Ses yeux verts

Chapitre 17 : Chapitre dix-septième - Les âmes tourmentées

6992 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 06:24

En ce Lundi Matin, les professeurs de Poudlard et le Directeur, ont décidés de réitérer leur initiative du mois de septembre : autoriser les maisons à se mélanger, pour le petit-déjeuner. Ainsi ce matin-là, Ingrid prend-elle place aux côtés de son frère alors que Ron est occupé à raconter comment, après un éclair, il était retombé sur son lit, Ingrid ne sait dire quand. Naturellement, la sorcière prenant la discussion en cours de route n'y comprend pas grand chose. Il était question de manuel, de Prince, d'incantation. Mais elle tique sur quelques mots.

 

"- Harry ! On ne fait JAMAIS confiance à un objet. Même s'il n'est pas ensorcelé. Ce qui a été écrit dedans peu être dangereux !" le sermonne Ingrid, peut ravie de découvrir ce secret de son frère.

"- On a bien rigolé !" proteste Ron. "Rigolé les filles, c'est tout !".

"- Je ne trouve pas ça drôle." lance Ingrid.

"- On ne suspend pas les gens par les chevilles pour rire. Qui ferait ça ?" interroge Hermione en arborant son air le plus sûr d'elle, persuadée qu'ils ne trouveront personne d'assez fou pour ça.

"- Fred et George... et aussi..." se défend Ron.

"- Notre père. Notre père utilisait ce sort." déclare Harry se tournant vers Ingrid.

 

La jeune fille s'étrangle avec un morceau de saucisse. Essayant de boire un peu de jus de citrouille pour aider à faire passer, son frère obligé de tapoter dans son dos pour l'aider, en vain. Hermione finit par prononcer une formule, baguette à la main, et l'étudiante se sent mieux. Remerciant son amie d'un murmure, elle prend un peu de boisson pour se remettre de ses émotions.

 

"- Papa quoi ?" demande-t-elle enfin à son frère.

"- Il jetait ce sort. C'est Lupin qui me l'a dit. Le livre est sûrement à lui Ingrid !"

"- Quel livre ?" interroge la jeune femme.

"- Mon livre de potion ! Comme je ne pensais pas poursuivre en potion avec mes BUSEs, je n'avais pas de livre. Le professeur Slughorn m'en a prêté un, annoté. L'élève a corrigé les potions et a mis quelques sorts dedans." s'exclame Harry surexcité.

"- Tu oubli une chose. Si l'un de nos parents devait corriger les recettes de potions, c'était maman." déclare Ingrid, plombant aussitôt l'état d'esprit de son frère. "Papa n'a eut qu'Effort Exceptionnel aux Aspics. Maman a eût Optimal, avec les félicitation  du jury." fait remarquer l'étudiante en poursuivant son déjeuner.

 

Hermione renchérit, parlant d'un épisode qu'ils ont vécut par le passé. Des gens qui en suspendaient d'autres dans les airs, endormis. Harry et Ron semblent perturbés par ces propos mais le garçon à lunette assure avec vigueur que là, c'est très différent. Ingrid ne sait pas bien en quoi.

 

"- Promet juste que tu seras prudent..." déclare la demoiselle, son inquiétude se lisant clairement sur son visage. "Nous venons de nous retrouver, je ne tiens pas à te perdre !"

"- Mouai ! Sinon, on a duel aujourd'hui !!!" lance Harry pour changer de conversation, sans songer que son père ne peut être Prince de Sang-Mêlé, puisqu'il était un sang pur.

 

La journée s'écoule l'entement. Trop lentement au goût d'Ingrid. Car ce soir a lieu le cours de Duel, dont la demoiselle a déjà hâte. Chaque lundi, elle a l'impression que la journée ne finira jamais. Et chaque lundi soir, avant de se rendre au club de duel, l'étudiante se sent incroyablement contente. Elle aime ce cours. IL est intéressant, il y a de la pratique et puis, inconsciemment, elle est heureuse d'y voir le professeur Rogue, qui l'impressionne toujours par sa prestance sur l'estrade, faisant paraître Slughorn ridiculement petit et insignifiant.

 

Ce soir, le plus d'élève possible vont passer sur l'estrade pour s'affronter. Ce sera un cour purement pratique. Ingrid en est ravie. Son adversaire a été désigné par Slughorn : ce sera Harry. La rouquine a hâte du moment où il faudra monter sur l'estrade pour se lancer dans cette gentille bataille. Il y a trop de duo. Quand l'heure sonne, Rogue et Slughorn décident de laisser partir ceux qui sont déjà passés, gardant les duos qui ne se sont pas encore affrontés. Bientôt, il ne reste plus qu'Harry et Ingrid.

 

"- Vous pouvez y aller Horace. Je reste pour les Potter."

"- Mais Severus !!! Je veux voir, moi aussi..."

"- J'ai dis, vous pouvez y aller, Horace !" lance un Rogue menaçant, d'une voix qui ne laisse place à aucune protestation.

 

Slughorn quitte les lieux en dodelinant de la tête d'un air courroucé, déçu de ne pouvoir voir les Potter s'affronter, maudissant Severus de conserver le spectacle pour lui tout seul. Et cela est vrai. Pour Rogue, l'occasion est trop belle de voir Ingrid et Harry, les deux enfants de son ennemi, se lancer dans une bataille. Même s'il est certain de voir la fille Potter l'emporter. Elle ressemble a Lily, il préférerait donc que ce soit elle qui gagne, naturellement. Non pas l'autre imbécile qui ressemble trop à son père pour être honnête.

 

"- Détendez-vous Miss Potter. Respirez bien." conseille Rogue sans s'occuper du frère. "Le duel va pouvoir commencer. Avancez. Saluez-vous. Tournez-vous. 1, 2, 3 !"

 

Le combat s'engage entre les deux jeunes gens. De justesse, Ingrid évite un stupéfix de son frère qui, lui même, évite un expelliarmus grâce à un protego. Regardant la scène, Rogue se délecte du spectacle, d'Ingrid qui lance ses sorts, l'encourageant secrètement, sans trop s'en rendre compte. Le bouclier qu'elle a lancé se brise comme elle lance un stupéfix sur son frère, après cinq minutes de combat. Et puis, une idée germe dans l'esprit d'Harry. Puisque le livre qu'il possède est celui de son père et qu'il n'était pas un mangemort, Harry décide d'utiliser un de ses sorts. Exécutant le geste shématisé dans le livre, Harry ne prononce la formule que dans son esprit, pour ne pas révéler son avantage à sa jumelle.

 

Un cri. Ingrid est propulsé hors de l'estrade. Au sol, son corps meurtrit convulse et du sang jaillit de ses plaies. Rogue pousse un cri d'horreur qu'Harry n'entend pas, trop occupé à accourir auprès de son ainé. Constatant les dégâts, le sorcier pleure, se jette à terre, demande pardon en secouant sa sœur. Une main l'attrape violemment par l'épaule et le repousse. Rogue. Se plaçant auprès de l'étudiante, le sorcier qui sent son cœur battre la chamade commence à soigner cette dernière, formulant une incantation sur chacune des plaies de l'étudiante.

 

"- Potter. Allez demander de l'essence de Murlap au professeur Slughorn. Maintenant !"

 

Rogue rugit ces quelques mots, ce qui a pour effet de faire bouger Harry, jusque là resté cloué sur place la tête entre les mains en pleurant. Persuadé que ce livre était à son père, il réalise seulement en cet instant, comme il cours vers la grande salle, que son père est un sang-pur et non un sang-mêlé comme le prince. Il réalise que sa bêtise a mit sa sœur dans un sale état. Entrant en trombe dans la grande salle, il court sous le regard choqué de l'assistance vers le professeur Slughorn, à qui il chuchote quelques mots à l'oreille. Alors le professeur de potion, inquiet, lui emboite le pas.

 

"- Pro... Professeur... Rogue..." murmure Ingrid dans un état second, reconnaissant plus ou moins l'homme qui la soigne - ou appelant simplement l'homme s'elle souhaite le plus voir en cet instant - avec douceur. Oui, douceur. Rogue la manipule doucement pour la soigner, sans lui faire plus de mal qu'elle ne doit déjà en ressentir. Une douceur qui n'est pas commune pour le professeur.

 

Le regard vert s'ouvre un peu, croisant le regard noir. Deux cœurs battent alors à l'unisson. Deux respirations se coupent. Chacun comprend en cet instant, ce qui la nuit dernière, semblait encore impossible à expliquer. Ingrid comprend qu'elle est tombée amoureuse de Rogue. Elle ne sait pas comment. Peut-être en passant tant de temps avec lui, en lisant le journal de sa mère, en écoutant Rogue parler d'elle. Rogue comprend qu'il est tombé amoureux. Il ne sait pas comment, lui non plus. Il sait juste qu'il doit faire taire ce bourdonnement inquiétant de son cœur. Parce qu'il n'a pas le droit. pas le droit d'aimer une élève. Pas le droit d'aimer la fille de Lily.

 

"- Chut Ingrid, chut... Tout va bien. Ne faites pas d'efforts, reposez-vous. Laissez-vous faire. Je... Je m'occupe de vous." murmure le professeur d'un ton doux, qui se veux rassurant alors que la jeune fille tente encore de parler. Il utilise le prénom de la sorcière sans même y prendre garde. Et ses propos font effet, ainsi la sorcière arrête de s'agiter. "Voilà, c'est mieux." murmure l'homme qui, ayant finit de soigner les plaies de la jeune femme, attend le retour du frère de celle-ci.

 

Le sorcier observe la jeune femme. Elle a l'air si fragile étendue là, sur ce sol, comme sa mère un soir maudit, il y a quinze ans de cela. Avec émotion, l'homme caresse le visage de l'étudiante, pour remettre une mèche de cheveux roux en place, derrière l'oreille de la jeune femme, pour dégager son fascié.

 

Des bruits de pas résonnent. Harry revient avec l'essence de Murlap et Rogue déshabille la jeune femme, laissant seulement sa pudeur caché, de sorte à appliqué l'onguent sur chacune des plaies de la demoiselle. Et puis il la rhabille, comme d'autres pas se font entendre. Dumbledore et plusieurs professeurs. Ingrid rapidement, est transportée à l'infirmerie. Rogue voudrait la mener lui-même, mais Dumbledore le retient, désireux d'entendre les explications de son professeur de DCFM. Explications que ce dernier lui donne plus ou moins, ne révélant pas qu'il a lui-même inventé le sortilège utilisé par Potter. Ne révélant pas non plus quel est le sort utilisé, prétendant simplement, sans savoir pourquoi, qu'un sort a été mal lancé et a mal tourné. Sectumsempra. Il a reconnu sur celle qu'il aime les effets du sort qu'il a inventé. En cet instant, il s'en veux plus que jamais d'avoir songé à créer quelque chose de si fou.

 

"- Severus... Vous avez fait ce qu'il fallait. Merci pour elle. Vous devriez vous reposer."

 

Derrière ses lunettes en demi-lune le directeur de Poudlard n'est pas dupe des sentiments qui animent son professeur. Pas dupe de ses émotions en cet instant où il ressent l'inquiétude, la peur qui a saisit l'homme. Il ne dit rien pour autant. Pas maintenant. Ce n'est pas le moment de juger. Et puis il fait confiance à Severus, il sait qu'il ne s'est rien passé de déplacé. Alors il le quitte simplement, sans ajouter quoi que ce soit d'autres, posant sur lui un regard bienveillant. Il ne sait que trop bien ce que l'homme en noir doit endurer en cet instant et il sait aussi qu'il ne le mérite pas, qu'il ne mérite pas de telles souffrances et désillusions, qu'il ne mérite pas d'être ainsi confrontés aux problèmes sans arrêt, qu'il en a déjà trop vécût.

 

Le professeur Rogue ne dit rien, reste là quelques instants. Il regarde le directeur sortir. La salle est vide. Il a eût si peur. Il sent encore son cœur battre la chamade. Potter. Où est passé ce crétin !? Il aura un mois de retenu sitôt que le professeur lui aura mis la main dessus. L'homme porte une main à son cœur, réalisant ce qu'il s'est passé, n'osant croire qu'il est tombé amoureux de la fille de son ennemi. Le rire de Lily résonne, espiègle, dans son esprit. Ce n'est quand même pas ça... les apparitions de Lily n'avaient quand même pas pour but de lui faire comprendre... ça ? Interloqué, le professeur Rogue s'effondre au milieu de la salle vide. Il ne comprend pas, comment tout cela a pût arriver, comment c'est possible. Lui qui ne jurait que par Lily, est-il réellement tombé amoureux d'une autre ? Ou du souvenir de Lily à travers elle ? Oui, ce doit être ça. Le professeur se réconforte en essayant de se dire que non, il n'aime pas son élève mais le souvenir de la mère de celle-ci, souvenir qui se manifeste souvent quand il la regarde. Mais il n'arrive pas réellement à se convaincre de cela.

 

Comme il sort, l'homme entend un plop, indiquant qu'un elfe de maison arrive pour nettoyer le sol, encore souillé par le sang de l'étudiante là où celle-ci est tombée. Retournant à ses appartements, le professeur essaie de se coucher pour dormir, en vain. Il passe une nuit blanche à se maudire, à penser, à se surprendre, à se souvenir. Il se déteste. Il se déteste encore plus d'être là, dans son lit, alors que Miss Potter est à l'infirmerie. Quittant ses appartements, le professeur rejoint donc l'infirmerie, pour voir si son étudiante se porte bien. Puis, constatant qu'elle dort, assommée par une potion de sommeil, l'homme quitte les lieux, se reprochant d'être venu, se maudissant de ce voyage qui n'a pas lieu d'être et pas le droit d'être surtout.

 

L'homme marche sans but dans les couloirs de l'école et finit par se poser à la tour d'astronomie, d'où il observe les étoiles d'un air pensif. Il s'est passé tellement de choses au cours de ces dernières semaines que l'enseignant a besoin de réfléchir. Mais ses réflexions n'amènent jamais que de nouvelles questions, pas de réponses ou trop peu. Poussant un soupir, l'homme analyse sa situation. Il va devoir faire attention il le sait. Il n'a pas le droit d'aimer la jeune femme. Il sait qu'il va devoir taire ses sentiments, encore une fois. Vivre avec, comme avec Lily. Ne rien dire, jamais, comme la première fois. Une larme de rage roule le long de sa joue. Ce n'est pas juste. En cet instant, le professeur haït le monde entier. Pourquoi faut-il que son destin soit continuellement lié à une femme interdite, inaccessible ? Une seconde larme roule sur sa joue. De tristesse cette fois. Le visage d'Ingrid s'impose alors à son esprit. L'homme tente de chasser cette apparition. Et son esprit la remplace par la vision du corps de l'étudiante étendue dans la salle du club de duel, ce soir, le corps criblé de cicatrices. Il va tuer Potter. Ni père, ni mère, ni fille. Mais le fils. Oui, il va le détruire, le... Il ne le fera pas, il a promis il y a longtemps de prendre soin de l'enfant, de le protéger. Il ne le fera pas mais y penser lui fait du bien en cet instant.

 

L'homme pense, laisse son esprit divaguer. Cette année est rude. Il pense encore à toutes les missions qui pèsent sur lui. Celle que Narcissa lui a donné, pour protéger Drago Malefoy. Celle de Dumbledore, qui a mit en place un plan devant conduire à la chute du lord noir et dont le sorcier se sait être une pièce maîtresse. Et enfin, celle qu'il se fixe maintenant, c'est à dire taire ses sentiments, faire comme s'ils n'existaient pas, haïr Ingrid ou en donner l'impression pour n'éveiller aucun soupçon. Il se sent épuisé de tout ce poids sur ses épaules. Pour un ancien mangemort, l'homme ne se sent pas très puissant. Depuis combien de temps n'a-t-il pas pût faire ce qu'il voulait ? Depuis combien de temps est-il soumis à la volonté d'un mage ou d'un autre ? Depuis combien de temps dirige-t-on sa vie pour lui ? L'homme se sent las. Las de vivre ainsi, enfermé par le devoir, jamais libre d'être, de vivre, d'exister. Même pas libre d'aimer. La rage le consume comme il rentre à ses appartements. Un long combat débute pour Severus Rogue, il le sait. Il doit lutter contre ce qu'il ressent. Et il n'est pas sûr, cette fois, de vaincre son adversaire, cette jolie rouquine aux yeux verts, si frêle, si fragile en apparence, pourtant si forte quand elle s'oppose à lui. Il n'est pas sûr d'avoir encore la force de mentir par omission, se mentir à lui-même, se voiler la face, pas sûr de pouvoir supporter de vivre une fois encore ce qu'il a déjà vécut. Pas sûr de pouvoir, une fois de plus, rejeter le bonheur qu'il pense pouvoir mériter. Mais peut-être que son père, Thobias Rogue, avait raison. Peut-être que le sorcier n'est qu'un monstre et que dans le fond, il ne mérite que de vivre ces tourments que le destin lui impose.

En ce Lundi Matin, les professeurs de Poudlard et le Directeur, ont décidés de réitérer leur initiative du mois de septembre : autoriser les maisons à se mélanger, pour le petit-déjeuner. Ainsi ce matin-là, Ingrid prend-elle place aux côtés de son frère alors que Ron est occupé à raconter comment, après un éclair, il était retombé sur son lit, Ingrid ne sait dire quand. Naturellement, la sorcière prenant la discussion en cours de route n'y comprend pas grand chose. Il était question de manuel, de Prince, d'incantation. Mais elle tique sur quelques mots.

 

"- Harry ! On ne fait JAMAIS confiance à un objet. Même s'il n'est pas ensorcelé. Ce qui a été écrit dedans peu être dangereux !" le sermonne Ingrid, peut ravie de découvrir ce secret de son frère.

"- On a bien rigolé !" proteste Ron. "Rigolé les filles, c'est tout !".

"- Je ne trouve pas ça drôle." lance Ingrid.

"- On ne suspend pas les gens par les chevilles pour rire. Qui ferait ça ?" interroge Hermione en arborant son air le plus sûr d'elle, persuadée qu'ils ne trouveront personne d'assez fou pour ça.

"- Fred et George... et aussi..." se défend Ron.

"- Notre père. Notre père utilisait ce sort." déclare Harry se tournant vers Ingrid.

 

La jeune fille s'étrangle avec un morceau de saucisse. Essayant de boire un peu de jus de citrouille pour aider à faire passer, son frère obligé de tapoter dans son dos pour l'aider, en vain. Hermione finit par prononcer une formule, baguette à la main, et l'étudiante se sent mieux. Remerciant son amie d'un murmure, elle prend un peu de boisson pour se remettre de ses émotions.

 

"- Papa quoi ?" demande-t-elle enfin à son frère.

"- Il jetait ce sort. C'est Lupin qui me l'a dit. Le livre est sûrement à lui Ingrid !"

"- Quel livre ?" interroge la jeune femme.

"- Mon livre de potion ! Comme je ne pensais pas poursuivre en potion avec mes BUSEs, je n'avais pas de livre. Le professeur Slughorn m'en a prêté un, annoté. L'élève a corrigé les potions et a mis quelques sorts dedans." s'exclame Harry surexcité.

"- Tu oubli une chose. Si l'un de nos parents devait corriger les recettes de potions, c'était maman." déclare Ingrid, plombant aussitôt l'état d'esprit de son frère. "Papa n'a eut qu'Effort Exceptionnel aux Aspics. Maman a eût Optimal, avec les félicitation  du jury." fait remarquer l'étudiante en poursuivant son déjeuner.

 

Hermione renchérit, parlant d'un épisode qu'ils ont vécut par le passé. Des gens qui en suspendaient d'autres dans les airs, endormis. Harry et Ron semblent perturbés par ces propos mais le garçon à lunette assure avec vigueur que là, c'est très différent. Ingrid ne sait pas bien en quoi.

 

"- Promet juste que tu seras prudent..." déclare la demoiselle, son inquiétude se lisant clairement sur son visage. "Nous venons de nous retrouver, je ne tiens pas à te perdre !"

"- Mouai ! Sinon, on a duel aujourd'hui !!!" lance Harry pour changer de conversation, sans songer que son père ne peut être Prince de Sang-Mêlé, puisqu'il était un sang pur.

 

La journée s'écoule l'entement. Trop lentement au goût d'Ingrid. Car ce soir a lieu le cours de Duel, dont la demoiselle a déjà hâte. Chaque lundi, elle a l'impression que la journée ne finira jamais. Et chaque lundi soir, avant de se rendre au club de duel, l'étudiante se sent incroyablement contente. Elle aime ce cours. IL est intéressant, il y a de la pratique et puis, inconsciemment, elle est heureuse d'y voir le professeur Rogue, qui l'impressionne toujours par sa prestance sur l'estrade, faisant paraître Slughorn ridiculement petit et insignifiant.

 

Ce soir, le plus d'élève possible vont passer sur l'estrade pour s'affronter. Ce sera un cour purement pratique. Ingrid en est ravie. Son adversaire a été désigné par Slughorn : ce sera Harry. La rouquine a hâte du moment où il faudra monter sur l'estrade pour se lancer dans cette gentille bataille. Il y a trop de duo. Quand l'heure sonne, Rogue et Slughorn décident de laisser partir ceux qui sont déjà passés, gardant les duos qui ne se sont pas encore affrontés. Bientôt, il ne reste plus qu'Harry et Ingrid.

 

"- Vous pouvez y aller Horace. Je reste pour les Potter."

"- Mais Severus !!! Je veux voir, moi aussi..."

"- J'ai dis, vous pouvez y aller, Horace !" lance un Rogue menaçant, d'une voix qui ne laisse place à aucune protestation.

 

Slughorn quitte les lieux en dodelinant de la tête d'un air courroucé, déçu de ne pouvoir voir les Potter s'affronter, maudissant Severus de conserver le spectacle pour lui tout seul. Et cela est vrai. Pour Rogue, l'occasion est trop belle de voir Ingrid et Harry, les deux enfants de son ennemi, se lancer dans une bataille. Même s'il est certain de voir la fille Potter l'emporter. Elle ressemble a Lily, il préférerait donc que ce soit elle qui gagne, naturellement. Non pas l'autre imbécile qui ressemble trop à son père pour être honnête.

 

"- Détendez-vous Miss Potter. Respirez bien." conseille Rogue sans s'occuper du frère. "Le duel va pouvoir commencer. Avancez. Saluez-vous. Tournez-vous. 1, 2, 3 !"

 

Le combat s'engage entre les deux jeunes gens. De justesse, Ingrid évite un stupéfix de son frère qui, lui même, évite un expelliarmus grâce à un protego. Regardant la scène, Rogue se délecte du spectacle, d'Ingrid qui lance ses sorts, l'encourageant secrètement, sans trop s'en rendre compte. Le bouclier qu'elle a lancé se brise comme elle lance un stupéfix sur son frère, après cinq minutes de combat. Et puis, une idée germe dans l'esprit d'Harry. Puisque le livre qu'il possède est celui de son père et qu'il n'était pas un mangemort, Harry décide d'utiliser un de ses sorts. Exécutant le geste shématisé dans le livre, Harry ne prononce la formule que dans son esprit, pour ne pas révéler son avantage à sa jumelle.

 

Un cri. Ingrid est propulsé hors de l'estrade. Au sol, son corps meurtrit convulse et du sang jaillit de ses plaies. Rogue pousse un cri d'horreur qu'Harry n'entend pas, trop occupé à accourir auprès de son ainé. Constatant les dégâts, le sorcier pleure, se jette à terre, demande pardon en secouant sa sœur. Une main l'attrape violemment par l'épaule et le repousse. Rogue. Se plaçant auprès de l'étudiante, le sorcier qui sent son cœur battre la chamade commence à soigner cette dernière, formulant une incantation sur chacune des plaies de l'étudiante.

 

"- Potter. Allez demander de l'essence de Murlap au professeur Slughorn. Maintenant !"

 

Rogue rugit ces quelques mots, ce qui a pour effet de faire bouger Harry, jusque là resté cloué sur place la tête entre les mains en pleurant. Persuadé que ce livre était à son père, il réalise seulement en cet instant, comme il cours vers la grande salle, que son père est un sang-pur et non un sang-mêlé comme le prince. Il réalise que sa bêtise a mit sa sœur dans un sale état. Entrant en trombe dans la grande salle, il court sous le regard choqué de l'assistance vers le professeur Slughorn, à qui il chuchote quelques mots à l'oreille. Alors le professeur de potion, inquiet, lui emboite le pas.

 

"- Pro... Professeur... Rogue..." murmure Ingrid dans un état second, reconnaissant plus ou moins l'homme qui la soigne - ou appelant simplement l'homme s'elle souhaite le plus voir en cet instant - avec douceur. Oui, douceur. Rogue la manipule doucement pour la soigner, sans lui faire plus de mal qu'elle ne doit déjà en ressentir. Une douceur qui n'est pas commune pour le professeur.

 

Le regard vert s'ouvre un peu, croisant le regard noir. Deux cœurs battent alors à l'unisson. Deux respirations se coupent. Chacun comprend en cet instant, ce qui la nuit dernière, semblait encore impossible à expliquer. Ingrid comprend qu'elle est tombée amoureuse de Rogue. Elle ne sait pas comment. Peut-être en passant tant de temps avec lui, en lisant le journal de sa mère, en écoutant Rogue parler d'elle. Rogue comprend qu'il est tombé amoureux. Il ne sait pas comment, lui non plus. Il sait juste qu'il doit faire taire ce bourdonnement inquiétant de son cœur. Parce qu'il n'a pas le droit. pas le droit d'aimer une élève. Pas le droit d'aimer la fille de Lily.

 

"- Chut Ingrid, chut... Tout va bien. Ne faites pas d'efforts, reposez-vous. Laissez-vous faire. Je... Je m'occupe de vous." murmure le professeur d'un ton doux, qui se veux rassurant alors que la jeune fille tente encore de parler. Il utilise le prénom de la sorcière sans même y prendre garde. Et ses propos font effet, ainsi la sorcière arrête de s'agiter. "Voilà, c'est mieux." murmure l'homme qui, ayant finit de soigner les plaies de la jeune femme, attend le retour du frère de celle-ci.

 

Le sorcier observe la jeune femme. Elle a l'air si fragile étendue là, sur ce sol, comme sa mère un soir maudit, il y a quinze ans de cela. Avec émotion, l'homme caresse le visage de l'étudiante, pour remettre une mèche de cheveux roux en place, derrière l'oreille de la jeune femme, pour dégager son fascié.

 

Des bruits de pas résonnent. Harry revient avec l'essence de Murlap et Rogue déshabille la jeune femme, laissant seulement sa pudeur caché, de sorte à appliqué l'onguent sur chacune des plaies de la demoiselle. Et puis il la rhabille, comme d'autres pas se font entendre. Dumbledore et plusieurs professeurs. Ingrid rapidement, est transportée à l'infirmerie. Rogue voudrait la mener lui-même, mais Dumbledore le retient, désireux d'entendre les explications de son professeur de DCFM. Explications que ce dernier lui donne plus ou moins, ne révélant pas qu'il a lui-même inventé le sortilège utilisé par Potter. Ne révélant pas non plus quel est le sort utilisé, prétendant simplement, sans savoir pourquoi, qu'un sort a été mal lancé et a mal tourné. Sectumsempra. Il a reconnu sur celle qu'il aime les effets du sort qu'il a inventé. En cet instant, il s'en veux plus que jamais d'avoir songé à créer quelque chose de si fou.

 

"- Severus... Vous avez fait ce qu'il fallait. Merci pour elle. Vous devriez vous reposer."

 

Derrière ses lunettes en demi-lune le directeur de Poudlard n'est pas dupe des sentiments qui animent son professeur. Pas dupe de ses émotions en cet instant où il ressent l'inquiétude, la peur qui a saisit l'homme. Il ne dit rien pour autant. Pas maintenant. Ce n'est pas le moment de juger. Et puis il fait confiance à Severus, il sait qu'il ne s'est rien passé de déplacé. Alors il le quitte simplement, sans ajouter quoi que ce soit d'autres, posant sur lui un regard bienveillant. Il ne sait que trop bien ce que l'homme en noir doit endurer en cet instant et il sait aussi qu'il ne le mérite pas, qu'il ne mérite pas de telles souffrances et désillusions, qu'il ne mérite pas d'être ainsi confrontés aux problèmes sans arrêt, qu'il en a déjà trop vécût.

 

Le professeur Rogue ne dit rien, reste là quelques instants. Il regarde le directeur sortir. La salle est vide. Il a eût si peur. Il sent encore son cœur battre la chamade. Potter. Où est passé ce crétin !? Il aura un mois de retenu sitôt que le professeur lui aura mis la main dessus. L'homme porte une main à son cœur, réalisant ce qu'il s'est passé, n'osant croire qu'il est tombé amoureux de la fille de son ennemi. Le rire de Lily résonne, espiègle, dans son esprit. Ce n'est quand même pas ça... les apparitions de Lily n'avaient quand même pas pour but de lui faire comprendre... ça ? Interloqué, le professeur Rogue s'effondre au milieu de la salle vide. Il ne comprend pas, comment tout cela a pût arriver, comment c'est possible. Lui qui ne jurait que par Lily, est-il réellement tombé amoureux d'une autre ? Ou du souvenir de Lily à travers elle ? Oui, ce doit être ça. Le professeur se réconforte en essayant de se dire que non, il n'aime pas son élève mais le souvenir de la mère de celle-ci, souvenir qui se manifeste souvent quand il la regarde. Mais il n'arrive pas réellement à se convaincre de cela.

 

Comme il sort, l'homme entend un plop, indiquant qu'un elfe de maison arrive pour nettoyer le sol, encore souillé par le sang de l'étudiante là où celle-ci est tombée. Retournant à ses appartements, le professeur essaie de se coucher pour dormir, en vain. Il passe une nuit blanche à se maudire, à penser, à se surprendre, à se souvenir. Il se déteste. Il se déteste encore plus d'être là, dans son lit, alors que Miss Potter est à l'infirmerie. Quittant ses appartements, le professeur rejoint donc l'infirmerie, pour voir si son étudiante se porte bien. Puis, constatant qu'elle dort, assommée par une potion de sommeil, l'homme quitte les lieux, se reprochant d'être venu, se maudissant de ce voyage qui n'a pas lieu d'être et pas le droit d'être surtout.

 

L'homme marche sans but dans les couloirs de l'école et finit par se poser à la tour d'astronomie, d'où il observe les étoiles d'un air pensif. Il s'est passé tellement de choses au cours de ces dernières semaines que l'enseignant a besoin de réfléchir. Mais ses réflexions n'amènent jamais que de nouvelles questions, pas de réponses ou trop peu. Poussant un soupir, l'homme analyse sa situation. Il va devoir faire attention il le sait. Il n'a pas le droit d'aimer la jeune femme. Il sait qu'il va devoir taire ses sentiments, encore une fois. Vivre avec, comme avec Lily. Ne rien dire, jamais, comme la première fois. Une larme de rage roule le long de sa joue. Ce n'est pas juste. En cet instant, le professeur haït le monde entier. Pourquoi faut-il que son destin soit continuellement lié à une femme interdite, inaccessible ? Une seconde larme roule sur sa joue. De tristesse cette fois. Le visage d'Ingrid s'impose alors à son esprit. L'homme tente de chasser cette apparition. Et son esprit la remplace par la vision du corps de l'étudiante étendue dans la salle du club de duel, ce soir, le corps criblé de cicatrices. Il va tuer Potter. Ni père, ni mère, ni fille. Mais le fils. Oui, il va le détruire, le... Il ne le fera pas, il a promis il y a longtemps de prendre soin de l'enfant, de le protéger. Il ne le fera pas mais y penser lui fait du bien en cet instant.

 

L'homme pense, laisse son esprit divaguer. Cette année est rude. Il pense encore à toutes les missions qui pèsent sur lui. Celle que Narcissa lui a donné, pour protéger Drago Malefoy. Celle de Dumbledore, qui a mit en place un plan devant conduire à la chute du lord noir et dont le sorcier se sait être une pièce maîtresse. Et enfin, celle qu'il se fixe maintenant, c'est à dire taire ses sentiments, faire comme s'ils n'existaient pas, haïr Ingrid ou en donner l'impression pour n'éveiller aucun soupçon. Il se sent épuisé de tout ce poids sur ses épaules. Pour un ancien mangemort, l'homme ne se sent pas très puissant. Depuis combien de temps n'a-t-il pas pût faire ce qu'il voulait ? Depuis combien de temps est-il soumis à la volonté d'un mage ou d'un autre ? Depuis combien de temps dirige-t-on sa vie pour lui ? L'homme se sent las. Las de vivre ainsi, enfermé par le devoir, jamais libre d'être, de vivre, d'exister. Même pas libre d'aimer. La rage le consume comme il rentre à ses appartements. Un long combat débute pour Severus Rogue, il le sait. Il doit lutter contre ce qu'il ressent. Et il n'est pas sûr, cette fois, de vaincre son adversaire, cette jolie rouquine aux yeux verts, si frêle, si fragile en apparence, pourtant si forte quand elle s'oppose à lui. Il n'est pas sûr d'avoir encore la force de mentir par omission, se mentir à lui-même, se voiler la face, pas sûr de pouvoir supporter de vivre une fois encore ce qu'il a déjà vécut. Pas sûr de pouvoir, une fois de plus, rejeter le bonheur qu'il pense pouvoir mériter. Mais peut-être que son père, Thobias Rogue, avait raison. Peut-être que le sorcier n'est qu'un monstre et que dans le fond, il ne mérite que de vivre ces tourments que le destin lui impose.

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