la balle toucha son poumon droit et le transperça avec violence. C’était la toute première balle que Chloé accueillait dans son corps. Cette douleur avait quelque chose de délicieux, une pure et intense décharge électrique traversant tout son organisme pour la ramener dans cette douce réalité. Passant sa main sur sa blessure, elle recueilla dans celle-ci, un filet de sang qu’elle regarda avec insistance. Elle aussi quelque part était désormais comme Stuart. Blessée et perdant progressivement son sang. Si son existence se perdait, et que la sienne aussi, peut-être pourraient-ils se retrouver dans un autre monde, rien que tous les deux.

C’est avec un sourire qui perlait de sang, que Chloé continuait sa course effrénée, et quelque peu ralentie, à travers la ville. Se frayant chemin au travers des petites ruelles afin d’échapper un maximum à tous ces hommes en uniforme qui désiraient l’enfermer pour des années. Il était hors de question qu’elle croupisse en prison. Plutôt mourir que d’être loin de l’homme pour qui son coeur bat depuis tout ce temps. Elle les entendait pourtant, ces policiers en train de lui courir après. Elle-même au fond était étonnée de ses propres performances. Une balle s’était enfoncée dans sa chair, la privant partiellement de toutes ses capacités, et pourtant elle parvenait à mettre à mal le travail de ces gens en train de la prendre en chasse. A croire que Chloé était venue au monde dans ce seul et unique but. Seulement, ce n’était pas le moment flâner ou de se laisser aller à trop penser. Il fallait qu’elle continue de courir, toujours plus vite. Toute fois, dans quel but Chloé fuyait-elle très exactement ? Dans un tel état, elle ne pourrait pas continuer à leur échapper bien longtemps, et elle le savait mieux que quiconque. Mais elle savait également que sa blessure allait bientôt la conduire aux portes de la mort. Et c’est quelque part ce quelle souhaitait, rejoindre un autre monde, être libérée de ses chaînes plutôt que d’en avoir d’autres pendant son séjour en prison. Chloé avait toujours une femme libre de tout code social, déployant une force et une endurance hors du commun. Comme en ce moment, avec cette balle dans le corps.

S’adossant toute fois contre un mur dans une ruelle étroite et bien cachée pour reprendre son souffle et calmer sa vive douleur au ventre, elle était certaine désormais d’avoir semé les forces de l’ordre pour un bon moment. Seulement, leur déploiement dans toute la ville ne lui inspirait absolument pas confiance. Avec une telle force d’action, ils étaient certains de l’attraper bientôt. Chloé, avant de déclarer forfait, se devait d’accomplir une dernière chose. A vrai dire, elle comprenait maintenant les intentions de son corps, où celui-ci souhaitait véritablement la conduire depuis tout ce temps. Elle se laissa alors guider par ses pieds de nouveau. Cependant, elle savait maintenant où se rendre exactement et pourquoi. C’est donc avec un certains sourire qu’elle marcha en titubant jusqu’à cette fameuse place, qui aujourd’hui de nouveau était recouverte de neige. Ce n’était pas un hasard si le ciel s’était soudainement assombri, lui offrant une toute dernière chance de se racheter, de faire la paix avec elle-même avant de partir.

  • Je crois… Que si … Mon sang continue de couler… Je vais bientôt mourir… Mais peu importe, du moment que.. Je peux retourner de nouveau à cet endroit… Murmura entre des crachats de sang la demoiselle, avec un sourire à l’abandon.

 

Sortant de sa prison de béton, Chloé n’avait que faire en cet instant de savoir si des policiers étaient encore lancés à ses trousses ou même pire, s’ils étaient juste devant. Tout ce qu’elle voulait en ce moment, c’était rejoindre la fontaine de leur première rencontre, la fontaine glacée. Se remémorer une dernière fois un instant de pur bonheur avant de laisser son corps succomber sous sa perte colossale de sang. En un sens, elle se demandait même comment ses poursuivants n’arrivaient pas à la suivre avec toutes les traces rouge qu’elle laissait derrière elle. Mais sûrement qu’ils n’y prêtaient pas plus attention que cela au fond, ou que la neige tombante recouvrait ses traces rapidement. Tout cela l’amusait assez, accélérait même son rythme cardiaque. Être ainsi coursée, cela avait quelque chose d’assez excitant. Une toute nouvelle forme d’adrénaline, une dernière drogue dans son corps avant la mort.

Finalement, Chloé arriva devant cette fameuse fontaine glacée, recouverte comme autre fois de neige. Étrangement, elle était seule devant ce monument. Sûrement à cause de l’agression récente, les habitants craignaient d’être aussi sur sa liste. Mais la demoiselle n’avait que faire de pecnots qui sortaient le samedi pour aller se promener. Ce qu’elle désirait vraiment, c’est le coeur Stuart. N’ayant pas réussi à obtenir son amour, son existence en ce monde n’avait plus aucun sens. Au moins, elle succomberait en retournant au seul endroit où son coeur désirait être, devant la fontaine de son enfance. En un sens, Chloé s’en voulait terriblement de ne se souvenir qu’aujourd’hui de ce fameux jour. Celui où pour la toute première fois, son coeur a commencé à battre pour Stuart, cet homme si beau aujourd’hui.

C’était un jour de neige comme aujourd’hui. La fontaine était recouverte d’un manteau blanc et illuminée par les éclairages de la ville en vue des fêtes de Noël, exactement comme aujourd’hui. C’était le 9 Décembre. La cadette se mise à rire, nullement d’un quelconque sadisme, mais par pure ironie. Cette fameuse date, si lointaine dans sa mémoire mais qui pourtant revenait avec une telle violence dans son esprit, c’était justement celle d’aujourd’hui. Comme quoi, les choses étaient bien faite tout de même. La faire revenir ici, à la même date quelques années plus tard alors qu’elle était sur la fin. C’était bien le seul sort qui l’attendait, et qu’elle méritait amplement après ce qu’elle avait fais.

Toute fois, un moment de paix avec elle-même. C’est tout ce qu’elle demandait avant de céder à l’appel de sa faiblesse, juste un moment d’amour avec sa conscience. La demoiselle prit alors place sur le rebord de la fontaine, qui se laissait recouvrir de ce manteau de neige progressivement. Elle était tellement heureuse d’être revenue ici. Elle aurait aimé se souvenir de tout ça et revenir dans d’autres circonstances, mais la vie était parfois mal faite. Elle aurait aimé remettre les pieds ici avec la personne que son coeur chérissait, et qui rendait cet endroit si précieux pour elle.

Caressant du bout de ses doigts tremblant, la surface de la fontaine, celle-ci n’avait pas changé d’un pouce. Après tant d’années, elle était restée la même. Alors qu’elle de son côté, était devenue un monstre capable de tuer de sang-froid pour obtenir l’objet de ses désirs. Chloé se souvenait très clairement maintenant, la façon dont elle avait rencontré son amour. C’était ce fameux 9 Décembre, où elle s’était perdue devant la fontaine gelée. Elle était terrifiée, vêtue de son long manteau d’hiver, et en pleurs d’avoir perdu la trace de sa famille. Cette fontaine était devenue son point de repère, en attendant que ses parents ne viennent la chercher. Recorcviée contre ce morceau de pierre, elle vit ensuite une main se tendre vers elle. Calmant ses pleurs pour relever le visage, elle put voir un petit garçon aux cheveux rouge, en train de lui adresser le plus beau des sourires.

  • Tu es perdue ? Viens avec moi, on va retrouver tes parents.

 

Sans dire un mot, Chloé avait simplement accepté l’offre du garçon. Subjuguée par sa confiance sans faille pour son age. Elle de son côté ne faisait que pleurer, alors que lui semblait déjà très indépendant pour son age. Elle était déjà sous le charme, et puis elle devait avouer que même enfant, il restait charmant et mignon. Attrapant sa main sans discuter, elle se laissa guider par le jeune homme sans dire un mot. Lui de son côté, cherchait activement les parents de la demoiselle dans toute la longue ruelle. Il n’était pas question que cette gamine finisse orpheline à l’approche des fêtes de Noël.

  • Chloé, ma chérie c’est bien toi ? Demanda une voix de femme à quelques mètres, inquiète.
  • Maman… ? Rétorqua timidement la jeune fille, avant de se tourner vers cette femme pour voir que ce n’était autre que sa maman, accompagnée de toute sa famille. Maman, maman, j’ai eu tellement peur de vous perdre et de ne jamais rentrer à la maison. Affirma la gamine en fonçant vers sa mère pour plongeant dans ses bras réconfortant, en larmes.
  • Ma chérie voyons, jamais nous ne serions rentrés à la maison sans toi. Déclara la maman en prenant son enfant dans ses bras, heureuse de la retrouver et jetant ensuite un regard au jeune garçon juste en face. C’est toi qui a permis à Chloé de nous retrouver ? Merci beaucoup, jeune homme. Tu es bien brave pour ton jeune age.
  • Oh, merci madame… Mais vous savez, tout le monde aurait fais pareil à ma place. Affirma le gamin en souriant de gêne, frottant ses cheveux avec une certaine nervosité dans le geste.
  • Ce n’est pas vrai. Tout ces gens qui sont de sortie aujourd’hui s’en fichent éperdument du sort d’une enfant. Ils sont tous passés devant elle sans rien dire, alors que toi, tu lui as tendu la main pour lui venir en aide. Tu es quelqu’un de bien, mon petit garçon. Affirma en toute assurance la maman des jumelles.
  • Eh, tu t’appelles comment ?! Se permit de demander sans aucune gêne la plus grande des jumelles.
  • Euh… Moi… ? C’est Stuart, je m’appelle Stuart. Répliqua aussi tôt le gamin, gênée qu’une fille aussi jolie lui adresse la parole ainsi, s’inclinant quelques instants. Ravi d’avoir fais votre connaissance… Et au revoir ! Déclara t-il avant de filer à toute vitesse au loin sans demander son reste, rouge de gêne.
  • Quel drôle de garçon… Murmura Marie-Luise en le regardant s’en aller au loin.

 

Stuart. Non, elle n’était clairement pas du même avis que sa grande-sœur. Ce garçon était tout sauf drôle. Il était droit, gentil et courageux. Il était le seul parmi toute cette foule à lui avoir tendu la main alors qu’elle avait peur, elle était bien terrifiée. Il était depuis toujours son sauveur, mais aujourd’hui il était surtout celui de Marie-Luise, sa grande-sœur. Avec du recul, elle comprenait même l’attitude du garçon avant de partir. Lui aussi alors, depuis cette époque était tombé amoureux de sa grande-sœur. Elle aurait dû s’en douter après tout. Marie-Luise n’était pas le genre de femme à laisser les garçons indifférent, surtout Stuart visiblement. Mais tout ceci n’avait plus d’importance désormais. Chloé rêvait juste de pouvoir s’endormir ici, pour l’éternité et ne jamais se réveiller dans ce monde pourri jusqu’à la moelle. La cadette à la suite de cela, s’installa sur toute la surface du rebord de le fontaine en s’y allongeant. Elle était prête à se laisser aller, à mourir dans la dignité de son être après avoir échoué.

  • Chloé, attends ! S’était exprimée une voix mystérieuse mais pourtant familière aux oreilles de la cadette. Se redressant alors, elle put voir qu’il s’agissait de sa grande-sœur, essoufflé d’avoir autant couru autant de mètres en si peu de temps.
  • C’est toi, Marie-Luise. Qu’est-ce que tu fais là ? Et comment tu as su que j’allais venir ici ?
  • Tu me prends vraiment pour la dernière des imbéciles ? Je suis ta grande-sœur au cas où tu l’aurais oublié. Je te connais par coeur et j’ai compris dès l’instant où tu as parlé d’une fontaine, que tu viendrais ici. Affirma la grande-sœur avec un sourire aux lèvres, envoyant un clin d’œil à la plus petite.
  • A ce que je vois de ton sourire, tu ne m’en veux plus. Rétorqua la cadette, surprise d’avoir droit quelques instants avant la fin, à un dernier sourire de sa grande-sœur.
  • Qu’est-ce que tu crois ? Bien sur que je t’en veux toujours d’avoir tenté de me tuer. Mais je pense que de ton côté, toi aussi tu as beaucoup souffert, plus encore que tu ne souhaiterais l’avouer à ta famille. Alors j’ai simplement décidé de venir vers toi, en laissant de côté ma rancœur. Comme le ferait toute grande-sœur enver sa chère petite-soeur.
  • Est-ce que Stuart va bien au moins ? Demanda la demoiselle, légèrement fatiguée et nullement motivée pour parler de ses problèmes avec elle, surtout avant que tout ne s’achève.
  • Les urgences sont en train de le prendre en charge à l’heure qu’il est. Il s’en sortira, il mettra du temps à s’en remettre, mais il s’en sortira. C’est un dur à cuir après tout notre Stuart.
  • Tant mieux, c’est une bonne chose. S’exclama tout doucement la demoiselle en conservant son sourire de fatigue et de lassitude.
  • Arrête de changer de sujet, Chloé. Je t’ai demandé de me parler de ce qui te dévore de l’intérieur. Pourquoi est-ce que tu as voulu me tuer de la sorte ? Qu’est-ce qui te ronge exactement ?! Demanda sans plus tarder la plus grande, avec une sévérité bien plus grande dans le ton de sa voix.
  • Tu as déjà eu l’impression d’entendre à longueur de journée, une petite voix dans ta tête qui dès qu’une occasion se présente, t’incite à commettre les actes les plus barbares au monde ? Des fois, j’ai juste l’impression que tu as raison, je suis complètement folle. Déclara Chloé en tapotant le dessus de son crane, avant de sourire de manière malsaine. Ces mots qu’elle prononçait les uns après les autres l’incitèrent à cracher du sang sous la douleur ressentie.
  • Calme-toi petite-sœur. C’est une erreur de ma part d’avoir voulu te questionner là-dessus alors que tu es blessée. Viens avec moi, on retourne en ville pour te soigner… Ensuite on avisera des conséquences. Proposa la grande-sœur en tendant sa main vers elle, comme autre fois Stuart.
  • Non, c’est moi qui ai commis une erreur… Affirma sans aucune hésitation la demoiselle, voyant dans cette main vers elle, un symbole extrêmement puissant. Des larmes commencèrent même à couler de ses yeux. J’ai cru que tu étais la source de mon malheur depuis le début. Mais en réalité je me trompais… C’est juste que j’étais tellement aveuglée que je ne pouvais voir que de ta lumière, tu voulais me porter haut dans le ciel pour empêcher les ténèbres de me dévorer tout e entière. Comment est-ce que j’ai pu être aussi aveugle durant tout ce temps ?!
  • Chloé… Bien sur que je n’ai toujours voulu que ton bonheur. Tu es ma seule petite-sœur. Pour toi j’ai voulu sacrifier mon amour pour Stuart, t’offrir la chance d’être à ses côtés. Je t’aime, soeurette, plus que tout au monde et même plus que Stuart à vrai dire. Affirma la plus grande en laissant éclater ses sentiments pour sa moitié, ainsi que ses larmes d’émotion.
  • Grande-sœur… Moi aussi je t’aime… Déclara la petite-sœur avant de quitter sa place sur la fontaine et d’entamer une marche en sa direction. Cependant, alors qu’elle venait de poser un premier pied par terre, une douleur plus qu’aiguë s’empara de l’ensemble de son corps pour la faire tomber au sol dans un dernier son glacial.
  • CHLOEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!!! Morte d’inquiétude à son sujet, et hurlant tout son désespoir, Marie-Luise se rua sans plus tarder vers sa petite-sœur pour la prendre dans ses bras. Celle-ci crachait encore du sang, mais était à la limite de tomber dans les pommes, voire même de mourir. Ne t’en fais pas, petite-sœur. On va te ramener, on va rentrer toutes les deux, en famille. Comme on l’a toujours fais… D’accord ? Je ne t’abandonnerais plus jamais, alors reste avec moi, je t’en supplie. Ne t’en va pas… Ne me laisse pas seule.
  • Marie-Luise… Tu n’es pas toute seule, il te reste encore Stuart. Affirma la demoiselle en venant essuyer les larmes de sa sœur d’un coup de doigt discret, en lui souriant une dernière fois. Je sais qu’il saura prendre soin de toi, autant qu’il a su me chérir, même si au fond, c’est moi qui n’ai pas su apprécier ces quelques instants en sa compagnie. Profite de la vie autant que possible, grande-sœur, et tâche d’être heureuse. Fais-le pour moi, d’accord ?
  • Non… Chloé, ne parle pas comme ça… Demanda par dépit la demoiselle, avant de voir sa main retomber avec une certaine brutalité au sol, laissant la cadette relâcher son dernier soupir de vie. En voyant ses yeux se fermer pour lui faire comprendre la vérité, Marie-Luise sentit ses larmes redoubler. Non… Tu n’as pas pu me quitter ainsi, Chloé. Tu ne peux pas me faire ça… Tu ne peux pas me laisser. Reviens avec moi, je t’en supplie. Demanda t-elle en prenant son cadavre dans ses bras pour la serrer une toute dernière fois, la sachant désormais partie pour toujours.

 

« Marie-Luise… Je suis profondément désolée de tout le mal que j’ai pu te faire. Je serais désormais la lumière qui te guidera vers la voie du bonheur, celui que je n'ai jamais pu obtenir. Alors, prends simplement ma main, ma douce jumelle. »

 

FIN 


NOTE DE L'AUTEUR : Je n'imaginais pas pouvoir écrire une fiction comme celle-ci sur une songfiction... C'est devenu une manière pour moi d'exprimer ce que je ressens au travers de la musique, et ces deux sœurs vont beaucoup me manquer maintenant. Un petit commentaire peut-être... ?

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