Une Tueuse et des vampires

Chapitre 1 : J'ai toujours pensé que j'allais devenir quelqu'un...

1560 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 10:46

Chapitre 1

Je me suis toujours demandé si j’allais devenir quelqu’un. Une personne qui méritait d’être aimée ou d’être admirée. Mais ce n’était pas ça, l’important. L’important, c’était de savoir si j’allais pouvoir faire quelque chose de vrai un jour. Quelque chose qui compte. Et je m’apprêtais à avoir ma réponse.

Il y a quelques mois de cela, j’avais appris quelque chose d’étrange. Très étrange.

 

A chaque génération, une nouvelle tueuse naît et est désignée par je ne sais qui pour sauver le monde des créatures surnaturelles. Je n’y avais pas cru au début mais ma famille avait réussi à me convaincre à force d’acharnement. Et j’avais été forcée d’admettre que je devais accepter ma destinée. Mon père a immédiatement voulu me soutenir et c’est lui qui a commencé à m’entraîner de temps en temps. Alors parfois, je m’entraînais à me battre, à lancer des couteaux, à faire des acrobaties et tout un tas d’autres choses. Mais ce n’était que des entraînements exceptionnels.

J’avais mis quatre mois entier à m’y habituer. Et je n’avais toujours pas vu un seul vampire. Et oui, j’avais réussi à me faire à cette idée. J’avais réussi à prononcer ce mot à voix haute. Et je ne m’étais jamais battu avec l’un d’entre eux. Mon père pensait que c’était trop tôt et sans doute que ça n’allait jamais arriver. Alors, je n’avais pas vraiment le choix. Il voulait simplement me protéger.

Mais je n’étais pas exactement la Tueuse. J’étais seulement ce qu’on pouvait appeler une Potentielle. Une fille destinée à devenir la Tueuse si la précédente mourrait. Je n’aurais donc pas vraiment l’occasion de me battre. Peut-être que tout ceci ne me servirait jamais. Il y a tant de Potentielles dans le monde entier. Pourquoi je serais choisie, moi ? Il y a sans doute tellement mieux que moi dans ce monde.

 

Mais aujourd’hui précisément, tout changea immédiatement, et pour toujours.

« Bonjour Laura, m’a dit mon père en me souriant.

- Papa ! Tu es debout très tôt aujourd’hui, que ce passe-t-il ?

- Je voulais te voir faire ta rentrée. Le lycée, c’est tout nouveau pour toi !

- Tu as raison, c’est nouveau. Mais ce n’est pas exceptionnel pourtant !

- Pour moi ça l’est. Ma fille grandit tellement vite.

Son regard était à la fois triste et fière.

- Je t’aime papa.

- Moi aussi mon cœur.

Il me prit dans ses bras et nous sommes restés ainsi pendant un moment. Mais l’horloge nous a rappelé à l’ordre.

- Tu vas être en retard pour ton premier jour chérie, tu devrais y aller.

- Très bien, j’y vais.

- Et bonne journée ! »

Je courais hors de la maison pour ne pas rater mon bus et je m’asseyais tout au fond en mettant mes écouteurs. La musique résonnait dans mes oreilles et je somnolais doucement. Je n’avais pas pensé à l’entraînement ou au fait d’être une potentielle depuis tellement de temps. Et c’était vraiment agréable. J’étais tout à fait normale.

Mon bus est arrivé devant mon nouveau lycée quelques minutes après et je sortais du véhicule aussi vite que possible. Je me dépêchais d’entrer dans l’enceinte et courais immédiatement vers mon premier cours. Les maths. Je détestais les maths. Mais être normale n’avait pas que des avantages. J’écoutais mon professeur en feignant d’être attentive et je fixais l’horloge de la salle où les aiguilles tournaient à une lenteur déprimante. Et après une vingtaine de minutes d’ennui, quelque chose m’arriva plutôt subitement.

Une sorte de douleur atroce dans le ventre. Une douleur lancinante qui m’a fait tomber à terre. Toutes les têtes de la classe se sont tournées vers moi et m’ont fixé comme si j’étais une folle. Mais la douleur était ma seule préoccupation pour le moment. Je titubais en dehors de la pièce et me dirigeais vers les toilettes en ignorant tous les regards étranges qu’on me lançait. Je verrouillais la porte derrière moi et presque aussitôt, je tombais à terre. C’était une douleur si étrange ! Comme une chaleur qui augmentait de plus en plus pour se propager dans tout mon corps. Je hurlais un grand coup pour me soulager mais ça n’arrangeait rien. Ma respiration était saccadée et j’attendais un petit moment avant que la douleur s’estompe doucement. Elle s’en allait lentement comme un feu qui s’éteint délicatement. Je restais allongée, la tête sur le carrelage en attendant que tout disparaisse.

La sonnerie de fin de cours a résonné et je me levais pour me mouiller un peu le visage. Je devais me ressaisir à présent mais ça allait être assez compliqué.

Le plus horrible dans toute cette histoire, ce n’était pas la douleur qui m’avait terrassé en une seule seconde. Cette douleur qui avait réussi à me faire souffrir sans que je la comprenne réellement. Ce n’était pas non plus l’humiliation que j’avais vécu lorsque tout le monde m’avait regardé si bizarrement quand je suis tombée à terre. Ou l’humiliation qui allait continuer après que je sois sortie des toilettes. Tout le monde me prendrait sûrement pour une folle pendant un long moment après ça.  Mais ce n’était toujours pas le pire.

Le pire, c’est que ma vie avait changé pendant cette fraction de secondes où j’avais souffert. Ma vie avait pris un tournent impossible à esquiver ou à oublier. Plus rien ne serait pareil et plus rien ne pourrait aller bien tant que je serais vivante. Tout était chamboulé. Et je ne pouvais rien faire pour renverser la situation. J’avais toujours envisagé cette possibilité, mais jamais vraiment sérieusement. J’avais toujours cru que tout resterais normal dans ma vie. Ou presque normal en tout cas. Mais c’était fini tout ça. Mon existence avait un sens, un but précis. Et j’étais bien obligée de l’admettre à présent.

Car même après autant de préparation, d’appréhension et d’avertissements, je réalisais seulement maintenant ce que tout ceci signifiait. Et j’étais bien forcée d’admettre que désormais, ma vie était en danger perpétuel. C’était comme une bombe qu’on avait lâchée dans ma vie sans un seul avertissement, alors que j’aurais dû m’en douter.

Une bombe qui ravagerait tout sur son passage, même si je voulais l’arrêter. Une bombe qui faisait voler en éclats tout espoir de survie réelle pour moi. Car personne, pas même moi, ne pourrait imaginer à quel point ce changement pourrait affecter ma vie pour le restant de mes jours. Personne ne pourrait jamais savoir à quel point cette nouvelle était atroce pour une fille comme moi. J’étais la seule personne vivante à réaliser à quel point c’était abominable.

J’étais devenue la Tueuse. 

 

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