Une Tueuse et des vampires

Chapitre 11 : Ne t'en vas pas...

2490 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/10/2016 13:05

Chapitre 11

Je n’étais aussi fatiguée que je croyais l’être en réalité. Ce combat m’avait donné un coup de fouet en fait. Je ne cessais de regarder autour et je bougeais dans tous les sens. Adam était beaucoup plus calme. Il regardait la route, droit en face de lui. Il ne parlait pas et c’était tout juste si on le voyait respirer. Je ne savais pas pourquoi ou même comment il arrivait à paraître aussi détendu.  Moi, je ne pouvais pas me calmer.

« Tu penses qu’il y en avait plus ? ai-je demandé en regardant dans le rétroviseur.

- Je ne sais pas.

- Et ce gars, il avait l’air d’être plus qu’un petit vampire qui traînait là. Il était équipé et surtout, très déterminé. Quelqu’un l’a peut-être engagé.

- Je ne sais pas, a-t-il répété avec un visage neutre.

- Et puis, il y en a sans doute d’autres qui viendront. Ou peut-être pas en fait.

- Aucune idée.

Je soupirais avec frustration. Mais à quoi jouait-il ?

- Bon, ça suffit. Dis-moi ce que tu as. Il y a quelques minutes, tu étais plutôt content qu’on s’en soit tiré. Maintenant, on dirait qu’on a tué ta grand-mère.

- Je ne vois pas de quoi tu parles Laura, a-t-il murmuré avec une voix égale.

- Bien sûr que si, et tu vas même me le dire. C’est quoi ? Tu es en colère, ou juste peureux ?

Il ne répondait pas, et je ne m’attendais pas à ce qu’il le fasse. Après tout, s’il ne voulait pas m’en parler, c’était son problème. Je me contentais de me retourner vers la fenêtre et de regarder le paysage en feignant d’être calme. Je continuais tout de même de regarder autour de nous, juste au cas où.

Le trajet s’est terminé et je sautais presque hors de la voiture. Je marchais vers la maison et l’ouvrais à grande volée. Puis, je me dirigeais vers ma chambre en ignorant les pas d’Adam derrière moi. S’il ne voulait pas parler, nous n’allions pas parler. Pas de problème.

Je restais quelques minutes dans ma chambre, sans réellement savoir quoi faire. Toute mon adrénaline avait eu le temps de redescendre et je remarquais enfin à quel point j’étais épuisée. Toute mon énergie avait été propulsée hors de moi. Je m’allongeais donc de tout mon long sur mes draps et je fermais les yeux pendant un moment. Mais un grand coup dans la porte m’a obligé à me réveiller.

J’ouvrais les yeux et ne bougeais pas de ma place.

- Tu peux entrer ! hurlais-je presque en regrettant aussitôt mes paroles.

Adam entra et s’assit juste à côté de moi. Je ne bougeais toujours pas et j’attendais qu’il dise quelque chose. C’est lui qui était entré après tout.

- Je dois te soigner Laura, tu peux te relever s’il te plaît ?

- Tu me parles maintenant ? Quelle bonté d’âme ! rétorquais-je, la voix crispée.

- Je suis désolé pour tout à l’heure mais je réfléchissais, c’est tout.

- Et tu réfléchissais à quoi exactement ?

- A beaucoup de choses en réalité. Mais je n’ai pas vraiment envie d’en parler, c’est très compliqué.

Je fronçais les sourcils et me relevais brusquement. Je voyais donc mieux le visage d’Adam pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce. Il avait les yeux tristes et la trousse de premier secours dans la main. Il attendait ma réponse et mon approbation pour me soigner. Mais je n’allais pas lâcher, je voulais une réponse. Et maintenant.

- Dis-le moi Adam. S’il te plaît, j’ai le droit de savoir.

Il s’apprêtait à me répondre mais je savais que sa réponse serait négative. Je ne devais pas le laisser refuser. Je voulais savoir et c’était ainsi. Je n’allais pas le lâcher d’une semelle. Ça, c’était hors de question.

- Si je ne sais pas ce qu’il se passe, comment suis-je censée faire pour t’aider ? Je dois t’aider Adam, je veux t’aider. Je t’en prie, dis le moi.  

- D’accord, soupira-t-il soudainement. Je ne veux pas que tu t’énerves, parce que je connais ton caractère. Mais si je fais ça, c’est également pour toi et tu dois le savoir.

- Ne tournes pas autour du pot, va droit au but s’il te plaît.

Ça semblait beaucoup lui coûter de m’avouer ça pour le moment. Mais pourquoi était-il si cachotier tout à coup ? Ça devait être grave s’il avait peur de me le dire. J’avais presque peur de connaître la raison de son silence.

- Oui, j’y viens. Le truc, c’est que je pense que je devrais appeler le conseil des observateurs.

- Et pourquoi faire ?

- Ils t’enverront un observateur. Quelqu’un de compétent qui saura te protéger sans te cloîtrer dans une maison. Une personne qui t’aidera à devenir la Tueuse que tu mérite d’être tu comprends ?

- Tu es vraiment un abruti ! déclarais-je, la voix crispée.

- Quoi ? m’a-t-il répondu en relevant aussitôt la tête. Qu’est-ce que tu…  

- Bon, très bien ! ai-je déclaré avec conviction. Ecoute-moi pendant une petite minute d’accord ? Je suis ici parce que je te fais confiance, et que je crois en toi. Assez pour me protéger. Pour m’aider à devenir une vraie Tueuse. Une personne plus forte et plus combative. C’est vrai qu’au début, je ne te faisais pas confiance et je suis désolé si tu as cru que c’était ta faute. En réalité, je n’avais pas eu confiance en toi parce que je suis une idiote qui ne croit en personne.

Il me regardait avec des yeux étonnés, en se demandant sans doute ce que je racontais encore. Mais j’étais lancée à présent, et je ne comptais pas m’arrêter là.

- Le vrai problème, c’est que je ne ferais jamais confiance à personne si tu t’en vas. Je vais toujours me demander pourquoi tu es parti et je ne croirais rien de ce que me dira le nouvel observateur. Tu dois savoir que tu es devenu trop important à présent et on le sait tous les deux. Et que tu le veuille ou non, tu dois rester. Même si ça te dérange, je veux que tu restes tu comprends ? Je… J’ai plus de force quand tu es là. Quand tu es à côté, je n’ai plus peur.

- Tu n’as jamais eu peur de rien de toute manière, s’est-il exclamé avec un rire un peu triste.

- Tu ne m’as jamais vu avoir peur apparemment ! Tant mieux, ce n’est pas beau à voir.

Je riais pendant un moment et je voyais bien qu’Adam voulait se joindre à moi mais il n’osait pas. Il se contentait de retenir ses émotions, parce que j’étais là.

- Tu refuses de l’admettre hein ? ai-je dit d’un ton neutre.

- Admettre quoi ?

- Que tu aimerais rester. Que tu ne veux pas partir en réalité, mais que tu crois faire ton devoir. Sauf que tu as oublié une petite chose. Tu as tort, et moi je le sais.

Il m’a regardé pendant un moment, et je savais qu’il hésitait. Il ne savait pas si ma réaction était exagérée ou si j’avais raison pour une fois. Mais moi, je savais que j’avais raison. C’était l’une des seules fois de ma vie où j’avais peur de perdre quelqu’un. Où j’avais peur de perdre Adam.

- Tu as raison Laura, m’a-t-il justement déclaré avec un ton d’excuse.

- Quoi ? ai-je demandé en levant les yeux. Tu viens de dire que j’avais raison ?

- Oui, et je suis désolé. Je pense à beaucoup de choses en même temps et je ne sais pas vraiment laquelle de mes pensées est la bonne. Le problème, c’est que je laisse mes sentiments influer sur mon jugement.

- Mais quels sentiments ? demandais-je en fronçant les sourcils.

Je ne le comprenais plus. Tout était si étrange dans sa façon de parler.

- Il est évident que je souhaite te protéger plus que tout ! Je tiens à toi Laura et à cause de ça, je ne peux pas te protéger. Pas suffisamment.

- Je refuse que tu t’en aille, d’accord ? Je ne pourrais pas survivre sans toi.

- Mais tu n’as pas le choix. Je dois te protéger et la seule façon de le faire réellement, c’est de m’en aller. Je dois te laisser te détacher de moi pour que tu t’entraîne sans aucune distraction.

Je savais que je ne pouvais pas me défendre. Et je ne pouvais pas non plus le faire changer d’avis. Il avait le regard décidé et il ne fléchissait pas. Je l’avait rarement vu comme ça. Et je savais que je n’avais plus le choix. Mais je devais tout de même tenter une dernière fois de savoir ce que je pouvais faire pour le garder, alors je déclarais:

- Est-ce que j’ai une seule chance de te faire changer d’avis ou c’est peine perdue ?

- Je suis désolé Laura. J’ai déjà appelé le conseil des observateurs et ils t’enverront quelqu’un dès demain. Il arrivera sans doute dans la soirée.

- Et toi, tu t’en vas quand ?

Il semblait triste et fuyant à la fois.

- Demain matin. Je te dirais aurevoir, ne t’en fais pas.

- Quelle générosité ! Une dernière parole avant de m’ignorer pour toujours. Tu crois que c’est censé me remonter le moral ?

- Je suis désolé, vraiment.

- Et puis, arrête de dire que tu es désolé ! hurlais-je en me relevant. Je me fiche de tes excuses ! Moi, ce que je voulais c’était…

Lui. J’avais failli le dire mais je me retenais, en me retournant pour cacher mon visage. Je ne voulais pas laisser couler mes larmes, mais c’était plutôt compliqué. Je devais le faire partir, et tout de suite.

- Bon, je suis fatiguée alors tu ferais mieux de t’en aller.

- J’aimerais au moins te soigner. Tu as le bras en sang à cause de cette flèche et ça pourrait s’infecter.

- Je m’en fiche. Je peux me soigner toute seule. Sors s’il te plaît.    

Je tentais de garder un ton neutre mais c’était de plus en plus compliqué. Je sentais que ma voix flanchait quelques fois.

- Laura, je sais que tu n’as pas envie de me voir mais…

- Dégage, j’ai dit ! Dehors, sors d’ici !

J’avais presque hurlé et je ne voulais plus me contenir. Une larme avait coulé sur ma joue et il l’avait sans doute remarqué. Rien qu’une larme, mais déjà une de trop.

Adam ne répondit pas et il sortit de la pièce sans faire de bruit. Il me laissait enfin tranquille et je pouvais enfin laisser couler mes larmes. Je me glissais sous mes draps sans réfléchir. Mon sang allait souiller les draps mais je m’en fichais. Je voulais seulement m’évader de toute cette histoire. Alors je restais les yeux fermés, et je tentais de m’endormir avec mes pleurs coulant sur mon visage. 

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