L'Exécuteur

Chapitre 16

4702 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:40

« Hanji. Pourquoi faut-il que Levi soit si provocateur ?

Ils étaient tous les deux de retour dans le laboratoire de la scientifique, celle-ci nettoyant les plaies du brun avec un coton humidifié tenu par une fine pince. Elle chantonnait tout bas, un sourire éternel flottant sur ses lèvres. A la question de notre protagoniste elle ne releva pas les yeux, se contentant de répondre d'un ton logique :

- Tu nous as mis des bâtons dans les roues, c'est normal. Et surtout, tu as tué trois des nôtres.

Eren fronça les sourcils.

- Pourtant, toi, tu ne sembles pas m'en vouloir. Et même Erwin…

Il laissa sa phrase en suspens. Les pupilles d'Hanji se posèrent sur lui, indéchiffrables, puis retournèrent à leur tâche.

- Détrompe-toi, je t'en veux énormément. Nous tous. Tu n'imagines même pas à quel point.

Son sérieux le déstabilisa un instant, mais il se reprit bien vite. Il s'agissait là d'Hanji la scientifique des Rebelles, et non plus une connaissance quelconque avec qui il s'était amusé à faire les cons. Ce n'était pas une personne différente, juste… Un autre contexte, enrobé d'une atmosphère beaucoup plus lourde. Malgré tout la jeune femme avait toujours autant d'énergie à revendre, bien qu'elle la place sur un sujet qui n'avait rien à voir avec une soirée costumée.

- J'aimerai dire que je suis –

- Ne t'excuse pas, le coupa-t-elle en balayant l'air de sa main disponible. Nous savons également que tu n'y pouvais pas grand-chose, et que tu as dû vivre pas mal de trucs pour en arriver là.

- Je suis désolé, dit-il tout de même, baissant le menton.

La scientifique soupira, malgré tout il sembla au brun que son sourire s'était légèrement agrandi.

- Ne t'en fais pas pour ce qui est des membres de l'organisation, ils finiront bien par t'accepter.

- Vraiment ? renifla-t-il, sceptique.

Hanji ne répondit rien, se concentrant sur son travail. Elle lui enroulait maintenant deux épaisses bandes sur les mains en des gestes rapides et précis. A coup sûr elle s'y connaissait en médecine, et de plus au vue des nombreuses expériences qu'elle avait menées... Mais Eren préféra ne pas attarder ses pensées sur ces dernières, trop… gore à son goût. Le palier au-dessus du sien.

- Tu n'es pas le premier à être passé par là tu sais, fit-elle platement. Tu serais surpris à quel point les actions de la Police Spéciale ont semé la haine parmi les citoyens, contre notre organisation. Nos méthodes sont certes parfois radicales, il n'en reste pas moins que nous n'en sommes pas la cause directe.

- Parfois il n'y a pas d'autre solution que d'user de la violence, termina le brun.

- Exactement ! s'exclama-t-elle, approuvant vivement.

Il eut un sourire sans joie. Le poids de son Chisa Katana se fit soudainement sentir dans son dos, lourd, imposant. Il lui arrivait, souvent, d'avoir une prise de conscience particulière et fugace, lui donnant l'impression de peser une tonne. L'encombrant fardeau de son passé devenait comme matériel, appuyant sur ses épaules qui se voutaient sous les assauts intransigeants. Il se sentait alors tel Atlas, dans la mythologie grecque, qui était forcé de supporter le poids incommensurable de la voute céleste sur son dos. Peut-être n'était-ce pas comparable, mais ça il ne le saurait jamais.

- Pas le seul à être passé par là tu disais ? marmonna-t-il.

La scientifique se leva, ayant terminé de le soigner, et rangea tranquillement son matériel.

- Oh, oui. Moi, par exemple. Je faisais partie des chercheurs de la Police Spéciale, et je les ai crus quand ils m'ont dit que les Rebelles avaient assassinés mon fiancé.

Eren écarquilla les yeux.

- Ton…

Il ne termina pas.

- J'ai voulu retrouver les coupables, pendant que la piste était encore fraîche, fit-elle en haussant les épaules avec mollesse. Bien entendu ils m'en ont empêchée, et m'ont forcée à prendre quelques jours de congé, sinon j'allais finir par être virée.

Son histoire prenait étrangement la tournure qu'avait prise celle de son père. Et ça ne pouvait que mal finir.

- Je soupçonnais déjà des trucs pas nets au sein de l'unité, continua la brune. Des chercheurs incompétents bizarrement appelés pour certains projets « secrets ». Du n'importe quoi ! Mais j'ai fini par savoir que mon fiancé n'avait pas été tué par n'importe qui.

L'infirmier déglutit difficilement.

- Et par… qui ?

Hanji, qui s'était tournée afin de poser son matériel dans l'armoire, pivota face à lui, ses sourcils haussés et un petit sourire peiné sur le visage. Il ne l'avait jamais vue avec un tel air.

- Son équipier, tout simplement.

- Mais pourquoi ? chuchota-t-il, horrifié.

La mine affreusement triste de la brune disparut bien rapidement, pour être remplacée par un côté pensif.

- Ils étaient de patrouille dans la zone sécurisée, et se sont séparés en quatre groupes. Trois ont fait leur travail de flic, et l'autre est parti magouiller. Mon fiancé était accompagné de deux collègues, des amis à lui, et il a eu le malheur de leur faire part de certains de ses doutes concernant les nombreuses disparitions qui se situaient trop souvent à l'endroit exact où devaient se trouver leurs voitures de Police Spéciale.

- Ces salauds étaient de mèche, en déduit Eren dans un souffle.

- Un seul, corrigea Hanji. Un gros malade. Il les a tués tous les deux.

- Quel connard, jura-t-il.

La brune se pencha vers lui afin de lui tapoter l'épaule, un sourire éclatant plaqué sur ses traits.

- Oh, ne t'inquiète pas, je me suis bien occupée de lui.

Il ne pouvait que la croire. Rien que le fait qu'elle paraisse aussi détendue face à ses expériences plus que douteuses prouvait qu'elle disposait d'un absolu… Self-control ? Sadisme ? Une prédisposition au taillage de corps humains ? Enfin, vous comprenez sans doute où il voulait en venir. La rebelle s'assit en tailleur sur un tabouret haut, le brun fixant avec pessimisme l'objet qui tanguait légèrement. La jeune femme était quelqu'un de trop agité pour prendre le risque de se percher de tout son corps là-dessus.

- Le truc c'est qu'avant de découvrir ça je me suis jetée corps et âme pour retrouver les Rebelles et leur faire leur fête, marmonna-t-elle en rongeant distraitement l'ongle de son pouce.

- Tu les as trouvés ? demanda-t-il, un poil étonné, voire impressionné.

Hanji accrocha le bord du tabouret de ses longs doigts fins, se penchant en avant, le faisant dangereusement tanguer.

- Oui ! s'exclama-t-elle, sourcils froncés. Et tu sais pas la meilleure ! C'est eux qui m'ont choppée !

- Vraiment ?

La scientifique se mit à rire aux éclats.

- J'étais tellement pas discrète ! Ils m'avaient vue rôder depuis des jours dans la zone sécurisée ! Et ils n'ont pas eu de mal à connaître mon identité. Un chercheur de la Police Spéciale qui passe ses nuits dans la zone sécurisée c'est plus que suspect pour eux. Ils ont au début pensé que j'étais un appât, mais ils se sont rapidement assurés que ça n'était pas le cas… Alors ils m'ont kidnappée afin de cracher le morceau.

Elle soupira, passant une main dans ses mèches rebelles afin de les dégager de son visage. En partie du moins.

- J'ai fait semblant d'être coopérative, ils m'ont donc amenée à leur chef assez vite.

- Erwin.

- Yep.

- Que s'est-il passé ensuite ? fit-il, avide de connaître le déroulement de tout ça.

Les lèvres de la brune frémirent, en un début de sourire ou de moue désapprobatrice, il n'aurait su dire.

- Si tu regardes bien, tu verras qu'Erwin a eu le nez cassé, inspira-t-elle en se tapotant le front. J'ai la tête dure tu sais.

Et dire qu'ils étaient maintenant aussi soudés. La suite ne fut cependant pas aussi rose.

- Puis j'ai égorgé le mec le plus près de moi. J'avais caché une lame de rasoir dans ma manche. Ils m'ont ensuite immédiatement maîtrisée et m'ont enfermée pendant deux jours avec de l'eau, des chips et des cookies.

Et elle se rappelait de ça…

- Puis ils m'ont fait à peu près le même coup qu'à toi, me montrant quelques photos, interrogatoires de Policiers Spéciaux, et m'amenant sur le terrain. Après je nourrissais déjà certains soupçons à l'égard de mes collègues, ça a été donc plus aisé à accepter.

Peut-être était-ce pour cette raison que la jeune femme semblait être la première à l'accepter pratiquement à part entière. Elle comprenait ce qu'il avait traversé, elle avait elle aussi ressenti cette haine dévastatrice mettre le feu à son corps, gravant le mot vengeance sur son cœur. Elle n'avait qu'à peine mentionné le moment où elle avait attendu des jours, à la recherche du moindre signe lié aux Rebelles. Mais Eren s'imaginait parfaitement la scène. Hanji, qu'il fasse froid, chaud à en crever ou qu'il pleuve, attendant des heures dans les rues faiblement éclairées, se foutant du danger auquel elle s'exposait. Traquant simplement la piste de la vengeance qu'avait causé le meurtre de son fiancé.

- Je n'ai pas été acceptée tout de suite, mais le processus n'a pas été trop long non plus. De toute manière j'ai toujours été pas mal solitaire, à fond dans mes trucs. Mes autres avaient du mal à me comprendre, ils sont si peu ouverts d'esprit parfois…

La scientifique était certes quelqu'un de complexe qui pouvait intimider plus d'un, et le regard qu'elle portait sur les choses était assez inhabituel. Mais elle était également une personne qui surprenait par sa bonne humeur contagieuse, et sa passion pouvait être source d'inspiration. Elle n'était pas délicate ou fleur bleue, elle était simplement une chercheuse qui voulait faire son métier en s'amusant.

- Avec Erwin ça a été rapide. Il est quelqu'un de très compréhensif bien sûr, mais il est également forcé de mettre bien trop souvent ses sentiments de côtés avec son statut de chef. Il avait découvert un potentiel en moi après avoir approfondi les recherches sur mon compte. C'est lui qui m'a offert ma vengeance sur un plateau d'argent. C'était ma condition afin de les rejoindre complètement, expliqua-t-elle. Seule dans une pièce avec le type qui avait tué mon fiancé, ficelé à une chaise.

Le brun ne put s'empêcher de frémir. En aucun cas il ne souhaitait subir le courroux de la scientifique.

- Mon fiancé… Je n'avais que lui, à l'époque. Ce lâche m'a tout pris dès l'instant où il lui a ôté la vie. Je n'avais plus rien, bailla-t-elle en s'étirant.

Sa gorge ne semblait pas nouée, aucun tremblement visible, et ses yeux étaient secs. Hanji avait dû en voir des choses terribles. Mais pourquoi lui ne parvenait à garder un tel contrôle sur son corps ? Pourquoi n'avait-elle pas envie de se défouler, de frapper, d'hurler ? D'éclater ? Pourquoi paraissait-elle à toute épreuve ? Qu'est-ce qui pouvait bien les différencier, hein ?!

- J'ai toujours trouvé le personnage de Levi intéressant, fit-elle, pensive, avant de rire en hoquetant. Même s'il me rejetait à chaque fois à coup d'insultes ou de pied aux fesses ! C'est quand il a compris que j'étais sincère et que je m'investissais de tout cœur avec eux qu'il s'est adouci.

Eren renifla avec appréhension. Le Chien semblait être un phénomène lui aussi.

- Il faut être persévérant avec lui disons ! s'exclama-t-elle en s'étirant une nouvelle fois.

C'est ce qu'il avait cru comprendre dès le début. Ca ne serait pas aisé, comme prévu. Mais merde. L'Exécuteur connaissait le Chien colérique et amer, mais Eren Jaeger avait rencontré un Levi joueur possédant un côté comique dissimulé habilement à coups de provocations. C'était comme faire face à deux personnes totalement différentes. Mis à part l'aspect légèrement vulgaire peut-être, bien qu'il soit plus développé d'un côté que de l'autre. Il soupçonnait depuis le début que le noiraud trempait dans des affaires louches – en même temps, gérant d'une boîte vous me direz… – mais il ne s'était pas douté que ça irait si loin.

Informations à traiter une par une. L'infirmier devait d'abord assimiler le fait qu'une partie de la Police Spéciale composée de traîtres. Le reste était moindre, il viendrait ensuite.

- Eh tu sais quoi ? dit Hanji au bout de quelques secondes. Je vais piquer un petit somme, a toute.

Sur ce la scientifique s'avachit sur la table, la tête enfouie dans ses bras croisés. Elle lui semblait en effet épuisée, mais…

- Et moi je fais quoi ? bredouilla le brun, décontenancé.

- Erwin…, lui répondit-elle, marmonnant dans sa barbe, au bord du sommeil.

Erwin. Ok. Ne voulant pas paraître long à la détente tel le petit nouveau qu'il était, il se détourna et marcha d'un pas vif vers les escaliers.

- Eh, l'interpela Hanji, la voix pâteuse.

Il stoppa net, jetant un coup d'œil en arrière. La brune n'avait pas bougé d'un pouce, sans doute trop dur de relever le cou.

- Quand tu seras moins intimidé… Chuis sûr t'es un bavard, ricana-t-elle. On va bien s'entendre.

Sûrement que ce n'était pas intentionnel, la connaissant, mais ce qu'elle lui dit à l'instant venait de lui remonter le moral un minimum.

- Sans doute. » sourit-il légèrement, avant de descendre à l'étage le pas plus léger.

Il agissait tel un automate, comme si les rafales qu'on projetait sur lui ne l'ébranlaient pas plus que ça. Quoi qu'il se passe ses gestes et ses paroles restaient les mêmes, son masque affichait la mine moqueuse imperturbable à l'identique. Mais dans son crâne il y avait un tapage pas possible. De loin on aurait pu croire à un calme plat, une brise silencieuse, invisible, mais si l'on oserait ne serait-ce que l'effleurer du bout du doigt alors on se ferait happer dans une tempête de vagues tumultueuses. Ah, et il restait le Chien. Lui i l'avait vu perdre les pédales. Maintenant, en plus d'être un tueur emmerdeur de première, il serait également un fou furieux avec un sérieux problème psychique englobant la prédisposition à la douleur. Notre brun eut un reniflement amer. Levi. Il s'agissait de Levi, non du Chien. Qu'était-il censé faire à propos de lui maintenant, à propos de Titania ? Il ne pouvait pas sortir de sa vie comme ça, si ?

Il pénétra dans la grande salle, et son regard tomba immédiatement sur le noiraud, accroupi devant une petite fille qui pleurait, main posée sur sa chevelure blonde et bouclée. Quand l'enfant sécha ses larmes et se mit à rire, le visage de l'homme s'adoucit imperceptiblement, et un mince sourire vint illuminer le reste.

La scène était un poil aussi guimauve et tombant à pic que dans les films gnangnans. Mais Eren se dit que tout de même, il aurait du mal à s'éloigner de Levi. Ce dernier était bien trop différent des autres qu'il avait rencontrés, bien trop intriguant. Et puis il serait de toute manière bien forcé de le fréquenter, n'est-ce pas ? Bien que ça soit derrière un masque. Il se dirigea d'un pas raide vers Erwin, qui n'avait pas bougé de l'endroit de tout à l'heure, et pianotait sur un téléphone portable. L'infirmier ignora, imperturbable, les regards de travers qu'on lui jetait. Parvenu à la hauteur du blond, celui-ci redressa la tête, l'air paisible, et notre protagoniste prit la parole :

« Alors, par quoi commence-t-on ? »

.

.

Cela faisait maintenant deux jours depuis qu'Eren avait découvert le repaire des Rebelles. Le chef lui avait donné rendez-vous dans une semaine – donc encore cinq jours – afin de lui donner sa première mission. Il serait bien entendu escorté du Chien, celui le plus à même de le tenir à distance au cas où les choses tourneraient mal. Notre brun ne pouvait empêcher son cœur de tambouriner contre sa cage thoracique à la pensée que peut-être, il aurait à tuer des hommes de la Police Spéciale. Connaissant Erwin un minimum, il ne pensait pas qu'il oserait lui faire un coup pareil. Mais rien n'était moins sûr concernant le chef de l'organisation. Il devait se mettre dans la tête qu'il ne s'agissait pas là de la même personne. En partie du moins. Tout comme Levi.

Maintenant qu'on lui avait retourné le cerveau, il avait peur. Ça lui prenait les tripes, ça lui chatouillait les entrailles. Jamais il n'avait été autant oppressé de tous côtés. Sensation horrible.

Et Carla ne s'était toujours pas montrée.

Ça lui faisait mal à la pensée que, sans doute, il ne la reverrait plus. Elle ne lui avait pas dit au revoir, rien. Elle s'était simplement évaporée, comme ça, dans les airs, chose qu'elle avait déjà fait quelques fois auparavant. Sa présence n'avait-elle donc eu aucun but précis ? Seulement de lui rappeler sa cause d'Exécuteur ? Qui en plus se révélait maintenant être totalement dénuée de sens.

Il avait peur. Il souffrait. Il aurait préféré une douleur physique. Qu'on le roue de coups jusqu'à épuisement, qu'on lui taillade la peau. La moindre parcelle de son cerveau lui tirait, comme si une migraine en béton s'y était confortablement installée avec ses copines, accaparant l'espace, ne laissant de place pour rien d'autre. Il ne pouvait que penser à ses problèmes, à ce qui n'allait pas dans sa putain de vie, à toutes ces choses qui partaient en vrille, l'air moqueur.

« Eh, tu rêvasses du con.

Ah, et il y avait Bertolt et Reiner. Il les avait de nouveau revus. Leur laissant davantage de place qu'à son frère et sa sœur de cœur, Armin et Mikasa. Mais ces premiers ne posaient pas de questions indiscrètes, si ce n'est pas de question du tout. Ils laissaient son pauvre esprit tiraillé en paix, lui donnant ce souffle de tranquillité dont il avait besoin.

- La ferme Rei', répliqua-t-il. File-moi plutôt le pèt'.

Le blond baraqué lui fit passer le joint en soufflant bruyamment, alors qu'il se penchait par-dessus la table basse de son salon.

- Ponce pas tout, le prévint-il.

- T'inquiète pas pour ça, grogna l'infirmier. Va plutôt dire ça à Bert', il les enchaîne depuis tout à l'heure.

Reiner fit volte-face vers le grand brun, tranquillement appuyé sur une chaise, les pieds posés sur l'accoudoir du canapé où lui était assis. Bertolt fumotait mine de rien, les écoutant parler.

- Eh mais tu te la joues perso ? rugit le blond, sa vigueur soudainement retrouvée. Donne-moi ça !

Son bras jaillit subitement vers la main du grand brun, mais celui-ci l'éloigna dans un geste brusque, hors de sa portée. Dans sa hâte, Rei' avait mis trop de force, et, ratant son but, il s'étala piteusement sur le sol. Les deux autres rirent à gorge déployée, la voix rauque. La fume ça donnait soif, mais ils avaient la flemme d'aller se chercher de l'eau. Ils ne disposaient que d'une petite bière chacun déjà bien entamées. Le sourire de Bertolt ne tarda cependant pas à s'affaisser quand son colocataire lui tira la jambe, le faisant mollement glisser par terre, sur les fesses.

- Connard, grogna-t-il. Si t'étais pas mon pote ça ferait depuis longtemps que je t'aurai biflé.

- Vas-y essaye voir mon salaud. Ça m'étonnerait que t'y parvienne avec ta bite trop courte ! ricana l'autre.

Ils s'affrontèrent du regard pendant cinq pauvres secondes, avant que le grand ne baisse les épaules en soupirant.

- Allez, relève-moi du con.

- Je t'emmerde, fit Reiner avec un petit sourire.

Mais il se remit tout de même sur ses pieds et empoigna son ami par le bras, le mettant debout.

- Bon, à qui le tour ! s'exclama Eren avec amusement.

Bien entendu, la réaction ne tarda pas.

- Moi ! » s'écrièrent-ils de concert.

Et ce bien que l'un aie déjà un pétard en sa possession.

.

.

Plus tard le soir, vers vingt-trois heures, Eren était sortis de chez les deux garçons, la gorge bien réchauffé par l'alcool. Il s'était encore une fois habillé légèrement, à savoir un simple pantalon noir déchiré à divers endroits lui tombant un peu au niveau de sa taille fine, ses fameuses Timberland, et un débardeur gris clair dont le col large baillait vers l'avant – il lui arrivait plusieurs fois de dormir avec.

Ce soir il se dirigeait vers Titania, l'alcool et la fume l'ayant aidé à se sentir un peu plus à son aise, à prendre les devants. Il voulait le revoir. Le noiraud. Puisqu'il était censé devenir son collègue de tuerie pour une durée indéterminée, autant en apprendre davantage sur lui. Et bien sûr, il avait du mal à l'admettre, mais Levi n'avait fait que l'intéresser davantage.

Il ne tarda pas à parvenir à la ruelle où il avait l'habitude de grimper. Son stresse intense l'y ayant presque contraint, il n'avait pas résisté et s'était acheté un paquet de clope… Il en craqua une, la lumière du briquet éclairant son visage qui avait sensiblement pâli. Il avait mauvaise mine. Il tomba alors subitement à la renverse, ayant uniquement le temps de placer ses mains devant lui afin que son visage ne frappe pas le goudron. Quelqu'un venait de lui donner un coup dans le dos, et il sentit une douleur cuisante lui saisir l'omoplate droite. Se retournant, assis sur le cul, il défia son agresseur des yeux. Ses agresseurs. Trois connards se trouvaient juste là, lui faisant face à un mètre à peine, le regardant d'un air méprisant. Ah. Ils venaient sans doute de se faire jeter de la boîte et cherchaient à évacuer leur frustration. Bordel… Le brun serra les poings, et ses paumes égratignées le pincèrent. Mais il n'en avait rien à foutre. Une baston ? Oh merde avec joie, il en avait besoin. C'est alors qu'il entendit des pas tranquilles derrière lui, s'avançant avec lenteur. Quelqu'un se posta à sa hauteur, crachant la fumée de sa cigarette avec nonchalance en direction des trois salopards.

Aïe.

- Alors les gamins, ça veut faire mumuse ? »

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C'est un gros cafouillis ! Ouais c'est la fin du chapitre, chapitre en quelque sorte de transition :) A la prochaine les cocos

Beuzouilles ~

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