L'Ombre de Florence: Les mémoires cachées d'Arianna Valentini

Chapitre 9 : Décembre 1476

4701 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/11/2023 22:05

Décembre 1476. La froideur de l'hiver italien s'était abattue sur Florence, mais pour Ezio Auditore, la glace avait déjà enveloppé son cœur bien avant que les premiers flocons de neige ne touchent le sol. Le départ d'Arianna l'avait changé, l'avait fait mûrir de façons qu'il n'aurait jamais imaginées. La chaleur d'une cheminée ne pouvait combler le vide qu'elle avait laissé.


Alors que les pensées d'Arianna le hantaient, son père, Giovanni, l'interpella depuis son bureau, une pièce sombre emplie de parchemins et de mystères. "Ezio, j'ai besoin de toi," dit-il, sa voix résonnant de manière inhabituelle. Il y avait une gravité dans son ton que Ezio n'avait jamais entendu auparavant.


"Que se passe-t-il, père ?" demanda Ezio en entrant dans la pièce.


Giovanni le regarda intensément. "J'ai une mission pour toi, Ezio. Une tâche simple, mais importante."


Un frisson d'excitation parcourut Ezio. Depuis son changement d'attitude, il avait soif de responsabilités, de missions qui donneraient un sens à sa vie autre que la douleur qu'il ressentait. "Je suis prêt," dit-il.


Son père lui tendit une lettre scellée. "Je veux que tu livres ce message à un contact à la basilique Santa Croce. Tu ne poseras pas de questions, tu ne liras pas la lettre, et tu reviendras directement ici."


La sévérité du commandement de Giovanni marqua Ezio. Ce n'était pas une simple course d'adolescents, c'était un acte de confiance, une initiation dans un monde plus vaste et plus complexe. "Je comprends," répondit-il, en prenant la lettre avec un sens du devoir qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.


"Bon," dit Giovanni, en posant une main sur l'épaule d'Ezio. "Dépêche-toi, et souviens-toi : tu représentes la famille Auditore. Conduis-toi en conséquence."


Ezio hocha la tête et quitta la pièce, la lettre cachée dans sa veste. Les rues de Florence étaient un labyrinthe de secrets et d'ombres, et il sentait que la lettre qu'il portait en était une autre. Mais alors qu'il se dirigeait vers la basilique Santa Croce, ses pas n'étaient pas ceux d'un garçon en mission pour son père, mais ceux d'un homme marchant vers son destin.


Et pour la première fois depuis longtemps, malgré l'absence d'Arianna, malgré la solitude qui pesait sur son âme, Ezio sentait qu'il n'était pas seul. Il était un maillon d'une chaîne plus grande, un membre d'un héritage qui le dépassait. Il ne le comprenait pas encore pleinement, mais il était prêt à le découvrir.


Peut-être que son père avait raison. Peut-être que cette mission était plus qu'une simple livraison. Peut-être était-ce le début d'une vie nouvelle, une vie où la douleur pourrait être canalisée, où l'amour et le devoir pourraient coexister. Ce n'était qu'une étape, mais pour Ezio, c'était le début du chemin vers la rédemption.


-


Ezio se frayait un chemin à travers les rues de Florence, les pavés résonnant sous ses bottes. Les citoyens vaquaient à leurs affaires, inconscients des forces invisibles qui mouvaient les fils de leur destin. Ezio, cependant, sentait le poids de ces forces plus que jamais. La lettre dans sa veste semblait presque brûlante contre sa peau, comme si elle était imprégnée d'un pouvoir qu'il ne pouvait pas comprendre.


Finalement, il arriva à la basilique Santa Croce, un chef-d'œuvre de l'architecture gothique qui semblait presque irréel dans l'obscurité croissante du soir. À l'ombre des arches et des statues sacrées, un homme en manteau sombre l'attendait. Il avait le regard fixe, l'air sérieux.


"Vous devez être Ezio," dit l'homme. "Giovanni m'a dit de vous attendre."


Ezio hocha la tête et tendit la lettre. L'homme la prit et brisa le sceau, ses yeux parcourant rapidement le contenu.


"Très bien," dit-il finalement, repliant la lettre et la glissant dans sa propre veste. "Dites à Giovanni que le message a été reçu. Et dites-lui également que les temps sont plus dangereux que nous le pensions. Nous devons agir rapidement."


Un frisson d'anticipation traversa Ezio. "Que se passe-t-il ?" demanda-t-il, incapable de réprimer sa curiosité.


L'homme leva les yeux et fixa Ezio, comme s'il pesait la mesure de son âme. "Tout ce que vous devez savoir, c'est que votre famille est impliquée dans des affaires qui la dépassent. Des affaires qui nous dépassent tous."


Avant qu'Ezio puisse poser d'autres questions, l'homme disparut dans les ombres de la basilique, le laissant seul avec ses pensées tourbillonnantes.


Ezio revint chez lui, son esprit en ébullition. La rencontre à la basilique avait confirmé ses soupçons : il y avait quelque chose de beaucoup plus grand en jeu, quelque chose qui concernait non seulement la famille Auditore mais peut-être même tout Florence. Et alors que ces pensées le submergeaient, un nouveau sentiment s'empara de lui. Un sentiment de but, de destin. Les paroles de l'homme résonnaient dans son esprit : "Nous devons agir rapidement."


Quand il retourna dans le bureau de son père, Giovanni le regarda comme s'il voyait en lui non pas seulement un fils, mais un allié. Ezio remit le message verbal de l'homme à Giovanni, y compris l'avertissement inquiétant que "les temps sont plus dangereux que nous le pensions."


Giovanni reçut ces mots avec une gravité évidente, mais aussi avec une sorte de fierté silencieuse. "Tu as bien fait, Ezio. Je savais que je pouvais compter sur toi."


En ce moment, Ezio ressentit une connexion, une complicité avec son père qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Ce n'était plus seulement une relation entre un père et son fils, mais entre deux hommes unis par un but et un destin communs.


Et pour la première fois depuis le départ d'Arianna, malgré l'incertitude et les dangers qui les entouraient, Ezio se sentit vraiment chez lui.


-


Ezio se réveilla le lendemain matin dans un monde qui, à première vue, semblait inchangé. Mais les échos de la conversation de la veille résonnaient encore dans son esprit. Il s'habilla et descendit pour trouver la maison agitée, chacun absorbé dans ses tâches quotidiennes. Son père, Giovanni, était dans son bureau, penché sur une table inondée de papiers et de lettres. Frederico, son frère aîné, semblait également préoccupé, une épée à la main, pratiquant des mouvements fluides dans la cour.


"Bonjour, père", dit Ezio en entrant dans le bureau.


Giovanni leva les yeux, ses yeux perçant rencontrant ceux de son fils. "Ah, Ezio. Assied toi, s'il te plaît."


La gravité dans la voix de Giovanni rendit Ezio nerveux. Il s'assit, remarquant un autre pli scellé sur le bureau de son père.


"C'est une autre mission?", demanda-t-il, à la fois anxieux et excité à l'idée d'être à nouveau impliqué dans les mystères qui entouraient sa famille.


"Pas exactement," dit Giovanni, saisissant le pli et le tendant à Ezio. "C'est une convocation. Je dois me présenter devant le Gonfalonier aujourd'hui. Je souhaite que tu m'accompagnes."


Ezio accepta la lettre, la tournant entre ses doigts. Le poids de l'instant lui échappa à peine. Il n'était plus simplement un fils accomplissant des tâches pour son père; il se rapprochait du cœur du labyrinthe.


"Qu'y a-t-il dans la lettre?", demanda-t-il, cherchant à comprendre la gravité de la situation.


"Des accusations. Des soupçons. Une inquiétude croissante parmi les puissants de Florence que notre famille cache quelque chose. C'est à nous de prouver le contraire."


Ezio hocha la tête, comprenant l'ampleur de ce qui était demandé à lui et à son père. "Je serai à vos côtés, père, quel que soit le défi à relever."


Giovanni sourit, et pour un moment, son visage montra un mélange de fierté et de soulagement. "Je n'en attendais pas moins, Ezio. Prépare-toi. Nous partons dès que possible."


Ezio quitta le bureau de son père et rejoignit Frederico dans la cour. En pratiquant des mouvements avec les épées, les deux frères partagèrent un moment de calme avant la tempête imminente. Même dans cet acte simple, Ezio sentit que quelque chose avait changé. Ils n'étaient plus simplement des frères s'amusant avec des épées; ils étaient deux hommes se préparant pour un conflit dont l'ampleur leur échappait encore.


Et alors qu'ils s'entraînaient, Ezio se souvint d'Arianna, la femme qu'il aimait et qui avait été arrachée à lui. Il se promit alors que quel que soit le destin qui attendait la famille Auditore, il la retrouverait. C'était une question non seulement d'amour, mais maintenant aussi de survie. Car si les Auditore étaient en danger, alors elle aussi devait l'être. Et il serait prêt à affronter n'importe quel défi pour la protéger, comme il le ferait pour sa propre famille.


-


Le soleil s'inclinait vers l'horizon lorsque Ezio et Giovanni quittèrent la demeure des Auditore, se dirigeant vers le palais du Gonfalonier. Les rues étaient animées mais leur marche était silencieuse, chacun perdu dans ses pensées. En arrivant, ils furent immédiatement conduits à une salle d'attente. Giovanni remit la lettre de convocation à un messager qui disparut derrière une porte massive.


Le temps s'écoula lentement. Giovanni parcourut quelques papiers qu'il avait apportés, tandis qu'Ezio observait les portraits aux murs. Il y avait une tension palpable dans l'air, mais elle fut interrompue lorsque la porte s'ouvrit enfin et que le messager leur fit signe d'entrer.


Dans la pièce se tenait Uberto Alberti, le Gonfalonier de Justice, un homme à l'apparence aimable mais aux yeux qui trahissaient une intelligence acérée. Il les accueillit chaleureusement, mais la froideur de la situation était manifeste.


"Ah, Giovanni, Ezio, je vous en prie, asseyez-vous," dit Uberto, désignant les sièges devant son bureau.


Une fois assis, Giovanni prit la parole. "Vous avez demandé à me voir, Gonfalonier. Je suis ici pour répondre à toute accusation portée contre ma famille."


Uberto acquiesça, déployant devant lui un ensemble de documents. "Vous savez aussi bien que moi, Giovanni, que des temps troublés sont à notre porte. Florence est une poudrière, et certains craignent que votre famille ne détienne l'étincelle qui pourrait tout embraser."


Giovanni répondit calmement, "Nous avons toujours été au service de Florence, Uberto. Nous n'avons rien à cacher."


"C'est ce que nous allons voir," dit Uberto, son regard se fixant sur Giovanni. "J'ai ici un mandat pour fouiller votre demeure. Si vous n'avez rien à cacher, vous n'y verrez pas d'inconvénient."


Ezio sentit son cœur battre plus fort. La tension montait à un niveau dangereux, menaçant de faire éclater la fine couche de civilité qui recouvrait la pièce.


Giovanni prit une profonde inspiration et acquiesça. "Si cela peut dissiper les doutes sur l'honneur de ma famille, alors je vous en prie."


Uberto sembla satisfait. "Très bien. Ce mandat sera exécuté demain à l'aube. Vous serez là pour y assister, bien sûr."


"Je le serai," répondit Giovanni, se levant. Ezio le suivit, sentant un mélange de respect et d'inquiétude envers son père.


En quittant le palais, Giovanni regarda Ezio, comme s'il mesurait le poids de ce qui allait suivre sur les épaules de son fils. "Des temps difficiles nous attendent, Ezio. Sois prêt."


Ezio acquiesça, se rappelant sa résolution de la nuit précédente. Quoi qu'il arrive, il serait prêt. Pour sa famille, pour Arianna, pour lui-même. Ce qui avait commencé comme un jeu d'ombres et de mystères s'était transformé en un enjeu qui dépassait tout ce qu'il aurait pu imaginer. Et il se promit, en cet instant, qu'il serait à la hauteur des défis qui l'attendaient.


-


Dans la pénombre de leur demeure, Giovanni trouva Ezio dans le couloir, éclipsant sa propre silhouette à contre-jour dans l'embrasure de la porte.


"Ezio, viens ici," ordonna-t-il d'une voix sévère mais étrangement douce. Le poids du moment semblait l'accabler.


Ezio s'approcha, le cœur palpitant, les pensées en tourbillon. Il se rappela sa résolution, la promesse tacite qu'il s'était faite. C'était le moment d'être l'homme qu'il voulait devenir.


Giovanni lui tendit une lettre scellée. "Prends ceci à Messer Alberti. Fais-le discrètement. Ne le donne à personne d'autre."


Prenant la lettre, Ezio sentit la gravité de la mission lui peser entre les mains comme s'il tenait une pierre précieuse, fragile et lourde d'importance.


"Je comprends, père. Vous pouvez compter sur moi," répondit Ezio, resserrant son emprise sur la lettre. Giovanni hocha la tête, ses yeux scrutant le visage de son fils comme pour y chercher la promesse d'un avenir meilleur.


Ezio s'éclipsa dans les ruelles de Florence, guidé par le manteau crépusculaire de la nuit. Les rues étaient moins fréquentées, une aubaine pour quelqu'un qui cherchait à passer inaperçu.


Arrivé devant la résidence d'Uberto, il s'arrêta. Un sentiment étrange l'envahit, comme si quelque chose d'invisible mais de monumental était en jeu. Inspirant profondément, il s'avança et remit la lettre en mains propres à Uberto, qui l'accueillit avec un sourire qui ne parvint pas à atteindre ses yeux.


"Ah, Ezio, toujours aussi prompt à servir ta famille, je vois," dit Uberto, brisant le sceau et parcourant rapidement le contenu. Ses yeux s'écarquillèrent un instant, mais il reprit aussitôt son expression impassible.


"Dis à ton père que j'ai reçu son message. Et que j'y réfléchirai," déclara Uberto, refermant la porte.


Alors qu'il faisait le chemin du retour, les mots d'Uberto résonnaient dans son esprit. 'J'y réfléchirai.' Que cachait cette énigmatique réponse? Et pourquoi un frisson inexplicable avait-il parcouru son échine au moment de quitter la maison du Gonfalonier?


Ezio ne le savait pas encore, mais il se tenait à la lisière d'une conspiration qui allait ébranler les fondements de sa vie et de celle de tous ceux qu'il aimait. Et tandis qu'il s'enfonçait plus profondément dans la toile tissée autour de sa famille, une seule certitude demeurait : il devait être prêt. Pour les défis, les révélations et les batailles à venir. Pour un destin qui, inexorablement, l'appelait.


-


Ezio rentra chez lui, la tête pleine de questions et d'incertitudes. En franchissant le seuil de la demeure familiale, il ressentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. L'atmosphère était tendue, épaisse, comme un ciel d'orage.


Il se dirigea vers le bureau de son père, mais le trouva vide. C'était étrange ; Giovanni était toujours là à cette heure, à écrire ou à lire des documents importants. Avant qu'Ezio puisse comprendre ce qui se passait, il entendit des bruits sourds en provenance du salon. Des voix hautes. Des éclats. Comme si quelque chose de terrible s'était produit.


Il accéléra le pas et se précipita vers la source du bruit. Arrivé dans le salon, il trouva sa sœur Claudia et sa mère Maria, visiblement perturbées. Claudia tenait une lettre entre ses mains tremblantes, tandis que Maria essayait de calmer la situation.


"Que se passe-t-il ici ?" demanda Ezio, l'anxiété nouant sa gorge.


Claudia leva les yeux vers lui, les larmes aux bords des paupières. "Père... père et Frédérico ont été emmenés. Ils sont accusés de trahison."


Le monde sembla s'effondrer autour d'Ezio. "Quoi ?! Comment est-ce possible ?"


Maria s'approcha de lui, une expression mêlant la douleur et la détermination. "Nous ne savons pas, Ezio. Mais tu dois faire quelque chose. Tu es tout ce qui nous reste."


Les mots étaient un coup de poignard en plein cœur. Ezio sentit le poids de la situation lui tomber dessus, écrasant chaque fibre de son être. Mais il se souvint de sa résolution, de la promesse qu'il s'était faite dans la chambre d'Arianna. Il devait être fort. Non seulement pour lui-même mais pour sa famille, pour tous ceux qu'il aimait.


Je vais les sauver, pensa-t-il. Peu importe le prix à payer.


"Écoutez," dit-il, rassemblant tout le courage qu'il pouvait, "je vais trouver un moyen de les sortir de là. Claudia, donne-moi cette lettre. Je vais voir ce que je peux faire."


Claudia lui tendit la lettre. Ezio l'ouvrit et lut rapidement. C'était une convocation au Palazzo della Signoria à son nom, une invitation à comparaître devant le tribunal de la ville.


Maria le regarda, son visage marqué par l'angoisse. "Fais attention, Ezio. Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages."


Ezio la serra dans ses bras, puis fit de même avec Claudia. "Je reviendrai. Avec père et Frédérico."


Sans un autre mot, il attrapa son manteau et sortit en trombe de la maison. Chaque pas le rapprochait d'une vérité inconnue, d'un destin dont il ne pouvait échapper. Et malgré le tumulte qui l'entourait, une pensée restait constante dans son esprit.


Arianna, pensa-t-il, si seulement tu étais ici. Mais dans cette pensée, il trouva une nouvelle détermination. Il la retrouverait, tout comme il retrouverait son père et son frère. Aucun complot, aucune trahison ne pourrait le détourner de ce chemin.


Ezio s'élança dans les ruelles de Florence, le visage marqué par la résolution, les yeux emplis d'une flamme nouvelle. La flamme d'un Assassin en devenir.


-


La lueur des torches éclairait faiblement les sombres couloirs de la prison. L'air était humide et lourd, empli des cris et des gémissements des prisonniers. C'était un endroit que personne ne souhaitait connaître, encore moins visiter. Mais Ezio n'avait pas le choix. Après avoir posé des questions et pris des risques, il avait fini par découvrir où son père et son frère étaient détenus.


Il suivit le gardien à travers un labyrinthe de couloirs en pierre, jusqu'à une cellule isolée. Le gardien, soudoyé au préalable, ouvrit la porte grinçante. À l'intérieur, Giovanni et Frédérico étaient assis sur un banc de pierre froide, leur visage marqué par la fatigue mais aussi par une certaine sérénité.


"Père, Frédérico," murmura Ezio, entrant dans la cellule.


Giovanni leva les yeux et sourit tristement. "Ezio, mon fils. Tu ne devrais pas être ici."


"Je devais venir," répondit Ezio, le cœur lourd. "Je ne pouvais pas vous laisser dans cet endroit."


Frédérico se leva et s'approcha. "As-tu apporté des nouvelles ? Y a-t-il un moyen de nous sortir d'ici ?"


Ezio secoua la tête. "Pas encore, mais je suis en train de le découvrir. Vous êtes accusés de trahison, mais je sais que vous êtes innocents. Je vais le prouver."


Giovanni soupira, son visage montrant un mélange de soulagement et d'inquiétude. "C'est une entreprise dangereuse, Ezio. Tu dois être prudent."


Ezio posa un genou à terre, près de son père. "Père, dites-moi ce que je dois faire. Je suis prêt."


Giovanni hésita un instant, puis acquiesça. "Très bien. Dans mon bureau, il y a un compartiment caché derrière l'étagère de livres. À l'intérieur, tu trouveras des lettres qui prouvent notre innocence. Tu devras les apporter devant le tribunal. Il y a aussi d’autres éléments, prends-les également."


Ezio se releva, déterminé. "Je le ferai, père. Je vous libérerai, toi et Frédérico, et nous retournerons à la maison, tous ensemble."


Comme il se dirigeait vers la sortie, Giovanni l'appela. "Ezio ! Prends soin de ta mère et de ta sœur. Et fais attention à toi."


Ezio acquiesça, la gorge nouée d'émotion. "Je le promets."


Il sortit de la cellule, la porte se refermant derrière lui avec un bruit sourd. Le chemin à parcourir était semé d'embûches, mais une nouvelle force animait Ezio. La force de l'amour familial, du devoir et de la justice. Il savait qu'il devait agir, et vite. Chaque minute comptait.


Il se faufila hors de la prison, évitant les gardes et se dissimulant dans les ombres. Il retourna chez lui aussi rapidement que possible, esprit concentré sur sa mission, sur sa famille, et sur une promesse qu'il s'était faite à lui-même.


Arianna, je te retrouverai. Mais d'abord, je dois sauver ma famille. C'était une pensée qui le propulsait en avant, un feu qui brûlait dans son âme, illuminant les ténèbres qui l'entouraient. Il se hâta, chaque pas le rapprochant de son destin, de la vérité, et d'un avenir qu'il n'aurait jamais pu imaginer.


-


La nuit était tombée sur Florence, drapant les rues de la cité dans une obscurité presque totale. Les ombres de la demeure des Auditore semblaient s'étirer, de plus en plus denses, comme si elles cherchaient à cacher les secrets que la famille détenait. Ezio se glissa dans le bureau de son père, sa respiration silencieuse, son esprit agité. Giovanni lui avait parlé d'un bureau caché, d'un endroit où étaient conservés des objets de grande importance.


Le jeune homme fouilla la pièce du regard, cherchant un indice, une fissure, un détail qui trahirait la cachette. Ses yeux s'arrêtèrent sur une bibliothèque. Il se rappelait avoir vu son père la manipuler plusieurs fois lorsqu'il était plus jeune. S'approchant, il trouva le mécanisme qui ouvrait le passage secret. Les étagères pivotèrent lentement, révélant un espace sombre derrière elles.


Prenant une bougie pour éclairer son chemin, Ezio entra. Ce qu'il trouva le laissa sans voix.


Devant lui se trouvait une tenue qui se révéla être celle d’un Assassin, soigneusement disposée, semblable à celle que portait Arianna. Des lames cachées, des cartes, des livres aux inscriptions mystérieuses, tous soigneusement rangés. C'était tout un univers que son père avait préservé, maintenu hors de portée jusqu'à ce jour. Ezio comprit soudain l'ampleur des secrets que sa famille, et même Arianna, avaient gardés loin de lui. Une amertume monta dans sa gorge, une amertume mélangée à une curiosité ardente.


Il s'approcha de la tenue. Elle était taillée avec soin, conçue pour le mouvement et la furtivité. Ezio l'essaya. Elle lui allait comme si elle avait été faite pour lui. En la portant, il se sentait à la fois puissant et agile, comme si elle décuplait ses capacités naturelles. Ensuite, il prit la lame cachée et la fixa à son poignet. Le mécanisme était complexe mais intuitif, et il sentit la lame se déployer avec une fluidité remarquable.


Enfin, il prit les documents que son père lui avait demandé de récupérer. Des lettres, des transcriptions, des plans. Il ne comprenait pas tout, mais il savait que c'était important.


Ezio se regarda dans un petit miroir accroché au mur. Il ne se reconnaissait pas tout à fait. Il voyait un homme prêt à affronter son destin, quel qu'il soit. L'image du visage d'Arianna lui revint à l'esprit. Il sentit un mélange de détermination et d'urgence monter en lui.


"Je retrouverai Arianna," se dit-il, sa voix silencieuse mais résolue. "Mais d'abord, je dois sauver ma famille."


Revêtu de sa nouvelle armure, armé de sa nouvelle lame, et portant les documents de son père, Ezio sortit du bureau caché. Il referma le passage secret et s'apprêta à affronter le jour le plus long et le plus sombre de sa vie.


-


Le lendemain matin, la lumière de l'aube filtrait à travers les rideaux de la demeure des Auditore. Ezio avait passé une nuit agitée, ses pensées oscillant entre la situation critique de sa famille et la lettre cachée qu'il avait récupérée dans le bureau de son père. Il savait que les heures à venir seraient décisives.


Il prit soin d'abord de mettre sa mère Maria et sa sœur Claudia à l'abri. Il les conduisit chez une amie fidèle, Annetta, la sœur de l'une de leurs servantes. Elle les accueillit avec compassion, consciente de la gravité de la situation.


"Restez ici jusqu'à ce que je revienne," recommanda Ezio, embrassant sa mère et sa sœur. "Je vais tout arranger, vous verrez."


Maria le serra dans ses bras, ses yeux baignés de larmes. "Sois prudent, mon fils. Nous t'aimons."


Après avoir pris congé, Ezio se rendit à la grande place où le procès était censé avoir lieu. La foule s'était déjà rassemblée, un mélange de citoyens inquiets et de curieux venus assister à ce qui s'annonçait comme un spectacle public. Ezio se glissa parmi eux, le visage couvert par une capuche pour éviter d'être reconnu. 


Finalement, l'heure arriva. Les trompettes sonnèrent. Le soleil venait à peine de se lever, mais la place était déjà bondée. Les murmures et les chuchotements se faisaient entendre de toutes parts. Giovanni et Frédérico étaient conduits à l'échafaud, les mains liées et les visages graves. Un bourreau se tenait à leurs côtés, prêt à exécuter la sentence. Le juge, Uberto Alberti, un vieil ami de la famille, prit la parole pour annoncer les accusations. Ezio, vêtu de la tenue d'Assassin que son père avait cachée, était à quelques mètres de là, les documents à la main. 


Ezio sentit son estomac se nouer. C'était le moment. Il s'avança avec détermination, la lettre de son père serrée dans sa main. Il contourna la foule et s'approcha d'Uberto, retirant sa capuche pour révéler son identité.


"Uberto ! J'ai des preuves de l'innocence de mon père !" s'écria-t-il, tendant la lettre.


Uberto le regarda, ses yeux s'écarquillant brièvement avant de reprendre une expression impassible. "Ezio Auditore ? Que fais-tu ici ?"


"Je viens rendre justice," répondit Ezio. "Lisez ceci devant tout le monde et libérez mon père et mon frère."


Uberto prit la lettre et la lut silencieusement. Puis, regardant Ezio, il la glissa dans sa robe. "Je m'en occuperai. Va-t'en maintenant, avant que tu ne sois remarqué."


Ezio hésita, mais les circonstances le pressaient d'obéir. "Je compte sur vous," dit-il en reculant.


Il retourna dans la foule, son cœur battant la chamade. Il avait fait tout ce qu'il pouvait. Maintenant, tout reposait entre les mains d'Uberto et de la justice de Florence.


Alors qu'il attendait, les mains moites, le procès eut lieu et le verdict fut prononcé. Les mots tombèrent comme des pierres, froides et impitoyables.


"Coupables," dit-il, sa voix froide et indifférente.


Ezio sentit son estomac se nouer, son cœur semblait se briser en mille morceaux. Le bourreau s'avança, posa les mains sur les leviers qui libéreraient les trappes sous les pieds de Giovanni et Frédérico. Ils échangèrent un dernier regard avec Ezio, un regard empreint d'amour, de regret et de résignation. Et alors, le bourreau tira les leviers.


Les trappes s'ouvrirent. Les corps de Giovanni et Frédérico tombèrent. La corde se tendit avec un bruit sourd. Ezio regarda, horrifié, incapable de détacher ses yeux de la scène. Le monde semblait s'être arrêté. Les visages dans la foule n'étaient plus que des taches floues, les sons n'étaient plus que des échos lointains.


Un cri de désespoir lui échappa, mais il fut englouti par le tumulte de la foule. Sa mère et sa sœur étaient en sécurité, mais son père et son frère...


"Ezio Auditore, vous êtes en état d'arrestation pour conspiration contre la ville de Florence ! Saisissez-le !" cria un officier.


Ezio se rendit compte qu'il était entouré par la garde, leurs épées dégainées, leurs visages marqués par la détermination. Mais il était paralysé, figé sur place, son monde venait de s'effondrer. Il ne pouvait pas bouger, pas encore.

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