L'Ombre de Florence: Les mémoires cachées d'Arianna Valentini

Chapitre 4 : Premières missions

8023 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/10/2023 14:07

Les années passèrent comme l'eau d'un ruisseau s'échappant entre les pierres, rapides et insaisissables. La demeure des Auditore à Florence était un tourbillon d'activités et d'émotions, chacun suivant son propre chemin tout en étant inextricablement lié aux autres.


Arianna, désormais âgée de 17 ans, était devenue une figure centrale dans cette tapisserie complexe de relations. Avec Frederico, elle partageait un lien que peu de gens pouvaient comprendre. Ils étaient partenaires dans le vrai sens du terme, s'entraînant ensemble en secret, partageant les responsabilités et les risques de la vie d'Assassin. Giovanni, le patriarche, leur avait enseigné les arts de la discrétion, de l'espionnage et du combat. Dans cette vie parallèle, ils étaient égaux, unis par un but et un serment silencieux. Les années avaient ajouté une profondeur à leur amitié, transformant leur complicité en quelque chose de plus intangible, de plus risqué. Federico la regardait parfois d'une manière qui la mettait mal à l'aise et en sécurité tout à la fois, ses yeux exprimant ce que les mots ne pouvaient dire.


Puis il y avait Maria, la matrone de la maison, et Claudia, la petite sœur d'Ezio. Avec elles, Arianna endossait le rôle de la jeune fille noble, accomplissant ses devoirs sociaux avec une grâce qui masquait son véritable soi. Elle aimait ces moments passés en leur compagnie, les discussions sur la politique du mariage, les soirées passées à écouter Maria jouer du clavecin ou Claudia réciter des poèmes. Elles étaient sa famille en tout sauf en nom, et elle chérissait le monde qu'elles avaient construit ensemble.


Enfin, il y avait Ezio. Le jeune homme de 16 ans qu'il était devenu ressemblait peu au garçon qu'elle avait connu. Sa fougue d'adolescent s'était transformée en une sorte de charme bravache, attirant les regards admiratifs des jeunes femmes de Florence. Il s'était immergé dans une vie de fêtes et de frivolités, une façon, peut-être, de faire sa propre marque dans un monde où il se sentait souvent éclipsé. Ezio n'avait jamais cessé de la taquiner, de tirer sur les fils invisibles de leur relation en la poussant à réagir. Et bien qu'Arianna ait souvent levé les yeux au ciel devant ses pitreries, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer la manière dont il avait mûri, l'assurance nouvelle qui l'entourait.


Un après-midi ensoleillé, alors que tout le monde se préparait pour un grand bal, Arianna se trouva seule dans la bibliothèque, perdue dans ses pensées. Frederico entra silencieusement, s'approchant d'elle avec une tendresse dans le regard qu'elle connaissait bien.


"Arianna, tu sembles ailleurs. Tout va bien ?" demanda-t-il, la douceur de sa voix contrastant avec l'intensité de son regard.


"Je réfléchissais simplement à la manière dont les choses ont changé, comment nous avons tous évolué," répondit-elle, un léger sourire traversant ses lèvres.


Avant que Frederico puisse répondre, une porte claqua brusquement, interrompant leur moment. Ezio fit irruption dans la pièce, un sourire taquin sur le visage, suivi de près par une Claudia exaspérée.


"Arianna, dis à Ezio d'arrêter de voler mes rubans !" s'écria Claudia, visiblement agacée.


Ezio éclata de rire, brandissant un ruban violet qu'il avait subtilisé. "Ah, mais c'est que ce ruban m'irait beaucoup mieux, tu sais!"


Le rire de Frederico se mêla à celui d'Ezio, et Arianna ne put s'empêcher de sourire devant la scène. Et dans cet instant, elle réalisa quelque chose d'important : ils étaient tous en train de grandir, de changer, et même si la vie était incertaine, elle était heureuse de partager ce voyage avec eux. Oui, les années avaient apporté des défis, mais aussi des opportunités, et elle était impatiente de découvrir ce que l'avenir leur réservait à tous.


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La lumière tamisée des chandelles baignait la petite salle secrète de la maison Auditore où Giovanni gardait ses cartes, ses instruments de navigation et autres objets indispensables à ses activités clandestines. Les murs de pierre étaient silencieux, comme s'ils étaient eux-mêmes conscients de l'importance de ce qui allait être discuté.


Giovanni déroula une carte sur la table, les traits de son visage marqués par des années de décisions difficiles. Il indiqua plusieurs points sur la carte, ses yeux rencontrant ceux d'Arianna.


"Nous avons des informations sur un groupe d'hommes responsables de la propagation de fausses doctrines, des hérétiques qui déstabilisent Florence et la rendent vulnérable aux influences extérieures. Ils doivent être éliminés, mais cela doit être fait avec la plus grande discrétion," expliqua-t-il.


Arianna acquiesça, ses yeux ne quittant pas la carte. Dix années d'entraînement en tant qu'Assassin avaient forgé en elle un esprit acéré et un sens aigu de la responsabilité. "Vous pouvez compter sur moi, Giovanni. Chaque cible sera éliminée de manière à ne laisser aucune trace, aucune suspicion."


Frédérico, debout à l'arrière de la pièce, observa la scène avec un mélange de fascination et de consternation. Bien sûr, il connaissait les activités de son père, mais il n'avait jamais réalisé à quel point Arianna était impliquée. Ses sentiments à son égard commencèrent à se compliquer. L'admiration et la camaraderie qu'il avait toujours ressenties pour elle se mêlèrent à un nouveau respect, mais aussi à une once d'inquiétude.


Giovanni sortit une petite boîte de bois sculpté de son tiroir. Il l'ouvrit pour révéler un ensemble de lames fines et aiguisées. "Ces lames sont empoisonnées. Un simple toucher est suffisant pour que la victime succombe en quelques minutes. Utilise-les avec précaution."


Arianna prit une des lames, admirant la qualité de l'artisanat avant de la ranger dans une petite sacoche à sa ceinture. "Je serai prudente, ne vous en faites pas."


Frédérico sentit son cœur se serrer. Arianna allait tuer à nouveau, et bien qu'il comprenne la nécessité, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de malaise. C'était comme si une partie de l'innocence qu'il lui attribuait se dissipait, remplacée par une réalité plus sombre et plus complexe.


Giovanni fixa Arianna avec sérieux. "Cette mission est délicate, Arianna. Si nous réussissons, nous sauverons non seulement Florence mais peut-être toute l'Italie. Cependant, le risque est énorme. Es-tu prête à assumer cette responsabilité?"


"Je le suis," répondit-elle, ses yeux pleins de détermination.


Frédérico, bien qu'encore dans un état d'incertitude émotionnelle, ne put s'empêcher d'admirer Arianna à ce moment. Elle était forte, courageuse, et malgré ses doutes, il savait qu'elle était la meilleure personne pour cette mission.


"Alors c'est décidé," conclut Giovanni, enroulant la carte et la rangeant. "Nous partirons demain à l'aube. Que la fortune nous soit favorable."


Arianna hocha la tête, ses pensées déjà concentrées sur la mission à venir. Quant à Frédérico, il se tenait là, regardant la scène se dérouler devant lui, conscient que les choses avaient irrévocablement changé. Son admiration pour Arianna était désormais teintée d'une nuance sombre, mais il ne pouvait nier qu'elle était devenue, aux yeux de tous, une véritable Assassin.

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Dans la tranquillité relative de leur salle d'entraînement cachée, les lames d'acier tintèrent et étincelèrent à chaque mouvement, comme des étoiles filantes dans un ciel d'encre. Giovanni et Arianna s'affrontaient dans un duel amical, mais intense. Les années de mentorat avaient créé un lien solide, mais la récente mission avait catalysé leur relation, les élevant d'un maître et son élève à des égaux dans le dangereux métier qu'ils avaient choisi.


Avec une feinte habile, Giovanni dévia l'attaque d'Arianna, mais elle riposta immédiatement par un coup de pied agile qui le força à reculer. Ils se déplacèrent l'un autour de l'autre, leurs yeux fixés, évaluant chaque geste, chaque ouverture.


"Très bien, Arianna," dit Giovanni, esquissant un sourire en coin. "Ta technique s'affine de jour en jour. Tu me pousse à redoubler d'effort pour te suivre."


"Et vous me donnez toujours une raison de m'améliorer, Giovanni," répondit Arianna, ses yeux étincelant d'admiration et de compétitivité.


Giovanni attaqua, ses mouvements rapides et précis comme toujours, mais Arianna anticipa et dévia avec aisance. Leur duel prit une intensité nouvelle. Chaque attaque était repoussée, chaque défense brisée, mais aucune ne portait le coup fatal, dans un respect mutuel pour les compétences de l'autre.


Enfin, après un échange particulièrement vif, leurs lames se croisèrent et ils se retrouvèrent face à face, à quelques centimètres l'un de l'autre. Giovanni rompit le contact et recula, abaissant son arme.


"Je pense que c'est assez pour aujourd'hui," dit-il, son ton révélant un mélange de fatigue et de satisfaction.


Arianna sourit et acquiesça, elle aussi abaissant sa lame. "Je suis d'accord. Nous avons tous les deux bien combattu."


"Ta réussite dans la mission récente... Elle signifie beaucoup pour moi, Arianna," déclara Giovanni, ses yeux capturant les siens. "Elle a prouvé que tu n'es pas seulement un atout, mais un égal. Je peux maintenant te confier des tâches que je ne confierais à personne d'autre."


Le compliment, venant de Giovanni, signifiait beaucoup pour Arianna. "Merci, Giovanni. J'ai encore beaucoup à apprendre, mais savoir que j'ai votre confiance me donne l'élan pour continuer à m'améliorer."


Giovanni s'approcha et posa sa main sur son épaule. "Le chemin de l'Assassin est long et semé d'embûches, mais tu as déjà franchi des obstacles que beaucoup ne pourraient même pas imaginer. Tu es prête pour les défis à venir, et j'ai hâte de voir jusqu'où ce chemin te mènera."


Arianna sentit une bouffée de chaleur dans son cœur. "Je suis honorée d'emprunter ce chemin à vos côtés, Giovanni."


Il sourit, puis se dirigea vers le râtelier d'armes pour ranger son épée. "Nous avons encore beaucoup à accomplir, Arianna. Et je ne pourrais demander un meilleur partenaire pour ces missions."


Alors qu'ils quittaient la salle d'entraînement, chacun sentait que leur relation avait franchi un nouveau cap. Giovanni n'était plus simplement le mentor d'Arianna; ils étaient des partenaires, deux Assassins liés par un respect mutuel et un but commun. Et pour la première fois, Giovanni sentit qu'il n'était pas seul dans ses responsabilités, qu'il avait quelqu'un sur qui il pouvait vraiment compter.


Pour Arianna, le sentiment était réciproque. Elle avait non seulement réussi à gagner le respect de Giovanni, mais elle avait également trouvé un véritable partenaire, un allié dans ce monde dangereux qu'ils avaient choisi d'arpenter. Cette nouvelle étape de leur relation était une preuve supplémentaire que, peu importe les défis à venir, ils les relèveraient ensemble.

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À l'abri des murs de leur quartier général clandestin, Giovanni, Arianna et Frédérico étudièrent les détails de leur prochaine mission. Sur la table devant eux, un plan de la forteresse ennemie était étalé, entouré de divers documents et d'artefacts. Giovanni pointa un doigt vers une salle en particulier sur le schéma.


"Voilà où sera notre cible. C'est une réunion de plusieurs dirigeants Templiers. Si nous parvenons à les éliminer, cela portera un coup sévère à leurs opérations," expliqua-t-il.


Arianna acquiesça. "Ce sera délicat. Les mesures de sécurité seront extrêmes. Mais cela en vaut la peine."


Frédérico observait, sa nervosité palpable. Même s'il avait déjà participé à des missions de moindre importance, il n'avait jamais été témoin des prouesses des deux Assassins expérimentés devant lui en situation réelle.


"Frédérico, tu seras en charge du soutien," dit Giovanni en se tournant vers son fils. "Nous aurons besoin que les voies de retraite soient dégagées et que les gardes soient neutralisés ou détournés."


Le jeune homme hocha la tête, un mélange d'excitation et d'appréhension colorant son visage.

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La nuit était tombée lorsque les trois Assassins approchèrent de la forteresse. Vêtus de leurs capuches et de leurs capes, ils étaient des ombres parmi les ombres, presque invisibles dans l'obscurité. Giovanni et Arianna menaient la marche, se faufilant avec une agilité et une discrétion qui trahissaient des années d'expérience. Frédérico les suivait de près, admiratif mais nerveux.


Une fois à l'intérieur des murs, Frédérico se dirigea vers sa position. Il avait pour tâche de neutraliser les gardes qui pourraient interférer avec la mission. Armé d'un petit arc et de flèches enduites de poison, il travailla avec rapidité et précision. Mais alors qu'il était concentré sur sa tâche, il ne put s'empêcher de jeter des coups d'œil vers Giovanni et Arianna, qui s'étaient infiltrés plus profondément dans la forteresse.


Ce qu'il vit l'étonna et l'effraya à la fois. Les deux Assassins se déplaçaient avec une aisance et une synchronicité fascinantes. Un geste de la main de Giovanni et Arianna savait exactement quoi faire. Une tête tombait silencieusement, une garde était désarmé avec une précision chirurgicale, tout semblait si facile pour eux. Chaque mouvement était économique, sans gaspillage, chaque action parfaitement calibrée pour être mortelle.


Pour la première fois, Frédérico comprit réellement l'écart qui le séparait de ces deux maîtres de leur art. Il réalisa soudain combien il avait encore à apprendre, combien il devait s'entraîner pour atteindre ce niveau de compétence. Une vague de respect, mêlée à une pointe de jalousie, l'envahit.


La mission fut un succès. Les cibles furent éliminées et le trio retourna à leur base sans accroc majeur. Giovanni et Arianna se félicitèrent mutuellement, mais leurs yeux trahissaient la gravité de ce qu'ils venaient d'accomplir.


En les regardant, Frédérico sentit une détermination nouvelle l'envahir. Il savait qu'il avait un long chemin à parcourir, mais il était prêt à faire tout ce qu'il fallait pour y arriver. Les images de Giovanni et Arianna en action étaient gravées dans son esprit, à la fois comme un rappel de ce qu'il n'était pas encore, mais aussi comme une vision de ce qu'il pouvait devenir.


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Frédérico et Arianna se tenaient sur les toits de Florence, sous le ciel étoilé, à l'abri des regards. Leurs respirations étaient haletantes, l'adrénaline encore palpable dans leurs veines. La mission de vol qu'ils venaient d'accomplir avait été un succès, et le sentiment d'accomplissement les enveloppait tous les deux.


"Nous avons bien travaillé," dit Arianna en regardant les toits environnants, cherchant à voir s'ils étaient suivis.


Frédérico, son regard fixé sur elle plutôt que sur l'horizon, répondit : "Oui, en effet. Mais il faut dire que la mission était plus agréable en bonne compagnie."


Un sourire esquissé par Arianna trahissait une certaine tendresse, mais elle ne dit rien, se contentant de ranger soigneusement le butin dans son sac.


Frédérico, animé par l'impulsion du moment, par l'attraction qu'il ressentait depuis un certain temps, et peut-être par la douceur de la nuit, fit un pas en avant. Sans vraiment penser aux conséquences, guidé par son cœur plus que par sa raison, il posa ses mains sur les épaules d'Arianna et l'embrassa.


Pour un instant, le temps sembla s'arrêter. Les doutes et les incertitudes qui avaient hanté Frédérico disparurent, remplacés par la douce sensation de ses lèvres contre celles d'Arianna.


Arianna, surprise au début, mit quelques secondes à réagir. Mais alors, comme si un voile avait été levé, elle répondit à son baiser. Ses mains trouvèrent le chemin vers la nuque de Frédérico, et pour un instant, ils oublièrent tout : la mission, les responsabilités, les luttes à venir. Il n'y avait qu'eux, le ciel étoilé au-dessus, et les toits de Florence en dessous.


Quand ils se séparèrent finalement, le regard qu'ils échangèrent contenait une nouvelle compréhension, une nouvelle intimité. Frédérico, le cœur battant, parvint à dire : "Je voulais faire ça depuis longtemps."


Arianna, son visage éclairé par la lumière des étoiles, répondit doucement : "Moi aussi, Frédérico. Moi aussi."


Ils se tenaient là, sur le toit, comprenant que quelque chose avait changé, que quelque chose de nouveau commençait. Chacun d'eux savait que cette nuit marquerait un tournant dans leur relation, et peut-être même dans leur vie. Mais pour l'instant, ils étaient simplement heureux de ce nouveau chapitre qui s'ouvrait, de la nouvelle proximité qu'ils venaient de découvrir, et des possibilités infinies qui s'offraient à eux.

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La pluie tombait à torrents sur les rues de Florence, rendant les toits glissants et dangereux. Les rues étaient vides, les habitants préférant le confort de leurs maisons à l'humidité extérieure. C'était le moment idéal pour une mission délicate, et Giovanni avait envoyé Arianna et Frédérico pour s'occuper de l'affaire. Leur mission était de récupérer des documents importants détenus par un noble corrompu. Leur tâche était d'autant plus difficile que l'homme en question avait engagé des gardes supplémentaires, conscients de la menace qui pesait sur lui.


Tous deux vêtus de capes pour se protéger de la pluie, Arianna et Frédérico se faufilèrent dans la demeure. Évitant les gardes, ils trouvèrent enfin la pièce où étaient conservés les documents. Frédérico fit sauter la serrure avec une agilité surprenante pendant qu'Arianna veillait à ce qu'aucun garde n'arrive.


"Tu as les documents ?" chuchota Frédérico, sa main toujours sur la poignée de la porte.


"Oui, c'est bon," répondit Arianna en refermant son sac, les documents à l'intérieur. "On peut y aller."


Ils firent demi-tour et commencèrent à quitter les lieux. Mais alors qu'ils approchaient de la sortie, une troupe de gardes les repéra.


"Par ici !" s'écria Arianna, prenant la tête pour se diriger vers une fenêtre ouverte. Les deux assassins sautèrent, atterrissant sur les toits mouillés. Glissant et trébuchant, ils coururent aussi vite que la pluie le leur permettait.


"Frédérico, le saut de la foi ! Nous devons le faire !" cria Arianna.


Sans hésiter, ils se dirigèrent vers le bord du toit et plongèrent dans le tas de foin en dessous. Des secondes semblèrent des heures avant qu'ils ne touchent le sol, les documents toujours en leur possession.


Se relevant, ils se regardèrent, leurs visages trempés mais rayonnants. Ils avaient réussi.


"Je n'aurais pas pu le faire sans toi," dit Arianna, ses yeux rencontrant ceux de Frédérico.


"Je pourrais en dire autant," répondit-il. Et sans un mot de plus, animé par l'intensité du moment, Frédérico prit le visage d'Arianna entre ses mains et l'embrassa. Ce n'était pas comme leur premier baiser; c'était plus fort, plus urgent, comme s'ils avaient tous deux compris les enjeux de leur proximité dans ce monde périlleux.


Arianna s'accrocha à lui, laissant la pluie les tremper, mais sans s'en soucier. Pour cet instant, il n'y avait qu'eux et le baiser qu'ils partageaient, un baiser qui disait plus que des mots ne pourraient jamais dire.


Lorsqu'ils se séparèrent, Frédérico la regarda et dit, "Quoi qu'il arrive, Arianna, sache que je serai toujours là pour toi."


Et en cet instant, malgré les dangers qui les entouraient, Arianna sut qu'elle pouvait faire confiance à Frédérico, non seulement en tant que partenaire mais aussi en tant que quelqu'un de plus intime, de plus cher. Cette mission avait scellé non seulement leur compétence en tant qu'assassins mais aussi leur proximité en tant que personnes, un lien qu'aucune épreuve ne pourrait briser.


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La lueur des bougies faisait danser les ombres sur les murs de la bibliothèque où Arianna et Frédérico se trouvaient. Giovanni les avait envoyés pour trouver un vieux manuscrit qui renfermait des informations sur un artefact que les Templiers convoitaient. La mission était moins dangereuse que la dernière, mais les enjeux étaient tout aussi élevés.


"Le voilà," dit Frédérico en retirant un livre poussiéreux d'une étagère cachée. "Le manuscrit de Lorenzo il Magnifico."


"Excellent," répondit Arianna en s'approchant pour mieux voir le manuscrit. Leurs mains se frôlèrent, et une étincelle électrique passa entre eux, aussi fugace qu'intense. Ils se regardèrent dans les yeux, et il y eut un moment de silence suspendu dans le temps.


"Arianna, je ne peux plus le cacher," commença Frédérico, ses yeux cherchant ceux d'Arianna comme pour y lire sa réaction. "Je ressens quelque chose pour toi, quelque chose de fort. Je sais que nous menons des vies dangereuses, mais je ne veux pas passer un autre jour sans te dire ce que je ressens."


Arianna sentit son cœur s'emballer. Elle n'était pas aveugle; elle avait vu les regards que Frédérico lui lançait, senti la tension entre eux chaque fois qu'ils étaient proches. Mais entendre les mots sortir de sa bouche lui donnait une tout autre dimension.


"Frédérico," elle dit doucement, choisissant ses mots avec soin, "je ressens la même chose. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, surtout dans le monde dans lequel nous vivons, mais je ne peux plus le nier."


Frédérico sourit, un sourire lumineux qui éclaira son visage comme une flamme. Il se pencha pour l'embrasser, et cette fois, le baiser fut doux, presque timide, comme s'ils redécouvraient tous les deux ce que c'était que d'être vulnérables.


Lorsqu'ils se séparèrent, Arianna se sentit bizarrement légère, comme si une partie du poids qu'elle portait venait de lui être enlevée. Elle savait que leur relation serait compliquée, pleine de dangers et d'épreuves, mais pour la première fois, elle se sentait prête à les affronter.


Frédérico prit sa main et la serra doucement. "Quoi qu'il arrive, Arianna, nous le traverserons ensemble."


Arianna acquiesça, sentant une confiance nouvelle lui remplir le cœur. "Ensemble," répéta-t-elle, le mot résonnant dans la pièce comme un serment.


Et ainsi, cachés entre les étagères de la bibliothèque, le vieux manuscrit oublié sur une table, ils se firent une promesse silencieuse. Une promesse d'être là l'un pour l'autre, envers et contre tout, dans un monde où la confiance était un luxe que peu pouvaient se permettre.


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Ezio se promenait nonchalamment dans les rues de Florence, son bras passé autour de la taille de sa dernière conquête, une jolie brune nommée Lucia. Ils venaient de quitter une petite fête dans l'un des palais de la ville, riant et parlant en chemin. Mais au détour d'une ruelle, il aperçut deux silhouettes familières.


Frédérico et Arianna étaient là, accoudés sur une balustrade de pierre, parlant à voix basse. La lueur des réverbères éclairait leurs visages et Ezio put voir qu'ils semblaient profondément absorbés l'un par l'autre. Lorsqu'ils se penchèrent pour partager un doux baiser, un pincement de jalousie et un élan de nostalgie saisirent Ezio.


Lucia, remarquant le changement dans l'expression d'Ezio, demanda : "Tout va bien, bello?"


Ezio força un sourire et la rassura. "Oui, tout va bien. Allons-y."


Alors qu'ils s'éloignaient, l'image de Frédérico et Arianna restait gravée dans l'esprit d'Ezio. Cette vision semblait avoir ranimé quelque chose en lui, une vieille flamme, un souvenir d'émotions qu'il pensait avoir mises de côté. Le jeune homme à femmes qu'il était devenu se demanda soudain si cette succession de flirts et d'aventures légères avait réellement comblé le vide en lui ou si c'était une manière d'éviter de ressentir ce qu'il avait éprouvé pour Arianna des années auparavant.


En rentrant chez lui, il passa devant le miroir et se regarda. Il vit son reflet, celui d'un jeune homme séduisant et confiant, mais il se demanda ce qui se cachait derrière cette façade. Était-il prêt à plonger dans les profondeurs de ses propres sentiments? Était-il prêt à se battre pour quelque chose, ou quelqu'un, qui importait vraiment?


Cette nuit-là, Ezio ne trouva pas le sommeil facilement. Les images de Frédérico et Arianna, entrelacés dans une complicité silencieuse, tournaient dans sa tête. Et pour la première fois depuis longtemps, Ezio Auditore commença à s'interroger sur le genre d'homme qu'il voulait vraiment devenir.

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Frédérico et Arianna se trouvaient dans un petit café à l'écart des grandes artères de Florence, là où le tumulte de la ville semblait atténué. Une carafe de vin posée sur la table, ils échangeaient des regards complices, riant de quelque anecdote partagée. Leur relation discrète les avait conduits à chercher des endroits moins fréquentés, où ils pouvaient être eux-mêmes sans attirer l'attention.


Ezio, de son côté, n'avait pas cherché à les suivre, mais le destin semblait avoir d'autres plans. En accompagnant ses amis à travers les rues, il avait repéré la tête brune de son frère à travers la vitre du café. Sans vraiment y penser, il s'était écarté du groupe, attiré comme par un aimant vers ce lieu où il savait qu'il ne devrait pas être.


Se tenant à distance, presque caché dans l'ombre d'un porche voisin, Ezio observait. Il voyait son frère et Arianna, sentait leur bonheur à travers la vitre et se demandait pourquoi cela le touchait autant. Ils semblaient si à l'aise ensemble, leurs rires flottant dans l'air, et il ne pouvait s'empêcher de se demander comment ça aurait été s'il avait été à la place de Frédérico.


"Ezio, tu viens?" appela l'un de ses amis, rompant sa rêverie. Il sursauta, réalisant soudain où il était et ce qu'il faisait. Avec un sourire forcé, il rejoignit son groupe d'amis, essayant de chasser les pensées persistantes qui embrouillaient son esprit.


Mais même alors, alors qu'il riait et conversait, une partie de lui restait dans ce café, à cette table, à côté d'Arianna. Il comprenait qu'il n'était pas seulement en train de l'observer, mais qu'il se comparait, se mesurait à ce qu'il voyait. Et dans ce moment de clairvoyance, Ezio sentit que quelque chose devait changer. Il ne pouvait pas continuer à errer sans but, à remplir sa vie de rencontres sans conséquence, tout en ignorant ce qui avait été sa première flamme véritable.


Alors, même si la soirée continuait autour de lui, le cœur d'Ezio était ailleurs. Il se faisait la promesse silencieuse de comprendre ce qu'il ressentait vraiment, d'affronter ses émotions au lieu de les fuir. Car il réalisait, à ce moment précis, qu'il ne pourrait jamais vraiment passer à autre chose tant qu'il n'aurait pas affronté le passé qui le retenait.

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Ezio avait consciencieusement élaboré son stratagème. Le jeune homme de 17 ans avait appris que Arianna avait pris l'habitude de se rendre dans le jardin pour méditer ou lire en début de matinée, bien avant que les autres membres de la famille Auditore ne soient éveillés. Ce serait son opportunité.


Se levant aux aurores, il choisit de revêtir un simple pantalon, délaissant volontairement sa chemise. Prenant un livre, il se dirigea vers le jardin, cherchant à être le plus naturel possible tout en positionnant son banc de manière stratégique. À partir de là, il aurait une vue claire sur le chemin que Arianna emprunterait. Feignant de lire, il attendit.


Comme il l'avait anticipé, Arianna finit par apparaître, un livre à la main. Lorsqu'elle aperçut Ezio, elle s'arrêta un moment, comme surprise de le voir là, surtout torse nu. Ses yeux parcoururent brièvement son torse avant de remonter vers son visage.


"Buongiorno, Ezio," dit-elle, semblant légèrement troublée, mais reprenant rapidement son calme.


"Buongiorno, Arianna," répondit-il, marquant sa page et posant son livre. "J'espère que je ne t'ai pas dérangée. Je trouvais simplement que le matin était un bon moment pour un peu de lecture."


Elle hocha la tête, mais il pouvait voir que quelque chose dans son regard avait changé. "Je ne t'avais jamais vu ici aussi tôt."


"Les temps changent," répondit-il, essayant de lire les émotions dans ses yeux. "Nous changeons tous, n'est-ce pas?"


C'est alors que Frédérico arriva, son sourire habituel aux lèvres. Toutefois, Ezio remarqua que le sourire de son frère s'effaça légèrement en apercevant la scène. Frédérico était intelligent ; il devait avoir deviné les intentions de son jeune frère.


"Ah, voilà mes deux personnes préférées," dit Frédérico, en s'approchant d'Arianna. Il la salua avec un léger baiser sur la joue, comme il en avait l'habitude, mais cette fois-ci, il maintint son contact un instant plus longtemps, comme pour marquer son territoire.


"Je ne savais pas que nous avions un rassemblement matinal," ajouta-t-il, en jetant un regard complice à Ezio. "Peut-être que nous devrions en faire une tradition."


Ezio retint un sourire. Frédérico avait clairement reçu le message. Toutefois, ce fut la réaction d'Arianna qui retint son attention. Elle semblait un peu déstabilisée, regardant tour à tour les deux frères, comme si elle réalisait seulement maintenant la dynamique complexe qui était en train de se former.


Les enjeux étaient désormais plus élevés, et Ezio savait qu'il venait d'entrer dans un jeu dangereux, pas seulement avec Arianna, mais aussi avec son propre frère. Pourtant, au lieu de l'intimider, cette pensée le galvanisa. Après tout, qu'était la vie sans un peu de danger et de passion ?

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Les jours qui suivirent furent un mélange subtil de tension et de jeu entre les trois jeunes gens. Chacun semblait être sur ses gardes, tout en tentant de masquer ses véritables émotions. Pour Frédérico, il s'agissait de maintenir l'équilibre délicat entre son amour naissant pour Arianna et la fraternité qu'il éprouvait pour Ezio. Pour Arianna, c'était une période de remise en question, où elle devait réévaluer sa relation avec les deux frères. Quant à Ezio, il était déterminé à montrer qu'il était plus qu'un simple adolescent insouciant, surtout aux yeux de Arianna.


Une après-midi ensoleillée, alors que la famille Auditore était occupée avec diverses activités, Ezio, Frédérico, et Arianna se retrouvèrent dans le jardin. Cette fois-ci, ils s'étaient rassemblés pour une partie de jeu de paume. Ezio était en forme, ses mouvements étaient rapides et précis, clairement destinés à impressionner Arianna.


Frédérico, cependant, ne lui laissait pas voler la vedette si facilement. Il faisait preuve d'une habileté tout aussi impressionnante, et chaque fois qu'il marquait un point, il jetait un regard malicieux à Arianna, qui ne pouvait s'empêcher de sourire.


Après le jeu, alors qu'ils récupéraient en buvant de l'eau, Frédérico proposa, "Peut-être que le vainqueur devrait recevoir un prix."


"Et quel serait ce prix?" demanda Arianna, ses yeux étincelant d'un mélange d'amusement et de curiosité.


"Un baiser de la belle dame," déclara Frédérico, en la regardant directement. Ezio sentit une vague de jalousie monter en lui mais fit de son mieux pour la réprimer.


Arianna rit, un son cristallin qui apaisa quelque peu Ezio. "Et si je refuse?"


"Alors le vainqueur devra se contenter de la gloire de la victoire," répondit Frédérico, son regard glissant vers Ezio.


"Je pense que la gloire suffira," dit Arianna, ses yeux rencontrant ceux d'Ezio pour la première fois depuis le début de cette rencontre. C'était un regard chargé, et Ezio eut la sensation étrange qu'elle avait vu à travers toute la façade qu'il avait construite.


Frédérico, sentant la tension, prit délibérément la main d'Arianna et l'attira vers lui. "Alors, la gloire soit," dit-il, "mais ne pense pas que tu échapperas si facilement la prochaine fois."


Ezio regarda la scène, son cœur battant fort dans sa poitrine. Il savait qu'il avait perdu cette manche, mais quelque chose dans le regard d'Arianna lui disait que le jeu était loin d'être terminé. Et il était plus que prêt pour les défis qui viendraient.

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Arianna s'était éclipsée de la maison des Auditore pour chercher un peu de solitude. Entre les missions qu'elle accomplissait avec Giovanni, les entraînements rigoureux, les cours de bonnes manières avec Maria et Claudia, et sa relation naissante avec Frédérico, sa vie était un tourbillon constant d'activités et d'émotions.


Elle s'était retirée dans une petite alcôve du jardin, un coin tranquille où elle pouvait être seule avec ses pensées. À ce moment, ses pensées étaient occupées par le jeu subtil qui se jouait entre elle et les frères Auditore. Frédérico, avec son charme assuré et son regard intense, était celui qu'elle connaissait le mieux, avec qui elle partageait désormais plus qu'une simple amitié. Mais il y avait aussi Ezio, têtu et déterminé, qui semblait vouloir attirer son attention de plus en plus.


Elle entendit soudainement des pas sur le gravier. Elle se retourna pour voir Ezio, une serviette autour de la taille, clairement revenu d'une séance d'entraînement à l'épée. Elle eut un instant d'hésitation. Ezio avait changé, mûri. Il était devenu un homme, et ce n'était pas seulement son corps qui en portait les marques.


"Je ne savais pas que cet endroit était déjà occupé," dit-il en souriant, "Je cherchais un peu de solitude."


"Tu es libre de rester," répondit Arianna, bien qu'une partie d'elle souhaite qu'il s'en aille et lui laisse son moment de paix.


Ezio s'assit, gardant une distance respectueuse, mais son regard la fixait d'une manière qu'elle trouvait perturbante. "Tu sembles préoccupée," dit-il.


"La vie est compliquée," dit-elle, évitant soigneusement de donner plus de détails.


Ezio hocha la tête, comme s'il comprenait exactement ce qu'elle voulait dire. "Je sais ce que c'est. La pression de la famille, des responsabilités. La recherche de sa propre voie."


Leur regard se croisa, et Arianna sentit un frisson lui traverser le corps. Il y avait quelque chose dans les yeux d'Ezio, une intensité, une profondeur qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant. Et elle savait qu'il avait vu son hésitation, son moment de faiblesse.


"Tu as trouvé ta voie, Arianna," dit-il doucement, "et c'est une chose admirable."


Avant qu'elle puisse répondre, des pas se firent entendre de nouveau, et Frédérico apparut. "Ah, vous êtes là," dit-il en souriant, bien que son regard se durcit brièvement en voyant la proximité entre Arianna et son frère.


"Je pense que je vais vous laisser," dit Ezio en se levant, ramassant sa serviette. "J'ai assez joué les intrus dans vos moments."


Arianna le regarda partir, le cœur battant étrangement fort dans sa poitrine. Frédérico s'assit à côté d'elle, posant sa main sur la sienne, mais son esprit était ailleurs. Ezio avait réussi à la troubler, et le pire, c'est qu'il le savait. Un jeu dangereux se profilait à l'horizon, et Arianna se demandait si elle était prête à y jouer.

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Frédérico s'était éclipsé sur le toit de la maison des Auditore pour réfléchir. Il savait qu'il se passait quelque chose entre son frère Ezio et Arianna, et il ne savait pas comment il se sentait à ce sujet. D'un côté, il ne pouvait pas blâmer son frère pour être attiré par elle. Arianna était belle, intelligente, et redoutablement compétente. De l'autre côté, il avait du mal à digérer le fait que son jeune frère, qui avait toujours été plus un garnement qu'un gentleman, puisse être une menace sérieuse à la relation naissante qu'il avait avec elle.


En bas, il entendit le bruit de l'entraînement, des lames qui s'entrechoquaient. Son père et Arianna étaient en pleine séance, perfectionnant leurs compétences. Frédérico les observa un moment, admirant la fluidité de leurs mouvements, la compréhension tacite qui existait entre eux. Il se rendit compte qu'il n'avait pas seulement été attiré par Arianna; il la respectait profondément aussi. C'était cette combinaison de traits qui le fascinait, et il savait que c'était un sentiment réciproque.


Mais quand il revint à sa réflexion sur Ezio, un pincement de jalousie le saisit. Son frère n'avait jamais été sérieux au sujet de quoi que ce soit, préférant les fêtes et les flirts rapides aux responsabilités familiales. Frédérico ne pouvait s'empêcher de se demander si Ezio savait vraiment ce qu'il voulait, ou s'il était simplement attiré par Arianna parce qu'il la voyait comme un défi.


Soudainement, il vit Arianna monter sur le toit, visiblement à la recherche d'un moment de solitude après l’effort. Elle s'arrêta pour regarder la ville qui s'étendait devant elle, une expression de réflexion profonde sur son visage. Frédérico fut tenté de la rejoindre, de partager ce moment de tranquillité avec elle, mais il se retint. Quelque chose dans sa posture lui disait qu'elle avait besoin de cet espace, et il respecta cela.


Au lieu de cela, il se retira discrètement, faisant le choix de lui laisser le temps et l'espace dont elle avait besoin. Après tout, il avait ses propres problèmes à résoudre. Il devait trouver un moyen de gérer ses sentiments conflictuels envers son frère et Arianna, tout en essayant de trouver sa propre place dans ce puzzle compliqué qu'était leur vie.


Alors qu'il descendait les marches, un sentiment d'incertitude l'envahit. Les choses étaient en train de changer, et il ne savait pas si c'était pour le meilleur ou pour le pire. Ce qu'il savait, c'était qu'il devait être prêt pour ce qui allait suivre, quel que soit le chemin que cela prendrait.

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Frédérico fixait sa dague teintée du rouge profond qui venait de s'écouler de la vie d'un homme. La lame vibrait légèrement, comme une extension de ses mains tremblantes. Les yeux écarquillés de sa victime, remplis d'une horreur mêlée d'incrédulité, étaient gravés dans sa mémoire comme une cicatrice fraîche. Il s'était reculé inconsciemment, laissant de la distance entre lui et le corps inerte. Une boule s'était formée dans sa gorge, et il lutta pour avaler, pour forcer la réalité à s'installer en lui. C'était cela, le poids de la vie et de la mort; il pesait comme une ancre, le tirant vers une profondeur émotionnelle qu'il n'avait jamais connue.


À cet instant, Arianna jaillit des ombres, son apparition presque surnaturelle. Sa lame d'argent brillait sous la lueur vacillante des lanternes proches, avant de trancher l'air et de se loger dans la gorge de leur deuxième cible. L'homme s'effondra, une expression de surprise figée sur son visage dans la mort.


Frédérico détourna le regard, incapable de supporter la facilité avec laquelle elle agissait, la manière dont sa main ne tremblait pas alors qu'elle essuyait sa lame sur le revers de son vêtement. Elle avait traversé des abîmes de ténèbres qu'il n'avait jamais imaginé, et il se demandait soudain s'il pourrait jamais vraiment la connaître, s'il pourrait un jour avoir une telle maîtrise de lui-même.


"Tu vas bien?" Sa voix brisa sa rêverie, pleine de préoccupation, mais aussi de ce qui semblait être une profonde compréhension.


"Je ne sais pas," Frédérico laissa échapper les mots comme un murmure, les syllabes tremblantes d'indécision. Il secoua la tête comme pour disperser les nuages de doute qui l'obscurcissaient, mais les images continuaient à le hanter. Son propre acte, et la manière dont elle avait achevé le travail, étaient comme deux miroirs reflétant des mondes si différents qu'il ne pouvait pas les réconcilier.


Arianna étudia son visage pendant un moment, comme si elle tentait de lire les mots non dits qui flottaient entre eux. Elle rangea sa lame et s'approcha, mais Frédérico sentait une distance infranchissable, une dissonance émotionnelle qu'aucun geste ne pourrait effacer en cet instant.


C'était un carrefour, une intersection de chemins et de choix. Et Frédérico comprit que leur prochaine décision ne définirait pas seulement le sort de leur mission, mais également la texture et la tonalité de tout ce qui pourrait venir entre eux.

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La nuit enveloppait Florence dans son manteau étoilé, les ombres de la ville médiévale étirant leurs bras noirs sur les pavés. Arianna et Frédérico s'éloignaient du lieu du meurtre, leurs pas aussi discrets que les murmures du vent dans les rues désertes. Giovanni, leur mentor, avait enseigné à Arianna l'importance du silence, et elle l'avait adopté comme une deuxième peau. Frédérico, en revanche, portait le bruit de ses pensées comme un vêtement mal ajusté.


Elle avait observé Frédérico durant la mission, avait vu son regard inquiet lorsqu'il avait enfoncé sa dague dans la chair de leur cible. Elle n'avait pas besoin de lire dans ses pensées pour comprendre le chaos qui l'envahissait. Après tout, elle avait été là elle-même, à ce seuil entre l'innocence et le sang, la justice et la brutalité.


"La première règle du Credo, Frédérico, c'est que tout est permis," dit-elle doucement, rompant le silence comme elle avait brisé tant de vies. "Mais cela ne signifie pas que tout doit être fait. Tu apprendras à comprendre ce que cela signifie pour toi."


Frédérico se tourna finalement pour la regarder, et Arianna vit dans ses yeux l'écho des mêmes questions qui avaient autrefois hanté son propre esprit. Mais à la différence de Frédérico, elle avait déjà fait son choix.


"Arianna, comprends-moi, je t'aime. Mais je me demande si je suis prêt à aimer toutes les parties de toi, même celles que je ne comprends pas encore."


Les mots de Frédérico frappèrent Arianna comme une flèche en plein cœur. Elle sentit une tristesse envahir son être, mais il y avait aussi une sorte de libération. Parce qu'elle savait, avec une clarté douloureuse, qu'elle ne pouvait pas, ne voulait pas, reculer dans le chemin qu'elle avait choisi. Elle avait embrassé son rôle d'Assassin avec tout ce qu'il impliquait, les ombres comme la lumière.


"Je comprends, Frédérico," dit-elle, les yeux brillants mais la voix ferme. "Je n'attendrais pas que tu changes qui tu es, et je ne changerai pas qui je suis. Je suis une Assassin, une Maîtresse Assassin. J'ai choisi cette vie pleinement, avec tout ce qu'elle comporte, et je ne ferai pas marche arrière."


Frédérico sembla soulagé et attristé en même temps, comme si ses pires craintes et ses plus grands espoirs avaient été confirmés en une seule phrase. "Alors peut-être que nous sommes tous les deux perdus," dit-il, plus pour lui-même que pour elle.


"Ou peut-être que nous sommes tous les deux en train de nous trouver," répliqua Arianna, même si elle n'était pas sûre de croire en ses propres mots.


Et comme ils se tenaient là, deux âmes égarées sous le ciel nocturne de Florence, Arianna comprit que certains chemins étaient destinés à diverger, même quand on aurait souhaité qu'ils se croisent. Chaque choix était un abandon, et chaque abandon était un choix. Mais alors que la distance entre eux semblait s'étirer, remplie de tout ce qui était dit et de tout ce qui restait à dire, une vérité se cristallisa dans son esprit : elle avait fait son choix, et elle vivrait avec, dans les ombres et dans la lumière.

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Plus tard, assis dans la bibliothèque de leur demeure, Frédérico observait son père, Giovanni, plongé dans l'examen de cartes et de documents. Sa mère, Maria, se tenait à ses côtés, une présence silencieuse mais indéniablement forte. L'alchimie entre eux était palpable, un équilibre construit sur des années d'amour et de respect mutuels. Frédérico sentait dans leurs regards et leurs gestes une forme de paix qui lui échappait à cet instant précis.


Il n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qu'il voulait dans une compagne, mais la vision de ses parents s'imposait soudainement comme une référence. Leur amour semblait simple comparé aux complexités et aux contradictions qui régnaient entre lui et Arianna. Pouvait-il espérer le même genre d'équilibre, d'harmonie, avec une femme qui était si profondément ancrée dans un monde d'ombres et de lames cachées?


Secouant la tête comme pour chasser ces pensées, il se leva, quitta la bibliothèque et se dirigea vers la cour. La nuit était calme, les étoiles comme des sentinelles silencieuses dans le ciel. Et là, il la trouva, Arianna, pratiquant ses mouvements d'épée à la clarté de la lune. Chaque attaque et parade résonnait avec une précision mortelle, une danse mortelle qu'elle avait apprise à maîtriser bien avant lui.


Lorsqu'elle le vit, son épée s'arrêta net en l'air, et ses yeux se verrouillèrent sur les siens. Elle lui offrit un sourire, mais ce n'était pas le sourire tendre et ouvert qu'il connaissait. C'était un sourire qui avait vu trop de choses, qui avait dû faire des choix difficiles. Un sourire de guerrière.


"Nous devons parler," dit-il, sa voix empreinte d'une gravité qui semblait alourdir l'air autour d'eux.


"Je sais," répondit-elle, posant son épée avec un soin méticuleux.


Il prit une profonde inspiration, conscient que les mots qu'il allait prononcer pourraient bouleverser leur vie à tous les deux. "Je me suis toujours vu à tes côtés, mais ce que j'ai vu aujourd'hui... ça a changé quelque chose en moi. Je ne suis pas certain de pouvoir vivre une vie enveloppée par les mêmes ombres qui font partie de toi."


Arianna le regarda, et il vit dans ses yeux un éclair de douleur, vite masqué par une résolution farouche. "Tu dois choisir ta propre voie, Frédérico. Je ne changerai pas qui je suis. Je ne peux pas. Si tu trouves que mon monde est trop sombre, alors peut-être que tu devrais chercher la lumière ailleurs."


Les mots étaient durs, mais il sentait qu'ils étaient dits sans rancune. Elle comprenait les enjeux, tout comme lui.


"Je t'aime, Arianna. Mais je dois savoir si je suis fait pour aimer aussi les parties de toi que je viens seulement de découvrir. Je dois savoir si je peux être l'homme qui se tient à tes côtés, non pas seulement dans la lumière, mais aussi dans les ombres."


"Et seulement toi peux répondre à cette question," dit-elle doucement, avant de ramasser son épée et de retourner à ses exercices, laissant Frédérico seul avec ses pensées et ses choix, sous le regard éternel des étoiles.

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