L'Ecrin des illusions

Chapitre 24 : Reflets du futur

4632 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/04/2024 15:41

De retour à la salle commune, Hazel se retrouva happée par le flot de questions posées par ses camarades. Ils l'entraînèrent jusqu'à la cheminée où Charlie, perché sur un fauteuil, racontait leur aventure à grand renfort de gestes et de mimiques horrifiées. Jonathan et Sofia participaient à ce récit en y apportant quelques précisions. Hazel esquissa un sourire amusé à la vue de ses amis qui se retrouvaient, bien malgré eux, le centre de l'attention générale.

- Il paraît que McGo' a été impressionnée par ton sortilège d'agrandissement, déclara Bill en lui donnant un coup de coude amical.

- Je n'aurais jamais réussi sans l'aide de mes amis, confia la jeune sorcière d'un ton éteint.

L'aîné des Weasley lui décrocha un regard inquiet. Son instinct de grand frère lui disait que quelque chose troublait la jeune fille. Il se pencha vers elle et lui chuchota avec gentillesse :

- Si tu as un problème, tu peux nous en parler... C'est à propos de ta punition ? Tu as pris plus cher que les autres ? Ou alors, c'est Rogue... Selon Charlie, il faisait le pied de grue devant le bureau de Dumbledore et avait un air encore plus terrifiant que d'habitude.


Hazel se mordit les lèvres pour ne pas fondre en sanglots colériques. Les mots du maître des potions lui brûlaient encore le cœur et l'esprit. Elle porta la main à sa poitrine, elle pouvait presque sentir palpiter le petit fil rouge sous l'effet de sa tristesse et de sa rage. Elle replia ses doigts contre son cœur, le petit fil invisible se noua autour de ses doigts tremblants. Elle était rassurée de voir que ce fil était encore là, bien présent en dépit de sa faiblesse. Ce lien faisait tout de même partie d'elle !


Elle rassura son camarade et prétextant la fatigue, s'éclipsa dans le couloir conduisant aux salles de bain. Elle se lava en vitesse et se rendit dans son dortoir. Une fois vêtue de son pyjama, elle se glissa dans ses draps et observa à loisir, le petit rubis retrouvé sur Violet. Elle ouvrit le tiroir de sa table de chevet, en tira l'écrin et le déposa sur le couvercle ; comme elle s'y attendait, rien ne se produisit. Sans le bijou complet, le coffret, objet de tant de convoitises, resterait clos. Elle rangea le coffret et le rubis dans le collant qu'elle dissimula dans le tiroir, sous des chaussettes et d'autres bricoles sans importance. Elle ramena la couverture sur sa tête, se recroquevilla sur elle-même, ses bras serrant la Chose qui avait perdu son parfum de noisette.


Une odeur de rose vint lui chatouiller les narines. Agacée par cet entêtant parfum, Hazel ouvrit les yeux. Elle se trouvait à présent dans les grands escaliers de l'école. Elle baissa la tête et constata qu'elle portait une tenue qu'elle ne connaissait pas : une ample jupe dotée de multiples poches, un pull élimé et son manteau devenu plus grand et râpeux. Elle tendit ses mains devant elle, des mains qui, tout en étant toujours aussi potelées, lui paraissaient plus grandes. Elle avait, cette fois-ci, tous ses doigts et découvrit que même devenue adulte, elle se rongeait toujours les ongles, ses pauvres ongles malpropres et tachés. Quelques entailles et croûtes marquaient sa peau, à croire qu'elle prenait fort peu soin d'elle ! Elle ramena sa tresse mal coiffée sur son épaule droite et se mit à contempler les alentours : l'ambiance de ce Poudlard-ci lui semblait beaucoup moins mortifère que sa précédente vision ! Les tableaux ornant les murs étaient décorés de branches de houx et les personnages allaient et venaient entre les différentes peintures en un joyeux désordre.

Des voix se firent entendre, Hazel s'écarta pour laisser passer un trio de jeunes sorciers qui semblaient avoir le même âge que ses amis et elle. Le grand dadais aux cheveux roux lui rappelait Bill et elle devina très rapidement, à la vue de sa flamboyante chevelure et de ses grands pieds, qu'elle se trouvait en présence d'un Weasley. D'ailleurs, il semblait partager avec Charlie, un goût certain pour la nourriture servie à l'école, car il se pourléchait les babines en vantant l'onctuosité de la tarte à la mélasse servie au cours du dîner. Ses deux camarades, une demoiselle aux cheveux ébouriffés et un frêle garçon aux cheveux noirs en bataille, échangèrent un regard amusé. Le garçon s'immobilisa et pivota sur ses talons. Il était si près de Hazel qu'elle put contempler ses traits avec attention. Elle fut troublée par la couleur de ses yeux, pareille à la sienne ! Il se mit à renifler dans les airs, à la recherche d'une odeur, finit par secouer la tête et rejoignit ses amis qui l'attendaient quelques marches plus loin. Hazel fut tentée de les suivre afin d'en apprendre davantage sur eux, lorsqu'elle entendit la demoiselle évoquer le devoir donné le matin même par Rogue. Un devoir particulièrement difficile, à en croire les plaintes de la jeune élève de Gryffondor.


Elle les laissa s'éloigner à regret et descendit les escaliers. En chemin, elle croisa la route de Peeves, en grande conversation avec des jumeaux qu'elle reconnut de suite : Fred et George Weasley ! Elle se trouvait bien dans un Poudlard du futur... Le rouquin croisé quelques minutes plus tôt devait être « Ronnie », le dernier frère de la fratrie. Hazel vit avec amusement les jumeaux échanger des pièces contre des pétards. Les deux frères n'avaient rien perdu de leur espièglerie et de leur malice ! Peeves tendit la main pour recevoir l'argent quand il tourna la tête vers Hazel. Il leva le nez en l'air, guettant une odeur familière.

- Hazel Evans, chuchota l'esprit frappeur d'un ton menaçant.

Elle se recula de quelques pas, les jumeaux échangèrent un regard perplexe.

- Ah non ! s'écria Fred, nous c'est George et Fred. N'essaye pas de nous berner, mon vieux ! Il manque trois pétards. Ce vieux Rusard nous en a confisqués une petite dizaine !

Peeves secoua sa grosse tête couverte d'un bonnet à grelots répugnant et reprit ses négociations douteuses avec les frères Weasley.


Peu désireuse de susciter l'attention du maudit esprit frappeur, Hazel s'éloigna et accéléra le pas afin d'échapper à ses coups d'œil soupçonneux. Elle se mêla à un petit groupe de Serpentard mené par un blondinet hautain.

- Potter est un crétin, déclara le fier Serpentard en levant le nez en l'air. Heureusement que Rogue voit clair dans son jeu de petit Survivant déphasé. Il ne l'a pas loupé lors du dernier cours ! Bien fait pour cet idiot et ce clochard de Weasley !

Les deux colosses encadrant le petit être suintant d'arrogance l'approuvèrent d'un ricanement s'apparentant aux cris d'un gorille. Hazel se surprit à éprouver une profonde antipathie pour le petit groupe et en particulier pour le garçon aux cheveux gominés. L'un des deux bêtas cessa de rire et fronça les narines, accentuant sa ressemblance avec un Yéti.

- Ça pue la rose, vous ne trouvez pas ?

- Ça doit être le nouveau parfum de Parkinson, répliqua le petit blond, c'est clair qu'il ne peut pas s'agir de ton odeur.

Le petit groupe se mit à rire aux dépens du colosse qui, indifférent à cette pique, joignit bien volontiers son rire à celui de ses amis. Une fille à la silhouette de troll surmontée d'une tête de carlin riait de façon plus prononcée, en poussant des cris suraigus.


Hazel s'empressa de se séparer du petit groupe et s'engouffra dans le couloir menant à la salle des potions. En passant près de la salle commune des Serpentard, elle remarqua l'absence du tableau représentant Hurle-au-Vent... Elle fut quelque peu étonnée par cette découverte, mais se dit que Dumbledore avait sans doute apporté quelques changements au château au fil du temps.

Face à la porte menant à la salle de classe de Rogue, elle hésita. Comment allait-elle trouver le terrifiant occupant des lieux ? Allait-il sentir sa présence ? Après tout, ils étaient liés l'un à l'autre par ce maudit pacte et il semblait lire en elle comme un livre ouvert, alors qu'elle, ne parvenait pas à déchiffrer ses pensées. Elle osa pénétrer dans les cachots obscurs et retrouva cette odeur familière, à la fois fétide et moisie. Comment pouvait-il supporter pareille ambiance ? Cela dépassait l'entendement ! Hazel jeta un regard à la table qu'elle occupait dans son présent, avec ses amis. Qui aurait pu croire que Seren et Misty seraient devenus ses amis ? Elle espérait que dans cet avenir, dans ce Poudlard beaucoup plus réjouissant, leur amitié ne soit pas brisée pour une quelconque raison ...


Un ronflement, à peine perceptible, la tira de ses pensées. Elle releva la tête et aperçut Rogue endormi à son bureau, la tête reposant sur son paquet de copies barbouillées d' annotations rouges. Ses cheveux, d'une saleté repoussante, retombaient en désordre sur son front creusé par une ride profonde et son teint était encore plus cireux qu'à l'accoutumée. Oubliant sa colère envers lui, Hazel s'approcha à pas de loup. Il s'agissait bien du maître des potions, toujours aussi sinistre, avec quelques années de plus. Elle se pencha vers la copie qu'il corrigeait, une copie portant le nom de Harry Potter et frappée d'un « Piètre » rageur.La jeune fille se saisit de la plume tenue par les doigts endormis, la plongea dans l'encre rouge et d'un geste malicieux, octroya une paire d'oreilles à la lettre infamantqu'elle changea en une petite bestiole riante. Son méfait accompli, elle jeta un rapide coup d'œil aux copies corrigées. Le petit frère de Bill et Charlie, aussi doué que ce dernier en la matière, s'était vu infliger un « Désolant » assorti de commentaires bien vachards ; une seule copie, ornée d'un « Acceptable » sortait du lot : celle d'une jeune élève nommée Hermione Granger. La sorcière en question devait être très douée pour obtenir une telle note de la part du terrible professeur !


Un grognement incompréhensible la détacha des copies couvertes d'encre rouge. Elle se tourna vers le maître des potions et s'appuya sur ses coudes afin de mieux l'observer : il paraissait beaucoup moins terrifiant quand il dormait ! Il était toujours aussi laid, mais sa laideur n'avait plus rien de menaçant. Il grommela quelques mots dans son sommeil avant d'esquisser un rictus qui, sur une toute autre personne, on aurait pu appeler un sourire. Hazel s'amusa à souffler sur les mèches graisseuses afin de dégager son front plissé par cette colère perpétuelle. Avait-il réussi à rompre le lien les unissant l'un à l'autre, s'était-il enfin débarrassé de cette « corvée » qu'elle représentait à ses yeux ? Quelle place occupait-elle dans son avenir ? Avait-il tiré un trait sur son existence, comme il le faisait sans nul remord, sur les copies de ses élèves ?


Elle lui murmura un « adieu », devinant que la Hazel qu'elle deviendrait n'aurait plus aucun lien avec lui, et sortit des cachots. Allait-elle finalement se réveiller et quitter cette vision bien étrange ? Morphée n'en avait cependant pas fini avec elle et, poussée par sa maudite curiosité, elle se mit à errer dans les couloirs à présent déserts. Miss Teigne, plus vieille et toujours aussi décharnée, lui frôla les chevilles, mais ne parut pas remarquer sa présence.


La jeune fille, devenue jeune femme dans cet univers onirique, prenait plaisir à arpenter les couloirs de l'école endormie. Elle pourrait sans doute raconter ce rêve à ses amis. Elle vit Mrs. Pince sortir de la bibliothèque, lisant un numéro de Sorcière - Hebdo, en gloussant de plaisir. Hazel remarqua qu'il s'agissait d'un hors-série consacré à un éminent sorcier nommé Gilderoy Lockhart. La bibliothécaire s'éclipsa en poussant des soupirs énamourés, dignes d'une élève de sixième année s'attirant les faveurs d'un camarade populaire de septième année !


En passant devant une fenêtre, Hazel ne put résister à l'envie de s'y accouder afin de contempler les horizons. Elle distingua, à l'orée de la forêt interdite, une fumée s'élevant dans les airs. Elle devina qu'il s'agissait de la cabane de Hagrid. Qu'il était bon de savoir que certaines choses n'avaient pas changé dans sa chère école ! Elle ferma les yeux, laissant les rayons de la lune caresser son visage. Elle s'apprêtait à se diriger vers la salle de métamorphose, espérant apercevoir McGonagall, quand un pleur d'enfant l'attira vers une porte qu'elle ne connaissait pas.


Elle l'ouvrit avec précaution et se retrouva dans une petite pièce, une ancienne salle de classe inoccupée. Un grand miroir identique se dressait devant elle. Comprenant que les pleurs provenaient du miroir, Hazel s'en approcha. Elle lut la curieuse inscription gravée dans les deux miroirs : Riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej. Elle ne vit d'abord que son propre reflet, à peine perceptible dans un nuage de brume. Le brouillard s'écarta, laissant place à une silhouette inconnue : celle d'un enfant aux yeux sombres. Hazel s'agenouilla et caressa le verre froid du bout des doigts. Le petit garçon tendit la main vers elle et répondit à son geste, en posant sa paume contre le miroir. Elle voulait se saisir de cet enfant et le serrer contre elle. Sa main traversa le miroir et vint effleurer les petits doigts du garçonnet. Il leva la tête et elle fut émue par la profondeur de son regard. Elle voulait le protéger des ombres l'entourant. Sa main traversa le verre et les doigts du garçonnet s'agrippèrent aux siens. Un bruit de fêlure résonna autour d'eux et le miroir explosa en plusieurs morceaux.


- Hazel, Hazel, réveille-toi !


Hazel se redressa avec vivacité, le corps poisseux de sueur. Sofia s'écarta, Judy ramassa la couverture tombée par terre. Alice et Johanne la fixaient avec appréhension, le visage marqué de sommeil. Hazel porta la main à son cœur cognant à tout rompre. L'odeur de rose s'estompait peu à peu et les images de ce curieux songe ne furent bientôt qu'un vague souvenir, bien confus. Sofia prit place à côté de son amie et l'enveloppa de ses bras :

- Un cauchemar ? Tu as rêvé du dragon ? De Hyde ?

- Ce n'était pas...


La jeune sorcière suspendit sa phrase. Elle venait d'apercevoir, perchée sur le pilier de son lit, une petite fée lumineuse. La petite créature battit des ailes pour se maintenir en équilibre et se dissimulait derrière le pli du rideau entourant le lit à baldaquins. Hazel poussa un cri rageur, se libéra de l'étreinte de Sofia et grimpa sur le matelas, bien décidée à mettre la main sur la maudite fée ! La créature, comprenant qu'elle venait d'être découverte, s'envola.


- Johanne, cria Hazel en en lançant à sa poursuite, ferme la porte !


Stupéfaite, la jeune fille sortit de son lit et verrouilla la porte du dortoir. Les camarades de Hazel remarquèrent la présence de la petite fée et se mirent à la pourchasser, sans se soucier du tapage provoqué. La petite fée ne se laisserait pas attraper aussi facilement ! Les tables de chevet et les sacs de cours furent renversés, le rideau du lit d'Alice fut arraché et la chambre des cinq Gryffondor se mit à rassembler à un vrai champ de bataille ! Après une bonne heure de course poursuite, Dinah, le chat d'Alice, se joignit à cette chasse, sauta sur la petite fée et lui croqua un bout d'aile. La petite créature poussa un couinement ; fier de son exploit, le gros matou vint porter sa proie à sa maîtresse. Alice ne voulut pas toucher la créature, laissant Hazel s'en charger. Elle ôta sa chaussette droite et, sans se soucier des cris rageurs lancés par la fée, l'y emprisonna. La petite fée s'agita encore quelques instants, répandant une forte odeur de rose, avant de se calmer. Les cinq filles, essoufflées par cette course, n'avaient plus sommeil et s'assirent en cercle sur le tapis.


- D'où peut-elle bien venir ? s'enquit Alice tout en flattant la brave Dinah.

- Tu crois que c'est la fée du robinet ? demanda Judy à Hazel.

La jeune fille acquiesça et leur révéla qu'elle avait eu l'occasion de prendre un bain dans la treizième salle de bain. Elle leur confia qu'elle ne gardait de cet instant, que de vagues images et surtout, le souvenir d'une forte odeur de rose. Elle leur avoua que son rêve s'apparentait davantage à une vision qu'à un véritable songe... Sofia parut intriguée par ses révélations.

- Des images de ton avenir ? Et qu'as-tu vu ?

- Je...

Hazel massa ses tempes endolories : elle se souvenait de quelques détails, du trio complice, des paroles acerbes du Serpentard blond et de son maître des potions endormi. Elle se rappelait du miroir mais était bien incapable de dire ce qu'elle y avait vu, mis à part son propre reflet de femme adulte.

- Poudlard dans le futur, murmura-t-elle. Il y avait un petit Serpentard désagréable et j'ai cru voir le petit frère de Charlie. Ah, et j'ai aussi vu une copie appartenant à Harry Potter, il sera aussi doué que nous en potions !

- Si tu as vu Poudlard, est-ce que ça veut dire que tu deviendras professeur ? Tu crois que tu remplaceras McGonagall ?

- Je ne pense pas atteindre un jour, le niveau de McGonagall! Et elle ne prendra pas sa retraite de sitôt !


Au grand soulagement de Hazel, la conversation nocturne dévia sur les espoirs d'avenir de ses camarades. Chacune confia ses projets et ses rêves : Judy rêvait de voyager et de devenir une journaliste aussi célèbre et reconnue que Rita Skeeter ; Alice désirait se contenter d'une vie simple et retirée dans un petit cottage et vendre des plantes magiques. Johanne n'avait aucune idée sur son avenir, préférant se laisser guider par l'existence ; Sofia elle, voulait se perfectionner dans les sortilèges afin de devenir une grande sorcière. Hazel lança un regard à la chaussette qu'elle tenait à la main. Quand vint son tour de se confier, elle répondit qu'elle voulait, comme sa mère, concevoir des artefacts magiques. La discussion s'éteignit d'elle-même et après avoir rangé le dortoir, les camarades de Hazel retournèrent se coucher. La jeune fille veilla le reste de la nuit sur la petite fée emprisonnée.



À l'aube, alors qu'elle aurait pu dormir plus longtemps et profiter de son début de week-end, Hazel s'habilla de vêtements chauds, fourra la chaussette dans la poche de son manteau et quitta la tour Gryffondor. Elle comptait bien demander des explications au professeur Brûlepot au sujet de la petite fée. Qui sait, il parviendrait peut-être à la faire parler et à lui soutirer des informations importantes. Sans compter qu'elle avait envie de revoir Norbert ! Alors qu'elle s'apprêtait à frapper à la porte de la petite cabane jouxtant la réserve magique, elle fut interpellée par Seren. Le Serpentard, comme à son habitude, profitait du samedi pour venir en aide au professeur Brûlepot et passer le plus de temps possible en compagnie des créatures fantastiques.

- Hazel !

Elle se retourna. Son ami la rejoignit, les bras encombrés de grosses couvertures en laine. Il lui décrocha un sourire chaleureux.

- Tu viens m'aider à protéger les Veracrasses du froid ?

- Je voulais surtout poser quelques questions au professeur Brûlepot, mais les Veracrasses me conviennent bien également.


Elle déchargea Seren de quelques couvertures et laissa son ami frapper à la porte de la petite cabane. Le sorcier ouvrit la porte avec lenteur. Il lissa sa moustache à l'aide de son crochet et parut déçu de voir les deux élèves. Sa maussaderie ne dura pas et il retrouva bien vite un sourire affable.

- Mr. Wilde, Miss Evans, je vous prie, entrez.


Les deux élèves s'exécutèrent et pénétrèrent dans la cabane. Une forte odeur régnait en maître dans les lieux. À l'instar de Hagrid, le professeur Brûlepot vivait chichement, se contentant d'une modeste cheminée, d'une table entourée de quatre tabourets et d'un lit mité abandonné au fond de l'unique pièce composant son habitation. Des peaux de serpent accrochées au plafond séchaient non loin de la cheminée. Hazel prit place sur le tabouret face à Seren, tandis que le professeur Brûlepot leur donnait quelques nouvelles de Norbert. Le petit Niffleur était devenu le chef du petit groupe et avait réussi à se lier avec une petite femelle. Brûlepot espérait bien quelques naissances au printemps prochain !


- Miss Evans, avez-vous déjà eu l'occasion d'approcher des Veracrasses ? Ce sont des créatures bien plus passionnantes qu'il n'y paraît au premier abord.

- Je dois avouer que non, professeur... En parlant de créature magique...

Elle sortit la chaussette de son manteau et sous les regards ébahis de Seren et de Brûlepot, libéra la petite fée. Celle-ci s'envola en poussant des cris furieux et d'un geste rancunier, gratifia Hazel d'un soufflet bien mérité, avant de se percher sur la théière sale posée sur la table. Brûlepot se pencha vers la petite fée.

- D'où vient-elle, Miss Evans ?


Hazel lui avoua qu'elle avait surpris la petite créature dans sa chambre et qu'elle la soupçonnait d'être la fée du robinet hantant la treizième salle de bain de la tour Gryffondor. Seren contemplait la petite créature, se grattant la tête avec perplexité. Brûlepot lui, se laissa tomber sur un tabouret afin de mieux observer la petite créature. Hazel confia quelques bribes de son rêve passé, en insistant sur l'odeur de rose accompagnant cette vision nocturne. Elle finit par tourner vers le professeur, penaude :

- Pourriez-vous lui présenter mes excuses pour son aile ?

Brûlepot examina la blessure de la petite créature et la rassura d'un sourire bienveillant.

- Elle pourra s'en remettre.

Il se mit à pousser des petits cris aigus, semblables à ceux d'un écureuil auxquels répondit bien volontiers la petite fée. Une conversation s'engagea entre le sorcier et la créature. Seren se pencha vers son amie :

- Entre la fée et ta rencontre avec un dragon, tu as bien des choses à me raconter !


Hazel esquissa un sourire incertain avant de reporter son attention sur la mystérieuse conversation dont elle ne comprenait pas un traître mot ! Au bout de quelques instants, Brûlepot se leva, la petite fée, visiblement sous son charme, se percha sur son épaule et se mit à minauder tout en jouant avec sa moustache.

- Miss Evans, Mr. Wilde, déclara Brûlepot avec gravité, je vous laisse vous occuper de mes Veracrasses. N'oubliez pas de les couvrir avec soin.


Il décrocha un curieux regard à Hazel. Il parut sur le point de lui donner un dernier conseil, se ravisa; sortit de la cabane et prit la direction du château. Les deux compères se rendirent dans l'enclos où s'ébattaient les Veracrasses. Il fut plutôt aisé d'enfiler les couvertures à ces créatures placides. Au grand étonnement de Hazel, Seren les appelait par leur nom et était capable de les distinguer les unes des autres, alors que pour la jeune sorcière, les larves se ressemblaient toutes.


Une fois la cabane des Veracrasses nettoyée et leur mangeoire remplie, les deux amis s'assirent sur une barrière et en profitèrent pour souffler un peu, avant de se rendre à l'enclos des Niffleurs. Pressée de questions par Seren, Hazel lui raconta tout de son aventure au cœur de Pompéi et lui fit part de ses soupçons envers Jekyll. Seren la dévisageait, la bouche grande ouverte. À la fin de son récit, il confessa qu'il aurait bien aimé être de la partie ! Il lui donna quelques nouvelles de Violet, glanées par Misty : la jeune Serdaigle avait bu une potion de sommeil et avait fini par se réveiller, elle n'avait aucun souvenir de cette aventure. Hazel était soulagée d'apprendre que sa camarade ne garderait pas de séquelles de cette expérience.


Un silence s'installa entre eux, Seren se mit à siffloter une petite comptine tout en contemplant les Veracrasses. Hazel se rapprocha de lui.

- Seren ?

- Je t'écoute, Hazel.

- Que sais-tu à propos d'un pacte magique ? Je n'arrive pas à avoir d'informations très claires...

Seren s'appuya sur la pelle qu'il tenait à la main et parut réfléchir quelques instants. L'inquiétude se peignit sur ses traits et il se tourna vers elle. Hazel sut qu'elle ne pourrait pas obtenir d'informations de sa part, si elle persistait à lui cacher certaines choses.

- Un pacte magique ? Tu veux dire... Le Serment inviolable ?


Hazel secoua la tête : elle s'était renseignée à ce sujet et le sort la liant à Rogue était bien plus puissant que ce Serment ! Elle baissa les yeux et d'une voix faible, tout lui faisant promettre de garder le secret, lui confia tout ce qu'elle gardait en elle depuis des semaines. Seren lui prêta une oreille attentive, sans l'interrompre, sans émettre le moindre jugement. Elle termina en lui révélant quelques images de son songe de la nuit passée. Seren laissa tomber la pelle et posa une main réconfortante sur son épaule.


- Tu parles du Pacte. C'est un sort fait de magie et de sang : comme dirait ma grand-mère, le sang ne fait jamais bon ménage avec la magie. Si je me souviens bien, les deux sorciers liés par ce Pacte partagent à la fois leur passé, leur présent et leur avenir. Tu n'as jamais « vu » de souvenirs appartenant à Rogue ?

- Je crois bien, murmura Hazel en se rappelant du jeune Sirius Black tourmentant un adolescent qui était sans nul doute, le maître des potions.

- En ce qui concerne le présent, je suppose qu'il doit savoir quand tu te trouves en danger, ce qui explique son attitude quand tu as été sauvée des Strangulots : il a eu peur pour toi. Quant à l'avenir... tu as sans doute vu quelques parcelles du destin qui vous attend...

- Tu crois que ces visions du futur vont se réaliser ?

- Je ne sais pas, Hazel... Si vous parvenez à rompre ce Pacte, alors sans doute que votre destinée changera...


Hazel se mit à jouer avec ses doigts avec nervosité. Elle porta son pouce à ses lèvres et y planta ses dents afin de tromper son inquiétude. Le Serpentard lui pressa les doigts avec affection et lui promit d'écrire une lettre à sa grand-mère maternelle afin de lui demander des renseignements sur ce mystérieux Pacte. Il la rassura en disant qu'il garderait son secret et qu'elle finirait bien par rompre ce Pacte, source de peur et de confusion. Hazel leva les yeux vers son ami et son sourire suffit à la rassurer.

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