Ses yeux verts

Chapitre 16 : Chapitre seizième - Punition pour robe bleue

2335 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:21

Vêtue d'une élégante robe bleu, Ingrid accorde un dernier regard à sa coiffure dans le miroir de la salle de bain qu'elle partage avec ses amies.  Son maquillage est discret. Juste un peu de poudre et de mascara. Sa coiffure est un simple chignon négligé, qui donne l'impression d'une certaine élégance, sans trop d'effort. Ingrid est heureuse du résultat. Beaucoup moins de l'occasion pour laquelle elle prend tend de soin à se faire jolie. Mais soit. Avec un soupir, la jeune femme quitte la contemplation de son miroir - regrettant que ce dernier ne puisse pas l'attraper et l'emprisonner quelques heures dans son monde, assez pour qu'elle puisse éviter de se rendre à cette soirée - et gagne la chambre pour prendre son sac. Ses amies ne sont pas là, elles sont déjà parties à la grande salle. Elles sont en avance apparemment. Soit. Elle aurait bien aimé avoir leur avis sur sa tenue - encore une fois - qu'elle espère être bien, en accord avec l'occasion. Pourtant, elles lui ont déjà dit qu'elle est belle et tout en simplicité dans cette robe. Mais la sorcière ne s'en convainc pas. Elle a l'impression d'en avoir trop fait.

 

La demoiselle arrive bientôt devant les grands escaliers menant au hall d'entrée. De la grande salle s'échappe un brouhaha sonore. Poussant un soupir la rouquine entreprend la descente, à regret. Elle n'a pas le temps de faire trois pas que son regard croise celui du professeur Rogue qui sort de la grande salle. Tout deux reste figés, se regardant. Rogue déglutit devant le spectacle, plus ou moins discrètement mais par chance pour lui, Ingrid ne le remarque pas. Diable, qu'elle ressemble à Lily. Le soir du bal, en septième année, elle portait une robe bleu pour danser au bras de cet imbécile de Potter. Celle de sa fille est plus simple ce soir, mais le coup au cœur est le même pour le professeur, qui ne parvient pas à détacher le regard de cette apparition. Tout deux, ne bougent plus, ne pensent plus, ne respirent plus, se regardant simplement. On dirait que le temps a suspendu son vol. Les couloirs sont déserts en cet instant, ou ils ne font pas attention aux gens qui les entourent. Ingrid sent son cœur battre à vive allure et le rouge lui monter aux joues, sous l'effet de la gêne qu'elle ressent à se sentir ainsi fixée. Elle voudrait baisser le regard, mais cela lui est impossible. Elle se sent comme hypnotisée. Prisonnière du regard de... de Rogue ! Cette pensée provoque une vague de dégout chez elle - ou qu'elle interprète comme étant du dégout - mais cela ne la soustrait pas pour autant à l'emprise du regard du potionniste.

 

Quelques minutes se passent ainsi, chacun dévisageant l'autre, comme la veille. Et puis, la voix d'Hermione qui appelle Ingrid à quelques pas rompt le moment et les deux regards se séparent. Tournant la tête, Ingrid voit son amie à quelques pas derrière elle, qui la rejoint précipitamment. La serdaigle ne l'a pas attendu, à vrai dire, elle pensait que la Gryffondor était déjà à la soirée. Le professeur Rogue pour sa part en profite pour quitter prestement les lieux, bousculant au passage deux premières années qui se rendaient à la grande salle.

 

"- Hermione, tu es très élégante ce soir !" la complimente Ingrid en regardant la robe que porte son amie ce soir. Elle a fait un effort, elle a troqué la robe de l'école contre une tenue rose. Pas rose bonbon horrible mais rose pâle, quelque chose de délicat.

"- Toi aussi Ingrid ! Tu es merveilleuse ! Et aux couleurs de ta maison !" note la sorcière avec un rire.

"- Merci !" répond Ingrid.

 

Les deux femmes commencent à cheminer ensemble pour atteindre les appartements du professeur Slughorn où se déroulent la soirée. Rapidement, elles sont confrontés à une table ornée d'une nappe blanche et d'assiettes aux armoiries des maisons de l'école. Chacun la sienne apparemment. Ingrid trouve sa place, se trouvant heureusement entre Hermione et Ginny, tandis qu'Harry, qui a dût recevoir un mot de Dumbledore ce qui explique sa présence ici, prend place à la droite de la cadette Weasley.

 

Lorsque tout le monde est arrivé, le professeur Slughorn salut ses invités d'un air jovial et l'apéritif prend place dans les assiettes. La mise en bouche se compose de plusieurs verrines, aux couleurs chatoyantes. De la poudre aux yeux, pour Ingrid, qui ne trouve pas la chose particulièrement gourmande ou alléchante. Le plaisir des yeux, uniquement. Mais elle ne remet pas en doute les compétence des elfes de maison, aussi se risque-t-elle à goûter. Finalement, c'est aussi beau que bon, malgré les couleurs curieuses de ces préparations.

 

Le professeur fait le principal de la discussion, interrogeant tour à tour les étudiants autour de la table, afin que ceux-ci parlent de leur grand-oncle truc, éminent potionniste, de leur grand-mère machin, maître en DCFM à son époque... Une conversation sans intérêt pour Ingrid qui maudit dans son esprit le professeur Dumbledore, de leur demander un pareil sacrifice. Plusieurs fois, la jeune femme se surprend à lever les yeux aux ciels en entendant une phrase ou une autre. Heureusement, ses compagnons d'infortunes lui permettent, par moment, de rire un peu et de ne plus penser à l'endroit où elle se trouve, quelques secondes.

 

Enfin, la soirée touche à sa fin. La demoiselle sort précipitamment de la salle, alors qu'Harry et elle viennent de clore la discussion, le professeur Slughorn les ayant interrogés ensemble en dernier lieu. Epuisée, moralement plus que physiquement, la demoiselle n'a plus qu'une envie, rentrer à sa salle commune. Il est 22 heures. Assommée par la soirée, elle ne tardera pas à dormir, sitôt sa tête posée sur l'oreiller. Elle en rêve par avance.

 

Prenant congé d'Harry, Ginny et Hermione, l'étudiante emprunte un chemin plus rapide pour rentrer, plutôt que le chemin habituel qui lui parait plus long. Elle sera ainsi plus rapidement rendue à sa salle de classe. Ou pas. Une torche se dessine à l'horizon et le professeur Rogue surgit au bout du couloir. Le couvre-feu est tombé avant que les élèves du club de Slug ne sortent des appartements de ce dernier. Voilà donc la jeune femme en tord. Et elle ne compte guère sur l'homme qui vient pour être clément avec elle. Pourquoi lui bon sang ? La rouquine se maudit intérieurement.

 

 

"- Potter... Peut-on savoir ce que vous fichez dans les couloirs à une heure pareille ?" lance le professeur, un rictus se dessinant sur ses lèvres, faisant comprendre à Ingrid que quoi qu'elle dise, elle aura tord aux yeux du sorcier qui la dévisage.

"- Je rentre à mon dortoir. Comme vous le savez, j'étais aux cachots." répond l'étudiante d'un air las, sans chercher à lutter.

"- Est-ce là une raison pour outrepasser le règlement ?" demande celui qui cherche à la provoquer. Il se doute qu'avez son tempérament, elle devrait bientôt se dresser contre lui, comme cela s'est déjà produit par le passé.

"- Non monsieur." déclare l'étudiante sans même chercher à se rebiffer, n'entrant pas dans le jeu de son professeur.

"- Par conséquent Miss Potter ?" demande l'homme d'un ton doucereux.

"- Par conséquent, vous allez me donner une retenu, au cours de laquelle je vais devoir trier des verracrasse ou je ne sais quoi d'autre." répond posément l'étudiante. "Je ne compte pas protester professeur, si c'est ce à quoi vous vous attendez. La vérité c'est que je me trouve dans les couloirs après le couvre-feu, et je suis dans l'incapacité de vous confirmer, de vous montrer la preuve, du fait que je sorte tout juste des appartements du professeur Slughorn. Alors..."

 

Rogue la regarde d'un air surprit. Il ne s'attendait pas à ce ton là, à cette réaction de la part de la jeune fille. Elle sera puni c'est certain. Mais il n'y prend pas autant de plaisir que s'il avait pût l'entendre se révolter, se rebeller, aggravant ainsi sa sentence. Il enrage presque, à l'idée de ne pas pouvoir la punir plus sévèrement. Et il s'agace tout à fait en remarquant, une fois de plus, qu'elle est bien élégante dans cette fichue robe, qu'elle a enfilé pour un autre. Il ne sait pas pourquoi, cette pensée renforce la colère qu'il ressent à son égard en cet instant.

 

"- Vendredi soir. 18 heure. Dans mon bureau." déclare le professeur en toisant son élève, quelque peu agacé de voir ses espoirs envolés.

 

Puis il tourne les talons, laissant l'étudiante rentrer à son dortoir. Avant cela, elle le regarde s'éloigner. Et puis elle attend une minute, comme endormie sur place, avant de se bouger. Réveillant le sorcier gardant sa tour, la jeune femme s'attire les foudres de celui-ci, qui la gronde parce qu'elle n'est pas rentrée en même temps que les autres Serdaigle. Soupirant, la sorcière se glisse dans la chambre sans faire de bruit puis prend place dans la salle de bain pour se préparer en vue de la nuit. Démaquillant, douche, tenue pour dormir. Rapidement prête, Ingrid se glisse sous les draps mais le sommeil ne vient pas.

 

Les yeux rivés sur le baldaquin bleu au-dessus d'elle, la demoiselle laisse son esprit vagabonder. Elle qui pensait dormir sans mal ce soir, c'est plutôt loupé. Le professeur Rogue occupe ses pensées. Elle ne comprend pas son attitude. Elle ne comprend pas pourquoi par moment, elle reste bêtement à le regarder, le dévisager, tandis qu'il fait de même. Et elle ne comprend évidemment même pas pourquoi, au moment de dormir et de laisser ses tracas de côtés, elle pense encore à ce sinistre personnage.

 

De son côté, rentré dans ses appartements, le professeur Rogue avale un verre de Whisky pur malt en repensant à la soirée, au moment où il a découvert Ingrid dans cette robe, pour le souper de Slughorn. Ce moment où il l'avait surprise, un peu plus tard, comme elle retournait à son dortoir. Il l'avait puni. Mais pas pour les raisons qu'il avait dîtes. Il l'avait puni parce qu'il était... courroucé qu'elle soit avec Slughorn ce soir. Il l'avait puni, parce qu'il l'avait trouvé jolie. Aucune de ces deux raisons ne valait une punition. Pourtant dans l'esprit de l'enseignant, un peu plus tôt, cette sentence s'était imposée comme une évidence. Un deuxième verre de Whisky, le professeur installé dans son fauteuil fixe le mur d'un air pensif. Puis, d'un air las, l'homme se lève et se prépare pour la nuit.

 

Il ne comprend pas. Il ne comprend toujours pas. Allongé dans son lit, le regard rivé sur le baldaquin vert de son lit, l'homme cogite comme la nuit précédente, cherchant à comprendre le drôle de tournant que prend sa vie, cherchant à comprendre comment il a pût trouver cette fille jolie. C'est Potter, la fille de James. De songer qu'il l'a apprécié, ne serait-ce que quelques secondes, le professeur sent un haut le cœur.

 

L'aigle et le serpent, cogitant à l'unisson sans même le savoir, ne rejoignent les bras de Morphée que bien plus tard dans la nuit, quand leur esprit, fatigué d'avoir trop réfléchit, tombe de fatigue et les entraîne dans un sommeil sans rêve. 

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