Des voix amicales

Chapitre 11 : XI - Amour, doute, fin.

4538 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/05/2018 10:19

Les deux amis se mirent à marcher ensemble cote a cote, se faisant éclairer par les réverbères des quartiers et les phares des véhicules.


-Alors ? T'en pense quoi de la Ludenberg ? D'homme à homme ?


Un peu surpris de cette question sortie de nulle part, il regarda son ami d'un air curieux, tenant la bandoulière qui tenait le caisson de l'instrument dans son dos d'une main.


- Ce que j'en pense ? C'est-à-dire ?


-C'est assez clair non ?


Il regarda ensuite de nouveau vers l'avant en prenant un air serein, bien qu'il réfléchissait à la question.


- Le fait que sa famille soit à la tête d'une mafia et qu'elle en fait partie est quelque chose que l'on ne doit pas oublier, mais elle-même n'a pas l'air dangereuse.


-Oui, elle a l'air super sympa, malgré son caractère très...


- Frivole ?


Dit-il en prenant un bref sourire exaspéré. Cette proposition fut énoncée sur un nouveau ton plaisantin, et aussi un peu exaspéré.


-Tout ce que tu veux ahah...


- C'est vrai qu'elle n'hésite pas à dire les choses, et avec ses mots. Je crains un peu lorsqu'il y a l'autre Celestia avec elle, c'est comme deux mondes qui s'opposent.


-Tu as peur qu'elle lui pollue l'esprit, elle si pure et réservée ?


- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Mais, disons que ça pourrait la chambouler un peu, elle qui n'a pas l'habitude de tout ça.


-Justement, ça fait une bonne expérience je trouve.


- On peut dire ça.


-Faut dire que niveau fille on est bien entourés maintenant...


A cette remarque, son ami ne put s'empêcher de lâcher un petit rire amusé. Il n'avait pas tort, mais il n'avait pas vraiment pensé à ça.


- Ouais, on peut dire ça...


-J'espère qu'on sera à temps pour le spectacle de fin d'année.


- Je pense que ça ira. Il nous reste encore du temps et on progresse vite, sans compter que nous avons maintenant une batteuse talentueuse parmi nous.


-Ou vas-tu aller après le lycée ? Tu comptes toujours partir à Okinawa ?


- Ouais, c'est toujours ce qui est prévu.


-J'espère que Mei ne fera pas trop d'étincelles là où elle ira...


Yoshino reprit un petit sourire à sa remarque. Il avait un peu de mal à en revenir de voir que son ami espérait toujours quelque chose d'aussi extraordinaire. Dans son cas il avait abandonné depuis un moment maintenant.


- Des étincelles ? Il faut plutôt se demander si elle ne les transformera pas en orage.


-Je ne me fais aucun soucis pour Ludenberg par contre, c'est plutôt pour les idiots qui vont essayer de la draguer sans la connaitre ahah.


- Tu crois vraiment que certains vont s'y risquer ?


-Ils ne la connaîtront pas. Bien sûr.


Il eut alors le sentiment que Yahiro ne trouvait pas la jeune fille spécialement repoussante. S'il disait cela, cela voulait dire qu'avant qu'il ne sache qu'elle faisait partie de la mafia, il n'aurait pas dit non pour l'aborder. Bien que cette particularité ne semblait pas non plus le gêner.


- Et toi, tu ne vas pas t'y risquer ?


Lui demanda-t-il avec un petit regard de côté et un petit sourire en coin qui en disait long.


-Hahah, si je devais tenter quelque chose ce serait plutôt Mei. J'ai toujours aimé son côté explosive. Je te laisse Celestia, je sais que son coté calme et réservée te plaira à merveille.


Dès qu'il entendit cela, Yoshino fit comme un bond, de surprise. Il avait eu cette réaction en entendant le prénom de la jeune fille, dans cette phrase particulière. Il regarda de nouveau son ami, un peu déstabilisé, ce qui était rare avec lui.


- Qu'est-ce que Celestia à avoir avec ça ... ?


-Oh, rien, juste un petit truc héhé.


Le jeune homme se reprit dans la seconde qui suivit. Un petit sourire exaspéré revint au coin de ses lèvres, tandis qu'il remit son regard vers l'avant. Il ne savait pas pourquoi Yahiro lui disait cela.


- La fatigue te joue des tours.


-Mais nos yeux ne nous en font pas. Si tu crois que je n’ai pas vu comment tu la regardes, le pourquoi de ta petite crise.


Là, il touchait justement ce qu'il fallait pointer du doigt. Il est vrai qu'il lui lançait quelques regards discrets, et il y avait encore cette petite crise qui remonte à un petit moment maintenant, que lui-même n'avait pas compris. D'ailleurs, il ne le comprenait pas toujours. Cependant, ce n'était pas parce qu'il ne savait pas ce qui lui a pris qu'il était prêt à avouer qu'il y avait bien quelque chose.


- Dans ce cas tu ferais mieux de faire une petite révision, on dirait que tu ne vois pas très clair ces derniers temps.


Répondit-il simplement sur le ton de la plaisanterie pour dissimuler ce qui en était réellement.


-Tu ne me la feras pas à moi vieux frère.


Dit-il dans un sourire provoquant.


Il poussa un petit soupir en baissant la tête, ayant bien vu la provocation dans son sourire. Il était certain de son idée, alors que lui-même ne comprenait pas vraiment pourquoi.


- "Vieux" ? Qui est en train de raconter des conneries comme un gâteux qui n'a plus toute sa tête ?


-Enfin, tu le verras bien.


Dit-il en changeant d trottoir, traversant la rue en regardant des deux côtés. Une fois de l'autre côté, il lui fit signe, partant dans une autre direction opposée.


Depuis son trottoir à lui il lui rendit son signe, avant de reprendre la route une fois assuré qu'il reprenait la sienne. Il marchait alors maintenant seul sur le trottoir, en direction d'un arrêt de bus en portant son instrument au dos. Il était seul physiquement, mais accompagné de ses pensées. Le malheureux, il avait réussi à le mettre en doute. Maintenant qu'il avait parlé de Celestia et de ce petit "truc" de sa part, avec ses regards, et ce qui ressemblait à une crise de jalousie, il ne savait plus quoi en penser. Pour lui, c'était impensable, il ne pouvait pas y avoir un ... enfin, quelque chose du genre, pour le dire tout simplement, de l'amour. Ce n'est pas comme si ça lui arrivait souvent, ça ne lui est jamais arrivé d'ailleurs, alors il ne savait pas ce que cela voulait dire. D'autant plus que de son point de vue, cela venait seulement d'une volonté de veiller sur elle et de la protéger. Ce n'est pas qu'il ne se voyait pas avec elle, qu'elle ne lui plaisait pas ... c'était même le contraire, elle était mignonne, belle, appliquée dans ce qu'elle faisait, et comme l'avait si bien dit Yahiro, elle était calme et timide, des choses qu'il aimait bien. Vraiment, il ne savait pas quoi penser.


Rentré chez lui, il partit directement dans sa chambre pour y finir la soirée, et commencer sa nuit. Le lendemain matin, c'était un jour de congé. Le dimanche, il ne faisait rien de particulier. Mais il put voir en se levant du lit que son téléphone brillait de la petite lumière indiquant une notification sur son chevet.


Cette petite brillance ne pouvait signifier qu'une chose, qu'il avait reçu un message durant son sommeil. Il prit un air curieux car la chose était rare. Il se demandait bien quel pouvait être l'objet de ce message. Il s'approcha du chevet pour saisir son téléphone et le déverrouiller afin d'en faire la lecture de son contenu.


Il put voir ainsi qu'il s'agissait de Mei, auteur du texto.


-"J'ai rien à faire aujourd'hui, rejoins moi au centre commercial à 10 heure !"


- Au centre commercial à dix heures ... ?


Répéta-t-il doucement pour lui-même, tandis qu'il continuait de se réveiller. Toutefois, sans savoir pourquoi, cette heure commençait à lui faire un peu peur, et pour cause. Lorsqu'il lorgna vers l'heure affichée au haut de son écran, il commença à ouvrir un peu plus les yeux. Neuf heures trente, il était neuf heures trente. Autrement dit, le rendez-vous était pour dans une demi-heure, sans compter qu'il avait du trajet à faire. Il se réveilla bien vite sur le coup, merci au coup de stress.


- Merde ... ! Je ne dois pas rater le bus !


Dit-il soudainement, en posant son téléphone sur le lit avant de commencer à se préparer en quatrième vitesse. Pour le coup, il s'habilla des vêtements de la veille, qu'il avait laissée sur le dossier de la chaise. Il n'avait absolument pas le temps de décider d'une nouvelle tenue. Rapidement vêtu, il reprit son portable et le mit dans la poche de son pantalon. Il sortit toujours avec vitesse de sa chambre pour se rendre à la salle de bain et effectuer une petite toilette dans l'empressement. Il ne pouvait pas s'attarder sur son apparence, déjà que ce n'était pas quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur. Fort heureusement à cause de ça, il n'eut pas grand-chose à faire. Fin prêt, si l'on peut dire, il se précipita vers le rez-de-chaussée, ou le reste de sa petite famille prenait le petit-déjeuner, et visiblement, il y avait une place déjà toute faite pour lui, avec des toasts grillés et du jus. En voyant son fils débarquer ainsi, Chisato prit une petite mine surprise, alors qu'elle n'était encore qu'en peignoir. Si Yoshino était déjà habillé et se déplaçait à vive allure, il allait certainement quelque part.


- Yoshino ... ? Où vas-tu ?


- Au centre commercial ! Mei m'y attend pour dix heures !


Répondit-il d'une voix un peu plus forte à cause de l'urgence du moment. Il se rendit rapidement à la cuisine, là où mangeaient son père et sa petite sœur avec la mère. Tour à tour il leur embrassa la joue pour les saluer, avant d'arriver à sa place. Il saisit le verre de jus d'orange pour le boire d'une traite, avant de prendre deux toasts dans sa main. Sans doute comptait-il les manger en route. Sa mère vit bien qu'il était pressé et qu'elle ne pouvait pas y faire grand-chose, si ce n'est lui donner une serviette pour qu'il puisse s'essuyer en chemin.


- Fais un peu attention ou tu vas salir tes vêtements...


- Oui oui je vais faire attention ne t'en fais pas...


Assura-t-il alors qu'il croqua une première bouchée dans son toast tout en se rendant vers la porte d'entrée. Il les salua, ou du moins tenta de les saluer avec la nourriture en bouche en même temps qu'il ouvrait la porte.


- Gnà tout à l’heure... !


Il sortit ensuite de la maison et referma la porte derrière lui, terminant d'enfiler sa veste comme il le pouvait. Il pressait le pas pour arriver à l'arrêt de bus juste à temps pour ne pas rater ce dernier, et se rendre au centre commercial, en espérant arriver pile à l'heure et ne pas faire patienter son amie.


Et en effet, devant l'entrée du grand magasin qui était non loin d'une des sorties du métro qui passait non loin, Mei trépignait déjà d'impatience, tapotant du pied en regardant sa montre, les cheveux décoiffés de colère.


Il l'aperçut son mal, et vit également sans mal qu'elle n'était pas très satisfaite. La façon qu'elle avait de taper du pied, cette coiffure ... c'étaient les signes d'une femme qui attendait, et qui était donc agacée. Il prit une mine peu rassurée à cette vision. Il savait qu'il allait passer un mauvais quart d'heure. Il hésita même à faire marche arrière pour rentrer, mais ça, évidemment qu'il ne pouvait pas le faire, ça empirerait les choses. C'est donc résigné qu'il s'avança vers son amie, se préparant à recevoir ses blâmes.


Quand elle l'aperçut du coin de son œil vif et énervé, elle attendit comme un prédateur que sa proie vienne a lui, et se tourna vers lui en le ruant de petits coups de poings avec ses deux bras.


-T'es en retard !! J'attends depuis 10 minutes au moins !!


Comme il s'y attendait, il devait subir le courroux de son amie. Le malheureux, il venait d'arriver et avait fait de son mieux pour arriver à l'heure, mais on dirait qu'il avait échoué. Cependant, ce n'était quand même pas une raison de l'accueillir ainsi, alors qu'il avait fait au plus vite. Pour se protéger de ses coups, il mit ses bras devant lui en baissant un peu le visage, encaissant comme il le pouvait. Elle en faisait beaucoup encore une fois, alors que son retard ne semblait pas bien grand.


- En même temps tu n'aurais pas pu me prévenir hier ... ? Et tu n'as pas attendu beaucoup ...


- Ça ne se fait pas de faire attendre une fille ! C'est tout !


Apres quoi elle croisa les bras d'un air grognon.


-Crétin.


Il pouvait maintenant souffler un peu. D'un petit air désespéré il passa une main sur son crâne d'une petite mine. Il avait bien paré les coups, mais dans la frénésie de la jeune fille, personne ne pouvait en sortir indemne, même quand on en avait l'habitude, comme lui.


- Je suis là maintenant, non... ?


-Yahiro est occupé à aider ses grands-parents aujourd'hui et je ne voulais pas fatiguer d'avantage Celestia avec ça. De toute façon elle avait rendez-vous avec son médecin, c'est pour ça que je suis si tôt. Mais on aura eu le temps de s'amuser !


Après sa petite explication, Yoshino prit un air exaspéré. Sans savoir vraiment pourquoi, il avait un peu l'impression de faire office de remplaçant, faute de présence du côté de Yahiro qui était occupé pour la journée, tout comme Celestia qui avait rendez-vous.


- Je suis un peu le dernier recours c'est ça ... ?


-C'est juste que j'aurais voulu qu'on y aille tous ensemble mais si t'es pas content tu peux partir...


- Mais non, mais non, ce n'est pas ce que j'ai dit...


Assura Yoshino en voyant que son amie commençait déjà à tirer des conclusions hâtives.


-Bon, on y va ?


- Est-ce que j'en ai le choix... ?


Demande ironiquement le jeune homme en arborant un petit sourire taquin après cette petite crise.


-Tu peux t'en aller si tu veux.


- Ne le prends pas comme ça, je plaisantais...


-Mouais...bon, allons-y.


Dit-elle en s'engouffrant avec Yoshino dans le complexe. Shopping, nourriture, détente, tout ce trouvait dans ce grand centre commercial. Bien sûr, le duo d'amis passa la matinée dans les rayons à fouiller, chercher et regarder ici et là les différents produits de l'étage où ils se trouvaient. Quand midi arriva, les deux amis se mirent face à face à la table d'un petit restaurant sans grande prétention, ressemblant aux petits stands qu'on trouve dans les ruelles animées de la ville. Comme à son habitude, Mei mangeait avec une grande ferveur après ces deux petites heures de chinage avec son ami.


Bien qu'ils avaient passé beaucoup de temps à marcher et à vagabonder un peu partout dans le centre commercial, le jeune homme avait du mal à faire avec son amie qui mangeait presque sans aucune retenue tellement elle était affamée. Il y avait beaucoup de personnes autour d'eux, mais cela ne semblait pas la gêner. Il était un peu exaspéré, tandis qu'il croqua avec bien plus de discrétion dans son sandwich qu'il avait acheté sur place. Mis à part le faire que Mei s'en donnait à cœur joie, c'était plutôt calme. Un calme propice à la réflexion pour Yoshino, qui repensa à ce que lui avait dit Yahiro à propos de son attitude avec Celestia. Il avait bien compris où il en avait voulu venir, mais pour lui, c'était assez difficile à envisager. Enfin, il sentait bien quelque chose de spécial avec elle, et surtout, quand il pensait à elle, mais au point d'en être amoureux ... Il était curieux d'avoir le point de vue de son amie sur la question.


- Dis, Mei.


Elle releva alors avec curiosité son visage aux joues gonflées par la nourriture encore en bouche.


Il mit un peu de temps à poursuivre, car pour lui, la question était un peu difficile à poser. Il en était assez gêné, et essayait de ne pas le montrer.


- Comment me vois-tu avec Celestia... ?


Sur le moment, elle regarda à droite, puis à gauche, sceptique, avant de le regarder à nouveau sans rien dire.


-....hein ?


Il sentit bien que son amie n'y comprenait pas grand-chose, ce qui le contraignait à préciser sa question, en même temps qu'à se plonger dans un embarras plus présent.


- Est-ce que... tu trouves que j'agis bizarrement avec elle ?


-Ben....disons que t'es assez...enfin...attentionné parfois avec elle. Et après avoir parlé un peu de tout avec mes amies, on s'est dit qu'elle te plaisait.


Il s'attendait assez à cette réponse. La veille, Yahiro avait plus ou moins dit la même chose. Il avait un peu de mal à y croire. Enfin, non pas qu'il la trouvait repoussante, c'était tout le contraire, mais, il ne se sentait pas spécialement concerné par ce genre de choses. De son point de vue, ce n'était là que de l'affection, de l'attention, du fait qu'elle en avait besoin à cause de sa fragilité.


- C'est normal, non... ? Enfin, comme elle ne peut pas voir, il est normal que je fasse attention à elle.


-Mais t'es pas tout seul. On veille tous sur elle, et force est de constater que tu fais un peu plus de zèle que les autres.


- Pourtant j'ai l'impression d'agir normalement avec elle. Je ne vois vraiment pas pourquoi vous dites cela.


-On dit tout ça au début, t'en fais pas.


Il comprit bien qu'il y avait un sens caché à cette phrase. Un peu confus, il tourna son visage vers elle pour la regarder curieusement.


-On dit ça, après on refuse de voir qu'on est plus bizarre avec elle qu'avec les autres, ensuite on accepte et enfin on avoue.


Cette fois il ne comprit pas ce que voulait dire la fin de sa phrase. La curiosité s'accentua sur son visage.


- On avoue quoi ?


-Yoshino...T'es vraiment un idiot.


- Sympa...


Répondit-il en prenant un petit sourire légèrement exaspéré, avant de tourner son visage vers l'avant, regardant la foule qui passait à droite et à gauche, de boutique en boutique.


-C'est évident pourtant ! Tu commences à avoir plus que de l'amitié pour elle !


Et à ça aussi, il s'y attendait, encore une fois. Décidément, la chose commençait à être récurrente ces derniers temps. Il lâcha un bref soupir en baissant légèrement la tête, se demandant si le lendemain on allait lui dire la même chose.


- Déjà Yahiro hier, maintenant toi ... Vous voyez de l'amour partout.


- Moi je ne sais pas. C'est surement tôt pour dire ça, et puis, tu ne nous en as pas parlé de toute façon. C'est à toi de le savoir.


- ... C'est vrai qu'elle est mignonne et qu'elle chante très bien. Elle est maladroite aussi, mais je dirai que ça la rend encore plus mignonne, mais au point d'en être amoureux...


-C'est à toi de voir je pense. Tu es assez lucide pour t'en rendre compte tout seul non ? Justement à cause de ça tu sauras bien si tu te mens à toi même le moment venu.


Il releva le visage pour la regarder avec un retour de cette curiosité à la mention de ce fameux "moment venu". Il en avait bien l'ombre d'une idée, mais il voulait en être sûr.


- Que veux-tu dire par là ?


-Mh ?


- Quel moment venu ?


-Ben, si jamais t'es vraiment vraiment amoureux d'elle...si ce n’est pas déjà le cas.


Sur le moment, il ne put s'empêcher, ou plutôt, il ne put empêcher son visage de prendre une discrète teinte rouge au niveau des joues. Ce simple mot en parlant de la jeune fille, "amoureux", avait suscité cette réaction de son corps, comme si ce dernier savait la vérité, contrairement à sa raison. Il ne répondit rien, puis tourna le visage dans l'autre sens, avant de prendre un léger sourire en coin, regardant Mei du coin de l'œil et préférant changer de sujet, celui-ci l'embarrassant un peu.


- Sinon, tu ne vas pas mourir de faim si tu t'arrêtes de manger ?


-J'ai pas arrêté, je suis juste trop rapide pour que tu le vois.


Répondit-elle, stoïque.


Après cette réponse dite sur un ton étrange, Yoshino quitta son embarras et regarda son amie, ou plutôt ce qu'elle tenait entre les mains. En fait, il était plus juste de dire ce qu'elle devait tenir entre ses mains. Car en effet, le sandwich n'était plus là. Il avait disparu, envolé ... englouti ? Il saisit beaucoup mieux ce qu'elle venait de lui dire, et prit une mine légèrement consternée face à une telle démonstration de gourmandise.


Elle se leva alors avec entrain, s'étirant les bras avec un grand sourire.


-Bien ! On y va ?


Yoshino fut pris au dépourvu car contrairement à elle, il n'avait pas eu le temps de manger son repas à cause de cette discussion. Il n'était pas aussi gourmand qu'elle.


- Déjà ? Mais je n'ai même pas fini ...


-Hé ? Mais t'as rien mangés !

- C'est toi qui as mangé trop vite oui !


Répondit de plus belle le jeune homme suite à cette accusation, comme si c'était de sa faute.


-C'est toi qui est trop lent !


Rétorqua-t-elle en lui tirant le bras vers le reste du centre pour continuer la journée. Décidément, il n'allait pas pouvoir faire selon son bon vouloir.


Il était pris de cours, et tout portait à croire qu'il n'allait pas avoir le temps de manger son sandwich à peine entamé qu'il tentait de gardait dans sa main pendant qu'il se faisait tirer par surprise. Il n'avait d'autre choix que de la suivre, une fois de plus emporté par la vivacité de Mei.


- Eh mais attends ! Je n'ai pas encore fini !


-Mais si mais si !


- On ne mange pas tous en un battement de cil comme toi !


- Je ne mange pas trop vite, c'est vous qui êtes lents...


- Évidemment, pour une ogresse comme toi, tout le monde mange lentement ...


Dit-il sur un ton légèrement exaspéré, alors qu'il continuait de se faire tirer par son amie dans le centre commercial, son pauvre sandwich à la main ballante.


-Pas du tout ! Ta mère mange aussi vite que moi, c'est la seule qui me comprend...avec ta sœur aussi. C'est juste les hommes de ta famille qui sont incompétents...


- On parle vraiment de compétences en ce qui concerne la vitesse pour manger ...


-Bien sûr que oui !


A cela, le jeune homme ne sut quoi répondre. Il n'avait déjà pas son mot à dire en ce qui concernant le reste de la journée à suivre, cette conversation sans queue ni tête ne fit que le désespérer davantage.


-Au fait, tu ne veux rien voir toi ? On a surtout cherché des vêtements pour moi pour le moment.


- Ça ira, je n'en ai pas besoin. Ce n'est pas vraiment la chose à laquelle j'accorde le plus d'importance.


Dit-il à son amie, au premier abord un peu surpris, mais très rapidement de nouveau calme. C'était vrai, il n'accordait pas une grande importance à tout ce qui était vêtements ou autre. Pour lui, c'était quelque chose réservé davantage à la gente féminine.


-T'es sur ? Pourtant ça peut faire effet pour plaire aux fille...Ah, enfin si c'est bien Celestia qui t'intéresses, elle ne s'encombre pas de ça vu son handicap...


- Pourquoi tu en reviens à là ...


Reprit-il avec une petite mine blasée, en même temps qu'une petite teinte rouge apparut sur ses joues. Plaire à Celestia, quelle idée. Enfin, ce n'était pas tant que l'idée était absurde, mais plutôt qu'il n'avait jamais vraiment pensé à ça.


Elle le pointa alors vivement du doigt avec une grande mine effarée.


-Ah ! Tu rougis ! T'en pinces vraiment pour elle !!


- Tu ne veux vraiment pas te détacher de cette idée ...


-Alors pourquoi tu réagis comme ça mh ?


- ... A force de m'en parler, ça finit par rentrer...


Il avait mis un peu de temps à répondre, certainement à cause de l'embarras qu'avait créé cette question. Lui-même ne s'était pas vraiment rendu compte de sa légère réaction car il n'y faisait pas vraiment attention.


-Oh-oh ? Alors tu finis par l'avouer ?


- Vous n'arrêtez pas de me dire ça, vous m'embrouillez ...


-Si on t'embrouille c'est qu'il y a bien quelque chose...


- C'est une journée boutiques ou une journée interrogatoire ?


Demanda-t-il sur un ton sarcastique, restant calme malgré la situation, même si il semble que le sujet avait quelques effets sur lui.


-Une boutique interrogatoire !


Répondit-elle pouce en l'air. Evidemment, cette réponse farfelue eut le don de désespérer le jeune homme qui ne trouva rien à redire. Il préféra ne pas poursuivre la discussion, car il savait que s'il s'y risquait, il allait entendre d'autres bêtises du genre.


-Plus sérieusement, tu devrais déjà un peu savoir si tu ressens un petit truc pour elle non ? On n’est pas dans une de ses séries mielleuses ou les héros se demandent pourquoi ils rougissent ou que leurs cœurs bat super vite.


Et une nouvelle fois, le sujet revenait sur la table, alors qu'il pensait en être tiré d'affaire pour le moment. Cela commençait à devenir épuisant, et justement parce que c'était épuisant, il se laissa aller à cette suggestion, d'un air qui n'était pas des plus convaincus.


- Comment veux-tu que je sache ça ?


-Bah tu sais bien comment tu te sens quand t'es avec elle ? Sans cela, tu devras écouter ton cœur…


Regardant face à lui, il laissa la pensée de son amie rentrer dans son esprit, pensif.


-Mon cœur… 


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Salut salut ! Envidy pour vous écrire !

Voici (enfin) la fin de "Des voix amicales", un livre qui aura été mis en pause bien trop longtemps et qui aura trop peu avancé. Je pensais en fait n'avoir rien écrit de plus et c'est en fouillant mes vieux dossier que j'ai trouvé tout un paquet de suite qui m'a motivé à tout corriger et préparer la nuit dernière et ce matin pour tout publier.

J'aurais donc adoré écrire cette histoire, qui m'a vraiment plus, et j'espère que vous aussi !


Envidy

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