L’Ange de Pandora

Chapitre 3 : La voie de l'Ange, tombé du ciel

3199 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/01/2024 22:30

Résumé :

 

Le mystérieux Maitre Nova se livre à des expériences pour le compte de militaires humains.

Le résultat semble concluent et plaisant aux participants.


 

La Voie de l’Ange

Chapitre 3, tombé du ciel

 

a) Maitre Nova :

 

- Alors Nova, vous êtes enfin arrivé au résultat souhaité.

 

- Maitre Nova je vous prie ! Au moins pour les salutations.

 

- Pardon Maitre.

 

- Mais oui Colonel Mc Carthy. Le sujet N°1-618 a supporté l’implant qui s’est développé correctement. Le sujet suivant semble aussi bien parti pour réussir. Nous allons pouvoir commencer l’imprégnation de la cible. L’imprégnation totale c’est moi qui l’ai inventé, je la maitrise.

 

- Ca vous a pris quand même près 20 ans de recherche !

 

- Votre espèce est très différente de la notre. Vous n’imaginez les difficultés, il faut pouvoir recréer l’équivalent de ma connexion neural. En plus vos appareillages étaient très primitifs. J’ai du tout recréer, allant retrouver des savoirs que j’avais appris il y a des siècles.

 

- Et oui Nova, vous avez tout votre temps vous.

 

- C’est votre gouvernement qui m’a imposé ce programme que je considère non nécessaire. Et puis de toute façon les vaisseaux sont loin de pouvoir décoller.

 

- Ca avance, ça avance. Plus que quelques années. Dommage que vous ne soyez pas maitre en voyage spatiaux.

 

- Si je n’étais pas Maitre dans ce que vous appelez Biologie, je serai mort de faim depuis longtemps dans le fin fond de vos forêts suintantes.

 

- Oui Nova, je connais votre histoire et vos exploits. Et le sujet source, va il survivre à l’imprégnation ?

 

- L’implant s’est développé partout dans son cerveau. Le retirer est impossible. Et il va probablement dégénérer dans quelques semaines ce qui sera fatal au sujet. C’est dommage d’avoir commis l’erreur d’avoir pris un sujet qui avait des attaches familiales, cela pourrait compromettre son comportement.

Dès qu’on passera aux sujets définitifs, vous avez intérêt à choisir des gens qui n’ont rien à perdre. Et qui ne seront pas déstabilisés par l’expérience bizarre qu’ils vont vivre.

 

- C’est sûr qu’ils pourront concourir au prix de Miss Univers après ca, catégorie King Size... Une question de poids m’a-t-on dit ?

 

- Oui colonel, nos femelles pèsent et consomment 30% de moins. C’est donc 42% de passagers en plus. Les sujets cibles sont spécialement conçus pour l’imprégnation. Et ils sont tous identiques pour limiter les mauvaises surprises.



b) Patient 1-618

 

Après mes études, j’étais parti donner mon temps dans la confrérie des Chevaliers de Colomb. J’essayais de soigner la misère dans les quartiers pauvres de Manille. Quand le seigneur vous a fait naitre dans une famille aimante et aisée, c’est la moindre des choses que de soigner le malheur des autres.

 

Apparemment j’avais été agressé par des bandits et j’avais fini dans un hôpital militaire de Guam. Comme j’étais dans une base militaire, on ne me laissait pas téléphoner à ma famille. Ils ne pouvaient pas venir me voir non plus, il faut dire que le Kansas c’était loin. Je pouvais seulement leur écrire.

 

J’avais été blessé à la tête et il parait que c’était le meilleur hôpital pour ce type de blessure. Je n’y connaissais pas grands choses en médecine, mais je trouvais le traitement un peu curieux. On m’avait collé derrière la tête une sorte de grosse corde qui me reliait à un appareil bizarre et volumineux. Je ne pouvais donc guère m’éloigner de mon lit.

 

J’entendis la porte s’ouvrir, c’était l’heure de la visite du médecin.

 

- Bonjour M. Michael Shephard, comme ça va ce matin ?

 

- Bonjour Docteur. Et bien c’est stable. J’ai toujours une légère migraine et je suis fatigué.

 

- Ne vous inquiétez pas, le traitement arrive à son terme. Tout se passe extrêmement bien.

On va passer à une phase qui va vous laisser peu de souvenir. A votre réveil, vous serez totalement rétabli. Il y aura une petite surprise mais qui sera sans aucun doute agréable.

 

- Ma famille sera là ?

 

- Une plus grosse surprise croyez moi !



c) L’imprévu

 

- Ca fait 45 minutes que le vol militaire cargo US 582 a disparu entre Guam et Honolulu.

 

- Vous auriez du m’informer plus tôt ! La cargaison est hautement classifiée. On m’avait informé de risques de détournement.

 

- Des russes ? Mais c’est peut être un crash ? Ou alors l’avion est en difficulté.

 

- Peut être mais peu importe. Si la cargaison a une chance, même minime, de tomber entre des mains ennemies, elle doit être détruite en priorité.

 

- Très bien je vais activer la charge d’autodestruction. En espérant que le récepteur soit encore opérationnel.

 


d) L’Ange

 

Toc… Toc… Toc…

 

J’émergeais… Je me sentais flotter dans une boite molle, humide, étroite ou régnait une faible lueur diffuse. Elle tapait sur quelque chose ? Je n’étais plus à l’hôpital ? Ou il y avait une inondation ?

 

J’avais du mal à respirer… Il fallait sortir de là… Mais la boite était fermée… Panique… Je poussais sur le couvercle… De toutes mes forces…

 

Crac… Et le couvercle s’ouvrit ! Au dessus le ciel étoilé !

 

C’était la nuit ou le jour ? On voyait les étoiles, très bien même, mais on voyait bien mieux qu’en pleine nuit.

 

Autour c’était la mer. Ma boite était échouée sur un récif de corail. Miracle derrière moi une ile couverte d’arbres ! A coté de moi une autre boite flottait tout en étant reliée à la mienne par une sangle.

 

Mais ! Mais ! Ma main ! Il me manquait un doigt ! Et sur l’autre main aussi ! Et sur les pieds !

Et puis ces masses sur mon torse. Mais c’était… des seins ?! Et plus bas… plus rien !

J’avais aussi des taches lumineuses sur ma peau. J’essayais de les enlever mais ils étaient collés.

Et ma peau, elle était blanche comme du… lait ?

 

Je sentais des trucs derrière moi. Un truc souple qui était relié à ma tête un truc plus raide en bas du dos ?

 

Je ramenai devant moi le truc derrière ma tête, c’était une longue queue de cheval tressée blonde.

J’examinais ensuite le truc en bas de mon dos. C’était une longue queue avec une touffe de poils blonds au bout !

 

Et mon visage ? A quoi ressemblait-il alors ? Je me tâtais. Le nez était bizarre, les oreilles encore plus.

 

Un miroir, il me fallait un miroir !

 

A force de bouger dans la boite, je tombais à l’eau mais touchait rapidement le fond rempli de corail peu confortable.

 

Il y avait de l’eau au fond de la boite. En la stabilisant je pouvais espérer voir mon reflet.

 

Et je regardai avec empressement mais aussi une grande peur.

 

Et ce que je vis était un étrange visage presque humain mais d’une grande… beauté !?

Des cheveux certes un peu en bataille mais d’une blondeur resplendissante.

Une peau blanche avec un très léger zebrage bleu. Dessus, des petits points lumineux dessinaient d’élégantes courbes.

Des oreilles pointues blanches à l’extérieure et rose à l’intérieur qui bougeaient quand j’essayais de les toucher.

De grands yeux en amandes verts encadraient un nez de chat rose à son extrémité.

Les lèvres roses bien dessinées cachaient une dentition impeccable bien que des canines un peu pointues.

 

« Seigneur c’est moi ça ! On m’avait parlé d’une surprise… Je dois être mort et Dieu a du me ressusciter en Ange ! Et les Anges sont des femmes ! Cette question était réglée. »

Je su plus tard que sur un de ses points, j’avais raison.

 

 

Mais ma position était inconfortable. Et j’entrepris de regagner la rive qui n’était pas si loin. Une pensée m’effleura l’esprit : pourquoi Dieu faisait voyager ses Anges dans des boites en plastique avec des marquages en anglais ?

 

L’ile, enfin il y avait en fait deux iles pas très grandes, étaient apparemment désertes. Personne pour m’accueillir.

 

J’ai passé plusieurs heures partagées entre prières, examen et dois je dire émerveillement devant mon corps, contemplation du paysage et de ses couleurs si magnifiques. J’étais heureux ou devrais je dire heureuse ? Bien que le mot Ange soit masculin ?

 

Et puis j’ai eu… soif !



e) La Jumelle

 

Je fus un peu surpris d’avoir soif. Un ange a-t-il soif ? Si c’est le cas il est un être de chair ? Et tiens, je sentis que j’avais un cœur qui battait dans ma poitrine.

 

Bon enfin j’avais soif et instinctivement j’allais dans le bois qui couvrait l’ile à la recherche d’une mare. Mais aucune mare en vue. Le sol sableux devait absorber toute l’eau. Peut être sur l’ile d’à coté qui avait l’air plus grande ?

 

Une fois dans l’eau de mer, je me posais la question : peut être que je peux boire l’eau de mer. J’essayai et c’était le cas. Cette eau de mer avait un gout particulier mais je pouvais la boire sans problème. Un problème de résolu ! Il faudra peut être songé à manger après ?

 

Mon attention fut détournée par autre chose. La marée avait monté et je vis la caisse d’où j’étais sortie dériver à nouveau. Oui mais il y avait une deuxième caisse fermée ? Peut être contenait elle quelque chose ?

 

Je nageais pour la récupérer et l’amener sur le rivage.

 

La caisse était verrouillée par des fermetures solides. Je me rendis compte que si j’avais pu sortir de la mienne, c’était parce que celle-ci avait été endommagée.

 

Mais les fermetures étaient faciles à ouvrir de l’extérieur et j’entendis un léger sifflement. Je soulevais le couvercle…

 

Incroyable ! Il y avait un autre ange dedans ! Cette créature était exactement comme moi à part quelques différences au niveau des points lumineux et des zébrures à peines visibles.

Elle était inconsciente mais semblait respirer.

 

Un peu d’eau sur la figure, quelques tapettes et quelques mots :

 

« Réveilles toi mon ange ! On est arrivé à destination ! ».

 

Et elle finit par ouvrir ses beaux yeux !

 

Ma jumelle eu un léger mouvement de recul en me voyant ?

 

« Et… Mais qui êtes vous ? Ou sommes-nous ? »

 

Je notais son fort accent philippin. Et je lui répondis :

 

- Nous sommes au Paradis !

 

- Je suis morte ? Je suis morte dans ce sinistre hôpital ?

 

- Moi aussi je suis mort, enfin, morte dans un hôpital.

 

Je lui laissais le temps de réaliser sa situation. La vision de mon corps l’aidait à comprendre le sien plus rapidement que moi.

 

- Le Paradis comme ça, ça me va, déclara t’elle.

 

- Comment tu t’appelles ? Moi c’est Michael,.. enfin Michaela.

 

- Moi c’est Gabriella.

 

Gabriel et Michael, le nom de deux archanges. C’était un signe.

 

Elle me raconta qu’elle était une orpheline. Elle menait une vie malheureuse entre la violence des rues de Manille et la sévérité de l’orphelinat. C’était des choses que j’avais vu oui, je l’avais peut être croisé d’ailleurs.

 

On partagea nos expériences. Le passage à l’hôpital était étrangement similaire. Le même personnel, le même traitement avec cette corde derrière la tête.

La seule chose que je cachais, c’était le fait que j’étais un garçon dans ma vie antérieur. Mais malgré la beauté du corps de ma jumelle, je n’éprouvais pas de désir charnel. C’était un peu déroutant mais les Anges devaient être ainsi faits.

 

Puis la nuit s’acheva sur un levé de Soleil magnifique.



f) Le lien

 

Je dois avouer que cette période a été la plus heureuse de ma vie. J’étais totalement inconsciente de tout ce qu’il y avait derrière.

 

Il fallu toutefois apprendre à se nourrir car on devait manger. Les poissons étaient difficiles à attraper. Mais rapidement on trouva sur la plus grande ile, une cabane en paille qui regroupait tout ce dont on avait besoin pour pécher. La cabane était toute petite et il fallait se mettre à genoux pour rentrer dedans. Elle avait été sans doute été placée là par des angelots. On devait peut être patienter un peu dans cet endroit avant d’être appelées ailleurs.

 

En quelques jours on s’était tout à fait adapté à cet environnement.

 

Comme on avait du temps, on prit de long moment pour s’occuper de nous.

 

Comme on était totalement nues, on s’est dit qu’il fallait se faire au moins un minimum de vêtements. Quelques feuilles pourraient faire l’affaire mais ce n’était guère confortable et guère durables. Donc on décida de rester nues a part une ceinture pour porter des instruments de pèche.

 

Il fallait déjà se coiffer pour mettre en valeur notre magnifique chevelure blonde. Gabriella était bien douée que moi dans ce domaine et je dus apprendre auprès d’elle.

 

 

Nos grandes nattes qui pendaient jusqu’aux fesses était intrigante. Sous les cheveux on voyait deux tuyaux de chairs qui s’enroulaient entre eux.

 

Je pris l’extrémité de la grande natte de Gabriella et j’essayai de la coiffer. Et tout d’un coup des petits filaments roses ondoyants en sortir.

 

- Regarde Gabriella ! C’est dingue ce truc !

 

- Et regarde tu as le même !

 

On rapprocha les deux nattes pour pouvoir les comparer.

 

- C’est marrant, on dirait que tes filaments et les miens s’attirent !

 

- Rapprochons-les, on verra bien.

 

Et les filaments s’entrelacèrent…

 

Ouch… On aurait dit une décharge électrique qui allait de l’extrémité de la natte jusqu’à la tête. Mais une décharge électrique agréable !

Et aussitôt un bouillonnement d’images, de sons, de sensations étranges.

 

Un peu effrayées, on sépara les deux nattes.

 

- Mon Dieu quel truc bizarre !

 

- On ressaye ?

 

- Oui.

 

Au 4ème essai on a compris qu’il fallait fermer les yeux pour ne pas être déstabilisée par le flot de sensations que produisait ce... comment dire… lien ?

Le flot de sensations finit par se stabiliser et passer d’un torrent de montagne à une rivière plus paisible.

 

- C’est dingue, on dirait que je vois en toi ?

 

- Moi aussi je te vois…

 

Je voyais des paysages que ma jumelle avaient vus. Ressentais des parfums qu’elle avait sentis. Des sensations plutôt agréables.

 

« Et mais tu m’avais pas dit que tu étais un garçon ! »

 

Cette remarque me gêna terriblement et je rompis le lien. Je me relevai et m’éloigna de Gabriella.

Gênée un moment elle aussi, elle se releva aussi et vient me rejoindre.

 

- Excuses moi Mikaela… Ce doit être un peu gênant. Je comprends que tu me l’ais caché.

 

- C’est compliqué… Mais c’est vrai… Mentir est un péché. Et je m’excuse devant toi et devant Dieu. Ce lien magique est fait pour nous assurer de la sincérité de l’autre. Plus jamais je ne mentirais.

 

 

Nous avons passé des heures, des jours entiers à expérimenter ce lien. C’était une véritable drogue.

 

Lorsqu’on se touchait l’une l’autre, les sensations étaient partagées et dédoublées. On pouvait aussi anticiper nos mouvements et même les coordonner comme si on était un seul corps Toutefois les caresses aussi intenses soient elles n’aboutissaient jamais à un désir ou plaisir sexuel – dont ne pouvait dire si nos corps pouvait le ressentir.

Mais on ne pouvait maintenir le lien en permanence. Faire une activité externe un peu complexe comme marcher était impossible.

 

Avec un peu de maitrise on arrivait à créer des mondes imaginaires et à inviter son partenaire dedans. Ces rêves éveillés s’avéraient stables avec un peu de concentration. On pouvait s’imaginer s’envoler, se poser sur la Lune… Il n’y avait de limites que notre imagination.

 

Bien entendu les souvenirs de Gabriella étaient bien plus tristes que les miens. Violence, viols, faim, peur, solitude avaient été son quotidien pendant sa courte vie humaine. Et je pouvais tout voir. Son malheur me faisait pleurer mais mes larmes la réconfortaient. Et ce qui était horrible se changeait en réconfort commun.

 


g) Retour au réel

 

Combien de temps a duré mon séjour sur cette ile ?

 

A vrai dire je ne comptais pas. J’étais tellement heureuse que je profitai persuadée que plus rien de mal ne pouvais nous attendre.

 

Est-ce que la relation que j’avais avec Gabriella était amoureuse ou amicale ? C’était autre chose, plutôt une fusion.

 

On courrait ensemble, on nageait ensemble, on péchait ensemble, on dormait ensemble, on rêvait ensemble, on se toilettait ensemble, on mangeait ensemble…

 

 

Et puis un matin, un bruit familier nous réveilla toutes deux. C’était un bruit qui nous faisait comprendre que notre vie insouciante était terminée.

 

Une barque de pécheur avec son petit moteur bruyant allait accoster sur l’ile.

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