Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 15 : I Meurtre à Beauxbâtons

3106 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:16


LE

CORBEAU

 

LIVRE II

 

Sang de Dragon

 

 

           CHAPITRE I : MEURTRE A BEAUXBÂTONS

 

           Des couloirs de marbres bleus. Des lustres dorés au plafond, éteins à cette heure tardive. Des tableaux dont les personnages dorment, certains ronflant. Rien ne bouge à cette heure ci. La nuit est claire. Une nuit de printemps. Soudain, les personnages des tableaux s’agitent. Des bruits de pas les ont réveillés, des bruits de pas pressés. Quelqu’un qui court. Un homme suant sous sa robe de sorcier bleue, le visage apeuré. Le couloir tournait à gauche. Mais tout d’un coup, un mur surgit et ferma le couloir. Le fuyard frappa le mur de dépit. Il savait qu’il était fini. Il sentit une présence dans son dos.

           Un autre homme s’approchait. Il tenait une baguette magique dans sa main. La sueur chaude qui coulait jusqu’à maintenant sur le corps du fuyard fut remplacer par de la froide. La sueur de la peur.

« Je t’avais dit que s’était inutile, dit le poursuivant visiblement satisfait.

-Je ne dirai rien, promit le fuyard paniqué. Je te le promets. Je ne dirai rien.

-Un professeur de défense contre les forces du mal qui laisserait le mal agir.

-Tu n’es pas le mal.

-Oh que si. Je suis le mal. Le mal incarnée. Tu veux savoir quel est mon but ? Je vais te le dire. Mais c’est un secret. »

Le poursuivant s’approcha du professeur et lui chuchota à l’oreille. Les yeux apeurés du professeur s’écarquillèrent encore plus. Quand le poursuivant s’écarta, ce fut pour lancer un éclair mortel. Le corps s’affaissa sur le marbre azur.

           Il ne fut découvert que le matin par une jeune fille de treize ans qui fit une crise de nerf compréhensible…

 

           Chun Yang-Li était une jeune femme comme les autres. D’origine chinoise, elle était inspecteur de police à la criminelle, le fameux 36 quai des Orfèvres. De l’avis de tous, elle était un excellent élément. Son partenaire, Jacques Mareau, était âgé de plus de cinquante ans. Il considérait Chun comme sa fille. Ce qu’il ignorait, c’est qu’elle avait des liens avec un autre monde depuis quatre mois.

           Chun Yang-Li enquêtait alors sur une série de meurtre de libraire. Des meurtres étranges, les corps ne possédaient aucune marque de violence et ils n’étaient pas morts de crise cardiaque. D’après le légiste, ils avaient l’air d’avoir décidé de mourir. Tout simplement. Un informateur de Chun arrangea un rendez-vous avec quelqu’un qui disait avoir des informations sur ces meurtres. Mais il s’avéra que cet homme était lui-même un des tueurs. Il tenta de tuer Chun et Jacques à l’aide d’un morceau de bois étrange. Ils ne durent leur salut qu’à l’intervention d’un homme tout aussi étrange qui l’élimina. Alors que Jacques ne conservait aucun souvenir de la soirée, Chun se souvenait de tout. Plus tard elle apprit la vérité : ces hommes étaient des sorciers. Ils appartenaient à une communauté secrète vivant parmi les gens normaux ou moldus depuis la nuit des temps. Elle se lia particulièrement avec l’un d’eux, Pierrick Chaldo. Un jeune homme de vingt et un ans au regard sombre cachant un passé plus noir encore. Il était surnommé le Corbeau et ce, pour plusieurs raisons. La principale étant qu’il était un animagus, un sorcier capable de prendre à volonté la forme d’un animal. La seconde était qu’aucun des mages noirs ou mangemorts qu’il avait poursuivi ne lui avait échappé, excepté Malgéus, le maître des mangemorts français. Pierrick travaillait au ministère français de la magie, au Département des Chasseurs, les spécialistes du combat anti-mage noir. Il faisait parti de la section spéciale appelé plus communément section S, les agents de terrain et d’investigation de ce département.

           Chun était tombée amoureuse de Pierrick quasiment dés leur rencontre, mais elle ne s’en rendit compte que lorsqu’elle comprit toute la peine qu’il traînait en son âme. Pierrick avait perdu ses parents lors du massacre de la communauté magique chinoise. Mais surtout il y avait perdu Su, son grand Amour. Chun ignorait quels sentiments ressentaient le chasseur pour elle. Mais elle se promit d’attendre. Elle ne pouvait pas lui demander de mettre de côté son passé comme ça. Elle avait le temps.

           Ce soir, Chun devait dîner avec Pierrick. Elle se montra donc de plus en plus joyeuse à mesure que l’heure de quitter le travail approchait. Jacques le remarqua.

« Et bien, tu as l’air en forme aujourd’hui, dit-il.

-C’est une belle journée, souria t-elle.

-Comment il s’appelle ?

-Qui ?

-Ton petit copain. C’est celui que j’ai vu l’autre jour, n’est-ce pas ? Le grand avec des cheveux noirs ?

-Il s’appelle Pierrick et on n’est pas ensemble.

-Ah bon ? Comment ça se fait avec une jeune femme délicieuse comme toi ? Il ne serait pas un peu… ?

-Non, c’est juste qu’on vient à peine de se rencontrer.

-Je vois. Mais toi t’as déjà l’air bien accro.

-Ça se voit tant que ça ?

-Tu ne peux rien me cacher. Mais il n’est pas un peu jeune ?

-Il a vingt et un ans. J’en ai vingt-trois, ça ne fait pas une grande différence.

-Et qu’est-ce qu’il fait quoi dans la vie ?

-Dis donc, c’est un véritable interrogatoire inspecteur ?

-Je veux juste savoir si tu ne fais pas une erreur.

-Ne t’en fais pas « papa ». D’une certaine manière, on peut dire qu’il fait le même travail que nous. Mais c’est assez compliqué à expliquer.

-Je vois. Et tu le vois ce soir ?

-On va dîner. Je passe le chercher à son travail et on y va.

-C’est toi qui l’a invité ?

-Non, c’est lui.

-Oh, peut-être qu’il veut t’avouer quelque chose, genre que tu lui plais.

-J’espère, mais je ne pense pas, il n’est pas du genre à s’ouvrir aux autres, en particulier en matière de sentiments.

-Il a l’air bizarre. Alors c’est à toi de faire le premier pas.

-Je l’ai déjà fait, mais je crois que je vais devoir en faire un deuxième. J’y vais. A lundi.

-Passe une bonne soirée et un bon week-end. »

 

           Chun prit sa voiture et se dirigea vers Bobigny. Elle se gara à quelques rues d’un bâtiment délabré dont les fenêtres étaient obstruées par des planches. Elle s’approcha d’une ancienne ouverture où devait se trouver une porte autrefois, maintenant remplacé par des planches clouées les unes au dessus des autres horizontalement. Elle vérifia plusieurs fois que la rue était déserte et frappa trois fois la planche la plus basse avec le pied, quatre fois la quatrième en partant du bas, une fois la septième et fini par un dernier coup de pied dans celle du bas. Les planches s’écartèrent sur les côtés pour ouvrir le passage. Elle entra et s’arrêta devant un bureau situé tout de suite à gauche derrière lequel un homme rondouillard semblait s’être réveillé en entendant les coups contre le bois. Il tenait dans sa main une baguette et semblait prêt à s’en servir. Les planches refermèrent le passage.

« Bonjour, fit-il. Avez-vous une autorisation d’entrer ?

-Bonjour, la voila. »

Chun lui montra une simple carte de visite d’un magasin de quincaillerie. Le rondouillard l’examina avec attention et d’un sourire ensommeillé, l’autorisa à entrer.

« Bienvenue au Ministère de la Magie. »

           A chaque fois, Chun était émerveillée. Vu de l’extérieur, le bâtiment paraissait petit et délabré. Mais de l’intérieur, une fois passé l’entrée des visiteurs, c’était somptueux et immense. Le Ministère français de la Magie était haut de plusieurs étages et possédait plusieurs ailes. Les différents services de la vie quotidienne et administrative du monde des sorciers étaient tous réunis ici. Le Ministère français de la Magie s’occupait aussi de la sécurité de sa communauté et était garante du secret de son existence aux yeux des moldus. Peu d’entre eux connaissaient l’existence du monde des sorciers et encore moins savaient où se trouvait le Ministère. Le hall de marbre blanc était encore noir de monde malgré l’heure de fermeture approchant. Les agents d’accueil parurent visiblement fatigués de leur journée. Derrière eux, dominait une statue bleue cristalline représentant un sorcier au regard hautain, sa baguette dressée au dessus de sa tête. Connaissant son chemin, Chun ne s’arrêta pas au bureau d’accueil.

           Au dessus de la porte de l’aile est, un écriteau indiquait les différents services présents dans cette partie.

« Bureau Central de la Police Magique.

Unité d’Intervention de la Police Magique.

Département des Chasseurs.

Département des Oubliators. »

L’aile est était réservée aux services d’ordres et de sécurité. La Police Magique était en tout point la même chose que son homologue moldue, sauf que les criminelles utilisaient la magie. Les Oubliators étaient chargés de garder le secret de l’existence des sorciers aux yeux des moldus. Les experts en sortilège d’amnésie, en dissimulation et en effacement en tout genre. Les Chasseurs étaient les experts du combat anti-mage noir. Ils s’occupaient de contrer et d’arrêter ou d’éliminer les mangemorts. Depuis quelques mois, le plus grand mage noir qui n’ait jamais vécu disparut dans des circonstances mystérieuses. Ses fidèles déstabilisés ne surent pas exactement quoi faire. Certains dirent qu’ils avaient été obligés d’agir ainsi sous la menace ou sous le sortilège de l’Imperium, le sort du contrôle absolu. D’autres furent arrêtés et envoyés à Fortran, la prison française des sorciers. Mais d’autres continuaient leurs activités, espérant le retour de leur maître : le terrible Lord Voldemort. La plupart de ces derniers s’étaient ralliés à un mage noir d’une puissance terrible surnommé souvent le Voldemort français : Malgéus.

Le Département des Chasseurs occupaient la totalité du premier étage de l’aile est. Au demi palier de l’escalier de marbre noir, le mur était orné du symbole des Chasseurs : une baguette et une épée croisée autour desquelles trois dragons enflammés, représentant les trois sections du département, tournoyaient réellement.

Chun s’arrêta devant le bureau d’accueil du Département des Chasseurs situé immédiatement en haut de l’escalier sur la gauche. Un vieux sorcier au crâne dégarni et au regard bienveillant accueillit Chun.

« Mademoiselle Yang-Li, bonsoir. Comment allez-vous ?

-Bonsoir monsieur Filipelli. Je vais bien et vous ? Toujours la forme à ce que je vois.

-Aussi bien que peut l’être un vieil homme.

-Vous me faîtes penser à mon partenaire. Vous êtes âgés mais pas vieux.

-Si le temps pouvait être d’accord avec vous. Vous venez chercher Chaldo ?

-Oui, on va dîner. S’il n’y a pas encore une intervention. »

Filipelli eut un sourire légèrement tendu. Chun lui jeta un regard teinté d’une légère déception.

« Ne me dîtes pas que…

-Il y a eut un meurtre à Beauxbâtons, informa Filipelli. On ne sait pas si ce sont les mages noirs ou non. Ils attendent le rapport de la Police Magique.

-Beauxbâtons ? C’est l’école de sorcellerie, n’est-ce pas ?

-Oui. Un lieu sous haute protection en toute période. Sûrement l’endroit le mieux protégé de la communauté magique française. Un professeur a été assassiné. Je ne connais pas les détails mais il semblerait qu’il s’agisse du professeur de défense contre les forces du mal. Allez-y. Vous voulez toujours en apprendre plus sur notre monde. »

Chun lui souria une dernière fois et s’engagea dans le couloir du Département des Chasseurs.

           Le couloir situé dans le prolongement de l’escalier était bordé de porte de chaque côté. Une pancarte indiquait :

« Section Action Intervention. »

Le dragon bleu du sigle. Des sorciers experts en magie de combat travaillant en équipe de cinq. La plupart des Chasseurs commençaient par cette section.

           Arrivée au bout du couloir, Chun jeta un coup d’œil à droite. L’écriteau indiquait :

« Section Investigation Recherche Interrogatoire Analyse. »

Le dragon rouge. Cette section était l’équivalent de la police scientifique moldue. Les chasseurs de cette section travaillaient régulièrement avec les membres de la dernière section.

           Chun prit l’autre couloir. Celui dont l’écriteau indiquait :

« Section Spéciale.

Bureau du chef de Département. »

La section S. Le dragon noir. Une section formée des meilleurs personnels des Chasseurs. Des sorciers excellents combattants et enquêteurs, et pouvant agir en solitaire pour résoudre les affaires les plus complexes. Ses membres étaient sélectionnés suivant des critères très rigoureux parmi les section AI et IRIA.

           Chun entra dans la salle occupée par les bureaux de la section S. L’homme qui se tenait derrière le bureau vers lequel elle se dirigea était un peu plus jeune qu’elle. Il avait des cheveux courts et noirs. Ses yeux étaient tout aussi sombres. Lorsqu’elle le vit, le cœur de Chun se mit à battre un peu plus vite. Il l’accueillit d’un sourire léger mais sincère.

           Chun aimait voir sourire Pierrick. Lorsqu’elle l’avait rencontré, quatre mois plus tôt, il ne parlait que rarement. Il était terré dans une peine insondable. Il lui avait raconté pourquoi il ne lui avait pas effacé la mémoire. Elle lui rappelait son grand Amour, Su. Une jeune fille qui fut tué dans ses bras lors du massacre des sorciers de 1978 en Chine. Chun était son portrait craché. La présence de Chun avait allégé sa peine. Mais Chun était consciente qu’une note de tristesse subsisterait toujours au fond de ses yeux.

           Pierrick se leva pour l’accueillir. Lorsqu’il s’approcha d’elle, la jeune femme eut l’espoir qu’il lui dépose un baiser sur ses lèvres mais il se contenta d’une bise sur la joue. Elle ne montra pas sa déception et lui souria.

« Tu as fini ta journée ? demanda t-elle.

-Pas sûr. Il y a eu un meurtre.

-Filipelli me l’a dit. A Beauxbâtons, n’est-ce pas ?

-Oui. On attend le rapport de la Police Magique. Espérons qu’ils ne nous cachent rien. »

Pierrick faisait allusion à Dakus, le chef de la Police Magique, et ses hommes. Depuis la nomination d’Erwan Riliam au poste de Ministre de la Magie, la Police Magique a vu ses pouvoirs légaux augmentés, les mettant régulièrement en conflit juridictionnel (et parfois physique) avec les Chasseurs. Dakus avait été un chasseur de la section S. Son penchant pour la violence menant généralement à la mort lui valut le surnom de « bouffeur de cadavre ». Surnom qui s’étendit à tous les membres de la Police Magique visiblement d’accord avec lui. Erwan Riliam, dit « le Sanglier », est devenu ministre de la magie en exploitant la peur de sa communauté envers les Mangemorts. Il voulut mettre Dakus à la tête des Chasseurs mais ces derniers menacèrent de démissionner tous. Riliam fut donc obligé de conserver Maldieu à son poste pour ne pas être en porte à faux vis-à-vis de son peuple.

Un homme s’approcha. Il avait des cheveux blonds un peu plus longs que ceux de Pierrick et des yeux verts. Il s’agissait de Jonas Marus, un autre membre de la section S. Il fit la bise à Chun pour la saluer.

« Comment allez-vous Chun ?

-Bien et vous Jonas ?

-Bien, à part que ma femme va me tuer si je ne rentre pas ce soir. Ses parents sont venus passer quelques jours de vacances à la maison. On va le savoir tout de suite.

-On a le rapport ? demanda Pierrick.

-Dakus est venu lui-même. Je crois qu’il veut encore essayer de nous embrouiller pour avoir la main mise sur l’affaire. Mais si ça ne concernait pas notre département alors il ne serait pas venu. Réunion avec les chefs de section, toi et moi.

-Tu peux m’attendre ici, dit Pierrick à Chun. Si c’est trop long, j’essayerais de venir te le dire. On remettra notre dîner à une autre fois.

-A tout à l’heure, fit Chun. »

 

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