Ses yeux verts

Chapitre 44 : Chapitre quarante-quatrième - Plus rien n'est comme avant

2115 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:25

"- Je n'avais pas le choix !"

"- On a toujours le choix Ingrid !"

La voix de Severus vrille les tympans de la jeune femme qui grimace en affrontant l'homme qu'elle aime. Ne comprend-il donc pas que c'est pour lui et uniquement pour lui que la bleu et bronze a agi de la sorte ? La sorcière pousse un soupir. Bien sûr que non elle n'a pas eu le choix, qui peut l'avoir face aux projets démesurés de Lord Voldemort ? Ingrid le dévisage. Elle déteste plus que tout entretenir ce genre de conversation avec lui, d’autant plus que c’est leur première vraie dispute depuis qu'ils sont ensemble, la plus violente. Ils se sont envoyé des mots à la tête, lui surtout, qu'ils ne pensent pas et les regrettent maintenant en se dévisageant.

"- Je ne l'avais pas. Tu allais le tuer. Je l'ai fait à ta place, je l'ai fait pour toi, parce que ce geste... Je sais qu'il te répugnais. Et il me répugne aussi, je n'arrive même plus à regarder Harry en face ! Mais c'était ça ou tu devais agir et je sais que c'était dur pour toi !" s'agace la rouquine.

Dans le grand lit vide de sa chambre, Ingrid se redresse d'un coup en se rappelant de cette dispute survenue il y a quelques temps. Juste après leur toute première fois ensemble. Assise sur le matelas, la sorcière ramène les jambes contre son buste et, passant les bras autour, elle regarde le ciel nuageux dehors et elle pousse un soupir. Le plus incompréhensible dans tout ça c'est qu'à la fin de la dispute, sous le coup de l'agacement, de la tension, de l'amour, ils se sont réconciliés et demandés pardon sur l'oreiller en s'embrassant comme si c'était la fin, comme si ce ne serait bientôt plus possible de le faire. En somme leur entrevue s'est bien terminée, si bien que la jeune Potter a bien du mal à comprendre pourquoi, depuis, il arrive que cette dispute lui revienne en mémoire.

Quittant son lit, la sorcière pousse un soupir et commence à se préparer en vue de la rentrée. L'été a été si mouvementé au cours du mois écoulé qu'elle n'a pas vu le temps passer en dépit de l'absence de Severus. Malgré les questions, comme elle ne sait pas comment va se passer la rentrée, ce qu'il se passe pour le sorcier suite aux accusations de Harry, la disparition de ce dernier... Ingrid se sent prise dans une histoire compliquée et terriblement floue à l'aube de sa septième année. Avec lassitude, la sorcière regarde ses bagages et rejoint la cuisine pour prendre le petit déjeuner. Ses parents sont déjà partis, alors la jeune femme ne s'attarde pas et remonte rapidement. Même s'ils ne travaillent plus au ministère, ce qu'ils cachent à leur fille, les Williamson continuent d'essayer de lutter contre les forces du mal.

Avoir dix-huit ans est un sacré avantage. Étant considérée comme une sorcière adulte et responsable, la jeune femme a la possibilité d'utiliser la magie hors de Poudlard. Réduisant ses bagages, Ingrid les range dans son sac à main pour ne pas s'encombrer, ne pas subir le poids de ses affaires. Et puis elle transplane direction la gare de King Cross. Aux abords de celle-ci, dans un quartier moldu, la sorcière achète un café couvert de crème fouettée avant de se rendre à la gare en elle-même, l'esprit perdu dans ses pensées alors qu'elle s'inquiète pour Harry qui ne donne pas de nouvelles. Elle espère le voir aujourd'hui et c'est pour cela qu'elle ne traîne pas, pour avoir le temps de voir tout les étudiants. Mais le temps passe et il n'y a aucune trace de son frère. Ni de Ron ou d'Hermione. Alors... il est vraiment parti ? Il aurait pu la tenir au courant. Il a peut-être de bonnes raisons à son silence mais... la jeune femme se sent légèrement trahie. Elle aurait voulu qu'il la prévienne, qu'il lui fasse confiance. Quittant la voie neuf trois quart elle transplane, direction Pré-au-Lard. Elle doit passer faire quelques achats et, par ailleurs, elle sera ainsi plus vite au château pour voir Severus. Il avait laissé entendre qu’il serait encore à Poudlard. Elle ne savait pas vraiment comment.

Remontant vers le château la jeune femme sent son cœur battre la chamade et, dès que c'est possible, son regard se porte sur le sommet de la tour d'astronomie et elle a un petit frisson. Un battement de cœur comme un regret. Elle n'a pas eu le choix essaie-t-elle de se dire mais cela ne la console pas vraiment, elle aurait aimé trouver autre chose. Sauf qu'elle ne peut pas résoudre tous les problèmes du monde non plus. C'est sur cette pensée qu'elle arrive devant la grille de Poudlard, évidemment fermée vu l'heure. Alors elle envoie son patronus, songeant que Minerva est directrice comme le cygne jaillit de sa baguette.

En voyant arriver un homme inconnu, la sorcière est surprise. Il faut dire qu'elle n'a pas ouvert un journal de l'été, de peur d'y apprendre la mort d'un être cher. Alors elle a laissé ses parents lui apprendre les nouvelles. Et ils lui ont soigneusement caché celle-ci ce qui l'étonne, en reconnaissant Amycus Carrow, qu'elle a un jour vu sur un avis de recherche, elle songe que si ses parents avaient eu vent de cela... ils auraient refusés de la laisser retourner à Poudlard, tout simplement."- Oui ?" déclare l'homme d'un air mauvais.

"- Je suis étudiante ici." répond la sorcière inquiète, espérant qu'il ne va pas lui demander son identité."- Nom ? Prénom ?"

La jeune femme sent son sang se glacer dans ses veines mais une inspiration soudaine lui souffle de se sortir de cette situation en mentant. Son instinct primaire lui souffle de ne pas révéler qu'elle est une Potter. Tout les mangemorts en ce moment doivent être à la recherche de son frère et elle ne veux pas causer de tord à ce dernier. C'est ce moment que choisi Severus Rogue pour faire son apparition, vêtu de ses capes noires.

"- Laissez Carrow. C'est une élève." répond l'ancien maître des potions.

Amycus Carrow pousse un grognement avant de s'éloigner en les regardant parfois par-dessus son épaule si bien que la rousse n'ose pas dire le moindre mot et elle emboîte le pas à Severus quand il lui demande de le suivre. Remarquant qu'ils prennent la direction du bureau directorial, la bleu et bronze suppose que le professeur McGonagall souhaite la voir, probablement au sujet d'Harry. Malheureusement la demoiselle ne sait pas grand chose concernant ce dernier, pour ne pas dire rien. Le bureau est vide quand Ingrid entre et sa curiosité s’accroît.

"- Je suis le nouveau directeur." indique alors son partenaire en la regardant, notant son air surpris et intrigué, rapidement mal à l'aise quand son regard croise le portrait somnolant du professeur Dumbledore.

"- Je... je ne le savais pas. Mes parents m'annonçaient les nouvelles je... Je n'ai pas lu la gazette ou le chicaneur c'était... trop inquiétant." explique la sorcière.

"- Tu sais quand même que le ministère est aux mains de Tu-sais-qui ?"

"- Non... Ils... ils ne m'ont rien dit ! Je croyais qu'ils bossaient encore là-bas !" s'écrie la rousse en le dévisageant, l'esprit envahi de pensées, de peur, de réflexions.

"- Ils n'auront pas voulu t'inquiéter. Quoi qu'il en soit... Tu vas devoir être prudente cette année Ingrid. Les Carrow ne plaisanteront pas avec la discipline. Et ils se feront un plaisir de... torturer la sœur de... de l'ennemi numéro un." dit-il d'une voix éteinte.

La rousse déglutit en l'écoutant. Mais ça ne la surprend pas vraiment comme il lui apprend la nouvelle, c'est toujours comme ça dans une guerre, on aime torturer les proches de notre opposant. La bleu et bronze ne se sent pas très rassurée.

"- Je vais les refréner autant que je pourrai, tu t'en doutes. Mais ne leur donne pas une occasion de te faire du mal. Ne crois pas qu'Alecto sera plus douce parce que c'est une femme, elle est probablement la pire du duo." la prévient-il en essayant de prendre un ton détaché mais son inquiétude le transperce. "Je ne supporterais pas qu'il t'arrive quelque chose tu m'entends ? Te perdre serait... Non, je ne veux même pas y penser, tu ne peut pas me faire ça. Tu es la seule chose belle et stable à la fois qui me soit arrivée au cours des trente-sept dernières années. Je t'interdis de me faire ça Ingrid. J'interdis, à toi et à ton cerveau limité par les gênes de ton idiot de père, de m'infliger ça !" dit-il du ton le plus froid et détaché qu'il lui soit possible de prendre en tenant de pareils propos.

La jeune femme acquiesce d'un signe de tête en frissonnant un peu. Ce qu'elle entend fait bondir son cœur dans sa poitrine, malgré la petite pique lancé pour son père. Il tient à elle. Bien sûr elle le sait depuis un moment mais de tels propos ne font que le prouver davantage et la rouquine sait que c'est réciproque. Mais le plaisir des mots fait place à la peur, aussi et Ingrid se demande si ces deux timbrés seront les seuls mangemorts dans le château ou si toute la clique va les rejoindre. En posant quelques questions elle découvre que les Carrow seront professeurs, l'un en art de la magie noire et l'autre en étude des moldus, la jeune femme se doute à cette mention que le cours n'aura rien à voir avec l'ancien.

Le temps passe ainsi et, après de longues heures passées à s'installer, à tourner en rond dans les appartements de Severus en discutant avec ce dernier, la sorcière le quitte pour rejoindre la grande salle où les premiers élèves commencent à arriver pour la cérémonie de la répartition. Ingrid prend place peu rassurée à la table des aigles et, quand Severus doit faire un "discours" elle rive son regard sur lui comme pour l'aider. Aux murmures dans la salle elle sait que l'année sera longue.

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