Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 22 : Égal [Partie 4]

6511 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:28

Le couloir était peu éclairé, et le métal froid qui en dessinait les murs n'était pas des plus réfléchissant au niveau lumineux. Les trois prisonniers marchaient, encadrés par trois Cybermen. Ils venaient de transmater dans le vaisseau pénitentiaire, et se dirigeaient vers les cellules.

Aucun des cyborgs ne s'était encore aperçu de ce que faisait River Song.

La femme du Docteur croisait les bras, comme pour montrer une certaine frustration face à la situation. Il fallait dire que se faire capturer deux fois en quelques heures à peine, c'était assez énervant. Mais en réalité, elle avait une toute autre raison de croiser ses bras. Car ses bras n'étaient pas totalement croisés... En effet, sa main droite se trouvait juste au-dessus de son poignet gauche, et ses doigts bougeaient discrètement mais rapidement.

Elle pianotait sur son manipulateur de vortex. Discrètement, par à-coups, sans se presser. Il ne fallait pas qu'on la surprenne. Rapidement, le groupe arriva devant une porte de métal protégée par code, et l'un des Cybermen se pencha vers ce qui ressemblait à une sorte de digicode, et commença à composer la combinaison. Alors qu'il se mettait à l'œuvre, la demi-Seigneur du Temps finit son message, et, pour tenter de dissiper tout soupçon, mit ses mains dans son dos. Rester les bras croisés n'était pas forcément très discret, tout compte fait... Elle attendit quelques secondes, puis rechercha furtivement le "bouton d'envoi" sur son manipulateur de vortex, et une fois qu'elle l'eut trouvé, elle n'hésita pas une seule seconde et appuya dessus.

 

Ce qui eut pour effet de lancer un petit bruit de validation de commande, et de confirmation d'envoi du message. Ce genre de "bip" que l'on oublie tant il est banal. Ce genre de son qu'un Cyberman entendrait forcément, surtout s'il était juste à coté de la source du dit son. Ils avaient oublié de lui enlever son outil avant d'arriver, mais bizarrement, l'idée venait de reprendre une petite place dans leurs Cybercerveaux.

Il n'y eut aucun échange de paroles, aucune protestation. Les trois cyborgs se retournèrent vers le groupe et tirèrent chacun une décharge paralysante à l'un des prisonniers. En un éclair, les trois alliés du Docteur étaient à terre, sonnés. Mais rien ne pouvait empêcher le message d'atteindre sa destination...

 

Égal

Partie 4

 

Il était difficile d'expliquer l'état d'esprit des trois seuls humains présents dans la salle du trône. Enfin, des deux seuls humains et de l'unique Seigneur du Temps. Des seuls non-cybermen serait un terme tout aussi utilisable. Mais qu'importait ce qu'ils étaient, c'était ce qu'il pensait qui s'expliquait difficilement.

Le Docteur était sidéré. En partie, du moins. Il était, selon lui, impossible que Night ait survécu à leur dernière rencontre, et encore moins qu'il soit devenu un Cyberman. De leurs cotés, ses compagnons étaient à la fois interloqués, douteux, mais aussi remplis de "reproches" envers le Seigneur du Temps. Pour eux, c'était lui qui avait laissé le chef de l'Infinium en liberté, et le résultat était devant leurs yeux...

 

« Je ne vous crois pas, déclara le Docteur.

- Vraiment?

- Oui. Vous ne pouvez pas être ce "Night". Vous n'êtes qu'un Cyberman parmi tant d'autres, qui a juste réussi mieux que les autres, justement. Loin du principe des "Égaux", d'ailleurs

- Nous reviendrons aux Égaux plus tard, Docteur. Parce qu'il est souhaitable de clarifier plusieurs points. Tout d'abord, rappelez-vous que tous les Cybermen ont été des humains ou autres créatures, un jour.

- Peu importe, vous ne pouvez PAS être cet humain là!

- Et pourquoi, Docteur?

- Parce que... parce que...

 

Le Docteur poussa un soupir en pensant à ses compagnons, derrière lui. Ils ne savaient pas. Il leur avait caché ce qu'il avait fait du criminel. Oh, il n'avait pas beaucoup de remords, non, mais eux ne verraient pas forcément son acte comme lui il le voyait.

 

- Parce que vous êtes censé être mort en 1985, admit le Docteur avec une légère honte.

- QUOI? s'exclama Clara. Mais attendez... la dernière fois qu'on a vu cet homme, à Moscou...

- Au-dessus de Moscou, corrigea le Seigneur du Temps. Dans l'espace.

- Vous l'aviez téléporté, se souvint Jonas. Avec l'Illusionniste. Vous ne les avez pas désintégrés, quand même!?

- Non, pas du tout! J'ai juste... J'ai recherché dans l'historique du téléporteur les coordonnées de l'endroit où ils m'avaient récupéré durant ma chute et...

- Votre chute de la Tour? Vous les avez téléporté à 300 mètres du sol! s'effara Clara.

- Roh, 100 mètres uniquement et...

- Mais c'est un meurtre!

- Jonas, Jonas, Jonas! Vous oubliez qui est Night! Est-ce que je dois vous rappeler qu'il considère l'Univers comme sa possession? Qu'il a soutenu et aidé la Dictature qui a ravagé votre planète, votre vie et votre avenir?

 

Le jeune homme ne répondit pas. Ce que lui disait le Docteur lui rappelait des souvenirs horribles. Les tortures des hommes de Prog, le déchirement avec sa sœur, son jugement par la Résistance... La peine de prison. En y repensant... il pouvait difficilement réprimer lui-même une envie d'étrangler Night de ses propres mains, s'il avait été là. Du moins, en chair et en os.

 

- Mais l'Univers revient, de facto, à l'Infinium, Docteur. Et donc, à moi.

- Ah mais c'est vrai, ça! lança le Docteur en se frappant comiquement le front comme s'il se souvenait de quelque chose. L'univers est peuplé de fous, d'idéalistes, et de politiciens qui ne méritent rien, alors que vous, du moins, Night et l'Infinium, méritez tout, non?

- Il est plus rigoureux de préciser ce que vous dîtes, Docteur: l'Univers tout entier est peuplé de brutes, d'idiots purs, de fous à lier, de malades mentaux, d'imbéciles heureux, de dépressifs suicidaires, de démagogues modèles et d'idéalistes simplets.

- Euh... hoqueta le Seigneur du Temps, totalement pris au dépourvu. Vous...

- Il semble que ceci soit une preuve suffisante. Je suis celui que vous avez connu sous le nom de M. Night.

- Bon, peut-être... admit Jonas, devançant le Docteur. Mais comment? Comment avez-vous survécu, si vous étiez en train de tomber?

- Vous avez dernièrement utilisé des manipulateurs de vortex, je le sais. Et bien, j'ai fait la même chose. Je portais sur moi un appareil plus discret, pas au poignet, mais aussi moins performant. Dès que j'ai compris ce qui se passait, dès que j'ai vu le sol se rapprocher, j'ai activé la téléportation d'urgence. En direction de cette galaxie, Brinkner, quelques décennies avant la date à laquelle nous sommes.

- Oh, mais laissez-moi deviner... Il y a eu un problème, n'est-ce pas? proposa le Seigneur du Temps.

- Oui. Pour aller d'un point à un autre dans l'espace-temps, il faut connaître le point de départ, et le point d'arrivée. Le manipulateur était moins performant que ceux que vous avez utilisé, Docteur, je l'ai compris grâce à nos scans du vortex que nous avons fait tout au long de vos escapades sur Rémox. Étant moins performant, cet appareil n'avait pas eu le temps de mettre à jour sa position: j'avais été téléporté presque immédiatement avant de l'avoir activé, il était donc en train d'actualiser ses données et de calculer, rapidement mais pas assez, sa position. Sans compter que j'étais en train de tomber à toute vitesse. L'appareil a marché, mais plusieurs dysfonctionnements ont eu lieu. Je n'ai pas réussi à atterrir au bon endroit, ni au bon moment: perdant de l'énergie, je suis apparu dans le point viable le plus proche spatio-temporellement de ma position dans le vortex lorsque le manipulateur s'est trouvé en état critique.

- Plusieurs décennies en avance, n'est-ce pas? Il y a un siècle.

- Plus d'un siècle, en réalité. Ma campagne de désinformation a plutôt réussi, on dirait. Les gens pensent à une montée fulgurante de ma part, moins de 100 ans pour conquérir plusieurs galaxies, dont celle-ci en totalité. Pour dire vrai, cela fait presque 200 ans que je suis arrivé ici. Pas ici, en réalité, mais sur une planète primitive, à près de 60 parsecs de ma destination, une base de l'Infinium. Et j'ai atterri au beau milieu d'un raid de Cybermen. Ce qui m'a été bien utile.

- Attendez... coupa Clara. Mais pourquoi avoir fait ça? Une cyberconversion, je veux dire.

- S'il a atterri dans un champ de bataille, ce n'est pas surprenant qu'il se soit fait capturé, surtout si la seul alternative possible était la mort.

- En réalité, Docteur, cela m'arrangeait beaucoup. En effet, le voyage dans le vortex était loin d'être sécurisé suite aux dysfonctionnements du manipulateur. La matérialisation fut encore pire. Lorsque j'ai repris conscience, j'ai compris qu'il me manquait plusieurs organes, parfois déchirés en morceaux, parfois coupés en deux, l'une des parties étant restée dans le vortex. Il me manquait un œil, et parfois des couches de peau ou de muscles avaient disparu, de manière plus ou moins aléatoire.

 

Le dégoût qui s'affichait sur les visages des trois voyageurs temporels était flagrant... L'état de Night le rendait digne de pitié pour les deux humains. Mais pas pour le Seigneur du Temps

 

- La cyberconversion était la seule façon de survivre. Une fois accomplie, j'ai pris conscience de la puissance que j'avais alors acquise. Imaginez: mon cerveau largement au-dessus de la moyenne, stimulé par l'armure, devenant un Cybercerveau encore plus puissant que les autres, mais tout aussi dénué de sentiments et d'émotions. Aucune pitié, aucun problème d'éthique. J'étais devenu le scientifique parfait, et ma forte personnalité me permettait de garder une forme de conscience de mon ambition et de mon rôle réel: la prise de contrôle de l'Univers. Et cette nouvelle "forme", ce nouvel avenir que j'avais devant moi n'était pas un obstacle à mes objectifs, loin de là. Il s'agissait de ce que l'on peut appeler une chance.

- Oh, je commence à comprendre... marmonnait le Docteur. Vous avez commencé à prendre le pouvoir chez les Cybermen, n'est-ce pas? Vous êtes un bon stratège pour ce genre de chose, et vous avez du utiliser tout ce restant de ruse que vous possédiez pour vous faire une place et combattre des Cybermen totalement refroidis par une implacable logique, logique que vous possédiez sans pour autant y être totalement limité. Et dans cette conquête d'une galaxie en partie contrôlée par l'Infinium, vous avez combattu vos anciens hommes.- Exactement. Et je les ai convertis. J'ai désormais sous mes ordres des centaines de cerveaux des meilleurs scientifiques de l'univers, dénués de tout sentiments et émotions, pouvant mener des expériences sans se soucier des conséquences éthiques ou même des dangers mortels pour un être de chair, de certaines expériences. L'Infinium est poussé à son potentiel maximal ou presque, Docteur. Les Cybermen m'ont offert sans le savoir une incroyable opportunité que j'ai su saisir.

- Vous avez génétiquement crée les Rémoxains, n'est-ce pas?

- Comment ça, génétiquement, Docteur? s'étonna Jonas. Crucien et Élémohn sont humains, non?

- Non.

- En effet. Ce sont des mutants, créés génétiquement dans nos laboratoires, par des anciens membres de l'Infinium, convertis, bien entendu. Notre technologie temporelle est assez grande pour nous permettre d'envoyer le "nécessaire" quelques siècles en arrière sur plusieurs centaines de planètes pour que nos espèces s'y développent.

- Mais pourquoi? hoqueta Clara.

- Parce que leurs corps et leurs cerveaux ont été créés à partir d'un modèle d'armure de Cyberman: nous n'avons donc pas à adapter la conversion à l'espèce dominante. Nous avons adapté l'espèce à la conversion. Et aussi parce que cela est nécessaire à l'accomplissement de ce que j'appellerais, bien que ce soit peu original, mon plan.

- Je sens que çà ne va pas nous plaire... soupira le Docteur. D'ailleurs, pourquoi vous nous expliquez ça, vous? Pourquoi nous épargner?

- Je vous veux vivant tout les trois. Vous pouvez ainsi vous rendre compte des conséquences de vos actes, qui m'ont amené à cette puissance. De plus, l'Univers, que vous avez si vaillamment défendu, Docteur, va bientôt... changer. Je souhaite que vous soyez là pour voir cela. De plus, il me semble logique de vouloir exercer ce que l'on pourrait appeler une vengeance.

- Vous n'avez pas de sentiments et d'émotions, comment voulez-vous avoir une envie de vengeance? s'étonna Clara.

- Une logique de vengeance, mademoiselle. Il faut écouter quand on vous parle. Je ne ressens aucune envie de vengeance, je ne ressens rien. Mais la vengeance est une logique: le Docteur a anéanti mon ancien corps, a failli détruire mon organisation.

- Si vous n'aviez pas tenté de vous téléporter, on n'en serait pas là, vous savez... Et en quoi aurais-je failli détruire l'Infinium?

- Moi mort ou disparu, mon organisation avait peu de chances de survivre. Cependant, je suis arrivé plusieurs dizaines d'années avant la date prévue, qui elle-même se trouvait quelques mois après ma dernière visite dans Brinkner: il fallait éviter que je rencontre une version passée de moi-même, pour empêcher tout paradoxe. Arrivant donc avec cette avance considérable, j'ai pu monter mon empire alors que dans mon passé, au même moment, je dirigeais l'Infinium. J'ai fait en sorte d'attendre qu'il n'y ait plus aucune présence de ce "moi de mon passé" pour pouvoir passer à l'action, et l'Infinium n'a pas eu le temps de s'écrouler, puisque je l'ai alors repris en main et profondément modifié. Et par la même occasion, nous sommes allés conquérir quelques galaxies aux alentours: aucune civilisation n'était assez évoluée pour affronter des Cybermen, encore moins quand ceux-ci avaient l'appui de l'Infinium en matière d'armement et d'innovation scientifique et technique.

- Bon, au-delà de vos explications, là, dîtes-nous plutôt comment vous voulez vous venger! coupa Jonas. Vous allez nous torturer? Nous tuer?

- Je vais vous torturer, dans un sens. Mais bien au-delà de la torture physique classique. Non, cela sera quelque chose de bien différent. Voyez-vous, Docteur, vous allez très bientôt assister à l'accomplissement de ce "plan". Une opération titanesque. Comme vous le savez, l'Univers appartient à l'Infinium, de facto. Et j'ai décidé qu'il devait lui appartenir à 100%. Plutôt que le conquérir difficilement en plusieurs siècles voire millénaires, j'ai pris la décision de m'occuper de TOUS les possibles problèmes en une seule opération rapide. Disons que nous allons faire d'une pierre 781 415 813 258 994 100 049 750 coups. Selon une estimation rapide possédant une très large marge d'erreur par excès.

- D'une pierre, beaucoup de coups, on va dire... Mais attendez...

 

Le Docteur avait un visage blême, d'une pâleur neigeuse. Monsieur Night préparait quelque chose de grand. Très grand. Et le Docteur sentait que c'était terrifiant. Très, très, terrifiant.

 

- Qu'allez-vous faire? demanda le Seigneur du Temps, avec un ton angoissé.

- Nous allons anéantir toute formes de vie dans l'Univers, Docteur. Sauf nos humains mutants et nos Cybermen, bien entendu.

- QUOI? s'étouffa Jonas. Mais vous êtes complètement timbré!

- Comment allez-vous faire ça? coupa le Docteur en restant le plus neutre possible, cachant le début de colère qui naissait en lui.

- Les Ondes Delta possèdent des effets vraiment très intéressants, voyez-vous? Grâce à un réglage extrêmement précis, elles iront vriller le cerveau de chaque être vivant de cet univers, sauf MES humains mutants et MES Cybermen.

- Mais c'est impossible, ne serait-ce que physiquement: il est impossible d'envoyer des ondes dans tout l'Univers et...

- Bien sûr que si, Docteur. Les Seigneurs du Temps l'ont bien fait, eux, depuis Trenzalore. Oui, je suis au courant, j'ai accès à de nombreuses bases de données Cybermen, étant à la tête de la plus puissante de leurs factions. De plus, nous avons assez d'énergie pour envoyer les ondes loin, et nous avons changé les orbites de nombreux systèmes solaires pour faire de cette galaxie un énorme amplificateur, qui enverra notre arme partout. Absolument partout. Et il ne restera plus que les androïdes et autres robots, qui ne sont qu'une infime minorité à pouvoir combattre mes armées, étant donné les compétences et l'autonomie que cela demande.

- Mais pourquoi?? Pourquoi faire ça??? rugissait le Docteur.

- Parce que cet univers est à nous, Docteur. Il aurait pu aussi être le vôtre, mais je sens qu'il est inutile de vous le proposer. Aussi sombre que vous soyez par rapport à la réputation que l'on a fait de vous, vous refuseriez.

- Bien entendu! Vous allez détruire l'Univers, espèce de fou!

- Non, juste le... "purger", le lisser, enlever tout ce qui me gêne, pour ensuite le repeupler et le contrôler totalement. Les Rémoxains et tous les autres mutants placés dans des centaines de planètes pensent que nous, les Cybermen, sommes les Égaux, les créatures divines. L'univers tout entier serait peuplé par des créatures ayant la plus grande peur et le plus grand respect pour mes armées. Mes Cybermen eux-mêmes pensent être des Égaux, mais je reste à leur tête. Ils seront les Dieux de cet univers. Et je serai leur maître.

 

Le Docteur poussa un soupir, et secoua la tête. Le Cyberempereur, ou quelque fut son nom, le désespérait au plus haut point.

 

- Vous allez détruire l'Univers, pour satisfaire un égo si démesuré que même une Cyberconversion ne peut pas l'étouffer.

- Je ne vais pas le détruire. Je vais le transform...

- VOUS ALLEZ LE DÉTRUIRE!

 

Jonas et Clara regardaient le Seigneur du Temps avec une expression craintive. La fureur du Seigneur du Temps. Cela n'augurait rien de bon...

 

- L'Univers, ce n'est pas que des trillons de boules de flammes, des billions de rochers qui tourne autour, des millions de galaxies... continua-t-il calmement. C'est bien plus. L'Univers, c'est aussi des hommes, des femmes, des enfants... Des Draconiens, des Humains, des Rémoxains, des Zygons et d'autres. L'univers, c'est un couple qui est en train de se marier sur Rastan VI, des enfants qui joue à cache-cache sur Terre, une meute de luzors qui chasse dans les forêts de Proxtor, des femmes qui protègent leur flammes sur Karn, des cyclistes qui se font la course sur la colonie Kronas, des scientifiques qui mettent au point les nouveaux réacteurs du Freelon 3000 dans les laboratoires de Kolkrohn. L'Univers c'est un garçon qui mange un bonbon sur Peladon. Un garçon qui n'en mangera plus jamais. L'Univers c'est une jeune Fomal de 15 ans sur Rolonas qui va à son premier entretien d'embauche. Et qui n'aura jamais son emploi. C'est un jeune homme qui vient d'acheter un cadeau pour son amoureuse ou son amoureux. Et qui ne le lui donnera jamais. Comme la meute ne mangera pas la proie ce soir, tout comme le couple ne s'embrassera pas, tout comme l'enfant ne trouvera jamais ceux qui se sont cachés... Tout comme personne ne gagnera ce sprint sur Kronas. La sororité ne veillera plus sur la flamme. Le Freelon n'aura jamais de nouveaux réacteurs... L'Univers ne sera plus jamais le même. Et il en mourra.

 

Il n'y avait plus un bruit dans la salle du trône. Le silence s'était abattu. Jonas regardait le Docteur avec un mélange de respect, de surprise et presque aussi de compassion.

 

- Docteur. Cet univers... Il revient à l'Infinium. Il me revient. Je n'ai que faire de vos états d'âmes. Je suis désormais un Cyberman. Votre rhétorique, aussi persuasive soit-elle, ne servira à rien.

- Vous comprenez, je suppose, que je ne peux pas vous laisser faire ça, non?

- Tout comme vous comprenez que vous ne pouvez rien contre moi.

- Défi accepté, acheva sombrement le Docteur. »

 

Il glissa une main dans une de ses poches. Il en ressortit quelque chose, mais même avec toute la précision de ses appareils oculaires, le Cyberempereur n'eut pas le temps de voir de quoi il s'agissait, bien qu'il le devina. Car le Seigneur du Temps attrapa ses deux compagnons violemment pour les plaquer à lui, tandis que sa main fermée contenant quelque chose semblait s'illuminer en orange. Et les trois voyageurs temporels disparurent en un éclair, remplacés par une cabine.

Une cabine téléphonique bleue.

Les Cybermen venaient d'apprendre qu'il fallait mieux fouiller un Seigneur du Temps avant de le présenter à leur empereur. Et que même une clef dans une poche pouvait s'avérer utile pour le Docteur.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Je commence à en avoir marre des cellules de prisonniers... soupira River.

- Ah? C'est si courant dans votre vie? demanda Jack. Pour moi aussi, en même temps, mais sûrement pour des raisons bien, bien différentes des vôtres.

- Capitaine, vous semblez avoir une vie trépidante! remarqua la jeune femme en riant. Mais bon, vous voyez, moi et la prison, c'était une union libre: je pouvais aller où je voulais le jour, mais je devais rentrer pour la nuit. Enfin, c'était plus le contraire.

- Tenez, le Docteur m'a appris que vous étiez mariés, vous deux. C'est vrai?

- Oh, oui, mais vous savez, je bouge beaucoup, et lui aussi. J'espère que vous n'y avez pas touché, Capitaine Harkness!

- Roh, voyons, moi, faire la moindre avance au Docteur? Vous me connaissez mal, River. Je peux vous appeler River, n'est-ce pas?

- Bien sûr, mais alors je vous appelle Jack.

- Marché conclu! accepta Jack en serrant la main de l'épouse du Seigneur du Temps.

 

River s'assit sur le banc métallique de la maigre cellule rectangulaire qui devait bien faire quatre mètres de large sur une dizaine de long. Le mur de barreau était ici un mur en verre. Enfin, le mot verre est un bien grand mot: c'était un matériau transparent de presque un mètre d'épaisseur. Ce Jack Harkness était un séducteur né, un dragueur de première, elle l'avait bien compris. Élémohn aussi, mais lui, il s'en fichait. Même les flirts du Capitaine ne le faisaient pas sourire. Il était assis sur le banc depuis son arrivée dans la cellule, et n'avait pas bougé. Était-il triste? Non, le sentiment qui l'habitait était bien plus horrible et profond. Une désillusion totale. Son visage, ces yeux, étaient vides de sens et de vie. On aurait dit un mort qui se tenait droit, quoiqu'il était en réalité vouté.

River s'approcha de lui... Elle aurait du tenter de lui parler un peu plus tôt mais Harkness l'avait accaparé. Elle s'assit donc à ses cotés, et tenta d'engager la conversation.

 

- Dîtes, Élémohn... Il y a quelque chose qui ne va pas?

 

Le Rémoxain soupira quelques secondes, puis regarda la jeune femme d'un regard triste.

 

- Mon propriétaire est mort, je vais devenir l'esclave de son fils, quand il héritera, ce qui est loin d'être une bonne nouvelle. Ajoutez à cela que toute ma religion semble être le plus grand mensonge de l'histoire de ma planète. Et je sens qu'il y a pas mal d'autres choses qui n'ont été que mensonges dans l'histoire même de cette planète, justement. Ah, et j'ai compris qu'à chaque fois que j'étais heureux pour quelqu'un qui subissait l'ascension, je me trompais plus que lourdement. Est-ce que ça répond à votre question? - Ne dramatisez pas autant, Élémohn. Vous pensez que la vie ne vous fait pas de cadeaux, mais vous avez rencontré le Docteur, ses compagnons, vous avez vu le TARDIS. Vous avez découvert ce que personne sur votre planète n'a jamais vu, et puis... si vous ne voulez vraiment pas revenir sur Rémox, je suis sûre qu'on pourra vous trouver un monde prêt à vous accueillir.

- M'oui...

 

Il avait rapidement compris qu'on lui avait menti toute sa vie, qu'on avait menti à son peuple durant toute son histoire, mais la désillusion l'avait véritablement frappé dans le vaisseau des Cybermen... Pourquoi à ce moment? Personne ne saurait le dire. Il n'empêchait que c'était maintenant que ça le touchait. Mais l'on n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort. D'abord parce que "on" était enfermé dans un vaisseau pénitentiaire appartenant à une énorme armada Cyberman. Peut-être aussi parce qu'une cabine téléphonique bleue venait juste de se matérialiser avec un grand grand souffle dans la cellule.

Les portes s'ouvrirent, et personne ne chercha à parler, à poser une question ou à ordonner de faire la chose la plus logique à faire: rentrer dans le TARDIS. Ils le firent naturellement.

 

À l'intérieur, Jonas frappait certains écrans et boutons de la console crachant des étincelles, avec une clé à molette que le Docteur était allé chercher dans une salle de contrôle archivée, et qu'il appelait "la baguette du corail"... Le Seigneur du Temps, d'ailleurs, lui, cherchait désespérément quelque chose sur l'écran accroché au rotor temporel.

 

- Vous êtes sûr qu'il faut frapper si fort, Docteur? cria le jeune homme pour couvrir le bruit des étincelles.

- Il faut pas fissurer les écrans non plus, Jonas! Attention à ce que vous faîtes!

- Docteur! coupa River en se précipitant vers son mari. Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi le TARDIS est si endommagé?

- Sur six personnes dans le vaisseau, trois sont des quasi-impossibilités temporelles, si tu veux tout savoir. Ah, et j'oubliais, on a été quasiment attaqués dans le vortex. Night, ou le Cyberempereur, puisque tu le connais sous ce nom, nous a interceptés à notre arrivé en récoltant des particules du vortex, ce qui a endommagé le TARDIS.

- Comme Prog! se souvint Clara.

- Sauf que Prog faisait une exploitation "scientifique" des particules, alors que Night est bien capable d'avoir commencé la récolte juste pour nous intercepter! remarqua Jonas.

- Bien possible... murmurait le Docteur en regardant l'écran. Ah! Enfin, je l'ai trouvé! Le générateur d'ondes Delta, dans un vaisseau à part. Si on le neutralise, Night ne pourra pas mettre son plan de... "malade mental" à exécution.

 

Jack et River regardaient les trois voyageurs temporels avec un visage qui montrait bien à quel point ils ne comprenaient pas grand chose.

 

- Clara vous expliquera. En attendant, laissez-moi vous donner un conseil à tous: ACCROCHEZ-VOUS! »

 

Le Seigneur du Temps s'agrippa à la manette principale de la console, et l'abaissa de toutes ses forces. La respiration métallique du TARDIS sonnait comme un cri de douleur, tandis que des étincelles s'échappaient de toute part autour de la console, et que le rotor temporel palpitait en aveuglant à moitié les occupants de la pièce. Et si cela ne suffisait pas, la Cloche du Cloître tentait de se faire une petite place dans les bruits de claquements électriques et de tremblements. Car, et c'est la touche finale, tout le vaisseau tremblait à se déchirer de lui-même, et tournoyait brutalement dans le vortex...

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Les Cybermen commençaient à affluer dans la salle du trône, et à la remplir. Le Cyberempereur, debout, observait ces hommes de métal, de grands scientifiques ou stratèges de l'Infinium. Il ne les regardait pas avec fierté, non. Il ne connaissait plus vraiment la fierté. Il les regardait juste pour voir si le compte était bon. Et il l'était presque. Ce qui était suffisant pour faire son annonce.

Grâce à son armure, qui possédait bien plus de systèmes que les autres, et il avait donc le "pouvoir" de lancer des communications à tout les Cybermen. Ce qu'il fit. Le Docteur s'était enfui, et il était bien capable de mettre à mal toute son opération. Il fallait donc commencer très vite. Les générateurs étaient chargés à 56%, tout allait se dérouler comme prévu.

 

« Membres de l'Infinium, Cybermen et Égaux. Notre opération est sur le point de commencer. L'Armada doit se positionner de façon à créer un écho favorable aux ondes delta, de façon à ce qu'elles soient amplifiées et renvoyées partout dans l'Univers. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le TARDIS se matérialisa violemment devant une porte qui ressemblait à la porte d'une chambre-forte, en quinze fois plus résistant et protégé.

Tout le monde sortit: ils avaient atterri dans le vaisseau pénitentiaire, pour récupérer l'arme, les munitions et le manipulateur de vortex de River ; ensuite, ils s'étaient matérialisés devant la salle des générateurs d'ondes delta.

 

« Rah, avec tous ces dommages et distorsions, le TARDIS s'est matérialisé quelques mètres trop loin! On est pas dans la pièce! maugréait le Docteur. Bon, autant ouvrir la porte...

 

Clara avait expliqué à River, Jack et Élémohn ce que prévoyait Night, bien que le Rémoxain n'ait pas tout compris. River en avait profité pour pianoter un autre message sur son manipulateur de vortex, sans qu'on ne la voie.

L'antichambre de la salle des générateurs était une sorte de grande pièce carrée, haute de plafond, ne possédant que deux issues: la porte blindée, et, à l'opposé, un escalier de métal descendait vers un couloir, en bas. Plusieurs bruits de vérins, de pas de Cybermen, semblaient se rapprocher. River, Jack et Jonas se placèrent vers l'escalier, la femme prenant son arme en main, prête à tirer, tandis que Jonas vérifiait le pistolet qu'il avait volé sur sa planète, et qu'il était allé chercher dans sa chambre. Il marcherait peut-être contre les soldats.

 

- Raah! C'est protégé contre le sonique! criailla le Docteur. Il faut taper un code! »

 

Un petit écran surmontait un clavier comportant les vingt-six lettres de l'alphabet latin. L'écran affichait un sorte d'enchainement de chiffres et de caractères. Le Docteur essayait de le comprendre, et Clara tentait de l'aider, mais il s'agissait pourtant d'un épais mystère.

 

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Derrière, les bruits de pas se faisaient de plus en plus nombreux, rapides et sonores. River et Jonas visaient déjà en direction du bas de l'escalier, prêts à défendre le groupe, tandis que Jack... ne faisait pas grand chose, quand on y pensait.

Un premier Cyborg entra dans le champ de vision de River. Un coup de feu retentit, suivi de plusieurs décharges et d'autres détonations.

 

La bataille commençait.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

L'assemblée de Night était enfin au complet. Et les composants de son armure lui apprenaient que les générateurs étaient chargés à 100%. Et que tous les vaisseaux étaient en place pour que la diffusion des ondes soit optimale. Tout était parfait.

 

« Membres de l'Infinium! annonça-t-il de vive voix, sans passer par une annonce. Tout est prêt pour l'accomplissement de notre plan. Nous allons nous rendre sur la plateforme d'observations, où se trouvent les seules commandes permettant d'activer les générateurs. L'opératio va commencer. »

 

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