Histoire de cendres

Chapitre 2 : La nuit des mort-vivants

1433 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:45

Chapitre 2----------

A l'auberge indiquée par Sellus Gravius j'achetai de nouveaux vetements: bon marché et mal coupés, mais toujours mieux, de loin, que mes hardes de prisonnier. A la vue d'un crabe des vases de la taille d'un gros chien rampant le long de la berge pres de l'auberge, fouillant le sable boueux de ses longues pinces menacantes, je décidai d'acheter armure et armes. Je vendis l'argenterie que j'avais dérobée en échange d'équipement, mais a vrai dire Arille, le propriétaire, n'offrait pas un grand choix. Je ne me sentais pas suffisamment baraqué pour porter une armure de plaques complete, et quand bien meme, ce n'était pas dans mes moyens. Les armures légeres disponibles, comme celle en cuir ou en chitine (ainsi qu'on l'appelait, m'apprit Arille) avaient l'air trop fragile pour offrir quelque protection que ce soit. J'avais besoin de quelque chose entre les deux, mais tout ce qu'Arille avait c'était une vieille cotte de maille et un heaume du meme acabit. Je ne me plaignais pas trop: c'était mon premier jour hors de prison et déja j'étais en cotte de maille -meme vieille et rouillée. je complétais ma tenue avec des pieces d'armure de chitine, car elles étaient abordables, au moins.

Avec en plus un peu de pain, de la chair de crabe et des outres d'eau, j'emportai mes achats dehors et m'assis a l'ombre pres de la berge, tout en surveillant de l'oeil le crabe des vases que j'avais vu plus tot. La chair de crabe était succulente, et je ne crois pas que le fait d'etre a moitié mort de faim biaisait mon jugement. Une fois rassasié, les crabes grouillant sur la cote de Seyda Nihn n'avaient pas l'air si terribles qu'auparavant, et je décidai d'en chasser cet apres-midi -a la fois pour prendre un peu d'exercice et m'entrainer a manier l'épée, et pour avoir un peu de nourriture.     Apres avoir trouvé un coin a l'abri des regards, je me dévetis des mes habits de prison, et pris mon premier bain digne de ce nom depuis longtemps, dans l'eau de mer. Avec mon armure de chitine sur le dos, et mon nouveau sabre de fer a la main, je me mis en route pour un apres-midi de chasse au crabe des vases. Il est vrai que je n'étais pas un vrai guerrier -et je recus plus d'une sale erafflure des pinces de ces gigantesques crabes. Les hémorragies et bleus divers furent cependant facilement stoppés grace a mon sort de guérison, et j'avais une bonne quantité de nourriture de coté (que je conservai avec du sel gratté sur les rochers du rivage) quand le crépuscule tomba.

Pandant l'apres-midi j'étais passé a coté d'une petite cahute de pierres, séparée des autres habitations par un bras de mer peu profond. Elle était toutefois a portée de vue du village, et je m'appretai a toquer a la porte lorsqu'un des gardes me héla:

"Halte! Ne rentrez pas la -c'est une maison de nécromancien!"Il me fit frénétiquement signe de la main pour que je vienne vers lui, ce que je fis, curieux d'en savoir plus.Il reconnut que le nécromancien avait été récemment chassé par un paladin de passage, et par lui je déduisis que personne ne s'était amusé a s'aventurer pres de la demeure depuis lors; pas meme pour y mettre le feu. En apprenant que rien ni personne n'était sorti de la maison de tout ce temps -et ne connaissant rien aux non-morts - je décidai de revenir plus tard pour passer la nuit dans la maison du nécromancien. J'imagine que cela donne l'impression que j'essayai de me prouver quelque chose, mais en fait j'avais seulement besoin d'un endroit pour dormir.

A la clarté de la lune, la cabane avait en effet l'air quelque peu menacante: on ne voyait qu'un noir d'encre par les fenetres ouvertes. J'entrouvris doucement la porte et entrai, un brandon enflammé a la main pour me précéder a l'intérieur. Je faillis sursauter quand je vis le premier reste cadavérique: un squelette reposant sur le lit, la tete pendant sur le coté.  Tel qu'il était, la tete tournée vers la porte, ses orbites vides semblaient guetter l'entrée d'un visiteur. Je n'avais encore jamais vu ce genre de mort: la dépouille abandonnée de quelque chose -quelqu'un- qui aurait pu un jour discuter avec moi. Il y en avait d'autres, en plus: des squelettes entiers, des piles d'os, des cranes rangés sur les étageres. Apres avoir surmonté le choc initial, je me trouvai heureux de mon sort, car il y avait des choses intéressantes au milieu des os (et heureusement rien de plus glauque que les os eux-meme).

Je finis par surmonter suffisamment ma peur pour tirer le squelette hors du lit et le mettre dans un coin, aussi délicatement que possible. Je n'avais pas envie de partager le lit avec un squelette pourrissant. La fatigue de la journée me fit heureusement tomber de sommeil assez rapidement, et bientot je revai...Jusqu'a ce que je fus réveillé par un bruit de grattements. Cela venait du coin ou j'avais remisé le squelette, et qui était tout sombre maintenant que j'avais jeté ma branche enflammée dans l'eau pres de la maison.Mon coeur manqua de s'arreter lorsque je vis le squelette se lever lentement, sa cage thoracique se découpant nettement dans le rayon de lune qui passait par la fenetre. Il me sembla voir une faible lueur au fond de ses orbites, et cétait comme s'il me percait du regard, emplissant tout mon champs de vision. J'étais pétrifié de terreur. J'étais incapable de bouger, meme quand la chose frola le bord du lit et se pencha vers moi en levant une main squelettique. Celle-ci s'approcha lentement de mon visage, pour finir par le toucher d'un doigt glacé, effleurant mon front de sa froide caresse. Meme si j'avais pu bouger, je ne crois pas que j'aurais osé. Quel ne fut pas mon soulagement quand le squelette, apparemment satisfait, retira brusquement sa main et se retira vers le coin ou je l'avais jeté...J'aurais juré l'entendre soupirer juste avant qu'il s'effondre en cliquetant sur le sol.

Inutile de préciser que je ne dormis pas du reste de la nuit. Je restai immobile, le coeur battant, grelottant malgré la chaleur humide des marais. J'aurais sans doute décampé immédiatement, si la chute bruyante du squelette n'avait pas réveillé les autres "habitants" de la cabane. Jusqu'au petit matin je fus entouré du bruit des os s'entrechoquant, et par le frottement, sur les étageres en bois, des cranes qui pivotaient pour murmurer les uns aux autres. Un des squelettes marchait de long en large, sans jamais me quitter de ses "yeux". Lorsque les premieres lueurs de l'aube toucherent la fenetre, les chuchotements indistincts des cranes s'éteignirent, et le squelette s'écroula sur une chaise, d'ou il ne bougea plus.

Bientot je me ruai hors de la cabane, serrant contre moi mon sac rempli de vieilles armes et d'ingrédients alchimiques que j'y avais glanés. Et je commencai la journée en prenant une liqueur bien forte a l'auberge.

 

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