Ses yeux verts

Au programme de ce jeudi, en cours de divination, Ingrid a pour mission de voir l'avenir dans une boule... Passionnant quoi. Ou pas du tout. Elle a déjà fait ça en France et, apparemment, les étudiants autour d'elle ont déjà vu ça en troisième année, le coup de la boule de Cristal. Du coup, personne n'est réellement motivé, sauf pour se moquer de l'enseignante qui semble assez ridicule au milieu de l'assistance. Poussant un soupir malgré son manque d'envie de travailler, Ingrid essaie toutefois d'ouvrir son troisième œil, si tant est qu'elle a un. Sauf que son truc à elle, ce sont les sciences. Les potions par exemple. Elle adore ça. Surtout depuis qu'elle travaille en privé avec le professeur Rogue tout les mardi soir, certes. Elle a prit du coup une sacrée avance sur ses collègues, qui lui vaux l'admiration du professeur Slughorn.

"- Si j'arrive à voir quoi que ce soit là-dedans... Tu vois un truc toi Luna ?" questionne Ingrid qui jette l'éponge, tournant sa tête vers sa partenaire, qui n'est autre que son amie Loufoca.

"- Pas trop. On dirait des nargoles, je crois. Non ? Tu crois que ça veut dire quoi ?"

"- Sûrement que nous avons besoin de dormir." soupire Ingrid sans consulter son livre, persuadée de l'inexistence des nargoles.

"- Oui. Peut-être. Tu travaille trop aussi. Et avec le professeur Rogue, ça va ?"

Devenant livide, Ingrid tourne la tête vers la blonde, se demandant ce que cette dernière a voulu dire par là. Son cœur tambourine dans sa poitrine alors que la jeune femme, ça y est, s'imagine faîte comme un rat, prise au piège, surprise en plein délit d'aimer. Et ça l'énerve. D'abord, depuis quand l'amour est un pêché, un délit ? Elle a le droit d'aimer qui elle veux et qui en est digne. Hors, Severus est l'homme le plus digne de l'amour de la serdaigle, aux yeux de cette dernière. Sans véritablement le connaître, sans savoir ce qu'il traverse, mais sachant ce qu'a été son passé, sachant qu'il n'est pas le mangemort atroce que tous s'imaginent, la rouquine ne voit personne plus à même de mériter son amour que cet homme.

"- Tu veux dire quoi Luna ?"

"- Ben tes cours du mardi ? Tu travailles toujours avec le professeur Rogue non ?"

Ingrid, tout a coup, a l'impression de mieux respirer. Bon sang, qu'elle a donc eût peur, pendant quelques instants et au final, son amie ne voulait parler que de sa scolarité. Le rythme cardiaque de la rousse ralentit en quelques instants.

"- Oui oui. Et en fait ça va. Je crois que j'ai pris pas mal d'avance sur les cours du professeur Slughorn. Le professeur Rogue est... c'est vraiment un excellent professeur. Il parait froid, distant en cours et je pense que si j'avais été... moins bonne en potions, il ne se serait pas tant embêté pour moi mais là, il m'aide vraiment à avancer, rectifie mes potions, m'aide à les améliorer. C'est plaisant de travailler avec quelqu'un qui maitrise réellement son art. Nous allons bientôt commencer à voir les potions de septième année. Le professeur Rogue pense que j'ai le niveau."

"- Oh c'est bien ça !" chuchote Luna, contente pour son amie. "Tu pense travailler en potion plus tard ?"

"- Je voulais devenir médicomage. Mais je ne suis plus très sûre. On ne fait plus de potions après. Alors que Sainte-Mangouste paie des hommes comme Rogue pour lui fournir le stock de potions. C'est peut-être, du coup, plus intéressant de choisir ça. Mais il faut être bon, j'imagine que de tels hôpitaux n'engagent pas n'importe qui en guise de préparateur de potion." fait remarquer Ingrid.

"- Le professeur Rogue doit donc être bon !"

"- C'est le meilleur." souffle Ingrid, avant de prendre conscience de ce qu'elle vient de dire. Personne, aucun élève censé dans cette école, ne dirait quelque chose de si gentil au sujet du professeur de défense contre les forces du mal et Ingrid espère que cette absence ne va pas précipiter sur elle quelques soupçons de la part de Luna. Mais finalement cette dernière ne bronche pas, ne dit rien.

Le cours enfin se termine et les étudiants courent presque pour quitter les lieux. Ingrid préfère ne pas se précipiter vers la sortie, de peur de se faire écraser par ses camarades de corvée. Si bien qu'elle est dernière à quitter la classe, aux côtés de Luna, sans remarquer le regard qu'a posé sur elle Mme Trelawney. Le regard de celle qui sait, de celle qui a vu.

Mme Trelawney, se laissant tomber sur son fauteuil, jette un nouveau regard à sa boule de cristal, dans laquelle le futur se dessine, sous les traits de Rogue et Ingrid. Impossible de déterminer quand se déroule la scène, si la jeune femme est toujours étudiante à Poudlard ou non, mais l'amour entre les deux protagonistes, au moment que montre la boule de Cristal, est indéniable. Poussant un soupir, la devineresse se plonge totalement dans cette vision, admirant l'avenir, ou l'un des avenirs possibles, du couple, tout en se demandant s'il lui faut prévenir Dumbledore ou attendre d'en savoir plus au sujet de cette relation, attendre de découvrir par la divination, quand cette relation débutera. Ou d'apprendre, dans une vision du futur, quand elle a débuté, si le mal est déjà fait. Soupirant devant ces images d'amour, la femme repense à celui qu'elle a aimé, des années auparavant. Tout le monde ici la prend pour une folle. Mais les gens ignorent, ne cherchent pas à comprendre, ne cherchent même pas à savoir qu'autrefois, cette femme à l'allure déglinguée était comme eux, étudiante à Poudlard, parfaitement normale à l'exception d'un don notable pour la divination, avec ses histoires de coeur. L'une d'elle l'avait dévastée et avait finalement fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui mais elle ne regrettait rien et, avec délice, la femme se remémore alors ces moments d'amour avec cet homme, mort au cours de la première guerre contre le Seigneur des Ténèbres.

Insouciante des nouveaux dangers, plus ardents que jamais, qui la menacent, de cette trahison magique que vient de jouer contre elle le don de divination, Ingrid prend la direction de la bibliothèque où, en compagnie de Noeme et Koguni, elle prévoie de travailler un peu, n'importe qu'elle matière qui ne se rapproche pas de près ou de loin à de la divination. Finalement, toutes trois se mettent d'accord pour étudier les potions, Ingrid conseillant les autres puisque le sujet de recherches donné par Slughorn conseille l'une des potions étudiée avec Severus quelques cours auparavant.

"- Ingrid... comment tu fais !?" s'agace finalement Koguni, étonnée de la facilitée de la serdaigle à leur fourguer les informations nécessaire pour leur devoir.

"- Hermione m'a offert un excellent livre sur les potions à noël." ment la demoiselle car, si elle a effectivement reçut un tel présent, ce n'est pas de celui-ci qu'elle tire les informations du jour.

"- Et comme elle, tu arrives à retenir d'un coup ce que tu lis... Vous me faîte bader les filles, vraiment ! On a limite l'impression que c'est simple pour vous !"

"- Je suis une bouse en botanique, si ça peut te rassurer."

"- Une bouse... Tu n'excelle pas, c'est une chose. Mais de là à dire que tu es une bouse..." râle la serpentard.

"- Moui ce n'est peut-être pas le mot. Enfin vous savez, ce n'est pas facile et je suis loin d'être parfaite, j'ai des tas de défauts et des tas de raisons de vous envier." lance la demoiselle avant de se taire, sans renseigner les deux filles davantage, malgré les regards que ces dernières lui lancent dans l'espoir de la décider et qui finalement, la font davantage rire qu'autre chose.

"- Bon et sinon, les amours ?" demande Noeme.

"- Ben ça tu vois, c'est un des points sur lequel je t'envie Noeme. Je n'ai personne et personne ne m'intéresse." s'empresse de répondre la demoiselle, le rouge aux joues. "J'ai eût un faible en début d'année, pour un gryffon, mais c'était purement physique. Je constate qu'amis est la relation qui nous convient."

"- Ah... Et Adrien ? Il parait que tu l'as rembarré à la Saint-Valentin." interroge Koguni.

Ingrid rougit, ne sachant plus où se mettre. Voilà des jours que son ami ne lui parle plus et de fait, des jours que le meilleur ami du jeune homme, Mathieu, ne lui parle plus non plus. Poussant un soupir, la sorcière chasse ses pensées de son esprit.

"- Il ne m'intéresse pas de cette façon là. C'est un très bon ami... était. Le meilleur. Mais il ne me parle plus, depuis que je l'ai effectivement éconduit, en prétendant avoir quelqu'un d'autres dans ma vie. C'est juste que... je n'ai pas sût quoi faire, quoi dire... Et je ne voulais pas qu'il passe désespérément sa vie à m'attendre alors... Mais je pense que je ne m'y suis pas pris de la bonne façon." admet la serdaigle, d'un air peiné.

Poussant un soupir, la jeune femme se plonge alors dans un mutisme total et ni Noeme ni Koguni ne parvient à lui faire dire quoi que ce soit de plus. Finalement, elles se séparent un peu plus tard de sorte à aller manger puis vaquer à leurs occupations.