La cour des grands

Chapitre 75 : Galmar

6865 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/03/2019 18:59



Galmar



Rien n'allait se passer ce soir-là. Et pourtant, Galmar ne pouvait s'empêcher de garder sa main sur le pommeau de son épée. Il n'avait jamais connu de réelle bataille et celle qui se préparait pour le lendemain, dès l'aube, lui faisait peur. Tant de gens allaient mourir très bientôt. Il ne pourrait supporter de voir les rues de Viergétang pleines de cadavres. Cependant, comme Aliénor lui a dit maintes fois ces derniers jours, il fallait qu'il s'y prépare, répétant que «les morts d'aujourd'hui font les vivants de demain». Voir un enfant avoir un avenir parce qu'un bon parent aura donné sa vie pour le protéger lui redonnait du courage. La nuit était si noire ce soir-là que Galmar crut avoir le vertige en la fixant. Derrière lui, Lord Darry était plus happé par les flammes. Il lui avait avoué qu'il priait le Maître de la Lumière quelques jours auparavant et il espérait tant voir son avenir dans les flammes. Devant Galmar, c'était la cité de Viergétang, faiblement éclairée et dont la silhouette massive se dessinait sur les rives de la Baie des Crabes. Les points lumineux qui se baladaient étaient les torches des gardes sur les remparts. Galmar les suivait, imaginant comment il tuerait cet adversaire s'il tombait sur lui pendant la bataille. Les points lumineux qui restaient fixes, au contraire, étaient des salles éclairés dans les maisons des habitants. Galmar imaginait pour chacun d'eux une famille en train de se détendre. Les parents rigolent et font l'amour tandis que les enfants jouent aux soldats avec des bâtons dans leur chambre, ignorant ce qui allait se passer le lendemain. Mais c'était surtout vers le château que Galmar dirigeait son regard. Laquelle de ces fenêtres donnaient sur Miranda? Avaient-elles été laissées tranquille par les Frey ou emprisonnées dans les geôles du château? Il ignorait son sort mais il essayait de tout son cœur de ne pas imaginer le pire. Il avait déjà perdu tant de monde et perdre Miranda l'anéantirait. Aliénor, qui s'occupait de garder l'arrière du camp, passa à côté de Galmar, et lui conseilla de se coucher avant que la bataille ne commence. Le dernier de la récente famille des Hästrid lâcha enfin le pommeau de son épée et partit dormir. Lord Darry, lui, continua de fixer les flammes quelques minutes encore avant d'aller se coucher à son tour.


Dans un port, comme dans de nombreux lieux de commerce, les ouvriers qui y travaillaient se devaient d'arriver avant l'aube afin d'exécuter leur tâche. À l'horizon, les navires marchands qui avaient jetés l'ancre pendant la nuit, jetèrent leurs barques et vidèrent leur réserve de soies, nourritures et peaux de bêtes de leur cale. L'eau était calme et seul un air un peu plus frais qu'à l'accoutumé venait rendre ce matin-là différent des autres. Tout le monde savait que l'hiver approchait de plus en plus vite et qu'il sera très bientôt temps d'enfiler des vêtements plus chauds. Pourtant, un événement majeur allait bouleverser bien plus encore le quotidien de ces ouvriers. Quelques gardes des Frey étaient postés au port où régnait l'ordre. L'un d'eux aimait crier aux ouvriers de faire plus d'effort et il n'hésitait pas à les bousculer. Et comme le destin aimait que la justice soit parfois rendue de façon bien peu originale, ce fut lui qui se retrouva le premier avec une hache dans le crâne. Lord Darry avait donné le premier coup, et accompagné de ses hommes, il s'occupa des autres gardes. Le bruit de la bataille n'avait pas encore atteint la ville et les soldats de Lord Darry avaient attaqué le port, à l'abri du regard des soldats postés sur les hauts remparts de Viergétang. Ainsi donc, la première offensive de la bataille se déroula sur le port, et fut bien vite résolue. Les ouvriers s'étaient cachés dans les entrepôts. L'un d'eux, pris au cœur de l'affrontement, sentit sur son épaule une main imposante mais réconfortante. Lord Darry lui demanda alors:


-Ne t'inquiètes pas, petit. Dis-moi juste où je peux trouver un cor. J'ai des amis dont je dois prévenir de mon arrivée.


Il semblait que le point commun entre les ouvriers et les sangliers étaient qu'ils aimaient se réveiller dès les premières lueurs de l'aube pour aller travailler. Pour les sangliers, leur travail était de trouver de quoi nourrir eux et leur famille. Ainsi, l'un d'eux courut dans la forêt chercher des champignons ou des petits rongeurs à se mettre sous la dent. Il tomba soudain groin à nez avec toute une petite armée. Il avait eu tellement faim qu'il n'avait pas penser à sentir la présence de ceux qui étaient ses prédateurs. Un coup de lance l'empêcha soudain de s'enfuir et il mourut instantanément.


-Pourquoi tu l'as tué?! C'est pas le moment de manger, Obed. Rétorqua un confrère, posté à côté du tueur sanguinaire.


-Taisez-vous, par les Sept Enfers! Chuchota Aliénor en tête de la troupe.


La seule et unique commandante des troupes civiles de Viergétang commandait cette fois une troupe de résistants bien décidés à reprendre leur ville. Cachés dans la forêt, les résistants attendaient le signal pour attaquer. Aliénor guettait à travers les buissons les soldats Frey postés sur les remparts. Ceux-ci se levaient après leur nuit bien reposante et remplaçaient ceux qui étaient restés éveillés toute la nuit. Aliénor serrait fortement l'une de ses deux épées, prête à bondir sur les remparts mais elle devait attendre le bon moment. Soudain, le son d'un cor lointain retentit. Aliénor sourit et constata que le plan marchait comme prévu. Elle contempla donc avec une petite fierté ses ennemis tourner la tête vers l'autre bout de la ville. De là où ils étaient, ils ne pouvaient voir le port mais ils devinaient bien que le son du cor provenait de là-bas. Quelques soldats furent appelés aux remparts près de la porte. Le nombre d'ennemis s'amenuisaient sur la partie des remparts qu'Aliénor voulait attaquer. Elle dégaina alors une de ses épées et la leva en l'air. Toute la troupe se prépara soudain à remplir son rôle. Après un temps qui parut extrêmement long pour chacun des hommes et des femmes présents dans cette forêt, Aliénor baissa violemment son épée. Voilà enfin le signe et tous se levèrent et foncèrent sur les remparts, devant la surprise des guetteurs qui voyaient tant d'adversaires sortirent de l'ombre de la forêt.


-Échelles! Hurla Aliénor.


Certains soldats étaient en train de porter de longues échelles en bois préparées durant ces derniers jours. Ceux-ci les plantèrent dans le sol et les adossèrent aux murs. Plusieurs soldats commençaient à monter tandis que leurs ennemis, remis de cette surprise, comprenaient la situation et appelaient leurs archers.


-Archers et boucliers! Hurla de nouveau Aliénor lorsqu'elle vit les flèches ennemis filer en leur direction.


Munis de boucliers en bois, la plupart aux couleurs de la maison Hästrid, les soldats continuaient de monter sur les échelles et posaient alors le pied dans la ville. Avec le bruit du cor, des cris de soldats et des premiers coups d'épées, les habitants comprenaient à leur tour ce qu'il se passait et se cachèrent pour la plupart dans le coin le moins vulnérable de leur maison. Aliénor atterrit à son tour sur les remparts et dégaina sa deuxième épée, prête à venger son roi Olliver et à reprendre la ville des mains des Frey.


Au loin, à mi-chemin entre les portes de la ville et le port, Galmar et le reste des résistants attendaient avec impatience leur signal. Ils venaient d'entendre le cor puis, des cris de soldats en train de se battre à l'autre bout de la ville. Galmar commença à compter le nombre de minutes qu'Aliénor lui avait donné avant de partir. Cinq minutes exactement. Lorsque le décompte arriva à son terme, Galmar dégaina. Il était accompagné de pas mal d'épéistes mais surtout d'archers afin de s'occuper des hommes sur les remparts et tous avaient déjà une main sur une de leurs flèches. Soudain, Galmar cria:


-Chargez!


Et tous sortirent de la forêt et foncèrent sur les portes de la ville, rejoints dans leur course par Lord Darry et ses hommes.



Miranda



Un fracas de porte la réveilla. Encore confuse par ce réveil si brutal, elle mit du temps à comprendre ce qu'il se passait. À travers les barreaux qui la retenaient, Miranda voyait des soldats Frey courir devant sa cellule. Elle se doutait que quelque chose n'allait pas. Elle se tourna alors vers son co-détenu. Celui-ci aussi avait été réveillé par les soldats qui continuaient d'accourir dans les couloirs face à eux.


-Que se passe-t-il, Miranda? Demanda-t-il, inquiet.


-Je crois qu'ils viennent nous secourir, mestre Kyren. Répondit Miranda avec un petit sourire.


Le mestre, toujours habillé de sa chaîne que lui avait donné la Citadelle et de sa veste noire, se leva de son lit de paille et s'approcha des barreaux. Miranda, elle, se tourna vers la petite fenêtre de leur cellule. Elle ne pouvait voir la bataille de là où elle était mais elle contemplait le soleil se lever à l'horizon, là où la Baie des Crabes débouchait sur le Détroit.


-Il faut que nous sortions d'ici! Se résigna-t-elle soudain.


Galmar était en train de risquer sa vie ainsi qu'Aliénor et tout un tas d'autres soldats et elle n'était pas du genre à rester les bras croisés pendant que les autres se battaient. Il n'y avait rien qui pouvait les aider dans cette cellule et la fenêtre était bien trop petite pour qu'elle puisse passer. Elle fit les cent pas quelques minutes, tel un lion en cage, cherchant un moyen de s'évader. Pendant ce temps, tous les soldats étaient partis défendre les remparts. Il n'y avait même plus de garde dans cette partie des cachots pour les surveiller. Miranda quémanda alors:


-Votre chaîne, Kyren, s'il vous plaît!


-Quoi?! S'étonna Kyren. Désolé, lady Miranda, jamais un mestre ne se sépare de sa chaîne. Elle est le symbole de toutes nos années d'études à la Citadelle et de tout ce que j'ai appris là-bas.


-S'il vous plaît, nous devons sortir d'ici!


-Ayez confiance en eux. Répondit calmement le mestre. Ils nous sauveront.


-Je ne peux pas rester là à ne rien faire, Kyren! Rétorqua avec conviction Miranda. Passez-moi votre chaîne! Je vous promet de vous la rendre intacte


Après un long moment d'hésitation, Kyren accepta et retira sa longue chaîne entourant son corps. Miranda prit donc la chaîne et ôta l'anneau qui reliait les deux extrémités. Désormais long de plus d'un mètre et demi, Miranda avança vers les barreaux tandis que Kyren se demandait ce qu'elle avait en tête. Ce dernier l'observa alors passer la chaîne à travers leur cellule et la jeter tout en tenant un des bouts de la chaîne. Il comprit qu'elle tentait grâce à cela de s'accaparer quelque chose dans le couloir et il remarqua immédiatement la présence de clés accrochées au mur par un bout de ferraille planté dans le mur. Après plusieurs coups d'essais, Miranda atteignit enfin les clés mais elle constata soudain que le bout de la chaîne était accroché au bout de ferraille. Elle se mit à tirer plus fortement sur la chaîne et après un temps, Kyren décida de l'aider. La ferraille commença alors à céder et était à deux doigts de sortir du mur. Tout à coup, la chaîne se brisa et plusieurs anneaux tombèrent sur le sol sous les yeux horrifiés de Kyren. Sous l'effet du choc, Miranda et Kyren tombèrent sur le sol. Ils avaient compris que la chaîne ne s'était pas brisée d'elle-même et ils virent, avec un fort sentiment d'échec, une femme qui se tenait devant leur cellule, une épée étincelante à la main.


-Ce n'est pas le moment de vous échapper. L'extérieur est plus dangereux que l'intérieur de cette cage en ce moment. Expliqua Hilda Frey, la nouvelle souveraine de Viergétang.


-Désolée, mestre Kyren. S'excusa Miranda, secouée. J'ai faillis à ma promesse. Je ne vous ai pas rendu votre chaîne en bon état.



Galmar



Les ennemis commençaient à sortir en trombe du château et des baraquements. Aliénor le savait: les Frey étaient plus nombreux qu'eux. Les résistants avaient bénéficié de l'effet de surprise mais c'est maintenant que les choses allaient se compliquer. Aliénor continuait à se battre avec acharnement et elle tentait tant bien que mal d'atteindre la grande porte de la ville pour faire entrer les soldats de Galmar et ceux de Lord Darry qui courraient à toute allure sur la plaine. Profitant de l'épaisseur de son armure, Aliénor laissait parfois les lames de ses ennemis frapper sa cuirasse afin de les avoir à sa merci et de les exécuter. Accompagnée de tous ces résistants, elle continuait à s'approcher de plus en plus du levier permettant d'ouvrir la grande porte. La plupart des ennemis présents sur les remparts étaient des archers et elle devait faire appel à des boucliers pour la devancer dans sa course. Mais plusieurs soldats d'infanteries montaient sur les remparts et rejoignaient la bataille. Les pertes amplifiaient de plus en plus vite dans les deux camps et des corps commençaient à tomber d'un côté ou de l'autre des murs. Lorsque le premier assaut de l'infanterie contre les résistants atteignit les premières lignes, Aliénor arrêta de se cacher derrière les boucliers et, dans un cri de rage, combattit enfin de toutes ses forces. Armée de ses deux épées, elle para avec la première un coup de lame en sa direction et, avec la deuxième, embrocha la gorge de son assaillant. Un autre adversaire fonça sur elle qui tenta de lui donner un coup de hache à l'horizontale. Aliénor se baissa et coupa les jambes de son ennemi avant de l'achever au sol lorsqu'il tomba. Un nouvel adversaire se présenta encore à elle. Celui-ci était assez gringalet et fonçait sur elle avec un cri digne des cochons de la porcherie. Aliénor rangea une de ses épées et agrippa le poignet de son petit assaillant pour bloquer son attaque. Elle planta son autre épée dans le ventre du malheureux mais ce dernier eut le temps de la frapper au visage avec une droite bien plus forte qu'elle ne pouvait se l'imaginer. Alors au bord des remparts, elle chuta avec le corps de son ennemi sous-estimé dans une maison située au pied des murs de la ville. Aliénor traversa la charpente et le plancher de l'étage pour atterrir au beau milieu du salon d'un vieil homme qui, étant sourd, n'entendait pas le chaos de la bataille ni le fracas qui venait de se passer derrière son dos, étant occupé à déjeuner sur son lit. Elle s'extirpa des débris et du corps de son ennemi et elle sortit bien vite de la maison du vieil homme. Se trouvant alors au milieu de la rue, elle se dirigea vers les portes à toute allure. Ses ennemis étaient en train de monter sur les remparts et ils ne l'avaient pas vu débarquer. D'autres, en revanche, qui venaient du château, remarquèrent sa présence au loin et foncèrent sur elle. Aliénor, face à tous ses assaillants, accéléra sa course.


Pendant ce temps, Galmar et Lord Darry venaient d'atteindre la grande porte de la ville et ils attendaient impatiemment qu'Aliénor et ses hommes les fasse passer. Plusieurs archers ennemis tirèrent alors sur eux. Darry et Galmar ordonnèrent la levée des boucliers et aux archers de tirer à volonté. Caché derrière le bouclier d'un des résistants, Galmar observa les flèches des ennemis se planter dans la planche de bois dont était faite cette faible protection. Celle-ci allait bientôt céder et Galmar jeta un regard vers la porte, toujours fermée.



Miranda



C'était l'épée la plus belle qu'elle n'eut jamais vue. Son pommeau avec un rubis incrusté et une lame en acier valyrien pouvait être qualifié de chef-d’œuvre parmi les armuriers, si tant est que le mot «œuvre» s'applique à ce genre d'objet. Miranda était intriguée. Elle avait déjà vu cette épée quelque part.


-C'est l'épée du roi Olliver!


Le mestre Kyren avait en effet raison. Miranda se souvînt l'avoir vu à la ceinture du frère de Galmar. Mais qui avait donc osé s'emparer d'une arme aussi belle? Pour ce qu'elle en savait, Miranda avait devant elle Hilda Frey, une des nombreuses filles bâtardes de Walder Frey et ainsi, sœur d'Olliver et Galmar. Mais elle ignorait la relation qu'elle avait avec ses frères. Galmar ne lui en avait jamais parlé. Peut-être les détestait-elle?


-Toi, le vieux mestre. Viens avec moi. Ordonna Hilda Frey en prenant la clé tant convoitée de la cellule et en l'insérant dans la serrure.


Kyren ne se releva pas. La vue de sa chaîne brisée autour de lui avait suffit à lui détruire le moral. Miranda, en revanche, s'apprêtait à partir à l'action. Mais elle n'allait pas pouvoir faire grand-chose face à l'épée d'Olliver, que celui-ci avait prénommé «Samwell» par ailleurs.


-Tu es sourd?! Lève-toi! Hurla Hilda en tapant sur les barreaux.


La porte était ouverte. Si Miranda était assez agile, elle pouvait passer à côté d'Hilda assez vite pour s'évader. Mais elle ne pouvait laisser Kyren à sa merci. Elle remarqua que le regard d'Hilda n'était pas cruel mais, voyant la pointe de l'épée valyrienne en direction du mestre de Viergétang, elle prit peur pour le vieil homme et tenta de s'interposer. Elle fonça sur Hilda, prête à éviter un éventuel coup d'épée. Ce fut cependant un coup de poing qui lui arriva en pleine figure et qu'elle n'avait pas eu le reflex d'esquiver.


-Laisse-moi tranquille, la guérisseuse! J'aurais peut-être besoin de toi si je suis blessée!


-Et pourquoi avez-vous besoin de lui?! Demanda Miranda en pointant Kyren du doigt.


-Tu es une guérisseuse de guerre, non? Tu ne sais donc pas que pendant une bataille, il est toujours bon d'avoir un otage précieux pour affaiblir l'ennemi? C'est ce que mon père m'a dit et je trouve ça assez cohérent.


-C'est une technique de lâche! Objecta Miranda.


-Peut-être. Mais je ne suis pas un soldat. Je n'ai donc pas leurs principes.


Hilda prit le bras de Kyren tout en le menaçant avec l'épée d'Olliver. Kyren voulut s'extirper de l'emprise d'Hilda, sans succès. Après plusieurs menaces, il comprit qu'il ne pouvait rien faire pour l'instant et décida de suivre Hilda.


-Attendez! Cria Miranda.


-Qu'est-ce que tu as encore? S'énerva Hilda.


-Il vous faut un otage précieux, non? Au yeux de vos ennemis, je suis plus précieux que le mestre Kyren!


Ce dernier avait compris ce que tentait de faire Miranda et il la supplia de se taire, en vain.


-En quoi une simple guérisseuse peut-elle m'être utile comme otage?


-Je suis lié à Galmar Hâstrid! Votre frère et moi sommes ensemble! Avoua Miranda. Je sais qu'il fera tout pour me sauver la vie!


Hilda resta immobile un moment. Elle finit par lâcher le bras de Kyren et pointa l'épée du roi Hästrid en direction cette fois de Miranda.


-Comment être sûr que tu ne me mens pas? Demanda-t-elle.


-Je n'ai aucune preuve. Mais je peux te jurer par tous les Dieux que moi, Miranda, et Galmar éprouvons de l'amour l'un pour l'autre.


Hilda observa le regard empli de courage et de détermination de Miranda. Elle savait au fond d'elle que cette guérisseuse disait la vérité.


-Soit. Viens avec moi, alors. Et pas d'histoires!


Il n'y eut aucun besoin de forcer Miranda à se lever et elle suivit Hilda. Cependant, le mestre Kyren n'était pas en accord avec la tournure que prenait la situation. Il était hors de question que Miranda se sacrifie pour lui.


-Miranda, stop! Hurla-t-il.


Il fonça sur Hilda dans le but de la bousculer et la faire lâcher prise. Celle-ci tenta de le repousser d'un coup de pied mais Kyren repartit de suite à l'assaut!


-Kyren, stop! Laissez-moi faire! Supplia Miranda.


Mais le mestre n'écoutait pas. Hilda comprit alors qu'elle n'avait plus le choix. D'un regard triste, et sous les yeux horrifiés de Miranda, elle empoigna plus fermement le manche de l'épée du roi et transperça le corps du vieil homme au niveau du torse. Le sang ruissela le long de la lame et les cris de Miranda s'entendaient certainement dans tout le château. Le vieux mestre était mort sur le coup et son corps pendait à l'épée tel un épouvantail sur son piquet. Toujours le regard triste, Hilda extirpa l'épée du corps du vieil homme qui retomba lourdement sur le sol. Miranda pleurait et peut-être bien que Hilda en avait envie. Elle aurait espéré ne pas avoir à tuer mais elle savait qu'elle ne pouvait y échapper éternellement, maintenant qu'elle avait pris parti dans cette guerre. Pour réaliser son rêve, elle devait malheureusement passer par ce genre d'épreuve. Elle reprit ses esprits et continua donc de menacer Miranda de son épée en l'ordonnant de la suivre.



Galmar



Aliénor était en bien mauvaise posture. Elle fonçait seule sur des ennemis qui n'avaient pas encore remarqué sa présence, pour le moment, et derrière elle, plus d'une cinquantaine de soldats l'avaient remarqué et fonçaient à leur tour sur elle. Elle voyait sur les remparts ses hommes se battre mais ils étaient bien trop loin pour pouvoir l'aider. Le levier qu'elle devait actionner se trouvait lui aussi sur les remparts, juste au-dessus de la grande porte. Derrière cette dernière, Galmar, Lord Darry et leurs hommes subissaient les tirs de flèches et attendaient qu'Aliénor réussisse sa mission. La situation était la plus critique qu'Aliénor ait eu affaire jusqu'à maintenant. Ses deux épées dégainées, elle se prépara à tout embuscade tout en regardant derrière elle l'avancée du troupeau imposant d'ennemis. Il y avait des escaliers qui menaient aux remparts à côté de la grande porte. C'était ceux-ci qu'elle devait emprunter. En les voyant, elle accéléra comme si sa vie en dépendait, ce qui était un peu le cas. Avec un profond soupir de soulagement, elle les atteignit mais se fut à ce moment que ses ennemis postés sur les remparts l'aperçurent. Ils mirent du temps à se demander comment elle avait pu réussir à atteindre cette endroit mais ce n'était pas le moment de divaguer et ils partirent à la rencontre de la commandante des troupes civiles de Viergétang, la seule et unique qui existait en ce bas monde. Aliénor tomba alors nez à nez face à ses ennemis en haut des escaliers. Au même moment, la troupe ennemie qui la poursuivait atteignait à leur tour ces escaliers. Aliénor leva les bras et pointa de ses deux épées les ennemis qui l'attendaient en bas et en haut des escaliers. Piégée, Aliénor avait réussit à immobiliser ses adversaires et elle les regardait chacun dans les yeux.


-Soldats des Frey! Leur cria-t-elle. Ce fut un plaisir! Mais maintenant, la guerre est terminée! Il est temps de mourir!


En bas des remparts, sur l'herbe verte de la plaine, Galmar voyait le bouclier qui le protégeait céder face aux nombreuses flèches tirés en leur direction. Ce fut cependant le résistant qui le tenait qui flancha le premier. Sans plus aucune protection, Galmar se releva et fixa les archers qui les visaient. La grande porte était toujours fermée. Aliénor avait-elle échouée dans sa mission? Galmar agrippa un bouclier au sol, déjà très endommagé, et se prépara à toute flèche qui se dirigerait en sa direction. Galmar s'adressa soudain aux archers ennemis.


-Vous, les Frey! Êtes-vous fiers de ce que vous faîtes, là?! Répondez-moi!


Le nombre de flèches tirées s'amenuisa soudain. Certains des archers avaient décidés de suivre leur curiosité et d'écouter ce que Galmar avait à leur dire.


-Êtes-vous fiers?! Certains d'entre vous me connaissent, non?! Nous nous entraînions ensemble! On se moquait des habitudes et de la façon de penser de mon père! Et pourtant, vous voilà à suivre ses ordres! A-t-il fait quoi que ce soit pour vous?! A-t-il montré à un quelconque moment que la maison Frey était une maison honorable?! Répondez-moi!


Une flèche vola en sa direction. Il eut le temps de la parer avec son faible bouclier. Après un temps, certains archers se remirent à tirer. Mais Galmar était tout de même en train de sourire. Il avait réussit à ralentir le nombre de flèche qu'ils subissaient. En tournant la tête vers Darry, il vit que celui-ci avait compris son plan. Et, alors que Galmar commençait à devoir éviter et parer de plus en plus de flèches, il regarda avec un plus grand sourire, la grande porte s'ouvrir. Il remarqua également que les tirs de flèches avaient cessés. Il n'y avait plus aucun archer sur les remparts. Les résistants qu'avait emmenée Aliénor les avaient remplacés. Ils étaient bien moins nombreux qu'auparavant et tous semblaient mal en point. Quand la porte s'ouvrit, elle donna sur la rue principale. Celle-ci était jonchée de cadavres: alliés et ennemis. Des coups d'épées s'entendaient encore dans la ville. Des combats se déroulaient certainement dans les multiples ruelles de Viergétang. Galmar, Lord Darry et la dizaine de soldats qui leur restait entrèrent dans la ville. Galmar monta les marches de l'escalier qui menaient en haut des remparts. Il ne gravissait plus des marches mais des cadavres qu'il tentait de ne pas trop écraser. Arrivé enfin en haut, il tomba alors sur un horrible spectacle. Tout autour du levier, un amas de cadavres comme il n'en avait jamais vu. La majeure partie des résistants d'Aliénor et des soldats Frey s'étaient retrouvés ici. C'était le cœur de la bataille. Les résistants d'Aliénor étaient tous rassemblés autour du levier. Quelque chose de dorée semblait être au sol, d'après ce que pouvait en voir Galmar de là où il était. Il commença à approcher et les visages qui se tournaient vers lui faisaient deviner à Galmar ce qu'il se passait. Il s'engouffra alors dans la petite foule et vit avec horreur Aliénor, une main sur le levier actionné, transpercé par au moins cinq flèches sur ses membres et tout son corps. Elle avait aussi une épée plantée dans sa jambe gauche et une hache encastré dans son épaulière droite. Elle avait perdue une de ses deux épées tandis que l'autre se trouvait dans une de ses mains. Le visage ensanglanté, Aliénor gardait cependant un grand sourire, fier de ce qu'elle avait accomplit.


-Aliénor…. Appela Galmar, espérant qu'elle lui réponde.


Mais aucune réponse ne vînt. Elle avait encore les yeux ouverts mais elle avait rendue l'âme juste avant que Galmar n'arrive. Se rendant compte de l'inéluctable, Galmar se releva. Lord Darry arriva à son tour, se rendant compte à la première seconde de qui était étendue près du levier et ce qui lui était arrivé.


-Lord Darry? Nous avons une bataille à terminer. Annonça Galmar, toujours en fixant le corps d'Aliénor.


Le fond de colère tapis dans la voix de Galmar rappela à tout le monde autour de lui qu'Aliénor ne devait pas mourir en vain. Alors, tous descendirent dans la ville, prêt à terminer cette bataille qui avait fait bien assez de morts.



Miranda



Tous les soldats Frey qui étaient occupés à garder le château étaient réunis dans le hall à la demande d'Hilda. Ils savaient que leurs ennemis avaient réussi à entrer dans la ville et qu'ils n'allaient pas tarder à atteindre le château. Miranda dénombra une vingtaine de soldats Frey, tous la main sur leur arme. Hilda continuait de la menacer de son épée et elle la fit agenouiller à côté du trône, face à la porte d'entrée du château. Miranda remarqua que la porte avait des planches de bois clouées pour empêcher son ouverture.


-Vous avez donc tant peur que cela de vos ennemis? Fit remarquer Miranda.


-Tais-toi. Je ne suis pas lâche. Défoncer cette porte les fatiguera et je n'aurais plus qu'à les cueillir. Répondit Hilda, s'asseyant sur le trône.


-Si vous pensez qu'une simple porte va les fatiguer au point de se laisser faire, c'est que vous n'êtes pas une grande stratège.


-Que t'ai-je dis dans les cachots? Je ne suis pas un soldat. Je ne sais rien de la guerre. Le peu de savoir que j'ai acquis ne m'est venu qu'à force d'observation. Mon père m'a donné quelques conseils avant de partir mais ça ne va pas au-delà.


-Alors pourquoi es-tu ici? J'ai vu ton regard quand tu as tué Kyren. On t'a forcé? Ton père t'a forcé à prendre le château?


-Non, je me suis portée volontaire moi-même. Il fallait que ce soit moi.


-Pourquoi donc? Insista Miranda. Est-ce parce que tu détestes tes frères? Tu détestes Olliver et Galmar?


-Si je les déteste? Ce sont les frères avec qui j'étais le plus proche. Je les aimerais jusqu'à ma mort.


-Je ne comprends pas. Pourquoi tu t'opposes à eux?!


-Arrête avec tes questions! Cela ne te regarde pas tu m'entends?! Miranda, c'est ça? Tu vas m'aider à forcer mon frère à rendre les armes, que ça te plaise ou non!


Miranda tentait de comprendre les motivations d'Hilda mais elle n'y parvînt pas, même en fouillant du mieux possible son regard. Celui-ci était d'une tristesse indéniable et Miranda se demandait si ce n'était pas la folie qui la guidait. Elle ne put cependant réfléchir bien longtemps à cette énigme. Un son brut et puissant venait de sonner dans tout le hall. Puis, un deuxième. Les derniers soldats Frey avaient tous dégainés et se préparaient à l'assaut. Miranda entendit un troisième coup et elle fit le rapprochement avec la porte du château qui se bombait à chaque fois que le son se manifestait. À ses côtés, Hilda se leva, arme au poing. Elle ordonna à Miranda de se lever également et elle plaça sa lame sous la gorge de la guérisseuse. Celle-ci était effrayée. Un seul faux pas de la part de Hilda et elle finirait égorgée. L'acier valyrien coupe tout comme si c'était du beurre et elle ne donnerait pas cher de sa peau si cette dernière venait à rencontrer la lame froide de «Samwell». Un quatrième coup retentit. Les planches commençaient déjà à céder. Les cris des résistants qui portaient le bélier sonnaient en échos dans le hall et étaient en parfaite harmonie avec le silence qui y régnait.


-Tu sais, Miranda, si mon frère reste tranquille, il ne lui arrivera rien. Consola Hilda. Mais s'il ne rend pas les armes, je serais obligée de lui faire la même chose qu'Olliver.


-Qu'as-tu fait à Olliver?! Demanda Miranda, apeurée.


-J'ai dû le tuer. Avoua Hilda d'une voix tremblante.


Ce n'était plus de la peur que ressentait désormais Miranda. C'était à un niveau bien au-dessus. Comment faire? Comment se sortir de cette situation? Miranda tenta d'élaborer un plan mais la panique l'empêchait de penser tranquillement. Un cinquième coup retentit, cette fois accompagné du bruit de fêlures de bois. Tout le monde savait que le sixième ou le septième coup serait le dernier avant que le dernier assaut de la bataille ait lieu.


-Comment vous appelez-vous? Interrogea Miranda.


-Hilda Frey. Pourquoi?


-Hilda. Vous n'avez pas à faire ça. Comme vous l'avez dit, vous n'êtes pas faîtes pour la guerre. Pourquoi risquer votre vie et celle de votre frère que vous aimez tant? Pourquoi faire tout ça?!


Au fur et à mesure de ses questions, la panique de Miranda se transformait en détermination. Et le sixième coup retentit. Le bélier avait créé quelques trous dans la porte et l'on pouvait percevoir des silhouettes se mouvoir à travers. Le prochain coup sera le dernier. Miranda se retourna vers Hilda pour continuer à lui faire entendre raison. Elle vit alors des larmes perler sur ses joues.


-Pour… que ça s'arrête. Confia-t-elle en reniflant.


Et le septième et dernier coup retentit. Les planches tombèrent, les cris résonnèrent de plus bel et les premières armes s'entrechoquèrent dans un fracas métallique. Au milieu du chaos qui était en train de s'installer, la silhouette de Galmar traversait la bataille qui se déroulait sous ses yeux, épée à la main, la rage le guidant.



Galmar



Un ennemi vînt à sa rencontre. Celui-ci en paya les frais avec une lame lui tranchant la gorge. Galmar avait très peu ressenti une telle rage. Et une voix assourdissante sonnait dans sa tête, répétant sans s'arrêter «Ça suffit!». Un autre adversaire prit le pari de se mettre sur son chemin. Galmar se baissa pour éviter son cou de hache horizontal et il transperça le ventre de son adversaire, le soulevant de son épée et jetant son corps à travers la pièce. Sa colère lui donnait une force surhumaine et même Lord Darry, qui combattait juste à côté de lui, en fut surpris, lui qui fait pourtant preuve de ce genre de force au quotidien. Il vit deux silhouettes près du trône mais il était bien trop loin pour les reconnaître. Il décida alors de partir à leur rencontre.


Il tua deux autres ennemis avant de s'approcher assez près pour reconnaître les deux femmes qu'il chérissait le plus au monde. Sa rage se dissipa instantanément, laissant place à un mélange d'incompréhension, de désarroi et de peur. Il ne savait pas ce qui était pour lui le plus choquant entre la joie d'avoir retrouver Miranda, la peur de la voir avec une lame sous la gorge ou l'incompréhension en voyant que cette lame était l'ancienne épée d'Olliver et qu'elle était tenue par sa sœur Hilda, en pleurs. Galmar continua à marcher de quelques pas.


-N'avance pas! Lui ordonna Hilda en montrant bien la lame qu'elle tenait sous la gorge de Miranda.


Galmar s'arrêta. Il avait du mal à parler. Qu'est-ce que cela voulait dire? Pourquoi sa sœur, qu'il avait toujours connue comme étant la personne la plus innocente au monde, menaçait Miranda d'une telle arme?


-Pose ton arme, Galmar. Dis à tes hommes de les poser également. Ou elle meurt.


-Non, Hilda, que fais-tu là? Demanda Galmar qui avait du mal à deviner comment une telle situation avait pu se produire.


-Tais-toi! J'ai tuer Olliver! Ne m'oblige pas à te tuer aussi! Hurla Hilda d'une voix emplie de désespoir.


Galmar n'en croyait pas ses oreilles. C'était Hilda qui avait tué son frère. Galmar tenta de se ressaisir. Il ne devait pas se laisser abattre. Peu importe ce que Hilda était devenue, Miranda était en danger et elle était bien là la seule personne qu'il ne voulait pas voir mourir. Même s'il ne souhaitait pas non plus la mort d'Hilda. Il tentait de savoir comment sortir de cette impasse. Derrière lui, la bataille se terminait. Lord Darry avait subit une grosse éraflure sur le bras gauche mais son adversaire le regretta amèrement lorsqu'il vit une hache s'encastrer dans son crâne. Lord Darry et la quinzaine d'hommes et de femmes qu'il restait se rassemblèrent derrière Galmar.


-Tu as perdu Hilda, cesse de lutter, s'il te plaît.


Hilda continuait de pleurer. Elle voyait bien qu'elle avait perdue mais elle garda tout de même l'épée d'Olliver sous la gorge de Miranda qui n'osait plus dire un seul mot. Galmar se risqua à avancer lentement, la main en signe de calme, répétant à sa sœur que c'était à elle de poser les armes.


-N'avance pas, je t'ai dit!


-Hilda, ne risque pas ta vie pour notre connard de père! Cria Galmar qui sentait la colère monter en lui. Il a causé tant de morts. Ne le laisse pas continuer à travers toi, s'il te plaît.


Hilda resta immobile, les larmes dégoulinantes. Elle savait qu'elle avait perdue mais elle avait du mal à renoncer à son rêve.


-Je veux juste… que la guerre se termine, Galmar. Je dois gagner, pour la paix.


-Même si tu perds, la guerre est déjà terminée, Hilda.


-Je ne te crois pas! Tu vas te venger du crime de notre père et il y aura encore des morts! J'ai été longtemps dans des camps militaires! Je sais comment les soldats fonctionnent! Et tu es un soldat, Galmar!


-Tu dis faux! Je ne suis pas un soldat. Lorsque Lord Karyl est venu aux Jumeaux, l'ais-je rejoint?! Je suis allé à la Garde de Nuit car partir à la guerre ne m'aurait rien apporté! C'est la guerre qui a finit par venir à moi. Mais crois-moi, je veux que ça s'arrête aussi. Et je te promets par tous les putains de Dieux qu'après aujourd'hui, j'arrête!


Un long silence s'installa. Galmar voyait bien à travers les yeux humides de sa sœur qu'elle était désespérée. Tout le monde observa alors l'épée de feu le roi Olliver Hästrid s'abaisser. Miranda fut la première à crier de soulagement et elle s'agenouilla au sol, épuisée. Galmar ferma les yeux un instant, s'excusant auprès des Dieux pour les avoir insultés et les remerciant du fond du cœur. Il s'approcha plus encore du trône, prêt à réconforter sa sœur et son amante.


Puis, un cri strident de détresse et de rage de la part d'Hilda présagea le pire. Galmar se mit à courir. Le bruit d'épées qui s'entrechoquent. Hilda avait décidé d'en finir et allait abattre son épée sur une Miranda encore épuisée. Galmar l'avait sauvé à temps et seul un bout de la lame de «Samwell» avait réussi à atteindre les côtes de Miranda. Hilda continuait de pleurer. Son regard appelait Galmar à l'aider. Il n'avait pas envie de le faire mais il n'avait pas le choix. Galmar repoussa l'épée d'Olliver, jongla avec sa propre épée pour se mettre en place et embrocha le corps d'Hilda. Celle-ci lâcha son épée. Galmar fit de même. Hilda commença à cracher du sang.


-Désolée, Galmar, Olliver. S'il vous plaît, partez… arrêtez de… jouer.


-J'arrête, Hilda. Ne t'inquiète pas. J'arrête.


Mais Hilda n'avait pas écouté. Son âme était déjà partie. Remarquant qu'il était trop tard, Galmar se tourna d'un air triste et paniqué vers Miranda. Fort heureusement, la lame n'était pas rentré profondément dans les côtes de Miranda. Celle-ci poussait un cri étouffé mais elle se mit à sourire en voyant Galmar au-dessus d'elle.


-Je vais bien, ne t'inquiètes pas. Je sais comment me guérir. Rassura Miranda à son amant.


Derrière cette scène, Lord Darry soupira lui aussi. Il jugea qu'il commençait à devenir vieux quand il remarqua à quel point il était fatigué de s'être battu. Il se tourna alors vers les résistants qui avaient survécus et leur ordonna:


-Allez à la rencontre des habitants et prévenez-les.


-Les prévenir de quoi, Lord Darry? Demanda l'un d'eux.


-Que la guerre est terminée. Je crois que leur ville a subit bien assez de batailles ces temps-ci.

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