A Galaxy Railways Story : Reiko

Chapitre 17 : Péril sur le Galaxy Railways - Partie 3

6758 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/09/2023 21:22

Chap 17 : Péril sur le Galaxy Railways - Partie 3


- Et voilà, tu sais tout. C’est pas une jolie histoire.


Reiko jouait avec sa fourchette, détruisant par la même occasion son pancake en morceaux. Bruce s’adossa contre sa chaise. Une fois n’est pas coutume, il se garda de tout commentaire.


- Depuis, l’Arcadia est devenue ma maison. J’ignore toujours pourquoi Harlock ne m’a pas expédiée dans un orphelinat. J’imagine que j’ai dû lui inspirer de la pitié, ajouta-t-elle en grimaçant. Depuis, il s’est passé beaucoup de choses. Certaines heureuses et d’autres… moins. Et, de mon enfance, il me reste essentiellement des mauvais souvenirs et des cauchemars. Et ceux-là, comme tu l’as constaté, j’ai pas encore réussi à m’en débarrasser.


Elle pencha la tête, anxieuse.


- T’es bien silencieux. J’espère que je ne t’ai pas effrayé.

- Effrayé ? Si tu savais toutes les abominations que j’ai vues… Non, je ne suis pas effrayé, je suis juste désolé que tu aies vécu tout ça.

- Ça vaut pas le coup, je suis pas la seule.


“C’est le moment, mon gars. Elle t’a ouvert son coeur, il faut que tu fasses pareil.”


- Moi aussi, j’ai une confession à te faire. On n’en a jamais parlé depuis qu’on… Est ensemble mais je traîne pas mal de casseroles. C’est pour cette raison que je ne t’ai pas approchée et, disons le clairement, que je me suis comporté comme le pire des enfoirés. J’ai essayé d’aborder le sujet à Gun Frontier mais t’as pas dû percuter.

- Hum ?

- T’as jamais entendu le surnom qu’on m’a attribué ?

- Hein ?


Confuse, Reiko ne voyait pas où il voulait en venir.


- Bruce “la Mort”, Toxic Bruce…

- Sérieux ?


Il acquiesça.


- J’ai perdu énormément d’équipiers. Je suis en quelque sorte “maudit”. Dès que je m’attache à quelqu'un, il meurt dans des circonstances atroces. Le dernier d’entre eux s’appelait Owen.


Sa voix se brisa.


- “Owen l’immortel”, une belle connerie… Toi ou même cet imbécile de Manabu… J’ai pas envie que vous soyez piégés par les tentacules de mes ténèbres, lâcha-t-il en se grattant le cuir chevelu.

- Bruce. D’une part, j’ai pas besoin de toi pour que la mort soit dans mon sillage. Elle m’a toujours accompagnée et c’est maintenant une vieille amie. D’autre part, je crois pas aux malédictions. Tes partenaires n’ont pas eu de chance mais c’est sûrement pas toi le responsable. Et si t’as survécu, c’est qu’il devait en être ainsi, dit-elle en lui prenant la main. Et j’espère bien que toi et moi on va vivre une très longue vie.


Elle marqua une pause.


- Alors, ne me repousse pas pour ça.


La jeune femme eut un sourire malicieux.


- Ou j’hésiterai pas à proposer un rencard à Moritz.

- Moi vivant, jamais, maugréa-t-il.

- On est d’accord.


Le sniper riva son regard sur sa petite amie.

“Si jamais vient le jour où elle se trouve en danger par ma faute, je mettrai fin à cette relation. Elle ne mourra pas, même si je dois tout sacrifier pour ça.”


- Finis de manger, on va être en retard.

- Oui chef !


***


Ils parvinrent au quartier général peu de temps après. Reiko glissa ses doigts dans la paume de Bruce, se collant allègrement contre lui. Ce dernier leva les yeux au ciel.


- Reiko, je vais pas m’enfuir.

- T’es pas gentil, dit-elle en faisant la moue.

- Je plaisante.

- Moi aussi.


“Je râle mais j’échangerais ma place contre rien au monde.”


- Je me demande si Spica a pu avancer dans ses analyses…

- On va très vite le savoir. Moi, j’en reviens pas que tu aies songé à comparer les résultats.

- Pour être honnête, je n’ai pas tout dit au Commandant… En fait, quand j’ai vu que les attaques étaient concentrées autour d'Andromède, j’ai pensé aux humanoïdes. Leur planète mère, Râ-Métal, se situe au centre de cette Galaxie. Et puis, de fil en aiguille, je me suis remémorée l’affrontement sur Heavy Melder.

- D’après toi, ils pourraient être les instigateurs de ces attentats ?

- Ouais, c’est une possibilité mais si j’explique ça au Commandant il mettra cette hypothèse sur le compte de l’animosité qui me lie à eux. Il en a eu un aperçu à Gun Frontier et il n'a pas dû oublier mes exploits sur le Galaxy Express 999. Et, vu mon âge et mes origines, il n'ignore pas que j'ai été mêlée à la guerre contre les humanoïdes. Il me l'a fait comprendre lors de mon renvoi.

- Je vois. Écoute, il faut que tu saches… Tout le monde sait ce qu’il t’est arrivé.

- Pardon ?, s’exclama-t-elle en pilant au milieu du couloir.

- Louise a surpris une conversation entre Zero et Bulge.

- Ce sale mouchardeur, grogna-t-elle. Il peut vraiment pas tenir sa langue. Hé bien, raison de plus pour que je garde mes soupçons pour moi. Donc, reprit-elle, t’étais déjà au courant avant que je ne te déballe tout. Depuis quand ?, marmonna-elle, mécontente.

- Hier seulement. Désolé de te l’avoir caché. Je préférais que tu te confies de ton propre chef. Et, concernant, Bulge, je pense que tu te trompes, il n’est pas comme ça. Tu devrais lui en toucher un…


Une alerte retentit dans le quartier général.


“Pelotons Sirius, Vega, Orion, Rigel, Altair et Cépheus, rendez-vous immédiatement dans la grande salle de conférence.”


- Le devoir nous appelle.

- Ils ont du nouveau à propos des attaques.

- Probable, répondit Bruce, laconique.


Le couple gagna l’auditorium dans lequel la plupart des unités étaient déjà installées.


- Les voilà.


Reiko fit signe aux membres de son peloton.


- Ça va les tourtereaux ?, lança David, narquois.

- Pourquoi ça irait pas ?, répliqua le sniper. Je manque juste de sommeil.

- Veinard.


Les joues rouge tomate, Reiko asséna un coup de coude dans les côtes de Bruce.


- Hé !

- Arrête ton cirque, grommela-t-elle.


Louise se rapprocha de son amie, intriguée.


- Aucune question.

- T’es pas drôle.

- C’est pas le moment.


L’officière radar pouffa.


- C’est pas grave, on en discutera ce soir.

- Raconte pas tous les détails, mon coeur. Tu vas choquer cette pauvre Louise.

- Bruce !, protesta-t-elle en lui écrasant violemment le pied gauche.

- Putain, maugréa-t-il en se massant. T’as la délicatesse d’un camionneur.


Sa température corporelle s’apparentant à celle d’un volcan en fusion, Reiko se détourna sous le rire goguenard de David.

Plus que les allusions à peine dissimulées, c’était le surnom dont il l’avait affublée qui la perturbait. Personne ne l’avait jamais appelée ainsi. D’ordinaire, Harlock utilisait la panoplie des animaux de la ferme et, aussi loin qu’elle se souvienne, pour Tadashi elle était simplement “Nee-san”.


- Il y’en a qui ne perdent pas de temps.

- T’occupes pas de ce vieux jaloux, rétorqua Louise. Il se moque mais, en attendant, on n’a jamais vu “cette mystérieuse petite fleur”.

- C’est vrai ça, releva l’artilleur. Qu’est-ce qu’elle devient ?


Bulge pénétra dans l’auditorium, ce qui épargna à l’ingénieur la lourde tâche de répondre. Il fut suivi de la section Spica qui se plaça sur l’estrade. 


- Merci à tous de vous être rendus disponibles aussi vite, commença Julie Reinhart.


Elle appuya sur les boutons d’une télécommande et le schéma des bombes ayant provoqué les attentats apparut sur l’écran géant.


- Des données récoltées par le peloton Sirius ont été portées à notre connaissance. Il semblerait que ce composant soit déjà utilisé par des races non-humaines à travers l’univers. Nous avons pu comparer les marqueurs énergétiques et magnétiques et compléter ainsi notre trame d’analyse. En résumé, nous sommes en mesure de détecter ces dispositifs à l’intérieur de nos stations.


Des chuchotements montèrent parmi l’assemblée.


- Cette recherche est toutefois relativement longue et complexe. De ce fait, pour l’instant, nous n’avons passé au crible que 55% de nos installations. Cependant, nous avons pu déterminé de source sûre que trois bombes étaient “en dormition”, c'est-à-dire en latence dans les stations suivantes :


Une projection du Galaxy Railways se matérialisa près du Commandant Reinhart.


- Xtrea, Ura-2 et Cassiopée.


“Elles sont proches d’Andromède.”

Reiko serra les poings. Peu importe ce qu’en disait Harlock, elle était persuadée que Râ-Métal n’était pas innocente dans cette affaire.

“Si ce monstre n’est pas revenu de l’au-delà, il s’agit sûrement de l’un de ses disciples. Je vois peut-être le mal partout et mon raisonnement est sans aucun doute dicté par mon expérience, mais le contraire me paraît improbable. Il faut que j’en parle à Maetel.”


- Voici le plan établi par le Haut Commandement. Deux unités seront mobilisées pour désamorcer chacun de ces explosifs. Sirius et Vega, Altair et Rigel, Orion et Cépheus. Je vous recommande la plus grande prudence car, pour ne pas alerter les terroristes, décision a été prise de renoncer à l’évacuation des passagers. Le QG affectera autant de sections que nécessaire si, par malheur, nous mettons au jour d’autres joyeusetés de cet acabit. Des questions ?

- Vous êtes certaines que ça va pas nous péter à la gueule ?, interrogea Silver.

- Non. D’autres remarques… Pertinentes ? Très bien. L’ordre de mission a déjà été transféré sur vos trains respectifs. Bonne chance à tous.


Comme un seul homme, les militaires se ruèrent vers les quais. Reiko, la tête embrouillée par ses réflexions, suivit le mouvement.

“Pourquoi Vega ? Y’a un dieu qui m’en veut personnellement ?”

Elle bondit dans l’un des wagons de Big1 et se jeta sur son siège.


- Pression de la chaudière interne, okay !

- Armement opérationnel !

- Circuit principal, connecté !

- Valves en position !

- Systèmes all-green !


Schwanhelt Bulge tendit le bras.


- Big1, décollage immédiat !


Un sifflement strident résonna au-dessus de Destiny tandis que le chien de la Galaxie s’envolait aux côtés de l’Iron Berger.


- Louise, ouvre le canal pour Murase.

- Bien reçu.


Le visage débonnaire du Commandant du peloton Vega s’afficha.


- Salut, on procède comment ?

- Je te propose qu’on envoie nos agents de terrain. Silver et Valdivia chez toi ?

- Aucun problème.

- Très bien, Bruce et Reiko pour moi. Nous ne sommes pas à l’abri d’une contre-attaque, je préfère donc conserver l’un de mes artilleurs à bord, en l'occurrence Manabu.

- Ouais faisons comme ça. Je maintiens l’Iron Berger en stand by.

- Idem pour Big1.


La communication se coupa et Schwanhelt Bulge fit face à son équipage.


- Louise, démarre un scan à grande échelle de Cassiopée. Il ne s’agirait pas de manquer des informations cruciales. Manabu, charge les pulsars et vérifie notre niveau énergétique. Bruce, Reiko, l’emplacement du dispositif ennemi a été transmis à vos montres connectées, prenez un eagle et rejoignez les gars de Vega. Pas de grabuge, c’est clair ? À la première provocation, c’est la mise à pied, ajouta-t-il en adressant une œillade appuyée à son sniper.

- À vos ordres !, répondirent-ils tous en cœur.

- Au boulot et faites attention à vous. 


Les deux soldats désignés volontaires quittèrent la “control room” et revêtirent hâtivement leurs combinaisons cosmo. Un brin plus rapide, Reiko surgit la première dans le hangar de lancement, attrapa un casque et sauta dans son eagle de prédilection.


- Je pilote.

- Ben voyons, soupira Bruce en s’installant à l’arrière.

- Chacun son travail. 


Elle verrouilla le cockpit et activa les différentes fonctionnalités du jet pendant que le toit ouvrant se rétractait.


- “System check. Requiers permission pour décollage imminent.”

- “Accordée.”


Reiko, un sourire au coin des lèvres, tira sur le manche 


- C’est parti.


Moins de trois minutes plus tard, elle amorçait l’atterrissage sur l’une des plateformes de la station. Alors qu’elle coupait les moteurs, elle aperçut le chasseur des hommes de Vega.


- Je vais devoir me retenir de lui démolir la tronche.

- Oui, abstiens-toi.

- Ça te met pas en colère qu’il t’ait fait ça ? J’ai l’impression que tu t’en fous.

- C’est bon, on va pas dramatiser.


“Si je lui dis que je l’ai mérité, il va s’énerver.”

Après avoir ajusté l’arme dans son holster, Reiko descendit de l’eagle.


- Salut les gars, lança Valdivia. Belle journée pour désamorcer une bombe nucléaire, hein ?


Bruce et Edwin se fixaient en chien de faïence, jouant à “celui qui baisse les yeux a perdu”.


- J’espère qu’elle ne sera pas trop mouvementée.

- Faut pas trop y compter, poupée.

- Qui c’est que tu appelles “poupée” ?, persifla Bruce.

- Il plaisante, tempéra Reiko.

- T’es trop tendu, garçon, observa Valdivia.

- La faute à qui ?, gronda-t-il.

- T’as un problème, la “gâchette facile” ?, siffla Silver.

- C’est toi mon problème, espèce de conn…


Reiko entraîna Bruce en direction de l’une des entrées secondaires de Cassiopée.


- T’as la mémoire drôlement courte. T’as oublié ce qu’a dit le Commandant ?


L’artilleur garda le silence. Ça ne lui ressemblait pas de perdre ainsi son sang-froid durant une mission.

“Si je ne me contrôle pas, on va dans le mur. Je lui réglerai son compte une bonne fois pour toute quand ce merdier sera terminé.”

Il s’éclaircit la voix et se tourna vers ses équipiers du jour.


- On avance ensemble et on n’affole pas les voyageurs, compris ?

- D’après nos indications, l’explosif se situerait au troisième sous-sol, quelque part sous les quais, les informa José Valdivia.

- Okay, on y va, ordonna Bruce. 

- Et bien sûr, c’est lui qui commande, ronchonna Edwin.


Le petit groupe s’introduisit à l’intérieur de la station. Tous ses sens aux aguets, la pilote cheminait à proximité de ses partenaires. La tension était presque palpable et elle sentait une veine battre contre sa tempe.

Le sniper consulta brièvement sa montre et s’engagea dans des escaliers adjacents vides de passagers. Ils avalèrent les marches deux à deux et seul le martèlement de leurs pas troubla le silence ambiant.


- On progresse en file indienne. Moi, Valdivia, Reiko et Silver.


Ils s’exécutèrent, bon gré mal gré pour certains d’entre eux. L’aile dans laquelle les explosifs avaient été dissimulés était moins fréquentée puisque majoritairement dédiée à l’administratif. Quelques voyageurs pouvaient toutefois y transiter, notamment dans le cadre de voyages organisés.


- Le deuxième sous-sol, annonça Bruce. On doit sortir ici pour prendre un autre accès.

- À environ 100 mètres, précisa Valdivia.

- Allez, on ne traîne pas.


Un puissant coup de pied propulsa le battant en avant et, fusil en main, l’artilleur inspecta les alentours.


- La voie est libre.


Alors qu’ils s’enfonçaient dans le couloir, Bruce repéra un mouvement dans un renfoncement du mur. Ses réflexes, aiguisés par des années de service en tant que mercenaire, prirent le relais.


- Contre le mur !, intima-t-il sèchement.


Il ne s’était pas trompé puisqu’un tir laser frôla son oreille gauche.


- À couvert !


Ce que redoutait le quartier général s’était produit : les bombes avaient été placées sous surveillance.


- On n’a pas de temps à perdre, ils vont enclencher la mise à feu, lâcha Silver entre ses dents.

- Il y a un itinéraire secondaire, intervint Valdivia. Partez, je vous couvre.

- Okay, on bouge !


La respiration de Reiko s’accéléra tandis que son estomac se nouait. Fébrile, elle activa son émetteur.


“Commandant, nous sommes attaqués. José retient le tireur et nous poursuivons vers l’objectif.”

“Faites vite, Spica vient de nous signaler que les bombes ne sont plus en latence.”

"Bien reçu."


- Reste en vie, l'armoire à glace.

- J’ai la peau dure, poupée.


Bruce la poussa ensuite sans ménagement dans un corridor latéral débouchant sur une volée de marches conduisant au troisième sous-sol. Il examina les lieux puis, une fois certain que la voie était libre, donna le signal de départ et le groupe se dirigea prestement en direction du périmètre établi par l’unité Spica.


- Merde !


Huit individus en combinaison spatiale firent irruption devant eux. Reiko eut à peine le temps de remarquer leurs armes que Bruce la plaqua brutalement au sol. Ils roulèrent pêle-mêle jusqu’à une porte coupe-feu qui leur permit de s’abriter des rayons lasers.


- J’y crois pas, s’énerva Silver. On est pris au piège.


Le souffle court, Reiko scruta le plan fourni par le QG.


- N-non, on peut aller par là, expliqua-t-elle en pointant un accès quelques mètres derrière eux. Mais il faut qu’on traverse et on risque de se faire canarder.

- Pas le choix alors, répondit le sniper. Silver étant en mesure d'arrêter le minuteur, je reste et vous y allez. Ils ne vous toucheront pas, je vous le garantis.

- Je.. Non !

- Reiko, discute pas mes ordres.

- C’est de la folie, ils sont trop nombr…

- Foutez-moi le camp. Maintenant !


Il vérifia promptement la visée de son fusil puis, sans un regard pour ses équipiers, ouvrit le feu.


- Dépêche-toi la bleue.


Contre sa volonté, elle se leva et emboîta le pas à Edwin. Ils filèrent à travers le corridor et, alors qu’ils atteignaient la porte, elle jeta un œil par-dessus son épaule.


- Bruce !


Une longue estafilade barrait le bras du jeune homme et son sang gouttait sur le sol.


- Dégage !, hurla-t-il. T’es sourde ou quoi ? Je veux pas de toi ici, va-t-en !

- Je…

- T’attends quoi, bordel ? De foutre encore une fois la mission en l’air ?, asséna-t-il, hors de lui.


"Je me fiche qu'elle me déteste. Tout plutôt que sa mort." 

Son poignet commença à trembler et il grimaça sous l'effet de la douleur. 

"C’est plus compliqué que prévu. Si je tombe, je refuse qu'elle y assiste.", pensa-t-il en avisant les cinq attaquants encore debout.


Reiko s'était quant à elle tapie contre le mur pour esquiver un tir. Elle se mordit la lèvre inférieure, en proie à un lourd dilemme qui tiraillait son cœur et sa raison. Puis, sans ajouter un mot, elle rejoignit Silver et ils reprirent leur course. Des larmes d’impuissance coulèrent le long de ses joues. Bruce avait beau être un tireur d’élite, elle craignait qu’il succombe sous le nombre de ses assaillants.


- Il est increvable… Te bile pas pour lui, argua Edwin. Si y’en a un qui peut se sortir de ce traquenard sans une égratignure, c’est bien Bruce.

- Ouais.


“Sauf qu’il est déjà blessé.”


- On y est !


“C’est presque trop facile.”

Le communicateur de Reiko vibra. 


“Ici Bulge, vous en êtes où ?”

“Nous sommes sur zone. Bruce…”


La suite de la phrase s’étrangla dans sa gorge.


“Bruce est resté en arrière pour nous accorder du temps.”

“D’après Spica, vous avez moins de dix minutes. Je compte sur vous.”


La pression monta en flèche et les deux compagnons partagèrent un regard inquiet. Ils visionnèrent le plan de la station à la hâte.


- C’est là, déclara Silver.

- Oui.


L’accès étant verrouillé, il tira sur la serrure et défonça le battant d’un violent coup d’épaule. Ils s’engouffrèrent ensuite dans la pièce, leurs cosmo-gun pointés devant eux.


- Personne…

- Où est-ce que c’est planqué ?, s’impatienta l’artilleur de Vega.


Ils s’étaient introduits dans un bureau banal, meublé sobrement d'une table, d’une chaise, d’une armoire et d’un porte-manteau.


- Fais le guet.

- Oui !


Elle s’embusqua dans l’encadrement de la porte, arme au poing. Son anxiété crevait le plafond et elle luttait de toutes ses forces pour garder son calme.


- Rien dans les tiroirs… Ni dans l’armoire !

- Derrière les tableaux ?


Silver les arracha et les balança par terre.


- Non plus…

- Sous le plancher ? Le faux plafond ?

- Putain, on n’aura jamais le temps de fouiller partout.


Avec l’énergie du désespoir, il entreprit de détruire le bureau, explosant les dalles en plâtre avec le porte-manteau. Puis, dans un accès de rage, il renversa l’armoire.


- Juste derrière !, s’écria Reiko.

- Bingo !


Une ouverture avait été creusée dans la paroi. Silver ôta doucement la plaque en métal qui avait été apposée par-dessus.


- La voilà cette saloperie.


La saloperie en question était un objet ovale, pas plus grand qu’une pomme. Comme sur les projections de Julia Reinhart, il était parcouru d’arcs électriques et il contenait un liquide violacé.


- Tu peux désamorcer ça ? On a trois minutes à tout casser, l’avertit-elle en consultant la pendule murale.

- Je vais y arriver, lui assura-t-il.


Un tumulte se fit entendre et elle risqua une oeillade à l’extérieur de la pièce.


- On a de la visite.

- Ne les laisse pas entrer.

- Compris.


Reiko posa un doigt sur sa gâchette et abattit le premier terroriste d’un tir laser en pleine poitrine. Le second subit le même sort et il mourut avant de toucher le sol. Le troisième lui donna plus de fil à retordre et elle dut se jeter en arrière pour éviter qu’un rayon ne lui transperce l'œil droit. Elle s’accroupit et tira successivement dans sa cuisse et son thorax. Une fois tous ses adversaires à terre, elle prit le temps de les observer et, à travers les capes noires, ce qu’elle découvrit l’horrifia.

“Humanoïdes. Humanoïdes. Humanoïdes. Je le savais. Ça a toujours été eux. Ils nous haïssent tellement. Ils se fichent que des civils meurent. Même sacrifier les leurs ne leur fait ni chaud ni froid. Rien n’a d’importance pour ces tas de boulons. Ils n’ont pas d’âme. Ce ne sont que de sales machines.”


- T’as bientôt fini ?

- Presque !


Lorsqu’une ombre apparut au bout de l’allée, Reiko tendit résolument son pistolet. Au même instant, l’une des portes du corridor pivota et une silhouette menue se glissa hors de l’un des bureaux.


- Reste caché ! 


Pétrifié face aux corps étendus au sol, l’enfant demeura immobile. Reiko bondit hors de son abri et se rua vers lui. Elle voulut tirer mais l’humanoïde fut plus rapide. Son pistolet vola et un trait de feu lui brûla la peau. Désarmée et à la merci de l’être mécanisé, elle s’agenouilla vers le garçonnet et l’entoura de ses bras. Elle tourna le dos à son adversaire et ferma les yeux. 

Trop éloignée pour s’abriter.

Trop éloignée pour récupérer son cosmo-gun.

“Je vais finalement mourir de la main de ces monstres. J’imagine que c’est ce qu’on nomme la fatalité. J’espère juste que le gamin s’en sortira.”

Abandonnant tout espoir, elle se remémora les visages de ceux qu’elle aimait.

Harlock.

Aniki.

Kanna. 

Les membres de son peloton.

Bruce.


- Désolée…


Elle reconnut le son du rayon laser fusant hors du canon.

“C’est fini.”

Elle gémit, enfouissant sa tête dans le cou du petit. Puis, elle se raidit, se préparant à la douleur qui allait irradier son corps.

Étonnamment, elle ne ressentit rien.

Ni souffrance, ni soulagement.

Elle obligea ses paupières à se décoller et il lui fallut plusieurs secondes d’adaptation pour retrouver une vision claire.

Étendu au sol, le robot fixait le vide.


- Hé ça va ?


Silver posa un genou à terre.


- J’ai désactivé la bombe. C’était moins une. J'ai bien cru que ce type allait te transformer en passoire.


Le corps secoué par des tremblements irrépressibles, elle acquiesça.


- C’est bon, on a réussi, dit-il en l’aidant à se relever. T’as bien bossé.


Toujours niché contre sa poitrine, le garçonnet refusait de se séparer de Reiko.


- Les autres, murmura-t-elle.

- Je suis sûr qu’ils vont bien. Je sécurise l’explosif et on y va. J’ai déjà prévenu l’Iron Berger.


Reiko hésitait à se servir de son émetteur.

“Et s’il ne me répond pas ? J’ai trop peur d’appeler.”

Elle patienta jusqu’à ce que Silver termine et ils quittèrent enfin les lieux. Ils rebroussèrent chemin et ne tardèrent pas à atteindre le champ de bataille qui avait opposé Bruce aux humanoïdes. 

“Il n’est pas là.”


-... C’est bon, c’est rien Yûki.


Elle accéléra le pas en reconnaissant le timbre de sa voix.

Assis sur un banc, il repoussait l'infirmière qui bataillait pour lui bander le bras.

La pilote remarqua à peine les membres des unités Sirius et Vega.

“Il a l’air entier. Les blessures paraissent superficielles.”

Son regard croisa celui du sniper. Toutefois, il détourna presque aussitôt les yeux, ce qui eut pour effet de donner un coup de poignard brutal dans l’estomac de Reiko.

Louise lui enserra la taille et elle sentit vaguement les doigts du Commandant lui toucher l’épaule.


- Qui est-ce ?, interrogea l’officière radar en désignant l’enfant.

- Je ne… Sais pas. Il a dû se perdre.

- Je me charge de lui, repose-toi.


Elle arracha difficilement le garçon à l’étreinte de son amie et, sans s’émouvoir de ses pleurs, elle le confia à l’un des agents de la station.

Reiko reporta son attention sur son amant.

“Il ne veut pas me parler. Est-ce que c’est mon comportement de tout à l’heure lui a déplu ?”

Perturbée, elle décida de se réfugier à bord de Big1. Edwin Silver profita de cet instant pour s’approcher d'elle.

Depuis son banc, Bruce contemplait la scène, les mâchoires verrouillées, se faisant violence pour ne pas intervenir.

Quant à Schneider, bien que plongé dans une conversation avec les deux Commandants, il les observait, la mine sombre.


- Écoute, j’ai pas encore eu l’occasion de m’excuser. T’as aucune raison de me craindre, je ne te ferai plus rien.

- Tu m’as sauvé la vie alors que j’ai fait du mal à ton ami. On est quitte.

- J’aurais pas dû m’en mêler. Frapper une femme, c’est… La honte.


Elle se stoppa.


- Comment va Moritz ?

- Je crois qu’il s’en remet.

- Je vois… Si tu es d’accord, transmets lui mon amitié, dit-t-elle en grimpant dans le train.


Edwin réfléchit un instant.


- Je le ferai. Je te dois bien ça.

- Merci.

- Tu devrais faire soigner cette brûlure.


Elle ne répondit pas et se faufila à l’intérieur de Big1, en pressant sa main poisseuse de sang contre son ventre. 


***


Reiko se dirigea machinalement vers l’infirmerie.

“J’aurais aimé le serrer contre moi, mais mon attitude a dû l’embarrasser. Je comprends qu’il soit distant.”

L’eau s’écoula dans le lavabo et elle maintint sa blessure sous le jet jusqu’à ce que la plaie soit nette. Puis, elle ouvrit les tiroirs et en extraya des bandages qu’elle noua maladroitement autour de son poignet. Enfin, elle rinça son gant sous le liquide froid, frottant énergiquement les tâches de sang. Celles-ci ne s’estompèrent pas tout à fait et laissèrent des auréoles roses éparses.


- Il est foutu, constata-t-elle en l’étirant et en passant son index à travers un large trou.


Elle l’enfila tout de même et gagna la “control room”, morose. Ses collègues la rejoignirent peu après.


- On se demandait où t’étais, dit Louise en s’asseyant.

- Aux toilettes.


Le Commandant se pencha au-dessus de Reiko.


- Un problème ?

- Aucun.

- Bien. Vous avez tous fait du bon boulot aujourd’hui. Bravo. J’ai eu des nouvelles de Julia. Toutes les bombes ont été désamorcées avec succès sur 100% de nos stations. Nous ne sommes cependant pas à l’abri que tout ça se reproduise. Nous resterons donc vigilants jusqu’à ce que l’identité des commanditaires de ces attentats soit avérée.

- Bien reçu.


Reiko se crispa. 

“Ils ont tous des œillères. Avec ce que j’ai découvert, Harlock sera obligé de m’écouter.”

Le retour sur Destiny se déroula dans le calme. Une chappe de fatigue s’abattit sur la pilote et, une fois les vérifications de rigueur achevées, elle descendit de Big1 à la suite de ses équipiers.

“Toujours aussi froid.”, releva-t-elle en détaillant le dos de Bruce. Occupé à établir un rapport de leur excursion sur Cassiopée aux Commandants Murase et Bulge, il l’ignorait délibérément..


- Fin du service, annonça Louise. Et si on allait boire un verre ?

- Je vais rentrer, je suis éclatée.

- T’attends que Bruce te raccompagne ?

- Non, je vais marcher. 


Reiko s’enfonça dans le quartier général en ôtant sa veste.

“J’arrive plus à réfléchir et j’ai mal. Je dois dormir. J’éclaircirai ce malentendu demain.”

Elle soupira et se mit en route en traînant les pieds. 


***


Une canette rose tomba dans le distributeur. Bruce se pencha pour la ramasser, maussade.

Ses seuls remparts contre l’angoisse qu’il pouvait parfois ressentir étaient la froideur et l’agressivité. Et, aujourd’hui, c’était la personne qu’il aimait le plus au monde qui en avait fait les frais.

“J’ai beau me dire que c’était pour la protéger, j’aurais jamais dû m’adresser à elle de cette façon. Et je suis sûre qu’elle pense que c’est de sa faute. Vraiment, je suis détestable… Mon physique mis à part, je sais pas ce qu’elle me trouve. Au moins, elle est saine et sauve.”

Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Le sniper leva la tête et pinça les lèvres en reconnaissant la personne qui lui faisait face.


- Schneider.

- Speed.


Bruce décapsula son soda.


- Qu’est-ce que tu veux ?


Moritz inspira profondément.


- M’excuser du comportement de Silver. Ce crétin n’aurait jamais dû s’en prendre à vous.

- Tu m’en diras tant, bougonna-t-il en avalant le liquide sucré.


L’officer de Vega se rapprocha.


- Ceci étant dit, je suis persuadé qu’elle a fait le mauvais choix.

- Q… Quoi ?, répondit-il en recrachant sa boisson. Mais tu te prends pour qui espèce de sale…

- Pour quelqu’un qui s’inquiète réellement du bien-être de Reiko, rétorqua-t-il en lançant une liasse de papiers sur Bruce.

- Tu manques pas d’air, dit-il en essuyant sa bouche d’un revers de manche. Pas de chance pour toi, elle t’a salement rejeté. Faut croire que tu l’intéresses pas tant que ça.

- Ne t’inquiète pas, je suis du genre patient, ricana-t-il. Quand elle en aura assez de ton sale caractère, je serai là pour la réconforter.

- Je vais te faire cracher tes tripes, bouffon.


Bruce s’avança, menaçant.


- T’as pas feuilleté le rapport, hein ? Si tu te souciais d’elle, tu te serais rendu compte que quelque chose clochait. Lis ça et vois à quel point tu n’es pas fait pour elle. Quitte la, ça lui rendrait service.

- Ferme-la ou je te refais le portrait ici et maintenant, gronda-t-il en l’attrapant par le col.

- J’ai pas peur des chiens qui aboient, surtout s’ils sont aussi pitoyables que toi.


Schneider repoussa Bruce avant de faire demi-tour.


- Oublie pas de lire, tu comprendras.


L’artilleur tremblait de colère et un tic nerveux agitait la commissure de sa bouche. Il avait dû faire appel à ton son self-contrôle pour ne pas expédier son poing au milieu de la figure de cet abruti.

Furibond, il récupéra les feuilles qui jonchaient le sol. Il entreprit de les remettre dans l’ordre et en parcourut les grandes lignes.

Il se décomposa à mesure qu’il progressait dans sa lecture.


- C’est pas vrai. Dites-moi que c’est pas vrai. D’après Silver, le rayon laser l’a gravement brûlée.


Sa peau, déjà très pâle, devint presque translucide.


- Mon dieu, c’est quoi cette histoire ? Le gamin, c’était donc ça ?


Un vertige s’empara du jeune homme et tout commença à tanguer dangereusement autour de lui. Il prit appui contre le mur et chemina vaille que vaille jusqu’à la sortie du quartier général.


- Manabu, Louise !, beugla-t-il en débouchant à l’air libre. Vous avez vu Reiko ?

- Elle est rentrée à pied, l’informa Louise. Tu savais pas ?


Sans daigner répondre, il partit en courant.

“J’aurais dû la garder près de moi. Je suis un bon à rien. J’ai même pas vu qu’elle saignait. Je suis un petit ami désastreux.”

Il lui fallut moins de dix minutes pour rejoindre l’immeuble de Reiko. Il ne ralentit pas dans les escaliers et ses coups contre la porte faillirent la dégonder. 

Somnolente et vêtue simplement d’un grand t-shirt, elle entrouvrit enfin le battant.


- Bru… Bruce ? Qu’est-ce que tu fais là ? Tu as couru ? T’es venu à pied ?


Elle sursauta lorsqu’il l’attira contre lui et qu’il pressa son front contre sa nuque.


- Je suis désolé. Tellement… Désolé.

- Pa… Pardon ?

- Je peux entrer ?

- Oui… Oui… Je t’en prie, accepta-t-elle en s’effaçant pour lui laisser la place. Je te prépare du thé ?

- Montre moi, ordonna-t-il en saisissant son bras. T’as vu Yûki ?


Elle détourna les yeux.


- C’est superficiel.

- Assieds-toi, je vais examiner ça. Pourquoi tu n’as rien dit ?

- T’étais pas d’humeur à discuter.

- Idiote.


Il souffla en passant une main sur son visage.


- Non. C’est moi l’idiot. J’aurais dû faire plus attention à toi. 

- Ce sont les risques du métier. 


Tendu, le sniper ôta délicatement les bandages. Reiko se rapprocha de lui et effleura sa joue du bout des doigts.


- T’étais fâché ?

- Non. Bien sûr que non.

- Pourquoi est-ce que tu m’évitais ?

- Je t’ai gueulé dessus comme sur une malpropre.

- C’est tout ?

- Tu ne m’as pas déçu si c’est ça ta question.

- Désolée, dit-elle en rougissant.

- Cesse de t’excuser pour tout.

- Déso… Oui.


Le sniper s’exaspérait à mesure qu’il inspectait la plaie.


- T’as fait ça n’importe comment. Il y a du désinfectant ici ?

- Euh… Non.

- Bon, on va chez moi.

- Bruce, je suis déjà en pyjama…


Il la détailla, un sourire aux lèvres.


- Oui, je sais. Sois patiente, je te l’enlève dès qu’on a fini. Si t’es trop fatiguée, je vais à mon appartement chercher ce qu’il faut pour panser ça.

- Laisse tomber, il y a au moins vingt minutes de marche. Pourquoi t’as pas pris ta voiture ?

- J’ai oublié que j’en avais une.

- Hein ?

- Longue histoire. D’ailleurs, j’ai quelque chose à te demander.

- Hum ?

- Qu’est ce qui te plaît chez un gars comme moi ? J’ai mauvais caractère, je porte malheur et je ne suis pas particulièrement loquace. Qui plus est, je t’aboie dessus toute la sainte journée. Alors dis moi, pourquoi tu n’as pas choisi cet imbécile heureux de Vega à ma place ? Il a toutes les qualités que je n’ai pas et je suis sûr qu’il serait prêt à tout pour te récupérer.


Médusée par ce monologue, Reiko le regarda avec un étonnement non dissimulé. Il paraissait si sûr de lui. Qui aurait cru qu’il lui arrivait de douter ?


- Parce que ça ne pouvait être personne d’autre que toi.


Elle comprit qu’il avait besoin d’être rassuré et elle s’y employa au mieux.


- J’aime la façon dont tu t’inquiètes pour moi, ta gentillesse derrière cette carapace austère, mais aussi ton courage et ta détermination. Tu me tires chaque jour vers le haut et tu m’aides à prendre confiance en mes capacités. Tu es une personne fiable, honnête et intègre. Et je dois avouer que tu n’es pas trop vilain, ce qui ne gâche rien.

- Et je fais bien l’amour ?

- Ça… Aussi.


Elle se serait volontiers éclipsée dans la cuisine pour cacher son embarras mais son poignet était toujours entravé par Bruce.


- C’est plutôt moi qui…

- Reiko, ne raconte pas de conneries.Tu ferais le bonheur de n’importe qui. T’es mignonne comme tout et t’as tellement de qualités que la nuit entière ne suffirait pas pour les énumérer.

- Je crois que tu exagères.

- C’est pas mon genre.

- Arrête.


Elle enfouit son visage dans son t-shirt, son cœur battant si fort dans sa poitrine qu’elle crut qu’il allait exploser.


- Est-ce que tu…

- Oui je t’aime. Je t’aime tellement que je crève de jalousie dès qu’un autre homme tourne autour de toi.


Reiko se blottit sur les genoux de l’artilleur, submergée par une vague de bien-être.


- J’ai pas encore fini, protesta-t-il en souriant.

- Je m’en fous de Moritz. Parce que moi aussi… Moi aussi…

- Je mérite pas que tu me rendes aussi heureux, chaton, la coupa-t-il en l’embrassant.


“Je me suis juré de me séparer d’elle si je la mettais en danger mais c’est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas… Je ne peux tout simplement pas.”


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