Les Souffleurs de Lumière

Chapitre 13 : Puis les étoiles tombèrent

4374 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:49

 

PUIS LES ETOILES TOMBERENT

 

 

Il restait cinq jours et soudain le temps semblait à la fois ralentir atrocement et se précipiter, haletant, sans qu'ils puissent accomplir toutes les tâches qu'ils avaient encore à mener à bien avant l'ouverture de l'Axe.

Wendy travaillait d'arrache-pied sur le véhicule de forage. Elle ne se rappelait plus à quand remontait sa dernière douche, avalait les sandwichs que lui apportait Poivre d'une seule bouchée et oubliait régulièrement son thé refroidi au milieu des outils répandus sur le sol tiède. A l'étage d'en dessous, Calcifer fredonnait comme un pépé à bicyclette et façonnait des papillons dorés dans ses flammes.

Matilda et Christopher partaient tous les après-midis en exploration sur les sites les plus susceptibles d'être l'emplacement de la Porte : la Crique du Sarcophage, la Crête du Détour, l'Anse du Rocquenlune où bouillonnaient d'étranges bulles nacrées sous la surface noire de la mer. Ils ramenaient des échantillons de rochers et d'algues et passaient la moitié de la nuit à les étudier dans leurs laboratoires.

Terrence semblait le plus acharné des chercheurs. Sans s'accorder la moindre pause, blême et émacié comme un artiste en pleine furie d'inspiration, il écumait la bibliothèque et pressait Euphrosine de tant de questions que la vieille femme en avait des aphtes : elle luttait contre ses mâchoires soudées pour réussir à lui donner des bribes d'informations. Quand il n'était pas avec elle, il arpentait la plaine en plissant les yeux sous l'éclat blanc du soleil d'Antarctique et réfléchissait si intensément qu'un pli indélébile s'était creusé entre ses deux sourcils.

Il était retourné à l'Île de l'Ogre et à la station japonaise, y avait proposé ses services pour soigner l'épidémie étrange qui y sévissait. En interrogeant les malades et leurs collègues, il avait entendu mentionner la Carcasse de la Baleine et s'était fait conter l'anecdote moldue qui y était liée. Il était rentré à la base surexcité : il y avait bien une histoire de chiens ! En 1957, lorsque le premier hivernage japonais s'était terminé, de terribles conditions climatiques avaient obligé les membres de l'équipe à laisser derrière eux leurs précieux compagnons à quatre pattes. Un an plus tard, au retour des hommes, seuls deux des quatorze chiens abandonnés à leur sort en Antarctique avaient été retrouvés vivants. C'étaient les mêmes qui, l'hiver précédent, avaient sauvé un groupe de chercheurs perdus dans le blizzard et qui s'étaient réfugiés dans la grotte formée par le squelette gigantesque.

En comparant les rapports de mission et les carnets de notes de cette époque, Terrence s’était aperçu que cela correspondait à la date où Rina Kettlery était en poste. Il aurait voulu pouvoir rétablir la connexion avec l’Angleterre, exiger d’interroger la vieille folle, mais ce n’était hélas pas possible et il lui fallait ronger son frein à côté d’Euphrosine bâillonnée par ce qu’il devinait être la malédiction dont Christopher avait entendu Calcifer parler.

Gunter s’était mis en quête d’un fantôme de navigateur ou de scientifique accidenté pour en savoir davantage sur ce qui était arrivé aux chiens pendant les longs mois où ils avaient attendu fidèlement que leurs maîtres reviennent.

Le vingt-sept décembre, l’état d’Albus s’aggrava brusquement. Vivienne, qui lui apportait ses relevés du tracé des étoiles pour qu’il le compare avec les derniers déplacements des renards à queue de feu, le trouva plié en deux à son bureau, le corps déchiré par une terrible quinte de toux et du sang plein la bouche. Il avait déjà dû plusieurs fois demander à Terrence des cataplasmes pour soulager les terribles élancements de la cicatrice en forme de fleur sur son torse et sa fièvre était remontée lentement mais inexorablement. A présent, quand il ne s’étouffait pas en essayant de respirer, il se tournait et se retournait sur son lit, marmonnant sans aucun sens, couvert d’une sueur glacée, à moitié inconscient.

Scorpius s’en était voulu énormément. Il s’était disputé avec Albus le jour de Noël, sur une broutille absurde. Le fils d'Harry Potter avait cru que c’était parce que son ami se sentait blessé de n’avoir pas été mis au courant du projet de demande en mariage, mais Wendy avait couru derrière Scorpius quand il avait quitté la tour en claquant la porte du sas, si fort qu’on aurait pu croire que c’était Calcifer qui faisait trembler les murs sous un accès de colère. Grelottant sans son manteau, la jeune fille avait pataugé dans la neige derrière l’agent du gouvernement, jusqu’à ce qu’elle le rattrape.

- Je sais que ce n’est pas parce qu’Albus ne t’avait rien dit que tu es furieux, avait-elle haleté. "Je suis désolée, Scorpius, vraiment désolée… mais s’il te plaît… ne le lui fais pas payer à lui…"

Il n’avait pas répondu, s’était dégagé de la main suppliante qu’elle avait posée sur son bras et avait continué sa route sans un regard en arrière.

Depuis la fenêtre de l’infirmerie, Terrence avait assisté à la scène, les lèvres serrées en une ligne dure.

Wendy était retournée à la salle des machines en essuyant son visage ruisselant de larmes et s’était promis de continuer à essayer de réparer leur amitié qui partait en lambeaux.

Et puis Albus s’était effondré.

Scorpius, assis à côté du lit de celui qui lui avait appris le sens du mot espoir, méditait amèrement sur la colère, l’envie et le désespoir qui bouillonnaient en lui, comme agités par une force obscure, ancienne.

C’était un désastre et il avait fallu moins d’une semaine pour que tout ce qu’ils avaient vécu ensemble soit réduit à néant par une stupide histoire d’amour.

Sept malheureux jours.

C’était là que Terrence avait compris.

Harry Potter les avait rassemblés après leur retour du Brésil et il leur avait raconté ce qui s’était passé quand Albus allait avoir sept ans et que Crocmou était apparu. Il avait aussi fait le parallèle avec le réveil du dragon l’année de leurs quatorze ans.

Et maintenant les choses se déroulaient exactement de la même façon que les deux fois précédentes.

Il y avait définitivement un lien entre Dewis et l’Axe.

"Quand je suis arrivé ici, c'était comme si je venais de rentrer à la maison."

"Il appelle, il pleure, il veut partir."

C’était évident.

Lorsque la Porte s’ouvrirait, le dragon retournerait de là où il venait et…

Dans l’obscurité de sa chambre, Terrence fermait les yeux et serrait les poings, recroquevillé sous sa couette pour se protéger des horribles pensées qui venaient l’entourer de leurs yeux flamboyants et de leurs ombres mouvantes.

Et alors Albus mourrait, sans doute.

Wendy ne serait plus à lui.

Et Scorpius aurait le cœur brisé.

Mais il ne pouvait se résoudre à trouver le courage de l’expliquer aux autres.

Renoncer.

Un mot terrible.

 

oOoOoOo

 

Le vingt-huit décembre, les étoiles se mirent à tomber.

Elle se décrochèrent une par une, filant sur la voûte sombre comme des larmes d'or. Le ciel s'embrasa au-dessus de la mer et les nuages fondirent en draperies d'un vert rosâtre, ondulant au-dessus des glaces comme d'immenses voiles.

On entendait aussi une sorte de chant très ancien et très beau, comme porté par le vent à travers les crevasses et les falaises des Dents de Crystal. La neige jaillissait en geysers mousseux là où les comètes achevaient leur course en faisant vibrer la banquise qui craquait de façon terrifiante. Les vagues énormes qu'elles soulevaient en s'abîmant dans l'océan faisaient danser les icebergs dans un ballet monstrueux et magnifique, tels d'immenses bateaux blancs éclaboussés de pourpre, sur le point de sombrer pour toujours.

La pluie de feu dura des heures. Un silence mortel régnait à l'intérieur de la Base d'Inlandsis. Tout le monde s'était figé, les yeux levés au plafond, comme s'attendant à chaque instant à ce que le dôme de cristal vole en éclats et que la Tour s'effondre dans un épouvantable froissement de tôles.

Dans l'infirmerie, Albus, les lèvres décolorées, ses cheveux noirs poisseux de sueur sur le front, ne s'agitait plus sous l'emprise de la fièvre. Il y avait une goutte écarlate sur le drap à côté de sa bouche.

Quand il n'y eut plus aucun scintillement dans le ciel d'encre et que l'Antarctique cessa de trembler comme un animal effrayé tapi au sol, Vivienne et Christopher s'équipèrent et sortirent pour aller faire des relevés.

Le froid était si vif qu'il transperça leurs parkas, les sortilèges jetés à leurs vêtements, même leurs peaux. Quand ils revinrent, pour la première fois depuis leur arrivée en Antarctique, leurs visages étaient marbrés d'un rouge violacé et leurs doigts gonflés, d'un bleu presque noir. La désengeleuse enclencha le mode Panique et Terrence leur assura que les Moldus avaient ce genre de problèmes tous les jours et qu'ils ne s'en plaignaient pas, alors que leur médecine était bien plus rudimentaire que celle des sorciers.

Le vingt-neuf décembre, l'astrolabe de Vivienne se remit à fonctionner comme si toutes les étoiles étaient à leur place habituelle, bien que la nuit soit toujours aussi spongieuse et épaisse.

Matilda annonça que les astérolines avaient développé de fines nervures d'or et tissé des toiles cristallines dans leurs aquariums. La fleur des neiges étincelait au milieu du laboratoire, aussi vivante qu'une flamme de bougie. Quand on s'en approchait de très près, on avait presque l'impression d'entendre un chuchotement.

Gunter n'avait pas réussi à trouver de fantôme qui puisse les renseigner au sujet des chiens des Japonais, mais lui et Poivre avaient observé à l'aide des multiplettes boréales des silhouettes transparentes et fugaces qui galopaient dans la plaine aux côtés des renards à queue de feu : on aurait dit de gros loups faits d'eau glacée.

Wendy avait enfin terminé ses réparations. La citrouille d'or massif rutilait, comme neuve, même si on distinguait encore sur ses flancs des éraflures sombres et des creux qui pouvaient être dus à des chutes de pierres comme à des impacts de sortilèges. Les six pattes articulées fonctionnaient à la perfection, le pare-brise de cristal de roche étincelait de propreté et il y avait même un petit sapin parfumé à la vanille pendu au-dessus du tableau de bord myazakien.

Scorpius écrivit son dernier rapport de l'année et l'expédia par Gorfou Express. Il avait conclu par une note personnelle adressée aux Potter et les informant que leur fils était au plus mal et qu'on doutait que l'aérostat de janvier arrive à temps pour l'emmener vers un hôpital mieux équipé. Dans son tableau, le maître de stage de Terrence avait secoué tristement la tête quand Gunter l'avait interrogé : quoi qu'en dise son brillant élève, c'était la fin.

Le trente décembre au petit matin, Albus ouvrit les yeux et sourit en voyant Wendy qui dormait en bavant un peu, les bras croisés au bout de son lit. Il lui caressa les cheveux et elle entrouvrit un œil, puis poussa un cri de joie strident qui fit dégringoler tous les autres de leurs matelas dans les escaliers en colimaçon.

Il était très faible, mais il réussit à s'asseoir et à avaler le bol de soupe de crustacés que Poivre mitonna spécialement pour lui. Terrence et son maître de stage s'accordèrent sur le fait qu'il ne fallait pas crier victoire trop tôt, mais personne ne voulut les écouter. Gunter fit un discours d'une voix émue, Matilda se mit à pleurer, Vivienne embrassa Albus sur les deux joues. Euphrosine examina le jeune homme longuement, sondant la magie qu'elle sentait irradier en lui, mais elle ne put pas expliquer le phénomène.

Il y avait des éclats d'or dans ses yeux d'émeraude et quelque chose qui ressemblait à un souvenir lointain sur son front.

Le trente-décembre en fin d'après-midi, après avoir insisté tant et tant qu'ils finirent par céder, il descendit jusqu'à la chaudière, soutenu par Terrence et Scorpius. Christopher, qui était venu apporter l'habituel sac de pierres de lave aux remuants Mangeurs d'Ombre, eut alors la peur de sa vie.

Sous ses yeux éberlués, Albus Severus Potter se changea en dragon dans un fourmillement de grains noirs.

Pendant que le géologue essayait vainement de remonter sa mâchoire pendante, Calcifer s'assit royalement dans la cheminée, une longue langue de feu ondoyant derrière lui comme la queue d'un félin.

Crocmou le toisa entre ses paupières à demi-fermées et leva une patte pour essayer d'attraper cette chose si intéressante qui ne cessait de bouger.

Puis Terrence devina que Dewis avait pris le contrôle car le dragon de fourrure, mignon et joueur, ploya soudain le cou en gonflant ses ailes avec fierté, s'immobilisant face à la cheminée d'onyx comme une statue d'ébène majestueuse.

- Tu sais ce que je ressens, dit Calcifer de sa voix fluette impérieuse. "Alors, maintenant, va."

La pièce bourdonna de lumière de nouveau et Albus glissa sur le sol, évanoui.

Ce soir-là, il y eut une discussion houleuse dans le salon, avec toute l'équipe. Christopher Cadwallader montrait un front buté et insista pour que le gouvernent soit mis au courant "de la présence de cet hybride qui pourrait faire foirer toute l'opération". Vivienne et Matilda s'étaient blotties l'une contre l'autre dans le canapé et jetaient des coups d'œil inquiets mais fascinés en direction d'Albus. Wendy s'était perchée sur l'accoudoir du fauteuil de son fiancé et le couvait d'un regard farouche.

Terrence donna les explications, mais Scorpius ne dit pas un mot, le visage sombre, les bras croisés, appuyé contre la vitre de l'autre côté de laquelle soufflait un épais blizzard.

Gunter écouta gravement – Euphrosine aussi.

Finalement ce fut Poivre qui conclut.

- Vous autres humains parlez toujours pour ne rien dire, dit-il d'un petit ton impatient, en fronçant ses épais sourcils broussailleux. "Maître Calcifer a dit que c'était lui qui nous emmènerait. Voilà, ça suffit."

C'était loin d'être suffisant, comme explication, mais tout le monde alla se coucher.

Personne ne dormit, cependant.

Le trente-et-un décembre, à l'aube, la plaine blanche et veloutée fut caressée par les rayons doux d'un soleil presque printanier. Les pics bleutés des Dents de Crystal étincelaient et une légère vapeur lumineuse s'élevait de la banquise. Dans l'Anse du Rocquenlune, une nuée de Trilleurs aux ailes de verre tournoyait gracieusement.

Près de la Crête du Détour, une famille de renards à queue de feu émergea d'un trou de neige et s'ébroua dans un poudroiement. Les bébés se poursuivirent en jappant autour des deux bonhommes de neige blottis l'un contre l'autre, puis rejoignirent leurs parents en couinant. Ils prirent la direction du Nord en trottinant, les oreilles droites, laissant derrière eux de petites traces rondes.

Dans sa chambre élégante, Vivienne Drake terminait de remonter la fermeture éclair de la moelleuse combinaison rouge qui, bien que moulant ses formes, la protégerait efficacement du froid et des égratignures. Sur son lit attendait une petite valisette en peau d'alligator. Elle boucla l'astrolabe d'argent à sa ceinture, vérifia son maquillage, souffla un baiser à la gravure posée sur la table de nuit, puis quitta la pièce d'un pas presque dansant, son opulente crinière rousse dansant dans son dos.

Terrence Swanson terminait d'empiler des flacons et des sachets de compresses dans sa besace agrandie par un sortilège d'extension qui n'était presque pas suffisant. L'infirmerie était dans un désordre abominable. Il y avait des livres partout, des notes gribouillées éparpillées sur le sol et épinglées le long des murs – même sur le squelette. Il enfila un pull supplémentaire, dégagea sa longue queue de cheval blonde, puis s'aperçut qu'il avait oublié d'enlever sa blouse et dut recommencer l'opération. Il finit par bourrer encore d'autres papiers hâtivement griffonnés dans son sac et sortit en oubliant d'éteindre.

Christopher Cadwallader se regarda dans le miroir en pied derrière sa porte et réajusta les sangles de son sac à dos de l'armée. Il souffla sur une mèche brune un peu trop longue sur son front et s'adressa un sourire qui se voulait formidable, échouant lamentablement. Il sautilla un peu pour se caler dans ses pataugas, puis se pencha pour ramasser son bonnet sur la chaise. Le bonnet se dépêcha de se carapater et il dut bondir sur lui pour l'attraper après avoir couru en rond pendant un bon moment. Koff réapparut dès qu'il lui eut ôté le chapeau à devenir invisible qu'ils avaient oublié – ainsi que le mini-monstre – pendant plusieurs jours. Le géologue hésita, puis il tapota la tête de la créature ébouriffée avec une affection bourrue, se redressa, enfonça son bonnet sur son front et prit la direction des escaliers.

Gunter Von Wartbach contempla une dernière fois son bureau tapissé de cartes de l'Antarctique et de photos en noir et blanc dans les cadres desquelles lui faisaient signe tous les scientifiques qui les avaient précédés. Il posa sa vieille valise à ses pieds, essuya ses lunettes rondes avec un mouchoir à carreaux, puis les remit sur son nez. Il adressa un sourire plein de bonté à ses confrères, à ses livres et à l'enveloppe posée en évidence sur le sous-main de cuir, puis il ramassa sa valise et ferma la porte derrière lui.

Matilda Musaraigne attendait dans le sas, l'air encore plus maigre et flasque que d'habitude dans sa combinaison vert bouteille, ses longs cheveux noirs tressés en couronne sur la tête et un bouton d'acné tartiné de dentifrice au milieu du front. Elle serrait si fort les courroies de son sac à dos que les jointures de ses doigts étaient blanches. Elle adressa un sourire crispé à Scopius qui descendait et il répondit distraitement. Il était tout vêtu de noir, très pâle, et levait haut le menton triangulaire qu'il avait hérité de son père, comme si c'était son premier jour d'école ou celui de son affectation au ministère de la magie. Il avait glissé sa baguette dans un étroit étui attaché sur sa cuisse et épinglé sa broche aux armoiries des Malefoy sur le revers de sa veste.

Ses cheveux d'un blond presque blanc attrapèrent les rayons du soleil quand il sortit sur le perron et il cligna des yeux, ébloui par les éclats que jetait la citrouille d'or que Wendy Philips faisait lentement sortir de la Tour par une large trappe de métal rouge.

La jeune mécano avait enfoncé une paire de grosses lunettes de ski sur ses yeux gris facilement blessés par la lumière. Elle tenait sa baguette d'une main ferme et semblait n'avoir aucune peine à manœuvrer l'énorme véhicule qui flottait dans les airs.

Scopius comprit qu'elle avait de l'aide quand il réussit à y voir enfin. Euphrosine Howler aussi avait les bras levés. Elle avait posé son sac en tapisserie démodée à côté d'elle dans la neige, ainsi qu'un drôle de chapeau de paille garni de camélias bleus en tissu.

Un peu plus loin derrière elle, le dragon de fourrure noire se roulait avec délices dans la poudreuse et quelque chose qui ressemblait à un Phoenix en combustion bondissait autour de lui en poussant des miaulements de joie.

La citrouille passa au-dessus de la tête de Scorpius, le couvrant de son ombre pendant un instant, puis elle alla se poser lourdement au pied de la Tour.

Wendy baissa sa baguette et fit craquer son cou avec soulagement. Elle mit deux doigts dans sa bouche, siffla son sac à dos qui arriva en trombe, et se coiffa crânement de son béret en crochet vert tricoté par Molly Weasley pendant que la porte massive de la Tour se refermait avec un bang sonore. Puis elle se tourna vers Gunter qui attendait patiemment et qui lui sourit.

- C'est bon, nous sommes prêts, dit-elle d'une voix courageuse.

- Alors allons-y, dit gravement le vieil homme en se tournant vers le dragon qui frétillait, la langue pendante, ses yeux verts pétillants d'excitation.

- Allons-y ! piailla Calcifer d'un ton délirant, en fusant vers le grand ciel d'azur comme une comète d'or cramoisie, avant d'effectuer un looping et de revenir piquer en direction d'Euphrosine qui le reçut contre elle comme un enfant.

- Rentrons à la maison, chuchota-t-elle tendrement, plongeant son regard bleu dans les prunelles de braise du feu follet roulé en boule dans ses bras.

 

 

A SUIVRE...

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