L'Exécuteur

Chapitre 15

5926 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/07/2016 23:52

Oh purée, mais ce que ça fait longtemps que j'ai pas posté ici dis donc !! o.o

En tout cas vos reviews me font toujours aussi plaisir :3 Vous êtes des amouuurs ! Pour ce qui est du lemon d'ailleurs, je vais finalement m'orienter vers quelque chose de plus... heu... tranquille ? De la frustration à la pelle en tout cas, papouilles, beuzouilles, mais pas de sexe ! Eeeh non ! Sinon on en finira plus o.o En plus je pensais faire une fic pas trop longues - enfin 23 chapitres quoi XD - mais je pense que ça va faire plus... ooh oui... En tout cas je suis en train de faire un OS comprenant un lemon, donc ne vous inquiétez pas, je vais me faire pardonner ;D

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Le regard d'Eren glissa une fois encore de la femme à ce qu'elle tenait entre les mains. Et enfin il eut une réaction. Déboussolé, il recula en titubant de plusieurs pas, et sa hanche tapa contre la seconde table du labo, lui faisant perdre l'équilibre. Il s'y rattrapa de sa main gauche, écartant les pieds pour être certain de bien rester debout et ne pas tomber sur son fessier. Affolé, il releva la tête vers la femme.

« Ce-c'est quoi… Ce bordel ?!

- Oh ça va, c'est plutôt bien rangé ! riposta-t-elle, piquée au vif.

Puis elle sembla rapidement comprendre ce que voulait dire le brun, alors elle se reprit :

- Ah… Je suis désolée pour ça. Enfin faut pas faire la fine bouche non plus.

Il écarquilla les yeux, abasourdi par sa nonchalance.

- Vous plaisantez j'espère ! hoqueta-t-il. Et je suis pas sûr que cette expression soit bien placée !

La femme se gratta à l'arrière de la tête, puis reposa son morceau de colonne vertébrale sur la table.

- Tu peux me tutoyer, Monsieur sensible, pouffa-t-elle. Et j'avoue que je n'aurai pas imaginé autant de réaction de ta part, fit-elle ensuite pensivement.

Comme il ne répondait rien, elle ajouta, d'un ton légèrement inquiet :

- Et je suis scientifique au fait, pas sadique. La personne à qui appartenaient ces os était déjà morte lorsque je les ai prélevés.

Ah, ils étaient donc bien à un humain.

- Merde, ça fait complètement flipper, grimaça-t-il.

- Mh ? marmonna la femme distraitement. Moui je suppose.

« Je suppose » ? N'était-elle donc dégoûtée par rien ? L'organisation des Rebelles ne lui parut plus aussi accueillante en tout cas. Tournant le dos, et se sentant nauséeux, il s'éloigna de la scientifique à la recherche de quoi s'asseoir. Et c'est là qu'il remarqua enfin l'immense baie vitrée qui faisait pratiquement toute la longueur du mur gauche de la pièce. Trop étonné – et horrifié – par ce qu'il avait vu, il n'avait pas pris le temps de se pencher sur la constitution du lieu. S'approchant de la vitre, il remarqua finalement qu'elle donnait une vue dominante sur la première salle en entier. C'était impressionnant, étourdissant. Il avait déjà l'impression de faire partie de quelque chose d'immense, quelque chose qui peut-être aurait cette fois tout son sens. Il posa son front contre le verre, fermant les yeux, puis tourna vers la femme en prenant bien soin de ne regarder que son visage et pas ce qui reposait sur la table à côté.

- Expliquez-moi tout, dit-il dans un souffle.

La scientifique parut immédiatement se calmer. Elle se rendit dans l'angle le plus éloigné de la pièce, et sortit un tabouret haut caché contre un placard. Elle le déposa derrière la seconde table, celle la plus proche de l'infirmier, juste en face de la baie vitrée.

- Je vais tant avoir besoin de m'asseoir que ça ? ricana-t-il avec amertume.

- Oui, répondit simplement la femme.

Elle claqua ses paumes l'une contre l'autre et se redressa, puis partit à grandes enjambées à l'autre bout de la salle, où se dressait un tableau immense. Eren se serait cru en classe, là tout de suite. La scientifique dessina maladroitement un… bébé, puis un corps humain de dos juste à côté.

- Commençons ! s'exclama-t-elle en levant les bras.

Notre brun s'assit, posant ses coudes sur la tables et mettant ses mains devant sa bouche, une posée sur l'autre. Il fronça les sourcils, et sa poitrine se serra. Il sentait qu'il n'était pas prêt pour toutes ces révélations, et il ne pensait pas l'être un jour. La femme débuta :

- Tu sais que lorsque nous sommes bébé, des examens sont menés sur nous afin de savoir si nous serons lunaires ou terre-à-terre.

Il hocha imperceptiblement la tête.

- Les médecins vont faire une petite piquouze, puis vont essayer de faire réagir le produit de différentes manières, qui peuvent paraître parfois peu évoluées… Bref. Ce liquide va sensiblement accélérer la pression sanguine, faire se contracter les muscles, et surtout multiplier le pouvoir d'un lunaire par deux point trois pendant un court laps de temps. Nous ne pouvons prévoir à quel moment cela va se produire. Une minute, une heure, deux heures grand maximum. C'est pour cela que l'examen dure aussi longtemps.

Une fois la scientifique partit dans son exposé elle semblait ne plus pouvoir s'arrêter, en pleine exaltation, gribouillant à gauche et à droite sur son tableau. Eren n'avait heureusement pas de mal à suivre pour le moment, étant à peu près au courant de la majeure partie de ce qu'elle venait de dire.

- Si le bébé est un lunaire, alors une coloration violacée va apparaître au niveau de sa nuque quand son pouvoir aura réagi à l'injection.

Eren leva la main.

- Oui ? Une question ? chatonna-t-elle, à fond dans son rôle de professeur.

- Combien de temps va-t-il y avoir cette teinte sur la peau ? demanda-t-il.

- Sous la peau, corrigea-t-elle immédiatement. C'est une très bonne question ça, très bonne ! Eh bien environ trente-quatre secondes.

- Si peu ? s'étonna-t-il.

Elle écrivit le chiffre en gros au centre du tableau.

- Oh mais c'est déjà beaucoup, pépia-t-elle.

Le brun ne parut pas convaincu.

- Et c'est là que nous entrons dans le vif du sujet ! continua-t-elle. Vois-tu… notre pouvoir se concentre au niveau de notre colonne vertébrale, dans la moelle épinière. Et son point principal se situe dans cette zone.

Elle se tourna, et tapota sa nuque de son index.

- A la base du cou. Et c'est donc là qu'apparaît la coloration violette lors de l'examen du bébé.

Eren ne put s'empêcher d'y porter sa main. Il voulait connaître la suite.

- Et tu sais quel est le produit que les médecins injectent ? fit-elle.

Il déglutit. La scientifique fit deux pas vers lui, et pointa du doigt ce que le brun tenait le moins possible à regarder.

- L'injection est pleine de moelle épinière de lunaire diluée.

Il frémit, la chair de poule recouvrant l'intégralité de ses bras. On lui avait injecté… ça ?

- Pas très orthodoxe n'est-ce pas ? soupira la femme. Mais c'est le seul moyen. Un pouvoir réagi contre un autre, si celui-ci est suffisamment concentré. C'est pour cela que nous allons le prélever dans la moelle épinière.

L'infirmier avait déjà vu bon nombre de blessures, et certaines même que lui avait infligé à d'autre. Mais ce qu'elle lui racontait là était d'une autre catégorie, plus… malsaine ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt sur le mot qui conviendrait, et sans doute était-ce qu'il n'y en avait pas.

- Oh mais il s'agit d'un lunaire qu'ils ont chopé à la morgue bien entendu ! Pas de soucis à se faire, ils ne tuent personne pour ça.

Pas de soucis du tout non. Mais il ne s'agissait là que de choses qui paraissaient plutôt légale… Si le reste ne l'était pas, ça promettait pour la suite. La scientifique essuya son tableau, puis alluma un projecteur. L'image d'un homme apparut, et Eren le reconnut immédiatement. Merde.

- Voici –

- Daris Zacklay, la coupa-t-il, et serrant les poings.

- Ca ne m'étonne pas que tu connaisses notre chef de la Police Spéciale de Stohess. Et également ancien haut gradé de l'armée de terre de notre chère patrie. Savais-tu qu'il était scientifique ?

Non. Non il ne le savait pas.

- Un jour, une idée a germé dans sa cervelle de moineau, continua-t-elle. Injecter de la moelle épinière de lunaire va augmenter un pouvoir. Cela ne pourrait-il donc pas être utile pour l'armée ? Il suffirait d'en injecter davantage, et juste avant un combat, comme ça bim ! On aurait une superpuissance.

Il allait y avoir du gore, Eren pouvait le sentir à plein nez.

- Il n'a pas été le premier à le penser, d'autres avaient échoué avant lui, et il ne fut pas exception à la règle. Le pouvoir des lunaires augmentait, certes, mais pendant une trop courte durée, ça n'était pas suffisant ! s'exclama-t-elle. Puis il remarqua autre chose…

Le brun tendit l'oreille et se crispa, à l'écoute.

- Plus les corps venaient de trépasser, plus le pouvoir du lunaire devenait puissant, et ce pendant une durée plus longue. Ça ne dépassait pas les treize minutes, mais c'était déjà ça.

Putain de Zacklay, qu'est-ce qu'il avait foutu ?

- A combien de fois leur pouvoir était multiplié ? voulut-il savoir.

- Le maximum fut autour de trois point soixante-cinq.

Bordel, c'était conséquent comme chiffre, mine de rien, et cela n'étonna absolument pas l'infirmier que des personnes en soif de pouvoir soient attirées comme des aimants par cette découverte. Il n'avait jamais beaucoup aimé le chef de la Police Spéciale. Trop froid, d'une apparence insensible qui n'avait jamais cessé de l'exaspérer.

- Puis Zacklay est vraiment parti en cacahuète quand il a commencé à prélevé de la moelle épinière sur des corps vivants.

Attendez… Quoi ?

- Pardon ?

- Eh bien oui c'est logique, le pouvoir y est encore en ébullition, le lunaire qui se le verra injecter sera donc beaucoup plus puissant.

- Des corps… vivants ?

Il avala difficilement sa salive.

- C'est ce que j'ai dit oui, fit-elle en opinant vivement du menton. Je me permets de rajouter qu'ils ne sont pas endormis, sinon cela amoindrirait un poil la puissance.

- M-mais c'est d-de la torture, bredouilla-t-il.

Et une part importante de la Police Spéciale trempait là-dedans ?! C'était difficile à croire. Qui donc n'aurait aucun scrupule à faire souffrir des innocents d'une telle manière ? C'était inhumain.

- Il y a cependant un problème qui est rapidement devenu très clair. Les réceptacles ne supportaient pas un trop-plein d'injections, ils s'épuisaient vite, leurs organes faiblissaient. Certains supportant mieux que d'autres, Zacklay s'est dit qu'il devait y avoir une raison. Et bien cela dépendait tout simplement de la force du don du lunaire, c'est aussi simple que ça. Il a ainsi mis en place quatre niveaux, le premier étant le plus faible.

Eren n'avait jamais entendu parler de « niveaux » concernant les pouvoirs des lunaires. Chaque don est différent, il est impossible de le mesurer non ? Ça avait dû être extrêmement ardu, et Zacklay était donc sans aucun doute très motivé par sa trouvaille. Quel enfoiré.

- Seuls les niveaux quatre peuvent se permettre d'être utilisés.

- Et la hauteur du chiffre de leur pouvoir…, commença le brun, la voix rauque.

- Multiplié par huit point un, pour le moment. Pendant environ trois heures.

Bordel. La scientifique s'effondra à moitié sur la première table en soupirant, nullement dérangée par la colonne vertébrale qui reposait à moins d'un mètre d'elle.

- Il pense servir son pays en commettant ces atrocités ? grinça l'infirmier.

- Et tu imagines bien qu'il a du soutien, marmonna la scientifique. Ces cons sont infiltrés de partout. Quelques preuves venant d'une organisation crainte comme la nôtre par les citoyens ne vont pas suffire… Notre option pour les arrêter est de foutre tout leur bazar sur le net, afin de les dénoncer au monde entier. En faisant un peu de casse bien sûr. Nous aurons ainsi le soutien certain des autres pays. La seconde option serait plus violente, tu t'en doutes, et se solderait sûrement pas l'anéantissement presque total des membres de notre organisation.

La femme se redressa avec vivacité et marcha vers lui, ne stoppant qu'à quelques centimètres de son tabouret. Elle prit alors subitement ses mains entre les siennes, les serrant fermement.

- Tu as déjà vu tous ces trucs de Mission Impossible ?

- Heu, oui, un ou deux, répondit-il, hésitant, et penchant son dos vers l'arrière. Quel est le rap –

- Eh bien c'est un peu ça que nous comptons faire, le coupa-t-elle. On enquête afin de trouver où se situent les documents compromettants, puis on infiltre.

- Et vous voulez que je vous aide, en déduit-il.

- Bien entendu.

Pas étonnant. Ils savaient que l'Exécuteur était plutôt puissant, et si les choses venaient à mal tourner, au pire ils ne tenaient pas particulièrement à lui. Après tout il avait tué trois des leurs, ce ne serait donc pas une perte énorme. Et peut-être même qu'ils seraient soulagés. Ils auraient ainsi leur vengeance. La femme lui tourna le dos, et c'est ensuite qu'il remarqua que ses propres mains tremblaient. Il avait peur. La scientifique ne tarda pas à revenir avec un dossier énorme, qu'elle déposa juste sous ses yeux.

- Les preuves, expliqua-t-elle. Avec les résultats de mes recherches.

Il hocha la tête lentement. Elle farfouilla dans ses poches et en sortit cinq ou six boîtiers de disques.

- J'ai mis pas mal de mes expériences là-dessus, si tu veux les voir tu me demandes et on voit ça ensemble. En attendant…

- Grrizzzk … Veuillez vous diriger vers l'estrade s'il-vous-plaît, annonça une voix grave sortant d'une petite enceinte située dans un des angles de la pièce. Nous allons fournir le rapport de l'opération de cette nuit.

Le brun se leva et se dirigea vers la baie vitrée juste derrière lui. Un attroupement se formait en bas, et… Il y avait un peu plus de personnes qu'il ne l'aurait cru.

- Je descends ! s'exclama la scientifique, apparaissant juste à sa droite, et le faisant sursauter par la même occasion. Toi par contre je ne te conseille pas de venir.

Eren était on ne peut plus d'accord avec elle.

- Mais je ne peux pas te laisser non plus dans mon labo… Ah ! Tu peux attendre dans la salle d'entraînement, il n'y a personne à cette heure-ci ! s'écria-t-elle. Prends le dossier avec toi, je te conseille de le feuilleter en attendant que j'aie terminé.

- Bien, obtempéra-t-il.

Le femme sautilla vers la porte et l'attendit.

- Suis-moi, on retourne à l'étage du dessous.

Le brun la suivit dans le calme. Ils empruntèrent de nouveau les escaliers et une fois en bas la scientifique le laissa.

- Pose-toi tranquillement dans un coin et attends mon retour. Je reviens dans une petite demi-heure ! »

Sur ce elle fit volte-face en agitant la main, poussa la double-porte et disparut de l'autre côté. Eren soupira et alla se trouver un coin tranquille où s'asseoir. La salle d'entraînement, aussi vaste qu'un gymnase, consistait en un sol recouvert de multiples tapis de gym, certains plus épais que d'autres. L'un avait été particulièrement surélevé, de manière à former une sorte de ring. De l'autre côté, vers le fond, un repli dans le mur permettait à ceux qui s'y trouvaient de ne pas être vu des personnes venant de la porte. Quelques machines de sport et trois punching-balls y avaient été entreposés. Sans hésiter plus longtemps, le brun s'y rendit prestement. Il se laissa glisser contre le mur, s'asseyant en tailleur par la suite, dossier grand ouvert sur ses cuisses. Les écrits avaient été tenus à la manière d'un journal de bord, relatant des faits des expériences, ainsi que des impressions qu'avait eu la scientifique. Il y avait quelques photographies, des croquis par-ci par-là, et une montagne impressionnante de notes en tout genre – dont certaines qui n'avaient pas de rapport directs avec le sujet.

Au bout de quelques pages, Eren tomba sur « Interrogatoires », comprenant les informations que l'organisation avait tenté de soutirer. Chapitre un, les trafiquants. Il survola les trois pages. C'était la suite qui l'intéressait. Chapitre deux, les policiers. Là, encore moins de succès, deux pages seulement. Officier Martin Symon : « Je réponds au mal par le mal. Je ne peux plus retourner en arrière. Etc. » Officier John Kintogn : « Allez vous faire voir ! Vous allez tous vous faire buter de toute façon, vous savez pas dans quoi vous avez mis les pieds. … Je n'ai de contrôle sur rien. Je suis obligé de… Il y aurait bien quelque chose au niveau moins trois, mais… C'est trop tard, ça ne changera rien. Foutez-moi la paix ! » Et cela continuait ainsi. Aucune infirmation réellement clé. Et là, l'infirmier tomba sur le nom qu'il connaissait bien : celui de Kitz. L'organisation ne tuait donc pas forcément tous les Policiers Spéciaux. Elle avait un jour ou l'autre interrogé le blond et l'avait laissé partir, à moins qu'il ne se soit enfui.

« Bonsoir à tous, s'éleva la voix du micro de tout à l'heure. Nous allons à présent pouvoir commencer notre rapport. L'opération a été un succès… »

Kitz : « Oui, nous faisons du mal, mais c'est nécessaire pour que le maximum de bien subsiste. Vous êtes de sales d'enfoirés, vous tuez, vous faites peur à tout le monde. Mais vous n'avez rien pigé. C'est notre putain de boulot de protéger la population ! Et de vous ! Des meurtriers, c'est ce que vous êtes ! Ma petite Sophia… elle n'avait rien à voir dans cette histoire, et vous vous êtes acharnés sur elle ! Elle sera dans une chaise roulante à vie, par votre faute ! Vous allez me le payer je peux vous l'assurer ! Ah ne vous enhardissez pas trop vite, parce que je vais tous vous crever comme les chiens que vous êtes ! Nous ne nous arrêterons pas, nous faisons cela pour la sécurité de ce pays. Et s'il doit y avoir quelques expériences sur des citoyens, alors qu'il en soit ainsi. »

« Ne vous enhardissez pas trop vite ». Eren se prit la tête dans les mains. C'était Kitz qui parlait, c'était certain. C'était bien son genre de sortir des mots comme ça, et surtout celui-ci. Ça n'était pas la première fois.

« L'Exécuteur s'est montré très coopératif, et nous n'avons pas eu de problème à faire en sorte qu'il nous suive. Il est en ce moment-même en train de prendre connaissance de nos découvertes. J'ai confiance. »

Le brun cru entendre des protestations, mais il n'y porta pas davantage attention.

« Il est un nouvel espoir pour nous, son aide nous sera précieuse. Montrez-vous compréhensifs afin de nous permettre d'avancer, continuait l'homme dans la salle juste derrière. »

Ah, Eren aurait bien voulu rire. Se montrer compréhensif ?! Parce qu'il avait tué trois des leurs, qu'il avait emmerdé leurs plans, et qu'il était un ignorant de première ? Et maintenant il les avait suivis comme un enfant naïf, sans montrer de résistance particulière. Ça ne pouvait être que suspect. Il pouvait les trahir à n'importe quel moment, lui l'Exécuteur, le grand sauveteur de la Police Spéciale. Alors être compréhensif… La bonne blague. Il se releva, secoué de spasmes. Un rire nerveux. Le dossier tomba sur le sol, mais il n'y prit pas garde. Il posa son front contre le mur. Il voulait arracher son masque qui lui collait au visage, envoyer valser sa perruque, déchirer ses vêtements d'Exécuteur. Les traits de Kitz se dessinèrent dans ses pensées, et il serra fort ses paupières. Mais rien n'y fit. Il était toujours là dans sa tête, le fixant sans expression.

« Casse-toi…, marmonna-t-il.

Pourquoi faire le bien devenait si dur ? Toutes ses convictions avaient été ébranlées. Détruites même, et pas pierre par pierre, non. On avait posé une bombe et elle avait tout envoyé valser, aussi aisément qu'un bébé qui s'endort.

- Casse-toi, répéta-t-il un peu plus fort.

Mais Kitz ne bougea pas, et un doux sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Comment Eren pouvait-il croire que lui, l'homme qui l'avait gardé et aidé sa famille, était en réalité si mauvais ? Mais au fond de lui il avait compris. Et l'image du blond, chaleureuse, ne s'effaçait pas. Le brun se décolla brusquement du mur, rouvrant les yeux, et frappa le béton.

- Putain d'hypocrite, casse-toi ! Casse-toi ! Casse-toi ! Casse-toi ! »

Les poings serrés, enfonçant ses ongles dans sa paume, il distribuait des coups au mur. Ses yeux le brûlaient, et sa vision devenait floue, tout remuait autour de lui, s'allongeant, s'étirant, de tordant. Mais il n'avait pas besoin de voir pour frapper devant lui. Ses jointures blanchies craquaient, sa peau meurtrie saignait, mais il avait besoin de cette douleur. Puis, quand il ne sentit plus ses mains, ses bras retombèrent mollement le long de ses flancs et il tomba à genoux. Des larmes formaient de longs sillons sur ses joues, creusant sa peau exténuée. Son corps se ratatinait, se ramassait sur lui-même, tombait en ruine comme un tas de glaise. Il n'était plus qu'une montagne de déchets. Ses lèvres pincées tentaient de refouler, d'atténuer les sanglots persistants qui montaient dans sa gorge. Cela ne servait à rien, c'était trop tard. Il pleurait, il gémissait, jappant comme un chiot abandonné. La gravité semblait avoir changé, son corps tombant misérablement, attiré par le sol grisâtre et froid. Il était à genoux, le dos courbé, ses avant-bras posés à plat par terre, poings ensanglantés. Mais Eren n'avait pas mal, ses mains étaient trop endolories pour ça, et ses pensées obscurcies par le chagrin et le regret. Il avait merdé jusqu'au bout. C'est alors qu'une ombre l'enveloppa. Quelqu'un se tenait debout juste derrière lui, quelqu'un qu'il n'avait pas entendu arriver, quelqu'un qui l'avait repéré alors qu'il était en retrait dans la salle. L'infirmier devait faire vraiment du bruit pour avoir été si facilement remarqué. L'organisation voulait du puissant Exécuteur, pas d'un pleurnichard détruit. Honteux, il se redressa de quelques centimètres, tordant le cou afin d'apercevoir l'inconnu. Bien évidemment, cela ne pouvait s'agir de personne d'autre que le Chien, qui l'observait dans une attitude nonchalante.

« T'as vraiment un grain toi, hein, dit celui-ci, et pour une fois aucune animosité dans sa voix.

Le brun ravala ses sanglots. Etait-il là depuis le début ? L'homme lui tourna le dos, bras croisés.

- Et essaye de pas saloper le mur la prochaine fois que t'auras des pulsions masochistes, fit-il.

Eren constata l'ampleur des dégâts. De longues traînées de sang, continuant de dégouliner, marquaient le béton, et deux ronds rouges bien nets indiquaient l'emplacement où ses poings avaient frappé sans relâche. Le brun se souvenait parfaitement la sensation douloureuse de la rencontre entre sa chaire et le mur, se giflant violemment, claquant dans un son mat.

- Suis-moi, ajouta le Chien.

Et il partit tranquillement, sans même vérifier si Eren avait bougé ne serait-ce que le petit doigt. Ce dernier, étonné, se remit lentement sur ses pieds, veillant bien à ne pas prendre appui sur ses mains dont la peau était déchirée, laissant tomber quelques gouttes pourpres. Le brun se hâta à la suite de l'homme, qui venait maintenant de pousser le double battant de la porte. Trois secondes après ils avaient tous les deux pénétré dans la grande salle où venait de se dérouler la réunion. Il y avait encore beaucoup de monde, qui parlait activement. Une centaine. Les ignorants, le Chien se dirigea droit vers la structure métallique de gauche, et Eren put y apercevoir l'homme au long manteau. Se dépêchant de de s'y rendre lui aussi, il ne put que se rendre compte de la réaction directe des Rebelles quand ils remarquèrent qu'il n'était pas surveillé. Ils reculèrent avec un sursaut, certains posant une main sur leur arme cinglée à leur ceinture. D'autres s'empressaient de s'éloigner, mais une infime partie continuait la conversation comme si de rien était, l'épiant simplement du coin de l'œil. Le brun n'eut heureusement pas à grimper une des échelles, le Chien s'arrêtant à l'étage du bas aux côtés du grand homme. Et la différence de taille entre les deux fut presque ironique. Ce dernier était de dos, Eren ne put que constater qu'il ne portait plus sa cagoule, laissant apparaître une chevelure blonde parfaitement ordonnée, lissée vers l'arrière. Il était penché sur un document posé bien à plat sur une table, et quand le Chien sembla lui chuchoter un mot il se redressa, puis se tourna vers notre brun. Un grand sourire étirait ses lèvres, illuminant son visage. L'infirmier fut ébranlé par ce qu'il vit. Il… connaissait cette personne.

- Ravi de te rencontrer sous un nouveau jour, fit l'homme en tendant sa main.

L'ami de Levi. Erwin.

- Je suis Erwin, le chef de l'organisation des Rebelles.

Il était vraiment culotté de lui dévoiler ainsi son visage et son nom – celui-ci devant d'ailleurs être faux. Voyant que le brun n'esquissait aucun geste, le blond baissa sa main, la mine contrite, mais qui fut de nouveau remplacée par un sourire léger. Mais alors, s'il s'agissait d'Erwin…

- Je le trouve pas ! rugit une voix féminine près de son oreille.

Il fit un bond sur le côté, les yeux ronds. Et se retint d'exclamer le nom de la femme. Cette scientifique… Merde, il aurait dû s'en douter, mais elle avait tout de même été un poil plus sérieuse que la dernière fois, alors…

- Calme-toi Hanji, il est juste là, fit Erwin avec bonne humeur.

Elle se tourna vers lui, et elle non plus ne portait plus de cagoule.

- Te voilà ! s'écria-t-elle. Non mais ça va pas de partir comme ça ?! J'ai eu la frousse de ma vie de t'avoir perdu !

- P-pardon, balbutia-t-il.

Mais alors… Le Chien… Non, ce n'était pas possible. Et putain, tout coordonnait.

- Voici Hanji, la présenta le blond. Et…

Il pivota vers le petit homme. Dans un soupir, celui-ci retira son modificateur de voix et sa cagoule.

- Je suppose que tu es considéré comme appartenant au groupe maintenant, marmonna-t-il.

Enfin libéré de l'accessoire, qui devait lui tenir bien chaud, il secoua sa tignasse puis passa ses doigts gantés dans ses mèches de jais. De petites lunettes rondes cachaient encore ses yeux. Putain. Levi était ce connard de Chien, et Eren s'était attiré ses foudres. Encore une fois notre protagoniste aurait voulu exploser de rire. Tout ça ressemblait à un véritable coup de théâtre, une blague à la con orchestrée par des anges tordus.

- Et voici Levi, termina Erwin.

Les trois Rebelles attendirent une quelconque réaction de la part du brun.

- Ça fait…, commença-t-il.

La scientifique et le blond se penchèrent vers lui, à l'écoute, comme s'il était une putain de bête de foire.

- … Du bien de pouvoir placer des visages, conclut-il.

- On ne peut pas en dire autant, ne put s'empêcher de faire remarquer immédiatement le noiraud.

Erwin s'était à moitié assis sur la table, se frottant le menton. Il semblait plus apaisé.

- Sois le bienvenu, dit-il à l'attention du brun.

Il avait parfaitement saisi que notre infirmier s'était rangé de leur côté, et ce bien que lui-même n'en soit pas non plus encore pleinement certain.

- Hanji, tu veux bien soigner ses mains ? ajouta-t-il.

- Mais tu saignes ! rugit celle-ci avec effarement, et faisant une fois de plus sursauter Eren. Viens vite avec moi ! »

Elle l'empoigna par le manteau, tirant sur sa manche, l'entraînant d'un bon pas vers les portes à double battant, et sans doute direction le laboratoire. Il pouvait sentir le Chien le suivre du regard, transperçant ses omoplates. Mais pour une fois, le brun avait un coup d'avance sur lui. Car en dehors de son activité d'Exécuteur, il savait parfaitement où le retrouver. Titania hein. Depuis le début il avait eu raison de penser qu'il s'y tramait un truc pas net, et c'était de taille.

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Voilààà ! Fin du chapitre :) ! Et que de révélations ! Allez, je vous mets le chapitre 16 directement ! On sait enfin qui est découvert en premier, et c'est bien sûr Levi ! Tout d'un coup ! En même temps Qu'Hanji et Erwin, bim ! Surprise ~ Ça peut paraître soudain, mais c'est ce que je souhaitais :) De toute façon il reste encore le visage de l'Exécuteur qui n'a pas été montré aux Rebelles, et croyez-moi, là ça sera pas de la tarte…

Beuzouilles ~

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