Comme la glace

Quand Hermione ouvrit les yeux, il était 17h45 et le wagon était complètement désert. Le fait que les préfets ne soient pas encore là était normal, le Poudlard Express n’arrivait en gare qu’à 18h15. En revanche, l’absence de Drago Malefoy était suspecte. Après tout, elle s’en fichait : il faisait bien ce qu’il voulait, du moment qu’il lui fichait la paix.

Elle débrancha ses écouteurs et descendit sa valise du porte-bagage. Vu l’heure il était temps qu’elle se change avant que les préfets ne débarquent. Elle ouvrit la malle et sortit sa toute nouvelle robe de sorcière ainsi qu’un uniforme flambant neuf.

Son travail chez Fleury et Bott lui avait permis de visiter le Chemin de Traverse dans ses moindres recoins. Elle avait parcouru les allées, entrant dans chaque commerce, farfouillant dans chaque étale. Ainsi elle s’était dégoté dans une boutique de brocante une reproduction parfaite de la galaxie sous un grand globe de verre qu’elle avait accroché au plafond de sa chambre. Grâce à l’argent qu’elle avait gagné elle s’était fait plaisir. Bien évidemment elle s’était procuré ses affaires de cours chez l’apothicaire ou encore au magasin de chaudrons. Mais elle s’était surtout acheté une nouvelle garde-robe chez Madame Guipure, prêt-à-porter pour mages et sorciers. Hermione était trop fière pour l’admettre, mais en réalité elle adorait bien s’habiller. Elle trouvait qu’une belle tenue, même négligée, donnait une image d’autorité et d’élégance.

La jeune fille déplia soigneusement sa robe et son uniforme. Avant de les enfiler elle accrocha l’insigne de Préfète-en-Chef que le Pr McGonagall avait joint à sa lettre. Elle se déshabilla en vitesse, mît ses habits et enfila sa robe. Elle eût juste le temps de finir de nouer ses lacets que la porte du wagon s’ouvrit laissant apparaitre un jeune homme blond. Malefoy parti s’asseoir à sa place en fixant la jeune fille avec insistance. Hermione, sentant son regard de glace, se retourna vivement. Il n’essaya même pas de détourner les yeux.

« Qu’est-ce que tu veux Malefoy ? » grogna Hermione. 

Elle n’eût aucune réponse en retour, seulement un sourire ambigu qu’elle ne parvint pas à déchiffrer. Elle savait que Malefoy était doué pour cacher ses pensées, une fois de plus il était bien à la hauteur de sa réputation. Elle haussa les épaules et replia ses affaires pour les ranger dans sa malle.

« Dis-moi Granger, c’est un tatouage que je vois au-dessous de ton oreille ? demanda Drago.

- Peut-être bien. Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? s’étonna la jeune fille.

- Oh rien. Je trouve ça ridicule en temps normal, mais là…, il laissa sa phrase en suspens.

- Là quoi ? On n’t’a jamais dit que c’est impoli de ne pas finir ses phrases ?! »

Malefoy était sur le point de lui répondre quand les huit préfets débarquèrent dans un brouhaha monstrueux. Hermione regarda sa montre pour constater l’heure.

« 18 heure ! Bravo, vous êtes pile à l’heure. Quelqu’un à quelque chose à me rapporter d’inhabituel ?

- Ouais, tes chaussures sont une horreur, lança avec dédain la préfète de Serpentard. Mais c’est vrai que ça n’est pas vraiment inhabituel.

- Hilarant. Puis-je savoir ton nom ?

- Eleanor Madley, sang-pur.

- Et bien, Eleanor, sache que les préfets sont sous les ordres des Préfets-en-Chef. Tous les préfets ; alors je te conseille de garder tes commentaires pour toi si tu ne veux pas te faire réprimander par une né-moldue. C’est bien clair ? Hermione n’attendait pas vraiment de réponse de la part de la Serpentard, elle continua donc de donner ses instructions. Vous pouvez aller vous changer, mais ne trainez pas : le train arrive en gare dans 10 minutes. »

Les préfets prirent leurs affaires et se changèrent tout à tour dans les deux petites salles d’eaux à leur disposition. Dix minutes plus tard, le Poudlard Express rentra en gare de Pré-au-lard. Les préfets et Préfets-en-Chef descendirent les premiers afin d’ouvrir les portes du train. Hermione s’empressa d’ouvrir la porte du wagon où ses amis étaient installés. Elle vit plusieurs élèves défiler avant d’enfin apercevoir Harry et Ron.

« Les garçons, toujours les derniers à sortir…, soupira Hermione.

- Plains-toi à Ron, cet imbécile avait mis son uniforme tout au fond de sa malle. Ça lui a pris au moins une demi-heure pour ranger sa malle ! se moqua Harry.

- Eh ! Ce n’est quand même pas de ma faute si ma malle est trop étroite pour contenir toutes mes affaires, si ?! se lamenta Ron.

- Ronald, si tu t’occupais de faire ta malle avant la dernière minute peut-être que tu t’en sortirais un peu mieux ! Peu importe, vous n’imaginez pas à quel point je suis heureuse de vous voir ! Ce voyage était vraiment…étrange…

- Comment ça ? Malefoy t’en a fait voir de toutes les couleurs ? S’inquiéta Harry.

- On peut dire ça oui… Je vous expliquerai ça plus tard ! Allons-y, les calèches ne vont pas nous attendre ! »