Doctor Who/Doctor Who Alternative: Les Douzièmes Docteurs [Spécial Noël]

Chapitre 1 : Au milieu de nulle part... [DWA]

3879 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:58

Le jeune homme à la peau mate courait aussi vite qu'il le pouvait. Derrière lui, trois espèces de crocodiles bipèdes le poursuivaient, armés de fusils. Les lasers le frôlaient, mais les créatures étaient trop loin pour l'atteindre.

Psi n'avait qu'une chose en tête: retrouver Johana. Il ne savait pas exactement de qui il s'agissait, et à vrai dire, il ne se souvenait plus de qui que ce soit. Pour éviter de mettre en danger les gens qu'il connaissait, il avait du les effacer de sa mémoire, ce qui fut facile étant donné qu'il était en partie cybernétique. Il se souvenait par contre parfaitement des informations concernant ses braquages de banques (une quinzaine de réussis avant qu'il ne se soit fait prendre...). Et il y avait cette Johana qui restait...

 

Il avait réussi à s'échapper, tant bien que mal. Près de trois mois avaient passé depuis son incarcération sur Ilok, et pourtant il était sûr que Johana l'avait attendu. Pourquoi? Il ne le savait pas. Qui était-elle? Il ne le savait pas non plus. Probablement l'aimait-il trop pour l'effacer entièrement de son esprit... Car il savait où elle se trouvait. Ou du moins, il sentait qu'il savait où il allait. Il sautait au-dessus des buissons, dévalait quelques petites pentes, augmentant la distance entre lui et les gardes aliens. Un laser le frôla alors qu'il arrivait en-bas d'une sorte de colline recouverte de gravillons. La prison était déjà loin derrière, à près d'un kilomètre... Il n'était pas le prisonnier le plus dangereux, mais la sécurité avait peut-être appelé les forces armées. Et seule Johana pouvait le sauver de ce mauvais pas.

Il continua de courir dans la plaine sèche et pleine de cailloux. Derrière lui, les crocodiles reprenaient du terrain. Trois lasers sifflèrent au-dessus de sa tête, et s'écrasèrent dans le vide à quelques mètres de lui, comme si un mur invisible s'y trouvait. Psi courut jusqu'à ce point, les bras en avant, et toucha une paroi métallique. Il déplaça ses mains jusqu'à trouver ce qu'il cherchait: un clavier numérique. Il sentait les dix touches sous ses doigts, et tapa le code "1212", dont il se souvenait. Dans le vide se découpa comme un rectangle noir de métal, qui bascula en avant. L'humain augmenté se poussa sur le coté pour ne pas se faire écraser, et vit la porte se poser vers le sol: il s'agissait d'une porte-passerelle, une sorte de pont-levis. Il monta les quelques marches qui l'amenèrent dans le corridor de son vaisseau, et frappa un bouton sur un mur, fermant ainsi le battant. À coté se trouvaient de petites prises rectangulaires, comme des prises USB. Il attrapa le câble qui pendait dans son uniforme jaune de prisonnier, et le brancha d'un coté à l'appareil implanté au-dessus de son oreille droite, et de l'autre à l'une de ces prises.

Le personnel de la prison avait désactivé presque toutes les fonctionnalités du système, ne laissant que celle lui permettant de survivre (il était devenu, comme presque tout les humains augmentés, totalement dépendant de sa partie cybernétique), et lui avait confisqué le câble. Lors de son évasion, il avait retrouvé ledit câble, et l'utilisait désormais pour que son vaisseau réactive le reste de son système. Il fallut une bonne quinzaine de secondes pour que l'opération ait lieu, mais pendant ce temps, le véhicule avait déjà allumé ses réacteurs et préparé le décollage. Une fois totalement réactivé, Psi courut dans le couloir, qui faisait une quinzaine de mètres de long, et s'arrêta à peu près au milieu, pour attraper une échelle plantée dans le mur, et monter à l'étage, se retrouvant ainsi dans son poste de pilotage. Il s'assit sur le siège noir placé au milieu du cockpit, et poussa les gaz, tout en pointant le nez du vaisseau, par lequel il était entré, vers le haut. Cela désactiva immédiatement le mode furtif de l'appareil, qui se révéla alors aux yeux des aliens. Une sorte de vaisseau triangulaire, au nez non pas pointu mais légèrement écrasé, haut de 4-5 mètres (il était plus haut à l'arrière qu'à l'avant) et long d'une vingtaine. Au deuxième-niveau, au-dessus de la "calandre" écrasée et faisant office de porte se trouvait le cockpit et sa vitre de verre blindé. Et sur les flancs du véhicule était écrit en lettres gris clair "Johana". Psi activa ses boucliers, et commença à foncer en direction du ciel, tout en chauffant ses moteurs de saut hyperspatial.

 

Il avait déjà atteint quatre mille mètres d'altitude, et avait eu le temps d'enfiler son gilet de cuir, mais derrière lui deux chasseurs bien plus rapides et agiles le rejoignaient et le canardaient. Les champs de forces protégeant l'arrière de Johana lâchèrent vite, n'étant pas à pleine puissance à cause du décollage en trombe. Les lasers frappèrent alors les réacteurs et l'hyperdrive. De nombreuses diodes rouges clignotaient dans le cockpit, et les alarmes criaient par dizaines. Il y avait des fuites dans plusieurs systèmes, et de l'énergie pure s'échappait dans le sillage du vaisseau.

Le jeune homme tenta de garder le contrôle de son appareil, mais celui-ci commençait à entrer en branle et à dévier vers la droite, comme pour retomber vers le sol.

 

« Bon sang Johana, ne me lâche pas! Pas maintenant, pas alors qu'on se retrouve! »

 

Mais la situation semblait désespérée. Les moteurs s'étaient arrêté, et la gravité reprenait ses droits sur l'engin. Psi n'avait plus qu'une chance: le levier rouge. Celui-ci était caché sous les panneaux de commandes qui entouraient le siège. Il n'était à utiliser qu'en cas d'extrême urgence, car la technologie qu'il utilisait était trop avancée pour le pilote... Et il s'agissait bien d'une urgence. Le hacker tendit sa main sous le panneau, et attrapa la poignée métallique. Il hésita une seconde, mais un autre laser frappa Johana sur les flancs, et il se décida à le tirer.

 

Un énorme choc traversa le vaisseau de part en part, et un flash d'une luminosité incroyable éclaira le ciel de la planète Ilok. Psi fut projeté à terre, et se releva, alors que l'appareil était encore atteint de fortes secousses. Et à travers la vitre, il vit alors qu'il ne se trouvait plus dans l'atmosphère de la planète, ni-même dans l'espace. Il était dans le vortex. Une sorte de moteur étrange, lié au levier rouge, le poussait à toute vitesse vers l'avant. Et au loin, dans son champ de vision, au milieu des cercles turquoises et blancs qui délimitaient le tunnel du temps et de l'espace, il voyait quelque chose. Quelque chose qui se dirigeait vers lui, mais moins vite... Johana fonçait à pleins gaz vers une cabine bleue.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Jonas était plongé dans une œuvre terrienne, que Clara lui avait offert: Hamlet. Il était d'ailleurs particulièrement captivé par l'histoire, bien que l'écriture en vers lui posait quelques problèmes. Ayant vécu toute sa vie sous la dictature d'Honorius Prog, président de la planète Qatros, il n'avait jamais lu de théâtre avant de rencontrer le Docteur, la censure sur la culture ayant été particulièrement organisée et efficace. Et là où son peuple avait probablement redécouvert de nombreux documents sur l'antiquité de son monde, et de nombreuses œuvres d'art, dont des pièces de théâtre, lui avait du fuir, ou du moins "s'exiler", pour éviter plusieurs années de prisons. Il avait été condamné à cette peine pour "trahison à la Résistance", dont il faisait partie. Il avait en réalité parlé sous la torture, mais cela restait, aux yeux des tribunaux "révolutionnaires", une forme de trahison. Cependant, il ne regrettait pas d'avoir choisi l'exil, et les voyages avec le Docteur, qui avait libéré son monde. Non, il ne regrettait rien, car il avait vu, appris et lu des choses que jamais personne sur Qatros n'aurait pu ne serait-ce qu'imaginer.

 

Une petite alarme sonna et arracha le jeune homme hors de sa lecture. Plusieurs diodes clignotaient sur la console face à lui. Il posa son livre sur la console secondaire située à sa gauche, et fixa les lumières de ses yeux bleus. Quelque chose clochait.

 

« Docteur? appela-t-il en se tournant légèrement vers l'escalier à sa droite, qui descendait sous la console.

- Je suis occupé! cria la voix grave du Seigneur du Temps qui résonnait dans les couloirs du TARDIS.

- Je crois qu'il y a un problème!

- Bon, ça va, j'arrive!

 

Le jeune homme entendit la démarche lente et traînante de l'alien qui ne semblait pas très joyeux à l'idée d'abandonner son activité pour venir voir ce qui se passait.

Jonas se leva et s'avança jusqu'à la console, qui sonnait de plus en plus. Il attrapa un des écrans qui pivotaient autour du rotor temporel, et le tira vers lui. Et alors son visage de poupin surmonté par des cheveux châtains se crispa sous la surprise et la peur.

 

- DOCTEUR!! Quelque chose nous fonce dessus!!

- Hein?

 

Le Seigneur du Temps se mit à courir, et déboucha sous la console. Chemise blanche, veste et pantalon noirs, il était habillé très simplement, comme à son habitude. Il remonta précipitamment au-niveau de Jonas, et le poussa légèrement sur le coté pour voir l'écran. Et en effet, celui-ci montrait une sorte de vaisseau en forme de dard, bien plus grand que le TARDIS (en apparence...), qui se dirigeait à toute vitesse vers eux. Il ne restait que quelques secondes avant l'impact, et le Docteur eut à peine le temps de tirer quelques leviers, déviant la cabine de la trajectoire du Johana. Mais le dard possédait comme des ailes delta sur les cotés, et l'alien n'avait pas eu le temps de faire attention à ce détail.

 

Il y eut un énorme choc, et d'un coup, le mur de la salle de contrôle se déchira, une énorme fissure apparut, projetant des morceaux de métal brûlants partout autour, poussés par l'aile du vaisseau. Le TARDIS fut harponné brusquement, et tiré par Johana, qui commençait à partir en vrille, accompagnant la machine temporelle dans ses secousses et ses rotations.

Le Docteur s'accrocha à la console, et se releva difficilement. Il tira plusieurs leviers, et des flots d'étincelles explosèrent au-dessus des commandes, tandis qu'autour de l'aile plantée dans le mur, l'air commençait à se déformer, et que le son morbide de la cloche du cloître résonnait avec force.

 

- Docteur! Qu'est-ce qu'il se passe!!

- Ce vaisseau nous a rentré dedans! J'étais sûr d'avoir activé les boucliers, pourtant!

- Non mais autour de l'aile!!

- Oh, ça? Euh... À l'extérieur, seule une petite partie de l'aile a troué le TARDIS, mais comme vous le savez, c'est plus grand à l'intérieur! Donc l'aile est entre deux mondes physiques et plans différents, et on risque un gros "BOUM" si on ne se sépare pas de ce chauffard du vortex!!!

 

L'alien tira d'autres leviers, et tenta d'activer les stabilisateurs, sans succès. Mais d'un coup, toutes les lumières s'illuminèrent sur la console, avant de s'éteindre subitement, pour s'illuminer à nouveau. Toutes les diodes clignotaient, et de nombreuses alarmes criaient. Le Docteur tira l'écran jusqu'à lui, et ouvrit de grands yeux en voyant ce qui y était indiqué.

 

- Le vor...

 

Une secousse énorme le coupa dans son exclamation, et il fut violemment projeté au sol, alors que l'autre vaisseau venait de se décrocher, laissant une partie de son aile à l'intérieur. Le TARDIS partait en vrille, et le Docteur eut à peine le temps de repousser la manette principale et de tirer le levier horizontal à gauche de celle-ci pour relâcher les freins temporels. La respiration métallique lança comme un fort soupir, et s'éteignit presque immédiatement sur un bruit sourd. Et le silence se fit.

 

Le Docteur se releva, et se remit à pianoter un peu partout sur la console, sans aider Jonas à se remettre debout. Celui-ci y arriva tout seul, et vérifia que sa veste de cuir animal, recouverte de poches, n'avait pas été déchirée quelque part.

 

- Il faut réparer cette fissure... marmonnait l'alien.

- Cela va nous prendre pas mal de temps, vous cr...

- Non.

 

Le Docteur se mit vers la console secondaire placée à gauche de la sortie, et activa quelques interrupteurs. Soudainement, le mur se répara de lui-même, comme il l'avait déjà fait des siècles auparavant avec le Titanic de l'espace.

 

- De quoi? hoqueta le Qatrosien.

- Arrêtez de dire ça, ça me tape sur les nerfs. En plus, quelque chose cloche...

- Comment ça?

 

Autour d'eux, tout était calme. Les diodes s'étaient presque toutes éteintes, et les lampes avaient perdu leur intensité. Même les néons bleus du rotor temporel renvoyaient une lumière terne.

 

- On a du perdre de l'énergie avec le choc, remarqua Jonas.

- Oui, mais ce n'est pas ça... Il y a quelque chose de louche. Je le sens.

- On a atterri où, en fait?

- Euh... Bonne question.

 

L'alien se rapprocha de la console principale, et tira un écran vers lui. Bizarrement, il n'indiquait rien.

 

- Qu'est-ce que...

- Il y a un problème?

- Oui. Nous ne sommes nulle part.

 

Le jeune homme fronça les sourcils en entendant cette affirmation, et tourna son visage vers les portes blanches du vaisseau.

 

- Pourtant il y a de la lumière dehors.

- Oui, c'est probablement ça qui cloche. Je vais voir ce qu'il y a à l'extérieur, vous, ne bougez pas.

- Euh... D'accord, obtempéra le Qatrosien après quelques hésitations. »

 

Le Docteur s'avança jusqu'aux deux battants de bois, respira un coup, et les tira vers lui. Il avança de quelque pas, et s'arrêta, hébété. Sous ses pieds, il y avait du bitume, du vrai. Il se trouvait sur une sorte de très, très large avenue piétonne, presque déserte. Elle devait bien faire une vingtaine de mètres de large, et sur les cotés, l'alien apercevait des parterres perpendiculaires à la voirie, occupés par quelques herbes ainsi que par deux arbres chacun, aux troncs assez fin. Du coté le plus "intéressant" des parterres se trouvaient à chaque fois trois bancs simples, à savoir des pavés noirs et lisses. Et si ce coté était intéressant, c'est parce qu'en s'y asseyant dos au peu de végétation qu'il y avait, on avait une vue sur l'incroyable bâtiment situé une quarantaine de mètres au loin, mais qui semblait tellement proche, et qui faisait face au TARDIS du Docteur.

C'était une bâtisse très moderne, probablement un centre culturel ou un musée. Le Seigneur du Temps se trouvait dans l'axe de l'entrée (des portes de verres) et d'une sorte de large baie vitrée qui semblait être à l'extrémité d'un long pavé traversant le corps principal du bâtiment, qui, d'ici, semblait circulaire. Ce pavé, que l'alien considérait comme une galerie, puisqu'il était resté dans l'idée que le tout était un musée, se trouvait juste au-dessus de l'entrée. À gauche, il voyait l'extrémité d'une autre galerie, orientée différemment, située au-dessus de la première, et derrière, des deux cotés, il devinait les deux bouts d'une troisième, au-dessus des deux autres.

Mais s'il ne pouvait que deviner cette troisième galerie, c'était à cause de l'incroyable toit qui recouvrait ce musée. On aurait dit un chapeau chinois, ou une vague, fait dans une sorte de matériau blanc, comme du plastique ou de la fibre de verre, et qui reposait sur une charpente de poutres de bois parfaitement taillées qui épousaient les formes de ce voile, formant un maillage complexe mais élégant, et qui reposait au sol sur au moins quatre piliers, faits de poutres croisées et en vrille. La membrane blanche était en partie transparente, et avec le ciel nuageux et la journée qui semblait s'achever, on voyait les contours du maillage de bois en-dessous. Ce voile, comme un drap flottant dans l'air, figé dans le temps, montait comme un chapeau chinois, mais s'arrêtait bien avant de former un pointe, laissant l'honneur à plusieurs mats métalliques étrangement arrangés de terminer la forme dans la continuité du toit. Mais un de ces mats, perpendiculaires au sol, dépassait de loin les autres, montant jusqu'à une distance que le Docteur estimait à presque quatre-vingt mètres de haut, et se dressait fièrement au-dessus de tout. À ce mat métallique était accroché un drapeau tricolore: bleu, blanc, et rouge.

 

« Je suis en France... murmurait l'alien à lui-même. Quand je disais que j'étais au milieu de nulle-part...

- Et encore, vous ne savez pas vous vous trouvez en France! remarqua avec cynisme une voix possédant un léger accent écossais juste derrière lui.

 

L'alien se retourna, et aperçut un homme habillé d'une chemise blanche recouverte d'un gilet noir et d'une veste bleue foncée à doublure rouge, ainsi que d'un pantalon noir et de bottes assez élégantes aux pieds. Mais c'était le visage de l'homme qui choqua le Seigneur du Temps. Il était physiquement bien plus âgé que lui (d'un point de vue plus biologique, on se doit de penser aux deux millénaires qu'avait vécus le voyageur temporel), son visage assez rectangulaire était encadré de cheveux gris, et ses yeux bleus argentés étaient soulignés par des sourcils particulièrement... agressifs.

L'alien reconnut immédiatement cet homme. Il s'était rappelé de bien des voyages qu'il avait effectué lors de sa 11ème incarnation, le maigrichon séducteur à l'accent légèrement écossais lui aussi. Suite aux évènements de Coxtin, il avait ressenti le besoin de se souvenir de ces aventures, pour pouvoir reconnaître plus rapidement une ancienne connaissance, aptitude qui aurait pu l'aider là-bas. Et là, il reconnaissait ce romain de Pompeï.

 

- Qui êtes-vous? demanda-t-il avec méfiance.

- Je suis le Docteur. Mais ce n'est pas la question, voyez-vous. La question, c'est "Que faîtes-vous ici?". »

 

Le Seigneur du Temps regarda derrière l'écossais, et s'aperçut alors qu'à coté de son TARDIS, il y avait une autre cabine bleue, totalement identique, que Clara Oswald venait de fermer.

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