Une Tueuse et des vampires

Chapitre 12 : Ce n'est qu'un adieu, pas vrai ?

2353 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/10/2016 23:31

Chapitre 12

Il s’en va aujourd’hui. Adam partait pour ne pas revenir. Et je devais accueillir un nouvel observateur qui ne me plairait pas du tout. Qui ne m’apporterais rien de bien, même pas un peu de courage ou de force. Un nouvel observateur que j’allais détester. Et je n’étais pas encore prête à affronter ça. Je ne voulais pas l’affronter parce que je n’avais jamais su prétendre et feindre que tout allait bien.

Un grand bruit sourd s’est fait entendre en bas des escaliers. Comme si un gros objet lourd était tombé à terre. La dernière fois que j’avais entendu un bruit pareil, Adam venait de se faire attaquer. Ce son m’a réveillé d’un seul coup et je fonçais dans le couloir pour apercevoir quel était le problème. J’atterrissais dans le couloir et je vis ce qui avait provoqué ce bruit sourd et étrange. Adam ne s’état pas fait attaqué, il allait très bien même. C’était pire pour moi. Parce que ce bruit, c’était la valise d’Adam qui l’avait provoqué.

Je soupirais un grand coup avant de retourner dans ma chambre en faisant le moins de bruit possible. Je m’étais levée, mais je n’étais toujours pas prête pour cette journée. Je me dirigeais ensuite dans ma salle de bain pour me regarder un peu dans le miroir. J’avais l’air très fatiguée et même moi, je le voyais. Mes cernes s’agrandissaient beaucoup plus ces derniers temps et je ne pouvais rien y faire.

« Laura, tu es réveillée ? ai-je entendu depuis le bas des escaliers.

Je ne répondais pas en espérant qu’il m’oublie au moins pour un temps mais je n’avais jamais vraiment eu de chance.

J’entendis les pas d’Adam dans les escaliers et je priais intérieurement pour que ma porte soit scellée, comme par magie. Seulement, l’espoir ne sert à rien. La porte de ma chambre s’est ouverte et j’ai vu le visage d’Adam qui me cherchait du regard. Ses yeux se sont posés sur moi et je soutenais son regard pendant quelques secondes avant qu’il soupire un coup.

- Ecoutes Laura, je sais que tu n’aime pas beaucoup le fait que je parte mais c’est pour le mieux.

- Parce que tu crois sincèrement que j’irais mieux quand tu seras partie ? crachais-je d’une vois crispée.

- Je sais que ça ira mieux quand je ne serais plus là pour te déstabiliser.

Je haussais les sourcils en riant de manière un peu trop sarcastique pour que ça semble vrai.

- Tu crois vraiment que tu me déstabilise ? Et ça va les chevilles ? lui ai-je dit un peu trop énervée pour rester calme.

Je commençais peut-être à devenir un peu trop méchante mais je m’en fichais pour le moment. J’avais besoin d’évacuer ma frustration et ma colère. Et il était le seul présent qui pouvait me servir de punching-ball pour le moment.

- Tu sais, continuais-je sur ma lancée. Tu n’es pas le centre du monde, et je ne vois pas pourquoi je voudrais que tu reste finalement ! Tu es égocentrique et idiot en plus de ça !

- Idiot ? a-t-il répété en se demandant pourquoi je m’étais énervée d’un seul coup.

- Oui, tu es un idiot ! Tu ose me dire que tu t’en vas pour moi et pour mon bien-être mais tu es un foutu menteur ! La seule raison pour laquelle tu t’en vas, c’est pour toi. Toi, et personne d’autre ! Et dire que je croyais pouvoir te faire confiance… Quelle belle idiote je fais moi aussi n’est-ce pas ?

Il ne répondait pas. Il ne faisait qu’attendre que j’ai fini de vider mon sac. Mais en réalité, je savais que je resterais toujours sans réelle réponse. Il n’avait rien à me dire. Il se contentait d’attendre et de faire comme si ce qu’il faisait était dans mon intérêt. Il se contentais de partir.

- Tu ne trouve rien d’autre à faire que me regarder sans rien dire ? Je sais très bien qu’en réalité, tu ne penses qu’à ton petit bonheur personnel. Mais je n’aurais jamais cru que tu étais un menteur. Alors bravo pour tes talents, franchement !

Il ne répondait toujours pas. Et je commençais à m’impatienter.

- Bon, tu sais quoi ? Vas te faire voir.

Je me dirigeais vers la porte pour la lui fermer au nez et continuer à me terrer dans ma chambre. Mais Adam m’attrapa le bras et me força à me retourner vers lui.

- Lâches-moi ! lui déclarais-je avec colère.

- S’il te plaît, arrête Laura. Je ne pense qu’à toi dans cette affaire. Je veux que tu puisses être en saine et sauve. Je veux que tu te sentes bien et que tu sois capable de te défendre toute seule, qu’on ne te blesse pas. Je veux que tu vives, c’est tout.

Je m’apprêtais à répondre une phrase pas très amicale mais trois coups sur la porte m’en ont empêché. Je me tournais immédiatement vers celle-ci mais je ne bougeais pas pour autant. Adam se dirigea vers l’entrée et il ouvrit la porte pour laisser entrevoir une femme qui ne me donnait absolument pas confiance. Mon nouvel observateur.

Elle était très étrange et elle semblait bien moins détendue qu’Adam. Elle devait avoir environ une cinquantaine d’année et elle ne souriait pas. Ses cheveux blonds cendrés étaient retenus en arrière grâce à un chignon sans doute si serré que mes yeux en auraient pleuré. Et ses yeux d’un gris perturbants me fixaient sournoisement. Je n’aimais pas son regard. Pas du tout.

Elle portait bien évidemment un tailleur noir bien ajusté et des chaussures à talons d’une hauteur vertigineuse. Elle restait là et elle ne bougeait pas d’un seul centimètre. Elle attendait sans doute qu’on l’invite à entrer. Mais ce n’est pas moi qui allait faire le premier pas, c’était certain. Je n’aimais pas cette femme et ça n’allais sans doute pas changer. Adam avait peut-être réussi à percer ma carapace mais je ne pourrais plus faire confiance à quelqu’un à présent. J’en avais marre de me faire avoir et de souffrir à chaque fois.

- Bonjour à tous les deux, a-t-elle finalement déclaré après un long moment gênant. Je me présente, je m’appelle Olivia. Je suis là pour aider Laura à devenir une Tueuse professionnelle et performante.

- Et bien, bonne chance ! ai-je rétorqué en ricanant brutalement.

Elle me jeta un regard surpris, et ne répondais pourtant pas.

 - Ne l’écoutez pas, lui a déclaré Adam avec un air gêné. Elle paraît toujours plus agressive la première fois qu’on la voit. Et quelques autres fois encore après mais elle s’adoucit au bout d’un moment. Un peu.

- Non, je n’en ai pas l’intention. Désolé.

L’observatrice trop sérieuse et totalement coincée s’est avancé dans le salon et m’a lancé un nouveau regard. Un regard qui semblait presque dire : « C’est adorable comme tu es pitoyable, mais je te ferais changer parce que je n’ai rien d’autre à faire dans ma vie ». Je sentais que j’allais m’éclater à partir d’aujourd’hui. Youpi…

- Ne vous en faites pas, dit-elle en secouant légèrement la tête. Les fortes têtes sont un défi que je suis prête à relever. J’ai déjà été l’observatrice de deux Tueuses avant elle. Et l’une d’elle ressemblait un peu à notre très chère Laura. Et j’ai réussi à la transformer en une Tueuse obéissante et docile.

Je ne pouvais même pas la supporter plus de quelques secondes. C’était trop pour moi.

- Ça va pas être possible, ai-je déclaré d’un ton neutre mais ferme.

Adam m’a regardé avec un regard qui m’incitait à me taire mais je ne parlais pas. Et je ne baissais pas les yeux. Hors de question. Et je ne voulais pas d’elle, je ne pourrais pas la supporter.

- Je dois te parler dans la cuisine Laura, tu veux bien venir un moment ?

Il avait une voix calme mais je sentais que c’était un ordre. Je voulais régler quelques comptes avec lui alors j’acquiesçais et je me dirigeais vers la cuisine, Adam sur mes talons.

- Bon, dis-moi tout. C’est quoi le problème avec elle ?

Je haussais les sourcils avant de lâcher un second rire.

- Tu me demandes réellement quel est le problème ? Tu as vu cette femme ? Cette espèce de Marie-Antoinette intello trop froide pour avoir un cœur ! Je ne veux pas d’elle, je ne veux pas qu’elle m’entraîne et je ne veux même pas lui parler !

- Mais tu n’as pas le choix ! Tu dois comprendre qu’elle est ici pour t’aider. Tout comme moi.

- Me protéger ? Tout comme toi ? Quelle blague ! Ecoutes-moi bien Adam. Tu peux t’enfuir de cette maison comme un lâche, tu peux m’envoyer une extraterrestre au tailleur trop serré pour te remplacer et tu peux même me laisser tomber comme tu vas le faire quand tu sortiras de cette maison. Mais ne me mens pas, d’accord ? Tu n’as jamais rien fait pour ma sécurité et tu le sais. Tu ne te protège que toi-même depuis le début !

- Non, c’est faux, je veux te protéger.

- Et tu me protège avec cette espèce de folle maniaque ? Pour elle, je ne suis qu’un chien qu’elle doit dresser. Elle veut juste que je devienne "obéissante et docile". Et ce n’est pas vraiment mon genre. Je ne vais pas changer, encore moins pour elle.

- Tu sais que tu es trop têtue ? m’a-t-il dit presque en souriant.

- C’est l’une de mes plus grandes qualités, rétorquais-je sans laisser partir ma colère pour autant.

- Je suis désolé de m’en aller comme ça Laura. Je le suis réellement, je peux te le jurer. Et je sais que tu t’habitueras à sa présence mais tu dois juste être patiente. S’il te plaît.

- Je ne te dois plus rien Adam, désolée.

Je sortais de la cuisine sans un regard pour lui et je m’asseyais sur le canapé en regardant cette Olivia regarder la pièce avec un air réprobateur.

- Soyons clair entre nous deux, d’accord ? ai-je déclaré en la regardant dans les yeux. Je ne vous aime pas, et vous n’êtes pas non plus ma plus grande fan. Mais je vais être forcée de vous côtoyer un petit peu, faute de mieux. Alors même si je ne supporte pas votre sourire forcée et vos air de nounou sévère, je vais faire semblant de ne pas vouloir vous tuer dans votre sommeil. Et vous, vous me laisserez respirer quand je le souhaiterais. Vous êtes d’accord ?

Son regard en disait long sur ses pensées mais elle ne répondait pas. Ou plutôt pas encore.

- De toute façon, vous n’avez pas le choix. Si ça ne vous plaît pas, vous pouvez vous en aller dès maintenant.

- Très bien, j’essaierais de ne pas être trop regardante sur vos erreurs. Mais vous devrez travailler compris ?

- Pour ça, on verra.

Je me détournais d’elle et je regardais Adam, qui attendait ma réaction depuis la porte de la cuisine. Je le regardais sans rien dire et j’attendais qu’il se décide à bouger, à faire quelque chose. Il m’a également regardé sans rien dire et après peu de temps, il se dirigea vers sa valise et l’attrapa rapidement. Puis, il se dirigea vers la porte et l’ouvrit sans se presser. Je m’avançais machinalement vers lui sans contrôler mes gestes et je me retrouvais à quelques centimètres de ses yeux. Ses yeux qui avaient réussi à gagner ma confiance en si peu de temps.

- Aurevoir Adam. Et même si je te déteste un peu de m’abandonner, merci pour tout. Tu vas me manquer. Beaucoup trop d’ailleurs.

- Merci à toi. Ne pas te voir à partir d’aujourd’hui, c’est le plus dur dans toute cette histoire et je le sais. Mais je penserais à toi, ne t’en fais.

Il m’a souri et cette fois-ci, je lui rendais son sourire sans hésiter.

- Adieu Laura. Deviens la meilleure Tueuse de tous les temps, je sais que tu le peux.

Il m’a regardé pendant plusieurs longues de secondes et il sortit de la maison. Je le regardais avancer dans l’allée et monter dans sa voiture pour ensuite rouler jusqu’au bout de la rue. Après ça, il a disparu au loin et je fermais la porte sans cacher les larmes qui coulaient sur mes joues, et qu’Adam ne pouvait plus voir de là où il était.  

Laisser un commentaire ?