L'obsession n'est jamais bien loin de la passion

Chapitre 1 : Partie I.

8944 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/01/2014 20:01

Quel surnom insensé. La Femme Pluie ? Comme si elle avait le pouvoir de faire pleurer le ciel. Si ça avait été le cas, elle s’en serait en effet donnée à cœur joie. Ça ne pouvait qu’être jouissif de foudroyer ces êtres méprisables. Eux, avec leurs faux sourires en diamants. Eux, qui riaient d’elle en la pointant du doigt. Eux, qui arrosaient le bourgeon épineux dans ses veines. Tant pis pour eux, qu’elle se disait. Elle irait voir ailleurs, là où cet homme faisait battre son cœur. Cachée vicieusement derrière son engin, elle l’espionnait, le mitraillait sous tous les angles. Il se dénudait, exhibait son corps sur ses clichés. Il était fait pour ça. Pour poser pour elle sous son regard avide. L’obsession était plus qu’un simple mot. Il faisait partie de son être, s’incrustait dans chaque parcelle de sa peau, de son âme et peu importait si on la méprisait. La folie ne s’éteindrait jamais, et les souvenirs, cachés dans son bien le plus précieux, seraient toujours et à jamais là pour faire revivre sa flamme. S’ils ne voulaient pas d’elle dans leur vie, alors elle la volerait, l’exposerait, l’étalerait et l’exhiberait sur le papier glacé.

 

L’obsession n’est jamais bien loin de la passion

I 

 

Encore, et toujours en retard.

Des pas précipités, courts, véloces. Une respiration essoufflée, irrégulière, happant désespérément l’air froid. Pourquoi diable ce couloir était-il aussi long ? Vide, sombre et interminable. La lumière matinale filtrait difficilement à travers quelques petites fenêtres donnant sur l’extérieur. Quiconque aurait daigné y jeter un regard quelque peu attentif, aurait pu deviner le ciel, noirci par ses nuages grisâtres et d’une monotonie affligeante, tel un drap blanc tâché de cendre déployé royalement au-dessus d’une immense cour déserte.

De l’autre côté, un mur en marbre, terne et suintant de mélancolie. Le temps s’était exhibé sur sa surface, craquelant parfois sa peinture défraîchie, zébrant son assurance de blessures qu’une mince couche nacrée essayait de dissimuler. Éclairé tout aussi faiblement, il supportait quelques vieux tableaux artistiques aux ornements ambrés. Des peintures abstraites à l’aquarelle fusionnant de vives couleurs. Rouges flamboyants, verts palmiers, tons bleutés et ensoleillés. Avec leurs fausses fières allures, les toiles tentaient vainement de garder contenance au milieu de l’éternelle grisaille.

Risible.

Un souffle agonisant s’échappa de lèvres rosées. Une jeune femme aux cheveux étrangement bleus marchait aussi rapidement que ses petits pieds le lui permettaient. Ses pas vifs brisaient honteusement le calme régnant dans le couloir. Trop long, trop loin. Sa longue robe se mouvait vivement au même rythme que sa démarche, tandis que ses boucles dansaient jovialement autour de son visage. La cascade soyeuse et colorée lui arrivait jusqu’au milieu du dos, et quelques mèches rebelles venaient de temps à autres lui barrer la vision.

Elle soufflait d’abord dessus d’exaspération pour essayer de les remettre en place, puis se recoiffait d’un geste agacé.

Ses petites mains, d’une grâce féminine, tenaient quelque chose contre sa poitrine. Un livre dont la couverture blanc cassé et la taille rappelait sans aucun doute un album photo. Autour de son cou, fin et délicat, pendait lâchement un boîtier noir muni d’un assez long objectif – un appareil photo reflex. L’engin, retenu solidement en bandoulière, cognait parfois durement contre la poitrine de la jeune femme. Cette dernière le replaçait correctement d’un mouvement souple.

Une petite brise s’engouffra d’une fenêtre laissée ouverte, et fouetta sans vergogne, au passage de la bleutée, ses joues vermeilles. Sans prendre le temps de s’arrêter, elle jeta un regard furieux vers son poignet gauche, autour duquel serpentait une fine montre-bracelet raffinée et en argent pur. De petits cristaux, peu nombreux, incrustés tout autour du cadran scintillaient faiblement. Le bijou était sobre mais d’une finesse et précision qui laissaient deviner tout le travail laborieux de son créateur.

Au fond du couloir dont on voyait enfin le bout, se dressait une porte massive et majestueuse, que ce soit par sa grandeur, ou par son bois rare et luxueux dont la chaleur avait été, visiblement, finement travaillée.

A sa vue, la jeune femme en bleu marqua finalement une longue pause.

Elle profita de ce temps d’arrêt pour reprendre difficilement son souffle, essayant de calmer son cœur qui cognait frénétiquement l’intérieur de sa poitrine. Elle prenait deux petites inspirations, puis soufflait aussi longuement que possible pour vider ses poumons de tout air. Elle répéta cette manœuvre trois ou quatre fois.

Enfin, elle leva une main tremblante et caressa du bout des doigts la surface de la porte, timidement. Puis, elle toqua deux fois. Deux brefs et timides coups qui firent écho dans la solitude du couloir. Trois secondes de silence plus tard, une voix féminine lui parvint de l’intérieur.

Entrez.

Elle s’exécuta aussitôt, fit appel à la faible force de ses muscles, et poussa la lourde porte à l’aide de ses deux mains. S’engouffrant à l’intérieur de la pièce, le battant de la porte se referma derrière elle dans un énorme fracas. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour s’habituer au nouvel éclairage de l’immense salle. Seules des lueurs rousses et blanchâtres faisaient office de lumière.

Cet amphithéâtre, car c’en était un, était connu pour être le plus grand mais aussi le plus éloigné du bâtiment. Il était en ce moment même plein à craquer, et tous les regards étaient tournés vers l’arrivante.

— Mademoiselle Lockser, commença sévèrement la même voix. Vous êtes encore en retard.

La concernée porta son attention sur son interlocutrice. Il s’agissait d’une grande et mince femme dont la longue chevelure châtain clair cascadait sur ses épaules bien droites. D’interminables jambes vêtues d’un collant noir dépassaient de son tailleur gris sombre. La dénommée Lockser baissa brièvement la tête en s’excusant du bout des lèvres.

— J’exige que vous justifiiez tous vos retards convenablement.

Elle acquiesça d’un unique mouvement de la tête alors que la femme lui jetait un regard austère derrière ses lunettes.

— Vous pouvez aller vous asseoir.

La retardataire daigna finalement se tourner vers le reste de la salle. Elle jeta des regards furieux à l’ensemble des élèves qui la dévisageait ouvertement. La plupart avait un vague sourire moqueur plaqué sur les lèvres. Cela l’irrita d’autant plus quand elle vit quelques étudiants échanger des messes basses en lui jetant de brefs coups d’œil.

La jeune femme détourna la tête dans une attitude faussement impassible, les snobant tous autant qu’ils étaient. Finalement, elle fit un pas en avant, et soudainement, ils éclatèrent tous de rire.

Ils riaient d’elle.

La honte liquéfiait tous ses membres. Elle ferma fortement les paupières comme pour échapper à cette dure réalité qu’était l’humiliation publique. Mais rien n’y fit, les rires lui parvenaient tout de même et écorchaient douloureusement son cœur, le tordant sans pitié. Le bas de sa robe était indéniablement coincé dans la porte, et elle ne pouvait plus avancer dans la pièce à part en ouvrant de nouveau l’entrée – ce qui causerait tout le bruit du monde.

— Mademoiselle Lockser, cessez tout de suite de perturber mon cours et prenez place.

La froideur du ton eut le mérite de calmer les rires, au plus grand soulagement de la jeune femme, même si elle était maintenant l’objet de l’irritation de son professeur de littérature – l’étudiante savait qu’elle occupait aussi le poste de professeur de sculpture.

Empoignant le bas de son vêtement, elle serra fortement les dents, sa mâchoire lui fit même un peu mal. Puis, elle s’avança rapidement tout en tirant sur sa robe dans un mouvement brusque. Le bruit de déchirure finit de calmer les dernières moqueries. Le bout du tissu bleu resta coincé dans la porte.

La bleutée lui jeta un dernier regard empli d’amertume. C’était sa robe préférée.

Madame Green, son professeur, avait décidé de l’ignorer et reprenait déjà son cours. L’étudiante s’empressa de prendre place, se glissant sur le banc de la septième rangée. Aussitôt, ses voisins s’entassèrent pour éviter d’être trop près d’elle, et certains lui jetèrent même des regards de dégoût. Elle passa une main sur son visage, s’assurant que rien n’était collé ou marqué dessus. Mais il n’y avait absolument rien d’étrange.

Seule une jeune femme, d’une trop petite taille pour son âge, n’eut aucune réaction et prenait furieusement des notes du bout de son stylo. Son attention était concentrée sur son professeur, et elle buvait chacune de ses paroles. Elle était la plus proche et ne se décalait pas d’un millimètre. L’étudiante en bleue aurait pu toucher la manche orange de son vêtement si elle avait tendu la main.

Elle connaissait son nom par cœur. Levy McGarden.

Elle avait souvent eut la furieuse envie d’aller lui parler, de la remercier du plus profond de son cœur et son être de ne pas la traiter comme les autres le faisaient. Toutefois, la jeune étudiante n’était pas douée pour ça. La plupart du temps, elle jetait un regard de reconnaissance à Levy que cette dernière ne voyait même pas. Alors elle se disait que la prochaine fois, peut-être, elle aurait ce courage inespéré de faire le pas.

Elle regarda longuement sa voisine qui noircissait à un rythme régulier une page de notes, entamée visiblement depuis un bon moment.

McGarden avait une préférence pour le papier, et c’était l’un de leurs points communs. La majorité des étudiants avaient des ordinateurs portables ouverts devant eux. Ils avaient déjà repris leurs pianotements irréguliers, mais cela sonnait telle une douce mélodie à ses oreilles. L’attention avait finalement été détournée de sa personne et de sa maladresse.

Ce n’était pas la première fois qu’elle vivait ce genre d’humiliation.

Elle était cette personne qu’on ne saluait jamais en retour, dont on préférait dévier le regard pour se plonger dans une conversation ou une activité très prenante, et ainsi éviter de lui répondre. La plupart du temps, on l’ignorait – à part quand il s’agissait de se moquer d’elle. Elle déjeunait toujours seule, sans personne à qui souhaiter un bon appétit ou avec qui échanger quelques bouchées, juste pour goûter. Elle n’osait rien laisser dans son casier depuis que plusieurs de ses biens avaient miraculeusement disparu. Parfois, on lui reprochait même de faire pleuvoir le ciel, car c’était forcément de sa faute. Parce qu’elle n’était pas assez jolie pour eux. Parce qu’elle était effrayante.

La bleue était une paria.

Elle s’était résignée depuis longtemps à utiliser ce mot bien qu’il la dégoûtait et blessait profondément. Parce que c’était la stricte vérité. Pourtant, son acceptation dans cette école prestigieuse d’arts l’avait tellement enchantée au départ. Elle avait attendu le premier jour de cours avec impatience, dormant à peine quelques heures la veille. C’était un nouveau départ, de nouveaux gens à rencontrer, de nombreux amis à se faire.

Mais on s’était très vite empressés à la ramener à la réalité, brisant ses espoirs en plusieurs petits morceaux de verres qui l’écorchaient chaque jour. Le goût amer de cette rude désillusion avait promptement imprégné son palais, et lui restait encore au fond de la gorge.

Il n’y avait pas d’amis pour elle ici, et au fond, c’était très bien ainsi. Elle n’avait pas besoin de l’amitié de ces gens-là, beaucoup trop riches pour leur propre santé mentale. Le luxe les aveuglait tous, et ils ne jugeaient les autres que par la richesse de leurs familles. La superficialité et l’hypocrisie régnaient en maîtres absolus dans cette école, il fallait être beau et fortuné afin de gagner un quelconque respect.

Non pas qu’elle crachait pleinement sur la haute société. La bleutée faisait elle-même partie d’une famille hautement placée, pourvue de moyens et d’un modeste pouvoir. La fortune, elle ne la connaissait que trop bien, pataugeant sinistrement dedans depuis son enfance. Cependant, à ses yeux, il n’y avait rien d’autre dans un billet d’argent qu’un simple bout de papier. Elle l’aurait échangé volontiers contre quelque chose de plus vivant. Des amis, par exemple. Mais l’amitié n’était pas à échanger contre de l’or.

Son père, qu’elle chérissait plus que tout, était souvent en voyage d’affaires, alors elle avait appris à se débrouiller par ses propres moyens. A vivre sa propre vie. Sans artifices.

Bien que sa nourrice insistait souvent pour l’accompagner lors de ses sorties, et que les domestiques se lamentaient de ne pouvoir l’aider à s’habiller, la jeune femme refusait de vivre telle une noble de l’ancien temps. Ce qu’elle aimait, elle, c’était le présent et la dure réalité de la vie. Elle n’en avait que faire de se vautrer dans le luxe, et ses passions à elle, c’était la photographie et les gens. Les gens réels, sans parures de diamants.

La jeune paria prenait plaisir à les observer, et ce pendant des heures. Souvent, elle les prenait même en photo pour conserver ces moments précieux, volés sans aucune honte — ou peut-être rien qu’un peu — à des inconnus. Un regard curieux, soucieux ou perdu dans le vague. Un sourire rêveur, parfois désabusé. Les vifs pas des gens pressés. La beauté maladive d’une inconnue.

L’étudiante en arts se levait chaque matin pour se rendre chez son unique ami, bien que l’on pût se tromper et le juger à son apparence peu commode. Elle savait quel genre de personne il était. Le genre à mettre sa propre vie en danger lorsqu’un train est sur le point de vous ôter la vie. Elle lui était plus que redevable depuis ce jour-là.

C’était une faute d’inattention de sa part, son appareil photo lui avait glissé des mains et s’était malencontreusement retrouvé sur les rails. Elle n’y avait pas réfléchi à deux fois, parce que le petit cube noir contenait cette précieuse pellicule qui relatait un peu toute sa vie. La jeune photographe n’aurait jamais voulu perdre ça, et bien qu’elle ait tenu précieusement à son existence, ses pieds l’avaient follement conduite sur le chemin de fer.

Le sifflement du train ne lui était parvenu que trop tard, et elle se rappelait avec précision la force de ces bras qui l’avaient projetée sur le côté, l’éloignant ainsi du monstre infatigable qui avait continué son chemin, broyant en mille morceaux son appareil. Elle s’était faite la réflexion qu’elle aurait pu être à la place de l’objet si cet inconnu ne l’avait pas sauvée.

C’était un miracle que le destin avait mis sur son chemin. Un miracle qui l’avait longuement réprimandée, d’une voix de plus en plus forte et élevée. Il l’avait d’abord prise pour une cinglée, une suicidaire, puis il avait posé ses deux grandes mains, rêches et masculines, sur ses épaules. Il l’avait tellement secouée que la jeune femme en avait eu la nausée.

« Mais t’es complètement tarée ! », avait-il vociféré. « Elle sert à quoi la putain de lumière rouge ?! ». Lorsqu’il avait fini par retrouver un semblant de calme, elle avait enfin eu l’occasion de placer un mot, de le remercier et de s’expliquer.

Son sauveur, indemne heureusement, lui avait jeté un regard noir, incrédule. D’agacement, il avait secoué la tête de gauche à droite, confirmant ainsi ses doutes à propos de la santé mentale de la photographe.

Depuis cet incident, elle n’avait pas arrêté de lui rendre visite. Elle l’avait secrètement suivi à plusieurs reprises, si bien qu’au final, il s’était mis en colère et lui avait demandé d’arrêter de l’espionner ainsi. De lui poser simplement la question si elle voulait tant savoir où il habitait – parce qu’elle l’effrayait à le suivre comme son ombre. En fait, connaissant cet homme, effrayer n’était pas l’exact mot à utiliser. Elle aurait plutôt dit qu’elle lui tapait joyeusement sur le système, comme il l’aurait sûrement affirmé.

Il avait longtemps refusé d’être considéré comme un ami de la bleue, et bien que ça l’eut blessée, elle avait très vite compris que c’était sa nature, qu’il était ainsi. Tandis qu’elle s’acharnait à se rapprocher des gens, lui, préférait les éviter au maximum.

Il ne lui avait jamais parlé ouvertement de son passé, mais au vu de son sombre regard lorsqu’elle abordait le fâcheux sujet, elle avait deviné que ça ne devait pas être très joyeux.

« Au final, on n’est pas si différents. », lui avait-elle dit un jour, car la photographe savait qu’il avait tout autant besoin qu’elle d’être entouré.

Il était d’ailleurs, indirectement, la raison de ses nombreux retards. Son unique ami tenait un café-bar situé dans un des bas quartiers de la ville. Elle faisait tous les matins le même chemin depuis le Manoir Lockser jusqu’au café qui portait le nom de famille de son gérant Redfox. La photographe savait qu’il aimait jouer de la guitare, et qu’il donnait même quelques concerts au bar auxquels elle n’avait jamais pu assister – elle devait rentrer tôt chez elle.

Un bruit étouffé sortit la bleutée de ses pensées.

Son regard perdu dans le vague revint brusquement à la réalité. Près d’elle, Levy McGarden s’était penchée sur le côté et cherchait visiblement quelque chose tombé par terre. Elle regarda un moment le sol et chercha machinalement avec elle. Ses yeux captèrent rapidement le stylo-plume noir de sa camarade de classe. Il était juste en-dessous d’elle, entre ses deux pieds, et elle aurait pu facilement le ramasser. Elle contempla les fines rayures argentées qui s’entrelaçaient tout le long du stylo.

La jeune femme fut tentée de se baisser et le rendre à sa voisine, mais s’en empêcha à la dernière seconde. Elle déplaça habilement son pied et fit discrètement glisser l’objet égaré jusqu’à sa propriétaire. Cette dernière, toujours penchée, arrêta soudainement sa recherche. Elle marqua une longue pause pendant laquelle la paria se demanda si elle n’avait pas sali le stylo avec ses chaussures.

Levy balaya ses questionnements alors qu’elle ramassait sans aucun mot son bien, puis se rassit convenablement. Silencieuse, elle s’emparait déjà d’une nouvelle feuille vierge. Le bleue reporta son regard sur son album photo, qu’elle avait posé sur la surface plate devant elle.

La dernière heure de cours s’écoula lentement.

La voix du professeur Green résonnait dans l’immense salle, poursuivant ses explications à travers son microphone. L’exclue n’en comprenait pas un mot, étant arrivée avec une heure entière de retard. Son regard se perdit dans le vide. Elle fixa un point invisible, au niveau du haut plafond auquel d’immenses lustres s’accrochaient, et brillaient faiblement.

L’amphithéâtre était dépourvu de toute fenêtre à travers laquelle un rayon de soleil aurait pu s’inviter. La lumière orangée éclairait vaguement la grande salle, alors que les écrans des ordinateurs illuminaient les visages des nombreux étudiants présents – à vue d’œil, ils devaient être deux cents, voire plus. Ça leur donnait une certaine allure fantomatique qui troublait la bleutée.

Plus loin, et situé en contrebas, un immense mur blanc servait de surface de projection au cours de littérature japonaise. La couverture d’un roman s’étalait sur tout le mur. Il s’agissait de la photographie d’une femme assise au bord d’une jetée dont le bois miteux était troué par endroit. Elle était drapée d’une fine et longue robe blanche qu’une douce brise s’amusait à bousculer. Les vagues d’eau lui léchaient délicieusement les pieds, tandis qu’un rayon de soleil levant éclairait sa peau d’une douce lueur. Au loin, un brouillard dense camouflait jalousement l’horizon, bien que quelques brèves esquisses d’un rivage fussent décelables.

L’étudiante ne voyait le titre de l’œuvre nulle part, ce qui avait déjà dû être abordé lors de son absence. Elle soupira faiblement d’agacement. La littérature était loin d’être son cours favori. Si elle continuait à fréquenter l’établissement, c’était uniquement pour les cours de photographie qui captaient toute son attention.

Elle détourna une nouvelle fois le regard du monde extérieur et se replongea dans sa bulle.

Sa petite main caressa rêveusement la couverture de son album photo. Prise d’une étrange envie d’occuper ses mains, elle l’ouvrit, le feuilleta. Chaque photo avait été prise par la bleue, méticuleusement rangées dans les pochettes blanches. Certaines contenaient non pas des clichés, mais des affaires de cours, ou de l’argent.

Le regard trop bleu s’attarda sur l’image qui s’étalait sur une grande partie de la première page. C’était la photo d’un homme, ou plutôt jeune homme, d’une vingtaine d’années en apparence – peut-être même qu’il devait en avoir plus, il semblait plus âgé qu’elle qui venait à peine de fêter ses dix-neuf années.

La jeune femme sourit intérieurement, c’était l’une des photos les plus réussies qu’elle ait prises de cet homme-là. Elle en était plutôt fière – très fière. Dans une douce caresse, elle frôla la photo du bout des doigts. Son regard vogua dessus.

Pris de face, elle pouvait aisément admirer les cheveux de jais, échevelés. À l’apparence douce, tellement sombres, ils captaient tout de suite le regard. Les longues mèches se rebellaient sur sa tête dans une chorégraphie agitée. Elles en profitaient pour lui chatouiller allégrement le front, barrer nonchalamment son regard. Ses paupières à demi-fermées cachaient jalousement l’étincelle de ses prunelles, permettant à ses longs cils de frôler le haut de ses joues. Une mèche noire flirtait avec l’arête de son nez, droit, fier. Un fin sourire absent, faussement séducteur s’étendait sur ses lèvres, et sa mâchoire était visiblement fraîchement rasée. Sa pomme d’Adam, parfaitement dessinée, était visible au-dessus du nœud papillon noir qui enserrait son cou.

Autour du jeune brun, plusieurs tables et chaises du même style étaient soigneusement disposées, tandis qu’en troisième plan, la silhouette d’un bar plongée dans l’obscurité au fond de la pièce…

Elle sursauta.

Sa contemplation fut brusquement coupée là lorsqu’un bruit strident résonna au loin dans le couloir. Tous les élèves s’agitèrent, éteignant ordinateurs et ramassant à la hâte leurs affaires. Le cours prenait fin, et la jeune étudiante, un peu perdue, referma brusquement son album pour l’abriter des regards indiscrets.

Après avoir ramassé ce dernier, s’assurant de bien le tenir contre elle à l’aide de son bras droit, elle se leva et se dirigea vers la sortie tout comme la masse d’élèves qui grouillaient dans la salle. Un des étudiants ouvrit difficilement la porte dans un grincement assourdissant, tandis que deux cent élèves derrière lui s’impatientaient et rechignaient.

La bleutée était un peu plus loin derrière eux, préférant attendre que la salle se vide un peu.

Elle eut un brusque sursaut lorsqu’une main toucha la sienne pendant une brève seconde. Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, quelque chose se retrouvait déjà au creux de sa paume gauche, un peu moite.

Une feuille blanche arrachée et pliée hâtivement en six.

Elle chercha des yeux la personne responsable, mais personne ne lui prêtait la moindre attention. Un immense élève, musclé et aux cheveux couleur de blé profita de sa surprise pour la bousculer et passer devant elle.

La bleutée serra fortement le papier dans son poing de peur de le faire tomber, tandis que plusieurs étudiants suivaient l’exemple de l’impoli blond. Ils la poussèrent sur le côté, leurs griffes heurtèrent et écorchèrent impudemment sa peau – et pas un seul ne s’en excusa. C’était comme si elle n’existait plus pour eux.

N’était-elle pas assez digne de recevoir leurs excuses ?

Elle grinça des dents et essaya de garder son équilibre malgré les coups perdus – ou certainement volontaires – qu’elle recevait. Ses poings se crispèrent autour de son album photo qu’elle tenait de nouveau jalousement contre elle à l’aide de ses deux bras.

La curiosité la démangeait affreusement mais elle se refusait de voir le contenu du papier. Qui en était l’auteur ? C’était bien la première fois qu’on lui adressait un quelconque mot en classe.

C’était réel.

Cette feuille était bien , tout contre sa paume et elle était certainement en train de la chiffonner avec son poing. La bleue grimaça, relâcha quelque peu sa forte poigne.

Son cœur rata soudainement un battement. Pourquoi était-elle aussi enjouée, après tout ? Il s’agissait sûrement d’une autre moquerie parmi tant d’autres. La page était peut-être vide. Cette pensée lui fit l’effet d’une douche froide.

L’impatiente étudiante ne put se contenir davantage et déplia prestement l’objet de sa déception anticipée.

Merci, Juvia Lockser.

Levy M.

Juvia Lockser relut quatre fois ces mêmes mots qui lui étaient adressés.

Ses yeux caressèrent religieusement chaque lettre au fil de sa lecture. L’écriture était souple, vaguement penchée et l’encre noire encore fraîche tâchait le papier par endroits. Le tout était accompagné d’un dessin représentant une petite Levy McGarden stylisée, qui essayait tant bien que mal de tenir un stylo trop grand pour elle.

Elle reconnut la décoration du stylo-plume tombé plus tôt. Le bandeau qui retenait les cheveux de Levy, habituellement orange, était noirci d’encre tout comme sa courte robe de la même couleur. Ses sourcils étaient comiquement froncés au-dessus de deux immenses orbes ornés de longs cils.

Un indiscret toussotement effaça aussitôt le sourire involontaire et rêveur qui s’étendait sur les lèvres de l’étudiante.

Elle regarda prudemment autour d’elle. La salle était presque vide maintenant et les derniers étudiants s’empressaient de la quitter à vifs pas. La jeune femme sursauta lorsque son regard atterrit dans celui de son professeur. Ses yeux étaient fixement posés sur elle, et l’étudiante aux cheveux bleus n’osait plus bouger. Son corps ne lui obéissait plus, comme s’il s’était soudainement changé en pierre.

La bleutée cligna trois fois des yeux, avant de finalement se détourner de son professeur qui attendait impatiemment son départ. Elle était la dernière étudiante à quitter la classe. Glissant le précieux mot dans une poche de son album, la photographe marcha rapidement vers la sortie.

Juvia soupira de soulagement lorsque la lourde porte se referma derrière elle.

En s’en allant, elle évita de jeter un dernier coup d’œil au bout de tissu vaguement bleuté, chiffonné et poussiéreux traînant misérablement dans le couloir.

*

La matinée était passée trop lentement au goût de Juvia, malgré son retard. Cette dernière n’avait pas tardé à rouspéter intérieurement. La littérature dans une école artistique ? C’était complètement insensé. Elle n’avait jamais été bonne en japonais, et tenait de sa mère quelques origines britanniques.

Elle avait voulu changer d’école, mais le travail de son père les obligeait, sa mère et elle, à rester installées au manoir Lockser – un énorme bâtiment où la bleue se perdait quelques fois. De plus, cette école des arts était l’unique dans la ville. Son père, quant à lui, partait très fréquemment en voyage. Douce ironie. Elle n’avait jamais réussi à convaincre son paternel que ce serait exactement pareil, ici ou ailleurs, mais il était de nature têtue.

Après le cours de littérature, Juvia avait longtemps marché dans les couloirs. Elle refusait d’avoir l’air de la pauvre solitaire qui restait dans son coin, alors elle marchait vite, d’une cadence régulière et ne s’arrêtait jamais. Peine perdue, c’était toujours une sensation bien désagréable de se faire dévisager par la plupart des étudiants pendant la pause.

Sa robe déchirée avait facilement attiré les regards curieux et railleurs. Elle avait passé son temps à jeter des regards noirs à tout va, dissuadant quiconque de se moquer ouvertement de l’état de son vêtement. Après un rapide coup d’œil à son programme de la journée qui ne présentait aucune heure de photographie, la tentation de sécher les cours n’avait pas tardé à pointer le bout de son nez.

La paria habillée de bleu de la tête aux pieds s’était faufilée à travers les longs couloirs de l’école. Ses pas avaient fini par l’amener jusqu’à l’immense cour vierge tandis que, pendant sa fuite, la sonnerie du début de cours retentissait dans tout l’établissement. Elle avait épongé une à une ses mains moites sur sa robe, au niveau de ses cuisses.

Puis, la bleutée avait traversé la cour en courant si rapidement que la terre s’était presque dérobée sous ses pieds. Le grand portail, qui s’ouvrait automatiquement pendant les pauses, était sur le point de se refermer. Juvia s’était souvent faite la réflexion que tout était inutilement grand dans cet établissement – surtout pour ses pauvres jambes – alors que la cour s’étendait interminablement devant elle.

L’étudiante en fuite avait finalement pu atteindre le portail, bien qu’il eût failli se refermer sur elle.

Elle marchait maintenant le long d’une rue déserte à cette heure-ci, non loin de l’école. Cette dernière s’élevait à plusieurs mètres du sol derrière la bleue. Elle dominait majestueusement l’endroit par toute sa grandeur.

Avec ses deux grandes tours en pierre qui encadraient la large façade extérieure, la construction s’apparentait plus à un château qu’à une simple école d’arts. La pierre blanche drapait le bâtiment entier, contrastant avec le bitume fade tandis qu’un tapis de marbre monochrome pavait la large entrée. De nombreuses fines déchirures cisaillaient la pierre par endroit, une distinction vieillissant l’édifice sans pour autant entacher la fraîcheur de sa peinture renouvelée chaque année, selon les rumeurs.

La lumière du jour caressait quelques sculptures baroques, accentuant ainsi leur irréalisme en les enveloppant d’une aura inquiétante. Leurs auteurs les avaient directement travaillées dans la pierre blanche des murs. Plusieurs sourires s’étendaient sur les visages de ces œuvres, tandis que leurs mains se tendaient à l’unisson vers la cour grise qui s’étalait devant eux. Une aimable invitation à les rejoindre, mais Juvia n’y avait jamais vu autre chose qu’une macabre plaisanterie.

Elle pressa le pas. Ce chemin-là, elle le connaissait par cœur. De nombreux arbres plantés symétriquement de chaque côté de la route l’accompagnaient pendant sa marche. La touche de vert aurait pu apporter une once de sérénité au tableau, si les nuages gris n’avaient pas choisi de la ternir. La verdure boueuse était encadrée par quelques bâtiments dont Juvia ignorait l’utilité. Ils étaient pourvus de multiples fenêtres impeccablement nettoyées, et elle crut déceler une ombre se dessiner derrière l’une d’entre elles.

La jeune femme baissa aussitôt la tête et jeta un regard intéressé au bas de sa robe. Le précieux tissu bleu avait été sauvagement lacéré. Un pincement au cœur.

Juvia se maudit pour sa réaction, ce sentiment d’injustice qui lui grignotait les entrailles qui n’avait pas lieu d’être. Elle n’était pas à plaindre, son armoire abritait un nombre incalculable de robes que même leur propriétaire ne pouvait compter. Néanmoins, il lui fallait admettre que cette robe-là était unique à ses yeux. Le vêtement ne l’avait jamais déçue, et à plusieurs reprises, il lui avait même porté chance. Elle en avait sacrément besoin ce jour-là, et avait misé tous ses espoirs là-dessus.

Parce que c’était le jour.

L’étudiante marchait rapidement tandis que le ciel s’assombrissait de plus en plus. Elle n’avait aucunement envie de s’attarder sous les tristes nuages qui menaçaient d’imbiber son album de leurs larmes. Juvia préférait – adorait – le soleil. Elle aimait ses reflets qui caressaient tendrement sa peau. L’astre lui réchauffait ainsi le cœur.

Malheureusement, la ville subissait bien trop souvent les averses, et on associait toujours le triste temps à sa personne. Bien sûr, les rumeurs étaient sans fondement. Aux yeux de la photographe, les gens regardaient simplement beaucoup trop la télévision pour leur propre bien.

La bleue n’avait aucun pouvoir magique qui pouvait décider de la météo. Plus jeune, elle avait passé plusieurs heures à confectionner des poupées qui, selon la légende, chassaient la pluie. Elle soupira d’exaspération en repensant à sa naïveté enfantine passée. La jeune photographe avait fini par comprendre qu’elle était simplement devenue le bouc émissaire de la mauvaise humeur de son entourage.

Tant pis pour eux, avait-elle pensé. S’ils étaient assez stupides pour croire à de telles idioties, alors elle n’avait rien à faire avec eux. Mieux valait être seule que mal accompagnée, n’est-ce pas ? Mais la solitude avait pourtant un goût bien amer. Seule, elle ne pouvait que se confiner derrière son rideau de pluie. Embrumé, glacial et infernal.

Juvia repensa soudainement au bout de papier caché soigneusement dans son album photo. Levy McGarden. Elle espérait réellement que ce n’était pas une blague.

Elle se gifla mentalement.

Ce n’était qu’un remerciement, ce n’était donc pas grand-chose, au fond. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’être émue à l’idée de, peut-être, se sentir acceptée par la jeune femme. Se faire une nouvelle amie.

Elle se demanda si elle devait lui donner une réponse, le lendemain, en cours. Ou alors, attendre que Levy lui adresse de nouveau la parole ? Et si elle ne le faisait que dans très longtemps ? Et si elle ne le faisait jamais ? Peut-être devrait-elle vraiment lui parler en premier… Après tout, Levy avait fait le premier pas. Oui, c’était à Juvia de répondre cette fois-ci. Ses mains tremblèrent un peu à cette pensée. Et si Levy se moquait réellement d’elle ? Et si…

La bleue soupira lourdement.

Elle se prenait beaucoup trop la tête et s’inquiétait pour rien. Elle n’aurait qu’à agir comme elle le faisait avec Gajeel, son ami. Il était d’ailleurs très facile pour elle de faire la conversation à ce dernier – peut-être parce qu’il n’était pas très loquace, ou parce qu’il lui avait sauvé la vie. La photographe lui racontait souvent ses journées, et il l’écoutait d’une oreille distraite pendant qu’il servait quelques clients au bar. Elle l’ennuyait certainement quelques fois, mais il ne l’interrompait jamais.

Les pas de la jeune femme la conduisaient machinalement vers le café-bar. Elle avait emprunté quelques raccourcis, des ruelles assombries par les hauts immeubles, que Gajeel lui interdisait de fréquenter, parce que c’était dangereux. Face à ses conseils, elle avait simplement haussé les épaules une énième fois, ce qui lui avait valu un regard noir.

L’étudiante à la robe déchirée avait finalement débouché sur une grande avenue de commerçants.

C’était la ville basse. La ville des pauvres, la ville sale, que disait sa mère. Juvia leva les yeux au ciel. Elle aimait cet endroit, le mélodieux brouhaha des marchands lui donnait le sourire. On l’interpellait souvent pour essayer de lui vendre quelques affaires faites à la main, à des prix trop bas aux yeux de l’artiste qui se laissait souvent tenter. Ils essayaient tous de gagner leur pain dans une chaleureuse ambiance. Pas de sournoiserie. Pas de faux sourires.

Quand il ne pleuvait pas trop, certains vendeurs étalaient à même le sol, sur de vieux draps poussiéreux, leurs bricoles. Protégés par de grands parasols, toutes sortes de choses pouvaient être dénichées dans tout ce désordre. Des bijoux bon marché, où Juvia avait repéré un petit collier blanc qui irait parfaitement à son cou. Elle ne l’avait jamais porté en publique, pourtant. Il y avait aussi des décorations en poterie, des ustensiles de cuisine, des pyjamas en coton, des jeans, et même des téléphones portables d’occasion. Leurs vives couleurs alignées côte à côte formaient un bel arc-en-ciel.

Elle pouvait deviner les senteurs d’une pâtisserie. Baguettes de pain, croissants et brioches, leurs effluves lui donnaient l’eau à la bouche. Le vendeur de petits gâteaux se trouvait à une distance raisonnable de la parfumerie. Juste à côté de celui de chaussures. Sous les nombreux immeubles faisant de l’ombre aux boutiquiers, il n’était pas évident de les situer.

La bleutée, venue très souvent dans les parages, pouvait facilement reconnaître la pâtisserie, au vu des nombreuses abeilles voletant avidement autour des entremets mielleux. Leur bourdonnement incessant guidait ses pas vers sa destination.

Quelques pas plus loin, Juvia se glissa de nouveau entre deux bâtiments, longea les murs de l’étroit passage. L’odeur de café lui chatouilla les narines et elle suivit la douceur de l’arôme jusqu’au café-bar. L’enseigne rouge Redfox se dressait au-dessus des tables extérieures. Deux clients étaient déjà installés à l’une d’entre elles. Ils lisaient tranquillement leurs journaux pendant que leurs tasses de café refroidissaient.

Juvia s’avança vers l’entrée, poussa la porte vitrée qui s’ouvrit dans un tintement de clochettes familier. Elle se sentait chez elle, ici, parmi l’ameublement confortable dont elle connaissait par cœur la disposition. Le café n’était pas bien grand, et de larges vitres permettaient à la lumière d’éclairer l’intérieur, mais quelques lampes accrochées au plafond étaient tout de même allumées.

Son regard se porta au fond de l’établissement et y chercha son gérant. Il n’était pas au bar, la bleue se demanda s’il allait s’absenter durant la journée entière.

Mirajane, la barmaid, manquait à l’appel également. Un serveur dont elle ne connaissait pas le nom avait pris sa place, bien que personne ne bût de l’alcool à cette heure aussi matinale. La radio était allumée et diffusait à faible volume quelques notes de jazz dont elle ignorait l’artiste.

La jeune femme jeta un coup d’œil à l’horloge ronde accrochée juste au-dessus du bar. Le néon bleu, qui lui servait de décoration, l’aveugla quelque peu et elle dut plisser les yeux.

Il était près de onze heures.

— Bonjour, la salua froidement une voix masculine.

Cet homme…

*

Note de l'auteur : Une fin un peu brusque mais j’avais besoin de scinder en deux cette scène-là. Désolée s’il réside quelques fautes, je me suis tellement relue que mes propres mots me dégoûtent un peu.

Je me permets de faire la pie dans ce premier chapitre, puis ensuite promis je vous lâche. Pour les plus pressés — et ceux qui s'en foutent —, vous pouvez zapper, je ne vous en voudrai presque pas. Me voici enfin, jaillissant de l’ombre pour vous présenter le projet sur lequel je planchais depuis un an et quelques poussières ! Ne vous étonnez pas si je parle de parties plutôt que de chapitres, je suis dingue et j’avais voulu en faire un long OS de 50k mots que j’ai dû diviser pour faciliter la lecture. Je me suis essayée à un style différent de She flows — ma première fanfic — et mes autres petits OS, c’est plus lent, plus descriptif, plus tortueux et malsain… Vous verrez bien, on sera tout le temps dans l’esprit tordu et torturé de Juvia.

Remerciement à Jague pour… tout, en fait. Je ne sais pas par où commencer. Tes relectures même quand t’avais pas la tête à ça, tes conseils utiles, tes mots si serviablement prêtés, tes encouragements qui m’ont poussée à avancer et à arrêter de me dire que « j’ai encore écrit de la merde, là », tes dessins génialissimes, tes corrections, notamment pour mes dialogues parfois tellement pourris que je mériterais de me foutre des baffes à moi-même. Bref, tout. Merci d’être là pour moi.

IMPORTANT ! Cette histoire est entièrement dédiée à la lune. Un auteur que je respecte, que j’aime et qui m’a aidée à mener cette histoire à bien avec tous ses mp, sa bonne humeur, son humour de dingue, ses commentaires qui me filent les larmes aux yeux, sa blondeur, sa folie rafraichissante. Elle. A qui j’avais dit un jour que je lui écrirai un cadeau d’anniversaire, sans trop oser lui avouer que mon long projet était déjà son cadeau, parce que de toute façon, c’est toujours à elle que je pensais en l’écrivant. Et bien voilà, secret dévoilé. Surprise !

Joyeux anniversaire en retard, ou à l’avance, Namuria.

Ah ! Ceci n’est pas une school-fic !

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