Le cycle de la lune bleue

- Tenez-lui la tête. Prenez garde au chambranle ! Il ne manquerait plus que nous lui occasionnions une ecchymose…

- Attention à sa cheville ! son pied accroche le coin du battant… 

- Déposez-là sur le sol. Là… doucement… Allongez-la sur le dos et repliez-lui les jambes, que la porte puisse se refermer.

- Combien de temps va-t-elle rester endormie ?

- Le temps qu’il faudra ! intervint sèchement l’homme qui supportait le corps inerte.

- Êtes-vous certains de vouloir le faire ? osa une voix féminine.

- Le processus doit s’accomplir indépendamment de notre volonté ou de nos désirs, Norah, répliqua l’homme. C’est un devoir, que nous avons accepté lorsque nous l’avons recueillie. Tu savais bien que ce jour arriverait… ajouta-t-il plus doucement. 

- Mais ne pouvons-nous pas attendre encore un peu… ? 

- Non Norah. Ils l’ont retrouvée, ils ont déjà tenté de l’enlever ; ils recommenceront inlassablement car ils ne renonceront jamais à elle. Ils n’abandonneront pas, Norah, et leurs recherches les mèneront assidûment jusqu’à elle… Nous ne pouvons attendre la date initialement prévue, nous devons le faire maintenant !

A ces mots, l’homme actionna un levier et une porte en verre coulissa dans un mouvement circulaire, se refermant sur le corps allongé. Ne pouvant retenir ses larmes plus longtemps, Norah se précipita sur le sas clos et posa ses mains sur la vitre, le visage ravagé par le chagrin. Les autres membres du groupe s’écartèrent prudemment et l’homme prit Norah dans ses bras, l’arrachant à sa douleur, tandis qu’un tourbillon nébuleux enveloppait lentement le corps endormi jusqu’à le recouvrir entièrement.