Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 20 : Égal [Partie 2]

7544 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:47

Un flash blanc illumina le couloir du vaisseau, et l'instant d'après, quatre personnes se trouvaient dans le corridor métallique: le Docteur, Clara Oswald, Jonas et Élémohn. À coté d'eux, une large porte faite du même matériau que les murs commençait déjà à devenir la victime de l'appareil bourdonnant du Seigneur du Temps.

 

« En fait, qu'est-ce que c'est que cette chose? demanda Élémohn.

- Quelle chose?

- D'après vous, Docteur! Le tube que vous tenez en main.

- Ah, ça? Mon tournevis sonique, répondit sèchement le Seigneur du Temps.

- Ne vous moquez pas de moi, Docteur, ça n'a RIEN d'un tournevis!

- Parce que vous savez à quoi ressemble un tournevis, peut-être?

- Bien sûr! Qu'est-ce que vous croyez? Que Rémox est primitive à ce point? Oui, ne me prenez pas pour un idiot, j'ai compris que vous ne veniez pas de notre planète.

- Et vous avez enfin compris que les Égaux ne sont pas des êtres mythologiques? questionna Clara.

- J'avoue avoir des doutes... Je vous suis parce que je veux savoir ce qu'il est arrivé à Maître Crucien. Mais si vous mentez, d'une façon ou d'une autre...

- On a compris le message! Allez, porte, ouvre-toi! suppliait le Docteur avec un peu d'exagération.

- Bon, puisque nous sommes là à attendre, autant mettre les choses au clair... soupira le Rémoxain en se tournant vers les deux humains. Vous n'êtes pas ses esclaves, n'est-ce pas?

- Non. Nous sommes ses compagnons, expliqua Clara.

- De voyage! précisa rapidement Jonas en voyant le visage surpris de l'esclave.

- Et si vous ne venez pas de Rémox, d'où venez-vous?

- Euh... Qatros pour moi, Terre pour Clara et Gallifrey pour le Docteur. D'ailleurs, Docteur, maintenant que j'y pense...

 

Mais le jeune homme n'eut pas le temps de finir sa phrase: la porte s'était ouverte, en lançant un grand bruit de pression hydraulique. La pièce dans laquelle ils allaient rentrer étaient obscure, mais ce n'était pas le problème. Le problème venait des quatre Cybermen présents à l'intérieur, et des 3 humains, que le Docteur, de dos, reconnaissait.

 

- Ce sont des élus... murmurait-il. Sauf que Crucien ne semble pas...

- Le Docteur est là! Capturez le Docteur et ses compagnons!

- Et tuez l'esclave Rémoxain! Il n'est pas utile aux Égaux. ajouta un autre Cyberman.

 

Deux des quatre Cybermen se mirent à courir en leur direction, avec quelques difficultés. Le Docteur comprit rapidement que ces légères difficultés étaient dues à un fait simple: il s'agissait de leur première course. Ces Cybermen étaient nouveaux... Et un de ces deux là était Crucien. Mais il fut très rapidement coupé dans ses pensées par l'activation très sonore d'une alarme d'urgence.

 

- COUREZ!!!! »

 

Égal

Partie 2

 

Le groupe s'essoufflait, perdu dans l'une des coursives du Cybervaisseau, et les quatre nouvelles cibles des cyborgs s'autorisèrent une courte pause pour reprendre leur souffle.

 

« Crucien... Il... il a fait l'Ascension... s'essoufflait Élémohn. C'est un des... Égaux!

- Intelligente déduction... soupira le Docteur. Deux Cybermen et cinq humains quittent la planète. Et dans une zone de CyberConversion, on trouve quatre bonshommes métalliques et trois humains. Le compte est bon, malheureusement...

- Mais il veut me tuer! s'égosilla le Rémoxain. Moi, son esclave!!

- Euh, les citoyens n'ont pas le droit de vie et de mort sur leur esclave? s'interrogea Jonas.

- Bien sûr que non! Sauf dans des circonstances vraiment très exceptionnelles, bien sûr, mais Maître Crucien me considère presque comme son fils, de même que chacun de ses esclaves! Et puis ça fait presque deux siècles que l'on a obtenu leurs droits fondamentaux. Nous sommes de la même espèce que les hommes libres, vous savez!

- Quand je vous disais que cette civilisation est fantastique... lança Jonas en souriant. D'ailleurs, pourquoi les droits ont évolué?

- Ce n'est pas VRAIMENT le moment, Jonas! coupa le Docteur. Bon, on a à peu près, réussi à les semer. Maintenant, il faut aller à la passerelle du vaisseau.

- QUOI? Mais on va se jeter dans la gueule du loup! s'exclama Clara.

- Conséquences secondaires et problème collatéral, quoiqu'on peut l'éviter. Mon but n'est pas de me faire capturer, mais de savoir ce qui se passe ici. Les Cybermen n'ont pas l'habitude d'exploiter une planète de cette façon: se faire passer pour des dieux, faire des conversions en si petit nombre... On dirait un mauvais remake de Stargate. De plus, une planète comme Rémox est trop primitive pour eux, sans vouloir vous offenser, Élémohn. Les humains qui y vivent, bien qu'étant intelligents, ne peuvent pas faire de très bons Cybermen.

- Mais peut-être que ces Égaux sont différents de ceux que vous connaissez, Docteur.

- Ce sont des Cybermen, Élémohn! Pas des Égaux. Il faut que vous vous sortiez ça de la tête. Ce ne sont pas des dieux. Et puis, même si ces Cybermen sont différents, je ne vois pas pourquoi ils puisent par petites touches dans un peuple au lieu de le convertir dans sa totalité.

- Élémohn, dîtes-moi... lança Jonas avec curiosité. À quelle fréquence les Cérémonies ont-elles lieu?

- J'ai dit que ce n'était pas le moment, Jonas! coupa le Seigneur du Temps.

- Si, au contraire, Docteur. Si on précise la façon dont ils... "convertissent" Rémox, alors on pourrait commencer à comprendre. Donc, quelle fréquence?

- Il n'y en a pas... Les prêtres des villes annoncent les cérémonies avec quelques jours d'avance. Celles de l'Ascension n'ont pas de dates précises. Ce sont les Égaux qui décident, et qui choisissent dans quelle ville la cérémonie aura lieu, combien il y aura d'élus et quelle catégorie de la population sera choisie: esclaves, marchands, soldats, artisans...etc.

- Donc il n'y a aucune fréquence... Peut-être que les Cybermen viennent "puiser" ici selon leur besoins... murmurait le Docteur.

 

Les bruits de pas si reconnaissables des Cybermen s'approchaient de plus en plus, et les quatre fugitifs se remirent à courir, tournant dans un couloir à gauche, puis à droite, et empruntant un escalier pour tourner encore une fois à droite, puis à droite, pour finir par virer vers la gauche et atterrir sur...

 

- Un cul-de-sac! hoqueta Clara.

- Ne bougez pas! ordonna un Cyberman derrière eux. Retournez-vous!

- Difficile de se retourner si l'on ne doit pas bouger... grogna le Docteur.

- Exécutez le deuxième ordre en premier.

- Quel sens des priorités...

 

Cependant, les trois humains et le Seigneur du Temps obtempérèrent, et découvrirent qu'un seul cyborg se trouvait derrière eux. Un Cyberman qui tendait son bras vers Élémohn, prêt à exécuter l'ordre qu'on lui avait donné. Une légère vibration se fit entendre derrière l'être de métal, mais il ne la remarqua pas, ou alors il l'ignora, puisque la vibration ne se fit entendre qu'une seconde ou deux. Ou peut-être n'eut-il pas le temps de réagir à ce son, étant donné la balle qui perça son dos et entra dans sa carapace de métal. La détonation surprit le Docteur, qui sursauta, et vit le cyborg atteint de spasmes qui lâchait des sons et commençait à s'écrouler. Et derrière lui, une femme aux longs cheveux bouclés, en tenue décontractée et un pistolet tendu vers le groupe lança:

 

- Salut, mon p'tit cœur!

 

River Song appuya son pied sur le Cyberman encore atteint de spasmes, et souffla sur l'extrémité de son canon, pour chasser la fumée du tir, qui était déjà partie depuis longtemps.

 

- River? s'étonna Clara. Mais vous...

- N'allez pas plus loin, jeune fille! coupa la femme. Ce n'est peut-être pas l'heure.

- Et surtout, rien ne nous dit que cette jeune femme est bien River Song... murmura le Docteur.

- Toujours aussi prévoyant, Docteur. Mais qui d'autre te sauverait la vie en apparaissant de nulle part, en abattant un Cyberman dans le dos avec un pistolet, et en achevant le tout sur un "Salut mon p'tit cœur"?

- Tu ne m'a jamais vu sous cette apparence, c'est ça le problème.

- Voyons, réfléchis un peu mon chéri. Je sais que le Docteur a atterri sur Rémox, et que tu as suivi les Cybermen jusqu'ici depuis la Cérémonie. Qui d'autre pourrais-tu être? Et puis... tu a beau ne jamais m'avoir vu depuis ta dernière régénération, ce n'est pas réciproque.

- De quoi parles-tu?

- C'est pas l'heure... lança Song avec délectation. Bon, maintenant, expliquez-moi ce que vous faîtes ici, vous quatre!

- Pardon? s'égosilla le Seigneur du Temps. C'est plutôt à toi de nous l'expliquer! Tu es apparue de nulle part, et tu as réussi à paralyser un Cyberman avec un pistolet!

- Pistolet qui tire des munitions au cœur doré, précisa River avec un air mi-outrée, mi amusée. Une mince couche de Ruxium autour d'un cœur en or pur: la couche de protection absorbe toute la chaleur du tir et perce un trou dans la carcasse du Cyberman. Le cœur en or, avec la chaleur et l'impact à l'intérieur du corps cybernétique, est dispersé un peu partout.

- Et les Cybermen sont allergiques à l'or... continua le Docteur en comprenant. Une seule munition réussit à paralyser leur système respiratoire. Et un Cybercerveau, bourré de drogues, d'excitants et stimulé à chaque instant, ça a besoin de beaucoup d'oxygène... Mais ça ne m'explique pas comment tu as réussi à atterrir ici!

- Manipulateur de vortex, répondit simplement la femme en montrant son poignet gauche. Quand on a l'habitude, le mal de tête n'existe presque plus.

- Manipulateur de vortex, hein... Donc tu dois avoir vécu l'histoire de la Pandorica, non?

- Exactement. Si tu veux tout savoir, j'ai déjà été libérée de prison. Et je t'ai rencontré à... à New-York...

 

Un petit silence s'abattit dans le cul-de-sac. Le sujet n'était pas le plus amusant de tous, ni pour le Docteur, ni pour River.

 

- Inutile de parler de ça, River. Pour l'instant, il faut se rendre à la passerelle, pour découvrir...

- Ce que ces Cybermen font ici? Pas besoin de passerelle! lança River avec un air espiègle. J'enquête sur ces bonshommes depuis des mois. Je sais tout ce qu'il y a besoin de savoir. Alors venez, vous quatre, et je vous expliquerai tout. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La cabine téléphonique bleue n'avait pas été remarquée, malgré sa proximité avec une des places marchandes de la capitale de Rémoxia. Il fallait dire que depuis la Cérémonie, les gens s'étaient tous enfermés chez eux, pour ceux qui habitaient quelque part, ou s'étaient abrités du mieux qu'ils pouvaient pour les autres. Quatre personnes avaient poursuivi les Égaux, avaient osé rentrer dans le Sanctuaire... Toute la ville craignait la colère des créatures de métal, et la nouvelle se diffusait rapidement aux alentours, avec la peur des représailles. Oh, les Rémoxains ne craignaient pas les orages, ils savaient pertinemment qu'il s'agissait de manifestations météorologiques dues à des problèmes de champs électriques, bien qu'ils avaient une connaissance limitée en la matière. Non, la colère des Égaux se manifestait plutôt par d'énormes rochers lancés à toute vitesse sur leur monde...

En réalité, ces météores étaient minuscules, et leur vitesse leur donnait une force impressionnante. Un astéroïde de la taille d'une balle de golf n'aurait eu aucun mal à anéantir un pâté de maison, et les Égaux avaient le pouvoir d'en utiliser de bien plus gros. Une grande ceinture d'astéroïdes orbitait dans le système de Rémox, et toutes les personnes éduquées en avaient conscience...

 

Puisque tout le monde se cachait, personne ne put voir l'espèce de déchirure dans l'espace-temps qui apparut à quelques mètres de la cabine bleue. Plus qu'une déchirure, c'est une véritable matérialisation du vortex qui jaillit de nulle-part, laissant apparaître quatre personnes agrippées au poignet d'une cinquième, en un souffle crépitant. Et une fois qu'ils furent totalement matérialisés dans cette réalité, en ce moment et en cet endroit, le vortex disparut.

 

« Bon sang, qu'est-ce que ça fait mal! grogna Jonas.

- Question d'habitude, sifflota River. Bon, maintenant que nous sommes au bon endroit... Oups...

- Quoi, oups? demanda sèchement le Docteur. Oh... Je vois...

- Il y a un problème? demanda le Qatrosien en se massant la nuque.

- Il fait nuit. Quand nous sommes parti, il faisait jour, c'était le début de l'après-midi...

- Et vu le temps qu'on a passé dans le vaisseau, la nuit n'a pas pu tomber d'un coup... soupira Clara.

- Bon, j'ai du me tromper dans les réglages, c'est tout! se défendit River en pianotant sur son manipulateur de vortex. Ah! Voilà, nous avons atterri sept heures dans le futur. Il va falloir faire avec. Maintenant expliquez-moi ce que vous faisiez ici, vous quatre.

- Je vis ici, moi, je suis de cette planète! se défendit Élémohn.

- Et c'est bien le seul. Nous, on ne faisait que se promener, avec Clara et Jonas. Pure coïncidence, donc. Mais toi? Tu "enquêtes"?

- Oui. J'ai été libérée parce que tu n'avais vraisemblablement jamais existé, selon la plupart des bases de données de l'univers... Donc mon crime n'avait pas pu avoir lieu. Mais tout le monde n'était pas dupe, et Tasha Lem pouvait très bien prouver ton existence, et me faire enfermer à nouveau. Nous avons donc passé un marché, et en échange de ma liberté, j'accomplis quelques "missions" pour elle. Et puisque tu va poser la question, je suis au LXIème siècle et non pas au LIIème parce que ce marché ne prend pas fin. Dès qu'elle a besoin de moi, Tasha peut être assurée que je viendrai. C'est celle de l'époque dans laquelle nous sommes qui m'a contactée pour enquêter sur ces Cybermen.

 

En entendant tout cela, Jonas, Clara et Élémohn ne cachaient pas leur surprise et leur incompréhension. Le méli-mélo spatio-temporel était un concept toujours très complexe.

 

- Bon, en imaginant que vous disiez vrai, mademoiselle Song... commença le Qatrosien. D'ailleurs, Mademoiselle ou...?

- Appelez-moi plutôt River, et plus mademoiselle depuis un bout de temps, répondit-elle en lançant un clin d'œil au Docteur, qui ne put s'empêcher de sourire.

- Bon, je disais. Admettons que vous dîtes vrai. Docteur, vous lui faîtes confiance?

- Pas du tout, et c'est amplement suffisant pour la croire.

- Euh... D'accord...

- Bref! coupa Clara. Que font ces Cybermen là-haut? Pourquoi est-ce qu'ils ne prennent pas possession de la planète? Ils sont en trop faible nombre?

- Oh, ça ne risque pas, Clara. Ces Cybermen font partie d'un Empire cyberman surpuissant qui contrôle tout ce coin de l'univers.

- Comment ça? interrogea le Docteur.

- Il n'y a environ un siècle, un Cyberman a pris le contrôle d'une puissante Cyber-flotte, dans cette galaxie. En moins de cent ans, il a réussi à créer un empire immense. Les civilisations avancées de cette galaxie et de six autres ont été écrasées par la force, les autres factions cybermen ont été absorbées ou pulvérisées, et je n'emploie pas le mot à la légère.

- Et les autres civilisations? Les médiévales, les antiques?

- Comme Rémox. Exploitées de la même façon: les Cybermen se font passer pour des dieux. Ces planètes sont des "pouponnières". Lorsqu'ils ont besoin de nouveaux individus, lors des guerres, par exemple, ils puisent dans leurs réserves.

- Des peuples entiers... Sans aucun autre destin que de rejoindre les rangs Cybermen... comprenait Jonas avec tristesse. L'Univers est dégueulasse, parfois.

- Il faut s'y faire... soupira River. De plus, pour des raisons inconnues, ces Cybermen ont déplacé plusieurs étoiles et planètes... Oh et, j'oubliais, Docteur... Grâce aux technologies que Tasha m'a "prêtées", et à celles que j'ai pu obtenir, j'ai réussi à pénétrer dans le système de communication des Cybermen. C'est ce qui m'a permis de vous retrouver dans le vaisseau. Mais depuis que vous êtes arrivés ici, ils parlent beaucoup de toi, Docteur. Ils te connaissent. Le "Cyberempereur" te connais, il semblerait. Il en sait même beaucoup sur toi et ta façon de penser. Et il veux vous capturer, toi et tes compagnons.

- Bizarre... murmurait le Seigneur du Temps. Je n'ai jamais croisé de Cybermen depuis Trenzalore... À moins que...

 

Mais le Docteur n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un flash blanc éclata à coté d'eux, laissant apparaître deux Cybermen venant de transmater à leur coté, bras tendu vers l'avant. River sortit son pistolet, mais une décharge blanche l'atteignit dans l'abdomen, ce qui eut pour effet de la sonner et de la propulser au sol. Son arme sauta dans les airs, et Jonas réussit à la rattraper, alors qu'une deuxième décharge paralysante atteignait Clara.

 

- Dans le TARDIS, vite! cria le Docteur en faisant tourner sa clef dans la serrure de la cabine. »

 

Le jeune résistant commença à reculer, mais vit une décharge fondre vers lui. Il eut à peine le temps de tirer une balle, qui s'encastra dans le poitrail d'un des deux cyborgs, qui commença à "crier", ou du moins à activer ses hauts-parleurs aléatoirement pour lancer des bruits étranges, et à se "trémousser" dans tout les sens, alors que Jonas tombait au sol, inconscient. Le Cyberman touché commença à tirer des décharges au hasard, non pas blanches et paralysantes, mais rouges et loin d'être inoffensives, alors que son allié atteignait Élémohn de ses salves non-létales.

Le Docteur était le dernier. Il se trouvait déjà dans le TARDIS, mais à l'entrebâillement de la porte. Devait-il s'enfuir, pour revenir "plus tard" pour libérer ses compagnons de voyage, profitant d'un effet de surprise? Ou devait-il plutôt rester avec eux, se rendre, ne serait-ce que pour veiller sur eux et ne pas les abandonner? Il hésita une seconde. Une seconde de trop. Il n'eut pas le temps de choisir: le Cyberman blessé, qui tirait sans but autour de lui, atteignit le Seigneur du Temps à l'abdomen. Un trou noirci par la chaleur s'esquissait dans sa chemise, et ses organes internes n'étaient vraisemblablement pas indemnes. Il faillit tomber, mais se rattrapa sur les rambardes proches de la double-porte. Devant lui, le Cyberman qui respirait encore semblait "affolé", ou du moins semblait lancer un grand nombre d'ordres et de reproches à son compère. Pour une raison inconnue, ils semblaient vouloir le Docteur vivant. Mais l'intéressé ignorait totalement les paroles du cyborg, et réussit à claquer des doigts, de façon à fermer le TARDIS, pour ensuite se traîner lentement vers la console. Il n'avait plus le choix: il allait devoir laisser ses compagnons de voyages, son guide et son épouse entre les gants métalliques de créatures ne voulant pas que du bien au Seigneur du Temps... Même s'il comptait revenir.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« C'était il y a combien de temps? demanda Jack en effleurant la console de ses doigts.

- Presque un mois. L'atmosphère du TARDIS et le nombre incalculable de boites à pharmacie m'ont permis une guérison rapide et...Ne touchez pas à ça!

 

Le capitaine retira précipitamment sa main des boutons, et croisa les bras.

 

- C'est bien gentil, tout ça... Cette River Song, vos compagnons, des Cybermen... Mais pourquoi être venu me chercher?

- Je vous l'ai dis, j'ai besoin d'aide. Pour les libérer, mais aussi pour comprendre comment ce "Cyberempereur" a réussi à prendre le contrôle de plusieurs galaxies en moins d'un siècle...

- Vous savez, j'ai arrêté de jouer à l'Insepecteur Aubergine depuis un bout de temps, indiqua Harkness.

- Aubergine? C'est Poirot, Jack... soupirait le Seigneur du Temps.

- Bon, au-delà de la question du légume, pourquoi être venu me chercher, moi? Vous n'avez pas d'autres "amis" prêts à vous aider?

- Vous êtes le premier à qui j'ai pensé, vous devriez être honoré, répondit sèchement le Docteur. Et puis, si les choses doivent mal tourner, vous êtes le meilleur.

- Ah, d'accord, je vois... comprit amèrement Jack. En clair, vous avez juste besoin d'un type qui n'a aucune chance de mourir de quelque façon que ce soit. Je déteste être utilisé, vous savez!

 

Le Docteur, qui s'affairait déjà sur les boutons de la console, s'arrêta, et tendit les bras de façon à s'appuyer sur l'hexagone de métal, en soupirant. Puis il tourna la tête, et son regard fatigué croisa celui vexé du capitaine.

 

- Jamais je ne vous utiliserais comme ça, Jack. Jamais je ne l'ai fait, et jamais je ne le ferais.

- Ah bon? Pourquoi donc, hein?

- Parce que... Parce que ça me fait peur... avoua le Seigneur du Temps à mi-voix. Vous êtes un Bâtard du Temps, comme aurait dit... quelqu'un que j'ai connu. Vous n'avez pas à changer de visage, vous. Et vous ne possédez aucune limite de... "morts". Alors, si vous voulez tout savoir, le Docteur que vous avez croisé à la fin de l'univers, il était autant fasciné que terrorisé. Et celui d'avant aussi, celui qui vous a abandonné. Ils avaient peur de vous, autant parce qu'ils savaient que vous étiez un point fixe qui bouge un peu trop, si je puis dire, que parce que vous leur survivriez... Contrairement aux autres... Ils partent, eux. Toujours. Je le sais bien. J'en ai conscience, après presque 2000 ans de vie, Jack. Je leur survis toujours, et au bout d'un moment, ils le comprennent, et alors ils reprennent leur vie... Vous, vous êtes le seul qui restera, même après moi.

 

Jack regarda le Seigneur du Temps avec un regard assez interloqué, non pas qu'il ne comprenait pas ce qu'il disait, mais un pareil aveu lui semblait étrange.

 

- Jack, vous ne me connaissez pas encore très bien, mais vous savez pertinemment que je n'étalerais pas l'état de mes pensées à n'importe qui, comme ça. J'ai une énorme confiance en vous, sinon je ne vous en dirais pas autant. Et puis, ce n'est pas pour votre "immortalité" que j'ai besoin de vous, mais parce que vous savez vous battre, vous. Mieux que moi. Et que vous ne pensez pas vraiment comme moi, et j'ai parfois besoin d'avoir un avis différent du mien.

- Bon... Ben... Ouais, de toute façon, je suis monté dans le TARDIS, difficile d'en descendre. Surtout lorsqu'on est en vol.

- Et puis, vous avez une dette envers moi, vous savez?

- Quoi? s'exclama Jack.

- Si j'ai bien calculé mon coup, la dernière fois que je vous ai vu, c'était dans un bar. Je vous ai laissé un papier, et je vous ai aidé à trouver quelqu'un avec qui passer la nuit, et plus si affinités! Je vous ai aidé, vous devez faire de même! »

 

Le Capitaine Harkness lança un sourire espiègle en entendant l'argument du Docteur, qui lui-même pouffait de rire. Et d'un coup, le sombre TARDIS semblait bien plus accueillant.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La chambre qui accueillait les quatre prisonniers était bien plus sympathique qu'une cellule. Certes, il n'y avait pas de fenêtres sur les murs nus de la pièce, mais le petit lustre qui pendait au plafond, trop haut pour que quiconque l'atteigne, éclairait très bien la pièce. Clara et Élémohn étaient couchés, chacun sur un lit plutôt confortable et loin d'être repoussants. Quant à River et Jonas, ils discutaient à voix basses, assis en tailleur sur un des deux autres lit, l'un en face de l'autre.

 

« Vous avez une idée du temps que ça va prendre pour qu'ils se réveillent? demandait le jeune homme.

- Nous avons repris conscience assez rapidement, nous. Personnellement, ce n'est pas la première fois que je suis sonnée, alors que cet homme, là, originaire de Rémox...

- Il n'a pas l'habitude, c'est ça? Et ça ne me surprendrais pas que Clara ne l'aie pas non plus...

- C'est un peu ça. Mais vous aussi, Jonas, vous vous êtes réveillé assez vite. Vous...

- Oh, j'ai fait la guerre... admit le Qatrosien avec un peu de difficultés. Enfin, la guérilla, plutôt. Sur ma planète, Qatros, le pouvoir était entre les mains d'un dictateur. Le Docteur est arrivé avec son TARDIS, par accident. Et il nous a libérés...

- C'est ce qu'il fait souvent, mais vous avez du vous en rendre compte. C'est un homme fantastique. Bien sûr, il a ses défauts, et... entre vous et moi, Jonas...

 

Elle se pencha vers le résistant, qui fit de même, et lui murmura:

 

- Celui-ci plus que les autres.

- Oui, ça aussi, j'avais cru comprendre. Vous en avez rencontré plusieurs?

- Oh, j'en ai rencontré certains, oui. Et je sais beaucoup de choses sur lui. Je voyage aussi dans le temps, grâce au manipulateur de vortex. Et donc, parfois... on se croise. Mais pas toujours dans le bon ordre.

- Il y a eu de meilleurs Docteurs, vous dîtes?

- Oh, oui... C'est triste à dire. J'en ai presque honte, en fait. Mais pour tout dire, Jonas... Celui qui a précédé celui que vous connaissez, il était différent. Tellement plus enfantin, puéril... Un peu trop, d'ailleurs. Et puis, il y avait celui d'avant. Je ne l'ai jamais rencontré, mais de ce que je sais de lui, c'était un homme formidable et fantastique. Il avait ses mauvais cotés, et certains avaient une peur terrible de lui. Mais on raconte aussi qu'il a épargné certains de ses pires ennemis, plutôt que de les tuer. Qu'il refusait de porter une arme quelconque... Il y en avait un qui portait un céleri sur lui... Un autre avait un visage bien plus vieux, et était un parfait gentleman, très cultivé, très curieux de tout...

- Vous aviez mentionné New-York... se souvint le jeune homme. J'en avais entendu parler. C'est une ville américaine, non? Clara voulait y aller avant d'aller aux Jeux Olympiques de l'Espace, je m'en souviens. Mais le Docteur refusait.

- C'est compréhensible... Il a perdu des êtres chers, là-bas. Qui l'accompagnaient dans ses voyages. Des gens très importants pour lui, et aussi pour moi. Les Anges Pleureurs les ont... Mieux vaut ne pas s'engager sur ce sujet avec lui.

- Dîtes, vous connaissez le Docteur, et vous voyagez dans le temps, comme lui. Donc vous êtes un Seigneur du Temps, vous aussi? demanda le jeune homme pour changer maladroitement de sujet.

- En partie... C'est assez compliqué, en fait.

- Vous ne venez pas de Gallifrey, donc. D'ailleurs, maintenant que j'y pense... Je voulais demander au Docteur, dans le vaisseau, mais on était pressé. La question m'était revenue à l'esprit... Un jour, on a atterri sur Gallifrey, commença à expliquer Jonas. Enfin, ce n'était pas Gallifrey, c'était un clone... C'est compliqué, mais pour tout dire, au début, le Docteur n'arrivait pas à le croire. Il disait que c'était impossible que l'on y soit arrivé. Pourquoi était-ce impossible?

 

River regarda le garçon dans les yeux, avec un regard presque désolé. Elle savait ce qui s'était passé. Elle ne l'avait pas vécu, le Docteur ne lui avait jamais vraiment raconté. Mais elle avait étudié le Docteur, toute sa vie, dans le but de le tuer. Le Silence lui avait appris ce qui s'était passé, ce qu'avait fait le Docteur qui Abandonna son Nom. Le Docteur de la Guerre. Cependant, une personne connaissait la vérité, dans cette pièce, sur les terribles évènements du Dernier Jour, mais encore sonnée, elle était incapable de prévenir River de son erreur.

 

- Vous connaissez les Daleks?

- Oui... On en a croisé, après nos voyages olympiques. Enfin, il n'y en avait que deux, mais c'était déjà quelque chose.

- Il y a eu une guerre. Une guerre terrible. La plus grande de toute les guerres. La Dernière Grande Guerre du Temps. Les puissances temporelles, avec à leur tête Gallifrey et les Seigneurs du Temps, ont affronté l'incroyable Empire Dalek. Un affrontement où le temps lui-même était une arme. Les Daleks ont anéanti les puissances temporelles, et seule restait Gallifrey, où tous les Seigneurs du Temps s'étaient repliés. La planète était assiégée par des milliers et des millions de vaisseaux Daleks: toute la flotte, toute l'espèce était réunie en orbite autour de la planète. Durant toute la guerre, qui fut longue, très longue, des crimes sans noms ont été accomplis... murmurait-elle. Mais le pire... Tout cela menaçait la réalité elle-même. Des planètes entières furent brûlées et ravagées, des planètes parfois innocentes, et les Seigneurs du Temps ne valaient parfois pas mieux que les Daleks. Le temps lui-même devenait une arme, menaçant tout notre Univers.

- Le Docteur a combattu?

- Au début, il a refusé. Mais il a été tué. Je ne sais pas comment, je ne sais même pas s'il a vraiment été tué ou s'il est mort d'une autre façon, et je n'ai pas l'intention de lui demander, ce serait dangereux... Mais il n'en reste qu'il s'est régénéré.

- Et celui qui arriva décida de combattre, c'est ça?

- Oui. Il abandonna même son nom de Docteur. Il prit part aux combats, et son corps s'usa et vieillit très rapidement. Plus vite qu'un humain, dit-on. À la fin, il était lassé. Il avait connaissance des crimes commis par son peuple. Il pensait que les Seigneurs du Temps ne valaient pas mieux que les Daleks. Lors du siège de Gallifrey, il vola une arme d'une puissance destructrice incroyable... "Le Moment". Et il décida de mettre fin à tout ceci.

- Attendez... murmura Jonas avec horreur, commençant à comprendre. Il n'a quand même pas...

- Si. Le Dernier Jour de la Guerre du Temps s'acheva par le plus grand génocide de l'existence... et le plus nécessaire de tous. Il n'a pas eu le choix. C'était l'univers, ou Gallifrey. La planète fut détruite, avec la flotte en orbite. Tous les Seigneurs du Temps sont morts en cet instant, sauf lui. Et seuls quelques Daleks réussirent à survivre...

- Il a tué tous ces gens? hoquetait le résistant. Aucun génocide n'est nécessaire! Il aurait pu... Il aurait pu trouver un autre moyen!

- Vous n'étiez pas là, Jonas, et moi non plus. Mais la situation devait être extrême. Ce choix aurait été un dilemme pour n'importe qui. Et souvenez-vous qu'il ne s'agissait pas du même Docteur.

- Oui, vu comme ça... Je suppose que c'est un sujet qu'il ne faut pas aborder avec lui...

- Non, il ne vaut mieux pas. »

 

Ici s'arrêta la discussion. Ni l'un ni l'autre ne souhaitait entrer dans les détails des évènements. De plus, Élémohn et Clara reprirent connaissance quelques minutes plus tard, sans pour autant avoir entendu la conversation...

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La respiration métallique du TARDIS accompagna l'apparition de la cabine, qui clignotait dans la pièce, uniquement illuminée par la lanterne qui surplombait le vaisseau.

Lorsque Jack et le Docteur sortirent par la double-porte de bois, ils découvrirent une petite pièce, peu éclairée, dont le mobilier se limitait à quelques bancs de bois longeant les murs.

 

« Qu'est-ce que c'est? interrogea l'humain. Des vestiaires?

- Presque. C'est, ou plutôt c'était, une salle de repos de la garde. Ou quelque chose dans le genre. Les gardes attendaient ici pour prendre la relève. Il devait y avoir peut-être quelques livres ou autres, à une époque, mais on dirait qu'ils ont déplacé leurs postes de relève.

- Où est-ce qu'on est déjà?

- Dans la salle de garde, je viens de vous le dire!

- J'ai entendu, merci! Je parlais du bâtiment, du lieu plus général. Où est-on?

- Ah! Nous sommes dans un palais du Parox, l'une des principales collines de Rémoxia. J'ai localisé le manipulateur de vortex de River dans ce coin-là, grâce au TARDIS.

- Peut-être que les Cybermen ont juste pris le manipulateur...

- Mais peut-être qu'ils les ont amenés ici, et leur ont enlevé le manipulateur ensuite.

- Pourquoi les amener dans un palais, s'ils ont un vaisseau en orbite?

- Pour m'attirer. Je ne sais pas pourquoi, mais ce "Cyberempereur" m'aime bien... Il doit sûrement m'avoir tendu un piège. Mais pas d'inquiétude.

 

Les deux hommes sortirent de la petite pièce par une porte, et se retrouvèrent dans un couloir aux murs de pierres, vide.

 

- Vous avez bien le pistolet anti-cyberman? vérifia le Docteur.

- Oui... C'est celui de cette River Song?

- Exactement. Il a été projeté dans le TARDIS quand Jonas a été touché. Enfin bref, suivez-moi, et soyez prêt à tirer si un Cyberman se pointe! termina le Seigneur du Temps en sortant son tournevis. Avec ça, je devrais au moins pouvoir localiser le manipulateur de vortex.

- Avec le mien, on peut détecter des présences humaines, vous savez... Quatre personnes dans la même pièce, je les trouve facilement. Et vous, vous pouvez voir si la taille estimée des gens détectés correspond...

- Trois, dans ce cas, parce que River n'est pas humaine. Enfin, pas totalement.

- Oh, ça devient intéressant, murmura Jack.

- Ne flirtez pas avec River!

- Pourquoi?

- C'est ma femme, imbécile...

- QUOI? s'écria Harkness.

- Mais chuuuuut!

 

Mais il était trop tard... Des cris de gardes se faisaient entendre à l'autre bout du couloir. Le capitaine ne s'était pas fait très discret. Les deux intrus se mirent à courir dans la direction opposée à celle d'où venaient les gardes, qui allaient bientôt arriver dans leur corridor. Il ne servait à rien de retourner au TARDIS. Mieux valait s'enfoncer plus profondément dans les méandres du palais, de façon à semer les poursuivants et peut-être découvrir l'emplacement des prisonniers.

Mais c'était sans compter la connaissance de ce labyrinthe qu'avaient les gardes qui le protégeait. Trois hommes les poursuivaient, entraînés à courir et à se battre depuis des dizaines d'années: garder un palais était un privilège offert aux meilleurs soldats. Et les meilleurs soldats de Rémox couraient très vite, si vite qu'ils pouvaient se permettre de se séparer pour prendre les intrus en tenaille à certains croisements, et donc les obliger à partir d'un certain coté. Jack et le Docteur ne s'en rendaient pas compte, mais leur itinéraire était tracé par leurs poursuivants... Et ils le comprirent lorsqu'ils s'arrêtèrent brusquement face à un mur de marbre. Cul-de-sac... Ils se retournèrent, et virent face à eux les trois gardes; Deux d'entre eux les menaçaient d'une sorte de sabre, et le troisième, qui semblait, au vu des épaulettes, être d'un rang supérieur, les pointait avec ce qui ressemblait un peu trop à une arbalète.

Jack eut la mauvaise idée de sortir son arme et de la pointer vers les Rémoxains.

 

- Jack, vous êtes fou! Ce ne sont pas des Cybermen! rappelait le Docteur en sifflant entre ses dents.

- Des intrus... Des intrus qui nous menacent avec un objet rocambolesque... soupirait le "chef" des gardes. Tuez celui qui nous pointe, je m'occupe de celui en noir et blanc. »

 

Et alors que les deux autres Rémoxains se mirent à courir vers Jack, épée en l'air, prêts à le trancher de toutes parts, le troisième visa le Docteur et tira son carreau d'arbalète, qui se précipita en direction du Seigneur du Temps.

 

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