Dollhouse

Chapitre 34 : La rumeur court

20564 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/04/2024 17:12

L’alcool avait bon dos. C’était une bonne excuse, une belle protection, un laissé-passé qui n’était rien de moins que cela : une putain d’excuse. C’était facile de me dire que ce n’était pas grave, que j’étais juste aller trouver Granger, et que nous avions partagé, encore, un moment que nous n’aurions pas dû partager. C’était facile de me dire que ce n’était que l’alcool, et que je reprenais le contrôle, et que bien qu’avec beaucoup de difficultés, elle et moi c’était bel et bien terminé. Oui, ça, c’était facile. Ce qui l’était moins, cependant, c’était les souvenirs alliant Theodore et elle. Les souvenirs de mots que Theo lui avait adressés, la façon dont il avait avoué croire en elle, et en nous. La mélodie de leurs rires se mélangeants. L’image d’eux se souriant, plaisantant ensemble, riant ensemble. Presque tout le long de notre rencontre, j’avais été honnête et réel avec elle. Mais ce n’était toujours qu’elle et moi. Quelque chose de secret. Quelque chose de côté. Quelque chose qui ne se mélangeait pas au reste de ma vie. Quelque chose, d’une certaine façon, qui n’était pas vraiment réel. Quelque chose d’à part qui n'avait pas vraiment d’influence sur le reste. Mais ce soir-là, je l’avais faite rentrer dans la dimension la plus réelle, la plus intime, et la plus précieuse de ma vie. Oui, elle avait côtoyé mes amis le temps de quelques minutes quand elle avait trouvé la solution pour que je parvienne à entraîner Theo à l’occlumencie. Mais cette fois-ci, c’était différent. C’était lui, juste lui, dans le contexte le plus intime qui puisse être. Comme lui et moi étions toujours, lorsque nous étions seuls, si nous mettions de côté le fait que nous étions absolument et complètement déchirés. Je l’avais faite rentrer dans la sphère la plus précieuse de ma vie, je l’avais laissée rencontrer la personne la plus importante au monde pour moi, et je les avais laissé échanger sans imposer de limites, en laissant à chacun la liberté d’exprimer de nos situations ce qu’ils voulaient et pensaient réellement. Et cela, tout cela, c’était bien plus difficile de se dire que ce n’était pas grave. Parce que c’était quelque chose que je ne pouvais plus enlever. C’était quelque chose que je ne pouvais plus reprendre. C’était quelque chose que je ne pouvais pas effacer. Je pouvais utiliser l’alcool autant que je le voulais et m’arranger avec moi-même pour me faire croire que ce n’était pas grand-chose, que je n’étais pas amoureux, je pouvais me dire que c’était simplement du sexe lunaire comme je n’en avais jamais expérimenté et une femme brillante, oui, tout cela je pouvais me le dire autant que je le voulais dans le passé. Mais j’avais voulu qu’elle soit là, avec moi, quand Theo nous avait rejoint. J’avais voulu qu’elle reste à côté de moi, et j’avais voulu qu’elle puisse échanger avec lui, avec nous. J’avais voulu qu’elle reste là, alors qu’elle-même avait à plusieurs reprises proposer de partir, et j’avais désiré qu’elle passe un réel moment avec mon frère. J’avais voulu leur donner l’opportunité de parler, de parler en vrai, sans se retenir, sans se mettre de barrière, sans se censurer. J’avais voulu les entendre rire et les voir se sourire, et j’avais voulu que ces deux parties de ma vie fusionnent en une. J’avais voulu enlever les barrières épaisses qui séparaient Granger du reste de ma vie, et je l’avais fait. J’avais voulu enlever les barrières qui séparaient Granger du reste de moi, et je l’avais fait. J’avais voulu enlever les barrières qui séparaient Granger de la partie la plus importante de moi et de ma vie, et je l’avais fait. Et cela, l’alcool, les excuses et l’intellectualisation, tout cela, rien ne pouvait l’effacer. Alcool ou non, j’avais voulu qu’elle rencontre Theo. J’avais voulu qu’elle le rencontre vraiment. Et les souvenirs de ce qu’ils s’étaient dit, les images de leurs visages se souriant, le son de leurs rires, et la façon dont Theodore avait été ouvert, à l’aise et joueur avec elle comme il ne l’était jamais avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas depuis au moins des années, tout cela me hantait encore, quand bien même l’alcoolémie dans mon sang était redescendue. 

Il y avait de cela également, je le savais. Theodore la soutenait, depuis le départ. Il voyait quelque chose en elle, et en nous, depuis le départ. Il avait une certaine confiance, lui, la personne la plus méfiante, la plus attentive, la plus analysante au monde, il avait une certaine confiance en elle, et en elle et moi. Tout cela était déjà présent auparavant, mais tout cela n’était jusqu’alors basé que sur ce qu’il voyait de moi, et ce que je lui racontais en mots. Désormais, il avait vu. Il l’avait vue, elle. Et je n’avais pas besoin qu’il me fasse un rapport détaillé sur comment il la sentait, ou comment il l’avait trouvée, ou ce qu’il en ressentait. Je l’avais vu. Je le connaissais par cœur. Et quand bien même il était ivre mort, il n’y avait pas assez d’alcool dans le monde entier pour le rendre joueur, sociable ou ne serait-ce que tolérant envers quelqu’un qui ne faisait pas parti de son cercle extrêmement proche. Et je l’avais vu. J’avais vu la façon dont il l’avait regardée avec une lueur joueuse dans les yeux quand il l’avait piquée. J’avais vu la façon dont il s’était autorisé à faire de l’humour avec elle. J’avais vu la façon dont il lui avait souri, et la sincérité avec laquelle il avait ri avec elle. J’avais entendu ses mots, et leur véracité n'était pas même à questionner une seule putain de seconde. Et tout cela, je me l’étais pris en pleine gueule. Parce que je ne pouvais plus simplement l’ignorer, maintenant que j’avais vu cela. Il ne faisait pas semblant. Il n’était pas aimable avec les gens qu’il ne connaissait pas. Il n’était pas relaxé et détendu en la présence de quelqu’un de nouveau pour lui. Il ne riait pas avec quelqu’un qui ne faisait pas partie de son cercle extrêmement intime. Il ne trouvait pas, il ne trouvait absolument jamais, un surnom pour quelqu’un qui ne faisait pas parti de son cercle très restreint. Il ne faisait rien, rien de tout cela. Et je savais qu’il ne se serait jamais forcé à faire tout cela pour moi. Il aurait été poli pour moi, bien sûr. Mais il ne se serait jamais forcé à être de la sorte avec elle pour moi, tout simplement parce qu’il aurait été incapable de le simuler. Et il n’avait pas besoin de me dire quoi que ce soit sur ce qu’il ressentait vis-à-vis d’elle. J’avais vu. Je me l’étais pris en pleine gueule. Et il me semblait que cela, c’était quelque chose que je ne pouvais plus nier. Il voyait quelque chose en elle. Il sentait quelque chose en elle. Il y avait quelque chose en elle avec lequel il raisonnait. Avec lequel il s’accordait. Envers quoi il avait confiance. Lui, la personne la plus méfiante de l’univers. Et au risque de donner raison à Pansy lorsqu’elle nous avait qualifiés de dépendants affectifs, cela importait autant que mes sentiments envers elle. Parce que lorsque je ne faisais plus confiance à mon propre jugement, je m’en remettais à lui. Parce que quand mon propre esprit était trop embué pour penser clairement et raisonner efficacement, j’avais une confiance aveugle en son positionnement. Parce que quand l’angoisse, la colère, ou la douleur empoisonnaient mon cerveau, je lui cédai tout contrôle et toute décision. Parce qu’il était d’une sagesse et d’une finesse sans faille dans ses analyses et ses jugements, certes, mais aussi parce qu’il me connaissait et m’aimait tellement, et d’une façon si violente et si pure, que je savais, sans le moindre doute, sans la moindre hésitation, que toujours, toujours il agirait avec absolue justesse dans mon meilleur intérêt. Pour moi, pour lui, pour nous. Et il jugeait Granger non seulement digne de confiance, mais également capable de rester à mes côtés. Aucune dose de déni ne pouvait rivaliser avec cela. 

La combinaison de ce que je ressentais pour elle, de ce que je ressentais avec elle, et du comportement de Theo envers elle m’apprenaient sans équivoque qu’elle était ma personne. Elle. Hermione Granger. La Gryffondor. La pire Gryffondor qui soit. La Sang de Bourbe. Hermione putain de Granger. Elle était ma personne. S’ajoutait à tout cela un autre constat qui m’effrayait d’autant plus : elle était restée, malgré le fait qu’elle savait tout. Même Daphné Greengrass, lorsqu’elle avait appris pour Blaise, avait pris la fuite. Daphné était de Sang Pur, et ses parents s’étaient déjà retrouvés impliqués avec le Seigneur des Ténèbres, quand bien même ils ne faisaient pas partis de ses rangs. Même elle, elle était partie, à raison qui plus est. Et elle, elle était restée. Malgré ce qu’elle était, et ce en quoi elle croyait. Ce qu’elle ressentait pour moi était si vrai, si fort, qu’elle était tout de même restée. Et cela était tout simplement terrifiant. Elle était ma personne. Et ce n’était pas juste. Ce n’était pas juste parce que dorénavant je savais. Je savais sans le moindre doute que c’était elle. C’était elle. Pour moi, c’était elle. Je ne pouvais plus le nier. Il était absolument impossible pour moi de le nier désormais. Je l’avais trouvée. Et je n’y avais pas droit. Auparavant, je savais que je tombais amoureux d’elle, et tout cela était déjà incroyablement difficile. A présent, depuis la veille au soir, je savais que c’était elle pour moi. Et c’était incommensurablement douloureux. 

Alors je me levai difficilement de mon lit, manquant cruellement de sommeil, mon crâne me faisant un mal de chien et la nausée typique d’une gueule de bois carabinée m’empêchant de fonctionner convenablement, parce que malgré tout cela, malgré toute notre vie de merde, nous devions continuer de nous rendre en cours, et c’était la rentrée. Blaise, Theo et Pansy étaient sortis aussi difficilement de leurs lits que moi, et les visages que nous arborions tous quatre traduisaient les mauvaises décisions que nous avions prises la veille. 

-       Merde, vous êtes affreux, commenta avec un sourire la voix rauque encore endormie de Blaise alors qu’il sortait de son lit. 

-       Tu t’es pas vu, parvint à lui répondre Pansy de sa propre voix matinale. 

Les cheveux de Pansy étaient plus emmêlés que jamais, et ses sourcils froncés témoignaient de son état interne alors qu’elle se frottait les tempes assise sur le lit de Theodore. Ce dernier arborait des cernes qui devenaient sérieusement violettes sous ses incroyables yeux bleus, et quand bien-même ceux-ci étaient moins ouverts que d’ordinaire, cet enfoiré demeurait beau comme un dieu, sortant torse nu de son lit, ses muscles saillants exposés à la vue de tous. 

-       La miss vomito elle s’abstiendra de tout commentaire sur l’état des guerriers endurants ici présents, lui lança Blaise. 

-       Je suis pas sûr de me sentir comme un guerrier endurant là tout de suite, répliquai-je alors en me dirigeant vers mon peignoir tandis que tout mon corps me semblait douloureux, et que chaque mouvement de ma part accentuait ma nausée. 

-       Je dois reconnaître que si d’ordinaire t’es plutôt tellement blanc que t’en es presque transparent, dit Blaise en me sondant avec un sourire, là t’es plutôt vert. Même toi t’es moche Theo, lança-t-il vers lui alors qu’il enfilait le pantalon de son uniforme. 

Le visage de Theo demeura baissé alors qu’il finissait de remonter sa braguette, mais ses yeux joueurs se levèrent vers Blaise, et un sourire en coin charmeur se dessina sur son somptueux visage fatigué. Putain de somptueux l’enfoiré. Blaise lui adressa un large sourire alors que les yeux perçants et séduisants de Theo ne lâchaient pas ceux de notre ami, et finalement Blaise baissa les yeux en pinçant les lèvres, vaincu. 

-       Essaye encore quand tu pourras supporter un simple eye contact, lui renvoya-t-il de sa voix matinale qui n’en devenait que plus suave. 

Et quand bien même nous étions tous dans des états pitoyables, nous trouvions la force de nous foutre de la gueule de Blaise en riant de ses protestations. 

-       Allez-y, riez, riez, commenta Blaise, en attendant vous devinerez jamais qui j’ai salement baisé hier soir, et quand je dis salement, je veux littéralement dire salement.  

-       Putain Blaise, j’ai déjà la nausée, pestai-je alors en enfilant finalement mon peignoir. 

-       Aller, essayez de deviner ! s’excita-t-il alors qu’aucun d’entre-nous n’avait la force de répondre adéquatement à son énergie matinale. 

-       Crache le morceau avant que je te vomisse dessus, lui lança Pansy en sortant du lit de Theo. 

-       Greengrass de son nom de famille…, provoqua Blaise avec un grand sourire. 

-       Putain t’es pas sérieux ! s’emporta alors Pansy. T’as pas fait la pute à ce point juste après qu’elle t’ait largué comme une putain de merde ?!

-       C’est pour ça qu’il est de si bonne humeur, constatai-je. 

-       ASTORIA DE SON PRÉNOM ! hurla-t-il en riant. 

-       Oh mon dieu, s’indigna Pansy en cachant son visage derrière ses mains sans pouvoir pour autant nous dissimuler son sourire malgré tout satisfait. Putain t’es le PIRE, ri-t-elle malgré son état physique. 

Theo et moi rions également alors que Blaise, fort satisfait de lui-même, faisait le beau. 

-       Non t’as pas fait ça, m’étonnai-je alors en sachant très bien que si, il l’avait fait. 

-       Oooooh si je l’ai fait, et je l’ai salement fait même ! 

-       J’en peux plus de toi Blaise, pesta alors Pansy. 

-       Eh ouais bichette, ça s’passe comme ça quand on tej le plus gros fuckboy de tout Poudlard ! 

-       Je croyais qu’elle avait un truc pour Drago ? questionna alors Theo. 

-       Et alors ? J’lui ai pas offert une vie, j’lui ai donné qu’une nuit. Au passage Drago, si tu venais un jour à récupérer tes couilles et à vouloir baiser à nouveau, tu pourras pas t’ennuyer avec celle-là ! 

-       Je veux pas entendre ça, pestai-je en partant vers la salle de bain. 

-       J’ai testé pour toi frérot, si ça c’est pas de la dévotion ! s’exclama-t-il vers moi alors que je quittai notre dortoir. Je me suis sacrifié pour toi !

-       JE T’ENTENDS PAS ! m’écriai-je en bouchant mes oreilles. 

Je m’étais douché avec l’espoir que l’eau chaude apaise au moins mon mal-être physique, en vain. La chaleur semblait empirer les effets restant de l’alcool dans mon sang, et quand bien même j’avais alterné avec de l’eau glaciale, aucune résolution positive n’avait suivi cette douche. J’avais croisé Blaise qui entrait dans sa propre cabine de douche quand je partais rejoindre notre couple d’amis pour le petit-déjeuner, et ce matin-là j’étais probablement trop à côté de mes pompes pour réaliser que les regards des autres élèves se tournaient vers moi plus que d’ordinaire. Je me massai les tempes en arrivant vers la Grande Salle pour remplir mon estomac trop imbibé quand je trouvais Theo, seul, son épaule appuyée contre le mur du couloir, ses bras croisés sur son torse, regardant droit devant lui. C’était alors que je constatais que Pansy était un peu plus loin devant lui, en train de foncer sur Daphné Greengrass entourée de deux de ses copines.  

-       Hey, Greengrass ! hurla Pansy vers celle qui avait brisé le cœur déjà en morceaux de notre ami. 

La poupée blonde se retourna vers notre furie d’amie qui laissa son bras droit prendre de l’élan derrière elle avant de baffer violemment le visage parfait de Daphné. La tête de Daphné fut propulsée sur la gauche alors qu’elle et ses copines affichaient des visages choqués. Theodore demeurait appuyé contre son mur, observant la scène avec un sourire en coin alors que je le rejoignais. 

-       Tu peux essayer d’éviter le danger autant que tu veux pétasse, mais tant que j’serai dans le coin tu pourras pas y échapper, lui cracha Pansy au visage. 

-       C’est quoi ce délire ?! s’exclama Daphné, une main protégeant sa joue qui avait été frappée. 

Je tournais les yeux vers Theodore qui n’avait pas bronché d’un centimètre, ses yeux satisfaits fixés sur sa moitié. 

-       Tu comptes intervenir ? lui demandai-je alors. 

Il ne décrocha pas ses yeux d’elle alors qu’elle continuait de provoquer Daphné quand il me répondit avec un sourire en coin : 

-       Je la laisse s’amuser un peu d’abord. 

Je pouffai en regardant Pansy continuer d’agresser celle qui avait eu le culot de larguer notre ami. Je n’entendis pas les derniers mots qu’elles s’échangèrent avant que Pansy n’attrape les cheveux parfaitement peignés de Daphné d’une main, les tirant de toutes ses forces et obligeant la blonde à tomber sur le sol alors qu’elle hurlait en essayant de retenir ses racines sur son crâne. Les regards des élèves dans la Grande Salle commencèrent à se tourner vers elle et ce fut le moment que Theodore choisit pour s’éloigner du mur et retrouver sa bien-aimée. Il ne dit pas le moindre mot alors qu’il se baissa pour attraper Pansy au niveau de ses mollets et la bascula sur son épaule sans le moindre effort. Elle continua d’hurler sur Daphné, cette dernière assise sur le sol les mains dans ses cheveux tandis que Theodore portait Pansy pliée en deux sur son épaule et l’éloignait de la Grande Salle en passant devant moi : 

-       ESSAYE DE LUI PARLER ENCORE UNE FOIS, ESSAYE DE LE REGARDER UNE SEULE FOIS ET IL TE RESTERA PAS UN SEUL PUTAIN DE CHEVEU SUR TA VIEILLE GUEULE DE PÉTASSE PRÉTENCIEUSE ! hurla Pansy sur l’épaule de Theo. 

Je regardai le dos de Theo s’éloigner de la Grande Salle, les jambes de Pansy balançant sur son épaule alors qu’elle continuait de pester son venin en pouffant. Une fois que le spectacle fut terminé, je m’approchai finalement de l’entrée de la Grande Salle, passant devant Greengrass qui me regarda avec deux grands yeux ronds mouillés de larmes. Je lui accordai un regard, pouffai, et passai mon chemin avec une moue de dégoût, la laissant sur le sol, ses cheveux emmêlés et sa joue rougie. 

Ce matin-là, alors que je prenais mon petit-déjeuner seul, j’étais trop épuisé et souffrant de ma gueule de bois pour remarquer que les regards des autres élèves se tournaient encore très étrangement vers moi. Je ne compris officiellement ce qu’il se passait que lorsque Marcus Flint, de ma propre maison, se pencha vers moi alors que je finissais d’avaler mon petit-déjeuner pour chuchoter vers moi avec des yeux inquisiteurs : 

-       Eh, Malefoy ! 

Je tournais des yeux ennuyés vers lui quand il demanda avec un sourire en coin :

-       C’est vrai qu’il y a un truc entre Granger et toi ? 

J’eu le sentiment que le temps s’arrêta au moment où ces mots sortirent de sa bouche. Mon regard se tourna malgré moi vers la table des Gryffondor, où elle était entourée de ses amis en train de déjeuner. Elle portait sa tête baissée et son langage non-verbal m’apprenait sans le moindre putain de doute qu’elle aussi, on lui avait dit ce genre de choses ce matin-là. Je sentis une importante bouffée de chaleur me gagner quand je réalisai qu’ils étaient tous revenus après les vacances, juste après le bal de Noël. Juste après avoir vu Granger me faire danser au milieu de la Grande Salle. Je laissai mes yeux se reporter sur Flint, fronçai les sourcils et pestai calmement : 

-       T’entends les conneries qui sortent de ta bouche ? 

Il eut un mouvement de recul défensif mais ne perdit pas son sourire narquois quand il continua : 

-       Tout le monde dit que vous avez dansé ensemble au bal de Noël. 

Je balançais ma serviette sur la table en un geste blasé et finissais ma bouchée en me levant : 

-       Il est trop tôt pour entendre de telles conneries, lâchai-je en quittant la Grande Salle sans répondre à sa question. 

Putain de merde. Il s’était passé tellement de choses dans ma vie depuis le bal de Noël que j’avais complètement oublié que quasiment tout Poudlard avait été témoin du sauvetage de Granger pour m’empêcher de tuer Dumbledore. Et maintenant tout le monde en parlait. Les regards des élèves inquisiteurs qui se tournaient vers moi où que j’allais me le confirmais. Tout le château savait pour nous. 

-       Bien joué Malefoy, m’adressa avec un sourire un élève de septième année de ma propre maison alors que je traversai le couloir pour me rendre à mon dortoir prendre mes affaires pour mon premier cours de la journée. 

Je l’ignorai royalement, ne levant pas même les yeux vers lui. Ils me félicitaient. Ils me féliciteraient tous. Celui qui avait réussi à dépuceler la sage première de la classe. La Gryffondor qui n’avait le nez que dans les bouquins. Et elle, elle serait critiquée. Pointée du doigt et humiliée pour avoir été présumément avec un garçon. Avec moi, qui plus est. Le mauvais garçon. Le Serpentard fils d’un Mangemort. Elle allait se prendre réflexions et critiques en plein visage toute la journée, et probablement les jours suivants. Elle allait être humiliée à cause de ce qu’elle avait fait pour moi, pour m’empêcher de commettre un meurtre. L’on raconterait des choses ignobles sur elle et sur ce qu’ils fantasmeraient tous de ce qu’elle était capable de faire au lit avec moi. Et moi, je serai félicité. Une bouffée de chaleur monta en moi en même temps que la rage alors que j’atteignais mon dortoir, et Theodore se retourna vers moi devant mon visage fermé : 

-       Qu’est-ce qu’il se passe ? me demanda-t-il alors, sur ses gardes. 

-       Tout le monde parle de Granger et moi au bal, lâchai-je en entendant moi-même la colère dans ma voix. 

-       Faut admettre que c’était pas très malin de sa part, dit Blaise qui terminai de s’habiller. 

Je lui lançai malgré moi un regard assassin. 

-       Wow, pardon, s’excusa-t-il avec un mouvement de recul devant mon sérieux. 

-       S’ils parlent à l’intérieur du château ce n’est qu’une question de temps avant que ça parle à l’extérieur aussi, constata une Pansy visiblement redescendue de sa propre colère. 

Et elle allait se faire insulter de tous les noms, songeai-je alors que la rage m’empêchait de penser clairement. Je pris mon carnet que je partageai avec elle et notai à l’intérieur « retrouve-moi à 23heures à la Tour. ». Nous devions parler de comment nous allions aborder cette situation. Et je devais m’assurer qu’elle allait bien. Elle allait en entendre de toutes les couleurs toute la journée, tout cela parce qu’elle n’avait pas réfléchit une seule seconde quand elle m’avait vu foncer sur Dumbledore. Parce que les conséquences n’étaient pas importantes pour elle. Parce qu’elle était prête à se mettre en danger, à se mettre en putain de première ligne pour moi. Parce que c’était réel. J’attrapai mes affaires violemment et Theodore suivit derrière moi, les autres à notre suite, alors que je marchai vers la classe de Rogue. Elle évitait mon regard, juste derrière moi dans le couloir, attendant que le professeur vienne nous ouvrir sa salle quand Astoria Greengrass et son groupe de copines passèrent en riant. 

-       C’est toujours celles qui ont l’air les plus sages les pires, dit-elle assez fort en marchant pour qu’elle l’entende, et qu’on l’entende tous. 

Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines et je ne contrôlais ni la colère dans ma voix, ni les mots qui sortirent de moi quand je répliquai alors qu’elle marchait fièrement : 

-       C’est toi qui parles après t’être fait péter le cul par l’ex de ta sœur ? 

Elle s’arrêta dans sa marche et maintenu le contact avec mes yeux alors que ses amies et tous les élèves de ma classe me regardaient avec leurs bouches grandes ouvertes. Elle se permit d’afficher un petit sourire en coin et de pouffer discrètement sans baisser les yeux. 

-       Je…, tenta-t-elle. 

-       … Dégage, la coupai-je froidement. 

Elle afficha une moue accusatrice en haussant les sourcils, puis nous fit l’honneur de finalement nous épargner sa présence. Mon cœur se mit à battre violemment dans mon poitrail quand j’entendis derrière moi la voix basse de Theodore chuchoter vers Granger : 

-       Relève ton menton le crac, y en a pas un ici que tu n’extermines pas d’un coup de baguette. 

Je tournai le visage sur le côté sans me retourner complètement vers eux, et vis la façon dont elle le regarda. Et je vis la façon dont elle releva la tête. Et je dus tourner les yeux face à moi pour ne plus voir cela alors que ma respiration s’accélérait. 

J’avais témoigné des regards jugeants et amusés qui se tournaient vers Granger, et plus rarement vers moi, pendant tout le cours de Rogue. J’avais été incapable de me concentrer sur ce qu’il racontait, trop occupé à essayer d’entendre ce qu’ils se chuchotaient, et les mots qu’ils utilisaient pour la qualifier. J’avais passé l’intégralité du cours avec ma mâchoire serrée, incapable de me détendre. Mais elle n’avait pas bronché. Elle demeurait la tête haute, ignorant royalement les remarques des autres et leurs chuchotements incessants, donnant l’impression d’écouter attentivement ce que racontait notre professeur. Et la seule chose à laquelle moi je pensais, c’était à tous leur faire fermer leurs grandes gueules, les uns après les autres, en imaginant des scénarios de plus en plus violents à mesure qu’ils parlaient. Theodore s’était également montré particulièrement attentif, à la fois à moi et mes réactions ainsi qu’à ce que les élèves autour de nous racontaient. Je supposai qu’avec ses sens développés il devait entendre bien plus d’horreurs que moi. Et il avait lancé regard noir sur regard noir aux personnes autour de lui qui parlaient, leur imposant de se taire par la seule force de ce qui brûlait dans ses yeux. Et tous les regards qui avaient osés se tourner vers moi durant ce cours s’étaient immédiatement baissés quand ils avaient croisé le mien. 

Dès que l’heure de cours fut terminée, je sortis de la classe avec hâte au risque de me mettre à frapper littéralement l’intégralité des élèves présents, entendant derrière moi Theodore qui faisait fermer leurs gueules aux élèves qui continuaient de se permettre de parler à propos de Granger et moi. J’étais conscient que cela ne ferait qu’alimenter les rumeurs, et qu’il fallait que je sois intelligent. Mais la rage qui bouillonnait en moi m’empêchait de l’être, alors je foutais le camp, parce que je savais que je ne saurais me contrôler en ce qui la concernait elle. Une nouvelle fois, je marchai vivement suivi de mon clan en direction de la classe de Slughorn quand un élève Serdaigle de sixième année qui passait dans le couloir dit à l’intention de son camarade : 

-       Granger a l’air beaucoup trop gentille fille pour ne pas aimer se faire défoncer comme une p…

Il ne put terminer sa phrase alors que mon avant-bras rencontra sa gorge, le plaquant violemment contre le mur sans ne plus pouvoir respirer. Et moi, je ne pouvais plus penser. Je voyais rouge. Je voyais putain de rouge. La terreur dans ses yeux ne me calma pas une seule seconde, tout au plus elle m’énerva plus encore. Parce que c’était toujours ainsi. Le mec était respecté, admiré même, et parfois craint, mais la fille, elle, se faisait insulter de tous les noms, et tous se permettaient de laisser aller à ce qu’ils imaginaient sans penser une seule seconde aux conséquences de leurs paroles. Et ces paroles la concernaient elle. 

-       Essaye de terminer ta phrase, le défiai-je alors qu’une rage vibrante animait la tonalité basse de ma voix. 

Il émit un son de gorge signifiant qu’il ne pouvait plus respirer alors que son ami tentait de me demander de le laisser tranquille. Je ne l’entendais même pas. Mes yeux étaient enfoncés dans ceux d’un de ces putain de puceau qui n’avait aucune idée de ce à quoi le corps d’une femme ressemblait, et qui se permettait de cracher des vulgarités à propos de dames qui ne méritaient rien d’autre que respect et admiration. 

-       C’est comme ça que ta maman t’a appris à parler des femmes ? continuai-je alors qu’il me semblait pouvoir littéralement sentir le sang bouillir dans mes veines. 

-       Drago, tenta Theo qui arrivait derrière moi alors que l’enfoiré commençait à s’étouffer sous mon avant-bras. 

Je pris le temps de prendre une profonde inspiration sans quitter les yeux de ce petit merdeux. 

-       Fais bien attention à fermer ta gueule si tu veux garder tes dents, le prévins-je alors avant d’appuyer une dernière fois sur sa gorge, et de m’en aller. 

Nous nous dirigions vers la classe de Slughorn quand la main de Pansy frappa l’arrière de ma tête. 

-       A quoi tu joues ? chuchota-t-elle vers moi avec colère. T’es juste en train de confirmer à tout Poudlard ce qu’ils pensent déjà. 

Elle avait raison, au fond, et je le savais. Mais il y avait quelque chose à l’intérieur de moi quand il s’agissait d’elle que je ne pouvais tout simplement pas contrôler. Et en cet instant, que tout Poudlard sache que je défendais son nom des bouches sales de tous les gamins prépubères qui se permettaient de l’insulter m’indifférait.

-       J’emmerde Poudlard, pestai-je en entrant dans la classe de Slughorn. 

Il avait retenu chaque membre de son club à la fin de son cours pour nous annoncer « bien que tardivement et non officiellement » qu’il donnerait une soirée pour célébrer la nouvelle année deux soirs plus tard, et qu’il serait ravi de tous nous y retrouver si nous pouvions nous libérer malgré le fait qu’il nous prévenait à la dernière minute. 

La journée que nous avions passée avait été éprouvante alors que nous quittions notre dernier cours. Nous avions trop peu dormi et beaucoup trop bu la veille, et les rumeurs qui arpentaient les couloirs du château n’avaient pas aider mon humeur déjà assassine. Nous partions en direction de notre salle commune quand j’entendis derrière moi, d’une voix lointaine et basse Weasmoche pester auprès de ses amis : 

-       De toute façon ça fait des mois que je ne te reconnais plus Hermione. 

Je savais que Theodore avait pour sa part entendu très clairement ce qu’il avait dit quand je le vis ralentir sa marche derrière moi. Lorsque le rouquin passa à côté de lui, il tendit son pied discrètement devant lui, et l’ex de Granger s’étala sur le sol, son visage rouge de colère. 

-       Fait attention où tu marches Weasley, l’avertis froidement mon frère. 

Elle leva vers moi des inquiets tandis que je ne pouvais m’empêcher d’aborder un sourire en coin satisfait. Il assurait mes arrières, et visiblement désormais il assurait les siens également. 

-       C’est quoi ton putain de problème Nott ?! s’exclama le Gryffondor qui se relevait du sol aidé de Saint Potter. 

Theo s’approcha lentement de lui tandis que sa voix basse raisonnait dans son poitrail alors qu’il le conseillait : 

-       Au lieu de faire la langue de pute avec les tiens, tu ferais bien de faire preuve d’un peu de loyauté. 

-       Mêle-toi de tes affaires, se défendit le rouquin. 

-       Ça n’en vaut pas la peine, allons-y, tenta Granger vers ses amis. 

Theodore s’approcha plus encore de celui qui avait osé remettre en question celle qui avait mon cœur, sa mâchoire serrée et la froideur de ses yeux traduisant pour lui la colère bouillonnante qu’il ressentait. Sa voix fut plus basse encore, ainsi que plus menaçante quand il l’avertit froidement : 

-       On a passé la journée à faire taire les rumeurs et les discours salaces sur votre copine pendant que vous, vous les attisiez. Que vous soyez des amis merdiques c’est pas notre problème, mais que vos comportements aient des influences sur la réputation de Drago, ça, ça devient mes affaires. 

Weasley se permit de pouffer tandis que Potter tentait de l’emmener plus loin de nous. 

-       Ouais, c’est plutôt que vous voulez pas que son nom soit sali par le sang inférieur d’Hermione, lâcha-t-il alors. 

La mâchoire de Theo se serra visiblement plus fort encore. Il baissa le visage, mais ses yeux menaçants ne quittèrent pas le Gryffondor l’espace d’une seconde quand il menaça : 

-       Tu devrais arrêter d’insulter ton amie alors qu’elle est la seule raison pour laquelle tu es encore en vie. 

-       Ça suffit, trancha Granger en s’interposant entre eux, consciente que les choses pouvaient partir en vrille à tout instant. On s’en va, imposa-t-elle à ses amis. 

Pansy regardait son homme, ses sourcils levés hauts sur son front et une moue pincée sur ses lèvres. 

-       T’es un putain de fan de Granger maintenant ? lui demanda-t-elle alors. 

Il tourna les yeux vers elle alors qu’il les regardait partir jusqu’alors. La colère qu’il ressentait à l’intérieur de lui ne lui permit pas de sourire à sa bien-aimée, ni même de se montrer tempéré quand il lui affirma : 

-       Si elle est avec Drago, elle est avec nous. 

-       J’me demande si elle pensait la même chose quand elle t’a agressé, fit-elle remarquer sans se détendre non plus. 

Mais lui se détendit à ces mots, et un sourire en coin se dessina sur son splendide visage. La douceur dans ses yeux qui n’existait que lorsqu’il regardait Pansy illumina son regard quand il passa son bras autour des épaules de sa partenaire qu’il embrassa sur le haut de son crâne : 

-       J’adore comme tu es vindicative, commenta-t-il alors, attendri. 

-       Faut bien que quelqu’un ici s’occupe de la vengeance puisque vous êtes tous des lavettes au cœur tendre, plaisanta-t-elle sans lui accorder un sourire pour autant. 

Ce fut le raisonnement du rire profond de Theodore qui nous permit à tous de finalement sourire après cette journée interminable. 

Je l’avais attendue à la Tour d’Astronomie, à 23heures, comme je le lui avais demandé. Nous devions décider ce que nous allions raconter aux gens pour calmer les rumeurs, mais surtout je devais savoir comment elle allait. Je devais savoir quelles répercussions les mots de ces crétins avaient sur elle. Par ma faute. Pour ce qu’elle avait fait pour moi. Les faits n’avaient pas changé. Elle et moi ne pouvions pas être ensemble. Je ne pouvais pas continuer de la voir. Elle ne pouvait pas continuer de me regarder comme elle le faisait. Mais cela ne m’empêchait pas de me demander comment elle allait, alors que des insultes et insinuations plus crues les unes que les autres circulaient sur elle, tout ça pour avoir essayé de sauver mon âme, ignorant qu’il ne restait plus rien à sauver. Lorsqu’elle se présenta à moi, j’eu le sentiment que mon monde s’écroulait. Elle portait un pantalon noir fluide qui ne moulait pas ses jambes, et qui pourtant ne pouvait être plus attirant sur elle, assortit d’un pull col roulé gris épais qui lui non plus ne laissait pas deviner ses formes. Ses longs cheveux bouclés retombaient dans son dos tandis qu’elle avait attaché les premières mèches entourant son visage de sa baguette. Putain de sublime. Il n’y avait là rien qui se voulait particulièrement attirant. Rien dans la façon dont elle se présentait à moi qui disait « regarde comme je suis belle et bien faite », et pourtant la vue qu’elle m’offrait d’elle hurlait en moi que c’était là ma personne. Elle était sublime. Dans le plus simple et le moins flatteur des accoutrements, je continuais de la trouver à couper le souffle. Parce qu’elle l’était, et qu’elle me coupait réellement le souffle. Parce qu’elle émanait douceur et chaleur, tout en émanant force et caractère. Parce que son visage me donnait envie de prendre la fuite à l’autre bout du monde avec elle, et de tout laisser derrière moi. Parce que quand elle se présentait face à moi lorsque nous étions seuls, il n’y avait rien d’autre qui existait. Parce que quand elle posait sur moi ces yeux ambrés, je lui appartenais. Purement et simplement. 

Elle ne s’approcha pas trop près de moi, incertaine de ce que je m’apprêtais à lui dire après les derniers événements. Incertaine, comme elle l’était toujours lorsqu’elle me voyait. Parce que j’avais beau lui dire que c’était terminé, je revenais toujours vers elle. Parce que je revenais toujours vers elle pour mieux repartir. Pour lui briser le cœur plus encore. Elle se demandait toujours ce qu’elle trouverait, lorsqu’elle venait me voir, je le supposai. Comme elle l’avait expliqué la veille, il y avait Drago, et il y avait Malefoy. Et elle ne savait jamais vraiment qui est-ce qu’elle venait retrouver. 

-       Est-ce que ça va ? lui demandai-je alors. 

Ses sourcils se dressèrent discrètement sur son front avant de retrouver leur place originale. Elle était surprise que je lui pose cette question. A vrai dire, pour nous, il était plutôt coutume que ce soit elle qui me demande cela. Je devais juste savoir. J’avais simplement besoin de savoir comment elle allait. 

-       Qu’est-ce qui motive cette question à une heure pareille ? renchérit-elle avec la douceur qui lui était caractéristique lorsqu’elle s’adressait à moi désormais. 

Je devais m’empêcher de lui sourire. Je devais m’empêcher d’être attendri par la beauté de son visage, la chaleur de ses yeux, la douceur de sa voix. Je devais m’empêcher de ne vouloir qu’une seule et unique chose : la serrer contre moi. Vouloir empêcher qui que ce soit au monde de lui faire du mal. La personne dont je devais la protéger actuellement, c’était moi. Je demeurai de marbre alors que je répondis : 

-       Tu n’es pas sans savoir que notre petite danse au bal anime les fantasmes les plus fous du château, précisai-je alors. 

-       C’est pour ça que tu me demandes si je vais bien ? s’étonna-t-elle presque encore.

Comme si ce n’était pas grand-chose. Comme si elle n’avait pas entendu horreur sur horreur à propos d’elle-même toute la journée de la part de toute l’école, y compris ses propres amis. Je fronçais les sourcils d’incompréhension alors que je la sondais. Elle n’avait pas l’air déstabilisée. Elle n’avait pas l’air d’avoir honte, ou de regretter quoi que ce soit. Elle avait l’air aussi sûre d’elle qu’elle l’était souvent. 

-       Ça ne t’atteint pas, tout ce qu’ils racontent sur toi ? explicitai-je donc. 

Elle prit une profonde inspiration en réfléchissant, puis elle soupira. 

-       Est-ce que ça me fait plaisir toutes ces réflexions sur ma potentielle vie sexuelle ? Non, bien sûr, ça me met profondément mal à l’aise, concéda-t-elle avec bien peu d’affect pour autant. Ceci étant dit, reprit-elle avec plus de détermination, je dois avouer que l’idée que tout le château et les filles qui le composent pensent que tu es avec moi ne me déplaît pas particulièrement. 

Je dus forcer mes sourcils à ne pas se dresser sur mon propre front alors que j’accusai ses mots, tentant aussi fortement que je le pouvais de ne pas lui sourire. Je lui avais donné assez de faux espoirs. Rien n’avait changé. Je devais la protéger de moi. De lui. De ma vie. Je passai ma langue sur mes dents alors que je réalisai encore une fois que la femme qui se tenait face à moi était au moins tout aussi possessive que moi. Et cela me plaisait d’autant plus. Et cela rendait tout cela plus difficile encore pour moi quand la seule chose que je voulais en cet instant était lui arracher l’intégralité de ses vêtements, et lui montrer à quel point elle était mienne. 

-       De ton côté, continua-t-elle avec un peu d’insolence dans la voix, tu devrais peut-être arrêter d’agresser toutes les personnes qui disent du mal de moi, ça ne fait qu’attiser les rumeurs. 

Elle savait très bien qui elle avait en face d’elle. Elle savait très bien qu’elle parlait à Malefoy, tout du moins c’était ce qu’elle croyait parce que c’était ce que je montrais en ne lui cédant pas la moindre douceur ou chaleur, et elle n’avait pas l’air déstabilisée le moins du monde. Elle demeurait aussi ancrée sur ses pieds que je l’étais. Aussi assurée que je donnais l’impression de l’être. Ma mâchoire se contracta devant sa provocation à peine masquée, et je répliquais avec la colère qui m’avait animée toute la journée : 

-       Et quoi, je suis censé les laisser dire toutes ces choses sur toi et me taire ? 

-       Oui, trancha-t-elle sans réfléchir une seule seconde. Avant, tu aurais rigolé avec eux. 

Je laissai mes yeux s’enfoncer dans les siens un instant avant de répondre avec le même sérieux inquiétant : 

-       Maintenant, ça ne me fait plus rire du tout. 

Je la vis, la lueur dans ses yeux qui traduisait l’espoir qu’elle ressentait en voyant la façon dont je ne pouvais contrôler ma colère en ce qui la concernait elle. Cette lueur qui lui donnait chaud, parce que je la rendais faible en lui montrant à quel point ce qui la concernait m’atteignait désormais. Et ce n’était plus possible. Je ne pouvais pas continuer d’entretenir cela. Elle ne méritait pas cela. Je pris une discrète inspiration par le nez, et me reprenais : 

-       Je te rappelle qu’on en est là à cause de toi. 

La lueur dans ses yeux s’éteignit, mais elle ne se démonta pas pour autant. Elle demeurait forte et ancrée. Déterminée. Effrayante, en somme. 

-       Je dois avouer que je n’avais pas pensé aussi loin que ça, quand je t’ai fait danser dans la Grande Salle, confessa-t-elle. Je pensais juste à t’empêcher d’assassiner le directeur de notre école, ajouta-t-elle avec insolence. 

Je ne rentrais pas dans son jeu, et continuai en me faisant violence : 

-       Mais on en est là, et maintenant il faut trouver quelque chose à leur dire pour calmer ces rumeurs. 

-       C’est pour ça que tu m’as demandée de te retrouver ici ce soir ? 

-       Oui, mentis-je froidement. 

-       Mh, accusa-t-elle, sceptique. Et c’est pour ça que tu me parles comme si je n’étais rien pour toi, malgré le fait que tu aies passé ta journée à défendre ma réputation ? 

Je dus détourner les yeux d’elle un instant alors que je mordais l’intérieur de mes joues. Qu’était-elle en train d’essayer de faire ? J’avais été clair. Incohérent, peut-être. Mais clair, certainement. Et elle l’avait dit elle-même, la veille au soir. Que ce soir-là, je la regardais et lui souriais d’une façon qu’elle ne retrouverait pas le lendemain. 

-       A quoi tu joues Granger ? la questionnai-je alors avec énervement. 

-       Entre nous deux, je ne crois pas que ce soit moi qui joue à quoi que ce soit Malefoy, eut-elle le culot d’avancer en demeurant tout aussi sûre d’elle. 

Pas triste. Pas inquiète. Simplement profondément confiante. C’en était déconcertant. J’étais profondément déstabilisé, quand bien même je ne le montrerai jamais. Comment pouvait-elle être aussi confiante ? Qu’est-ce qui la rendait si confiante ? Il n’y avait plus la peur ou la douleur que je voyais toujours en elle lorsqu’elle était face à Malefoy, ni même la colère. Elle était tout au plus lasse, sans pour autant donner l’impression d’abandonner quoi que ce soit, bien au contraire. Comme si elle ne tombait plus dans mes pièges. Comme si je ne pouvais plus la berner. Comme si elle savait, peu importait ce que je lui dirai. Comme si au fond, dans tous les cas elle savait. Et que tout le reste n’avait plus la moindre importance. 

-       Je ne crois pas qu’essayer d’épargner ta vie puisse être qualifier de « jouer », renchéris-je alors fermement. S’il y a des rumeurs dans le château, il peut y en avoir en dehors. Alors il faut trouver quelque chose à dire pour les faire taire. 

Elle inspira profondément, lasse. Fatiguée. Mais pas désespérée pour autant. 

-       On n’a qu’à leur dire que ce n’était qu’une simple danse de courtoisie, après notre travail ensemble pour Rogue, proposa-t-elle alors. Rien d’autre que quelque chose de poli. 

C’était faible comme excuse, mais je n’en avais pas trouvé de mieux de mon côté. Elle m’avait fait danser devant tout Poudlard, et quand bien même elle pouvait raconter à ses amis que c’était pour sa mission, elle ne pouvait pas dire la même chose aux autres élèves. J’acquiesçai en silence. 

-       C’est tout ? demanda-t-elle de son air hautain si caractéristique. 

Je me sentis prendre une profonde inspiration à mon tour, tentant de calmer en moi l’animal qui ne supportait pas de la voir prendre le dessus sur moi de la sorte. Son insolence, son côté hautain, ce ton de défi dans la voix. Tout autant de choses chez elle qui me rendaient complètement fou. J’acquiesçai sans lui adresser un mot une nouvelle fois, et elle me rendit mon geste. 

-       Passe le bonsoir à Theodore, lâcha-t-elle en se retournant pour partir. 

-       Putain, à quoi tu joues ? ne pus-je m’empêcher de lâcher alors. 

Elle se retourna vers moi avec ses sourcils faussement froncés. 

-       De quoi tu parles ? tenta-t-elle avec une innocence feinte. 

-       Pourquoi tu me parles de Theo ? 

Elle se permit de pouffer et me répondis avec un sourire qui n’était rien d’autre qu’insupportablement insolent : 

-       Tu peux t’arranger dans ta tête pour que tout ce qui se passe entre nous ne représente rien pour toi Malefoy, mais moi aussi j’étais là, et moi aussi je me souviens. Si mes souvenirs sont exacts, hier soir tu m’as « officiellement présenté la personne la plus importante au monde pour toi », répéta-t-elle en mimant des guillemets, tout en m’expliquant qu’il me soutient depuis le début, sans compter qu’il m’a défendue toute la journée. Alors au risque de me répéter, je ne joue pas, je suis on ne peut plus sérieuse, et j’aimerais que tu lui passes le bonsoir pour moi, termina-t-elle avec détermination. Sur ce, passe une bonne nuit, je vais me coucher. 

Et elle me laissa en plan au milieu de la Tour d’Astronomie, avec pour seule compagnie ma frustration. 

J’étais rentré dans mon dortoir en traînant avec moi l’empreinte de l’énervement et de la frustration qu’elle m’avait laissée, et Theodore qui m’attendait (même s’il le nierait) seul dans notre salle commune à cette heure tardive me regarda m’étaler sur le canapé en soupirant. 

-       Elle te passe le bonsoir, lâchai-je alors avec exaspération sous ses yeux concentrés. 

Je ne tournais pas le visage vers lui, fixant le mur face à moi, mais je le connaissais assez pour savoir qu’il souriait. 

-       Je l’aime bien, déclara-t-il doucement. 

-       La ferme.

Il pouffa. 

-       Je t’avais dit que tu le regretterais, remarqua-t-il avec un sourire dans la voix. 

Oui, il me l’avait dit, quand je l’avais autorisé à parler librement avec Granger la veille. Il m’avait prévenu. Et je lui avais dit de le faire quand même. Parce qu’au fond, c’était là tout ce que je désirais. Je demeurais silencieux, pensif, et un instant plus tard il continua à voix plus basse : 

-       Elle n’abandonnera pas, tu le sais, n’est-ce pas ? 

Je soupirai de façon audible. Il allait falloir qu’elle le fasse. D’une façon ou d’une autre. Elle ne pouvait pas être mise en danger à cause de moi. Elle ne pouvait pas être mise en danger tout court. Ce n’était pas une option. 

-       Je peux me montrer persuasif, tentai-je de me rassurer alors. 

-       Mh, songea-t-il. Je vais te laisser croire à ça pour ce soir, m’accorda-t-il finalement. 

Je tournais vers lui des yeux assassins. Je pouvais me montrer persuasif. Peut-être pas autant que lui, certes, mais je pouvais me montrer persuasif pour autant. Et la boule dans mon ventre que j’avais oubliée aujourd’hui retrouva sa place à cette pensée. Il était persuasif, c’était net. Crédible. Quelqu’un que même le Seigneur des Ténèbres prenait au sérieux tellement il était crédible. Quelqu’un qui avait ce qu’il fallait pour être le Grand Intendant. J’avalai difficilement ma salive alors que l’anxiété que je ressentais vis-à-vis de cette situation me gagnai à nouveau, et il le senti, je le vis au changement du regard qu’il posait sur moi. 

-       Pourquoi t’as fait ça ? lui demandai-je alors à voix basse, très basse. 

Parce que j’en avais peur, de cette discussion. 

-       Fait quoi ?

-       Fait exploser la fille devant tous les Mangemorts, précisai-je sans le lâcher des yeux. 

Exploser, c’était le mot. Il l’avait faite léviter devant la horde de Mangemorts, et il l’avait fait exploser de sorte à ce que son sang impur éclabousse toute l’assemblée. Donner un spectacle, en somme. Ce que le Seigneur des Ténèbres lui avait demandé. 

-       Il voulait un spectacle, rappela-t-il donc sur le même ton bas que moi. 

Il ne servait à rien que je lui demande s’il voulait du poste ou non. Je connaissais la réponse. Non, il n’en voulait pas. Mais il le prendrait, et il ferait ce qu’il fallait pour l’avoir pour pouvoir nous protéger depuis une position privilégiée. Et pour épargner l’un d’entre nous de devoir prendre cette place. Je le sondais de mes yeux fatigués. Il était magnifique, et terrifiant. Assis dans son fauteuil, abordant le plus parfait des visages. Crédible. Tout chez lui criait que ce qu’il fallait faire, il ferait. Quoi que ce puisse être. Il le ferait. Sans l’ombre d’un doute. 

-       Est-ce que ça va ? le questionnai-je avec inquiétude. 

Oui, il faisait ce qui devait être fait. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il n’était pas touché de tout cela. Il s’enfonça dans son fauteuil et soupira. 

-       Qu’est-ce que tu ressens ? demandai-je plus amplement devant sa réaction. 

-       Rien. J’ai fait ce que j’avais à faire, trancha-t-il alors. Elle allait mourir, c’était moi qui le faisais ou quelqu’un d’autre. La finalité pour elle était la même dans tous les cas. 

Je le sondais à la recherche du moindre signe qu’il ne me disait pas toute la vérité, en vain. Il me disait toujours la vérité, il ne savait pas faire autrement.

-       Et Lupin ? continuai-je doucement. C’était notre professeur, me permis-je de rappeler, cherchant à voir si cela faisait une quelconque différence pour lui. 

Il laissa ses yeux bleus s’enfoncer plus profondément dans les miens un instant avant de me répondre : 

-       Je sais que je ne suis pas normal Drago. Je sais que ça devrait me toucher plus que ça. Que ma baguette devrait trembler plus que ça, avoua-t-il avant de marquer une courte pause. Je ne sais pas quoi te dire. Je sais pourquoi je le fais, et je sais que je dois le faire. Alors je le fais, c’est tout, conclu-t-il avec la force calme qui le caractérisait tant. 

Je recevais ses mots en silence un instant. Il m’impressionnait, dans tout ce qu’il était. Je me doutais que d’un point de vue extérieur l’on pourrait penser que c’était un malade mental, et après tout, peut-être l’était-il. Mais moi je savais. Je savais l’amour, la douceur, la tendresse et la loyauté dont il était capable. Ainsi que la violence, la colère et la vengeance dont il pouvait faire preuve. Et il me semblait qu’il n’en était que plus impressionnant. Je ne savais pas s’il existait qui que ce soit au monde qui pouvait arrêter Theodore Nott, et j’aimais croire que non. De bien des façons, il était mon sauveur. Mon soldat. Mon frère d’âme et mon frère d’arme. 

-       J’aimerais être comme toi, avouai-je doucement dans tout mon épuisement. 

Il me regarda avec tout le sérieux et toute la considération dont il était capable, puis il chuchota : 

-       Non, tu n’aimerais pas. 

Cette nuit-là, j’avais été sorti de mon sommeil par des bruits importants de respiration saccadée. Quand j’entre-ouvris les yeux, je vis face à moi, dans le lit de Theo, Pansy assise sur son lit, des larmes ruisselant le long de ses joues. Theodore s’était relevé derrière elle et la serrai contre son torse nu. 

-       Shhh, la rassura-t-il. Shhh, continua-t-il tout bas, je suis là. Je suis là, tout va bien. 

Elle laissa ses mains frêles s’enfermer sur les avant-bras musclés de Theo qui la tenait fermement contre lui, et les serra alors qu’elle continuait de pleurer, tentant de reprendre son souffle. 

-       Ce n’était qu’un cauchemar, tout va bien, continua-t-il en chuchotant. Je suis là. 

Il embrassa tendrement son épaule nue alors que les larmes continuaient de couler sur son visage. Mon cœur se serra violemment dans mon poitrail quand elle le supplia : 

-       S’il-te-plaît, ne le fais pas. Ne deviens pas Grand Intendant. S’il-te-plaît, pleura-t-elle doucement. 

Elle ne le vit pas, étant dos à lui alors qu’il la serrait contre lui, mais moi je la vis, la douleur impuissante sur le visage de mon frère quand il reçut ses mots. Il ne lui répondit rien, mais il la serra plus fort, et déposa de nouveaux baisers sur son épaule. 

-       Tu ne peux pas mourir Theo, sanglota-t-elle dans toute son impuissance. Tu ne peux pas mourir, répéta-t-elle douloureusement. 

Elle se retourna pour lui faire face, lui imposant la vue de sa souffrance marquant son visage. Il passa une main rassurante dans ses cheveux tandis qu’elle continuait de pleurer : 

-       Promets-moi que tu ne vas pas mourir. 

Il saisit son visage à deux mains et laissa ses grands yeux bleus s’enfoncer dans ceux de celle pour qui il était prêt à tout : 

-       Je ne vais pas mourir, lui promit-il de sa voix vibrante. 

De sa voix vibrante qui ne laissait pas la moindre place au doute. Il embrassa Pansy sans lâcher sa prise sur son visage, la faisant taire elle, ses pensées et ses inquiétudes par la même occasion. Et je me rendormis avec une boule au ventre plus grande encore que plus tôt dans la soirée. 

Le lendemain soir suivant j’avais traîné Blaise à la bibliothèque avec moi pour que nous puissions continuer nos recherches sur l’armoire à disparaître. J’avais supposé que permettre à Theo et Pansy de passer un moment ensemble sans que nous soyons dans les parages vu la scène dont j’avais été témoin était probablement une bonne idée. Et occuper le cerveau de Blaise qui faisait comme si tout allait bien alors qu’il venait de perdre sa mère et sa petite-amie me semblait faire d’une pierre deux coups. Nous avions passé près de trois heures à éplucher encore bouquin après bouquin, jusqu’à ce que je me permette de lui demander : 

-       Comment tu te sens ? 

Il avait gardé la tête baissée dans son ouvrage mais avait levé des yeux sceptiques vers moi.  

-       Un peu fatigué mais ma foi ta présence ne m’est pas désagréable ma biche, et toi ?

Je pouffai mais reprenais : 

-       Je suis sérieux, comment tu te sens ? 

Cette fois, il baissa les yeux sur son bouquin, et m’envoya poliment balader : 

-       J’ai pas envie d’en parler. 

Et je savais, quand bien même il ne le disait pas directement, que cela signifiait qu’il n’allait pas bien du tout, mais qu’il faisait face. C’était ainsi qu’il faisait : il baisait, buvait, riait, et ne parlait pas de ce qui n’allait pas. Et il continuait d’avancer. Parce que la vie était ainsi faite. Parce que peu importait combien nous avions parfois besoin que le temps s’arrête pour pouvoir nous autoriser à traverser notre tristesse, notre détresse, nos peines de cœur, il ne s’arrêtait pas. Nous n’avions pas le luxe de ressentir notre douleur. Nous n’avions pas le luxe d’aller mal. Parce que la vie, cette vie atroce qui était la nôtre désormais, elle nous attendait au tournant. 

A son plus grand désespoir, Pansy n’avait pas eu le temps de nous traîner à Pré-au-Lard pour nous trouver de nouvelles tenues pour la soirée de Slughorn pour laquelle il nous avait prévenus au dernier moment. Elle s’était pourtant assurée que nous étions à son goût en choisissant dans nos armoires mutuelles ce que nous porterions. Pour une raison qui lui était propre, elle avait décidé que nous serions tous trois intégralement en noir, et qu’elle porterait une robe fluide argentée qu’elle possédait déjà. Quand elle nous força à nous tenir tous trois autour d’elle devant le miroir, nous comprenions pourquoi elle avait voulu cela. Pour commencer, il fallait l’avouer, on était plutôt beaux dans nos costumes intégralement noirs, Blaise et sa peau sombre, Theo et son somptueux visage, et moi et mes yeux argentés. Mais surtout, quand nous étions ensemble tous les quatre, Pansy brillait au milieu de nous, dans sa robe argentée qui ressortait en contraste avec nos tenues noires. Nous étions ses accessoires, et elle était la star. Et nous étions tous absolument satisfaits de cela. 

Tous les regards s’étaient tournés vers nous lorsque nous avions fait notre entrée dans la soirée de Slughorn. Les garçons nous regardaient avec envie et les filles s’imaginaient à la place de Pansy, à nos bras, c’était explicite sur leurs visages. Elle, elle n’était pas encore là, si elle comptait venir. Je ne le savais pas. Je ne savais plus rien à propos de ses projets. Nous nous prenions des verres servis par des élèves en besoin d’un peu d’argent de poche et Pansy et Blaise prirent position sur des canapés mis à disposition alors que Theo et moi nous tenions debout derrière eux. 

-       Daphné n’est pas là, remarqua Blaise en sondant la pièce. 

Elle faisait partie du club de Slughorn, elle aussi. Et elle n’était effectivement pas dans les environs. Les regards de Theo et moi se tournèrent vers Pansy, qui était sans doute la raison pour laquelle elle n’avait pas osé se montrer ce soir. Cela n’échappa pas à notre ami. 

-       Qu’est-ce que t’as fait ? lui demanda-t-il avec un petit sourire d’anticipation. 

-       Pourquoi tu m’accuses tout de suite ? se défendit-elle en sirotant son verre. 

-       Pansy…, tenta-t-il en souriant. 

-       Rien qui t’concerne, trancha-t-elle fièrement. 

-       Pansy…, répéta-t-il en se penchant vers elle. 

-       Ok, ça va ! s’exclama-t-elle alors. Il y a peut-être eu une ou deux baffes qui m’ont échappées ! 

Le rire de Blaise raisonna dans la pièce alors qu’il basculait le visage en arrière. 

-       Échappées ? relevai-je en souriant. T’as carrément pris de l’élan ! 

-       J’aurai fait pire si on m’avait pas extirpée des lieux comme un vulgaire torchon, déclara-t-elle en jetant vers Theo un regard noir par-dessus son épaule. 

-       Oh je sais, confirma ce dernier, c’est pour ça que je t’ai extirpée des lieux comme un vulgaire torchon. 

-       Tu lui as mis une ou deux baffes où tu l’as dévisagée pour qu’elle ne se pointe même pas ici ? s’enquit un Blaise visiblement amusé de ce qu’il apprenait. 

-       A cause du rabat-joie ici présent, continua Pansy, je ne lui ai mis qu’une ou deux baffes. 

-       Y a aussi eu du tirage de cheveux, notai-je en prenant une gorgée de ma propre flute.

-       Putain, et j’ai raté ça ? songea un Blaise au sourire qui explicitait la scène qu’il fantasmait dans son esprit. 

-       Eh, l’averti alors Theo. 

Blaise leva les mains en signe de soumission. 

-       J’imagine qu’elle a trop peur pour se pointer la garce, reprit une Pansy satisfaite. Tant mieux, appuya-t-elle fièrement. 

-       Mon petit chihuahua hargneux, déclara Blaise en pinçant une joue de Pansy de sa main libre. 

Elle lui lança un regard assassin, mais il ne s’arrêta pas. Il ne s’arrêtait jamais.

-       Oh oui, c’est le petit chihuahua à son papa ça ! 

Pansy tourna vivement la tête vers sa main et la mordue à pleine bouche. 

-       Aïe ! s’exclama-t-il en retirant sa main. Eh, faut le dresser ton animal sauvage ! dit-il à Theo qui lui souriait, satisfait. 

Un sourire prédateur prit place sur ses lèvres alors qu’il lui répondit : 

-       Je la préfère primale. 

-       Eh aller, c’est parti, se plaignit Blaise avant de vider son verre cul-sec. J’vais chercher la deuxième tournée pendant que vous calmez vos ardeurs bande de nymphomanes, déclara-t-il en se levant du canapé. Sachez que le plus gros mytho de ce siècle c’est de me faire passer moi pour l’obsédé sexuel quand vous deux vous êtes dans la pièce ! 

Nous rions tous trois alors qu’il partait déjà chercher de nouveaux verres sous les regards intéressés des filles qui composaient la pièce. La plupart des regards étaient tournés vers nous. Ils nous enviaient, ou nous détestaient et nous jugeaient. Ils fantasmaient sur les mauvais garçons et la seule fille qui était assez violente pour être avec eux, ou nous critiquaient pour les enfants arrogants qu’ils pensaient que nous étions. Sans se douter à quel point nous étions réellement mauvais. Sans avoir la moindre idée de ce qu’étaient vraiment nos vies. Sans se douter que nous n’étions pas juste des mauvaises personnes, mais des meurtriers. Nous en avions l’habitude, à vrai dire. Les regards étaient souvent tournés vers nous lorsque nous entrions dans une pièce, que ce soit des regards méprisants ou envieux. Ils s’étaient cependant intensifiés depuis que tout le monde savait que Theo, le mystérieux inaccessible qui n’avait jamais été avec aucune fille de l’école et qui suscitait l’intérêt pour ainsi dire de pratiquement toutes, était officiellement avec Pansy, et plus encore depuis les rumeurs qui circulaient à propos de Granger et moi. Les deux jours précédents, nous nous étions appliqués à montrer notre lassitude en expliquant que ce n’était rien d’autre que quelque chose de courtois et qu’il n’y avait rien du tout, mais ce n’était pas pour autant que tous nous avaient cru. 

Quelque temps plus tard, probablement après avoir flirté avec une ou deux demoiselles, Blaise revint avec quatre flutes et reprit sa place sur le canapé : 

-       J’ai croisé Granger, déclara-t-il alors que je me tournais pour la chercher du regard, c’est moi où à chaque nouvelle soirée elle porte des robes qui montrent de plus en plus son corps ? 

Je me tournai vers la direction par laquelle il était arrivé, et le reste de mes amis firent de même pour la voir. Il avait raison. Elle était là, au milieu de la pièce, près du bar, et on ne pouvait pas la rater. Je sentis mon cœur faire un bond dans mon poitrail quand mes yeux eurent enfin l’opportunité de se poser sur elle. Elle avait l’air d’une putain de déesse grecque. Elle portait une longue robe dorée qui ne pouvait n’être ni plus fine, ni plus moulante. Elle traçait parfaitement les courbes de ses hanches, la finesse de sa taille et la forme de sa poitrine en une matière brillante qui la faisait briller d’autant plus parmi l’ordinarité banale de toutes les autres personnes présentes autour d’elle. Elle avait permis à ses longs cheveux bouclés de descendre dans son dos en la plus magnifique des cascades, et elle avait même maquillé ses yeux ambrés d’un peu de noir pour appuyer la beauté déjà saisissante de son regard chaud. Elle était parfaite, et elle voulait le montrer. Elle voulait me montrer, encore une fois, ce que j’aurais pu avoir, et que je ne prenais pas. Elle voulait me pousser à bout, et me montrer ce à côté de quoi je passais. Comme si je ne le savais pas déjà parfaitement. Comme si je n’étais pas déjà conscient qu’elle était aussi parfaite qu’insupportable et que je ne pourrais jamais trouver qui que ce soit qui me ferait ressentir de telles émotions, et d’une façon aussi intense. Comme si je ne savais pas déjà que les courbes de son corps et la douceur de sa peau pouvaient m’envoyer six pieds sous terre à tout instant. M’imposant sa vue et l’offrant à tous les autres présents simplement pour me rappeler qui elle était, et ce qui se cachait sous ses vêtements habituels. Comme si je pouvais l’oublier. Mes yeux ne se décollèrent pas d’elle, discutant avec Potter quand je répondis à Blaise avec une colère explicite dans la voix : 

-       Elle sait très bien ce qu’elle fait. 

Oh oui, elle le savait parfaitement. J’étais même plutôt persuadé qu’elle était absolument satisfaite d’elle-même. S’afficher de la sorte, rappeler à tout le monde et à toutes les filles présentes que si elle le voulait elle les exterminait toutes en enfilant simplement une putain de robe, dévoilant ses formes à tous les garçons présents qui la savaient désormais sexuellement active, ne se doutant pas réellement d’à quel point c’était vrai. D’à quel point elle était délicieuse. D’à quel point elle aimait ça, me recevoir. D’à quel point elle était prête à me supplier pour me recevoir tellement elle aimait cela. Ce fut la voix de Blaise qui retentit dans mes oreilles qui me sorti de mes pensées aussi excitées que colériques, mais mes yeux ne purent se décrocher d’elle pour autant : 

-       Ouais enfin bon, elle a déjà tout Poudlard qui raconte qu’elle a chaud au cul, c’est pas brillant de sa part de se pointer dans une robe aussi moulante dans un contexte pareil. 

Pas brillant de sa part ? Pensait-il. Elle savait parfaitement bien ce qu’elle faisait. Pire encore, cela lui plaisait. Elle faisait d’une pierre deux coups : elle me rappelait ce que je perdais, et elle montrait à tout le monde de quoi était vraiment capable celle qui se tapait présumément Drago Malefoy. Pas brillant de sa part ? 

-       Elle aime ça, déclarai-je sans pouvoir décrocher mes yeux d’elle, la tension dans ma voix évidente. 

Elle ne me regardait même pas. Pas l’ombre d’un putain de regard. Elle discutait simplement joyeusement avec son ami, comme si elle ne m’imposait pas la vue la plus divine et la plus insupportable qui soit en ce moment-même. Comme si elle était putain d’innocente. 

-       Que tout Poudlard dise qu’elle a le feu au cul ? demanda alors la voix de Pansy derrière moi. 

-       Que tout le monde pense qu’elle est avec moi, leur appris-je sans pouvoir arrêter de la fixer. 

J’entendis Blaise recracher la gorgée de champagne qu’il venait de prendre. Oh oui, elle aimait cela. Elle adorait cela. La soi-disant gentille miss première de la classe qui n’hésitait pas à lancer des maléfices les plus sombres les uns que les autres à toute fille qui oserait m’approcher alors que je n’étais même pas sien. 

-       Quoi ? s’étonna Blaise. 

-       Elle est possessive, la première de classe ? renchérit Pansy alors que je ne pouvais toujours pas me tourner vers eux. 

-       Vous n’avez pas idée, lâchai-je à voix basse. 

Possessive, jalouse et quelque part violente, à sa façon. Et cela me rendait plus primal encore avec elle. Parce qu’elle était brillante, et que j’avais été bien stupide et prétentieux de penser qu’elle était novice à ce jeu-là, et que j’aurais la main sur cette relation. Putain de blague. Elle savait parfaitement bien ce qu’elle le faisait, et elle le faisait incroyablement bien. Elle me rendait fou, il n’y avait pas d’autre terme pour le dire. Fou. J’entendis Blaise se lever du canapé derrière moi, je supposai pour pouvoir la regarder, lui aussi :

-       Elle veut montrer à tout le monde c’est qui celle qui se tape Drago Malefoy, conclu-t-il alors. J’respecte, acquiesça-t-il avec approbation. 

Je tournais finalement les yeux d’elle pour lancer à mon ami un regard noir. 

-       Quoi ? se défendit-il. 

Je laissai mes yeux retrouver leur juste place, sur elle. 

-       Elle ne se tape plus Drago Malefoy, nuançai-je froidement. 

J’entendis mon ami pouffer avant qu’il déclare : 

-       Ben arrête de la fixer comme ça alors parce que c’est pas l’impression que ça donne. 

Je tournais une nouvelle fois les yeux vers lui quand j’entendis Theo rire discrètement. Je lui lançai un regard assassin. 

-       Ça te fait rire ? 

-       Un peu, oui, déclara-t-il avec un sourire. 

-       C’est pas drôle, tranchai-je donc en tentant de contenir ma frustration et ma colère envers elle. Et c’est terminé, me rappelai-je à moi autant qu’à eux. 

Ce fut Pansy qui se leva de son canapé ensuite, les yeux tournés vers là où je savais qu’elle était : 

-       Est-ce que c’est McLaggen qui est en train de la draguer ? demanda-t-elle avec une expression de surprise sur le visage. 

Nous nous retournions tous vivement pour constater de ce qu’il se passait, et l’intégralité de mon corps se tendit à cette vue. Elle était toujours près du bar, et Potter avait disparu. Remplacé par McLaggen, une coupe de champagne à la main, dans un costume qui moulait bien trop pour que ce soit élégant ses muscles tracés par le Quidditch, lui souriant de toutes ses dents. Je sentis mon estomac se serrer à l’intérieur de moi et ma mâchoire se contracta violemment alors que mes yeux n'étaient à nouveau plus capables de se décrocher d’eux. Je supposai que mes amis le remarquèrent puisque Blaise, debout à côté de moi, tenta de temporiser : 

-       Naaaan, nan t’inquiète, ils parlent juste tranquille. 

Un vieux porc comme McLaggen ne parlait pas simplement tranquillement. Elle avait dévoilé son corps, et elle avait ouvert la porte à l’imagination des plus pervers de cette école en me faisant danser au bal de Noël. Il voulait goûter à ce qu’elle avait à offrir. Il la regardait avec des yeux brillants qui ne laissaient pas la moindre putain de place au doute, il voulait voir ce qu’il y avait sous sa robe déjà trop révélatrice, et il voulait savoir ce que ça faisait que de se faire Hermione putain de Granger. 

-       Il oserait pas, vu les rumeurs qui tournent sur vous en ce moment, continua Pansy doucement alors que mes yeux ne pouvaient se détacher d’eux. 

J’entendis Theo se laisser tomber dans un fauteuil derrière nous, satisfait cet enfoiré, je n’en doutais pas une seule seconde. Il osait, ce fils de pute. Il savait très bien que des rumeurs tournaient sur le fait qu’elle était mienne, que c’était moi celui qui connaissait son corps et qui la faisait hurler lorsque tout le château dormait, il le savait très bien, et il osait. Il me défiait. Puisque je ne pouvais pas y aller moi-même, puisque je ne pouvais pas montrer à tout le monde à quel point elle était vraiment putain de mienne, à quel point je la contrôlais et à quel point elle me contrôlait elle également, il cherchait à me la prendre. Juste sous mon putain de nez. 

-       Mais nan, ils sont dans la même maison, tenta encore Blaise, des fois on a des choses à se dire, c’est normal ! 

Et elle le laissait faire. Elle le laissait la draguer aussi explicitement devant toute la pièce. Laissant croire à toutes les personnes présentes qu’elle était libre. Qu’elle pouvait être disponible pour tout mâle environnant qui cherchait à la connaître autrement. Sans m’accorder un seul putain de regard. Pendant que ce fils de pute lui sortait ses plus beaux sourires et certainement ses plus typiques phrases d’approche, aussi banales que bancales. 

-       Oui et puis un garçon et une fille peuvent échanger quelques mots sans que ce soit de la drague pour autant, enchaîna Pansy alors qu’ils essayaient désespérément de me détendre. 

Me détendre ? Elle lui parlait comme si elle était libre. Il lui parlait comme si elle était libre. Comme si je n’existai pas. Comme si je ne comptais pas. Comme si elle ne m’appartenait pas. 

-       Exactement, appuya un Blaise faussement enthousiaste, regarde-nous ! T’es une fille, j’suis un mec, et pourtant on est amis ! Et rien qu’amis ! 

McLaggen se pencha en avant, un peu plus près d’elle, et lui accorda le sourire le plus charmeur qu’il avait en stock. Mon sang bouillait déjà dans mes veines, mais à cet instant mon cœur se mit à battre si violemment dans mon poitrail que je l’entendais raisonner jusque dans mes oreilles. Qu’est-ce qu’il pensait qu’il était en train de faire ? Juste sous mon putain de nez ? N’avait-il pas entendu les histoires à propos de ma famille ? A propos de mon père ? A propos d’elle et moi ? Ignorait-il absolument et totalement qui j’étais et ce dont j’étais capable ? Pensait-il sincèrement qu’il pouvait draguer celle qui m’appartenait en toute impunité, juste sous mes yeux ? 

-       Non mais de toute façon t’es dix fois plus beau, temporisa alors Blaise qui avait témoigné du rapprochement physique que McLaggen avait réalisé avec elle. Il peut essayer autant qu’il veut, il te peut pas. 

Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien dire. Je ne devais rien faire, et je ne devais rien dire. Parce qu’elle ne m’appartenait pas. Parce qu’elle n’était pas mienne, et que je n’étais pas sien. Parce qu’elle était libre, tout autant que moi j’étais prisonnier. Parce qu’il n’existait pas un monde dans lequel je pouvais être à la fois l’esclave du Seigneur des Ténèbres et son homme à elle. 

-       Puis c’est pas le genre de Granger du tout, continua Pansy. 

Et pourtant l’intégralité de mon corps me hurlait de le tuer. D’aller la chercher. De montrer à tout le monde à qui elle appartenait. De rappeler à toutes les personnes présentes qui j’étais, et ce dont j’étais capable. Le petit gamin arrogant et pourri-gâté, c’était ce qu’ils pensaient. Ils n’avaient pas idée, en réalité. Ils n’avaient pas la moindre putain d’idée. Je pourrais repeindre l’intégralité de cette jolie soirée du putain de sang de McLaggen en un claquement de doigt et avec le sourire. 

-       Il est archi pas assez intelligent pour elle, enchaîna Blaise qui devait constater de ma lutte interne, il l’intéressera même pas un tout petit peu. 

Encore putain d’heureux qu’il ne pouvait pas l’intéresser. C’était quoi ici, un putain de bordel libertin où chacun pouvait prétendre à la femme de l’autre ? Non, non, me repris-je en pensée. Femme de quoi, femme de rien du tout. Ce n’était pas ma femme, ce n’était pas même ma petite-amie, et encore moins mon amie. Ce n’était rien. Et c’était terminé. Et je devais la laisser faire ce qu’elle déciderait de faire avec sa propre vie. Parce qu’après tout c’était pour cela que je la laissai libre. Pour qu’elle puisse vivre sa vie. Et je n’avais pas le droit de l’en empêcher pour ensuite lui dire que je ne voulais pas d’elle. 

-       Puis il est trop laid, renchéri Pansy. 

-       T’exagères peut-être un tout petit peu là, dit doucement Blaise vers elle. 

-       Ta gueule, lui chuchota-t-elle alors que je ne pouvais toujours pas décrocher mes yeux d’eux.

Et d’elle. De sa beauté. De ce que j’avais, juste au creux de ma main, et que je ne pouvais pas prendre. De son intelligence, et de son insolence. De sa douceur et de sa violence. De tout ce que qui que ce soit avec une paire d’yeux fonctionnels ne pouvait que voir. Mais elle n’était pas mienne, peu importait à quel point je voulais que ce soit le cas. Elle ne l’était pas. Et pourtant, malgré tout cela, je ne pouvais empêcher mes yeux de les fixer, et je ne pouvais empêcher mon corps de demeurer aussi tendu et alerte qu’il pouvait l’être. Parce qu’un malade pensait qu’il pouvait essayer de la draguer. Parce qu’un taré pensait qu’il pouvait la draguer. La faire rire. La toucher. Cette pensée fit monter la nausée en moi. La toucher. Qu’un autre homme la touche. 

-       Moi, j’irai, raisonna la voix de Theo derrière moi. 

Je tournai les yeux vers lui, un regard noir ancré sur mon visage. Pansy et Blaise le regardait avec de gros yeux. Il était tranquillement avachi dans son fauteuil, sirotant sa flute de champagne, nous observant tout ce temps en arrière-plan.

-       Tu vas juste le laisser faire du charme à ta meuf sous ton nez ? provoqua-t-il encore en maintenant le contact avec mon regard noir. 

Je sentis ma mâchoire se contracter plus violemment encore quand je lui répondis avec toute ma tension et frustration interne : 

-       C’est pas ma meuf. 

Je savais très bien ce qu’il cherchait à faire, et c’était hors de question. Je ne pouvais pas aller la récupérer du bras de McLaggen. Je ne pouvais pas nous donner en spectacle de la sorte avec tout ce qui tournait déjà sur nous. Et je ne pouvais pas maintenir ce qu’il y avait eu entre nous alors que c’était terminé. Je n’avais pas le droit de faire tout cela. Je ne pouvais tout simplement pas faire cela. 

-       Et c’est terminé, insista Pansy vers son partenaire. 

-       Très bien, déclara Theo en levant les mains, faussement innocent. 

Je me retournais à nouveau vers eux. Elle était en train de rire à pleine gorge avec lui. Ma vision se brouilla, et je pus sentir l’animal à l’intérieur de moi assoiffé de sang. Non. Je ne pouvais pas y aller. Je n’avais aucune raison d’y aller. Je ne pouvais pas y aller. Je ne pouvais tout simplement pas y aller. Que diraient les gens ? Et si le Seigneur des Ténèbres l’apprenait ? Quel message cela enverrait-il à Granger ? C’était terminé. Pansy avait raison. Je devais la laisser faire. La laisser rire avec ce putain d’enfoiré de mort qui ne méritait que de se faire traîner sur des mètres d’épines de roses. Je pris une profonde inspiration par le nez, essayant de calmer mon corps à l’intérieur de moi. Essayant de détendre mon ventre, mon cœur, mes bras et mes jambes. Je réitérai mon geste, comme Theo me l’avait appris, et je lâchai prise. Elle n’était pas mienne. Et elle méritait le bonheur, quel qu’il soit. Je pris une nouvelle profonde inspiration alors que je commençai à sentir les effets relaxants. Oui, ça irait. Mon cœur était brisé, mais ça irait. Et elle était libre. C’était ce que je voulais pour elle, tout ce que je voulais pour elle. Qu’elle soit libre. Je pris une dernière inspiration profonde quand la voix de Theodore retentit derrière moi : 

-       J’ai lu quelque part que les femmes qui ne sont plus vierges dégagent des phéromones qui attirent les hommes autour d’elles, si elles ne sont pas comblées par un mâle, déclara-t-il d’une voix faussement innocente avant de marquer une courte pause. Physiquement, acheva-t-il plus gravement. 

Si je n’avais pas été dans un tel état de rage, et si mes jambes n’avaient pas commencé à avancer d’elles-mêmes vers Granger et McLaggen, j’aurais probablement entendu Pansy demander à son mec « putain, qu’est-ce que tu fous ?! », et j’aurais sans doute aussi entendu mon frère répondre avec un sourire dans la voix « je m’assure qu’il est heureux ». Mais la seule chose que je voyais, et la seule chose que j’entendais, c’était eux, et les rires qu’ils s’échangeaient alors que j’arrivais sur eux dans toute ma rage. Au diable Poudlard. Au diable Voldemort. Ce merdeux pensait vraiment pouvoir la draguer sous mon putain de nez ? Il avait oublié de qui on parlait. Mienne ou pas, elle m’appartenait. 

Je me plaçai derrière elle, les bras croisés sur mon poitrail comme un putain de chien de garde, mes yeux froids enfoncés dans ceux de McLaggen qui ne riait plus du tout, et me regardait avec interrogation tandis que je penchais le visage sur le côté. Elle ne se retourna pas même vers moi, mais je savais qu’elle savait que j’étais là. Et je savais qu’elle était ravie, parce qu’elle avait obtenu exactement ce qu’elle voulait. Il demeura silencieux un instant, me regardant en attendant que je dise quelque chose. Finalement, je questionnai froidement : 

-       Quoi ? J’ai pas le droit de rire, moi aussi ? 

Il ne put cacher sa gêne malgré le fait qu’il pouffa, et elle ne se retourna toujours pas pour me faire face. Il ne trouva rien à me répondre, alors je continuai sur le même ton : 

-       J’interromps quelque chose peut-être ? 

Il chercha du soutien en regardant Granger, qui ne lui donna rien. Il releva les yeux vers moi, embarrassé, et tenta :

-       Eh bien on discutait, oui. 

Je ne bronchai pas d’un seul centimètre, ancré derrière elle, et l’invitait :

-       Je t’en prie, discute. 

Il me sonda un instant, puis demanda : 

-       Et tu vas rester planté là ? 

Je dressai mes sourcils sur mon front, le défiant de continuer sa conversation en ma présence. Oh oui, j’allais rester planté là. Et qu’allait-il faire à ce propos ? Il rit nerveusement avant de se rabattre : 

-       Au temps pour moi, je croyais que c’étaient que des rumeurs vu que vous n’arrêtiez pas de dire que c’était pas vrai, provoqua-t-il alors. 

Je lui décrochai un sourire qui n’avait rien d’amical. 

-       Je croyais que le but de ces soirées c’était la sociabilisation, enchaînai-je, et vu comme tu lui colles au cul je supposai que tu l’avais compris aussi. Alors je sociabilise, c’est tout, tranchai-je plus froidement. 

Il se permit de pouffer. 

-       Écoute mec, si y a un problème dit le clairement au lieu de faire le putain de garde du corps. 

-       Surveille ton langage en présence d’une dame, l’avertis-je, la menace à peine dissimulée dans ma voix. 

Il pouffa une nouvelle fois. 

-       Une dame, carrément ? 

Il souffla. C’en était trop. 

-       Maintenant on va avoir un problème, déclarai-je on ne pouvait plus sérieusement. 

Ses sourcils se dressèrent sur son front, puis il fit non de la tête : 

-       Tu sais quoi, j’vais même pas rentrer dans ce p’tit jeu, abandonna-t-il. Mais si tu veux pas qu’elle se fasse draguer par d’autres t’as plutôt intérêt à assumer, lâcha-t-il en commençant à s’éloigner. 

Je l’attrapais fermement par le poignet et il me fit face, ses sourcils haut sur son front devant mon geste : 

-       C’est une menace ? demanda ma voix basse. 

Trop basse. Elle se retourna finalement vers moi devant le sérieux de la situation et tenta doucement : 

-       Malefoy.

Il se permit de me sourire de toute son insolence, et répliqua : 

-       Si pour toi ça représente une menace qu’elle se fasse draguer, alors oui.

Mes yeux demeurèrent enfoncés dans ceux de McLaggen un instant alors que je soupesai mes options. Je ne pouvais décemment pas lui en foutre une au plein milieu de la soirée de Slughorn étant donné le contexte, mais le laisser s’en tirer de la sorte me semblait être m’en demander trop. Ce fut le moment que mon frère choisit pour appeler depuis l’autre bout de la pièce :

-       Eh, McLaggen ! Viens voir, ordonna-t-il. 

Nos regards restèrent connectés un instant avant que je ne le lâche physiquement, et il partit finalement retrouver Theo qui avait été un spectateur très intéressé du spectacle qu’il avait initié. Je baissai finalement les yeux vers elle :

-       Contente ?

-       Pardon ? me questionna-t-elle, feignant l’innocence. 

-       C’était pour ça, la robe, et les rires aux éclats, non ? provoquai-je alors que la rage bouillonnait en moi. 

-       Ma robe ne va pas ? continua-t-elle en baissant la tête sur sa tenue. 

-       Ce n’est pas ta robe le problème, et tu le sais très bien. Tu peux porter ce que tu veux, tu sais parfaitement que je peux me battre, et c’est ça le problème, tranchai-je sèchement. C’est que tu sais très bien que je me battrai. 

Elle ne me répondit rien, mais ses yeux exprimaient pour elle la satisfaction qu’elle ne nommait pas. Elle l’avait encore fait, réveillé l’animal qui sommeillait en moi, et qui ne se réveillait que pour elle. Et elle se tenait devant moi comme si elle était innocente. Fière, mais innocente. Une putain de sorcière. Une putain de sorcière maléfique qui m’appartenait, et qui voulait le montrer. Et qui voulait me le montrer, à moi. Parce que c’était cela, ce qu’elle voulait. Me rendre fou. Et elle y arrivait parfaitement bien. Nous étions en public. Peu importait ce que me hurlait mon corps, nous étions en public. Mon cœur battait toujours violemment dans mon poitrail quand je lui ordonnai : 

-       Suis-moi.

Je traversai la salle de réception de Slughorn, l’entendant et la sentant juste derrière moi alors que la rage grandissait en moi. Parce qu’elle avait gagné, et qu’elle gagnait toujours. Parce qu’elle me contrôlait, purement et simplement. Je traversai le rideau qui séparait la fête d’un couloir sombre dans lequel il n’y avait pas la moindre personne. Je continuai d’avancer sur le côté, plus à l’écart des regards encore, et une fois que les lumières illuminant la soirée de Slughorn se trouvaient assez loin de nous je me retournai violemment et la plaquai physiquement contre le mur du couloir, me tenant à quelques millimètres seulement de son corps. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Je savais qu’il ne fallait pas. Je savais que je ne devais pas. Mais elle était là, à me provoquer dans une telle robe, en étant aussi magnifique, à se la jouer innocente, et je ne pouvais tout simplement pas m’en empêcher. 

-       Tu sais ce que tu fais…, chuchotai-je alors à ses lèvres. Tu sais très bien ce que tu fais, dans cette robe…, auprès de McLaggen…, gronda l’animal en moi. 

Parce que je ne pouvais plus penser. Parce qu’elle se jouait de moi comme elle le voulait, et que je devenais un putain d’animal incapable de penser, ou de me contrôler. Je me perdais. Je me perdais moi-même en elle.  

-       Tu as beau refuser de me dire que je suis à toi, murmura-t-elle en retour, son désir pour moi explicite dans sa voix, ton comportement parle à ta place. 

Je pris une profonde inspiration en recevant ses mots, tentant de me contrôler. En vain. Elle voulait que je lui dise qu’elle m’appartenait. Elle voulait que je marque mon territoire. Elle voulait savoir et ressentir qu’elle était mienne. Et elle gagnait. Encore une fois, elle gagnait. Parce qu’il n’existait pas une personne sur cette putain de planète qui pouvait lui faire ressentir ce que moi je pouvais susciter chez elle. Le danger. L’excitation. La chasse. L’anticipation. Ma respiration se fit saccadée quand ma voix basse susurra à sa bouche : 

-       Les choses que j’ai envie de te faire Granger… 

Mon pouce obéit à ses propres ordres alors qu’il dessina la forme de ses lèvres qu’elle entre-ouvrait pour moi, faisant battre mon cœur plus vite encore dans mon poitrail. Je ne contrôlais pas non plus mon mouvement lorsqu’il s’enfonça dans sa bouche qu’elle ouvrit pour le recevoir, et soudain ce fut comme s’il n’y avait pas une soirée regorgeant de personnes pouvant nous surprendre à tout instant juste à côté de nous. Il n’y avait qu’elle. Qu’elle, son corps, et le mien. 

-       Je veux que tu me supplies, chuchotai-je difficilement, je veux t’entendre hurler mon nom, réclama la part primaire en moi alors qu’elle laissait ses lèvres se renfermer sur mon pouce. Je veux voir tes yeux quitter tes orbites et ton âme quitter ton corps…

Je laissai mon avant-bras gauche reposer contre le mur juste au-dessus de son crâne et posai mon front contre le sien alors que je respirai difficilement, l’excitation gagnant le dessus sur moi. 

-       C’est une mauvaise idée…, murmurai-je à ses lèvres en fermant les yeux, tentant de chercher quelque chose auquel me raccrocher. 

Je n’aurais pas dû rouvrir les yeux à cet instant. Je n’aurais pas dû les ouvrir et voir le désir ardent qui brûlait dans ses yeux maquillés. Parce que c’était trop tard. C’était trop tard pour moi. Et c’était surtout trop tard pour elle. 

-       Dis-moi que c’est une mauvaise idée Granger…, chuchotai-je alors que mon pouce se retirai lentement d’entre ses lèvres, ma main possessive descendant le long de son cou dénudé. A chaque fois…, continua ma voix rauque tandis qu’elle respirait désormais difficilement à son tour, à chaque putain de fois je me dis que c’est la dernière…

Ma main descendit sur sa poitrine qu’elle caressa, mon front demeurant collé contre le sien alors que je m’appuyai contre le mur pour ne pas tomber à ses pieds. Parce que je l’étais, putain d’à ses pieds. Je sentis son téton se durcir contre la paume de sa main, et je léchais mes lèvres sans pouvoir m’en empêcher. 

-       Que c’est terminé…, repris-je difficilement alors que ma main descendait sur son ventre au rythme saccadé de sa respiration. Et à chaque fois…, ma main aggripa sa robe au niveau de sa cuisse et la releva lentement, à chaque putain de fois…, chuchotai-je alors que cette main se glissait dans sa culotte, t’es là…, elle gémit doucement tandis que mes doigts la caressaient. Juste devant moi…, et tout ce que je veux c’est te débarrasser de tes vêtements, et voir ton visage se tordre du plaisir que je te donne, ronronnai-je presque alors qu’un de mes doigts s’insérait en elle, déjà trempée. 

Et elle se permit de gémir au creux de mes lèvres une nouvelle fois, et je n’avais plus aucune prise sur la réalité. L’intégralité des gens présents dans la pièce juste à côté de nous auraient pu se pointer que je les aurais laissés regarder. Parce que je ne contrôlais plus rien. 

-       Alors si je ne suis pas capable de le faire moi-même, enchaînai-je avec difficulté, dis-le-moi Granger, ordonnai-je alors que je laissai mon doigt se mouvoir en elle. Dis-moi que c’est une mauvaise idée…, suppliai-je alors qu’elle gémissait sous mon touché. Dis-moi de ne pas le faire… 

Elle gémit une nouvelle fois au creux de mes lèvres avant de chuchoter en soutenant le contact de mes yeux : 

-       C’est une mauvaise idée… 

Et tout ce qu’il restait de moi, de ma rationalité et de ma retenue s’évanouit avec ses mots, la chaleur de sa voix et l’intensité de son regard. Mes lèvres s’écrasèrent contre les siennes alors que mes mains trouvèrent toutes deux leur place en encadrant son visage pour qu’elle ne m’échappe pas. Et je retrouvais son goût vanillé qui m’appartenait alors qu’elle me rendait la fougue de mon baiser en attirant mon corps contre le sien, mon membre dur s’écrasant contre elle. La douceur de sa langue attisa l’animal à l’intérieur de moi qui voulait la prendre. Qui voulait la marquer, et que tout le monde sache qu’elle m’appartenait. Que personne d’autre, aucun autre homme au monde ne pouvait la toucher comme je le faisais. La rendre faible comme je le faisais. La faire jouir comme je le faisais. Parce qu’elle était faite pour moi. Parce que l’intégralité de son corps avait été taillé pour moi. Pour me recevoir. Et je savais qu’elle avait désiré cela autant que moi dans l’intensité du baiser qu’elle me rendait. Elle brûlait pour moi, et je brûlais pour elle, et peu importait que nous ne puissions plus respirer quand nos lèvres se rencontraient. Parce que tout ce dont j’avais besoin c’était de la sentir. De la sentir contre moi. De la sentir sur moi. Près de moi. Autour de moi. Parce qu’elle m’appartenait, quand bien même elle n’était pas mienne. Et cela, ma langue le lui disait. Et cela, mes lèvres le disaient. Mes mains quittèrent son visage quand les siennes défirent frénétiquement la braguette de mon pantalon de costume pour relever le bas de sa robe. Je saisi l’arrière de ses cuisses fermement sans pouvoir cesser de l’embrasser ne serait-ce que l’espace d’une putain de seconde et l’élevait contre le mur. Ses mains se renfermèrent dans ma nuque tandis qu’elle gémissait au creux de ma bouche lorsque je m’insérai violemment en elle. Et l’explosion d’hormones qui éclata dans mon cerveau une fois que je l’avais finalement pénétrée, rendant ma vision floue et tout ce qui nous entourait absolument obsolète me rappela, encore une fois, qu’il n’y avait rien d’autre comparable à cela. Comparable à elle. A ce que je ressentais quand j’étais en elle. C’était primal. Animal. Instinctif. Ce n’était pas descriptible par des mots, cela nous dépassait absolument et totalement. Et je savais qu’elle ressentait la même chose, alors qu’elle me recevait avec ferveur, ses gémissements étouffés entre mes lèvres alors que je m’écrasai en elle, encore et encore, nos langues ne pouvant se séparer ni s’apaiser. Parce que ce n’était pas apaisant, c’était primal. Nos corps se réclamaient l’un l’autre avec violence, et sans nous offrir le moindre répit. Parce que dès qu’ils étaient séparés ils s’appelaient à tue-tête. Et qu’enfin, lorsqu’ils se retrouvaient, lorsqu’enfin ils pouvaient ne faire plus qu’un, ils avaient besoin de plus. Toujours plus. Ils étaient affamés. Affamés l’un pour l’autre, autant elle et son entre-cuisse inondée que moi et mon pénis aussi dur que du putain de béton. Alors je la prenais, contre ce mur, mon corps s’écrasant contre le sien encore et encore alors que la fête battait son plein juste de l’autre côté de ce même mur, mes lèvres ne quittant pas les siennes, et la frénésie de nos corps ne trouvant pas de repos. Je ne pouvais tout simplement pas m’arrêter. Elle avait réveillé quelque chose de bien trop primal, de bien trop animal, et de bien trop affamé en moi. Et je ne pouvais tout simplement pas m’arrêter alors que mon corps continuait encore et encore de rencontrer le sien frénétiquement et violemment, sans jamais en avoir assez. 

-       Oh putain, gémit-elle au creux de mes lèvres alors que j’étais incapable d’apaiser le rythme soutenu de mes coups de reins en elle. 

Et je la sentis, à l’intérieur d’elle-même, se contracter sous mes va-et-vient incessants. Et cela ne m’affama que plus encore. Parce qu’elle allait venir, et que j’avais encore tellement à lui donner. Et que je ne pouvais pas m’arrêter. Parce qu’elle était si douce, et qu’elle était si délicieuse. Parce qu’elle était si insupportable, et qu’elle n’attendait que cela. Et qu’elle allait le recevoir, ce qu’elle était venue chercher. Et qu’elle allait le supporter, ce qu’elle avait provoqué. Ses gémissements raisonnèrent plus encore dans ma bouche alors qu’elle jouissait de moi, son liquide se répandant sur l’intégralité de mon membre, et je lui retirai le contact de mes lèvres pour écraser une main sur sa bouche alors qu’elle ne parvenait plus à contrôler la sonorité de sa voix. Et je continuai de m’acharner en elle, parce que je ne pouvais pas m’arrêter. Parce que la façon dont ses sourcils étaient froncés sur son front, la force avec laquelle ses yeux étaient fermés alors qu’elle jouissait encore de moi, et la façon dont son corps se refermait autour de moi, tout cela ne me donnait que plus faim encore. Parce qu’elle était putain de mienne, et qu’elle ne pouvait pas l’oublier. Parce qu’elle m’appartenait, et qu’elle ne pouvait pas l’oublier. Parce que personne ne pouvait lui faire ressentir tout cela, et qu’elle ne pouvait pas l’oublier. Ses gémissements devinrent plus aigus contre ma main, presque plaintifs alors que je ne m’arrêtais pas, son dos rencontrant violemment le mur derrière elle alors qu’elle continuait de me recevoir malgré le fait qu’elle avait déjà jouit. Mais je n’étais pas rassasié. Son corps devait se souvenir qu’il m’appartenait. Ses phéromones devaient traduire sa satiété. Elle ouvrit finalement les yeux à nouveau, et la façon dont ses sourcils étaient froncés sur son visage, la façon dont ses yeux me suppliaient d’arrêter, la façon dont ses gémissements devenaient de plus en plus aigus quand bien même ils étaient retenus par ma main fermement ancrée sur sa bouche, et la façon dont je sentis son vagin se resserrer une nouvelle fois autour de moi, signe qu’elle allait jouir à nouveau, eurent finalement raison de moi. Et je la regardais, je ne la quittais pas des yeux une seule seconde alors que je m’enfonçais plus violemment encore en elle, et qu’elle jouissait une nouvelle fois de moi. Je ne pus retenir le grondement rauque qui sorti de moi quand je trouvais enfin ma délivrance, et que mon corps pu finalement s’apaiser en elle, la marquant de ma semence. Putain de mienne. 

Je dus garder ma main contre sa bouche encore un instant, quand bien même je ne bougeai plus en elle, le temps qu’il lui fallut pour redescendre alors qu’elle respirait difficilement. Je demeurai à l’intérieur d’elle le temps que cela dura, et lorsqu’elle eut finalement reprit ses esprits, je laissai ma main glisser de ses lèvres, et ne put me retenir de lui donner un nouveau baiser langoureux. Un baiser plus apaisé. Un baiser plus doux que le précédent. Elle me le rendit difficilement, et lorsque je me retirai finalement d’elle et la reposai sur le sol, elle tangua sur des jambes tremblantes. Je ne pus m’empêcher de laisser un sourire satisfait se dessiner sur mon visage devant la vision qu’elle m’offrait, et elle le nota largement. 

-       Tais-toi, chuchota-t-elle alors sans pouvoir retenir son propre sourire en coin. 

Putain de mienne. 

-       J’ai juste besoin d’une minute, renchérit-elle toujours à bout de souffle. 

Ses jambes tremblèrent encore quelques instants alors que je ne pouvais m’empêcher de les regarder en souriant, grandement satisfait alors que je remontai ma braguette. 

-       Tu es fier de toi, hein ? provoqua-t-elle devant mon sourire qui ne s’effaçait pas. 

-       C’est toi qui as voulu jouer Granger, tu récoltes ce que tu sèmes, lui adressai-je de ma voix suave en m’approchant d’elle. 

Je déposai un baiser que je ne contrôlai pas sur sa joue, et lui ordonnai avec un sourire avant de traverser le rideau qui nous séparait de la fête de Slughorn :

-       Quand tu pourras marcher, recoiffe-toi avant de sortir de là. Y a écrit « je viens de me faire tringler » en gras sur ta tronche. 

Elle m’insulta alors que je rejoignais la fête de Slughorn bien plus détendu. Je retrouvai mes amis au niveau des canapés, ravi de constater que McLaggen n’était plus en leur compagnie. Blaise et Pansy me regardaient en pinçant leurs lèvres, leurs sourcils dressés sur leur front pour me montrer qu’ils savaient très bien ce que je venais de faire, et qu’ils désapprouvaient. Theo, quant à lui, arborait un magnifique sourire alors qu’il me fit signe d’une main de me recoiffer, ce que je fis vivement. 

-       Vos gueules, leur ordonnai-je alors que je me saisissais d’une flute de champagne.  

-       Monsieur Malefoy, raisonna soudainement la voix trainante de Rogue derrière moi, me glaçant le sang, puis-je vous voir un instant ? 

Je me retournai vers lui, soudainement bien plus tendu à nouveau. Si Rogue voulait me parler, c’était à propos de ce que nous devions faire pour le Seigneur des Ténèbres. Et cela n’inaugurait jamais, absolument jamais rien de bon. 

-       Il n’y en a aura pas pour longtemps, assura-t-il alors. 

J’acquiesçai, puisque je n’avais pas vraiment d’autre choix, et nous croisions Granger qui sortait de derrière le rideau alors que je le retraversais en bien moins charmante compagnie. Il isola notre conversation d’un coup de baguette et son regard devint grave quand il m’avertit : 

-       Les bavardages ambiants qui animent le château dernièrement sont parvenus jusqu’à mes propres oreilles, Monsieur Malefoy, déclara-t-il alors que mon cœur cessa de battre. Que ces rumeurs soient vraies ou non, continua-t-il plus bas, je m’appliquerai à les faire taire si j’étais vous, avant qu’elles ne trouvent leur chemin jusqu’au Seigneur des Ténèbres qui se ferait un malin plaisir, vous n’en doutez pas, d’assassiner Miss Granger. 

-       Je… 

-       … Faites-les taire, insista-t-il gravement en appuyant chaque mot. 

Et il partit sans plus de discussion, l’ombre de sa cape trainant derrière lui laissant flotter l’incertitude de ses réelles motivations parmi les rangs du Seigneur des Ténèbres. 


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Liv 

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