La cour des grands

Chapitre 1 : Izzir

1476 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/12/2017 15:36

 

IZZIR

 

 

   Il faisait énormément chaud. Le soleil tapait fort sur les remparts de la cité de Lys. Elle luisait face à la lumière du jour et elle commençait à ressembler à une ville blanche. Il marchait près du port. Son maître, Vezel dar Jiro, lui avait ordonné d'aller lui chercher sa ration de saumon, venu tout droit de l'autre côté du Détroit. À chaque fois qu'il sentait l'odeur d'une nourriture Westerosi, il se demandait si même les paysans de là-bas ne mangeait pas meilleur que les maîtres d'ici. Il arriva donc au port qui était remplit de navires marchands. Lys est connu par son importance dans le commerce et la ville devenait, dès le début du matin, une ville presque cosmopolite qui ne cessait de bouger de l'aube au coucher du soleil. Le port ne faisait pas abstraction et il était difficile de marcher droit sans bousculer quelques personnes. Des esclaves, des maîtres, des marins, des capitaines, des voleurs et des flibustiers. Voilà de quels types de personnes peuplent cette cité à la renommé mondiale, du Mur jusqu'à la cité de Quarth. Il avait apprit à tous les différencier et avait appris à ne pas bousculer les mauvaises personnes, notamment les maîtres qui ne feraient qu'une bouchée de sa trogne. Izzir se demandait souvent comment était Lys lorsqu'elle était encore une cité libre. En effet, depuis déjà 7 ans, le pouvoir a changé de main et le nouveau régime qui avait été mis en place a décrété que Lys serait dorénavant une cité esclavagiste. Izzir et son maître, qui habitait à Astapor, ont alors emménagés ici. Il arriva donc au port et vit la barque du marchand de saumon qui attendait que son dernier client n'arrive. A voir la tête du capitaine Mortimer, il devait être mécontent de son retard et était presser de fuir vers le nord car la chaleur du soleil ne semblait pas lui plaire.

 

-Bordel ! Sais-tu seulement depuis combien de temps je t'attends, esclave ?!

 

   Il se tenait à présent devant la barque et devant le regard colérique du marchand. Ses manières d'esclaves l'obligeaient à baisser la tête lorsqu'on le grondait et dût s'excuser.

 

-Bon, très bien. Maintenant, prends la caisse de Vezel. Il doit l'attendre de pied ferme. Je te jure que s'il n'était pas mon ami, je t'aurais déjà jeté dans la Mer d'Été. Allez, file maintenant. Je dois prendre le large pour Tyrosh au plus vite.


Il prit la caisse qui, bien qu'assez lourde, ne l'empêchait pas d'avancer et regarda le capitaine prendre la mer. Ainsi, il se mit à rêver une nouvelle fois du jour où il pourrait quitter cette foutu île et cette foutu cité qui commençait à l'oppresser et à l'étouffer.

 

   La route était longue jusqu'à la maison de son maître et il dût essuyer les insultes de plusieurs personnes avant d'arriver au seuil de la porte de Vezel. Il toqua et une voix rauque se fît entendre de l'intérieur lui permettant d'entrer. Il déposa la caisse à l'endroit habituel, dans la cuisine et se plaça au côté de son maître. Ce-dernier se tourna vers lui. Il portait sa tunique bleue habituelle ainsi que sa barbe auquel il prenait grand soin. Ses yeux et sa carrure lui faisaient ressentir une grande force d'esprit mais il dégageait tout de même la bonté et surtout la justice. Il ne s'était jamais laissé faire par les gens mal intentionnés. Vezel lui avait raconté qu'une fois, il avait arraché les deux bras à main nues d'un voleur qui tentait de lui subtiliser sa bourse. Une autre fois, il ouvrit le ventre d'un assassin qui avait tenté de le tuer et sortit son estomac de sa propre main . Il avait ainsi pour habitude de se faire justice soi-même, ce qui lui valu le surnom du «Loup de Lys» et était devenu à la fois craint et respecté dans toute la cité. Malgré l'arrivée de ses cheveux blancs, Vezel n'avait pas perdu de sa superbe d'antan. Son esclave le respectait aussi et il l'avait d'ailleurs toujours mieux traité que la majorité des autres esclaves qui s'était vu être sous la tutelle de maître plus autoritaire. «Je te considère comme mon propre fils alors n'oublie pas la chance que tu as d'avoir un père comme moi». Il lui répétait souvent cette phrase et il l'avait toujours comprise, surtout quand il remarquait les traces de coup sur le dos de son ami Mitor, esclave au service de Rasar dar Rika.

 

-Assieds-toi, Izzir. Tu ne vas pas resté planter là, tout de même. Ordonna Vezel.

 

-Excusez-moi mais je n'ai déjà plus rien à faire ? Demanda Izzir.

 

-Pas pour l'instant, fiston. Discutons un peu, veux-tu ? J'aime parler de bon matin.

 

   Izzir s’assit sur un siège à côté de son maître, acte tout à fait inhabituel pour un esclave, et cela le gênait car il ne voulait pas se sentir privilégié par rapport aux autres de sa «classe». Il regarda son maître et ce-dernier lui demanda :

 

-Comment va mon vieil ami, le capitaine Mortimer ? Se comporte-t-il bien avec toi ?

 

-Il va bien et il est resté très aimable, comme à son habitude. Mentit Izzir.

 

-S'il était comme à son habitude, il n'était pas aimable alors. Ça ne sert à rien de me mentir sur ce sujet, tu sais. Je ne vais pas le punir. Je veux toujours qu'il me livre son saumon qu'il pêche dans le Trident. Je me demande comment il fait pour pêcher du poisson aussi frais. Dis-moi. T'as ton insulté aujourd'hui ? Sur le chemin de l'aller ou du retour ? Ou les deux ?

 

-Rien de bien grave, maî….Père.

 

-N'ai pas peur de m'appeler père. Je te l'ai déjà dit. Et arrête de dire que ce n'est pas grave. Je sais que tu ne peux pas rappliquer mais je sais aussi que cela te fait du mal à l'intérieur. Je ne t'en voudrais pas si tu te défoules sur un mur.

 

-Ça va aller, ne vous inquiétez pas pour moi. Je sais gérer.

 

-Je n'en crois pas un mot. Mais bon, si tu penses que tu sais maîtriser ce genre de choses, soit. Tu sais, j'ai beaucoup réfléchi et je veux te libérer de tes chaînes.

 

-Quoi ?! S'écria Izzir en se levant brusquement. Vous… Vous n'êtes pas sérieux ?!

 

-Bien sûr que je le suis. Mais promets-moi que si je te libère, tu resteras avec moi.

 

-Oui, ne vous inquiétez pas. Je ne vous abandonnerais pas. Je vous le jure.

 

-Et, j'aimerais que tu travailles. Je t'aiderai à trouver un travail plaisant.

 

-Pardon ?! Vous me libérez pour être l'esclave d'une autre personne ?!


-Ne vois pas les choses comme ça, s'il te plaît. Tu pourras gagner de l'argent. De plus, je serais toujours là pour t'épauler si tu as besoin d'aide. En échange, j'aimerais que tu t'occupes de tout, notamment grâce à l'argent que tu auras récolté. Tu seras en quelque sorte, le chef de cette maison.

 

-En clair, vous me libérez pour que je puisse remplir vos poches à votre place. Père, vous rendez vous compte ?!

 

-Calme-toi ! Je ne t'ai pas encore libéré alors surveille ton langage ! Nous n'avons plus beaucoup d'argent depuis que la nourriture coûte plus cher à cause de cette foutu guerre à Westeros. Tu est mon dernier espoir de vivre une fin de vie un minimum confortable. Alors fais ce que je te dis, c'est compris ?


   Les deux hommes restèrent calment durant quelques secondes. Vezel s'était levé et il utilisait dorénavant sa carrure imposante comme argument. Difficile de lui résister en ces cas-là. Izzir recula et dit :

 

-Je vais ranger le saumon. Laissez-moi du temps pour réfléchir, s'il vous plaît.

 

-Bien, tu sortiras ensuite rejoindre ton ami Mitor. Dis-lui que j'attends son maître Rasar ce soir. J'ai quelque chose d'important à lui dire. Ton ami lui passera le message.

 

-Bien, père.

 

   Izzir partit dans la cuisine tandis que Vezel se rassit, sortit de sa poche une lettre et commença à la dérouler. Il resta quelque secondes devant l'écriture bien soignée de cette lettre et la déchira avant de jeter les morceaux par la fenêtre.

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