Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 1 : Le Dictateur [Partie 1]

4972 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:50

Des morceaux d'écorce brûlée recouvraient ci et là les cadavres encore chauds, parfois même encore vivants, qui reposaient sur le sol. On voyait aussi, sur ces corps et autours de ceux-ci, en plus des taches rouges de sang, une poudre noire, qui faisait comme un tapis de grains obscurs sur le sol à certains endroits. Parfois, la terre était tapissée de feuilles brûlées toutes aussi noires, d'arbres calcinés, de vêtements arrachés... Dans les dizaines de corps que l'on pouvait trouver dans la forêt, il y en avait bien quelques un qui bougeaient encore, ou qui vivaient. L'un d'entre eux était isolé, seul au milieu de compagnons morts. Quelques hommes, une femme... Et lui, au milieu, couché sur le ventre, le visage couvert de sang, la barbe recouverte de boue, il levait la tête. Ses yeux envoyaient à son cerveau une image trouble de ce qu'il y avait autour, et l'atmosphère brulante des environs n'arrangeait pas les choses.

Toutes ses sensations étaient brouillées. Il sentait comme des dizaines de lames sous son ventre, un goût de terre mouillée se faisait sentir sur sa langue, et les odeurs de sueur et de brûlé se mêlaient en un étrange assortiment dans son nez. Mais malgré toutes ces sensations qui l'assaillaient, il entendait parfaitement un étrange bruit. Comme un grincement métallique indéfinissable. Et alors que ce bruit lui emplissait les oreilles, quelque chose de bleu semblait apparaître à une dizaine de mètres devant lui. Quelque chose de grand, de rectangulaire, et de bleu. Mais la chose n'apparaissait pas, elle clignotait. Le blessé commença à hurler quelque chose, comme un appel à l'aide, mais les mots qui sortirent furent un simple amas de sons. La chose face à lui apparut alors totalement, arrêta de clignoter, et le bruit cessa. L'homme tendit sa main ensanglanté devant lui, et criait à l'aide dans sa tête. Et alors que l'espoir naissait en lui, sa vue se troubla, et la cabine bleue qui était apparue ne devint plus qu'une tache, bleue puis grise, alors qu'un bruit de porte parvenait à peine jusqu'à ses oreilles. Et la dernière chose qu'il entendit avant de s'évanouir fut le cri terrifié d'une jeune fille.

 

LE DICTATEUR

PARTIE 1

[http://img15.hostingpics.net/pics/992054LeDictateur1.jpg]

 

Le jeune homme était assis sur un lit confortable, et buvait dans une tasse en métal que lui avait tendu le Docteur. Celui-ci n'avait pas encore changé de vêtement depuis sa régénération, et se sentait un peu à l'étroit dedans... Mais ce n'était pas son premier souci. À vrai dire c'était son troisième. Le premier étant de savoir pourquoi la forêt dans laquelle avait atterrit le TARDIS était pleine de cadavres, le deuxième étant de comprendre pourquoi son vaisseau s'était écrasé (ou du moins, matérialisé). À coté de lui, la jeune Clara, encore toute chamboulée par l'horreur qu'elle avait vue une demi-heure plus tôt, regardait le "patient" du Docteur avec un air de pitié et de tristesse profonde. Lorsqu'il eut terminé le breuvage qu'on lui avait concocté, l'homme barbu lâcha un léger remerciement, et tendit la tasse à la jeune fille, qui la prit dans ses mains et la posa sur une étagère en métal incorporée dans l'un des murs de la pièce. Ladite pièce n'était pas très grande, moins grande qu'une chambre, alors qu'elle en était une. La décoration était austère, voire inexistante, selon les points de vues. Les murs étaient de métal nu. Le lit sur lequel était assis le blessé était en face de la porte qui menait à un couloir, perpendiculaire à celui-ci, et accolé au mur opposé à l'ouverture. Il s'agissait du mur de la longueur de la pièce, d'environ 5 mètres. La largeur, quant à elle, n'arrivait même pas à 3 mètres. De quoi faire naitre un bon sentiment d'oppression. Cependant, le blessé ne s'inquiétait pas trop de cette atmosphère, et détaillait plutôt ses deux guérisseurs providentiels.

 

« Qui êtes-vous? demanda-t-il finalement.

- Le Docteur, et elle, c'est Clara.

- Le Docteur? Docteur Qu...

- Le Docteur, j'ai dit! coupa le Seigneur du Temps. La question, c'est de savoir qui vous êtes.

- Moi?

- Oui, et surtout pourquoi il y avait tout ces cadavres dehors.

- On ne vient pas d'ici, donc on ne sait rien sur ce qui se passe chez vous, expliqua Clara, pour que la discussion avance plus vite. Alors, vous êtes qui? demanda-t-elle avec un sourire un peu forcé.

- Orso. Je m'appelle Orso.

- Bon ben... Bonjour Orso, lança joyeusement la jeune fille.

 

Le Docteur se tourna brusquement vers elle en lui lançant un regard noir.

 

- Vous croyez qu'on peut amener la rigolade alors que ce... Orso a été blessé dans une bataille sanguinaire?

- Oh, vous savez, faut bien un peu de joie lorsqu'on est blessé, murmura l'homme.

- D'ailleurs, pourquoi tout ces morts? demanda le Docteur en se retournant vers le blessé.

- Vous l'avez dit, il y a eu une bataille. Enfin, ça ressemblait plus à une partie de chasse, et on était le gibier. Ou plutôt à un jeu de tir. Et on était les cibles. Bombardés par des obusiers de nouvelle génération: la poudre noire, dehors, c'était des trainées de flammes avant de tomber à terre.

- Un... bombardement? murmura, effarée, Clara.

 

Elle recula lentement. Non pas qu'elle avait peur d'Orso, mais ses paroles lui glaçaient le sang. Bien entendu, elle avait vu des choses horribles, elle avait des souvenirs confus de toute la vie du Docteur, elle avait cru qu'elle allait assister à un double génocide...etc. Mais les horreurs restent des horreurs.

 

- Ils nous ont attaqués alors qu'on fuyait les villages qu'on avait réussi à reprendre.

- Qui ça, "ils"? demanda le Docteur avec insistance.

- Prog. Honorius Prog, le président de la planète. Cela fait quarante-sept ans qu'il est là: il a réuni toute la planète en une seule nation, et a rassemblé toute nos colonies dans le système solaire. Unificateur du monde. Sauf qu'il a aussi détruit une bonne partie des libertés qui nous restaient. Une énorme dictature s'est mise en place. Il est allé jusqu'à renommer la planète. Avant, on l'appelait Qator, parce qu'elle est la quatrième en partant de la plus proche de notre soleil. Maintenant elle a le nom de son nouveau maître. Progus.

- Et vous êtes une sorte de rebelle, c'est ça? comprit peu à peu Clara.

- Oui, c'est ça. On avait réussi à attaquer et à prendre le contrôle des principaux villages du coin. On avait besoin de ressources, de nourritures. Les habitants étaient contents de nous aider. Mais les soldats sont arrivés, ils ont tiré dans le tas, alors on est parti, on a couru avec ce qu'on pouvait, pour qu'ils ne tuent pas d'innocents. Ils ont sûrement décidé de rester dans les villages pour calmer la population, et ont demandé un appui de l'artillerie la plus proche. C'est ce qu'on a tous pensé une fois que les premiers obus incendiaires nous sont tombés dessus.

- C'est... C'est horrible! Docteur, vous avez entendu? C'est...

- Oui, bien sûr que c'est horrible, mais maintenant qu'on a soigné ce cher Orso, on va pouvoir le déposer quelque part et s'en aller. Enfin, j'espère... On deviendrait bien une partie des évènements en faisant ça.

 

Clara regarda le Docteur avec un air interloqué. Il commençait à avoir des idées étranges, et surtout, un vocabulaire temporel.

 

- Vous n'étiez pas sensé avoir oublié des trucs sur le TARDIS?

- Traumatisme post-régénération assez courant. Tout m'est revenu il y a quelques secondes. Donc on va pouvoir...

- Eh! Non! On va pas les abandonner comme ça! cria le rebelle. J'ai survécu, donc d'autres aussi, non? C'est une possibilité, pas vrai?

- Je ne connais pas ces "obus incendiaires", donc je ne peux pas vous dire si...

- Taisez-vous donc, Docteur, et aidez-nous! Vous m'avez sauvé non? Alors sauvez les autres! »

 

Le regard d'Orso était à la fois implorant et autoritaire, et croisait celui totalement impassible du Seigneur du Temps. Après quelques secondes, pendant lesquelles Clara s'inquiétait véritablement de la décision qu'il allait prendre, le Docteur opina furtivement de la tête. Il allait aider.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Dans la capitale de Progus, au milieu de la grande cité moderne remplie de gratte-ciels lisses et arrondis, que les contemporains de Clara auraient qualifié de presque futuristes, le cœur historique et politique de la planète faisait un énorme contraste. On appelait ce "quartier" le Théoïcole. Il était placé sur une colline à moitié artificielle, qu'on n'apercevait désormais plus, et surplombait tout le centre de la cité, puisque les grandes tours étaient situées en périphérie. Tous les bâtiments du Théoïcole étaient anciens, ou de style ancien, faits de pierre, comme ces bâtiments terriens qui abritaient les grands gouvernements européens. Cet espèce de forum à l'architecture suspendue dans le temps abritait de nombreux ministères, cabinets et autres organismes d'État, et au milieu du complexe, ouvrant sur une grande place vide et interdite au public, il y avait le Palais Présidentiel.

Cette grande bâtisse s'étendait sur toute la longueur de la place centrale du Théoïcole, et même plus, ce qui permettait d'atteindre cent vingt mètres de long, puis s'étendait en arrière sur deux ailes d'une cinquantaine de mètres de longueurs chacune. Celles-ci entouraient un grand jardin intérieur, composé de fontaines, de bancs, de petits labyrinthes, d'arbres parfaitement taillés et de fleurs plus belles les unes que les autres. Le palais était taillé parfaitement, au millimètre prêt, et orné de sculpture, de gargouilles et d'autres morceaux de pierres transformés en œuvre d'art. Les fenêtres étaient cadrées à la perfection, faîtes d'un verre teinté qui donnait une illusion de transparence, et d'un bois parfaitement poli. Derrière le palais, les jardins étaient refermés par un autre bâtiment, carré et totalement plein, qui abritait les autorités militaires du système.

 

Au deuxième étage du palais établi sur quatre niveaux (un rez-de-chaussé et trois nivaux supérieurs), le président Prog s'entretenait avec des officiers et des scientifiques dans une salle de communication étonnamment moderne par rapport à l'image que donnait le bâtiment. Le dictateur, sur un fauteuil de style ancien, pianotait sur un clavier, et faisait face à plusieurs écrans sur lesquels il apercevait les visages parfois presque apeurés de ceux avec qui ils discutaient. En même temps, le président en imposait. Son visage arrondi entouré d'une barbe blanche, sa moustache qui tirait sur le gris et son imposant front dégarni renvoyaient l'image d'un homme sage. Son regard autoritaire et presque furieux le transformait en sage en colère. Une sorte de dieu vivant. Et il s'arrangeait pour que cette image de lui soit véhiculée un peu partout.

 

« Qu'entendez-vous par "fluctuations"? demandait-il en détachant toutes les syllabes de la phrase.

- Et bien... C'est quand ça... fluctue, votre Souveraineté, tenta de répondre un scientifique habillé en jaune.

- Je sais cela, pauvre idiot! Il y a toujours des fluctuations, non? Pourquoi me prévenir, moi, cette fois ci?

- Et bien oui, oui, vous avez raison, votre Souveraineté! Votre connaissance en la matière vous honore! tenta de rattraper le scientifique. Le vortex, en effet, n'est pas stable, et il y a toujours des fluctuations. Cependant, dans ce cas-ci...

- Taisez-vous! coupa Prog. Krumman! Vous au moins, vous savez être clair et précis, alors dîtes-moi tout, finit-il en tournant sa tête vers un autre écran.

- Votre Souveraineté, il y a environ une demi-heure, les fluctuations dans le vortex ont atteint des sommets. Certains de nos appareils d'analyse, les plus précis, ont même été endommagés par ces fluctuations. Nos appareils de récolte ont vu leur rendement passer de 0,007% à environ 2,5%, ce qui est un bond énorme.

- Mais c'est une très bonne nouvelle!

- De plus, les récoltes nous ont permis de découvrir des échantillons différents de ce que nous avions jusque-là découvert.

- Encore plus intéressant, Krumman. Je suis heureux d'apprendre cela, même si nous ne dirigeons pas les recherches. J'espère que les échantillons sont transportables...

- Le problème, votre Souveraineté, c'est que tout ceci est impossible! coupa un autre scientifique. Les fluctuations naturelles du vortex sont beaucoup moins importantes. Selon nos appareils d'analyses, quelque chose a voyagé à travers le vortex, et aurait vraisemblablement atterri sur Progus.

 

Le visage du président perdit immédiatement le sourire qu'il arborait en entendant les nouvelles. Peu de choses pouvaient traverser un vortex, encore moins pouvaient créer des fluctuations. Et la liste se réduisait encore plus lorsqu'on souhaitait sortir du vortex. Ce quelque chose avait induit une certaine crainte dans l'esprit de Prog. Mais cette crainte se transforma en une vive curiosité en quelques secondes.

 

- Atterri, dîtes-vous? Comment-cela?

- Et bien... commença le scientifique en jaune.

- Vous, j'ai dit que vous ne me parliez plus! coupa immédiatement le dictateur en coupant la communication avec ce scientifique. Krumman, expliquez.

- Une faille a été découverte dans le vortex. Une faille non-dangereuse, de quelques secondes. Suffisantes pour que quelque chose y passe. Les fluctuations sont repassées à la normale juste après.

- Il est donc logique d'imaginer que quelque chose a atterri sur la planète, en effet. Où cela, selon vous?

- La faille se trouvait dans une forêt du 8ème quadrant nord, votre Souveraineté. Au sud du village de Lokir

- Oh, intéressant! Je vais devoir vous quitter, je reviens dans quelques instants. »

 

Le dictateur coupa la communication, et appela les autorités militaires du quadrant indiqué directement. Il apprit alors qu'une opération de bombardement par artillerie et de reconquête de villages avait eu lieu moins d'une heure auparavant. Dans la forêt au sud de Lokir. Des hommes armés se trouvaient donc à moins de deux kilomètres au nord de la chose. En recevant un ordre direct du Président en personne, celui-ci pouvait espérer qu'ils allaient faire vite. Leur objectif était clair: isoler et récupérer la chose, et faire un rapport complet le plus rapidement possible.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Dans la forêt, Clara et le Docteur cherchaient quelques survivants au milieu des cadavres. Après dix minutes de recherches, ils avaient réussi à sauver cinq rebelles, grâce, notamment, aux soins légers que pouvait apporter le tournevis sonique du Docteur. Les deux voyageurs temporels étaient assez éloignés l’un de l’autre lorsque les premiers soldats entrèrent dans la forêt. Clara marchait entre les cadavres, et regardait par terre, espérant désespérément le mouvement d’un bras ou d’une jambe. Et c’est lorsqu’elle releva la tête qu’elle aperçut les premiers hommes. Habillés en gris, armés de ce qui ressemblait à des fusils de chasse redesignés pour coller à une atmosphère futuriste. Autant dire que leurs intentions ne lui paraissaient pas très bonnes.

Ainsi, la jeune fille se retourna doucement, leva ses jambes assez haut pour ne pas marcher sur les corps, et tenta de se cacher derrière le tronc coupé et brulé d’un arbre. Elle s’adossa à l’écorce blanche et tiède, et tenta de respirer lentement. Elle avait couru sans même chercher à comprendre pourquoi. Les armes lui avaient fait peur. Mais en y réfléchissant bien, ces hommes armés avaient de grandes chances d’être des soldats du dictateur Prog. Elle fit cette connexion logique dans sa tête juste avant que lesdits soldats la découvrent.

 

« Et, vous, là-bas! Identifiez-vous!

- DOCTEEEEEEUUUUUR!!! »

 

Sa réaction première fut de crier. La seconde fut de courir. Et c’est ce qu’elle fit : courir, courir et courir encore plus. Elle évitait les arbres, elle sautait au dessus des cadavres (qui ne lui posaient alors plus AUCUN problème, si ce n’est qu’elle ne voulait pas trébucher sur l’un d’entre eux), et autour d’elle sifflaient des décharges d’énergies envoyées par les soldats.

 

De son coté, le Docteur leva la tête en entendant le cri de Clara. Au début, il voulut crier pour lui demander ce qu'il se passait, mais son envie passa très vite lorsqu'il entendit les tirs des armes et les explosions des arbres. Il se mit lui-même à courir en direction du TARDIS, et lorsqu'il y arriva, la porte était déjà ouverte. Les blessés qui s'y étaient rendus avaient donc eu la bonne idée de ne pas la fermer. Le seigneur du temps pénétra rapidement à l'intérieur, et se retourna en entendant son nom crié derrière lui.

 

« Clara, dépêchez-vous! On vous tire dessus!

- J'AVAIS REMARQUÉ!!!

 

Une salve d'énergie siffla au-dessus de la tête de la jeune fille, et frappa l'inscription "BOX" qui surplombait la porte ouverte. Clara se retourna pour voir où se trouvaient ses poursuivants, et aperçut alors un des blessés se ruer en claudiquant vers la cabine bleue, alors que les tirs sifflaient autour de lui.

 

- Docteur! Y a un blessé! Il faut...

- Pas le temps! lança le seigneur du temps depuis la console du TARDIS

- Mais on doit l'aider!

 

Elle courut en direction de l'homme qui était couvert de terre et dont les mains, qu'il tendait vers l'avant, étaient parsemées de brins de bois et d'écorces qui s'étaient plantés dans la peau pleine de sang et de sueur. Ses yeux étaient remplis d'espoir, mais son sourire presque heureux rendait son visage pathétique. Clara lui attrapa la main, et fit ainsi rentrer un peu plus profondément quelques morceaux d'écorces et échardes dans sa chair, ce qui lui fit lâcher un gémissement de douleur. Cet homme, tout de boue et de larmes, avait perdu toute sa fierté, se disait-elle. La terre collée à son menton cachait à moitié une barbe qu'il devait parfaitement tailler, d'après ce qu'elle pouvait apercevoir en le tirant et en l'encourageant à avancer. Ses vêtements semblaient être assez bien entretenus, ce qui était difficile à voir étant donné l'état de brûlure et de dégradation dans lequel ils se trouvaient. Mais Clara était presque sûre que cet homme était, en temps normal, un homme droit, qui marche en sachant où il va. Elle ne savait pas pourquoi elle pensait cela, mais elle le pensait. Son voyage dans la vie du Docteur lui avait peut-être laissé quelques leçons.

 

- Allez, venez monsieur! Il faut rentrer là-dedans! On est en danger!

- Mais c'est... La... boîte... C'est plus... grand à l'int... tenta de répondre le blessé. »

 

Il fut coupé au beau milieu de sa phrase. Une salve d'énergie traversa quelques buissons pour achever sa vie en frappant le dos de l'homme. Celui-ci, qui marchait courbé, se cabra d'un coup, atterri sur le sol avec ses genoux et tomba par terre sur le flanc. Sa mort n'était plus qu'une question de seconde.

La scène arracha un cri à Clara, qui se retourna et se mit à courir sans regarder derrière elle. Elle entra dans le Tardis à toute vitesse, et les portes claquèrent automatiquement juste après. Le grincement métallique trancha ensuite l'air, et ce fut le dernier son que le mourant entendit. Ses yeux se tournèrent vers la boite bleue qui disparaissait, et, incrédule, il lâcha son dernier soupir.

 

Dans le TARDIS, le Docteur tournait autour de la console, et prononçait des noms techniques en pointant du doigt certains écrans, boutons et autres leviers.

 

« Mode Voltige... Tiens, ça c'est le système de... transfert d'énergie? Oui, transfert d'énergie secondaire, et ça c'est... Oh! Clara! Vous êtes là. Vous en avez pris du temps.

 

La jeune fille regardait le Seigneur du Temps avec des yeux humides, et un regard choqué plus que frustré ou en colère. Celui du Docteur était plutôt interrogateur. Il n'avait pas vu la scène à laquelle Clara avait assisté. Cependant, elle ne tenta pas de l'informer de ceci, et tenta d'oublier en commençant une discussion dont le sujet serait différent.

 

- Euh... Où est-ce qu'on va?

- Nulle part! Nous sommes en orbite temporelle! lança le Docteur avec un air "fier de lui" qui dérangeait presque la jeune fille.

- En quoi??

- Laissez-moi vous expliquer. Un jour, vous m'avez demandé de quoi était fait le temps.

- Fraises... Framboises, je sais plus.

- Oui, c'est ça. Enfin non, pas du tout! Je vous avait dit que ce n'était pas... Enfin bref! Dans tous les cas, nous sommes tous les deux d'accord que même si le temps est une sorte de méli-mélo.. Enfin, même si on voyage dans le temps, celui-ci se déroule. Il a un sens.

- Euh... Oui. C'est... le temps quoi!

- Voilà, vous comprenez vite! Bon, ce sens, dans le vortex, c'est une sorte de courant. Comme dans une rivière. Si je laisse le TARDIS dans le vortex, il va avancer à la vitesse du temps. MAIS, si je le fais avancer vers le passé, mais à la même vitesse que le courant... Que ce passe-t-il?

- Euh... On fait du... du surplace!

- Exactement! C'est ça, l'orbite temporelle: du surplace dans le vortex. On reste au même moment. Si on avait une caméra pour voir dehors, le temps serait figé. Et si je me matérialise, là, et bien je reviendrais exactement au même instant et au même endroit que...

- Oui, j'ai compris le truc, Docteur.

- Oui, bien sûr... Euh... Si vous alliez voir les blessés, ça m'arrangerait, le temps que je me réhabitue un peu aux commandes, et tout le bazar qui va avec.

- Oui, bien sûr... Je... J'y vais. »

 

Et même après cette discussion didactique, Clara Oswald n'avait pas oublié ce qu'elle avait vu, et la peine qu'elle ressentait en y repensant était à peine atténuée. Mais ce qui était le plus douloureux pour elle, c'était le désintérêt total du Docteur pour le sort du pauvre homme. Elle espérait sincèrement qu'il ne s'agissait que d'une conséquence passagère de la régénération.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Une boite bleue? répéta Honorius Prog en détachant chaque syllabe, dans son bureau présidentiel.

- Oui, votre souveraineté, lui répondit-on dans un haut-parleur incrusté dans le meuble.

- Une boite?

- Et bien, pour être honnête, il s'agissait surtout d'un... Ah, je cherche le mot, mais je n'arrive pas à le retrouver.

- Je pense pouvoir vous aider, colonel. La photographie que vous avez ne représente-t-elle pas une cabine?

- Et bien... C'est exact, votre Souveraineté! Votre intelligence et vos connaissances sont dignes de votre personne, et croyez bien que...

- Bien, bien! Faîtes-moi parvenir au plus vite cette photographie de cabine qui disparaît, et rassurez tous vos soldats. Il n'y a rien de surnaturel à cela.

- Votre Souveraineté... Était-ce la chose que nous devions récupérer?

- C'est possible. Maintenant, disposez! »

 

Le président coupa la communication, et se mit à lire plusieurs dossiers affichés sur une plaque de verre qui sortait de son bureau. Une technologie tactile particulièrement intéressante et esthétique. Quelques minutes plus tard, il reçut la photographie. On y voyait une cabine bleue étrange, à moitié transparente, qui lançait une lumière depuis une lanterne posée au sommet de l'étrange objet de bois. Lorsqu'il eut fini de regarder l'image, Prog écrivit un message auquel il joignit le document, et dans lequel il n'écrivit que quelque mots:

 

LE "DOCTEUR" EST SUR PROGUS

 

[http://img15.hostingpics.net/pics/977137LeDictateur1fin.jpg]

Laisser un commentaire ?