L’Ange de Pandora

Chapitre 5 : La Voie de l’Ange, le messager de Dieu

3083 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/01/2024 16:24

Résumé :

 

Pour Michaela la vie va prendre un tournant. Va-t-elle pouvoir le réussir ?



 

La Voie de l’Ange

Chapitre 5, le messager de Dieu

 

a) Le pouvoir de la beauté :

 

Le bateau de pèche approchait de l’ile. Il y avait deux hommes à bord. Des hommes normaux comme on pouvait s’attendre à en trouver dans des iles du Pacifique.

 

Je m’étais caché avec Gabriella dans le bois de l’ile mais nous surveillons de loin la cabane de pécheur qu’on avait pillée. Nous avions une très bonne vue et une ouïe très développé.

 

Les deux pécheurs mirent pied à terre devant la cabane. Ils découvrirent bien entendu que leur cabane avait été vidée. Et ils avaient l’air mécontent.

 

Gabriella me fit remarquer :

 

- Ils ont l’air petit ces hommes !

 

- Non, c’est nous qui sommes grandes.

 

- Mais alors on est sur Terre ?

 

- Et oui. On est sur Terre…

 

J’en étais presque désolée mais j’avais eu en fait toujours des doutes.

 

- Et si ils nous trouvent qu’est ce qu’ils vont faire ? On doit être plus fortes qu’eux. On pourrait facilement les tuer !

 

- Gabriella, non ! Nous sommes des Anges, nous ne sommes pas ici pour tuer des innocents !

 

- Mais s’ils nous attaquent ? Je n’ai pas envie de mourir !

 

Les deux pécheurs pénétrèrent dans le bois de l’ile. Ils allaient sans doute à la recherche de leur matériel. Et ils allaient surement trouver notre campement, certes rudimentaire mais impossible à cacher.

 

- Ecoute Gabriella, j’ai une idée. Je vais aller à leur rencontre. Ais confiance en Dieu, il nous aidera.

 

- Dieu ne m’a pas beaucoup aidé à Manille, j’espère qu’il nous aidera plus ici.

 

Et je dépouillai de tous mes équipements, de toutes parures. Gabriella me refit une coiffure parfaite. J’avais même fait des petites tresses sur les poils de ma queue. J’étais totalement nue et magnifique. Et j’allais à la rencontre des deux hommes.

 

J’avais un seul doute, allait il comprendre l’anglais…

 

Cachée dans le bois, ils ne m’avaient pas encore vue mais j’étais toute proche. Alors je déclarai de la voie la plus pure et la plus douce possible :

 

« Hommes de la Terre, hommes de foi préparez vous à recevoir dignement les envoyés de votre sauveur. »

 

Et à ce moment je paru face à eux, les bras en croix.

 

STUPEFACTION !

 

Les deux hommes furent pétrifiés. Littéralement tétanisés par ma vision.

 

J’abaissai lentement mes bras immenses et je les tendis vers eux :

 

« Agenouillez vous, vous allez recevoir ma bénédiction ».

 

Et ils s’agenouillèrent et je posai mes mains sur leur tête.

 

J’avais gagné mon pari. La beauté et bonté avaient triomphées.



b) Le grand plan :

 

Les deux pécheurs rentrèrent chez eux, une autre petite ile proche distante d’à peine 15 kilomètres ou il y avait un village de 1000 habitants pas plus.

 

Je leur avais dit de ne rien dire et de faire venir le prêtre de leur paroisse.

 

Le père Michael était un homme d’une quarantaine d’année. D’origine italienne, il connaissait bien son pays et il avait le même prénom que moi. C’était pour moi encore un signe. Tout s’alignait magnifiquement pour le plan que j’avais imaginé.

 

Il fut bien entendu très impressionné par ma vision mais aussi ma culture. Je lui présentai Gabriella mais en lui disant d’en dire le moins possible. Sa vie précédente si miséreuse l’avait laissé éloignée de toute éducation et culture.

 

Mon plan était simple : avec l’aide du Pape, j’annonçais au monde ma venue en utilisant tous les moyens modernes et notamment la TV. A ce moment là, j’en étais certains je pourrais porter un message de paix et faire cesser toutes les misères du monde. Car j’étais la preuve que le surnaturel existait et que la vie après la mort était possible.

 

Le père Michael était emporté dans mon enthousiasme. C’était clair pour lui, on était des Anges. Certes on ne correspondait pas tout à fait aux imageries habituelles mais qu’est ce qu’on pouvait être d’autres ? Pas des martiens en tout cas !

 

Toutefois je me souvenais des caisses desquelles nous étions sortis. Je me souvenais du sinistre hôpital militaire de Guam ou nous avions séjournées avant notre mort. Et j’avais évité de révéler certains détails qui pourraient faire douter de mon statut divin.

J’insistai sur un point, des forces du mal étaient peut être à nos trousses, pas loin. Donc il fallait garder un silence absolu jusqu’à la présentation à Rome. Et donc surtout ne pas prévenir les autorités.

 

Et il nous fallait un bateau, car Anges ou pas, nous n’avions pas d’ailes. Et il était impossible de prendre l’avion sans se faire remarquer. Et un grand bateau parce qu’on pesait chacune près de 200 kg pour 260 cm de haut !



c) Un long voyage :

 

Le père Michael avait beaucoup de relations et il trouva rapidement un voilier assez grand pour nous accueillir mais suffisamment petit pour passer inaperçu. Le voyage allait se faire sur 28 000 Kms à travers le Pacifique, un passage au Cap Horn et la remontée de l’Atlantique puis finir par traverser la Méditerranée pour arriver en Italie. Ce voyage prendrait pas moins de 3 mois, sans escale, sans passer par des canaux, uniquement dans les eaux internationales pour éviter des contrôles.

On sera ravitaillé par des navires complices en pleine mer. Le fait qu’on pouvait boire de l’eau de mer économiserait énormément d’eau douce.

 

On embarqua la nuit sur ce voilier. Un navire de 13 mètres de long mené par un couple d’Australien d’origine italienne, John et Louisa, ainsi que leurs deux enfants de 7 et 9 ans, Peter et Lisa.

 

Ils nous avaient trouvé de la place dans la cabine avant. Comme on était trop longues pour les lits, des trous avaient été percés dans les cloisons pour laisser sortir nos jambes.

 

 

Et notre long voyage commença.

 

Pour nous deux, l’intérieur du bateau était comme une maisonnette d’enfants qu’on trouve dans les cours d’écoles. On y circulait avec difficulté, toujours à genoux, accrochant des objets ça et là.

Le pont du bateau nous offrait un peu plus d’espace mais restait étroit et encombrés de cordes.

Alors parfois on demandait une petite pause pour aller nager et se défouler un peu.

 

On s’était bricolé des vêtements car je voyais bien que notre nudité dérangeait. Vu les contorsions qu’on faisait dans le bateau, ils se déchiraient souvent. On en profitait pour les améliorer.

Le plus dur était la question de la queue. Fallait il faire un trou dans le short ou alors la faire sortir en dessus du short ? Finalement la 1ère solution était la plus confortable.

La natte se prenait aussi un peu partout et tirer dessus était douloureux. La passer devant et la cacher sous le T-shirt permettaient d’éviter ce problème.

 

 

La bonne nouvelle est qu’on n’avait pas le mal de mer. Je passais plusieurs par jours à faire le lien avec Gabriella. Ainsi on réunissait nos deux esprits pour se livrer à de longues balades dans nos rêveries. J’étais passé maitre dans la création d’univers mentaux beaux, palpables et qui émerveillait ma partenaire. Les rêveries à deux étaient bien plus intéressantes, vivantes et stables que les rêveries seules. C’est ce que j’avais observé.

 

J’ai passé aussi de nombreuses heures à éduquer Gabriella en utilisant le lien. C’était d’une grande efficacité, elle progressait très rapidement.

 

Le lien était ce qui étonnait le plus nos compagnons humains. Pouvoir pénétrer l’esprit d’un autre et explorer ses rêves et pensées était fascinant pour eux.

 

- Mais alors si pouvez vivre dans les rêves, pourquoi ne pas vivre tout le temps dans les rêves ?

 

- Ma petite Lisa, il faut bien que je me nourrisse. Il faut bien entretenir son corps, sinon on dépérit. Un esprit sain doit être dans un corps sain. Et puis s’enfermer dans ses rêves ce n’est pas vivre sa vie.

 

 

Pour les enfants ce qui les amusaient beaucoup, c’était de nous titiller nos grandes oreilles très mobiles. Ceci, ça pouvait aller un moment mais nous tirer sur la queue, ça c’était non !

 

Le contact étroit avec des humains me fit constater qu’ils avaient l’air froid. En prenant ma température, je me suis aperçu que mon corps était autour de 7°C au dessus de celle des humains soit 44/45°C. Ainsi on était de confortables oreillers chauffants pour des humains.

Le père, John, qui avait des bases en médecine, nous expliqua qu’avec une température corporelle aussi élevée, aucune maladie ne pourrait se développer.

 

Notre entente était très bonne malgré la grande promiscuité. On avait appris à bien se connaitre et je pensais que cette famille ferait de bons ambassadeurs.

 

Le plus difficile fut le passage du Cap Horn. Il faisait froid, ça remuait, le vent sifflait atrocement. On passa quatre jours difficiles dans la cabine.

 

 

Mais finalement on arriva à bon port. Le voilier mouilla face à une belle plage bordée de pins. De nuit on débarqua, enfin heureuses de pouvoir marcher sur la terre ferme.

Pas bien longtemps, car il fallut embarquer bien vite dans une camionnette déposée là. John la conduisit pour nous emmener en lieu sûr.



d) Un palais pour des Anges :

 

Lorsque nous sortirent de la camionnette on était dans une grande cave voutée en brique.

 

Le père Michael était là, seul, pour éviter d’éventer le secret : « Benvenuti a Castel Gandolfo miei cari Angeli! »

 

Castel Gandolfo était la résidence d’été des Papes. On touchait au but. Tout s’était bien passé. Dieu veillait sur nous !

 

Sans s’attarder on nous fit prendre une série de couloirs et d’escaliers pour nous conduire à nos appartements.

 

L’appartement de deux pièces, une chambre et un salon plus une vaste salle de bain, était somptueusement décoré. Les plafonds et les portes étaient très hauts, bien plus ce qui nous fallait.

C’était la nuit mais nous deux on voyait très bien le paysage et les fenêtres donnaient sur un cratère remplie par un lac ou se reflétait les étoiles.

 

 

- Père Michael, quel endroit magnifique !

 

- Vous méritiez bien ça, ce long voyage a du être éprouvant.

 

- Physiquement oui. Mais spirituellement il a été très enrichissant. Et finalement tout s’est bien passé.

 

- Je vous laisse vous reposer quelques jours. On va faire des vetements plus corrects. Il ne faut juste pas sortir de cet appartement ni vous montrer trop aux fenêtres.

 

- Bien entendu mon père !

 

 

Tout se passait comme prévu. Mais le plus dur restait à faire. J’imaginais de scénario de cérémonie pour annoncer notre venue au monde. Et je les partageai avec Gabriella qui me donnait de nouvelles idées.

 

 

Il nous fallait aussi des vêtements corrects. Ils devaient cacher ce que la pudeur exige mais en mettant au maximum en valeur notre beauté et en soulignant un caractère divin. En fait on y avait déjà réfléchie pendant notre longue croisière. On l’avait imaginé et rêve dans les moindres détails. Puis dessiné sur du papier.

 

Quoi de mieux qu’une robe blanche qui commençait au dessus des seins et descendait jusqu’ aux chevilles mais avec une fente au dessus d’un genou pour laisser apparaitre une jambe. Un tissu souple et fin laisserait deviner nos formes. Et il fallait prévoir un trou pour la queue. Une échancrure dans le dos qui remontait bien au dessus de sa racine ferait l’affaire et rendrait notre dos surement… vertigineux.

 

Et bien entendu des bijoux, bracelets et colliers surtout. Pour nous distinguer, puisqu’on était quasi identique, on utiliserait des colliers différents et bien visibles. L’un avec l’Archange Gabriel pour Gabriella et un avec l’Archange St Michel pour moi.

 

La coiffure était importante. Nos cheveux blonds devaient être impeccablement arrangés. Des fleurs plantées dans les cheveux étaient du plus bel effet. La natte, si précieuse natte, était laissé pendante derrière mais pouvait aussi être passée devant.

 

Pas de chaussures… Pas nécessaire et trop difficile à faire dans le temps qui nous restait.

 

 

Le père Michael fit réaliser en un temps record nos robes d’après les mesures que je pris sur Gabriella.

L’appartement disposait d’un grand miroir. Notre reflet était particulièrement impressionnant :

 

« Mon Dieu, on est de véritables statues de déesses Antiques ! »

 


e) Le Cardinal

 

On n’avait pas croisé grand monde depuis notre arrivée à Castel Gandolfo. Mais un matin, après une semaine, le Père Michael qui était notre seul contact, nous annonça la venue d’un personnage important, un cardinal.

 

« Michaela, Gabriella, je vous présente le Cardinal Monti. C’est un proche du pape. Il est là pour préparer l’événement. »

 

On avait mis nos nouveaux vêtements et on avait belles allures.

Le petit homme âgé vêtu d’une robe et d’une calotte rouge entra dans l’appartement. Evidemment l’effet de notre apparition était garanti.

 

« Seigneur ! Et ben en voilà deux beaux anges ! Il faut vraiment le voir pour le croire ! »

 

Après les salutations et politesse d’usage, il demanda au père Michael de se retirer.

 

- Le père Michael a bien eu raison de vous avoir fait venir ici. J’ai du mal à vous distinguer tellement vous êtes similaire.

 

- Seuls les rayures, pas très visibles certes et les petits points lumineux de notre peau, nous distinguent.

 

- Qui est Michaela ?

 

- C’est moi !

 

- Je voudrais faire des entretiens particuliers. En commençant par vous. Si ça ne vous pose pas de problèmes ?

 

- Non pas du tout, allons dans la chambre.

 

 

En on se déplaça dans la chambre en refermant la porte. Malgré tout j’étais un peu près sûr que Gabriella allait écouter à la porte.

Le cardinal s’assit dans un fauteuil et moi sur le lit.

 

- On m’a dit que cette idée vient de vous ?

 

- Oui Eminence.

 

- Ainsi donc vous êtes mort humain à Manille et vous êtes revenue sur Terre sous cette forme.

 

- Pour faire simple, c’est ça.

 

En fait c’était un petit mensonge de ma part pris en accord avec Gabriella. Je sentais qu’il ne valait pas mieux parler de Guam et de cet hôpital bizarre.

 

- C’est peu commun, c’est certain. Comment pouvez-vous être sûr de votre nature divine ?

 

- Comment cela pourrait être autrement ? Le Christ aussi avait eu des doutes.

 

- Vous vous prenez pour le Christ ?

 

- Non… Non bien entendu… Enfin je ne sais pas. Je ne sais pas vraiment. Mais les signes du Ciel sont ils toujours clairs ?

 

- Effectivement.

 

Le Cardinal m’avait gentiment bousculée, sans doute pour me tester. Le reste de l’entretient fut courtois et constructif. Il parla aussi un peu à Gabriella mais plus brièvement.

 

Il partit en concluant :

 

« Je suis certains que vous redonnerez espoir au monde. »



f) Le pivot :

 

Tout allait bien. La visite du Cardinal allait tout accélérer et on allait bientôt paraitre devant le monde entier.

 

Il y avait un téléphone dans l’appartement. Je pensais à ma famille. La famille de ma vie précédente. Ils devaient être tous très inquiet. Après une longue hésitation, je décrochais le combiné et je composais le numéro de mon domicile au Kansas.

 

- Tut, tut, tut.

 

- Allo ?

 

C’était la voix de ma mère.

 

- Allo. Ici… Ici… Un ami… enfin une amie de Michael Shepard. Votre fils je crois. Je viens prendre de ses nouvelles.

 

- Ma pauvre amie ! Vous n’êtes pas au courant ? C’est terrible ! Il a disparu il y a 9 mois à Manille. Il a du être enlevé par un gang. On n’a plus aucune nouvelle. La police dit que s’il était en vie, on aurait eu une demande de rançon.

 

- Oh je suis désolé madame. Toutes mes condoléances. Je prierai pour son salut.

 

- Mais qui êtes vous ?

 

C’était trop dur à en encaisser et je raccrochais le téléphone sans dire plus.

 

J’étais jeune et stupide. Je ne le savais pas mais je venais de changer mon destin, celui de la Terre et celui de… Pandora.

 

Car bien entendu le téléphone de mes parents était sur écoute…


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