Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 21 : Égal [Partie 3]

7342 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:51

Les deux gardes armés de lames avait sauté en direction des intrus. Leur simple pantalon de tissu et leur robuste mais léger plastron de cuir ne les gênaient nullement dans leurs mouvements. Et les épaulettes de l'officier ne l'empêchèrent pas de viser parfaitement les jambes du Docteur.

Le Seigneur du Temps, à l'instant où la situation avait dégénéré, avait été atteint d'un soudain coup de génie... Il fallait dire que les hormones et autres substances telles que l'adrénaline étaient ses compagnons de routes les plus anciens. Devant lui, il voyait l'arbalète pointée sur lui, les deux autres hommes aux poitrails de cuir se ruer dans sa direction, et les deux bras de Jack, qui se trouvait à sa droite, tendus vers l'avant, tenant le pistolet anti-cybermen comme une inutile menace contre des hommes sur lesquels ni l'un ni l'autre n'oseraient tirer.

Et c'est en ayant cette vue que le Docteur eut son éclair de génie. La pression de sa main gauche sur son tournevis déclencha alors sa réaction presque instinctive de survie. Il agrippa violemment le bras gauche de l'humain, rapprocha son tournevis du bracelet qu'il portait au poignet du même bras, et un bourdonnement plus tard, alors que le carreau d'arbalète fonçait en direction du Seigneur du Temps, les deux intrus disparurent dans un crépitement doublé d'une espèce de souffle, et de l'apparition furtive du vortex temporel sur le mur...

 

Les épées des Rémoxains frappèrent la pierre derrière les voyageurs temporels, tout comme le carreau, qui se brisa en éclats. La stupéfaction sur le visage des trois originaires de la planète était très difficile à définir... Mais on pourrait simplement dire qu'ils se souviendraient tous de cet étrange événement.

 

« Où sont-ils passés? vociféra l'officier. Où sont-ils passés!?

- On ne sait pas, ils ont disparu, comme dans les légendes sur les Égaux, et...

- Je ne suis pas aveugle, pauvre idiot! Trouvez-les! Trouvez-les! S'ils viennent pour les prisonniers, ce qui est sûrement le cas, ils ne vont pas s'enfuir du Palais. Alors séparez-vous et trouvez-les! Moi, je m'occupe d'avertir le reste de la garde. »

 

Égal

Partie 3

 

Le vortex apparut et le souffle crépitant laissa tomber de nulle-part les deux hommes, dans le même couloir qu'ils avaient quitté. Ils étaient, évidemment, tout essoufflés, et après avoir inspiré et expiré l'équivalent d'une bonne tonne d'oxygène, ils purent à nouveau parler.

 

« Waw! hoqueta Jack. C'était... et beh... je m'y attendais... pas!

- C'était le... but! souffla le Docteur. Bon... Raaah, pfuuu.... Je disais... Oui, voilà!

- Quoi, voilà? Et puis attendez, qu'est-ce que vous avez fait exactement?

- Oh, rien d'incroyable. Vous avez un manipulateur de vortex au poignet, mais j'ai neutralisé sa fonction "voyage dans le temps", il y a quelques siècles...

- QUELQUES SIÈCLES???

- Pour moi, je veux dire. J'ai pas mal vieilli depuis la dernière fois. Et puis, d'un point de vue linéaire, je l'ai neutralisé au XXIème siècle, et là on est au... pff... LXIème siècle.

- Tiens, à 1000 ans de la maison... Enfin, la maison... Mais attendez, vous l'avez neutralisé, vous l'avez vous-même dit!

- Donc je suis le plus apte à réactiver la fonction au quart de tour, fit comprendre le Seigneur du Temps en secouant son tournevis devant les yeux. L'idée m'est venue d'un coup.

- Donc on a évité de mourir. Enfin, mourir, c'est un bien grand mot, pour nous deux. Mais n'empêche, on est où? Ou plutôt...

 

Il fit un tour sur lui-même pour vérifier si sa première impression était bonne. Il se trouvait bien dans le même couloir que celui qu'il avait "quitté". Il y avait même des morceaux de bois éclatés au pied du mur formant l'impasse. Les restes du carreau lancé sur le Docteur.

 

- Quand est-on?

- Deux minutes après notre départ. C'est tout ce que j'ai pu faire durant le cours laps de temps qu'on m'a "donné". Mais comme vous ne vous y attendiez pas, et que le manipulateur n'a pas voyagé ainsi depuis un bout de temps dans sa ligne temporelle... Bah, ça n'a pas été de tout repos.

- Heureusement qu'on a avancé que de deux minutes. Il aurait peut-être pas tenu le coup, sinon. Enfin bref, qu'est-ce qu'on fait, maintenant?

- On localise le bracelet de River.

- Elle ne l'a sûrement pas sur elle, vous s...

- C'est évident qu'elle ne le porte pas, je le sais bien. Mais s'ils lui ont enlevé, il doit être ici, quelque part, sous bonne garde. Et les gens qui le gardent doivent savoir où elle et les autres sont enfermés.

- Pas idiot.

- Passez-moi votre bras.

- Oh, vous voulez qu'on se ballade comme des mariés? Compliqué, je suis déjà marié.

- Arrêtez d'exploiter tout ce que je dis et...

 

Le Docteur s'interrompit, se plaça face à l'humain et le regarda d'un air interloqué. Il fit passer son tournevis sur celui-ci, de la tête jusqu'au bassin (ce qui arracha un sourire au Capitaine), puis regarda dans son appareil, pour vérifier les informations qu'on lui donnait, pour conclure amèrement.

 

- Il semblerait que vous soyez bien Jack Harkness... Mais alors comment... VOUS ÊTES MARIÉ??

- Oh, vous êtes jaloux, c'est ça! J'ai compris! Vous êtes jaloux parce que vous vouliez devenir le Docteur Harkness...

- Quoi? Mais vous allez arrêter de faire l'idiot!

- Vous auriez enfin une réponse à donner à l'éternel "Docteur Qui?"... remarqua Jack.

- Mais bon sang, vous vous êtes marié? Vous?

- Longue histoire. Et c'est de votre faute, quand j'y repense.

- Quoi! Alonso Harkness? Non... Ce n'est pas possible...

 

Le Docteur commença à pouffer. Ou plutôt, à ricaner. Un ricanement plutôt gentil, mais un ricanement tout de même.

 

- Vous vous fichez de moi. Vous vous moquez de moi, plutôt. Vous vouliez juste voir ma réaction, et vous avez été servi. Il y a autant de chance que vous vous mariez qu'il n'y a de chance que vous ne tentiez pas de séduire Jonas ou River dès que vous les verrez.

- Vous vous êtes bien marié, vous! C'est tout aussi absurde.

- Oh, je me suis marié avec un certain nombre de femmes, vous savez. Et même d'hommes, quoiqu'un peu moins. Mais ce n'est pas le sujet. Il faut retrouver River.

- Et les autres, Docteur, n'oubliez pas les trois autres... soupira Jack. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Corilohn était un soldat, et un bon. Personne n'aurait osé dire le contraire. Garde d'un des Palais de la colline du Parox, il avait déjà une bonne expérience. Il avait servi dans les Forêts Impénétrables, et si l'on voulait trouver un équivalent dans l'Antiquité terrienne, on pouvait citer les frontières romaines en Germanie. Mais pour trouver quelque chose qui s'en rapprochait un peu plus en matière de "réputation", il fallait avancer de quelques siècles, et citer le Front Russe. Lorsque les Rémoxains étaient arrivés dans les Forêts Impénétrables, ils y ont découvert une civilisation moins avancée que la leur, et qu'ils ont "annexée" et rémoxanisée, transformant peu à peu cette civilisation tropicale en une civilisation hybride, mi-Rémoxaine, mi-originale, comme le fut, 6 000 ans plus tard, la Gaule ou la Grèce Romaine.

Cependant, comme toujours, il y avait des indigènes qui refusaient ce changement culturel, qui refusaient la perte de leur si belle civilisation. Et depuis bientôt deux siècles, les Forêts Impénétrables, parsemées de cités ici-et-là, étaient le théâtre de ce qui se rapprochait des guérillas terriennes, et les soldats Rémoxains en faction là-bas possédaient une espérance de vie largement inférieure à la moyenne présente dans les provinces du continent d'origine de leur civilisation.

 

Ceux qui survivaient à leur affectation, et qui décidaient de se limiter au Service Militaire, et de ne pas servir dans les armées, étaient élevés au rang de héros à leur retour sur leur continent. Ceux qui souhaitaient rester militaires avaient le droit de demander une nouvelle affectation, et la plupart du temps, même s'ils avaient trouvé une (ou un) amante sympathique dans leur cité forestière, ils ne se faisaient pas prier pour demander une affectation ailleurs, fut-ce dans le Grand Désert...

Corilohn, lui, avait choisi de continuer sa carrière. Il avait découvert, durant un assaut des "Sauvages", comme on les appelait, le frisson du combat. Ce n'était pas le plaisir de tuer, loin de là. Non, tuer, pour Corilohn, était un acte impossible, de sang-froid tout du moins. Lui était un homme de sang-chaud, et dans les moments de combats, le meurtre est rarement froid, donc il ne se sentait pas très coupable. De plus, le meurtre pouvait mettre fin à la bataille, ce qui était loin de lui plaire. Non, lui, ce qu'il aimait, c'était se battre, combattre, affronter en duel... Seul le combat, l'acte d'attaquer et de défendre, de porter des coups ou d'en parer, d'avoir tout ses sens en éveil, seul cela le faisait frissonner. Le meurtre, lui, annonçait la fin du combat... Enfin bref, il n'en restait que lui, il n'avait pas souhaité se faire réaffecter. Pendant presque cinq années supplémentaires, il combattit les indigènes, et monta en grade, tout en refusant de devenir un officier important, souhaitant toujours se battre sur le terrain. Mais après ces cinq ans de combats contre les guérilleros, ils se vit offrir une offre qu'il ne pouvait refuser: être transféré dans la Garde des Palais du Parox. Certes, cela signifiait qu'il combattrait beaucoup moins, mais la renommée était immense, et un Garde du Parox était assuré d'une chose: il subirait l'ascension et rejoindrait les Égaux, l'ayant amplement mérité face aux dangers de la vie qu'ils avaient eue.

 

Corilohn était, pour quelques heures, en repos "forcé". Il avait entendu parler de la Cérémonie, et des petits problèmes qui avaient gâché les évènements. Il était assez croyant, ce Corilohn, et autant dire qu'il avait peur pour sa vie et pour celle de sa famille, en apprenant ça (non pas qu'il se soit senti personnellement concerné, mais la ville toute entière, aux yeux de ses habitants, pouvait subir la colère des Égaux). Lorsqu'un Cyberman arriva au palais avec quatre prisonniers, tout le monde fut pris de court, personne ne savait quoi faire. Heureusement, le Cyborg leur facilita la tâche. Il donnait des ordres, et on les exécutait. Il fallait pour la garde enfermer les quatre prisonniers, dans le palais, et empêcher leur évasion au péril de leur vie s'il le fallait. Corilohn, lui, avait reçu la charge de garder une sorte de bracelet de cuir très étrange, qui semblait venir du monde des Égaux. Il appartenait à un des prisonniers, et quelqu'un allait sûrement tenter de s'introduire dans leur palais pour retrouver les prisonniers et l'objet. La consigne était très claire: l'objet doit-être défendu à tout prix, et l'intrus habillé de noir et de blanc, dont on lui avait montré une peinture extrêmement réaliste (les Rémoxains ne connaissaient pas la photographie), devait être capturé. Et l'Égal avait bien précisé une chose: tuer cet homme était une signature pure et simple de l'arrêt de mort de sa famille. Les Égaux sont omniscients, les Égaux sont omniprésents, les Égaux sont omnipotents.

Un garde était passé le voir pour l'avertir de la présence de deux intrus, dont un correspondait à l'image donnée par les Cybermen. Le Docteur était là, et Corilohn l'attendait de pied ferme. La pièce dans laquelle il attendait était petite, rectangulaire, telle que les murs de la longueur étaient deux fois plus long que ceux de la largeur, aux murs blancs illuminés par une sorte de lampe à pétrole (bien qu'il n'y ait pas de pétrole sur Rémox) très puissante, pendant au plafond. L'unique porte, faite en bois, se trouvait sur un mur de la longueur, dans le coin gauche. À droite, le mur était couvert par une armoire légèrement ouverte, et vide. Au centre de la pièce trônait une table, et au centre de celle-ci, un coffre en bois verrouillé, qui contenait le bracelet. C'était une salle de repos de la Garde.

Lorsque des bruits de pas correspondant à la marche rapide de deux personnes dans le couloir atteignirent les oreilles de Corilohn, celui-ci attrapa son sabre lentement, posé sur la table, se leva de sa chaise en bois, qui faisait face à l'armoire, et à pas feutré (il avait enlevé ses chaussures pour marcher pied nu et silencieusement), le quadragénaire blond et barbu, fier soldat, se glissa furtivement dans le meuble aux portes entrouvertes, et les referma partiellement de façon à être caché tout en voyant une partie de la pièce.

 

Le tournevis vibra. Aucun verrou, mais la présence d'un manipulateur de vortex dans la pièce était confirmée par celui de Jack. Le Docteur poussa la porte, mais au moment d'entrer, le capitaine le tira légèrement par l'épaule, et lui montra son bracelet en faisant passer son bras entre le Seigneur du Temps et la porte. L'écran montrait une sorte de vue en rayon X de ce qu'il y avait vers l'armoire. Mais ce n'était pas une vue en rayon X, c'était un détecteur d'êtres vivanst. Et il y avait, dans l'armoire, quelque chose qui ressemblait beaucoup à un humain. Sinon, la pièce était vide. Pas besoin de beaucoup de neurones pour comprendre qu'on leur tendait un piège. Le Docteur fit un signe de la tête, pour montrer qu'il avait compris, et se retourna pour rentrer dans la salle. Il repéra le coffret, ainsi que, sur le mur le plus proche de lui, à droite, une sorte de secrétaire sur lequel reposait un présentoir d'épées, accueillant les lames légèrement incurvées de trois sabres. Parfait.

 

« Le coffret... Jack, vérifiez si le manipulateur est à l'intérieur, ordonna le Seigneur du Temps avec un ton tout à fait naturel

 

Le Docteur entra dans la pièce, et se planta devant un meuble juste à coté du présentoir à épées, faisant mine d'observer le design de l'objet, tandis que l'agent de Torchwood se plaça devant le coffret, et donc face à l'armoire, et plaça son bracelet entre lui et le petit conteneur de bois, pour vérifier la présence d'un manipulateur de vortex.

 

- Il y en a bien un, Docteur.

 

C'est alors que Corilohn déboula en un éclair de sa cachette, jetant les battants de bois sur les cotés, le sabre à la main, dressé en l'air, pour frapper la tête de Jack du dos de la lame, de façon à l'assommer. Mais alors que le morceau de fer allait s'abattre, un autre sabre s'interposa brutalement, et repoussa la lame de Corilohn en arrière.

Le Docteur avait eu le temps d'attraper deux sabres sur le présentoir, et de s'intercaler au milieu de l'attaque. Il lança le sabre qu'il tenait dans sa main droite à Jack, qui l'attrapa, tandis qu'il fit passer sa propre arme dans la même main, prêt à se défendre face au Rémoxain.

Celui-ci avait désormais deux adversaires. Deux adversaires armés mais pas forcément entrainés. Mais cela restait deux adversaires, et lui n'avait qu'une seule lame. Très rapidement, il décida d'en immobiliser un, et Jack, le moins indispensable (ce n'était pas celui de la photo, donc il pouvait être tué), était le plus facile à neutraliser, quelques secondes peut-être, mais ce serait suffisant pour le garde.

Celui-ci lança alors un puissant coup de pied nu dans la table, qui se renversa, avec le coffret, sur le capitaine, au niveau de ses cuisses, ce qui lui fit perdre son équilibre. Il tomba à terre, et reçu la lourde table sur les jambes, l'immobilisant quelque peu, mais aussi le coffret de bois, particulièrement solide, qui s'écrasa sur son torse, lui coupant la respiration.

Le Docteur, surpris, ne vit pas le soldat foncer dans sa direction et lui frapper son sabre de sa lame, assez violemment pour que son arme s'échappe de ses mains. Le Docteur, désarmé, fut frappé et jeté à terre par l'élan volontaire du Rémoxain. Les deux ennemis étaient désormais au sol, et désarmés. Corilohn attrapa le dernier sabre posé sur le présentoir, et se planta face au Docteur. Il devait le capturer vivant, mais pas forcément en entier, l'Égal l'avait précisé. S'il fallait lui amocher les jambes pour le neutraliser efficacement, alors les gardes en avaient le droit. Autant être sûr de ce que l'on faisait, se disait le garde. Il orienta ses sabres pointes vers le bas, en direction des jambes du Docteur, prêt à les abattre. Mais le Seigneur du Temps avait tendu son bras vers sa propre arme, dont-il réussit à attraper la poignée métallique. Il aperçut alors les deux pieds nus du soldat, et son pantalon de tissu légèrement retroussé laissant apparaître ses chevilles et le bas de ses jambes.

La réaction du Docteur fut immédiate, il attrapa fermement son arme, et la ramena à toute vitesse vers lui, pour lui faire faire un mouvement en demi-cercle, entaillant sur quelques centimètres le bas des deux jambes de Corilohn. Rien de mortel, mais bien assez pour gêner le garde dans ses déplacements. Celui-ci poussa un grognement de douleur, et recula en titubant, tandis que le Docteur se relevait. Jack, quant à lui, avait poussé le coffret et la table, et s'était déjà remis sur pied, arme en main.

 

« Jack, ça va? demanda le Seigneur du Temps.

- Oui, je... ATTENTION!

 

Le Docteur se retourna juste à temps pour voir Corilohn foncer en sa direction, prêt à lui couper l'abdomen avec le sabre de sa main droite. Il para le coup avec précipitation, mais réussit à garder son arme en main, bien qu'il se tordait à moitié le poignet pour cela. Jack profita de l'évènement pour attaquer le garde, mais celui-ci para son attaque verticale avec son deuxième sabre. Il dégagea ensuite son premier de celui du Docteur, et tenta de décapiter le capitaine, qui se baissa à temps pour que le sabre ne lui coupe finalement que quelques cheveux. Il tenta alors d'attaquer Corilohn par le bas, mais celui-ci plus rapide et se défendit de son autre lame. Il para ensuite une attaque derrière lui, venant du Docteur, qu'il avait sentie venir. Il en profita pour pousser avec force le Seigneur du Temps en arrière, et revint à Jack, qui s'était relevé. Il devait le tuer, c'était nécessaire et ça lui enlèverait une aiguille de son pied. Il lança donc son bras droit sous le menton de l'agent de Torchwood, au niveau de son cou, et le plaqua violemment au coin du mur du présentoir et de celui opposé à l'armoire. Totalement pris par surprise, et la respiration coupée, Jack ne put réagir. Il cria quelques secondes en sentant le sabre de Corilohn se planter dans son abdomen, presque à la verticale. La lame remonta le ventre et le torse à l'intérieur de son corps ravageant les organes internes et tuant le capitaine presque instantanément, après quelques secondes d'horribles douleurs.

 

Corilohn retira sa lame pleine de sang et de... tissus organiques de toutes sortes, et se tourna vers le Docteur légèrement horrifié par l'acte qu'il venait de voir. Un sabre rouge et un sabre d'argent... Et face à cela, le Docteur ne pouvait opposer qu'une arme qui semblait tout d'un coup beaucoup moins puissante. Seule bonne nouvelle là-dedans, les Cybermen le voulaient vivant, donc il n'allait pas mourir ici. Sauf en cas d'imprévu. Et les imprévus semblaient être ses compagnons de voyage favoris, eux aussi. Le garde s'avançait vers lui, les deux armes en main, prêt à frapper. Qui sait où il allait frapper. Les jambes, le torse, les bras? Le Docteur n'avait qu'une seule lame pour se défendre... Le combat allait s'avérer intéressant.

Corilohn abbatit son sabre gauche à la verticale, pour attaquer l'épaule du Seigneur du Temps, mais celui-ci para aisément le coup, puis se recula en parant un autre coup venant de la main droite du garde, dont le sabre ensanglanté allait lui entailler les genoux. Le Docteur s'agrippa à la poignée de son arme à deux mains, et porta un coup puissant dans la lame encore propre de son adversaire, avec le plat de son sabre. Corilohn mettait toute sa force dans le sabre qu'il venait d'utiliser et son autre rapière valsa dans les airs pour cogner le mur au-dessus du présentoir. Le Docteur profita de la surprise du Rémoxain pour porter une nouvelle attaque, directe cette fois, que son adversaire retint de justesse. Le Seigneur du Temps, pris dans son élan, continua sur une série d'attaques puissantes et épuisantes. Deux coups, trois coups, quatre coups, à la verticale, par le haut, sur la gauche, vers les genoux, par le bas. Tous furent parés ou évités par Corilohn, qui s'épuisait peu en se défendant. Lorsqu'il sentit un très léger moment de faiblesse chez son adversaire, le garde riposta. Un coup, deux coups. Puissants, précis, rapides. Le dernier repoussa le Docteur vers l'armoire, et celui-ci repartit en direction de son adversaire, sabre en avant, prêt à l'embrocher. Mais le Rémoxain fut plus rapide. Il attrapa le présentoir en bois, et au moment où la lame du Docteur allait se planter dans son abdomen, il esquiva légèrement en se déportant sur la droite et frappa violemment la tête du voyageur temporel avec le présentoir.

Le Seigneur du Temps tomba à terre, sur le dos. Son crâne heurta le "carrelage" de pierre, et sa vue commença à se brouiller. Le choc était tel qu'il était sur le point de perdre connaissance. Cependant, le sang qui coulait de son nez le maintenait éveillé. Autour de lui, les sons se troublaient. Il poussa un grognement rauque en sentant la douleur dans ses cheveux, et se secoua la tête pour ne pas perdre conscience. Son état se stabilisait. S'il s'évanouissait, les Cybermen mettraient la main sur lui. Tant qu'il restait éveillé, il pouvait se défendre. Ou faire quelque chose qui s'en rapprochait.

 

- J'ai la bénédiction des égaux, "Docteur". Je dois vous capturer, pour eux. Et je le ferai!

- Ce ne sont pas des créatures divines, vous savez... grogna le Seigneur du Temps.

- Blasphème! cria Corilohn. Je vais vous faire taire, et tout de suite. Oh, pas vous tuer, non. Les Égaux vous veulent vivant. Je vais juste vous... vous endormir. À ma façon.

 

Le Rémoxain tenait toujours le présentoir dans sa main gauche. Il tendit son bras en l'air, se préparant à lancer l'objet de bois, déjà amoché, à toute vitesse sur le voyageur temporel... Mais un coffret particulièrement lourd s'abattit sur sa tête juste avant qu'il n'ait le temps d'accomplir son geste. Corilohn poussa un petit cri de douleur, et s'effondra, inerte, sur le Docteur.

Jack Harkness venait de sauver la situation. Son corps s'était réparé assez rapidement, et il avait repris vie. En voyant le Docteur en danger, il n'avait pas hésité une seule seconde.

 

- Besoin d'aide? demanda-t-il en riant.

- Roh, taisez-vous et aidez-moi à me relever, j'ai le cerveau en compote.

 

Jack tendit sa main vers le Seigneur du Temps, qui l'attrapa. Après s'être relevé, il repris le coffret des mains de Jack et le détailla sous plusieurs angles.

 

- Tss, trop primitif pour le tournevis, et sûrement pour votre bracelet aussi. Il faudrait la clef. Et il faudrait aussi trouver River et les autres. Le garde pourrait répondre à ces questions, non?

- Euh... Non, j'ai pas l'impression... constata Jack avec amertume.

- Comment ça? Oh... Oh je... Oh! Mais vous l'avez tué!

- Je comprends pas, il aurait du survivre au choc. Bon, OK, je suis allé un peu fort, mais quand même! C'est un soldat.

- Peut-être que sa boite crânienne est moins résistante que celles des terriens... Il est impossible que les Rémoxains soient 100% identiques aux terriens, j'en ai conscience, il y a toujours de légères mutations, souvent imperceptibles, cachées dans l'ADN et qui n'ont aucune ou alors de très légères répercussions. Prenez vous, Jonas et Clara. Vous n'êtes pas les même types d'humains, vous êtes tous une variante de l'espèce, mais une variante très légère.

- Et un crâne moins résistant, c'est déjà une variante trop importante?

- Un crâne fragile, non. Mais des coupures qui ne saignent pas...

 

Le Docteur avait retourné le cadavre, et désignait du doigt la partie basse des jambes de Corilohn. Juste au-dessus de ses pieds nu, il y avait deux plaies, une par jambe. Mais aucune trace de sang.

 

- Rien ne coule, et rien n'a coulé. Pas de sang séché, pas d'éclaboussures, pas même sur ma lame, alors que c'est avec mon sabre que je lui ai fait ces entailles.

 

L'arme du Docteur avait été projetée en l'air en lors de sa chute, mais la pointe, qui avait coupé la peau, était parfaitement propre.

 

- Il n'est pas humain? s'étonna Jack en vérifiant avec son manipulateur. Ah ben non, il n'est pas humain.

- Vous auriez du le voir avec votre truc, là...

- J'avais réglé le filtre sur "Être vivant", pas sur "Humain"! se défendit le capitaine. Mais comment une espèce si proche des humains peux ne pas être humaine?

- Manipulation génétique... murmura le Docteur en analysant le corps avec son tournevis. L'arrangement des organes semble complètement différent, à ce que je vois, et les vaisseaux sanguins sont cachés en profondeur... Cette espèce a été programmée pour avoir le physique d'un humain, mais une physiologie interne toute différente. Peut-être que ça permet d'avoir des Cybermen plus obéissants ou je ne sais quoi...

- Bon, sinon, comment on fait pour le manipulateur? On ne peut pas ouvrir avec une clef, et la crocheter à l'ancienne n'est pas la méthode la plus sûre... Vous voulez que je fasse sauter la serrure avec le pistolet?

- Non, surtout pas! Vous risqueriez d'endommager le manipulateur!

- Et alors?

- River ne me le pardonnerait jamais... expliqua le Docteur avec le plus grand sérieux du monde. Mais je sais comment le sortir de là, sans même ouvrir le coffret. »

 

Le Docteur remis la table sur pied, et posa le coffret dessus. Il repris ensuite son tournevis, et le pointa sur le coffret. Après quelques secondes de bourdonnement et de concentration, le Docteur arrêta son appareil, et poussa le coffret sur le coté. Il fit signe au capitaine de se taire, et une dizaine de secondes plus tard, un minuscule vortex apparut quelques centimètres au-dessus de la table, et en un souffle crépitant, le manipulateur se matérialisa et tomba sur le bois.

 

- Il suffit de le téléporter quelques secondes dans le futur, et de pousser le coffret, expliqua le Docteur. Et mon tournevis peut programmer un voyage aussi basique. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Même si les quatre prisonniers avaient déjà vécu un voyage spatio-temporel par manipulateur, voir les deux hommes se téléporter devant le vortex, juste devant eux, cela restait impressionnant. Le Docteur balaya la pièce du regard, et vérifia que les quatre étaient bien là. Deux humains, et deux autres plus ou moins proches des deux premiers.

 

«Vous êtes revenu! s'exclama Jonas.

- Bien entendu! Pourquoi, vous n'aviez pas confiance en moi? Je reviens toujours... Enfin, quand ça m'est possible.

- Mais vous avez été blessé! s'exclama Élémohn.

- Voyage dans le temps! J'ai pris le temps de guérir, et je suis revenu au bon moment, au bon endroit. D'ailleurs, River, ton manipulateur... continua le Docteur en lançant le bracelet à sa femme, qui le rattrapa. Et j'oubliais, lui, c'est...

- Capitaine Jack Hakness! coupa l'intéressé en regardant River. Et vous, mademoiselle?

- River Song, capitaine.

- Le Docteur a plus de goût que je ne le pens...

 

Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase: le Seigneur du Temps lui avait lancé un coup de coude dans l'abdomen pour le faire taire.

 

- Bon, pour continuer les présentation, Jack, voilà Élémohn, Clara et Jonas. Pas de flirt, parce que c'est pas le moment, je suis clair?

- Je vais essayer... soupira Harkness.

- Comment vous nous avez retrouvés, vous deux, d'ailleurs? s'étonna River.

- Jack possède un manipulateur de vortex, explique le Docteur. Il suffisait d'utiliser la fonction pour trouver les êtres vivants dans les environs. Et une pièce avec deux humains et deux non-humains mais proches, y en a pas trente-six, dans ce palais.

- Deux non-humains? s'étonna Jonas. Mais...

- Peu importe. Il ne faut pas s'attarder ici. Bon, tout le monde, collez vous à Jack. Enfin, je veux dire, restez accrochés à lui, corrigea le Docteur en comprenant son lapsus. Téléporter six personnes d'un coup c'est pas rien. »

 

Personne ne posa plus de questions, et tout le monde attrapa un bout du bras gauche de Jack. Lorsque tout le monde fut bien accroché, le Docteur tapa quelques coordonnées sur le clavier du manipulateur, et le vortex apparut, les faisant disparaître dans un crépitement.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La console du TARDIS lança quelques étincelles lorsque le Docteur abaissa la manette. River Song et ses possibles connaissances sur l'avenir du Docteur, Jack, point fixe dans le temps, et Clara, la fille Impossible qui a traversé la vie du Docteur en pénétrant dans un TARDIS sur une Trenzalore qui n'avait jamais existé... Un seul pouvait aller, mais les trois à la fois, la cabine n'appréciait que modérément.

 

« J'ai trouvé une belle armada Cyberman, en orbite autour d'une étoile vers le centre de la galaxie! annonça le Docteur. Il y a des chances que le Cyberempereur soit là-dedans, River?

- Oui. Il est dans le vaisseau amiral, d'après mes renseignements. Mais fais attention: s'il veut te capturer, et qu'il en sait autant sur toi, alors il doit t'attendre.

- Le défi est encore plus intéressant al... »

 

Mais le Docteur ne put terminer sa phrase un énorme choc ébranla le TARDIS, qui commença à lancer sa respiration métallique. Tout le monde fut renversé: Clara, sur sa chaise, tomba à terre, tandis que Jonas, qui regardait le Docteur avec une certaine crainte doublée de méfiance, depuis qu'il avait appris le sort de Gallifrey, fut propulsé en avant, et se décolla de son escalier pour aller se frotter au sol chaud du vaisseau. De leur coté, River, Élémohn et Jack, qui étaient debout, n'eurent pas le temps de s'accrocher aux rambarder et furent propulsés vers la console.

Le Docteur s'accrochait à l'hexagone métallique, mais les vibrations et tremblements du vaisseau étaient forts. Des dizaines d'étincelles s'échappaient des commandes, et le rotor temporel éclairait avec une force incroyable la pièce. Le Seigneur du Temps fit coulisser un écran jusqu'à lui, et comprit ce qui se passait. Il appuya sur quelques boutons, abaissa des leviers, fit le tour de la console une fois, deux fois, et finalement, rabattit la manette principale dans sa position initiale. La respiration du TARDIS couvrit tous les autres bruits, et les tremblements reprirent de plus belle, mais comme si le vaisseau était en train d'atterrir à toute vitesse et de frotter le sol en tournoyant... Ce qu'il faisait.

Lorsque enfin, les tremblements cessèrent, la respiration fit de même. Le silence s'était abattu dans la Salle de Commandes. Tout le monde se releva sans faire de bruit, regardant avec appréhension la porte du TARDIS. Et alors que quelqu'un allait prendre la parole, la cloche sonna. La Cloche du Cloître. Celle qui annonce les malheurs et les dangers.

Le Docteur s'approcha avec une légère appréhension de la double porte blanche du TARDIS... Ils devaient sortir, tous, et il leur fit signe pour qu'ils le suivent. La cloche sonnait parce que le TARDIS avait été endommagé. Il ne pouvait pas longtemps supporter les paradoxes et problèmes temporels que représentaient trois de ses occupants. Mais il y avait aussi un danger à l'extérieur... Mais entre un problème du TARDIS et un problème ailleurs, le Docteur préférait de loin affronter le problème du dehors.

Ils sortirent. La porte se referma toute seule derrière eux. Ils se trouvaient dans une pièce rectangulaire pas très grande, vide, à l'architecture des vaisseaux Cybermen. Cinq de ces cyborgs les attendaient, d'ailleurs.

 

« La femme au cheveux bouclés, l'originaire de Rémox et l'homme à l'imperméable doivent nous suivre. Ils seront menés dans un vaisseau pénitentiaire, ordonna l'un des hommes de fer.

- Le Docteur et ses compagnons doivent me suivre! lança un autre

- Et pourquoi ne sommes-nous pas enfermés, nous? demanda Clara en essayant de cacher son anxiété.

- Vous allez obtenir audience de l'Empereur. Il souhaite vous parler.

- Comment avez-vous fait pour nous intercepter? demanda le Docteur. Vous ne pouvez pas posséder des...

- L'empereur expliquera! Il possède la vérité ultime.

- C'est mal barré... soupira le Seigneur du Temps. Un empereur qui se prend pour un Dieu, ça manque d'originalité, quand même. »

 

Mais il ne commenta pas plus les évènements. Les voyageurs temporels suivirent deux Cybermen à travers plusieurs couloirs, pièces et autres coursives, pour finir par atterrir dans ce qui ressemblait à une salle du trône. Des statues de Cybermen, à moins que ce ne fut de vrais Cybermen immobiles, formaient comme une allée dans cette longue pièce rectangulaire, une allée qui se terminait sur un trône métallique surélevé, sur lequel était assis le Cyberempereur.

Il n'avait pas une tête bien différente des autres cyborgs. En fait, tout son corps semblait être celui d'un Cyberman parmi les autres. La différence se faisait au niveau des parties dorées de son corps. Ses deux mains, ses deux pieds, les deux tubes qui entouraient sa tête, ainsi que le centre de son torse, semblaient être forgés dans une sorte d'or bronzé (ou de bronze doré), que le Docteur reconnut comme étant du Dalekanium. De quoi imposer le respect, vu que ce métal ne se trouvait pas vraiment chez le marchand d'à coté. La plupart du temps, il fallait le prendre directement sur l'armure de ses propriétaires... Et le fait même de s'asseoir était inutile, pour un Cyberman. Ce n'était qu'un acte symbolique.

Le Cyberempereur se leva, fort d'une carrure finalement un peu plus imposante que celle des armures classiques, et s'adressa au nouvel arrivant.

 

« Nous nous retrouvons enfin, Docteur... M'auriez-vous traqué?

- Je ne vous connais même pas, comment voulez-vous que l'on se retrouve? Et non, je ne vous traquais pas, je suis arrivé dans cette galaxie par PUR hasard, et je commence à en avoir sérieusement assez de ces... Comment ça, se retrouver?

- Vous me connaissez Docteur. Sous un autre nom, certes. Mais vous me connaissez.

- Oh... Et qui êtes-vous donc, pour que je vous connaisse. Des Cybermen napoléoniens, ça ne cours pas les rues. Sous quel "nom" vous aurais-je connu? Cyberleader 36400?

- Non. Sous le nom de "Monsieur Night". » 

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