Audacieuse

Chapitre 1

1334 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:10

Ellie, Matt et Warren m'ont emmenée avec eux et des membres Audacieux pour une sorte de rituel. On doit monter au sommet du Hancock Center pour un saut en tyrolienne. Un truc bourré d'adrénaline, typiquement Audacieux. On a pris l'ascenseur. Zack, le frère d'Ellie, avait branché le générateur avant de venir. Nous nous sommes rangés en attendant notre tour. Les membres passent d'abord. Un membre d'environ une vingtaine d'années aide les Audacieux à s'installer et attache leurs courroies. J'entends un membre l'appeler Theo. Il est grand et fin pour un Audacieux, musclé mais pas baraqué. Quand c'est mon tour – je suis la première novice – il accroche les courroies. Au contact de son corps, je frémis. Il approche son visage du mien, tellement le vent est fort, mais au lieu de me dire quelques consignes de sécurité, il me dit:

- Tu es trop Audacieuse pour des règles de sécurité. Passe à mon studio ce soir.

- Mais...

Il s'éloigne sans me laisser le temps de parler et me jette dans le vide. Je sens l'adrénaline m'envahir, et je profite de ce moment magique. Une fois descendue, je demande à Zack où habite Theo. Il me regarde d'un air soupçonneux, puis me répond:

- Depuis le dortoir des novices, prends l'escalier au fond du couloir, côté fenêtre. Après, monte deux étages. C'est la cinquième porte sur la droite.

- Merci, Zack.

- Par contre, fais gaffe: ce mec est terminé premier à l'initiation pour les combats. Un vrai pro.

- OK.

À la cafétéria, je prétexte un mal de ventre pour m'éclipser plus tôt que les autres. Je passe en vitesse au dortoir où je mets des vêtements propres puis je monte dans les escaliers quand une voix que j'ai déjà entendue m'interpelle:

- Juliet?

- Oui?

Je me retourne et je vois Theo, adossé au mur, un sourire relevant les coins de sa bouche en me voyant, surprise.

- Je suis impressionné. Tu me connais depuis quelques heures et tu sais déjà où j'habite. Remarquable.

- Tu m'as dit de venir à ton studio. J'allais pas toquer à toutes les portes. On va dire que j'ai mes sources.

- Et on va dire que tu ne perds pas ton temps. C'est qui, cette fameuse source?

- Secret. Si je te le dis, je suis sûre qu'il ou elle aura des problèmes. Tu vas aller l'engueuler et lui mettre deux ou trois coups bien placés. Je ne doute pas de tes capacités physiques.

- Ah bon? Tu es sûre que je sais parfaitement me battre?

- Oui. Pour terminer la phase de combats premier, tu es fort.

- Comment tu le sais?

- Ma source est bien renseignée.

- On va monter et s'expliquer.

S'expliquer? J'ai un peu peur. Qu'ai-je dit de trop? Peut-être qu'il ne veut pas que j'en sache autant sur lui... Je me résigne à monter avec lui. Il ouvre la porte et me fait signe d'entrer. Il me donne une chaise et s'installe sur son lit. Il me fixe dans les yeux. Ses yeux sont d'un noir profond, intensément noirs. Je soutiens mon regard, jusqu'au moment où il brise le silence:

- Tu sais, à l'initiation, je savais comment m'y prendre. Je suis un natif, donc j'assistais aux entraînements depuis mes 6 ou 7 ans. Les discours des instructeurs sont restés ancrés dans ma tête, et le plus important selon eux, c'est de ne pas démolir les faibles. C'est de la lâcheté.

- Donc Chris est un lâche.

- Je suis vos entraînements et je t'assure que oui. Il t'a jetée par terre et écrasée. C'est de la lâcheté.

- Merci.

- D'ailleurs, comment ça va? Je veux dire, tes côtes?

- Il m'en a fêlé deux. Et je dois combattre demain, enfin, sauf si je n'ai pas d'adversaire, ce qui m'étonnerait.

- Qui est ton instructeur?

- Teddy.

- OK. Tu ne combattras pas demain.

- Comment tu peux faire ça?

- Je connais bien Teddy. Je vais m'arranger avec lui.

- Merci.

Là, Theo prend mes poignets et m'attire vers lui. Je m'installe à côté de lui, sur le lit. Il passe son bras autour de mes épaules. Un peu surprise, je me crispe – chez les Sincères, on est pas très affectueux, entre potes on s'engueule – puis je me détends.

J'ai l'impression qu'il a senti ma crispation, à voir son air contrarié. Puis il sourit et murmure:

- Merde, pourtant t'es pas une Pète-sec.

- Chez les Sincères, entre potes, on s'engueule.

- Eh bien ici, des mecs qui vont te passer le bras autour des épaules, y en aura des centaines.

- Et ça veut dire quoi?

- Soit vous êtes amis, soit le mec en veut plus. Généralement, c'est la première.

- Tu m'en apprends des choses... Et toi, c'est laquelle?

- Je ne te dis pas. Concernant le fait de t'apprendre des choses, je préfère t'en apprendre à toi qu'à des filles sans intérêt.

- C'était censé être un compliment?

- J'avoue que oui. Tu as de l'intérêt à mes yeux.

- Ravie de l'apprendre.

- En plus, tu es belle.

- Arrête d'exagérer, par contre. Je ne suis pas moche, mais pas belle non plus. J'ai pas de formes, mon nez est trop long, et...

- Moi, je te trouve belle.

- Oui, enfin bon, on a quatre ans d'écart. C'est quand même énorme.

- J'ai jamais dit que je voulais sortir avec toi. Complimenter ne veut pas dire draguer.

Je reçois ces paroles comme un couteau dans le dos. Je croyais qu'il s'intéressait vraiment à moi.

- D'accord.

- Je te sens vexée.

- Je croyais juste que tu t'intéressais vraiment à moi. Là, je me dis que tu joues avec moi, c'est tout.

- Je préfère prendre mon temps. Tu veux que je te sorte la déclaration maintenant?

Je perçois de la colère dans sa voix. Je ne sais pas. Je l'aime ou pas?

- Je ne sais pas.

- Juliet, je suis pas un Sincère. Je déballe pas tous mes sentiments tout de suite. Je peux juste te dire de te préparer à une surprise demain. Une vengeance.

Intriguée, j'ouvre la bouche pour parler, mais il met deux doigts sur ma bouche. Je la ferme, puis je me lève pour rentrer au dortoir. Déjà 21 heures 15. 

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