Ses yeux verts

Chapitre 20 : Chapitre vingtième - Un ange pour Noël

9844 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:06

La nuit est tombée et le train entre en gare de King Cross. Ingrid accompagne Harry, Ron et Ginny tandis qu'Hermione passe les vacances chez ses parents. Contrairement à ce qui avait été initialement prévu, c'est au terrier que les trois jeunes gens vont passer ces dernières semaines de l'année. Ingrid sait qu'elle va rencontrer beaucoup de monde pendant cette pause scolaire. La fratrie Weasley est grande et il risque d'y avoir pas mal de monde supplémentaire, des membres de l'ordre. Et peut-être le professeur Rogue s'il tient sa promesse. 

 

Lorsque le quatuor quitte la gare une silhouette les interpelle. Arthur Weasley est là, pour les emmener au Terrier. Avec un sourire, Ingrid se présente poliment à son hôte et emboite ensuite le pas à ce dernier, aussitôt suivie par les deux garçons et la cadette Weasley. Au cours du trajet, c'est une discussion agitée qui s'installe, dont s'exclue Ingrid, plongée dans ses pensées. Ce soir, elle va rencontrer Remus Lupin. Son parrain. Ils ne se sont jamais parlés, ces derniers temps il était occupé. La demoiselle se demande donc quel genre de personnage est cet homme, s'ils vont s'apprécier. Harry semble avoir de l'affection pour ce sorcier. Cela la rassure un peu, ce doit être un homme bon.  

 

Arrivée au terrier, la jeune femme est accueillie par les jumeaux, qui lui foncent dessus d'un air malicieux, comme s'ils imaginaient déjà les farces à faire à cette tête nouvelle, encore innocente et naïve de leurs mauvais coups, malgré la prévenance d'Harry et son ardeur à la mettre en garde contre la facétie des jumeaux. Pour l'heure toutefois, ils ne semblent pas lui avoir fait quoi que ce soit d'étrange aussi les salut-elle poliment avant de s'adresser à leur mère qui arrive, couverte d'un tablier de cuisine. 

 

"- Bonsoir, Madame Weasley. Ingrid Potter. Je suis enchantée de faire votre connaissance." lance la demoiselle à l'attention de la maîtresse de maison qui s'approche d'elle, amicale, pour la prendre dans ses bras, comme elle le fait d'ordinaire avec Harry. 

"- Oh Ingrid, ne soit donc pas si formelle ! Harry tu avais raison, c'est vraiment une jeune fille très bien ! Il nous a tellement parlé de toi tu sais ! Mais vient, vient au salon, je vais te présenter les autres ! Tes parents n'arriveront que le 24, mais ils te l'ont dit je suppose !" lance joyeusement Madame Weasley. 

 

Comme Molly déclare cela, elle attrape Ingrid par la main et l'emmène faire la connaissance du reste des Weasley présents, ainsi que de Fleur et de Maugrey Fol-Oeil. Pas de trace de Lupin. Ingrid est, un peu déçue : elle aurait aimé voir son parrain mais ce dernier ne sera pas là avant plusieurs jours apparemment.  

 

*** 

 

Les jours passent tranquillement au terrier et Ingrid, entre jeux et études y mène une vie paisible, quoique les farces des jumeaux l'aient surprise quelques fois déjà. Mais comme ils doivent gérer leur boutique, finalement, ils n'embêtent pas l'étudiante tant qu'Harry le lui avait laissé pensé. C'est ainsi que, doucement, le réveillon de noël s'approche. Ingrid s'en trouve excitée, car elle a apprit que Remus Lupin se montrera au souper ce soir. Elle en meurt d'impatience et puis il lui tarde aussi de revoir ses parents, qui ne devraient maintenant plus tarder.   

 

Alors que la jeune femme travaille à la cuisine pour aider Molly, sans utiliser la magie n'y étant pas encore autorisée, des exclamations dans la salle de séjour la font sursauter. La voix d'Harry se fait entendre, accueillant vraisemblablement un nouveau venu d'un air joyeux. Ingrid a l'impression d'entendre le nom de son parrain mais n'en est pas certaine. Aussi attend-t-elle que Mme Weasley quitte la cuisine, pour emboiter le pas à cette dernière et paraître au salon. C'est un dos couvert d'un manteau gris qui l'accueille, manteau dont Ron Weasley serre la main et à qui Harry sourit. Le coeur d'Ingrid tambourine dans sa poitrine. 

 

"- Elle est là." dit alors Harry en l'apercevant et le manteau gris fait volte-face. 

 

Ingrid se retrouve confronté au regard de son parrain et les deux êtres, faisant abstraction de ceux qui les entourent, s'observent un moment ainsi sans dire un mot, se contentant de se détailler des pieds à la tête. Si Remus est simplement ébahis de voir le portrait de Lily devant lui, la jeune fille pour sa part ne saurait pas expliquer pourquoi elle-même l'observe de cette façon là, comme les enfants moldus observent les bêtes dans les zoos. Autour d'eux, les gens s'éclipsent peu à peu, par ordre de Molly qui fait de grands moulinets avec ses bras pour s'exprimer. Bientôt, l'homme et sa filleule sont donc seuls dans le salon. Cela les libère un peu et leur permet de parler. 

 

"- Ingrid." murmure Remus en l'observant toujours. 

"- Parrain." souffle la jeune femme. 

"- Tu ressemble tellement..." balbutie l'homme. 

"- A ma mère, je sais oui." affirme la jeune femme comme pour soulager le loup de cette confession. 

"- Je... Je suis désolé pour... ces années..." déclare Lupin et sa désolation est sincère, la demoiselle l'entend dans sa voix. 

"- Ce n'est rien." affirme la jeune femme. 

"- J'aurai voulu être là pour toi. Mais je ne savais pas..." se défend l'homme prit de remords. 

"- Ce n'est rien parrain. Tu n'y es pour rien. Quand Dumbledore décide... on fait, non ?" annonce-t-elle avec un sourire qui se veut consolant. 

 

Ils continuent de s'observer, sans oser bouger les premiers instants et puis Lupin fait un pas. Leurs regard continuent de se fixer l'un-l'autre. La tentions est palpable entre eux alors qu'aucun des deux n'ose approcher d'avantage. Quand finalement ils s'apprêtent à tomber dans les bras l'un de l'autre, un craquement sourd venu des escaliers les fait sursauter et ils surprennent Harry, Ron et les jumeaux en pleine session d'espionnage. S'élançant à leur poursuite en riant, parrain et filleule menacent alors les impudents. Un jeu qui fait un bien fou à Remus comme il rentre d'une délicate mission, en vu du réveillon. Ainsi passe le reste de l'après-midi. Quand enfin 19 heure sonnent à l'horloge, Ingrid retourne aider Madame Weasley en compagnie de la fille cadette de cette dernière.  

 

*** 

 

Il hésite. Le professeur Rogue, assit dans son fauteuil, le regard posé sur le portrait de Lily, pèse le pour et le contre. Il y a quelques jours, il a promis à Ingrid Potter qu'ils se verraient à Noël. L'heure est venue de tenir sa promesse. Mais il hésite encore à s'y rendre et si oui, y va-t-il ce soir pour le réveillon ou est-il plus convenable de venir le lendemain ? Son arrivée là-bas risque de créer la surprise générale, on ne peut pas dire qu'il soit habituel de le voir sortir de sa tanière les soirs de fêtes. Ce sera alors trop évident que quelque chose ne tourne pas rond. Cette promesse pourrait-elle les précipiter dans quelques tourments ? L'homme y songe maintenant. Mais il a promis et au fond de lui, il sait qu'il n'a aucune envie de froisser ou décevoir son étudiante. Aussi quitte-t-il finalement son fauteuil pour se préparer. Alors qu'il s'apprête à jeter la poudre de cheminette dans l'âtre, il jette un œil à sa tenue. Non, il ne peu pas y aller comme ça. Rogue quitte donc sa cape et sa robe de sorcier pour prendre une douche et laver ses cheveux qu'il a tant de mal à discipliner, qui prennent toujours un malin plaisir à regraisser trop vite. Cela fait, il sort de la salle de bain, séché, et se rend à sa chambre pour enfiler un pantalon noir et une chemise blanche. Là, il a presque l'air d'un gentleman. C'est peut-être trop. Mais au vu de l'heure, il n'a pas le temps de se changer encore, il risquerai d'être en retard. Ce qu'il n'accepte pas chez les autres et donc, il ne se permet pas de le faire pour lui. Quittant le château, il rejoint les limites des protections pour y transplaner. Ce sera un moyen plus sûr pour ne pas se tâcher ou arriver couvert de suie. 

 

*** 

 

Vingt heure. Tout est près. Ingrid vient d'aller se changer, comme la plupart des âmes présentes au terrier ce soir. Dans une demi-heure aura lieu le souper. La serdaigle tient à faire honneur à Noël, à la fête, à ses hôtes aussi apporte-t-elle beaucoup de soin à sa coiffure et sa tenue, tout en aidant Ginny à faire de même. Comme elle prépare ses bijoux, l'étudiante enfile le collier offert par le professeur de défense contre les forces du mal, le caressant du bout des doigts avec un soupir. S'il tient sa promesse, l'étudiante sait qu'elle le verra demain. Un sourire se dessine alors sur ses lèvres, même si elle sait pertinemment que ce n'est pas une très bonne idée.  

 

Le collier autour du coup, ses cheveux relevés en un délicat chignon simpliste à souhait mais qui fait son petit effet et vêtue d'une jolie robe verte - l'une des couleurs de noël - Ingrid se sent fin prête et suivant Ginny, elle s'apprête à descendre les escalier quand une exclamation surprise en bas la surprend, tout comme la cadette Weasley. Rejoignant cette dernière en deux pas, Ingrid l'interroge du regard.  

 

"- Qu'est-ce qu'il se passe ?" questionne la rouquine. 

"- Je ne sais pas. Nous devrions descendre." propose la serdaigle. Ce qu'elles font alors, pour découvrir une curieuse situation. 

 

Le professeur Rogue, au milieu du salon, apprêté pour la circonstance n'a pas manqué de surprendre par son arrivé tout ceux qui ont croisés sa route. Quand elle l'aperçoit à vrai dire, le cœur de l'étudiante bat la chamade. Il est si beau. Plus séduisant que d'ordinaire, comme il a fait quelques efforts vestimentaires. Le trouble gagne la jeune femme qui rend ses joues rougir et elle prie pour que personne ne remarque rien. Pourtant, en cet instant, elle ne se trouve déjà plus dans la pièce, laissant son esprit divaguer au milieu de songes enivrants, auxquels elle ne devrait pas penser puisque Rogue y est mêlé. En cet instant, le coeur de la demoiselle bat la chamade, son souffle se coupe. Elle réalise la dangerosité de cette homme, l'effet qu'il a sur elle. Le désir qu'il provoque, par sa simple présence dans la même pièce. Et c'est insupportable. 

 

"- Se... Severus." bégaye une énième fois une Molly plus que surprise. 

"- Qu'elle surprise..." continu l'époux de cette dernière comme pour lui venir en aide. 

"- Si je dérange..." répond le professeur Rogue d'une voix railleuse, tout en faisant mine de s'en aller. 

"- Non !" affirme alors Ingrid du haut de son escalier, faisant se retourner vers elle tout les regards. "C'est... c'est noël." se justifie-t-elle. "Nous avons bien assez pour tout le monde et si... le professeur Rogue souhaite... s'amuser pour noël cette année, nous devrions plutôt être... heureux qu'il nous ait choisit, heureux de savoir que nous lui donnons envie de réveillonner, non ?" reprend la jeune femme d'un air qui se veux assuré alors que de prime abord, son exclamation négative était destiné à Severus pour l'empêcher de partir, non pas à l'ensemble des êtres présents sous ce toit. Êtres qui désormais les regardent tout deux à tour de rôle, comme pour découvrir ce qu'il se trame. Toutefois, par chance, personne ne songe un instant que l'étudiante puisse être à l'origine de la venue de son professeur ce soir. 

 

Le professeur Rogue ne bouge plus, ne dit plus rien. Ingrid est resplendissante dans cette robe verte et c'est d'ailleurs la première fois qu'il la surprend à porter la couleur de sa maison. Quoi qu'elle ne l'ai pas fait pour lui, elle ne l'attendait que pour noël après tout, non pas pour le réveillon, l'homme se sent contenté, heureux de se détail. Et puis elle porte le collier qu'il lui a offert il y a peu. Rogue en est enchanté. Il doit lui plaire pour qu'elle le porte ainsi, d'autres colliers auraient sûrement été mieux mis en valeur compte tenu de la couleur de sa robe. Mais elle avait choisit celui-là. Celui que lui-même lui avait offert.  

 

"- Ingrid a raison." tranche finalement Remus Lupin, sortant Severus Rogue de ses rêveries. Voilà une affaire rondement menée d'autant plus que du coup, personne n'a pût apprendre quoi que ce soit au sujet de la promesse que le professeur a faite à son élève. Une promesse qui n'est pas si anodine que cela et que certains pourraient mal interpréter, ou condamner.  

 

Le repas achevé, Madame Weasley allume le poste de radio d'où s'échappe la voix d'une chanteuse que personne ici, hormis la maitresse des lieux qui se souvient avoir dansé dessus, ne semble apprécier. Une cacophonie insupportable pour le professeur Rogue qui décide de sortir. Ingrid, assise entre Lupin et Harry s'excuse finalement auprès d'eux, attrape sa veste et sort dehors. Elle ne tarde pas à retrouver le professeur Rogue, qu'elle rejoint en quelques pas. 

 

"- Merci professeur. Pour avoir respecté votre promesse !" attaque la jeune femme avec un sourire exprimant son ravissement et sa joie.  

"- De rien Miss Potter. Ce fut une soirée... charmante." lâcha-t-il, avec une telle assurance dans ses derniers mots que la jeune femme ne le crût pas une seconde. Quoi qu'il en soit, le principal était qu'il soit venu. Et qu'ils soient maintenant tout les deux, ce qui est plus agréable que d'entendre les vieilles chansons de Madame Weasley. La paix et la sérénité les enveloppent.  

"- Je ne vous attendais pas avant demain. C'était une bonne surprise de vous voir si tôt..." affirme la demoiselle hésitant un instant avant de poursuivre. "Vous me manquiez... je veux dire... vos cours !" avoue la jeune femme avant de se ressaisir. Qu'elle idiote, elle doit vraiment faire plus attention, on ne plaisante pas avec ce genre de choses, il risque gros si on apprenait qu'une étudiante a jeté son dévolu sur lui, qu'il y a un risque. Hors, elle ne veux pas créer d'ennuis à Rogue.  

"- Miss Potter... Nous reprendrons ces cours bien assez tôt." se contente de promettre le professeur, qui tente ainsi de masquer le trouble qui l'a envahie depuis les propos de l'étudiante, ainsi que le plaisir qui en a également découlé. Comment ne pas apprécier d'entendre de tels propos de la part de cette demoiselle ?  

 

Le professeur et son élèves continuent de marcher quelques instants dans le "jardin" du terrier puis finissent par s'arrêter, le regard tourné vers un horizon perdu dans la pénombre. Curieusement, pour un 24 Décembre, il fait bon. Pas trop froid. Ils sont mieux là que dedans à écouter les chansons de Madame Weasley. Ingrid profite de ce calme. Elle se sent incroyablement bien et tente même d'adresser un petit sourire discret à son professeur. Ils restent là un moment sans bouger, sans même parler. Et puis, toujours sans un bruit, ils regagnent le terrier où les autres boivent un lait de poule. Ingrid accepte un thé. Peu après, le salon se vide et chacun monte se coucher, Molly ayant trouvé une solution pour ajouter le professeur Rogue à son plan de chambre.  

 

*** 

 

Au milieu de la nuit, la jeune femme est réveillée en sursaut par une exclamation de Ginny. Cette dernière, redressée dans son lit, est toute excitée par la pile de cadeau qui vient de prendre place à ses pieds. La même exclamation retentit à l'étage du dessus, venant tout droit de la chambre que Ron, Harry et les jumeaux partagent. Ingrid pensait ouvrir ses paquets le lendemain matin mais elle allume la lumière, pour voir Ginny ouvrir ses paquets. Et puis, elle n'y tient plus et ouvre les siens. Dans le premier paquet, les Weasley lui offrent un pull, une institution à ce qu'il parait. Dans le second, la demoiselle trouve un grimoire de potion, cadeau d'Hermione. Harry a opté pour un livre sur la défense contre les forces du mal tandis que Lupin a choisi pour sa filleule un album photos de ses parents. De ses amies, la jeune femme reçoit quelques sucreries. Adrien pour sa part a envoyé un bouquet de fleurs roses ainsi qu'un rouge à lèvre sur lequel la demoiselle avait flashé des semaines plus tôt. Un geste qui la touche : il l'écoute donc vraiment quand elle parle.  

 

"- Et ce paquet ?" demande Ginny alors qu'Ingrid pensait avoir fait le tour. 

 

Là, sur sa table de chevet, un paquet a été déposé, à l'écart des autres. Comme si la personne qui l'offrait était venu le déposer elle-même. Intriguée, Ingrid prend le paquet et l'ouvre alors. Aucun mot. Rien. Le paquet n'est pas signé. Dedans, la jeune femme découvre un somptueux collier, ressemblant au diadème perdu de Rowena en miniature, tel qu'on le voit dans les illustrations. Un tel cadeau a sûrement été fait sur mesure. Mais par qui ? Ingrid ne comprend pas. Adrien peut-être ? Elle ne voit que lui à vrai dire. Mais la rose noire laissé sur le paquet en guide de signature lui fait penser qu'il ne s'agit pas de cela. La tête pleine de questions, l'étudiante ne parvient pas à se rendormir et c'est ainsi qu'elle accueille le petit matin lorsqu'il se lève. Cette nuit, elle a pensé que peut-être le cadeau venait de Rogue - elle même lui en ayant envoyé un - mais avait finalement repoussé cette idée qui lui était finalement apparue absurde. 

 

*** 

 

Ce matin alors qu'il se réveille, Severus découvre deux paquets à ses pieds. Surpris, l'homme les inspecte. Il n'a pas l'habitude qu'une autre personne que Dumbledore lui envoie quoi que ce soit. Naturellement, il est donc méfiant vis-à-vis du second paquet, dont il ne connait pas l'envoyeur. Ouvrant le premier paquet cadeau, décoré de sorbets jaunes, l'homme découvre comme chaque année le livre annuel des potionnistes. A force, il en fait collection. Posant son regard sur le second paquet, le professeur l'ouvre précautionneusement, pour découvrir un livre de potion. Pas n'importe lequel mais une édition très rare, très ancienne, dont il reste actuellement entre un et deux exemplaires. Un cadeau inestimable que l'envoyeur n'a pas signé. Surpris, l'homme n'imagine pas un instant qu'un cadeau aussi fabuleux puisse venir d'une élève aussi c'est l'esprit perdu dans ses réflexions qu'il rejoint le salon pour prendre le petit-déjeuner. A peine arrivé, il remarque qu'Ingrid porte son collier, celui qu'il lui a offert pour Noël et voir cet aigle à son cou lui fait plaisir. Ainsi elle aime ce cadeau-là aussi, il en est heureux. A table d'ailleurs, beaucoup l'ont remarqués. Elle fait mine de ne pas savoir qui l'a expédié. Vraiment ? Le professeur se demande si cela est vrai ou si c'est une excuse qu'elle donne pour ne pas avoir à dire que le cadeau vient de lui. C'est sûrement cela à vrai dire, pour des raisons évidentes. Il essai de sonder son regard pour voir si elle n'a vraiment pas compris de qui cela vient et voir par la même occasion si, par hasard, son élève aurait quelque chose à voir dans l'affaire du manuel de potion. Mais rien ne transparait dans son regard, pour aucun des deux sujets. Ou il n'est pas doué pour lire dans un regard si vert. Alors l'homme se contente-t-il d'être heureux de voir ce collier à son cou.  

 

La joyeuse petite tablée est soudainement dérangée, madame Weasley fixant un point au dehors. Ingrid entend parler d'un certain Percy, qui lui semble être un frère de la famille, si elle se souvient bien. Le ministre et se dernier ne tardent pas à entrer. S'il affirme que Percy voulait absolument voir tout le monde, la jeune femme ne s'en trouve pas convaincue. Encore moins lorsqu'il fait mine de ne pas reconnaître Harry, de le choisir au hasard, pour une promenade en extérieur. Méfiante, Ingrid adresse un regard à son frère, comme pour lui dire de faire attention. Mais la sienne est bientôt détourné par un mouvement de cape qu'elle remarque sur sa gauche. Le professeur Rogue vient de se lever et se dirige vers le salon. Certaine qu'il va partir, l'étudiante se lève à son tour et lui emboîte le pas. C'est au salon qu'elle le retrouve, près à jeter dans l'âtre un peu de la poudre de cheminette qu'il avait emporté avec lui la veille en prévision de son retour. 

 

"- Vous nous quittez déjà professeur !?" questionne la demoiselle alors que son cœur bat la chamade. Il n'a rien dit pour le cadeau qu'elle lui a fait. Ne lui a-t-il pas plût ? Peut-être ne l'a-t-il pas vu ? La sorcière n'ose pas le demander, pour ne pas se dévoiler. 

"- Miss Potter, j'ai respecté ma promesse." répond le professeur d'un ton tranchant, ne laissant place à aucune contestation. 

"- C'est vrai mais... je pensais... que vous resteriez un peu plus." avoue-t-elle. 

"- Miss Potter..." soupire l'homme avant de reprendre. Dieu qu'il est pourtant dur de résister à son regard vert, à son regard déçut. Rogue fait preuve d'une grande volonté pour passer outre. "Nous avons déjà bien profité de la soirée. Et j'ai des potions qui attendent au château. Les cours reprennent bientôt." déclare-t-il d'une voix dénuée de sarcasme, qu'il n'utilise plus guère pour s'adresser à elle.  

"- Oh... Oui mais... Ne pouvez-vous pas... venir pour le réveillon de nouvel an ?" demande-t-elle subitement, avec une envie désespérée de le revoir plus vite qu'elle ne le devrait. 

"- Non miss, je ne peut pas." répond-t-il d'un ton qui se veux autoritaire, avant de se tourner vers le feu. "Bureau du professeur Rogue" annonce-t-il après être entré dans les flammes vertes, coupant ainsi court à la conversation. 

 

Ingrid reste là quelques instants, regardant le feu qui redevient peu à peu normal. Se laissant tomber dans un fauteuil, la jeune femme soupire. Il lui semble qu'elle respire mieux. Son estomac n'est plus aussi noué qu'il a pût l'être. Pourquoi diable, sachant ce qu'elle sait, ce qu'elle ressent pour son professeur, se sent-elle obligée de toujours se confronter à lui ? Alors même qu'elle ne peut pas l'avoir et ne doit pas l'avoir ? Laissant échapper un soupir furieux contre elle-même, l'étudiante se redresse finalement et emprunte les escaliers pour aller se terrer au calme dans la chambre de Ginny. La journée s'écoule alors lentement pour elle. Trop lentement. Le soir venu, elle n'est pas mécontente de prendre place sous ses draps pour s'enfoncer au pays des songes. 

 

*** 

 

Seule dans la salle de potion, la jeune femme travaille à une mixture violette que le professeur Rogue lui a donné à étudier. A vrai dire, Ingrid ne sait pas où il est. Il n'est pourtant pas dans ses habitudes de la laisser seule. Il est toujours là pour la conseiller, ou veiller à ce qu'aucun accident ne se produise. La jeune femme sent l'adrénaline grimper. Comme si elle craignait de ne pas être à la hauteur de la confiance que Severus Rogue semble lui accorder. Son cœur bat la chamade. Mais enfin, un grincement de porte se fait entendre. Se retournant, la serdaigle est confrontée à son professeur. L'homme est bien là, mais changé. Quand elle est arrivé ce soir pour son cour, il était comme d'habitude. Maintenant, il a revêtu un pantalon noir et une chemise blanche, lui conférant une allure élégante et un certain charme. La brune déglutit. Il a soigné sa coiffure également.  

 

Comme si de rien n'était, l'homme rejoint sa place à son bureau, sans accorder un mot à l'étudiante qui le regarde faire, sans plus s'occuper de sa potion. D'ailleurs, alors qu'elle n'a formulé aucun sortilège, on dirait que la mixture est passé en stase. Elle ne bouillonne plus. Aussitôt, Ingrid soupçonne le professeur d'être le responsable de cela. A-t-il sentit l'effet qu'il lui a fait ? Elle ose espérer que non et en rougit par avance. Mais autrement, comment expliquer qu'il se soucie à ce point de stopper l'évolution de la potion, évitant ainsi le risque d'une explosion ou mauvaise manipulation. 

 

"- Miss Potter, seriez-vous à tout hasard ici pour gober les mouches ?" interroge soudainement le professeur et la demoiselle confuse baisse la tête. 

 

L'homme se lève, la rejoint. L'observant il tourne autour d'elle comme un prédateur autour de sa proie. Moqueur, il fait remarquer à la demoiselle qu'elle n'est pas très concentrée, qu'elle semble avoir l'esprit ailleurs. Il n'a pas tord mais elle ne peut pas le dire. La sorcière se prend à imaginer que sa table de travail est vide. Aussitôt, la potion et les ingrédients disparaissent. Elle n'a pas le temps de réagir que la suite de ses espérances se produit. En un instant, son corps est contre celui de son professeur, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre seulement. Elle respire difficilement, plaquée contre sa table de travail. Leurs lèvres se lient tout à coup et Ingrid perd la notion de bien et de mal. Ses gestes se font imprécis et pressés. Son cœur bat furieusement dans sa poitrine. Elle va défaillir, elle va... 

 

Se redressant dans son lit, Ingrid porte une main à son cœur qui s'est emballé. La lumière s'allume aussitôt, Ginny grogne alors qu'Hermione approche du lit de son amie. Toutes deux ont étés réveillés par l'agitation de la serdaigle. S'installant à ses côtés, la plus âgée des deux gryffondor essaie de la calmer, de la rassurer, imaginant que son amie a eût un cauchemar. En réalité, elle qualifierait ce qui vient de se passer de rêve. De rêve dangereux. Elle ne racontera rien à ses amies. Mais son songe avait l'air si réel... son corps est encore tout retourné de ce qu'il a imaginé. Devant le mutisme d'Ingrid finalement, les deux rouges et or retournent se coucher. De son côté la bleu et bronze ne trouve plus le sommeil, se perdant dans ses réflexions, se remémorant le songe qu'elle a eût, les sensations qu'elle a éprouvé. C'était dangereux. Follement dangereux. Et en même temps, tellement délicieux. 

 

*** 

 

Après la Noël, le temps s'écoule plus rapidement encore au terrier, au fur et à mesure que le moment de rentrer à Poudlard approche. Ingrid découvre son parrain, avec plaisir, ses multiples facettes. Elle en profite avant de rentrer à Poudlard mais en se sent pas pleinement satisfaite, comme le professeur Rogue lui manque. Oui, il lui manque, aussi fou que cela puisse paraître à tout enfant normalement constitué. Et dire qu'elle ne le reverra pas avant la rentrée, la sorcière en est presque déprimée. C'est le cœur lourd et l'esprit perdu dans ses pensées qu'elle cuisine donc en vue du repas de réveillon du nouvel an, oubliant son propre anniversaire : elle a pourtant, aujourd'hui, dix-huit ans. Autour d'elle, on ne comprenait pas son comportement bizarre des derniers jours mais ce matin, à son arrivée, Hermione a plus ou moins éclaircis l'affaire : d'après elle, leur amie est simplement en manque d'Adrien. N'importe quoi. L'étudiante n'a même pas relevé cette affirmation. Dans le fond, ça l'arrange bien d'avoir une "couverture", un "prétexte". Elle ne peut pas avouer au célèbre trio, ni à qui que ce soit d'ailleurs, qu'elle en pince pour le professeur Rogue. Elle est seule dans cette affaire.  

 

Vingt heure sonne. Madame Weasley, sa fille, Hermione et Ingrid achèvent de porter l'apéritif à table quand deux coups sont donnés à la porte. La rouquine, se proposant d'aller ouvrir, se dirige vers l'entrée de la maison, s'apprêtant à découvrir Tonks. Celle-ci ne doit pas venir mais un changement d'avis est si vite arrivé. Sauf que ce n'est pas une femme qui se tient devant elle. Ingrid écarquille les yeux de surprise et avance une main vers la cape noire, comme pour s'assurer qu'elle ne rêve pas. Lui est surprit aussi, elle porte le collier de noël. Celui qui représente une miniature du diadème de Serdaigle. Le cadeau qu'il lui a fait, qui semble lui plaire. A-t-elle comprit, depuis l'autre fois, qui lui a offert ce présent ? La rose noire en signature ne semblait pas l'avoir aidé, en est-il autrement aujourd'hui ? 

 

"- Miss Potter, quel accueil..." se permet de murmurer le professeur Rogue avant de reprendre. "Comptez vous donc me transformer en glace Miss ?" lance-t-il moqueur. 

"- Ce ne serait pas difficile, votre cœur est déjà gelé." le taquine alors aussitôt l'étudiante. Non mais ! "Je... Je ne m'attendais pas à vous voir ce soir..." confesse la demoiselle, fermant la porte derrière elle pour être ainsi seule dehors avec le professeur de défense contre les forces du mal.  

"- Vous m'aviez pourtant demandé d'être présent, non ?" lui fait remarquer l'homme. 

"- Oui. Mais je pensais que vous ne vouliez et ne pouviez pas venir..." explique la jeune femme. "Qu'est-ce qui vous a décidé alors ?" questionne-t-elle d'un air curieux. 

"- Vous." se contente de répondre le professeur sans prendre de gants pour s'adresser à la jeune femme.  

 

Après quelques minutes passées dehors à discuter, Ingrid ouvre finalement la porte et invite l'homme à entrer, avertissant par la même occasion le reste des convives, annonçant l'identité du visiteur et la nécessité de rajouter un couvert. Si bien que tout deux se retrouvent côte à côte à la table du repas. L'étudiante prend donc le partit de discuter avec son voisin de table. Loin des cours et de l'ambiance du château, il semble presque détendu. Pour autant, pas près à baisser ses barrières non plus. Ingrid a néanmoins le plaisir de sentir qu'au fond de lui, il est parfois amusé par ses propos même s'il ne le montre pas. Plus elle parle, plus Ingrid espère que l'homme va lui parler du livre de potion qu'elle lui a envoyé pour Noël. Mais rien. Au bout d'une heure, comme madame Weasley aidée de Ginny et Hermione dispose l'entrée sur la table, la jumelle Potter décide d'amorcer un sujet de potions, pour décider son enseignant.  

 

"- Oh, professeur. J'ai récemment entendu parler d'une potion, assez difficile à préparer. Je crois qu'elle s'appelle... Attendez... Liresprit. Oui c'est ça. Une potion à boire en prononçant le nom de la personne dont on souhaite visiter les rêves, si j'ai bien compris. J'imagine que vous avez déjà entendu parler de cette potion ? Elle a l'air fascinante ! Vous sauriez m'en dire plus ?" 

 

Lorsqu'il entend le nom de la potion, le professeur tressaille et s'étrangle presque avec son verre, en même temps qu'une drôle de sensation le parcourt. C'est elle. Le grimoire de potion. Ce vieux grimoire si rare qu'il a reçut pour Noël, de la part d'un expéditeur inconnu. Il avait soupçonné la demoiselle mais l'hypothèse à l'époque lui semblait folle. Aujourd'hui, par ce qu'elle dit, l'ancien mangemort sait que ce présent vient d'elle. Parce que la potion dont elle parle est suffisamment rare pour que peu d'ouvrages en parlent. Dont le manuel qu'il a reçut la semaine passé.  

 

"- Oui. J'en ai entendu parler." annonce l'homme, se ressaisissant quelque peu. "C'est une potion bien particulière Miss Potter. Peut-on savoir pour quel usage elle vous intéresse ?" demande l'homme en essayant d'adopter son air doucereux habituel. 

"- Oh je n'ai pas l'intention d'en préparer, je ne pense pas avoir un niveau suffisant pour m'y risquer et en outre, je ne veux espionner les rêves de personne. Cette potion m'a seulement intriguée." assure la jeune femme avec un sourire.  

"- Si vous le permettez, nous en rediscuterons lors de votre prochaine leçon." propose le professeur ne souhaitant pas avoir une discussion trop personnelle face à tout le monde. 

 

Après cela, Rogue ne décoche plus une parole pour Ingrid de toute la soirée et celle-ci se tourne vers Remus et Harry, cachant sa déception. Pourtant, elle sait que ne pas lui accorder d'importance est le meilleur moyen, compte tenu des récents évènements et des rêves qu'elle fait, pour essayer de se le sortir de la tête. Il va vraiment falloir qu'elle fasse preuve d'une meilleure volonté à l'avenir. Déjà, au cours du repas, elle se désintéresse de lui. Elle essaie de s'en persuader, alors même qu'elle l'ignore simplement parce que lui l'a ignoré le premier.  

 

Enfin, le moment du dessert arrive. Ingrid n'a pas aidé à le préparer, toute la journée Mme Weasley l'a tenue à l'écart de la préparation du dessert. En apercevant dix-huit bougies dessus, l'étudiante comprend pourquoi. Ses amis, l'ordre, ses parents, tout le monde lui chante un joyeux anniversaire, lui offre des cadeaux. La demoiselle en a les larmes aux yeux. Dire qu'elle a oublié avoir dix-huit ans aujourd'hui ! Elle n'en revient pas. Remerciant tout le monde, la demoiselle coupe ensuite le gâteau et la distribution des parts commence, dans la joie et la bonne humeur. On trinque, on célèbre cet anniversaire. La demoiselle, avec une pensée pour son ancienne vie, songe tout à coup qu'à cet âge là, en France, on atteint sa majorité. Petite, elle se souvient en avoir longuement rêvée avec une voisine moldue. 

 

Après le repas, tout le monde passe au salon. Ingrid prend place dans le canapé. Le professeur Rogue vient prendre place à côté d'elle, la surprenant un peu, se surprenant lui-même. Pendant les quelques secondes où ils se sont trouvés loin l'un de l'autre, l'homme a ressentit une curieuse impression de manque. Sa proximité lui avait manqué, son parfum aussi. De nouveau près d'elle, l'homme se sent mieux. Même s'il n'ose pas le reconnaître.  

 

La discussion est animée. Plusieurs petits groupes se sont formés. Ingrid et Rogue n'osent rien dire. Lupin, assit de l'autre côté de la jeune sorcière est en grande conversation avec Arthur est Molly tandis qu'Hermione, installée de l'autre côté de Rogue parle avec Harry et Ginny. Elle semble être en froid avec Ron en ce moment, probablement à cause de Lavande Brown. Ingrid jette un coup d'œil à Rogue. Ce dernier lui adresse le même genre de regard. Un instant, la demoiselle s'interroge, pesant le pour et le contre dans l'idée de réengager une conversation avec le serpentard. Mais c'est lui qui fait finalement le premier pas.  

 

"- Merci pour le livre Miss Potter." souffle-t-il.  

 

Ingrid est surprise. Ainsi, il a enfin comprit que le cadeau venait d'elle ? Il s'emblerait. Il n'osait peut-être pas en parler avant simplement parce qu'ils n'étaient pas seuls. Maintenant, ils parlent bas et les autres sont trop occupés pour se soucier de la discussion entre l'aigle et le serpent. Ils peuvent donc s'exprimer plus librement.  

 

"- De rien, professeur. Quand je l'ai vu dans la grande salle... j'ai pensé qu'il vous plairait. J'espérais que vous ne l'ayez pas déjà." explique la jeune femme. Elle sait qu'il est assez rare, mais ne sait pas à quel point. 

"- Vous n'avez même pas idée de la valeur inestimable de ce cadeau ?" interroge Rogue surprit. "Quoi qu'il en soit, il n'est pas convenable pour une étudiante d'offrir un cadeau à un professeur. Bien que j'apprécie votre... charmante attention. Et puis il est trop précieux pour que vous l'offriez à qui que ce soit. Encore plus à un professeur."  

 

La demoiselle ne répond rien et l'homme réalise qu'il parle d'inconvenance quand au cadeau de la sorcièree alors que lui-même a choisit de lui faire un cadeau, et non des moindres puisqu'orné d'un véritable saphir. Au fond, elle le mérite bien. Mais ce n'est pas convenable non plus. Il le sait. Il le sait pourtant il reproche la même chose à son étudiante. Question de point de vu. Et puis, si elle se préoccupe moins de lui, ce sera peut-être plus facile pour lui de ne plus penser à elle. Il sait que c'est dangereux. Mais au font, il n'a pas envie de cesser.  

 

"-Joyeux anniversaire, Miss Potter." Dit-il finalement en lui tendant un paquet pour changer de sujet. 

 

La demoiselle le regarde interloquée. Qu'il ai pensé à son anniversaire au point de lui prendre un cadeau... La sorcière n'en revient pas, à vrai dire, elle a du mal à y croire. Mais curieuse, elle ne se fait pas prier pour ouvrir le paquet, découvrant alors un bracelet finement taillé, orné d'une pierre verte en son centre. C'est discret et beau à la fois. Et très Serpentard en y pensant. La demoiselle sourit : c'est un peu comme s'il avait voulu qu'elle pense à lui. Quoiqu'il ne doit pas voir les choses à sa manière, elle délire complètement. 

 

"-Merci professeur..." 

 

Soudain, minuit. Une explosion de bonne année retentit. Ingrid amusée, rit, salut tout le monde, les embrasse, souhaitant de bonnes choses à tous. Rogue, pour sa part, a fuit ces effusions. Rapidement, peu avant minuit, il est sortit. Ingrid n'a pas eut le temps de le rejoindre. Le cherchant dans la salle, elle se demande où il peut bien être, alors qu'elle passe de joues en joues. Quand elle se décide à aller voir dehors, Lupin l'arrête pour la prendre affectueusement dans ses bras. En fin de compte, la jeune femme passe une bonne heure à s'amuser pour célébrer la nouvelle année. Quand les autres montent se coucher, elle se laisse tomber dans le canapé, persuadée que Rogue est déjà partit. Triste, la demoiselle pousse un soupir alors que la porte d'entrée grince. Le professeur choisit ce moment pour faire son entrée. Sortit prestement pour échapper à la joie dégoulinante de la fête, il revient pour elle. Pour la saluer, dire au revoir. Il est venu pour elle, pour personne d'autre.  

 

Quand son regard se pose sur le visage de la demoiselle, il lit dans ses yeux la tristesse et la surprise. Dieu qu'elle est belle. Elle rappelle tant Lily et en même temps, plus ou moins sortit de son amour pour Madame Potter, Rogue remarque un tas de différences charmantes entre les deux femmes. A-t-il aimé avant Ingrid ? D'autres diraient que oui, il a aimé. Follement. Lui pourtant en cet instant n'en est pas certain et ce regard fait monter en lui un flot d'émotions inconfortable, couplé à une colère incompréhensible. Il s'en veux de renier Lily pour sa fille, il s'en veux d'aimer une élève. Il s'en veux d'aimer la fille de James. Aimer. Ce mot n'est même pas trop fort. Cette fille lui fait perdre la tête. Il a conscience maintenant du danger qu'elle incarne. Il a conscience qu'elle a changé sa vie, irrémédiablement, en une poignée de mois.  

 

"- Je vous croyais... partit." avoue la demoiselle. 

"- J'ai un minimum de savoir vivre Miss." réplique l'homme, agacé qu'elle puisse songer qu'il serait partit comme un voleur. 

"- Je... Oui mais... vous n'aimez pas l'agitation alors... J'ai pensé..." s'explique la jeune femme en balbutiant. 

"- Arrêtez de pensez, cela ne vous réussit pas." répond le sorcier, plus cassant qu'il n'aurait voulu l'être. 

 

Vexée, piquée au vif, la jeune femme rougit soudainement et sent poindre en elle une vague de colère. Qu'il peut être agaçant par moment ! Comment peut-elle s'être sottement entiché de quelqu'un comme lui, de quelqu'un d'aussi imbuvable ? Quand elle parle, il finit toujours pas la couper sèchement. A chaque fois qu'ils ont parlés ensemble au cours de ces vacances, la demoiselle réalise qu'ils n'ont terminés aucune conversation. Parfois, il ne répond plus. D'autre fois, elle est mouchée et n'ose rien ajouter. Parfois, il s'en va sans se soucier outre-mesure de ce qu'elle pourra en penser. Après tout, il n'en a rien à faire d'elle. Cette pensée chagrine la jeune femme. Voilà, il la plante, parce qu'il ne veux pas l'entendre. Parce qu'il n'aime personne. Parce qu'il ne l'aime pas.  

 

"- Vous êtes..." commence-t-elle. 

"- Je sais." la coupe-t-il sèchement. "Ne croyez pas être la première à vouloir me dire cela." assure l'homme. Autrefois, il a eut des propos malheureux et a perdu une amie. Et si Ingrid ne voulait plus le voir ? Si elle le fuit comme Lily, pourrait-il seulement s'en remettre ? Son cœur tambourine dans sa poitrine à la pensée qu'il puisse la perdre, qu'il puisse tout briser, tout casser une fois de plus. Mais c'est plus fort que lui. 

"- Pourquoi... Pourquoi  êtes vous à ce point..." interroge la brune les yeux larmoyants.  

"- A ce point QUOI, Miss Potter ?" questionne-t-il d'une voix doucereuse, le regard perçant. 

 

Tout deux en cet instant s'aiment et se déchirent, leurs sentiments fous guident leur comportement, leurs propos. C'est la folie qui les agite et les fait parler, la folie qui les pousse à se faire du mal en cet instant. Ingrid est animée par la peine, par ses sentiments, par la déception sauvage d'être tombée amoureuse d'un professeur, d'un homme inaccessible et aussi sombre que celui-là, pour compliquer les choses. Rogue insonorise alors la pièce, craignant que leur dispute n'alerte tout le monde. Il va partir. Il le faut. Assez vite. Mais il a l'impression que l'étudiante ne va pas le laisser faire si facilement. Hors, il ne veut rien dire ou faire qu'il pourrait regretter plus tard. Il fait un pas vers la cheminé. Elle se déplace pour le bloquer. 

 

"- Pourquoi !?" rugit la demoiselle.  

 

Vrillé par cette voix l'homme se stoppe, regardant la jeune femme d'un air surprit. Elle n'a, en cet instant, rien à voir avec la sœur fragile de Potter, rien à voir avec la jeune fille que, d'ordinaire, on envisage de prendre dans ses bras afin de la protéger. Rogue se confronte à une jeune fille forte et déterminée, amoureuse, qui ne sait plus où elle en est, que son âge a perdu, que ses sentiments mettent à fleur de peau. Lui-même n'est pas sûr de tenir le coup.  

 

"- Pourquoi ?" demande-t-elle encore, plus doucement, d'un air désespéré.  

"- Cela ne vous regarde pas." répond le professeur maladroitement, essayant de se sortir ainsi de cette situation.  

 

Elle a un pas vers lui, il recule alors. La main de l'homme se lève et il la passe sur son visage d'un air las. Cette conversation ne les mèneras nulle part mais il ne peut pas partir. Pas comme ça. Il a conscience que ce serait une grave erreur de la laisser là ce soir, de la planter après ça. Alors il continu de l'observer, impuissant. Que dire et que faire ? L'homme se sent faible tout à coup. Comme il l'était adolescent, faible au point de rejoindre quelque chose de grand dans l'espoir d'impressionner celle qu'il aimait alors. Il se sent faible ce soir, devant ce même regard vert, devant cet aigle qui le défit.  Il se souvient maintenant, l'aigle est un prédateur pour le serpent. Cela ne peut être plus vrai qu'à présent. 

 

"- Miss Potter cette conversation... n'est pas convenable. Vous êtes... une élève..." déclare l'homme espérant que sa condition la ramèneras à la raison. Au contraire. 

 

Furieuse, la jeune femme avance. Se rapproche de lui. Son cœur tambourine dans sa poitrine, le sang afflue et ses oreilles bourdonnent.  Elle s'agace de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. Toutes ces émotions qu'il déclenche en elle... Ingrid est secouée. Pour autant elle n'abandonne pas. Son cœur prend le pas sur la raison.  

 

"- Pourquoi... Pourquoi détestez-vous tout le monde ? Qu'est-ce qu'on vous a fait ?" demande-t-elle, surprenant l'homme par ses propos. "Qu'est-ce que JE vous ai fais !?" explose-t-elle de nouveau. "Pourquoi me détestez-vous à ce point ?" 

 

Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Une seconde plus tard, son poignet droit enserré par la main de Rogue, son dos heurte le mur derrière elle. De son torse, Severus la coince. Leurs regards se croisent. Ils ne disent rien d'abord, s'observant. Ingrid a peur de ce qu'elle voit, découvre, dans le regard que pose le potionniste sur elle. Son cœur bat la chamade. Elle ne peut plus rien dire. Elle voit le mal que ses propos lui font, que ses affirmations déclenchent, elle comprend qu'elle s'est trompé. Elle comprend comme la situation est dure pour elle, mais comme elle l'est aussi pour lui. Le regard désespéré de l'homme, désespéré par la condition qui est la sienne et celle de la jeune femme, la trouble. Elle doit fuir. Il doit fuir. Tout deux doivent absolument partir. Maintenant. Mais aucun des deux n'y parvient. Tout deux restent coincés là à se regarder. Ce n'est qu'une question de temps avant que leurs cœurs ne les poussent à un geste inconsidéré, tous deux le ressentent. Rogue le ressent et relâche la pression sur le poignet de son étudiante, a un pas de recul. Le pas de trop. Aussitôt qu'il s'éloigne d'elle, l'homme se rapproche de nouveau, se pressant contre son corps frêle. Une main se glisse dans son dos, l'autre dans ses cheveux roux. Ingrid est tétanisée. Les lèvres de Rogue sont sur les siennes. Et ce n'est pas un rêve. Elle ne va pas se réveiller d'une minute à l'autre. Son cœur bat la chamade. De plaisir et de peur. Ils jouent avec le feu. Lui risque gros. Elle l'aime. Elle l'aime tellement, elle en prend conscience. Ingrid ne peut pas se permettre de lui attirer des ennuis. Non, elle ne tient pas à ce que cette folie l'envoie à Azkaban. Pour lui. Pour lui, elle doit refuser cela. Elle doit le repousser. Par amour pour lui, elle ne doit pas être égoïste. En pleurant, elle se sépare de lui et sans dire un mot, les larmes sur ses joues, elle s'enfuie en courant, disparaissant dans les escaliers, laissant au milieu du salon un homme perdu et désespéré qui ne comprend rien à la réaction de la demoiselle. Il aurait pourtant juré qu'elle n'attendait que ça. Il avait sentit, en l'embrassant, qu'elle l'avait voulu, qu'elle avait aimé. Et maintenant... Il n'a plus qu'à rentrer à ses appartements. Un verre de Whisky pur malt lui fera certainement du bien, après avoir fracassé ses points contre les mûrs de son salon, de colère, de rage, d'incompréhension... de désespoir. Pleurer un coup, ce qui ne lui arrive jamais. Cruelle Ingrid. Cruelle et désespérée, au fond de son lit, l'aigle pleure lui aussi.

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