Comme la glace

Chapitre 45 : La lettre

1976 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/08/2017 00:39

Hermione se leva en tremblant. Ses cauchemars étaient revenus, plus féroces et plus vivants qu’ils ne l’avaient jamais été. Depuis l’incident au manoir, les jours étaient passés mais la peur n’avait pas disparue. Au contraire, elle paraissait plus vivace que jamais. Le visage et les mots de Lucius Malefoy hantaient les nuits de la Gryffondor comme les fantômes hantent les maisons des morts. Alors qu’elle croyait l’horreur du bal d’Halloween terminé, un autre mauvais rêve prenait possession de son esprit. Elle inspira à fond et se concentra sur les battements précipités de son cœur. Peu à peu, ils redevinrent calmes.

Sans bruit, elle se leva. La chambre était déserte. Ginny n’était plus là et son lit était fait. Hermione eut un mouvement de surprise, c’était bien la première fois depuis son arrivée que son amie était levée avant elle. La jeune fille enfila un pull et des chaussons puis sortit de la chambre en silence. La lumière qui traversait les fenêtres de la maison l’aveugla. En bas, des bruits de conversations se firent entendre. Sourcils froncés, la Gryffondor descendit vers la cuisine.

Assis autour de la table de bois, Harry, Ron et Ginny étaient en train de prendre leur petit déjeuner.

« Passe-moi la confiture de mûres ! s’exclama Ronald une tartine beurrée dans la main.

- Tu en es déjà à ta troisième, le réprimanda Ginny en lui passant le pot de confiture, tu devrais peut-être ralentir un peu.

- J’ai faim, poursuivit le Gryffondor en étalant généreusement la mixture noire aux reflets violets sur sa tartine, tu vas pas m’empêcher de manger quand même !

- Bonjour, les interrompit Hermione en s’asseyant à côté de Ginny.

- Chalut, lança Ron en mordant goulument dans son petit déjeuné. Cha va ? On che demandait combien de temps tu allais encore dormir.

- Ben, je suis debout comme tu vois, lui répondit la jeune fille en se servant un grand verre de lait. J’avais simplement beaucoup de sommeil en retard.

- Tu as bien dormi ? s’inquiéta Ginny.

- Pas vraiment…, bredouilla Hermione.

- Encore ces cauchemars sur le bal ? souffla son amie.

- Euh… Oui, mentit la Gryffondor en baissant les yeux.

- Tu vas nous dire ce qu’il s’est passé avec Malefoy oui ou non ? » s’énerva Harry qui était resté silencieux jusque-là.

Depuis qu’elle était rentrée les questions n’avaient pas cessé de pleuvoir. Seuls Harry et Ron semblait ne jamais vouloir lâcher le morceau, Ginny, quant à elle, était trop maligne pour ne pas s’apercevoir que son amie avait besoin de temps pour digérer les évènements de Noël, quels qu’ils aient pu être. Harry avait été le plus tenace. Hermione ne savait pas s’il était inquiet ou bien simplement têtu, dans les deux cas les questions du jeune homme lui tapaient sévèrement sur les nerfs. Si bien qu’une dispute avait fini par éclater. Depuis plusieurs jours, les deux amis s’évitaient soigneusement et refusaient catégoriquement de s’adresser le moindre mot. Visiblement impatient, Harry avait rompu le silence.

« Alors ? jeta-t-il d’un air fâché.

- Alors je t’ai déjà dit que je ne voulais pas en parler ! s’exclama fermement la jeune fille.

- Parfait, conclut le Gryffondor en se levant de table.

- Il reviendra, tenta de la rassurer Ginny en voyant son petit ami partir à l’étage. Je vais aller lui parler. »

Et elle partit à son tour. Hermione se retrouva seule avec un Ron imperturbalbe engloutissant sa dernière tartine de confiture.

« Quoi ? demanda-t-il en voyant le regard réprobateur d’Hermione tourné vers lui. C’est que du fruit tu sais. »

Sa réplique tira un sourire à la jeune fille. En réalité, voir Ron se gaver à longueur de journée ne la dérangeait pas plus que ça. Mais elle aimait le taquiner presque autant qu’il aimait manger.

« Au fait, déclara-t-il en attrapant un papier sur le buffet derrière lui, tu as reçu une lettre. »

Il lui tendit l’enveloppe où trônait une écriture familière. Soudain, la mémoire lui revint.

« Tu sais qui c’est ? la questionna Ron aussi curieux que gourmand.

- Oui, lui répondit Hermione, c’est un ami que j’ai rencontré cet été. C’est bizarre, il ne m’a pas écrit une lettre depuis qu’on s’est quitté d’ailleurs…

- Bah, capitula le Gryffondor, je vais te laisser la lire tranquillement, va. De toute façon maman a besoin de moi au jardin je crois bien. »

Sur ces mots, il quitta la petite pièce, laissant Hermione seule avec l’enveloppe. Doucement, elle ouvrit le papier.

« Chère Hermione, j’espère que tu vas bien. Le temps m’a paru affreusement long depuis que nous nous sommes quittés. J’espère que tu ne m’as pas effacé et que nos souvenirs restent dans ta mémoire. Pour ma part, je n’ai rien oublié de nos balades dans les parcs de Buenos Aires, de nos visites des musées et de nos baisers sous le coucher du soleil. Tes éclats de rires et tes leçons incessantes me manquent presque autant que ta peau et ton odeur si fruitée. Il ne se passe pas un jour sans qu’une partie de cette ville ne me ramène à tes yeux noisette.

Mais si je t’écris ce n’est pas simplement pour te dire à quel point les moments que nous avons passés ensemble me manquent. En réalité j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Tu sais que je fais mes études à Castelobruxo depuis aussi longtemps que toi à Poudlard, et bien ce ne sera bientôt plus le cas. Le patron de ma mère s’est trouvé contraint de la muter au Royaume-Uni, il est donc normal que mes sœurs et moi la suivions. Nous n’avons pas d’autre choix que de déménager au beau milieu de l’année scolaire, j’arriverai donc dans les Highlands en Janvier.

J’ai reçu la lettre d’approbation du directeur Dumbledore il y a peu, m’autorisant à entrer à Poudlard dès la rentrée. Je ne sais pas encore dans quelle maison je serai logé, mais ce qui est sûr c’est que nous aurons du temps pour nous revoir. Les jours me paraitront bien longs d’ici nos retrouvailles. J’ai hâte de te revoir, mi maravilla.

Alicia et Sofia te saluent, elles aussi ont hâte de retrouver leur hermana. Ma mère te prépare déjà quelques spécialités d’Argentine et plusieurs autres surprises, elle espère te voir bientôt.

Sache que je regarde l’océan chaque soir en pensant à toi, et les étoiles envahissent mon cœur avec autant d’intensité qu’elles illuminent le ciel.

A très bientôt, tu gatito, Matias. »

Hermione replia distraitement le parchemin où l’écriture de son amant Argentin était gravée à l’encre noire. Elle pensait souvent à lui, lorsqu’elle observait le ciel et la lumière blanche des étoiles. Elle se souvenait de leurs étreintes brûlantes et de leurs moments de fragile complicité. Elle savait que Matias était un incorrigible romantique au cœur empli d’une désir de découverte inavoué. Elle avait appris à le connaitre en ces quelques semaines de chaleur estivale, sur un autre continent. Mais même si son souvenir restait gravé en elle, il lui semblait appartenir à une autre vie. Tant de choses s’étaient passées depuis leur séparation sur le tarmac d’un aéroport, tant d’émotions étaient venus perturber son âme si faible. Plus rien n’était comme avant, ni la vie, ni même elle.

Elle se leva de table, les yeux dans le vague et monta en direction de la chambre de Ginny. Elle rangea la lettre dans un recoin de sa valise et prit quelques affaires. Les pensées toujours tournées vers le bel hispanique, elle bifurqua vers la salle de bain. Elle sortit son pyjama et entra dans la douche. L’eau qui coulait sur sa peau refroidie par l’hiver environnant, était particulièrement chaude. Elle ferma les yeux, laissant les gouttes glisser sur son corps. Brusquement, elle crut sentir des mains se poser sur ses bras nus. Elle ouvrit les yeux précipitamment. Il n’y avait personne autour d’elle. La Gryffondor était seule, seule avec ses souvenirs.

La sensation revint à l’instant où elle referma ses paupières, mais elle ne bougea pas. Elle laissa la chaleur envahir chaque parcelle de son corps, et sa mémoire prit le dessus. Elle sentit les mains brûlantes se perdre dans ses courbes désireuses de ce contact indécent. Des cheveux noir corbeau entourant une peau hâlée se dessina dans son esprit, et les doigts de Matias se firent plus précis. Elle sentait ses baisers flottant sur elle. Petit à petit, les traits du jeune hispanique devinrent flous. A la place de sa peau basanée, un corps au teint pâle apparut. Les cheveux longs et ébouriffés du sorcier laissèrent place à des mèches blondes, presque blanches. Hermione tressaillit. Matias avait déserté son esprit, à sa place se tenait un jeune homme aux yeux gris.

Elle ouvrit les yeux, le souffle court. Le bref moment de fièvre qu’elle avait partagé avec le Serpentard s’était imposé à elle sans qu’elle ne puisse l’arrêter. Pourtant, elle avait tenté d’effacer de sa mémoire l’embrasement de leurs corps et la folie qui s’était emparée d’eux ce soir-là. Mais rien n’y avait fait. Et la flamme incandescente qu’elle avait ressenti dans son cœur lorsque les lèvres de Drago s’étaient emparées des siennes ne l’avait jamais quitté, même si elle l’avait voulu. Elle tourna le bouton de température à fond et l’eau brûlante devint glaciale. Elle trembla de tout son corps mais elle ne se recula pas. Une fois ses idées remises en place, elle sortit de la douche et enfila un peignoir.

Debout face au miroir, elle grimaça. Sur son cou, une pointe blanche presque imperceptible apparaissait. Seule trace des menaces virulentes qu’elle avait dû supporter. Elle savait qui était Lucius Malefoy et ce dont il était capable. Et elle ne mettrait pas en danger sa vie pour un Serpentard, peu importait son charme et peu importait son nom. L’histoire avait bien assez de fois prouvée que la force était le maitre mot sur cette terre. Elle oublierait Drago Malefoy, quoi qu’il lui en coûte. Même si le murmure incessant de son cœur voulait l’en empêcher. Les risques étaient trop grands et le prix trop important.

Elle connaissait le Serpentard, il était fort et puissant, mais jamais il n’oserait désobéir à son père. Une question s’imposa à son esprit. L’influence de son paternel était telle qu’il ne lui avait jamais résisté. Mais sa dévotion était-elle de l’amour, de l’honneur ou de la peur ? La pointe blanche de sa jugulaire brilla sous l’ampoule du néon. Elle grimaça. Il n’y avait pas de question à se poser, car la réponse était évidente.

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