The New Substitute

Chapitre 4

3246 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/02/2017 16:10

Après quelques minutes de course effrénée, Rukia, Renji, Izuru, Rangiku, Shûhei et Tsunata arrivèrent devant les imposantes portes du bureau du Capitaine-Général du Seireitei.

La petite noble s’avança en tête de liste, frappa et entra lorsqu’elle en reçut l’autorisation. Ainsi, elle informa son supérieur que les individus qu’il avait réclamés patientaient à l’extérieur.

En attendant sa coéquipière, Renji constata à contrecœur que l’éternelle bonne humeur de la Shinigami aux cheveux d’or avait complètement disparue, ne laissant place qu’au visage fermé qu’il avait rencontré lors de sa première venue dans leur monde et qu’il détestait particulièrement, il ne fallait pas se mentir. Le pire – se disait-il – était que cela n’allait pas s’arranger dans les minutes à venir, loin de là. Il espérait simplement qu’elle réagirait avec sang-froid, même s’il en doutait sérieusement.

Les grandes portes s’ouvrirent de nouveau, laissant apparaître Rukia dans leur encadrement. Avec un faible sourire, elle dirigea ses yeux indigo sur la Shinigami remplaçante et lui dit d’une voix des plus douces :

– Tsunata, il t’attend.

La jeune femme s’inclina respectueusement et s’avança dans l’ouverture, suivie par le regard insistant de Shûhei. Lorsque les portes se refermèrent derrière elle, Rangiku se tourna vivement vers son meilleur ami et le menaça de son poing.

– Toi ! siffla-t-elle.

– Qu’est-ce qui te prend encore, Rangiku ? s’agaça Shûhei.

– Arrête de la regarder avec tes yeux de cocker pour ensuite l’ignorer !

– Pour rappel, c’est toi qui m’as suggéré de ne plus lui adresser la parole !

La Vice-Capitaine de la Dixième Division grogna, exaspérant Izuru qui, pour sa part, préférait rester en retrait.

A la surprise de tous, Renji s’interposa entre les deux amis et les repoussa.

– Je vous signale qu’il y a une réunion à côté, dit-il d’un ton impartial. Calmez-vous un peu.

Rangiku et Shûhei s’exécutèrent et se tournèrent le dos, sachant l’un comme l’autre que rien n’était fini pour autant.

– Pourquoi le Capitaine-Général demande à la voir ? interrogea Izuru.

Le rouge et la brunette échangèrent un regard entendu. Rukia, arborant son air le plus sérieux, répondit :

– Nous n’avons pas le droit d’en parler. Cependant, il se peut qu’elle n’en ressorte pas indemne.

– Comment ça ? s’inquiéta Rangiku.

– On ne peut pas vous en dire plus, insista Renji. Désolé, mais il faudra attendre son retour.

Shûhei, dos à ses amis, serra les poings à en faire craquer ses os. Pourquoi l’anxiété était-elle si forte lorsqu’il était question d’elle ? Pourquoi son devenir l’intéressait-il tant ? Tout ce dont il était certain, c’était que son cœur ne cessait de marteler lorsque le nom de Tsunata Nara était évoqué.


Dans le grand bureau annexé aux locaux de la Première Division, alors que la blondinette entrait d’un pas intimidé, Shunsui Kyôraku lui adressa un sourire bienveillant.

– Allons, ne sois pas timide, ma petite Tsunata-chan ! Approche-toi, je ne vais pas te manger.

L’homme barbu aux allures de hippie sirotait paisiblement une coupe de saké au côté de sa dévouée Vice-Capitaine, Nanao Ise, qui ne cessait de le toiser d’un regard de biais, prête à le réprimander dès que l’occasion se ferait sienne.

Tsunata obéit et s’approcha de son supérieur, ne s’arrêtant qu’à la distance usuelle. Elle s’adressa à ce dernier d’une voix calme, la tête courbée solennellement.

– Vous m’avez demandé, Commandant ?

– En effet, acquiesça Shunsui. Je dois t’informer qu’Ichigo Kurosaki a dû repartir hier dans la soirée pour Karakura.

La blonde redressa subitement ses yeux verts agrandis vers le brun.

– Pourquoi n’y suis-je pas retournée également ? s’enquit-elle.

Shunsui poussa un long soupir mélancolique, sachant pertinemment les répercutions qu’aurait sa réponse sur la jeune femme.

– Tu ne peux plus retourner dans le monde des humains, Tsunata-chan. La menace est trop grande, tu le sais mieux que quiconque ici. Pour ta propre sécurité, tu dois rester au Seireitei.

– Qu… quoi ? peina-t-elle à articuler.

– Je suis vraiment navré, ma petite Tsunata-chan, mais nous n’avons pas le choix. Nous savions qu’un jour comme celui-ci arriverait, tôt ou tard.

Il fallut quelques secondes à Tsunata pour assimiler les paroles du Capitaine de la Première Division. Une sensation d’acidité remonta la pente de son œsophage tandis qu’elle sentait sa gorge se nouer. D’une voix à peine audible, elle demanda :

– Qu’advient-il de notre équipe avec Ichigo ?

Un second soupir s’échappa des lèvres de l’homme à la tête du Gotei 13. Il but une nouvelle gorgée de sa précieuse liqueur avant de gratifier Tsunata d’un regard sérieux qui ne sembla pas la perturber outre mesure.

– Votre duo est dissous, décréta-t-il. Tu m’en vois une nouvelle fois désolé, Tsunata-chan.


Alors que les cinq amis attendaient toujours impatiemment derrière les portes du bureau du Capitaine-Général, celles-ci furent poussées par Nanao. La co-lieutenante de la Première Division s’avança de quelques pas vers eux et dit :

– Hisagi Shûhei, le Capitaine Kyôraku te demande.

Le second de Kensei Muguruma arqua un sourcil.

– Quoi ? Mais elle n’est pas encore sortie, constata-t-il.

– Ne discute pas, ce sont les ordres, répliqua-t-elle d’un ton cinglant. Suis-moi.

N’ayant guère d’autre option, il lui obéit et la talonna, gardant toutefois une distance respectable.

Ses deux acolytes de toujours ne comprirent pas non plus l’intérêt de les convoquer simultanément, lui et Tsunata. Aussi se tournèrent-ils vers Rukia et Renji avant de froncer les sourcils d’un commun accord : les deux Shinigami chargés de la précédente escorte avaient le regard bas et une mine dépitée.

A cet instant, Rangiku et Izuru comprirent que les choses allaient définitivement changer.


Shûhei pénétra dans le bureau de Capitaine-Général excentrique et légèrement alcoolisé, autrefois à la tête de la Huitième Division. Ce dernier quitta du regard Tsunata, toujours face à lui, et adressa au nouvel arrivant un franc sourire.

– Ah ! Te voilà enfin, Hisagi-san !

A l’entente de ce nom, Tsunata orienta son visage dans sa direction.

Le cœur de Shûhei cessa de battre l’espace d’un instant : son regard, d’ordinaire si lumineux et chaleureux, ne laissait transparaître à présent que tristesse et froideur.

Complètement déstabilisé, il avait marqué l’arrêt sans même s’en apercevoir et la détaillait de son mieux. C’est uniquement lorsqu’elle finit par se désintéresser de lui qu’il pût reprendre son ascension vers Shunsui.

Nanao le fit s’arrêter à la gauche de Tsunata, aussi en profita-t-il pour lui jeter un nouveau regard qui, cette fois, ne lui fut pas rendu. Il ne savait pas ce que le Capitaine-Général avait bien pu lui dire, mais son visage était devenu sombre et complètement fermé ; ses yeux étaient à présent cachés par ses quelques mèches blondes qui couvraient son front en temps normal.

– Bon, l’interrompit Shunsui dans sa contemplation. Maintenant que vous êtes là, tous les deux, il faut que je vous fasse part d’une affaire importante.

C’était bien ce qu’il pensait : le Commandant les avait délibérément appelé ensemble dans un but commun.

– Tsunata-chan, commença le hippie borgne. Maintenant que tu n’as plus d’équipier et que tu es assignée à résidence, nous allons devoir prendre des mesures pour continuer d’assurer ta formation de Shinigami.

Alors, telle était la raison de son trouble soudain : Tsunata avait perdu Ichigo et se retrouvait coincée ici, au Seireitei, sans lui.

Il fallait être réaliste : aux yeux de la blonde, personne n’arriverait jamais à la cheville du fils Kurosaki. Il était fort, aussi bien physiquement que mentalement. Sa conduite n’était dictée que par sa propre volonté et, si l’envie lui prenait, il pourrait rayer la ville des Shinigami de la carte de la Soul Society en un claquement de doigts.

A ces pensées, Shûhei grimaça. N’y prêtant pas attention, Shunsui poursuivit :

– Quant à toi, Hisagi-san, ta Division vient d’être assignée à une nouvelle mission externe. Aux vues des services que tu as fournis la dernière fois, il a été décidé que tu resterais ici pour gérer les affaires de la Neuvième Division en l’absence de ton Capitaine.

– Bien, acquiesça Shûhei.

– Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins : notre petite Tsunata-chan est très puissante. La situation avec ces nouveaux ennemis est telle qu’il nous faut impérativement des forces supplémentaires, prêtes à attaquer le plus rapidement possible. Néanmoins, notre amie ici présente doit apprendre à contrôler sa force, ainsi que les règles qui régissent la Soul Society. Puisqu’Ichigo-kun n’est plus en mesure de le faire, il nous faut un remplaçant.

Le visage des deux convoqués se déforma à mesure que Shunsui parlait, un mauvais pressentiment les saisissant aux tripes.

– Le seul qui soit actuellement disponible et en mesure de le faire…

L’un comme l’autre priaient pour que le Capitaine-Général ne termine pas sa phrase. Pourtant, il le fit.

– … c’est toi, Hisagi-san.

– Quoi ? hurlèrent Shûhei et Tsunata.

– Parfaitement, appuya Shunsui. Lorsque vous sortirez de ce bureau, vous ferez officiellement équipe. Cette décision est irrévocable.

Tsunata baissa la tête une fois de plus, cachant ses yeux derrière ses grandes mèches dorées, et serra les poings à en faire pâlir ses jointures.

– Bien, dit-elle. Puis-je sortir, maintenant ?

Les deux hommes restèrent interdits devant le ton glacial qu’elle avait employé, pourtant d’habitude si jovial, tandis que le cœur de Nanao se serra : elle ne fréquentait pas tant que ça la nouvelle – son travail avec Shunsui lui prenant beaucoup de temps – mais elle l’appréciait sincèrement ; ainsi, la voir dans cet état n’était vraiment pas pour lui plaire.

– Bien sûr, sourit faiblement Shunsui, tu peux y aller, Tsunata-chan, j’en ai terminé.

Elle s’inclina et, sans plus de cérémonie, se dirigea d’un pas déterminé vers la sortie, devant le regard ébahi des trois autres personnes présentes avec elle.


Les grandes portes s’ouvrirent de nouveau sur Tsunata, le visage dissimulé en partie par sa frange. Rangiku trottina jusqu’à elle, impatiente d’en connaitre davantage quant aux raisons de la convocation soudaine et simultanée de ses deux amis, redoutant que Renji n’ait été dans le vrai.

– Alors, ma petite Tsunata, qu’est-ce qu’il t’a dit ? s’enquit-elle.

Pour toute réponse, la jeune femme se contenta de poursuivre sa route sans prêter la moindre attention à ses amis qui, eux, l’observaient tristement.

Lorsqu’elle disparut totalement de leur champ de vision, Rangiku se tourna promptement vers Rukia et Renji et dit dans une perte de patience non dissimulée :

– Qu’est-ce qu’il se passe, à la fin ?

– C’est Ichigo, lâcha Rukia. Il est reparti dans le monde des humains.

– Pourquoi ça la met dans un tel état ? demanda Izuru. Ils font ça tout le temps, non ?

– Parce que cette fois, il lui est défendu de le rejoindre, soupira Renji.

– Quoi ? s’écria Rangiku. Comment ça ?

– Tsunata n’a plus la permission d’aller dans le monde réel, acheva tristement la brune.

Les Vices-Capitaines de la Troisième et de la Dixième Division échangèrent un regard désolé, comprenant à contrecœur le désespoir de leur amie aux cheveux blonds.


Dans le bureau du Capitaine-Général, après que les portes se soient refermées sur la Shinigami remplaçante, Shûhei se tourna vers Shunsui.

– Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais…

– Attends un peu, Hisagi-san, l’interrompit-il.

Le ténébreux le considéra avec intérêt.

– Tsunata Nara est une personne dont la force n’égale que l’intelligence, expliqua l’ancien Capitaine de la Huitième Division. Je ne te demande pas de la traiter comme une novice, car elle sait déjà parfaitement se défendre, mais elle a besoin de quelqu’un à ses côtés, et bien plus qu’elle ne pourrait le penser. Aussi, je ne te demanderai qu’une seule faveur.

– Quelle est-elle ?

– Prends soin d’elle, Hisagi-san.

Le Vice-Capitaine de la Neuvième Division, s’empourprant discrètement, finit par hocher la tête positivement.

– Tu m’en vois ravi, sourit Shunsui. A présent, tu peux la rejoindre.

Shûhei se plia à la volonté de son supérieur et, après une courbette respectueuse, emprunta le même chemin que Tsunata quelques minutes plus tôt.

Dehors, il retrouva ses quatre amis, bien plus mélancoliques que lorsqu’il les avait quittés.

– Qu’est-ce qui vous arrive ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

– Que t’a dit le Commandant ? s’enquit Izuru.

– Nous… (Il expira bruyamment.) Nous faisons équipe ensemble maintenant, Tsunata-san et moi. Où est-elle, d’ailleurs ?

– Shûhei…

Rangiku semblait à présent plus calme que lorsqu’il l’avait laissé un peu plus tôt.

– Quoi, Rangiku ?

– Même si tu ne l’apprécies pas particulièrement, j’aimerais que tu me promettes quelque chose.

– Que je te promette quoi ?

– De veiller sur elle, et de faire de ton mieux pour qu’elle sourie.

Une nouvelle fois, les joues du jeune homme se colorèrent d’une teinte similaire à celle de la chevelure de Renji Abarai. Pour qu’on lui fasse une requête de cet ordre à deux reprises en l’espace d’une minute, ce devait sans conteste être parce qu’il ignorait quelque chose au sujet de la blonde. Seulement, quoi ?

– Je ne peux pas te promettre une telle chose, soupira Shûhei. Je ne suis pas Kurosaki, et je ne pourrai jamais le remplacer.

– Là-dessus, nous sommes d’accord, lança Rukia. C’est justement pour cette raison que nous te demandons de lui être agréable.

– Je suis fatigué et je commence à en avoir assez de cette histoire, souffla-t-il. Alors, s’il vous plaît, tachez d’être un peu plus explicites.

– Ichigo Kurosaki et Orihime Inoue sont à ce jour la seule famille que nous connaissons à Tsunata et elle vient de perdre le droit de les voir, expliqua Izuru. Tu comprends ce que ça veut dire ?

– Qu’elle est triste ? dit-il en haussant un sourcil.

– Ouah, quelle perspicacité ! ironisa Renji. Qu’on lui donne l’oscar du plus grand observateur de tous les temps !

– Renji… soupira sa coéquipière.

– Arrêtez, s’il vous plaît ! intervint Rangiku. Shûhei, je t’en supplie, si c’est la seule chose que tu dois me promettre de toute ta vie, alors fais-le. Elle ne le montrera jamais, mais elle a besoin qu’on l’épaule ; elle a besoin de toi, Shûhei.

Son cœur se mit à battre la chamade sans raison apparente tandis que les mots de son amie tournèrent en boucle dans son esprit à une vitesse vertigineuse.

Fermant les yeux, il poussa un soupir et dit :

– C’est bon, je te promets de faire de mon mieux. Ça te va ?

Un large sourire s’étira sur le visage de Rangiku, tout comme sur celui de Rukia pendant que Renji et Izuru affichèrent leur contentement de manière plus discrète.

– Merci, Shûhei ! s’enjoua Rangiku.

Bien qu’il conservait son faciès agacé, il dut reconnaître que cette mission ne le désenchantait pas réellement ; s’ils devaient rester continuellement ensemble, lui et Tsunata, il lui serait peut-être donné de percer son secret, celui qui faisait qu’elle était si spéciale aux yeux de tous, comme aux siens.

Seulement, un problème n’allait pas se résoudre de lui-même : le cœur de la jeune femme n’appartenait qu’à Ichigo, et Shûhei devait le remplacer. Si cela n’était pas une raison suffisante pour qu’elle le déteste, il pouvait ajouter le fait qu’il se comportait avec elle comme un parfait abruti. Comment pouvait-il l’aborder dans de pareilles conditions ? Comment gagner sa confiance ?

Rangiku, qui ne semblait pas s’occuper de l’absentéisme de son camarade, lui ficha un bon coup de pied au derrière pour lui conférer un peu d’élan, le sortant de ses songes par la même occasion.

– Mais qu’est-ce qui te prend ? cracha-t-il en se massant l’arrière-train.

– Moins de blabla, plus d’action ! s’exclama la jeune femme. Va la rejoindre, et vite !

– Pourquoi ça ? grogna-t-il.

– Oh, bordel… s’exaspéra Renji. Hisagi, j’t’aime bien, mais ma patience à des limites bien définies.

– Pour la consoler, enfin ! fit Rukia, tout aussi agacée.

– Mets-y un peu du tien, renchérit Izuru, sinon on n’a pas fini d’être derrière toi.

Shûhei les lorgna un à un d’un œil mauvais, loin de les impressionner.

– T’en veux un autre ou tu vas te mettre en route tout seul ? le menaça Rangiku, les bras croisés.

– C’est bon, ça va, j’y vais ! Elle est partie par où ?

– Sûrement chez elle, suggéra Rukia.

– Très bien.

Le ténébreux commença donc à partir, irrité au possible mais, toutefois, impatient de débuter sa mission d’instructeur remplaçant.

– Hisagi, l’interrompit Izuru.

– Quoi encore ? siffla-t-il.

– Chez elle, c’est de l’autre côté.

Il stoppa net sa marche énervée avant de se retourner brusquement pour emprunter – cette fois – la bonne direction.

– Je le savais parfaitement, ronchonna-t-il.

– Bonne chance, mon vieux.

Ainsi, le Vice-Capitaine de la Neuvième Division, connu sous le nom de Shûhei Hisagi, partit à la recherche de sa désormais coéquipière, les joues rougies par les dernières paroles de son meilleur ami.




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