Généalogie alternative et histoires de famille

Chapitre 6 : Le retour du détective Carl Neely à Grandview

17703 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/04/2023 03:28






« la vie est assez pleine de malheurs pour les hommes les plus sages et les plus modérés ». Propos de Télémaque à l'assemblée des rois, dans Fénélon, Aventures de Télémaque, Paris, Librairie Aristide Quillet, 1930, livre XVI, p. 338.







Hôpital de Belview, 9 janvier 2004, 11h.


Les docteurs ont permis à Carl Neely de sortir de l'hôpital, puisqu'il s'est rétabli de ses nombreuses blessures, bien qu'il en conserve certaines cicatrices. Par contre, en raison des médicaments administrés, il se trouve alors possédé alternativement par ses grands-pères paternel (Adrian Neely) et maternel (Milan Bogdanović), ce qu'il trouve bizarre, ayant l'impression, consciemment de changer souvent d'idées et d'aller d'une pensée à une autre. L'âme de Carl Neely, elle, attend que les hôtes s'en vont. Le problème est où Vladimir Pavlovitch Lvov attend son tour pour s'emparer de son corps, ce qui exaspère notre détective. Son âme comprend que le pacte a débuté... Ainsi possédé, le policier se rend à pied jusqu'à Verylongview. Il traverse la ville sans rencontrer Paul ou Élizabeth Eastman. Par ailleurs, il évite de passer près de la station de police. Par contre, le détective passe dans un magasin pour acheter une bouteille de šljivovica et une de scotch whisky. Ainsi, lorsque Milan le possède, il boit de la šljivovica, lorsque Adrian le possède, il boit du scotch whisky.



Pendant ce temps, Verylongview, maison de Paul et d'Élizabeth Eastman.


Daniel Miloshevitch apparaît devant Paul Eastman et dit : « J'espère que Carl Neely reprendra rapidement ses esprits. Les possessions que son corps connaît m'inquiète. Surtout parce que j'espère qu'il n'a pas oublié d'enquêter sur mon cas et de reprendre contact avec les Blumenfeld. Cette diversion me préoccupe au plus haut point. Sauf que je ne peux pas l'aider; il les est appelé à lui, il doit s'en débarrasser par lui-même. Apparemment, il ne sait rien du monde des Esprits, ni des femmes, ni de l'amour ni de la mort [paraphrase de « Još uvijek ne znam neke važne stvari / O voću, ženi, ljubavi i smrti » [Je ne sais pas encore certaines choses importantes / Sur les fruits, les femmes, l'amour et la mort] » (Ibrica Jusić, Još uvijek ne znam neke važne stvari)].»

Paul : – Ne vous inquiétez pas, Monsieur Miloshevitch, je le lui rappellerais.

– Merci et passez une bonne journée!

– Merci à vous!

Et Daniel Miloshevitch disparaît de sa vue.



Grandview, 10 janvier 2004.

Le détective Carl Neely, cette fois possédé par Vladimir Pavlovitch Lvov, file directement chez lui, où sa femme, Marianne, lui ouvre la porte, rassurée de le voir. L'âme du détective, exaspérée de ses hôtes, regarde attentivement autour de lui; elle se tient loin de son corps, car Adrian Neely, Sarah Benam-Neely, Milan Bogdanović, Mila Berstein-Bogdanović et d'autres âmes errantes de la demeure des Clancy attendent impatiemment leur tour pour prendre possession de son corps ; celle de Carl n'a ni la force, ni l'envie, ni le courage de leur résister. Elle comprend aussitôt que sa femme a saisi qu'il est possédé et ivre, sauf qu'elle ne fait aucune remarque à ce sujet. Le policier ôte machinalement son uniforme et range les deux bouteilles d'alcool (qui sont à moitié vides) lorsque Marianne a le dos tourné dans le garde-manger et s'allonge dans le salon pour se reposer du mal du tête occasionné par l'alcool. Il est réveillé par sa femme, qui lui sert le souper. L'âme de Carl remarque que Marianne lui sert du vin dans lequel se trouve une petite dose de calmant. Elle trouve ceci bizarre, mais se refuse à être pessimiste. Elle préfère ignorer ce fait, en s'illusionnant sur sa femme, plutôt que de reconnaître qu'il à épouser en secondes noces une vipère ; elle n'est pas encore prête à voir cette réalité. Son corps, possédé par un esprit errant de la demeure de Henry Clancy, boit d'un seul trait le verre et complimente sa femme sur le repas. Même la voix du détective est différente, ce qui étonne Marianne et Caitlin. Cette dernière, par ailleurs, semble terrorisée à voir ainsi son beau-père, ce qui cause un malaise à l'âme du détective, qui ne peut pas s'empêcher de soupirer. La fillette termine en vitesse son repas et file dans sa chambre. Sa mère la rappelle à table, mais elle ferme en claquant la porte de sa chambre. Marianne s'excuse auprès de son mari et lui caresse tendrement la main droite. Le couple termine en silence leur repas puis fait la vaisselle. Le soir, chacun dort dans son lit, le couple, bien sûr, enlacé.



Le lendemain matin, le policier se réveille avec un maux de tête, son corps étant possédé Milan Bogdanović, son grand-père maternel, qui le pousse, avant même de prendre sa tasse de café matinale, à prendre un verre de šljivovica. Ce comportement étonne Marianne, qui lui demande timidement s'il ne devrait pas se contrôler s'il travaille aujourd'hui. Il lui réplique une insulte en serbe et confirme qu'il travaille cet après-midi, mais qu'elle n'a pas a craindre pour lui. À moitié rassurée, sa femme n'ajoute point un mot. Au midi, il absorbe comme une éponge son verre de šljivovica; inutile d'insister sur le regard étonné que lui jette Marianne, car elle le sait très modéré dans ses consommations d'alcool, mais elle n'ose rien dire, car elle comprend par son regard qu'il lui adresse qu'il est peut-être possédé par un esprit alcoolique.


En après-midi, Carl Neely se rend au Département de police de Grandview, où il salue son supérieur, John Wellington, et ses collègues, qui sont visiblement étonnés de son changement de ton et surtout de son apparente ivresse. Sauf que personne ne souffle un mot. L'âme du détective, très inquiète, remarque que son supérieur semblait content de sa possession ; il en informe, une fois dans son bureau, Karl Neely.


Le détective, lui, se rend à son bureau, où il saisit une feuille d'une demande d'enquête qui traîne depuis juillet 2003. Après quelques minutes, il sort ses bouteilles d'alcool de son sac et commence à boire. Après quelques verres de šljivovica, il se murmure à lui-même en serbe : « Je peux dire comme le philosophe devant les trois juges des enfers dans les Aventures de Télémaque: « tous mes pas ont été des égarements; ma sagesse n'était que folie; ma vertu n'était qu'un orgueil impie et aveugle : j'étais moi-même mon idole. » Ah! Bidan ja [Pauvre moi]! » Remarquant que la bouteille est vide, Milan Bogdanović sort de son corps, cédant la place à Adrian Neely, qui le pousse à vider la bouteille de scotch. Mais, ne supportant pas l'alcool, il s'affale sur son bureau, presque ivre mort. Inutile d'insister sur l'expression de l'âme du détective devant une telle manipulation de son corps. Ensuite, Sarah Benam-Neely, sa grand-mère paternelle, qui prend la relève, pour l'inciter à poursuivre son travail. Le détective travaille frénétiquement, sans aucune conscience de ce qu'il fait ; il sait seulement qu'il griffonne sur des feuilles de papier. « Drôle de manière de faire des enquêtes! » pense tristement son âme. « Cette méthode pourrait très bien s'appeler l'enquête automatique, sur le modèle de l'écriture automatique, ce qui manque de rationalité et de rigueur. »


Remarque. En raison de ses possessions, nous comprendrons très bien l'ironie de Karl Neely (le père) le 17 décembre 2008, lorsqu'il dit à son fils que ce phénomène ne lui est pas étranger, puisque tous deux ont été ou sont possédés.




Au cours du mois de janvier et de février, le corps du détective connaît plusieurs possessions, entre ses grands-parents maternels et paternels, Vladimir Pavlovitch Lvov (qui était coureur de jupons) et trois autres esprits errants de la demeure des Clancy, engendrant des changements brusques de comportements, à l'étonnement de sa femme, de ses collègues et de son supérieur. Ainsi, il complimente une policière blonde aux yeux bleus, alors que le détective n'apprécie pas de telles femmes, ayant une préférence pour les brunes (ses deux épouses sont des brunes aux yeux bruns ou noirs). Évidemment, sa collègue (qui n'est pas la détective Sam Blair) est étonnée d'un tel comportement, mais elle le trouve très agaçant. Depuis cette tentative de séduction, la policière demeure sur ses gardes et préfère ne pas être seule avec Carl Neely ; elle est déçue à son sujet, car elle avait une meilleure opinion de son collègue et le pensait fidèle à son épouse (d'ailleurs, il n'est pas coureur de jupons). Il courtise une autre collègue (aussi blonde), sauf qu'elle est mariée et tire par terre pour le dissuader dans sa tentative. Depuis, il se tient tranquille.


Parfois, les âmes se disputaient pour savoir à qui est le tour de posséder le corps de Carl Neely, de sorte, que, n'arrivant pas à s'entendre, sont parfois deux ou trois à le posséder, lui causant des voix intérieures contradictoires dans sa tête et une migraine insupportable. L'âme du détective, elle, tente de les persuader de laisser son corps à elle, mais rien n'y fait. Lorsque Romano se pointe dans les décors, l'âme de Carl préfère battre en retraite. C'est un véritable enfer pour lui, puisqu'il commence à développer une accoutumance à l'alcool, sans oublier celle aux calmants administrés par sa femme dans son vin, dont les effets sont augmentés sous l'effet de l'alcool. De plus, même sa belle-fille le fuit, ce qui étonne même Marianne, puisqu'elle sait que Caitlin apprécie les fins de semaines avec son second mari. Nul besoin de décrire la dépression et le désespoir de l'âme du détective. Ce dernier, par ailleurs, a même eu un accident alors qu'il conduit un véhicule de fonction,en raison d'une crise de somnolence. Bizarrement, aucun collègue n'a exigé des tests; seuls les ambulanciers l'ont conduit à l'hôpital. L'âme du détective, elle, comprend cette absence de réaction : il ne serait ni le premier ni le dernier à conduire avec des facultés affaiblies. Seul son supérieur l'avertit que la prochaine fois qu'une telle situation se reproduit, son permis de conduire lui sera suspendu pour une durée indéterminée. Depuis, il se montre vigilant, au moins, pour pas que ses crises de somnolence surviennent au moment où il doit conduire un véhicule de fonction. Le plus pénible pour le pauvre policier, c'est la possession par ses deux grands-pères, faisant en sorte que son corps absorbait beaucoup d'alcool, ce qui inquiète même son épouse, mais encore plus l'âme de Carl, en raison des dépendances psychologique et physique qui résulte d'une telle consommation.


Depuis que le policier est revenu officiellement au travail, il se promène parfois dans la ville de Grandview. C'est au cours de l'une de ses tournées routinières que Jim Clancy l'aperçoit au loin, depuis l'une des fenêtres de l'hôpital Mercy alors qu'il se trouve dans la salle d'attente du personnel (mais sans regarder un stupide film de réanimation cardiaque). Pour être certain de son identité, l'ambulancier regarde avec des jumelles : nul doute, c'est le détective du moins en corps, qui est là, cependant, il semblait absent, ce qui l'étonne. L'ambulancier attend alors une occasion de le rencontrer d'un peu plus près. Après son quart de travail, Jim annonce à sa femme la nouvelle du retour de Carl Neely, sans lui cacher ses inquiétudes à son sujet. Mélinda, après avoir elle-même le lendemain confirmer la présence d'âmes errantes autour du détective, mais aussi de la sienne propre et donc de la possession du corps, en informe son père la journée même par voie téléphonique. Le jeune couple préfère alors se tenir loin du policier de Grandview, puisqu'ils pensent qu'il est peut-être un agent double possédé par des âmes errantes malintentionnées...



En fin janvier, ces méchantes âmes planifiaient que Carl rencontre son père... Qui, lui aussi, est possédé par un esprit, dont l'identité ne sera connue que plus tard du fils, à savoir Friedrich Neumann. Père et fils, chacun dirigés par leurs esprits errants respectifs, sont à deux doigts de s'être rencontrés, si le fils, trop ivre et ressentant une crise d'insomnie, ne s'était trompé de rue, passant en vitesse sur une rue parallèle pour filer aussi vite que ses jambes le permettaient, à son bureau, où il s'endort au moment même qu'il s'assied sur la chaise. De ce fait, ils ne se sont point rencontrés. C'est l'âme de Carl Neely qui se réjouit de ne pas avoir croiser le chemin de son père, car elle a compris que cette rencontre lui aura fermer la porte quant à la possibilité de regagner son corps ; que son corps soit constamment possédé par d'autres esprits errants, c'est une perspective qui ne la réjouit point.


Cependant, un autre détail l'ennuie, à savoir le regain d'intérêt des différents agents de la CIA, du FBI, du MI6, de la Služba državne sigurnosti, de la BIA, du SWAT, de la Specijalna policija Republike Hrvatske et de la SAJ. Ces agents viennent à nouveau rôder autour de lui, alors que son corps est possédé par l'un de ses grands-parents, pour être certains de lui soutirer une réponse positive à leurs offres, qui, malheureusement, sont intéressantes pour toutes ces âmes qui le possède (même pour Lvov, puisqu'il n'a pas la force d'y résister). C'est l'âme de Carl Neely qui s'efforce d'influencer son corps pour qu'au moins, consciemment, dans la mesure du possible, il hésite. Mais les agents se font très insistants et certains se permettent même de faire irruption dans sa maison alors qu'il n'y a personne ou lorsqu'il s'y trouve seul. L'âme sait qu'il est surveillé, ce qui l'exaspère et lui fait craindre le pire; dans le meilleur des cas, elle ne pourra jamais regagner son corps, définitivement défunt; dans le pire, elle reste une âme errante, ne voulant regagner son corps qui est un double agent possédé par ses ancêtres. Surtout, elle craint que l'une des agences de renseignement parvienne à le convaincre en exerçant une forme de chantage, puisqu'elles savent très bien sa situation. D'ailleurs, les agents de services de sécurité se font très insistants pour lui arracher une réponse. L'âme du policier s'efforce de l'influencer pour un refus. « Au moins, la carcasse hésite », pense-t-elle, « Pourtant, si ces messieurs veulent bien demander À MOI mon entière collaboration, il faudrait bien que je regagne cette carcasse! Et non pas À VOUS », dit-elle à l'adresse de ses hôtes indésirables. Adrian Neely, se moque de son petit-fils, qui essaie néanmoins d'agir sur son corps propre. La pauvre âme est vraiment angoissée, car elle sait que cette collaboration avec les espions signerait immédiatement l'enterrement de son amitié avec Paul Eastman, Jim Clancy et Mélinda Eastman-Clancy. Elle parvient, avec l'énergie du désespoir, à convaincre sa «carcasse» de dire un « peut-être, j'y réfléchirais. »




Ce n'est qu'au début du mois de mars que l'âme du détective trouve assez de courage en elle pour se décider à chasser ses hôtes indésirables, qui, très sérieusement, la fatiguaient, mais surtout, épuisaient son corps. Elle est surtout vexée à n'être réduite qu'au principe d'animation de son corps propre. Contente de le regagner, l'âme du policier décide de le prendre en main. Redressement de la situation, à l'exception que ces âmes, se sentent trompées, planent autour de Carl Neely et tentent de l'influencer. Cependant, le pauvre détective ressent un certain malaise quand à l'idée de s'expliquer devant son collègue Paul Eastman et de ses amis Jim et Mélinda, car il est perplexe et démoralisé, puisqu'il ne garde aucun souvenir des possessions, alors qu'il y a certainement des rumeurs qui circulent dans la ville, mais ce qui l'inquiète le plus, c'est la disparition de son icône portative de l'Archange Michel. Ce fait lui cause une crise de panique inexplicable. Pour être au courant des événements survenus, le policier demeure attentif aux rumeurs que se disent entre eux ses collègues, ce qui surprend Carl Neely, il en a très honte et se sent coupable d'avoir ainsi agit. Il est encore plus étonné quand il questionne sa femme au sujet de son comportement des deux derniers mois; il est déprimé. Il ne lui reste à espérer de ne pas croiser sitôt ses amis.


Malheureusement pour lui, Carl Neely rencontre Jim Clancy à la mi-mars, puisque Adrian Neely, Sarah Benam-Neely, Milan Bogdanović, Mila Berstein-Bogdanović et Vladimir Pavlovitch Lvov, qui l'influencent discrètement, le poussent à passer devant l'hôpital Mercy. L'ambulancier le salue, puisqu'il remarque qu'il ne semble pas possédé ; le policier lui rend son salut, mais évite son regard et bredouille une excuse quelconque pour ne pas avoir à parler plus longtemps, mais Jim comprend sa ruse et cherche à poursuivre la discussion, simplement pour avoir de ses nouvelles. Carl lui répond évasivement, le remercie puis file, comme poursuivit, vers le Département de police. Il aurait préféré être six pieds sous terre plutôt que de parler avec son ami ambulancier, car il en a très honte.

Une fois que le policier se rend à son bureau, il verrouille la porte, puis s'assied sur sa chaise. Vaincu par les suggestions des mauvaises âmes qui l'entourent, Carl Neely, d'un air résigné, sort de l'un de ses tiroirs une bouteille de šljivovica et une autre de scotch whisky. Après quelque verres, il s'attaque à une enquête parmi les feuilles qui traînent sur son bureau.

Après une heure, il boit un verre de scotch whisky et, inspiré par Adrian, sort en trombe de son bureau, et se dirige, comme téléguidé vers l'hôpital Mercy, où il se retrouve nez à nez avec Jim. Le policier sursaute, mais sort son arme. L'ambulancier, ayant remarqué son geste, le dissuade d'en faire usage. Il recule, par prudence; Carl, consterné, range l'arme dans son fourreau, mais, mû par une impulsion soudaine, la sort à nouveau, la tenant de sa main droite, l'index sur la gâchette. Jim remarque que sa main droite tremble. Le policier dit d'un air résigné : « Trop tard! Les jeux sont faits! » Et pointe l'arme sur l'ambulancier, qui évite le coup fatal, puis la pointe sur sa propre tempe et s'écroule par terre, inconscient. Sa tête heurte lourdement le sol. L'ambulancier réagit rapidement et il est amené à l'hôpital, qui ne peut pas être plus près (étant donné que les deux hommes se sont rencontrés sur une face latérale de l'hôpital, ils n'ont qu'à tourner dans un coin en sens horaire). La secrétaire de l'hôpital téléphone aussitôt à Marianne Bazra-Neely pour l'informer de la situation. Celle-ci, inquiète, accourt à son chevet, alors que Caitlin est à l'école. Elle y reste une heure à ses côtés puis le quitte pour ramener sa fille à la maison. Carl Neely ne sort de l'hôpital que deux jours plus tard. Cet événement laisse à froid les deux amis. Encore plus quand Mélinda, la journée suivante, confirme à son mari la présence des âmes errantes près du policier.



Remarque : Par contre, nous comprendrons très bien le fait que le policier a tiré sur l'ambulancier soit responsable, le 7 novembre 2008, de la blessure à l'épaule de Jim par Hunter Clayton avec l'arme de Carl Neely.




Lorsque Jim Clancy revient chez lui, il raconte à Mélinda sa rencontre avec leur ami détective. Elle lui propose que tous les deux le questionnent au sujet de son absence, plan avec lequel il est d'accord. Quatre jours plus tard, le jeune couple décide d'attendre leur ami détective près de la station de police, assis sur un banc quelques rues plus loin. Jim et Mélinda attendent une heure avant de voir le policier sortir de la bâtisse. Ils se dirigent vers lui. Étonné, Carl Neely leur dit qu'il a terminé sa journée de travail. Il semble fatigué, mais ses amis insistent pour l'inviter chez eux. Mélinda remarque aussitôt que le policier est encadré par Adrian Neely, Sarah Benam-Neely, Milan Bogdanović, Mila Berstein-Bogdanović et Vladimir Pavlovitch Lvov, dont, bien sûr, elle ignore l'identité, mais elle comprend qu'ils sont malveillants à son égard.

En s'adressant aux âmes errantes, Mélinda dit : – Excusez-moi, mais pourquoi vous agissez sur Monsieur ?

Adrian Neely lui répond : – Madame, je vous recommanderais de vous mêlez de vos affaires et de nous laisser régler notre histoire avec Carl. Il nous appartient et il est avec nous !

À ce moment-là, Romano apparaît entre Mélinda. Le policier, comme s'il a ressenti sa présence, tremble comme une feuille. Le sombre esprit s'approche de lui, puis se retourne vers la jeune femme, un sourire ironique aux lèvres, murmure quelque chose à l'oreille gauche du policier, fait un signe aux cinq autres esprits, puis disparaît, comme aspiré par le souterrain. Carl Neely soupire. Jim comprend, par un signe discret de sa femme, qu'il y a encore une histoire d'esprits. Il montre beaucoup d'amabilité pour convaincre le policier d'être leur invité ; il accepte à contre-cœur, d'un air résigné, malgré que les méchants esprits lui soufflent toutes sortes d'idées sordides, ce qui le rend très nerveux. Les trois vivants et les cinq esprits errants se rendent dans la maison de Jim et de Mélinda.

Une fois dans le salon, la jeune femme propose à leur invité du thé à la menthe, ce qu'il accepte d'un air timide. Jim remarque les yeux et le nez rouges (en raison de ses consommations d'alcool) du policier, bien qu'ils fixent le sol plutôt que ses interlocuteurs. L'ambulancier soupçonne que quelque chose de tourne pas rond, mais il ne sait quoi.

Mélinda revient au salon avec trois tasses de thé, elle s'assied à la droite de son mari. Le couple fait face au policier, qui joue avec son alliance, la tournant sur son annulaire avec le pouce et l'index de sa main droite, afin d'éviter le regard de ses amis.

Jim prend la parole : – Monsieur Carl Neely, merci de votre aide pour l'enquête sur ma famille, Je suis navré des derniers événements bizarres que vous connaissiez depuis quelques mois.

Carl, en fixant ses pieds, dit : – Il n'y a de quoi, Monsieur Jim Clancy. Je ne faisais que mon travail. Quant aux événements bizarres, je dois vous avouer mon ignorance.

Adrian intervient : – Consciemment, il a tout oublié, mais s'il faisait un effort, il peut s'en souvenir. Seulement, il ne veut pas faire un effort. Il préfère nier les faits. Au moins, nous nous sommes bien amusés! Et je peux vous dire qu'il ressemble de plus en plus à son père! Le sang n'est pas de l'eau, et la pomme ne tombe pas loin de son arbre!

Mélinda traduit les propos de l'esprit errant en russe à son mari, qui lève les sourcils d'étonnement et de déception.

Les autres âmes errantes approuvent d'un sourire diabolique et racontent leurs petits jeux aux dépends de Carl Neely. La jeune femme rapporte leurs propos et explique à son ami policier ce qu'elle sait. Il n'ose pas la regarder dans les yeux. Mal à l'aise, il boit la tasse de thé d'une main tremblante. Une fois sa gorgée terminée, le policier dit, sans lever les yeux de la tasse : – Je suis vraiment désolé des inconvénients que je vous ai occasionné. Pourtant, vous saviez que j'y suis pour rien.

Il soupire d'un air résigné.

Jim intervient d'un air sévère : – Rien, c'est comme ça que vous appelez une tentative de meurtre ?

Le policier devient blanc comme linge. Ses yeux s'agrandissent de peur. Il est plongé dans la tristesse, ce qui se laisse voir sur son visage. Il dépose la tasse de thé vide sur la table, marmonne pour lui-même : « Mislio sam da nisam bolji od mog otac! [Je le pensais bien que je ne suis guère meilleur que mon père!] ». Puis il bredouille des excuses à l'ambulancier et lui dit, influencé par Vladimir Pavlovitch Lvov : « Ça va, j'ai compris! Vous ne voulez pas perdre plus de temps avec un misérable ver de terre de mon espèce! Je suis désolé du temps perdu! Au revoir! Dans l'espoir de ne plus se revoir! »

Et d'un bond, le policier se lève, tremblant, salue froidement le jeune couple et se dirige vers la porte d'entrée. Jim accourt au-devant et raccompagne leur invité. Cette visite est comme une douche d'eau froide pour les amis. Jim et Mélinda ne peuvent pas en croire de leurs oreilles; ils concluent, malheureusement, que depuis la visite au château d'Henry Clancy, il s'est forcément passé quelque chose de grave pour que Carl Neely change ainsi de comportement (et accepte les possessions de ces âmes errantes qui ne semblent point bienveillantes). Cette conclusion attriste quelque peu le jeune couple, qui tenait en estime le policier.



Le lendemain, Mélinda Irina décide d'appeler son père pour savoir s'il veut procéder à l'interrogatoire de Carl Neely en après-midi. Paul Estman accepte; « Ainsi », pense-t-il, « je lui remettrais son icône portative. Mon pauvre fils en a grandement besoin ».


Vers 13h, le vieux policier arrive à Grandview, comme convenu. Paul Eastman file directement au bureau de son jeune collègue, où ce dernier s'y trouvait. Il frappe doucement à la porte.

Carl Neely : – Qui est-ce ?

– Votre collègue, Paul Eastman.

Carl lui ouvre la porte d'une main tremblante après avoir ranger soigneusement ses bouteilles d'alcool dans un tiroir. Il fait signe au père de Mélinda d'entrer. Et les deux policiers s'asseyent sur des chaises. Paul remarque que son collègue est entouré de Adrian Neely, Sarah Benam-Neely, Milan Bogdanović, Mila Berstein-Bogdanović et Vladimir Pavlovitch Lvov. Le jeune policier fuit le regard de son interlocuteur, préférant jouer avec son stylo. Il demande d'une voix neutre, mais quelque peu enrouée : – Monsieur Eastman, quel est le motif de votre visite ?

– Mon fils, je vous apporte votre icône de l'Ange Michel.

Paul Eastman sort de sa veste l'icône de son collègue et la dépose sur le bureau. Carl, dont le visage s'est illuminé à sa vue, la saisit de sa main droite, qui tremble lorsqu'il la ramène vers lui et la met dans la poche droite de son pantalon. Il murmure un timide merci.

Après quelques minutes de silence, le vieil policier ajoute : – Mon fils, je sais ce qui vous est arrivé depuis... deux mois et demi.

Il remarque que son interlocuteur devient blanc comme linge et que ses yeux s'écarquillent de peur.

Paul poursuit : – Je voudrais par contre savoir si vous vous souvenez de ce qui vous à pousser à accepter ces possessions. S'il vous plaît, reprenez-vous et tout ira mieux.

– À vrai dire... Je ne le sais pas.. Je sais seulement que je ne sais pas grand-chose sur mes actes au cours des deux derniers mois, et ce que je sais, c'est seulement par ouïe-dire. Je changeais souvent de comportements, comme si j'avais plusieurs personnalités, parfois d'une journée à l'autre, parfois dans la même journée.

– Mon fils, je peux vous dire comme Mentor-Athéna à Télémaque lorsqu'ils se rencontrent à Salente: « les fautes font rentrer l'homme en lui-même, et lui rendent la sagesse qu'il avait perdue dans les bons succès. » [Fénélon, Aventures de Télémaque, livre XVII, p. 348]

– Facile pour vous, mon père, mais vous ne m'avez pas convaincu. Au risque de vous décevoir, je pense plutôt qu'une faute en entraîne une autre, et c'est parti pour une déchéance totale! Et moi de vous dire comme Mentor-Athéna le dit à Télémaque en parlant d'Idoménée : « Quand les hommes veulent quitter le mal, le mal semble encore les poursuivre longtemps: il leur reste de mauvaises habitudes, un naturel affaibli, des erreurs invétérées, et des préventions presque incurables. » [Fénélon, Aventures de Télémaque, livre XVII, p. 352] Et vous voyez bien que tel est mon cas! Je le reconnais: je suis alcoolique avec des personnalités multiples. Voilà ce que vous voulez entendre. Merci, au revoir!

– Vous avez tort! Ce que vous considérez comme des personnalités multiples sont les cinq esprits errants qui sont autour de vous en ce moment. Le seul conseil que je peux vous donnez, c'est celui que Mentor-Athéna adresse à Télémaque lors de leur voyage vers Ithaque : « Apprenez par là à ne juger promptement de personne ni en bien ni en mal; l'un et l'autre sont très dangereux : ainsi vos erreurs passées vous instruiront très utilement. » [Fénélon, Aventures de Télémaque, livre XVIII, p. 375] De plus, « [l']infortune seule peut donner de l'humanité » [Ibid., p. 378].

– De l'humanité... Je ne sais pas où vous la voyez chez moi. Elle a disparu! Vous voyez bien que je délire!

Adrian Neely intervient: – Vous l'entendez ? Il le reconnaît : il est comme le reste de la famille!

Paul réplique à l'esprit errant : – Je vous demanderai de ne pas dire de telles inepties! Vous m'ennuyez loyalement, espèce d'esprit manipulateur!

Carl Neely, confus, mais fâché : – Alors, Monsieur Eastman, sortez de mon bureau!

Paul réplique à son collègue : – Mon fils, ce n'est à vous que je parle, mais à votre grand-père paternel. Pour vous, je peux seulement dire comme le médecin Crétois Nosophuge au livre XIII des Aventures de Télémaque : « Le grand remède, qui est toujours d'un usage utile, c'est la sobriété, c'est la tempérance dans tous les plaisirs, c'est la tranquillité de l'esprit, c'est l'exercice du corps. »

– Merci, mon père, du conseil!

– Il n'y a de quoi. J'espère que vous reprendrez rapidement vos esprits, sans trop vous égarez avec ces possessions...

– Excusez-moi, mais saviez-vous combien de temps devrais-je les endurer ?

– Le pacte est d'un an... Ça dépend comme vos invités calculent, soit jusqu'au mois de novembre, soit jusqu'au mois de janvier.

Adrian répond : – Ceci ne vous concerne pas !

Paul Eastman feint de ne pas avoir entendu les propos de l'esprit errant. Il dit à l'intention de son collègue : – Monsieur Carl Neely, mon cher fils, sachez que je compte beaucoup sur votre force d'âme pour revenir à vous-même. Faites-vous confiance, c'est tout.

Son interlocuteur n'ose pas dire un mot. Il arrête de jouer avec son stylo et fixe la surface de son bureau. Les esprits errants autour de lui essaient de l'influencer, mais Paul, d'un geste de la main droite, les dissuade. Ils se tiennent alors immobiles autour de Carl Neely.

Après quelques minutes de silence, Carl Neely, un sourire faible aux lèvres, remercie son collègue de sa visite. Ils se donnent une accolade amicale et Paul Eastman sort discrètement du bureau, pour revenir chez lui.

À vrai dire, le policier détective Carl Neely est perplexe de sa situation. Agacé par les mêmes pensées qui lui viennent à l'esprit, il décide de se concentrer sur une enquête en cours. Remarquant que sa main droite tremble, il lâche le stylo et sort sa bouteille de šljivovica, s'en verse un verre, le boit d'un trait et range la bouteille et le verre dans le tiroir.

Au moment où il ouvre la porte pour sortir du bureau, il tombe nez à nez avec un homme masqué en noir ; le policier sursaute et lui demande de décliner son identité et la raison de sa visite. Carl Neely sort son revolver. Son interlocuteur, pour toute réponse, le pousse dans le bureau et y entre en refermant la porte derrière lui. Il lui dit : « Gospodine Carl Neely, dali ste sigurne da ne želite raditi za Bezbednosnu Informativnu Agenciju [Monsieur Carl Neely, êtes-vous certain de ne pas vouloir travailler pour la Bezbednosno Informativna Agencija] ? »

– Koje je vaša ponuda [Quelle est votre offre] ?

– Trodupla plaća, bezplatno putovanje u cijeloj bivšoj Yugoslaviju, mogučnost surađivanje sa Službom državne sigurnosti i sa Central Intelligence Agency, pristup na najbolje klinike na svetu i privatni vožac [Triple salaire, voyage gratuit dans toute le Ex-Yougoslavie, la possibilité de coopération avec la Služba državne sigurnosti et la Central Intelligence Agency, l'accès aux meilleures cliniques au monde et un chauffeur privé].

Les âmes errantes autour du policier l'influence, tandis que lui, il résiste. Il fait mine d'hésiter, comprenant que son interlocuteur veut immédiatement une réponse. Après quelques minutes, Carl Neely répond un non catégorique ; puis tire par terre, près des pieds de l'homme masqué, le faisant reculer de quelques pas, mais celui-ci réplique, possédé par Adrian Neely, atteignant le détective au pied droit, le blessant. Inutile de dire que le sang qui coule de sa blessure allèche les âmes errantes de ses grands-parents... Qui lèche le liquide. L'agent de la BIA, possédé par Vladimir Pavlovitch Lvov (qui n'ose pas s'opposer aux grands-parents de Carl Neely), tire une autre balle, le blessant, mais le détective, enragé, tire encore par terre. L'agent appelle un renfort au moyen d'un émetteur-récepteur portatif et cinq agents masqués se pointent dans le cadre de porte du bureau. Le détective, le revolver à la main, les somme de lâcher leurs armes et de quitter immédiatement son bureau, sinon, il les poursuivra pour intrusion. Les agents de la BIA éclatent de rire, et pointent leurs armes vers lui et disent à l'unisson en serbe : « Nous savons Monsieur Carl Neely, que vous êtes dans une situation délicate. C'est pour votre bien que nous vous offrons une collaboration. Si vous la refusez, toute la ville connaîtra vos problèmes. À vous de choisir ! »

L'interpellé, blême, baisse aussitôt son arme et la dépose sur son bureau. Il dit : – Messieurs, j'ai beau avoir des problèmes, mais je m'arrangerais sans votre aide. Je vous en remercie, mais vous pouvez bien l'offrir à quelqu'un d'autre.

L'un des agents : – D'accord, Monsieur Neely, sauf que cette fois, vous ne nous échapperiez pas!

Le détective touche nerveusement son icône portative, indécis. Les six agents tirent vers sa direction, le blessant gravement et déguerpissent à l'extérieur du Département de police. Carl Neely se traîne péniblement jusqu'au téléphone, sauf qu'il remarque que le sang ne coule pas de ses blessures. Ses grands-parents maternels et paternels les lèchent avidement, ce qui explique sa soudaine fatigue et son étourdissement. Il parvient néanmoins à appeler les ambulanciers, qui arrivent aussitôt. Jim n'est pas venu, car il a congé et passe sa journée avec Mélinda, l'aidant dans la cuisine à préparer des pierogis, puis en après-midi, après la vaisselle, une promenade romantique dans le parc de Grandview.

Le policier est aussitôt transporté jusqu'à l'hôpital Mercy, d'où il en sort quelques jours plus tard.



Le lendemain, les agents de la BIA font circuler dans Grandview que le policier détective Carl Neely souffre d'un trouble dissociatif de la personnalité avec possession et qu'il est un alcoolique qui drague des blondes. Inutile de dire que les rumeurs font le tour de la ville et qu'elles parviennent aux oreilles de Jim et Mélinda, mais aussi de Marianne. Le jeune couple n'y prête point attention, au contraire de Marianne, ce qui annonce une tempête.





Cependant, une semaine après, les méchantes âmes parviennent à nouveau à posséder le corps du détective, alors que son âme voyageait dans un rêve. Elle se trouve piéger de sorte qu'elle ne peut pas regagner son corps au matin ; c'est Milan Bogdanović qui le possède. Pour respecter le pacte, les âmes errantes (les invités indésirables) le possèdent jusqu'au 16 janvier 2005. Inutile de dire que ça allait de mal en pis : étant constamment possédé par l'un de ses grands-parents ou Vladimir Pavlovitch Lvov, il changement régulièrement de comportement, évidemment avec une prédominance de ses grands-parents, car le valet d'Henry Clancy est le dernier qui possède le corps de Carl Neely (il n'y arrive qu'une fois par mois). Parfois, dans la même journée, les cinq âmes alternaient leur tour de possession, ce qui donnait l'impression que le policier de souffrir du trouble dissociatif de l'identité avec possession. L'âme du détective pense tristement: « J'ai l'impression que c'est une voiture louée et que les locataires se moquent complètement de l'état dans lequel ils la ramène! Ah! Je devrais alors être un mécanicien pour une telle carcasse!? » (Il faut penser au vers «Fais bouger ta carcasse» de la chanson Jef de Jacques Brel). De plus, ayant conduit ivre sa voiture de fonction, puisque possédé par ses grands-pères, son permis de conduire lui est suspendu pour une durée indéterminée. Ceci l'oblige à faire des tournées à pied ou bien à s'enfermer dans son bureau pour mener ses «enquêtes automatiques», auxquelles, par ailleurs, il s'est habitué, au grand désespoir de l'âme du policier. Sans oublier que John Wellington est à deux doigts de le renvoyer; c'est seulement sa curiosité qui le retient, car il voudrait bien savoir si Carl Neely accepterait d'être agent double. Sans oublier, que, peu importe où il se pointe dans la ville, les citoyens de Grandview qui l'aperçoivent bavardent sur lui dans son dos. De plus, ses invités indésirables s'amusent beaucoup avec sa carcasse, en lui créant des illusions optiques lorsqu'elle est ivre, illusions qui sont dans les faits des menaces qui lui sont directement adressées. Ceci exaspère beaucoup l'âme du policier.


Évidemment, il faut aussi mentionner que son ménage ne va pas bien ; Marianne, fatiguée de ses consommations excessives d'alcool (au moins, elle arrête de dissoudre des calmants dans son vin), mais encore plus de son trouble dissociatif de la personnalité en raison des possessions des esprits errants et des rumeurs à son sujet, se dispute souvent avec son mari. Parfois, la vaisselle se trouve cassée. Elle le menaçait de divorcer au début du mois d'avril. Mais Marianne tolère Carl Neely ainsi possédé et alcoolique pour un certain temps, en raison de l'intervention de Sara Blumenfeld qui prend son mari en pitié et influence Marianne pour qu'elle repousse sa menace de divorce. La première épouse comprend que Carl Neely n'est pas du tout prêt à vivre un divorce. Ceci ne serait qu'un contre-effet: un divorce le déprimera et pourrait le pousser au suicide dans son désespoir, ce qu'elle ne lui souhaite point. L'âme du détective, émue de sa gentillesse, la remercie discrètement. De ce fait, Marianne tolère encore sa présence, mais essaie, en vain, de le rappeler à lui. Une fois, au cours d'une dispute, elle lui a même recommandé de se faire soigner en psychiatrie, ce qui le fâche beaucoup. Depuis, le policier ne dort pas le soir avec sa femme, mais sur le canapé au salon. Et ce, Marianne observe bien ses consommations d'alcool et essaie un peu de l'en détourner, en lui suggérant de l'aider à faire la vaisselle ou encore une promenade avec elle et sa fille.


De plus, à la mi-avril, John Wellington a compris que Carl Neely n'est pas un double agent, il le renvoie de son poste. Ceci ne fait qu'exacerber les disputes du couple. Comme rien n'y fait et que les disputes sont de plus en plus violentes (et qu'elles n'échappent point à Caitlin, qui est vraiment terrorisée de voir une atmosphère éristique entre sa mère et son beau-père), le divorce est proclamé le 30 avril. Sans parler que Caitlin Mahoney, la belle-fille du détective, que ce dernier apprécie beaucoup, le fuit, bien qu'elle ne comprend pas pourquoi, préférant plutôt rester seule dans sa chambre pour faire ses devoirs et demander l'aide de sa mère plutôt que d'échanger une seule parole avec Carl. Cette ignorance de la part de sa femme et de sa belle-fille brise le cœur de l'âme de Carl Neely. Attristée, elle préfère se tenir alors loin de son corps; elle ne souhaite pas voir sa déchéance. À vrai dire, elle ne garde pas grand espoir de regagner ce qu'elle appelle « sa carcasse », surtout lorsque ses grands-parents l'éprouvent beaucoup, cherchant à tout prix à la blesser (ne serait-ce qu'en passant un doigt rapidement sur une feuille de papier), afin que les quatre âmes errantes que sont ses grands-parents boivent son sang. Parfois, il lui arrivait même de s'entailler les poignets avec un petit couteau lorsqu'il est seul à la maison. Et lorsque Marianne remarque les entailles, la carcasse lui ment effrontément. Cette scène écœure l'âme de Carl Neely, qui se demande s'il est possible d'abréger son pacte avec ces sinistres entités. Ceci la fait paniquer, rongée comme elle est d'inquiétude pour son corps propre, se demandant comment sa carcasse tiendra le rythme. Elle est en panique et est mélancolique.



À la pensée de la possibilité de rompre le pacte, l'âme de Carl Neely se trouve devant la demeure de Henry Clancy, où elle a accepté ce pacte. Romano la guette et lui souhaite la bienvenue. La pauvre âme, désespérée, se jette à genou devant lui pour le supplier d'y mettre fin. Son interlocuteur, au lieu de répondre, éclate d'un rire diabolique et l'enjoint de le suivre. Les deux âmes font le tour du château, qui est encore plus sinistre que la dernière fois lorsque le policier a mis les pieds. Plus sinistre en raison des âmes errantes qui hantent les lieux. Ainsi, la pauvre âme remarque que dans le puits se trouvait des corps des âmes qui hantent la demeure. Elle ne peut pas s'empêcher de tressaillir. Après, le sombre esprit tente de la convaincre de laisser son corps aux âmes qui semblent beaucoup apprécier l'idée de revivre dans son corps, et qu'elle se fasse des amitiés avec des esprits errants du château. À ce moment, l'âme du détective remarque que les autres continuent à se comporter comme si elles ont encore un corps. Sauf que pour elle, l'idée de se lier d'amitié avec des esprits qui hantent des lieux depuis cent ou deux cents ans ne la réjouit point. Elle remercie son interlocuteur de l'offre et retourne vers son corps.





30 avril 2004.


Carl Neely et Marianne Bazra-Neely divorcent officiellement; elle et sa belle-fille demeurent dans la maison à Grandview, tandis que le policier quitte la ville et décide de s'installer à Sightview, à trois kilomètres au sud de Grandview. Une fois rendu là-bas, Carl y trouve un petit appartement et se cherche un emploi en tant que détective policier. Il obtient un poste, mais à condition de réussir son test de conduite. Il réussit le test, malgré qu'il soit possédé par Milan Bogdanović.



Au moins, le détective n'est pas au chômage, sauf qu'il perd son emploi un mois plus tard, en raison de son alcoolisme auquel le poussent Milan Bogdanović et Adrian Neely. Et ce, sans parler des diverses mutilations aux poignets afin d'abreuver les âmes errantes de ses grands-parents maternels et paternels. Ceci éprouve cruellement la carcasse, en plus de l'obliger, même en été, à porter une veste à manches longues pour cacher les diverses cicatrices des entailles. D'ailleurs, l'âme du policier détective comprend que le fait que ses grands-parents paternels et maternels boivent son sang est une manière pour eux d'agir sur lui, car ceci leur donne des forces, en plus d'espérer laver leurs péchés à travers son sang. L'âme de Carl Neely est vraiment fâchée de la tournure des événements.


D'ailleurs, il ne faut pas oublier que les agents des services de renseignements des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni, de la Croatie et de la Serbie suivent le policier... Certains, guidés par l'un de ses grands-pères, tentent de le convaincre de rejoindre leurs rangs, mais comme la carcasse hésite, elle se trouve blessée. Et ses grands-parents lèchent avidement le sang qui coulait des blessures. Sans oublier que, jusqu'à un certain point, la conscience embrumée par l'effet de l'alcool et possédée comme elle est, la carcasse est à deux doigts d'accepter un contrat avec eux, ce qui fait paniquer l'âme du détective, surtout lorsqu'elle comprend que les services de renseignements s'intéressent à lui précisément pour ces qualités de médium pour les esprits, ce qu'ils comptent bien en profiter... La situation se complique lorsque Karl Neely, son père (qui est plus ou moins constamment possédé par Friedrich Neumann), s'en mêle personnellement pour le convaincre de travailler indirectement pour le FBI. De plus, s'étant bien exercé à imiter l'écriture de son fils, il a même préparé deux fausses lettres, l'une à l'attention d'un agent du FBI, l'autre de Jim Clancy et Mélinda Irina Eastman-Clancy. La pauvre âme de notre détective, désespérée, se manifeste devant son collègue Paul Eastman pour lui demander timidement conseil. Paul lui répond qu'elle doit ramasser son courage à deux mains pour que les lettres s'égarent en chemin. L'âme de Carl Neely remercie son collègue et décide de faire divergence sur les facteurs qui apportent les lettres. Elle y parvient in extremis. Au lieu d'arriver à un bureau du FBI, la lettre est simplement remise à la bâtisse voisine et finit dans une poubelle, tandis que celle qui aurait due arriver à l'adresse de Jim et Mélinda est remise à leur voisin de gauche, qui, voyant que la lettre ne lui est point destinée, la jette au poubelle.



Au cours du mois de mai, tout ce complique pour Carl Neely lorsqu'il doit mener une enquête sur le terrain (pour faire changement des enquêtes automatiques auxquelles il s'est habitué) à Hauteview, où, il peut très certainement rencontrer les deux cousins paternels de Jim, à savoir Wiliam Clancy (qui est, rappelons-le, un policier en contact avec Karl Neely) et Jean-Paul Clancy (qui est un médium aux mauvais esprits). La carcasse, guidée par Adrian, rencontre sur son chemin ces deux personnes, ce qui fait craindre le pire à l'âme du détective, puisqu'elle comprend que l'esprit qui possède l'épave peut très bien communiquer des informations aux mauvais esprits qui entourent le médium. Les méchants esprits se parlent à mi-mot et chacun des corps continue leur chemin comme si ce n'est rien. Inutile d'insister sur le désespoir de l'âme de Carl. Ceci contribua, à sa manière, à la déchéance totale de l'épave, qui, vraiment faisait triste mine. Depuis cette rencontre, le policier est même consciemment déprimé, dépressif. Sans oublier que le valet d'Henry Clancy (un misérable ver de terre) décide d'agir comme les autres esprits qui possèdent le corps de Carl Neely (car il est déçu de ne pas rencontré souvent de femmes blondes, et même s'il en rencontre, elles le fuient étant donné son allure d'alcoolique). De ce fait, Vladimir Pavlovitch Lvov pousse le policier à commencer à prendre goût à la vodka, ce qui exaspère beaucoup sa pauvre âme.


L'épave qu'est devenu Carl Neely essaye de trouver un autre emploi en juin, en raison de besoins financiers. Son âme, qui suit les événements d'un œil triste, comprend que ses grands-parents souhaitent que sa carcasse trouve des emplois, pour pouvoir tenir le rythme des consommations alcooliques (car, malheureusement, elle est devenue alcoolique; il ne faut pas oublier que la šljivovica contient 55 % d'alcool, le scotch whisky, 43 et la vodka, 45). « Au moins », pense tristement son âme, « le temps du pacte, ils ne veulent pas que je termine dans la rue comme un misérable sans-abri. Quelle piètre consolation! »

Guidé par ses grands-mères, le détective postule à un poste de policier à Midview, à trois kilomètres de Sightview, ainsi qu'à un poste similaire à Demonview, à deux kilomètres de Sightview; à sa surprise, il obtient les deux postes, lui assurant un bon revenu pour poursuivre ses consommations d'alcool. Après un mois, il perd son emploi de Midview, en raison de son alcoolisme. Le policier, guidé par sa grand-mère paternelle, postule comme chef de police à Demonville, à un kilomètre à l'ouest de Sightview. Comme il est possédé par Milan Bogdanović au moment où il passe l'entrevue, il obtient le poste convoité, au grand désespoir de l'âme de Carl Neely. Celle-ci comprend que c'est Milan qui a fait bonne impression sur son interlocuteur pour obtenir le poste. Or, elle sait que si le revenu est plus grand, plus grande sera sa déchéance, ce qui signifie plus de problèmes liés à l'alccolisme. En juillet, la carcasse, en raison de son alcoolisme, perd son poste de policier à Demonview, mais conserve celui de chef policier. De plus, les différents agents de renseignements la pressent de travailler pour eux, ce qui angoisse beaucoup son pauvre âme, qui se sent coincée. Elle décide d'agir sur sa carcasse pour lui souffler l'idée qu'une telle collaboration est dangereuse pour sa propre survie. La carcasse hésite, surtout quand des agents exercent une forme de chantage sur lui, partagée entre les suggestions des âmes errantes qui l'encouragent à accepter l'offre proposée et celles de son âme qui lui suggère le contraire. Sauf que la pression est trop forte ; la carcasse pense trouver la solution en buvant un verre d'alcool de plus, ce qui exaspère l'âme du détective, qui se dépêche aussitôt de l'influencer autant qu'elle le peut, faisant en sorte que la carcasse refuse l'offre des agents. Depuis, ces derniers, influencés par les cinq esprits invités, cherchent à blesser intentionnellement la carcasse. Et chaque blessure est toujours propre, car les grands-parents sont avides de sang. Ainsi, entre ces attentats et les actes d'auto-mutilation, ces méchantes âmes espèrent bien avoir leur dose du précieux liquide. Évidemment, ceci fatigue beaucoup l'épave, ce qui exaspère encore plus l'âme de Carl Neely. « À ce rythme-là, il se videra de son sang! », pense tristement l'âme, « Pourquoi? Le vin ne pourrait jamais le remplacer! (À moins que c'est ce que ces salauds veulent!) Dans ce cas il est hors de que je revienne dans ça! Mais, en fait, qu'est-ce qui m'a pris à faire un pacte avec eux? Allez, frappes-toi la tête contre le mur, peut-être que ça t'aiderait! » La pauvre âme, en voulant se frapper sa tête contre le mur, passe au travers celui-ci. Un jour, elle pousse son propre corps de manière à ce qu'il se frappe la tête contre le mur, sauf que Adrian Neely, qui le contrôlait alors, fait en sorte qu'il se frotte la tête contre le mur.




Par un jour ensoleillé d'août, étant possédé par son grand-père maternel, le policier, dans sa petite cuisine, boit plusieurs verres d'alcool. Pour s'encourager, il chantonne l'hymne yougoslave (qui est la seule chanson outre les chansons patriotiques serbes (Himna kosovskih junaka ; Ko to kaže, Srbija je mala ; Marš na Drinu ; Tamo daleko), que Milan Bogdanović connaît) :


Hej Sloveni, jošte živi,

Duh naših dedova,

Dok za narod srce bije

Njihovih sinova.


Živi, živi duh slovenski

Živeće vekov'ma

Zalud preti ponor pakla

Zalud vatra groma.


Nek se sada i nad nama

Burom sve raznese,

Stijena puca, dub se lama,

Zemlja nek se trese.


Mi stojimo postojano

Kano klisurine,

Proklet bio izdajica

Svoje domovine !



Voici la traduction :


Hé, les Slaves, vous êtes encore vivants,

L'esprit de nos ancêtres vit encore,

Pendant que le cœur de leurs enfants

Bat pour le peuple.


Vive, vive l'esprit Slave

Il vivra à travers le temps

Le ciel de l'enfer menace en vain

Le feu de l'orage est vain.


Que tout l'ouragan au-dessus de nous

Emporte tout,

Le rocher éclate, le chêne se tord,

Que la terre en tremble.


Nous restons fièrement debout

Tel un roc,

Maudit soit le traître

De sa patrie !


Entre chaque vers, un verre de šljivovica. Après quelques verres supplémentaires, désespéré, il commence à chantonner: « Sit svega toga vapim smrt smirenja/ Sit svega toga napustio sve bih [J'ai marre de tout et je pleure le calme du mort / J'ai marre de tout que j'abandonnerais tout] [extrait de la chanson d'Ibrica Jusić, Sit svega toga] » Cette scène émeut la pauvre âme du détective, qui commence à pleurer sur elle-même et sur sa carcasse.



Entre août à décembre 2004, Carl Neely quitte son emploi de chef policier à Demonville à la fin août après une dispute violente avec un collègue, qu'il tua avec son revolver. L'épave, possédée par Sarah Benam-Neely et Mila Berstein-Bogdanović, ses grands-mères paternelle et maternelle, cherche alors un autre emploi de chef policier à Adesview et à Plytoview, ce qui affole la pauvre âme. Cette dernière comprend que sa carcasse est poussée directement en enfer, puisque les noms de ces deux villes sont rattachées directement au Dieu grec de l'enfer (Adès est une variante orthographique de Hadès ; Plyto renvoie à Pluton, puisque dans l'alphabet cyrillique, le « u » s'écrit comme un « y »). Et lorsque la carcasse obtient les deux emplois (en raison de l'effet d'Adrian Neely sur son interlocuteur au cours des entrevues), l'âme est désespérée de sa situation. « C'est la chute de l'épave », pense-t-elle tristement, « je suis dégoûté de la voir! ». La carcasse conserve ses deux emplois jusqu'en décembre, mais elle est persécutée par l'âme de son collègue de Demonville. De plus, possédée par Adrien, l'épave tua deux autres innocents, dont leurs âmes viennent la hanter, ce qui déprime encore plus l'âme de Carl, qui se demande comment sortir de cet enfer. Elle essaye de faire comprendre aux trois âmes errantes qui persécutent sa carcasse que cette dernière n'est point fautive, mais rien n'y fait. Ces trois âmes, furieuses contre le nouveau chef policier, cherchent à blesser la carcasse, dont le sang allèche les grands-parents de Carl Neely, ce qui dégoûte sa pauvre âme (qui vomit toute sa bile). Pour la carcasse, c'est, consciemment, vraiment un enfer, car elle est persécutée et poursuivie, en plus de changer constamment de comportement d'une manière inexplicable (étant donné les cinq âmes errantes qui la possèdent alternativement ou simultanément). Cette situation exacerbe la colère de l'âme de Carl Neely envers elle-même.



Désespéré de se retrouver sans femme et sans emploi (puisqu'il ne reste pas longtemps à un poste, et qu'il change souvent d'emplois), le détective, possédé par ses grands-pères, se laisse sombrer dans l'alcoolisme. Il chantait à tue-tête son répertoire de chansons entre chaque recherche d'emploi. Certaines variantes ne plaît point à sa pauvre âme. Par exemple, la fin de l'Himna kosovskih junaka. Entre chaque vers de la chanson, un verre de šljivovica et entre chaque strophe, un verre de whisky et de vodka.


Voici la version chantée par Milan Bogdanović :


Hriste Bože raspeti i sveti,

Srpska zemlja kroz oblake leti.

Leti preko nebeskih visina,

Krila su joj Morava i Drina.


Zbogom prvi nerođeni sine,

Zbogom ružo, zbogom ružmarine.

Zbogom leto, jeseni i zimo,

Odlazimo da se ne vratimo.


Na tri sveto i na tri sastavno,

Odlazimo na Kosovo ravno.

Odlazimo na suđeno mesto

Zbogom majko, sestro i nevesto.


Zbogom prvi nerođeni sine,

Zbogom ružo, zbogom ružmarine.

Zbogom leto, jeseni i zimo.

Odlazimo da se ne vratimo.


Kad je draga da odlazim čula,

Za rever mi neven zadenula. 

Zbogom prvi nerođeni sine,

Zbogom ružo, zbogom ružmarine.

Zbogom leto, jeseni i zimo.

Odlazimo da se ne vratimo.



Voici la traduction :


Christ Dieu crucifié et saint 

La terre serbe vole à travers les nuages.

Elle vole dans le ciel,

Ses ailes sont la Morava et la Drina.


Adieu premier fils à naître,

Adieu rose, adieu romarin.

Adieu l'été, l'automne et l'hiver,

Nous partons pour ne pas revenir.


Sur trois sacrés et sur trois intégraux,

Nous allons directement au Kosovo.

Nous allons au lieu désigné.

Au revoir mère, sœur et épouse.


Adieu premier fils à naître,

Adieu rose, adieu romarin.

Adieu l'été, l'automne et l'hiver,

Nous partons pour ne pas revenir.


Quand ma chérie apprit que je partais,

Elle a mis un souci sur mon revers.

Adieu premier fils à naître,

Adieu rose, adieu romarin.

Adieu l'été, l'automne et l'hiver.

Nous partons pour ne pas revenir.




En raison du dernier vers, qui se traduit par « Nous partons pour ne pas revenir », l'âme du détective le comprend comme une menace qui lui est directement adressée, au sens où ses invités indésirables souhaitent qu'elle ne regagne point son corps propre. Elle préfère la version dont le dernier vers est « Odlazimo da ih pobedimo. » [Nous partons pour les battre], ce qu'elle réplique à Milan, ce qui l'enrage, faisant en sorte que la carcasse brise le verre qu'elle tenait, se blessant la main droite dans laquelle elle le tenait. Mais elle tend sa main gauche sur les débris, se blessant de ce fait les paumes et les doigts des deux mains. Le sang allèche les grands-parents, qui s'attroupent pour l'absorber, laissant ses mains propres, ce qui étonne la carcasse. Cette dernière pense, abasourdie: « Mais qu'est-ce que se passe? Je suis blessé, mais aucune trace de sang! Dieu que la šljivovica est bonne! »

L'âme de Carl Neely, attristée, bat en retraite. Elle n'est que la triste spectatrice de ce qui arrive à son corps. Elle pense ironiquement « Il fait vraiment pitié! Et moi, je pense bien que je sois fou, à parler de son corps à la troisième personne. Peut-être que Marianne a raison et que je dois consulter un psychiatre. J'aurais alors une excuse pour rompre définitivement avec Jim et Mélinda. Dommage! Mais soyons réaliste: je ne peux plus jamais être leur ami. »


La carcasse dit à elle-même en serbe : « Peut-être que je pourrais me rendre à l'offre de l'agent de la SAJ, puisque je connais les paroles de l'hymne des Crvene beretke. »


Note : Les Crvene beretke sont des unités paramilitaires, créées après l'indépendance de la Serbie, avec le morcellement de la Yougoslavie. Elles sont les « descendantes » (avec la Služba državne sigurnosti de la Croatie) de l'Uprava državne bezbednosti (UDBA ; la police secrète de la ex-Yougoslavie). L'hymne des Crvene beretke est l'Himna kosovskih junaka.




Et l'âme de Carl Neely pense : « Cette carcasse est vraiment infidèle! Ah! Mon Dieu! Qu'est-ce qui m'a pris pour accepter un pacte avec mes ancêtres? » En regardant l'appartement, elle pense ironiquement : « Monsieur est trop habitué à vivre avec une femme qui fait le ménage. Quelle négligence! Il est préoccupé par sa dose d'alcool et rien d'autre! Puah! Qu'est-ce qui me dégoûte, ce soûlard dépressif! »




Pendant ce temps-là à Grandview.


Jim et Mélinda, eux, continuent à aider divers esprits errants de Grandview, qui demandent l'aide de la jeune passeur d'âmes. Malgré qu'ils forment un excellent duo, ils demandent l'aide de Paul Eastman pour des enquêtes policières, requêtes que celui-ci accepte parfois avec joie lorsqu'il trouve du temps. Sinon, ils demandent l'aide de la détective Sam Blair (qui travaille à Grandview), qui remplace à leurs yeux Carl Neely, bien que leur amitié soit encore différente. La détermination du policier manque au jeune couple; il leur était sympathique pour cette qualité. La policière leur permet ainsi d'avoir accès aux dossiers de certains des esprits errants, afin de mieux régler leurs cas.


Au cours des mois d'août et de septembre 2004, Jim et Mélinda reçoivent différents appels téléphoniques de Ielena Slavsky-Eastman, d'Irina Slavsky, de Filip Eastman, de Sofia Eastman et de François Debord, qui les avertissent de faire attention à deux policiers, et les supplient d'être indulgents envers le plus jeune. Jim et Mélinda sont hésitants devant un tel avertissement; ils sont sceptiques et perplexes, ne sachant point sur quel pied danser. À leurs yeux, Carl Neely a retourné sa veste, ce qu'ils peinent à croire, mais ils ne comprennent point pourquoi il a accepté la possession de son corps par des esprits malveillants. C'est en raison de ces possessions que Jim et Mélinda concluent le revirement de situation, d'où leur déception face au policier.


En septembre, Jim et Mélinda reçoivent un appel de Paul Eastman, qui exige une rencontre avec eux. Sa fille et son gendre acceptent, intrigués. Le policier, l'air sérieux, leur explique certaines choses concernant Carl Neely. Il veut simplement qu'ils redeviennent amis, car il n'a pas retourné sa veste. C'est seulement qu'il a accepté par imprudence un pacte d'un an au cours duquel son corps est possédé par des âmes errantes qui l'ont repéré dans la demeure de Henry Clancy. Par ailleurs, cette amitié compte beaucoup pour Neely, puisqu'il ne peut pas s'appuyer sur sa femme, de laquelle il a divorcé depuis la fin avril, sauf qu'il aspire à revenir avec elle, mais elle est une vipère susceptible de le trahir un jour ou l'autre aux agences de renseignements secrets. Et d'ailleurs, les différentes agences de renseignements sont à ses trousses. S'il se trouve blessé, il est mieux que Jim intervienne plutôt que certains de ses collègues, qui sont payés par ces agences pour arriver trop tard. « Or, Monsieur Carl Neely a encore des choses à régler. Il ne peut pas quitter sitôt le monde des vivants. S'il vous plaît, mon gendre », dit en russe Paul Eastman, « je vous recommande d'enterrer votre rancœur envers lui et tout ira mieux pour lui et pour vous. Il serait dommage de s'embrouiller définitivement avec lui. Il m'est sympathique malgré son imprudence. »

Jim, à moitié convaincu, répond d'un signe de tête positif.

Paul poursuit : – Par ailleurs, si vous lui en voulez en raison de l'attentat qu'il a voulu perpétrer contre vous, mon gendre, au mois de mars, vous devez savoir que notre ami était très influencé par les cinq méchantes âmes avec lesquelles il a passer le pacte. De ce fait, soyez-en assuré qu'au fond de son âme, il n'aurait jamais fait un tel geste. Carl Neely peut considérer une année comme du temps perdu; au contraire, ce temps est le plus utile, seulement il doit en tirer lui-même la leçon [paraphrase des propos de Mentor-Athéna à Télémaque lors de leur navigation vers vers Ithaque, cf. Fénélon, Aventures de Télémaque, livre XVIII, p. 385]. Et ce, avant qu'il ne soit trop tard et qu'il ne commette l'irréparable. Ses peines et malheurs doivent lui permettre d'être meilleur, et d'être maître de lui [suite de la paraphrase; cf. Fénélon, Aventures de Télémaque, livre XVIII, p. 385]. Ses fautes ne sont pas moins utiles que ses malheurs, comme le dit Athéna à Télémaque, si vous me permettez la paraphrase [Ibid., p. 387]. Il ne nous reste qu'à attendre que Monsieur Carl Neely réalise sa situation, en espérant qu'il fasse le bon choix.

Jim réplique : – Merci, beau-père, de votre avis. Mais vous ne m'avez pas tout à fait convaincu en l'innocence de Carl Neely.

Mélinda ajoute : – Père, qui dit que l'expression la pomme ne tombe pas loin du pommier est vraie pour lui? En tout cas, c'est ce que semblent suggérer les derniers événements dont nous sommes témoins.

Paul intervient : – Je vous en prie, faites preuve d'indulgence. Ne soyez pas si durs envers lui, sinon, vous le regretteriez! Si je me permets de le défendre ainsi, c'est en raison des diverses informations dont je dispose de mes différents contacts, entre mes amis du service de contre-espionnage, des âmes errantes qui le prennent en pitié et des observateurs qui m'ont expliqué certaines choses à son sujet. Si j'insiste beaucoup sur votre soutien, c'est en raison que Monsieur Carl Neely, mon cher fils spirituel, connaît une tempête de difficultés. Et vous, vous voulez le laisser à lui-même, ou pire, le laisser crever comme un chien?! Le seul conseil que je peux alors vous donner, ma fille et mon gendre est le suivant: informez-vous avant de juger rapidement. Si vous êtes si incrédules, filez-le dès qu'il reviendra à Grandview.

Mélinda et Jim, quelque peu vexés des propos, remercient néanmoins Paul Eastman d'être venu. Une fois le vieux policier sorti, ils discutent de leur plan : ils se décident à filer eux-mêmes Carl Neely lorsqu'il reviendra à Grandview. C'est Jim qui en avertira sa femme. Contents de leur idée, ils s'embrassent sur les lèvres.





3 Janvier 2005, Sightview.


La carcasse perd ses deux emplois de chef policier. Elle est au bord de la dépression nerveuse en raison des hallucinations que ses grands-parents provoquent dans ses crises alcooliques et des hallucinations de la part des trois innocents qu'elle a tué. Ces trois âmes lancent des couteaux sur elle ou parfois activent parfois son revolver à son insu, la laissant morte de peur. La carcasse se sent persécutée par quelqu'un d'invisible, ce qui l'angoisse terriblement. La pauvre âme de Carl Neely la prend en pitié, se disant à elle-même qu'elle regagnerait son corps, peu importe ce qui pourrait lui arriver ; elle ne veut point s'incliner devant ses grands-parents. Elle se révolte contre une telle perspective. Elle veut regagner son corps pour redresser dans la mesure du possible la situation, puisqu'elle ne souhaite point que sa vie soit orchestrée par les âmes errantes avec lesquelles elle a accepté le pacte.



Le 16 janvier 2005, Sightview, appartement de Carl Neely.


Dernier jour du pacte. Les âmes errantes en profitent pour influencer négativement sur l'épave qu'est devenu le détective et chef policier Carl Neely. L'épave boit beaucoup d'alcool et essaye de se blesser, mais trouvant la mort trop lente à arriver, elle se tire une balle sur les tempes. Sauf que son âme la prend en pitié et, profitant du manque de coordination due à son ivresse, elle guide sa main droite qui tient son revolver de manière à rater son suicide, la blessant, bien sûr, ce qui allèche comme à chaque fois les âmes de ses grands-parents. Comme les voisins de l'appartement au-dessous du sien ont entendu le bruit de son corps qui s'écroule lourdement sur le plancher de sa cuisine, ils ont composé rapidement le numéro des urgences. Les policiers et les ambulanciers font irruption dans l'appartement de Neely. Les policiers sont étonnés de voir leur ancien collègue, qui a quitté depuis sept mois et demi son poste de détective. Mais comprenant rapidement la situation, la carcasse est amenée à l'hôpital de la ville, d'où il en sort le lendemain en après-midi.


17 janvier 2005, Sightview.


L'âme de Carl Neely, bien que voyant le mauvais état de son corps, se décide à chasser ses hôtes et à le réintégrer. Sauf qu'elle ne peut pas agir sur eux, en raison de la force qu'ils ont eu en buvant son sang la veille. Elle attend le lendemain, lorsqu'ils seront un peu affaiblis. Et l'âme du détective policier parvient à les convaincre que le pacte est terminé et qu'elle doit regagner son corps propre. Et elle parvient à le regagner. Elle sait très bien qu'elle aura du travail pour redresser la situation. Mais elle s'attèle à la tâche, bien qu'elle soit déprimée en raison de la persécution des trois âmes errantes que sa carcasse a tué. Mais elle s'encourage, en pensant qu'il est possible de redresser la situation. Premier pas vers la guérison: la reconnaissance, même consciemment, de son alcoolisme, ce qui se voyait par ses traits. Mais le policier décide d'être franc avec lui-même: il est un alcoolique fou, persécuté par je-ne-sais-qui, pour je-ne-sais quelle raison. Il ne faut pas oublier que consciemment, Carl Neely ne se souvient pas grand-chose de ses actes alors qu'il était possédé par ses grands-parents et par Vladimir Pavlovitch Lvov, puisqu'ils sont des entités extérieures. Nous pouvons déjà imaginé son étonnement à la lecture de son curriculum vitæ lorsqu'il apprend qu'il a travaillé comme chef policier à Demonville, à Adesview puis à Plytoview. Au moins, Carl Neely s'est promis à lui-même une chose: ne plus jamais postuler au poste de chef policier.


Le détective, malgré qu'il subit l'influence de ses grands-parents paternels et maternels, s'encourage qu'il peut bien essayer de diminuer ses doses d'alcool. Malheureusement, les âmes errantes lui inspirent des idées suicidaires, d'où ses impulsions soudaines à l'auto-mutilation, ou encore d'avoir des idées sombres, que le policier essaye de chasser, en pensant à autre chose. Au moins, en diminuant d'une verre à chaque semaine, il se sent mieux, regagnant confiance en lui-même. Carl Neely est alors moins pessimiste et moins déprimé. Il essaie de réguler sa consommation d'alcool pour ne plus avoir des risques associés à son alcoolisme quasi chronique d'un peu plus d'un an, en particulier le manque d'appétit, les troubles du sommeil et les comportements impulsifs, ce qui l'ennuie beaucoup. Deux détails le tracassent : la disparition de son icône portative et son alliance brisée en plusieurs morceaux par les mauvais esprits. Rappelons qu'il garde son alliance dans une boîte à bijoux depuis son divorce. Il fouille à fond et à comble le petit appartement, mais il ne trouve point son icône. Daniel Miloshevitch, le possédant temporairement, le guide jusqu'à son icône. Il la trouve à l'entrée de Grandview, salie par les intempéries. Contente, son âme regagne son corps en remerciant l'esprit errant. Le détective, âme et corps, serre son icône dans sa main droite. Il revient dans son appartement à Sightview. Depuis, il s'assure d'avoir près de lui son icône de l'Archange Michel, qui, d'ailleurs, le motive à se régler de ses problèmes, malgré qu'il sait très bien qu'il en conservera des séquelles irréparables. Le policier s'est bien décidé d'y vivre avec, bien que cela l'attriste un peu, mais il s'est rendu à l'évidence de sa situation – qu'il accepte comme une conséquence de ses actions incontrôlées au cours de l'année précédente.


Depuis que l'âme de Carl Neely à réintégrer son corps propre, Sara Blumenfeld-Neely, sa première épouse, en profite pour l'informer, par voie onirique du danger que représente pour lui Marianne. Sauf qu'il se refuse à croire au rêve, malgré qu'il était répétitif. Il se ment à lui-même que sa Marianne seule peut l'aider dans sa situation désespérée. Par ailleurs, elle lui manque. Carl n'aspire qu'à revoir son épouse bien-aimée. Il se sent coupable de l'avoir abandonnée pour un certain temps. Il espère au moins obtenir son pardon, pour ne pas être isolé de tous.




À la mi-janvier 2006, guéri de son alcoolisme, Carl Neely revient, léger comme plume, quoiqu'ayant encore l'impression d'être poursuivi par les âmes errantes des trois hommes tués de sa main, à Grandview. Il remarque que les citoyens, bien qu'ils l'ont reconnu, ne bavardent plus dans son dos, ce qui le rassure. Le policier se rend immédiatement dans la maison qu'il a quitté le 30 avril 2004. Il y trouve Marianne qui arrose les fleurs dans les petits jardins devant la maison. Il la salue lorsqu'elle est face à lui. Étonnée, son ex-épouse dit : – Je dois rêver. Mais c'est toi, Carl Neely qui ose revenir ? Tu as complètement changé! Mais, qu'est-ce qui t'arrive ?

– J'ai repris mes esprits, ma Marianne. Puis-je redemander ta main ?

Une fois entrés à l'intérieur de la petite maison, le détective la supplie à genoux de revenir ensemble. Marianne se rend à son avis (elle sait très bien qu'elle lui serait difficile de trouver un mari qui accepte sa fille de son premier mariage), mais à condition qu'il lui prouve qu'il ne souffre plus d'un trouble dissociatif de la personnalité et qu'il est modéré dans ses consommations d'alcool. Pour cela, elle l'observe attentivement pendant un mois. Carl Neely ne dort pas avec sa femme, mais sur le canapé au salon durant cette période de temps.


Dès la fin janvier 2006, Jim Clancy, depuis une fenêtre de l'hôpital Mercy, aperçoit de loin une silhouette familière... « Carl Neely? », pense-t-il. L'ambulancier vérifie son identité grâce à des jumelles. Après son quart de travail, Jim file jusqu'à la boutique de son épouse pour l'avertir de la présence de leur ancien ami. Et les deux jeunes gens décident de le suivre discrètement (pour eux, mais le policier les a remarqué, sauf qu'il fait mine de rien). L'improvisation du jeune couple le fait rire « Des vrais amateurs, mais ils sont vraiment adorables. ». Jim et Mélinda sont à moitié rassurés: bien que le corps du policier ne soit plus possédé par une autre âme, il est néanmoins suivi par trois âmes qui l'agacent beaucoup (elles le traitent de meurtrier, de salopard et lui soufflent des idées sombres), en plus des quatre autres âmes errantes malveillantes que Mélinda a déjà remarqué (il s'agit de ses grands-parents paternels et maternels).


À la mi-février, Marianne accepte de revenir avec son mari. Ce qui l'inquiète sérieusement, c'est son délire de persécution, ses idées suicidaires et des couteaux qui volent vers lui, la laissant morte de frayeur (car le policier s'est confié à son épouse à ce sujet, car l'acharnement des âmes errantes lui est insupportable. Il a l'impression d'être à moitié fou). Mais Carl Neely parvient à convaincre Marianne Bazra de se remarier, en lui expliquant qu'elle seule peut apporter un peu de répit à sa folie. Il ne lui a pas caché ses diverses tentatives d'auto-mutilation, ni les diverses suggestions pour mettre fin à ses jours, ce qui l'agace lui-même, car il ne sait ni qui le persécute, ni la raison de cet acharnement. Le (re)mariage de Carl (qui s'est acheté une nouvelle alliance en or) et de Marianne est fait à la mairie de Grandview au début du mois de mars. Caitlin, âgée de 11 ans (alors au grade 6 de la Middle School, équivalent de la sixième année du primaire ou encore de la 6e du Collège), se réjouit aussi du retour de son beau-père. Elle recommence, après presque deux ans, à passer du temps avec Carl Neely les fins de semaines.


Note: Depuis son divorce d'avec Carl Neely, Marianne n'est pas restée seule. Elle s'est lancée dans une aventure avec John Wellington, qui la séduit et qu'elle trouve charmant. Même si elle s'est remariée, elle continue à la visiter secrètement. Ceci expliquera la complicité des amants autour du meurtre de Caitlin Mahoney en octobre 2008, puis de la fausse accusation de meurtre de celle-ci par Carl Neely en janvier 2009.


Par la présence de sa belle-fille, le détective s'efforce d'oublier ses sombres pensées, qui se font envahissantes lorsqu'il ne trouve pas autre chose à penser. Parfois, son délire de persécution est tellement oppressant que le policier songe aux diverses tentatives de suicide (coup de couteau dans la poitrine, défenestration, chute du dixième étage, coup de revolver sur les tempes), mais sa seule crainte est de rater le suicide ; il ne souhaite quand même pas rester invalide pour le reste de ses jours. « Par ailleurs, je suis tout à fait conscient qu'un tel geste fait de moi un damné. Inutile d'empirer mon cas! Ah, mon Dieu! Qu'est-ce qui m'arrive? Je suis déjà foutu par mon alcoolisme, pas besoin d'en ajouter! Autant mieux ne pas rater le coup! Allez, espèce de carcasse, ramasse ton courage à deux mains et mets fin à tes jours! Est-ce que je mérite vraiment de vivre? » Il soupire. Carl est dans son bureau, où il prie avec ferveur devant son icône portative. Il se dit à lui-même : « Est-ce que ma vie a un sens? Ancien alcoolique, incapable de fonder une famille, et peut-être meurtrier, mais sans aucun souvenir ni de la victime ni des circonstances... Surtout moi, et tuer? Est-ce vrai ou est-ce une hallucination? »

Il entend un bruit et les feuilles qui se trouvent sur son bureau se déplacent. En parcourant du regard les feuilles, dont des lettres précises lui sautent aux yeux. Mû par une impulsion soudaine, Carl Neely note les lettres sur une feuille vierge. Il obtient le nom suivant: Ivan Prorokić. Étonné, il cherche sur l'ordinateur de bureau des informations à son sujet. Il trouve qu'il est un chef policier de Demonville, mort d'un coup de revolver le 17 août dernier dans le Département de police de la même ville. Neely tressaille. Il pense : « Est-ce rattaché au poste de chef policier, dont j'en garde aucun souvenir? » Il soupire. Après quelques minutes de silence, il murmure à lui-même : « Bizarre que je ne ressens aucune culpabilité... Comment comprendre? Tout cela me dépasse! Et si un esprit est vraiment attaché à moi, à qui puis-je me confier? J'ai perdu mes amis... À moins que je sois fou, avec tout ce qui m'est arrivé... » Il relève les manches de sa veste, horrifié de voir les diverses marques d'auto-mutilation qu'il s'était faites et dont il n'en garde consciemment aucun souvenir. Le policier trouve ainsi les noms des autres âmes qui le persécutent, à savoir Victor Ferbovani et David Lévêque, qui sont respectivement citoyen d'Adesview et de Plytoview.


De plus, il ne faut point oublier que les agents de la CIA, du FBI, du MI6, de la Služba državne sigurnosti, de la BIA, du SWAT, de la Specijalna policija Republike Hrvatske et de la SAJ, vexés que Carl Neely ne travaille point pour l'une de ses agences, sont à ses trousses et planifient plusieurs attentats sur lui. D'ailleurs, ils sont assistés, dans le Monde des Esprits, par Adrian Neely, Sarah Benam-Neely, Milan Bogdanović et Mila Berstein-Bogdanović (ses grands-parents paternels et maternels). Ces esprits malveillants veulent à tout prix le tuer, furieux qu'il leur a échappé malgré l'année du pacte au cours de laquelle ils ont possédé son corps. Lorsque les vivants et les défunts s'allient contre le policier, le danger est imminent. D'ailleurs, ils essayent divers attentats, mais Miloshevitch le possède temporairement pour lui permettre d'éviter la balle fatale. Ainsi, il voit devant lui une balle perdue, ce qui laisse Carl Neely mort de terreur. Il comprend qu'il est suivi... Ceci renforce son délire de persécution. Depuis, il décide de porter constamment son gilet pare-balles et son icône portative de l'Ange Michel, car il craint pour sa sécurité. Il en parle à sa femme qui tente de le rassurer, en lui recommandant prudence.


À la mi-mars, Daniel Miloshevitch, très inquiet pour son protégé, en informe Paul Eastman. Ce dernier se rend à Grandview, dans l'espoir d'y rencontrer Carl Neely. Le vieux policier le rencontre au cours d'une promenade avec sa femme et sa belle-fille. Il remarque qu'il est suivi par trois âmes errantes, apparemment victimes d'une mort violente, en plus de ses grands-parents paternels et maternels, qui l'influencent négativement. Paul Eastman l'apostrophe : – Mon fils prodige! J'espérais bien te revoir!

Carl lui réplique : – Mon père, content de vous voir!

– Puis-je être votre invité pour une heure, maintenant ? Je voudrais vous parler en privé.

– Bien sûr.

Carl Neely dit à sa femme de poursuive la promenade, lui, il revient à la maison pour discuter avec Paul Eastman.


Une fois rendus dans la maison de Carl Neely, les deux hommes s'asseyent dans le salon. Ils sont face à face, sur des canapés différents. Les âmes errantes qui persécutent le plus jeune l'encadrent.

Paul Eastman prend la parole et dit en allemand : – Mon cher fils, vous semblez avoir des ennuis depuis ces derniers temps, n'est-ce pas?

D'un air résigné, Carl Neely répond (en allemand) : – Oui, mon père. Je... Je ne suis plus normal, étant à deux doigts de faire une dépression nerveuse. J'ai l'impression d'être persécuté par les âmes de trois hommes que j'ai tué, mais je ne garde aucun souvenir. Ce n'est que récemment que j'ai découvert leur identité.

– Quels sont leurs noms?

– Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque. D'ailleurs, je trouve bizarre que je ne me souvienne de rien depuis un an, comme si j'étais absent. La seule chose dont je me souviens, c'est d'être un alcoolique, et je déduis que c'était la raison du divorce d'avec mon épouse. Je ne vous cache pas, mon père, que les idées les plus sombres me traversent l'esprit, ce qui me trouble beaucoup. De plus, mon revolver s'active par lui-même, me blessant parfois. Sans oublier que, lorsque je passe dans la cuisine, des couteaux volent sur moi, la plupart du temps, me blessent. Ah! De plus, je constate depuis mon remariage l'apparition de crise de somnolence, ce qui me confirme ma culpabilité, car ça doit être l'action de ma conscience morale qui ne me laisse pas en paix. Vous comprenez alors que je suis fatigué de ces persécutions, de ces sombres pensées et de ces crises de somnolence. J'en suis dégoûté, sauf que je ne trouve pas assez de courage pour mettre fin à ma misérable vie! Je suis quand même conscient qu'un tel acte est le plus grand péché que je puisse commettre envers Dieu, et c'est cette certitude seule qui me retiens de passer à l'acte!

– Mon fils, je vous en prie, reprenez vos sens. Je vous explique votre situation, qui est plus compliquée que ce que vous le pensez.

– Je vous écoute.

– Et bien, lorsque je vous ai laissé dans la demeure de Henry Clancy le 4 novembre 2004, vous, en tant qu'âme, êtes venu m'informer de votre situation, à savoir de la possession de votre corps par vos grands-parents. D'ailleurs, d'autres informateurs du monde des Esprits, plus précisément des observateurs, m'ont dit que vous avez accepté ces possessions par naïveté. Le pacte a été conclu avec un sombre esprit, qui, par ailleurs, est notre ennemi juré. Ainsi, le pacte est un peu plus d'un an, soit de janvier 2004 à janvier 2005... Vos grands-parents et le valet de Henry Clancy, Vladimir Pavlovitch Lvov, s'alternaient la possession de votre corps, mais parfois, ils étaient plusieurs, ce qui occasionne des maux de tête terribles. Et comme vos grands-pères étaient des alcooliques, votre corps aussi y développe une accoutumance. D'où l'impression que vous avez d'être un alcoolique. Étant possédé, vous avez trouvé de nombreux emplois en tant que policier détective puis en tant que chef policier dans différentes villes, car votre corps était guidé par ces mauvais esprits, qui cherchaient à tout prix à vous faire périr à la fin du pacte. C'est pourquoi vous avez ces pensées suicidaires. Ceci explique les différent postes de policier puis de chef policier que vous avez occupé. En ce qui concernent les trois âmes qui vous persécutent, je peux vous confirmer leur présence à vos côtés, sauf qu'elles doivent comprendre que ce n'est pas vous, Carl Neely, du fond de votre âme, qui voulait les tuer, mais simplement celles de vos grands-pères, qui voulaient les tuer, afin de faire d'une pierre deux mouches: se débarrasser d'individus gênants et vous faire croire que vous êtes vraiment un meurtrier, alors que c'est faux.

Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque interviennent à l'unisson : – Mais Monsieur, comment pouvez-vous être si sûr de vos propos? Pour nous, c'est lui notre meurtrier. Et vous voulez nous convaincre du contraire? Vous savez très bien que nous sommes des innocents!

Paul dit aux âmes errantes: – Messieurs, je suis certain dans mon explication, car des observateurs m'ont tout expliqué ce qui est vraiment arrivé. Or, vous savez que rien ne leur échappent et qu'ils prennent en note tout ce qui se passe.

Paul Eastman, en s'adressant à Carl Neely : – Désolé, mon fils, de cette interruption, je parlais avec Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque. S'il vous plaît, mon fils, ne vous laissez pas ébranler. Vous devez simplement sortir de cette situation infernale, si vous ne voulez pas en payer de votre vie. Je vous recommande de ne pas bouder ma fille et mon gendre, qui sont pour vous des vrais amis. Et vous êtes, d'ailleurs, pour eux, un vrai ami. Ils sont des aides précieuses pour vous.

– Désolé de vous interrompre, mais est-ce vous qui a recommandé à Jim et Mélinda de me filer à l'improviste? Leur aspect amateur me fait rire! Il serait bien de leur apprendre comment filer discrètement, non?

– Bonne idée! Et oui, je leur avais conseillé de vérifier par eux-mêmes. Mon fils, vous devez comprendre que les agents de la CIA, du FBI, du MI6, de la Služba državne sigurnosti, de la BIA, du SWAT, de la Specijalna policija Republike Hrvatske et de la SAJ sont à vos trousses, car ils n'ont pas réussis à vous convaincre, malgré vos possessions et l'état alcoolique, à travailler pour eux. Ils sont alors furieux et veulent vous tuer. Ceci est un point commun qu'ils partagent avec vos grands-parents. Néanmoins, je vous félicite pour avoir trouver du courage à dire un non même dans une situation si délicate. Simplement, faites-vous confiance, mon fils, et aucune difficulté n'est insurmontable. Vous devez comprendre, mon cher fils, que si vous êtes grièvement blessé par ces agents, il faut mieux que Jim vienne vous conduire à l'hôpital, plutôt que certains de ses collègues, qui sont payés pour arriver en retard, pour constater votre mort. Or, vous ne devez pas quittez sitôt le monde des vivants, car vous avez encore des enquêtes à régler et plusieurs choses à comprendre. Je vous rappelle vos enquêtes sur Daniel Miloshevitch et sur Denis Appelbaum, le mari de votre sœur, ainsi que la demande de votre première épouse de reprendre contact avec vos ex-beaux-parents.

– Merci du rappel. J'ai en effet complètement oublié.

– Soyez vigilant, mon fils. Que l'Archange Michel et Dieu vous protègent!

– Merci, mon père, de bénir un fils aussi indigne que moi!


Et les deux hommes se donnent une accolade amicale et Paul Eastman revient chez lui, rassuré. Carl Neely, une fois qu'il ferme la porte de sa maison, revient au salon. Il est perplexe des explications de son collègue, mais il le croit sur parole, car elles lui permettent d'expliquer ses oublis. Néanmoins, Neely est fâché envers lui-même pour s'être lancer dans une telle histoire bizarre. Au moins, il est conscient du danger dans lequel il se trouve, sauf qu'il ne pourra jamais se pardonner de se retrouver dans une telle situation. D'ailleurs, il n'est pas tout à fait prêt à reprendre contact avec Jim Clancy et Mélinda Eastman-Clancy; il a trop honte d'avoir été ainsi manipulé par ses grands-parents. Cette pensée l'attriste. Pour se changer les idées, Carl Neely s'efforce de penser à l'aide qu'il a apporté à ses amis. Il sourit faiblement, car cette bonté remonte à loin... Presque une autre vie... Ses grands-parents l'influencent en de telles pensées pessimistes. Il soupire. Il est démoralisé, et sort alors de la poche intérieure de sa veste son icône portative, et la fixe, en espérant que l'Archange Michel l'illumine dans sa sombre situation. Les âmes errantes autour de lui déguerpissent à la vue de l'icône.


Lorsque Marianne et Caitlin reviennent de leur promenade, Carl Neely leur ouvre la porte. Il sourit à sa femme et l'embrasse furtivement sur les lèvres. Le reste de la journée est tranquille pour le policier, qui passe le reste du temps entre la cuisine, sa belle-fille (il la regarde discrètement du coin de l'œil comment elle fait ses devoirs pour qu'elle puisse jouer ensuite) et ses prières devant son icône portative. Il est simplement désemparé. « Si je ne suis pas coupable des crimes perpétrés contre Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque », pense-t-il, « comment expliquer mes crises de somnolence? Je ne le sais pas, car je ne prends pas de médicaments... » Il est simplement perplexe.


Carl Neely remarque le lendemain qu'il n'est plus envahi par des idées suicidaires. En effet, Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque, ayant compris ce que Paul Eastman leur avait expliqué, cessent de le tourmenter. Ils le prennent en pitié et l'aident à se protéger contre l'influence de ses grands-parents paternels et maternels, ainsi que de Romano, qui recommence à rôder autour du policier.




Vers la fin du mois de mars, Carl Neely décide de débuter son enquête sur Daniel Miloshevitch. Ceci lui prendra plus de temps que prévu. De même pour se décider à mener son enquête sur Denis Appelbaum et de reprendre contact avec les Blumenfeld. Mais nous aborderons au chapitre suivant ces enquêtes.



Au cours du mois d'avril, Carl Neely est la victime des tireurs d'élite. Il est blessé, mais encore conscient, près d'un cul-de-sac. Le policier a la vision troublée par le sang qui coulait de sa blessure à la tête. Il se traîne sur le ventre, jusqu'à ce qu'un homme arrive devant lui. Ceci lui rappelle tristement le guet-apens de la demeure de Henry Clancy... Carl Neely, en voyant les bottes qu'il portait, comprend aussitôt qu'il a affaire à un agent de l'une des polices spéciales qui voulaient le recruter... Il se lève avec difficulté, mais l'agent le jette sans ménagement par terre et lui dit en anglais avec un accent britannique : « Monsieur Carl Neely, sachez que vous pouvez toujours accepter de travailler pour nous, si vous tenez à être en vie. À vous de choisir! » Tout à coup, l'agent tombe sur le dos, mort. (Il est tué par un tireur d'élite du service de contre-espionnage qui l'a repéré.) Notre policier se relève avec difficulté, et se traîne ainsi pendant un certain temps. Épuisé, il s'assied en s'appuyant contre le mur de la face latérale d'une bâtisse et s'endort. Après quelques minutes, il se réveille, car deux hommes s'emparent de lui. Il remarque leur uniforme d'ambulancier, mais il demeure quand même sur ses gardes. Le policier tente de se débattre, mais n'ayant plus de forces, il leur dit « Que me voulez-vous? Si vous voulez me tuer, faites-le maintenant! ». Une voix familière lui dit: « Monsieur Neely, ne criez pas. Et soyez-en rassuré. Nous vous conduirons à l'hôpital la Mercy, où des docteurs vous prendront en charge. Ne bougez pas s'il vous plaît, car vous êtes gravement blessé. » Carl, étonné, cru entendre la voix de Jim Clancy... Confus, il obéit aux ambulanciers, qui le déposent sur une civière, puis l'amènent à l'hôpital.


Remarque: Si d'autres agents ne viennent pas tuer Carl Neely, c'est par peur de périr, car ils ne savent pas lesquels des tireurs d'élite sont infiltrés. De plus, leur communication est brouillée par l'intervention de Daniel Miloshevitch, de ses amis policiers et de Sara Blumenfeld. De plus, ces âmes errantes obtiennent le renfort de Christian Eastman qui arrive dans un flot de lumière en disant : « Surprise! » Si Jim Clancy et Tim Flaherty retrouvent le policier blessé, c'est grâce à l'intervention de Daniel Miloshevitch qui possède temporairement un citoyen de Grandview pour le conduire devant Carl Neely. Ce passant appelle aussitôt les urgences et donne la localisation de l'endroit où se trouve le blessé. Et Jim et Tim, au plus vite qu'ils pouvaient, arrivent sur les lieux.



Une fois rendu à l'hôpital, les docteurs prennent aussitôt en charge le blessé. Carl Neely en sort la semaine suivante. Bien sûr, sa femme en est avertie. Marianne accourt aussitôt à son chevet, inquiète. Caitlin Mahoney est encore à l'école. Sa femme caresse doucement sa main droite. Il lui explique ce qui lui est arrivé; elle le console du mieux qu'elle peut. Marianne venait à chaque jour le rendre visite; la fin de semaine avec Caitlin, ce qui fait sourire le policier.


Le 24 avril 2006, Carl Neely sort de l'hôpital Mercy. Il est accompagné de sa femme. Et ils reviennent chez eux. Une fois assis sur le canapé, il lui dit : – Je ne vois pas d'un bon œil cet intérêt des agences de renseignements secrets pour moi. Je vais quand même pas accepter de travailler pour l'une d'elles. Être un agent double, c'est vendre son âme au Diable! Mais je suis surveillé. Et qu'est-ce que je devrais faire?

Comme Marianne ne répond point, il poursuit son discours : – Je devrais peut-être songer à rédiger mon testament, au cas où ces salauds parviendront à me tuer.

Marianne, d'un air triste : – S'il te plaît, Carl, ne sois pas si pessimiste!

– Non, c'est du réalisme.

Elle s'assied sur les genoux de son époux, qui l'enlace tendrement, perdu dans ses pensées.

Les grands-parents paternels et maternels de Carl Neely lui soufflent toutes sortes d'idées, les plus pessimistes les unes que les autres. Le policier s'assombrit, mais se concentre pour chasser de telles pensées. D'ailleurs, les âmes errantes qui le persécutent contribuent à son pessimisme. Carl Neely embrasse tendrement sa femme sur les lèvres, les joues et le cou. Elle se déplace et s'assied à ses côtés. Il se lève du canapé et file dans son bureau, où il ferme la porte doucement. Il remarque que les feuilles sont éparpillées partout dans la pièce. En y jetant un coup d'œil, il remarque le message suivant: « Vous ne pouvez pas nous échapper, pauvre fou! » Carl Neely sursaute et sort de son bureau. Marianne, étonnée de son comportement, lui en demande la raison; il lui explique le message qu'il a lu sur les feuilles qui traînent sur son bureau. Elle tente de le rassurer.


Lorsque Marianne revient avec Caitlin de l'école, Carl affiche un sourire forcé pour ne pas inquiéter la fillette, mais cette dernière le regarde bizarrement, comme si son regard disait : « Quelque chose ne tourne pas rond, mais tu dois régler ça au plus vite ». Il comprend que son sourire forcé l'effraye et il préfère alors laisser sa belle-fille faire ses devoirs sous la supervision de sa mère; il se retire dans son bureau. Une fois dans son bureau, Carl Neely rend de l'ordre parmi les feuilles éparpillées. Mais les esprits qui l'entourent les déplacent à nouveau, formant le message suivant : « Pauvre fou! Impossible d'échapper à la malédiction de famille! » Il sursaute et murmure en serbe : « Pouvez-vous me laisser en paix? » Les feuilles de papier sont déplacées pour former la réponse: « Non! Notre sang coule dans tes veines, et le tien doit nous laver! » Effrayé, il sort en trombe de son bureau. Et il décide d'appeler son collègue Paul Eastman. Ce dernier accepte de lui rendre visite le lendemain. « Monsieur Neely », ajoute-t-il, « assurez-vous que votre épouse et votre belle-fille ne soient pas chez vous lorsque je viendrai demain ».



Le lendemain, en après-midi, Paul Eastman, en civil, se pointe chez Carl Neely. Le jeune policier s'est assuré que sa femme et sa belle-fille ne soient pas à la maison. Elles sont alors parties se promener dans le parc de Grandview. Il ouvre la porte à son invité. Le vieux policier repère la présence des grands-parents de Carl et celle de Ivan Prorokić, Victor Ferbovani et David Lévêque. Ils se rendent au salon, où Carl Neely lui explique les événements de la veille, sans lui cacher qu'il voit ces messages comme des menaces qui lui sont directement adressées. Paul lui confirme sa pensée, en précisant que le danger est imminent, mais qu'il ne peut pas l'aider ; il doit s'en sortir par lui-même. Le seul conseil qu'il peut lui donner, c'est un moyen de protection contre les mauvais esprits qui le menacent: s'armer de branches d'aubépine et de charme (qu'il lui donne), en raison des propriétés prophylactiques de ces arbres. « D'ailleurs », ajoute Paul Eastman, « en ce qui concerne votre peur des agents de renseignements secrets, elle est infondée, car j'ai fait une visite surprise à votre père, qui a communiqué l'information à son réseau. Au moins, ils se tiendront tranquilles pour un certain temps. Il ne vous reste qu'à poursuivre vos enquêtes. Par contre, soyez prudent, mon cher fils, envers votre supérieur, John Wellington, qui est malintentionné à votre égard. » Ému, Carl Neely le remercie. Et son collègue quitte sa maison.


Remarque : Paul Eastman, informé trois jours plus tôt par un rêve, puis par des membres de son réseau de contre-espionnage, de l'acharnement des espions contre Carl Neely, en plus d'une fausse lettre planifié par le père de celui-ci, rend une visite surprise à Karl Neely (en uniforme, bien sûr), pour lui faire savoir les représailles au cas où il enverra la fausse lettre et au cas où les tireurs d'élite persistent dans leur idée. Comme le vieux policier comprit la menace, il abandonne aussitôt son projet (il brûla la lettre en la présence de Paul Eastman) et en informe aussitôt son réseau d'espions. Ainsi, les espions du MI6 renoncent à leur projet de contacter Marianne Bazra-Neely pour la convaincre d'administrer une dose fatale de médicaments. Par contre, ils essayeront ce plan-ci quelques années plus tard, en décembre 2007, au signal d'Adrian et de Karl Neely, mais sans succès, parce que Marianne, bien que complice, décidera de donner une dose minimale, car elle ne voulait point tuer son mari, surtout depuis qu'il a repris son emploi et que le revenu est convenable.




Le jeune policier est perplexe, mais rassuré. Inutile d'insister sur la colère de ses grands-parents, qui grincent furieusement des dents et qui disparaissent loin de leur descendant. Ils ne reviendront que plus tard, à chaque année, entre le 26 décembre et le 6 janvier, occasionnant à notre pauvre détective des maux de tête, des saignements du nez ou encore une fatigue extrême. Cependant, il ne faut pas oublier son accoutumance aux calmants que sa Marianne dissout dans son verre de vin lorsqu'il ne travaille pas, ce qui explique ses crises de somnolence. Sauf que cette fois, Carl en est perplexe et ne peut pas s'expliquer ce qui lui arrive. La pensée que sa femme lui donne des médicaments à son insu lui est improbable, voire même impossible. Il consulte un médecin qui lui prescrit des pilules d'amphétamine et de méthyphénidate (de psychostimulants synthétiques) pour se tenir éveillé et euphorique. Seuls problèmes: la dépendance physique et leur interaction avec les calmants... Après un certain temps, Carl Neely arrête de prendre les pilules, remarquant certains effets indésirables, entre autres, la diminution de l'appétit, la suspicion, des épisodes psychotiques et des hallucinations aux cours desquelles ses ancêtres en profitent pour le menacer. Mais lorsqu'il arrête la consommation des pilules, il connaît les symptômes de sevrage: fatigue, irritabilité et sommeil agité Sa Marianne lui recommande prudence avec les pilules d'amphétamine et de méthyphénidate. Le policier décide alors d'arrêter de consommer les pilules, préférant s'habituer à ces crises de somnolence inexpliquées. Il apprend avec le temps les symptômes annonciateurs de la somnolence, ce qui lui évite de se mettre en danger ou de mettre en danger autrui.

D'ailleurs, lorsque Carl Neely se trouve trop pessimiste, il s'enferme dans son bureau chez lui, prie devant son icône portative, encadré des branches d'aubépine et de charme, comme recommander par son collègue. De cette manière, il gagne en quelque sorte son optimisme.



En mai 2006, Carl Neely se présente devant son supérieur, le chef policier John Wellington, pour lui demander s'il est possible de réintégrer son poste de policier détective. Il accepte, à condition que son examen médical soit satisfaisant et qu'il réussit assez bien l'épreuve standardisée d'aptitudes physiques ainsi que le test de conduite. Comme les résultats des tests sont jugés satisfaisants, Carl Neely réintègre son poste en juillet. Lorsqu'il arrive à son bureau, grande est sa surprise lorsqu'il remarque qu'il est intact. Même la plaque d'identification est sur laquelle est inscrite son nom est sur son bureau. Le policier a l'impression de revenir de son bureau après un long congé de deux ans... Il est perplexe, mais il ne laisse rien paraître. Lorsqu'il en demande la raison à son supérieur, ce dernier lui répond évasivement. Au moins, Neely est content: il reprend son travail.


Remarque: Pour expliquer le fait que le bureau du policier soit maintenu intact, c'est simplement une manière pour John Wellington d'accéder aux choses de Carl Neely, afin de pouvoir entrer, amener et rapporter des feuilles de papier qui s'y trouve, selon les ordres des espions pour lesquels il travaille. Il peut ainsi apporter des choses qui ont été ensorcelées. Ceci contribue aussi à l'affaiblissement psychique du détective, afin qu'il ne doute point du danger que Marianne Bazra-Neely et John Wellington représentent pour lui.




Depuis que Jim et Mélinda ont filé à l'improviste Carl Neely, en plus d'être informés par Paul Eastman de la situation, ils décident de reprendre contact avec lui. Sauf que le policier devra prouver que, malgré tout ce qui lui est arrivé, il demeure pour eux un excellant ami. Il faudra attendre jusqu'en septembre 2007 pour convaincre définitivement le jeune couple. Le 15 septembre, ils redeviennent amis. Ceci expliquera pourquoi Mélinda appelle le détective le 7 novembre 2008 pour intervenir dans la cabine de Tricia, où son mari s'y trouvera avec Hunter Clayton (Robert Langowski de son vrai nom).



En 2007, Caitlin Mahoney, alors âgée de 12 ans, développe son trouble anorexique, car depuis un an, elle est exposée aux diverses revues que sa mère lui achète, et d'ailleurs, en pense ainsi que son beau-père l'apprécierait mieux, puisqu'il est plus au travail et passe moins de temps avec elle. Néanmoins, Carl Neely remarque, malgré son absence systématique, qu'elle refuse de manger, ou qu'elle mange peu. Il essaie d'aborder avec elle et avec Marianne le problème, mais rien n'y fait. Nous savons la suite : Caitlin Mahoney meurt, tuée sournoisement par sa mère, avec la complicité de son amant John Wellington et de quatre autres policiers, meurtre qu'ils voulaient attribuer à Carl Neely.





Maintenant que nous savons que Jim et Mélinda ne perdront point leur ami détective Carl Neely, revenons un peu plus tôt pour aborder ses enquêtes sur Daniel Miloshevitch et sur Denis Appelbaum, en plus de sa reprise de contact avec les Blumenfeld.



À suivre.

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