Comme la glace

« Hermione ? Hermione… »

Une voix. Comme un murmure remontant du plus profond des abysses. Un appel, un chant. Un son si lointain que la jeune fille ne le perçu presque pas. Son esprit était en miettes. Tellement éparpillé qu’elle ne parvenait même plus à se remémorer qui elle était.

« Hermione, réponds-moi… Je t’en prie… Je t’en prie ! »

Une image vive apparue dans sa tête. C’était une jeune femme. Une jeune femme aux cheveux châtains. Elle avait l’impression de la connaître… Oui, elle la connaissait. C’était elle. Elle se souvint soudain son prénom, son nom, son visage. Ce qu’elle ignorait c’est pourquoi il lui avait été si difficile de se remémorer ces simples détails. Une douleur fulgurante vint interrompre le fil de ses pensées déjà bien embrumées.

« Regardez ! Je crois qu’elle a bougé ! Oui, j’en suis sûr ! »

Elle avait mal. Mal dans tout son être. Cette douleur au départ sourde, devenait de plus en plus intense à mesure qu’elle reprenait connaissance. Sa tête était tellement pesante, ses paupières tellement lourdes. Mais elle voulait savoir. Elle voulait savoir où elle était et qui essayait désespérément de la réveiller. Pour ça elle n’avait pas le choix, elle devait ouvrir les yeux.

« Hermione ? Tu m’entends ? Regardez, je crois qu’elle reprend connaissance… »

Dans un effort surhumain, elle utilisa toutes les forces qu’elle avait encore en elle pour soulever ses paupières. Des couleurs apparurent. Elles étaient tellement floues qu’Hermione crût voir une aquarelle multicolore se créer devant elle. Puis des formes se dessinèrent. Des silhouettes. Des visages. Des visages qui paraissaient particulièrement anxieux et inquiets.

« Par Merlin, elle ouvre enfin les yeux ! s’enthousiasma un jeune homme à la chevelure de feu.

- Hermione ? Comment tu te sens ? s’inquiéta un autre jeune homme qui semblait porter de grosses lunettes rondes.

- Vu ce qu’elle a enduré, votre amie ne doit pas se sentir au mieux de sa forme je le crains…, enchaina une dame au visage très strict.

- M… ma… madame Pomfresh ? réussit à articuler Hermione.

- Oui Miss, vous êtes à l’infirmerie. Vous y êtes arrivée dans un état déplorable d’ailleurs. Heureusement qu’on vous a amené jusqu’à moi pour que je puisse vous soigner ! lui répondit, un peu trop sèchement l’infirmière de l’école.

- Ha… Harry ? C’est… c’est toi ?

- Oui c’est moi Hermione, je suis là, je suis avec toi, lui dit-il en lui prenant la main le plus tendrement du monde. Ron est là aussi, on ne t’a pas quitté depuis que tu es ici.

- Depuis que je suis ici… Harry qu’est-ce que je fais ici ? demanda Hermione en prenant soudain la pleine conscience de l’endroit où elle se trouvait et de ce que ça pourrait impliquer.

- Tu ne te rappelles rien ? l’interrogea Ron.

- Non je… »

Un flash, comme un éclair, éclata brusquement dans sa tête.

« Tu t’amuses bien Granger ?

- C’est encore mieux que ce qu’on avait prévu ! Finalement, on forme une bonne équipe tous les deux !

- Tu ne crois pas si bien dire. Tiens je t’ai apporté un verre de Triwhiskey, il est temps que tu apprennes à te décoincer un peu. »

Elle grimaça de douleur. La jeune fille ne parvenait pas à remettre toutes ses idées en place. Une vague de réminiscences affluait sans qu’elle ne parvienne à faire le tri. Fatiguée de lutter elle laissa les souvenirs l’envahir.

« La soirée te plaît, Hermione ?

- Oh oui alors !!!! J’suis une super organisatrice !!! YEAAAAH !!! Viens, j’adore cette chanson !!!

- Oh là, doucement ! Dis donc, toi, t’aurais pas un peu trop bu ?

- Bu ? Mais absolument pas ! J’suis en pleine possession de mes moyens ! Tu sais que t’es super sexy dans ce costume ?

- Okay, ça suffit, tu vas arrêter de boire et redescendre sur Terre ! Je ne te reconnais pas… Tu n’es pas toi… »

Elle rouvrit brusquement les yeux.

« La soirée ! s’exclama Hermione.

- Oui Hermione, il y a bien eu une soirée. Une fête même. Qui a tourné au désastre absolu … rajouta Harry d’une voix qui en disait long sur les évènements qui avaient dû s’y dérouler.

- Je ne parviens pas à me rappeler tous les détails. Je n’ai que des bribes de souvenirs… Aïe…, grogna Hermione.

- Ça ne va pas ? Tu as mal quelque part ? demanda Harry visiblement très inquiet.

- Oui… j’ai mal partout… j’ai l’impression que mon corps tout entier est à l’agonie. Mais j’ai surtout une horrible douleur à la tête.

- Ah ben ça c’est l’alcool ! Vu tout ce que tu t’es enfilé, c’est normal que t’es la gueule de bois ma vieille ! lui fit remarquer Ron, légèrement moqueur.

- C’est bon Ron, n’en rajoute pas ! Tu vois bien qu’elle souffre vraiment ! T’as vraiment aucun tact mon pauvre gars ! s’offusqua Harry, désespéré de l’attitude de son ami.

- Oh ça va… J’essayais juste de détendre l’atmosphère !

- Ce n’est rien Harry. Ron a raison, je crois que j’ai un peu abusé de la boisson pendant cette fête. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé… Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes !

- Ah oui ça je te le confirme ! Je crois qu’on t’a un peu aidé à te « détendre », si tu vois ce que je veux dire, ajouta Harry en mimant des guillemets avec ses doigts.

- « On » ? Qui ça « on » ?

- Devine ! Des Serpentard évidemment ! Ces sales petites gargouilles malfaisantes ! Ils foutent la merde partout où ils passent. À croire que c’est inné chez eux …, s’exclama Ronald agacé. »

Hermione ne parvenait que difficilement à garder les yeux ouverts. La lumière du jour qui traversait les vitres de l’infirmerie lui faisait horriblement mal. La lumière du jour... La lumière du jour ?

« Il fait jour ? Mais depuis combien de temps je suis ici ?

- Hermione, tu avais beaucoup bu tu sais… et puis tu es tombée sur la tête, littéralement. Tu étais dans le coma, un coma léger mais un coma quand même…, lui répondit Harry en tentant de la ménager le plus possible.

- Harry, combien de temps ? s’impatienta la jeune fille.

- Ça fait une semaine…

- QUOI ?! Mais et les cours ? J’avais tout un tas de choses à faire et les examens approchent, je…, s’emporta Hermione, paniquée. »

La souffrance ne cessait de gagner du terrain. Plus la jeune fille faisait d’efforts pour se concentrer sur le moment présent, et plus la douleur croissait. Elle grimaça de plus belle.

« Hermione ?! Ron, va chercher Madame Pomfresh ! »

Toujours les yeux fermés, la jeune sorcière entendit quelqu’un courir. Puis deux personnes revinrent au pas de course quelques secondes plus tard.

« Miss Granger m’entendez-vous ?

- Oui, mais j’ai affreusement mal au crâne…

- Bien, ça suffit pour aujourd’hui ! Il est temps que Miss Granger se repose. Je vous prie de sortir tous les deux, les heures de visite sont terminées, exigea l’infirmière.

« Les garçons, attendez ! J’ai une dernière question. Qui ? Qui m’a amené ici ? Qui m’a transporté jusqu’à l’infirmerie ?

- Tu ne t’en rappelles pas ? » l’interrogea Harry.

Hermione secoua la tête négativement.

« Drago Malefoy. »