L'Exécuteur

Chapitre 21

5512 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/01/2017 21:17

Que dire... Pardon d'être en retard ? J'avoue avoir laissé ce site de côté, d'autant que je ne peux pas toujours me connecter dessus, internet refuse, sais pas pourquoi. Je poste sur fanfic.net, de manière à peu près régulière, je le dis pour ceux qui en ont ras les fesses d'attendre XD En tout cas merci pour les commentaires, c'est toujours sympa de voir qu'on en a deux ou trois de temps en temps ! Et ne t'inquiète pas LouChan, j'adore Eren, j'en suis littéralement fan, c'est peut-être pour ça que je lui mène la vie dure... Mais au moins avouons-le, il a un destin unique et il est toujours aussi spécial ;D

Sur ce, bonne lecture ~ Si tout se passe bien niveau connection, je vous mets 7 CHAPITRES D'UN COUP !


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Du sang.

Il y avait du sang partout.

Une masse noire approchait par la droite. Il fallut la frapper du coude dans le ventre afin de la mettre au sol, puisqu'une seconde venait rapidement, bien en face. La lame tueuse fendit l'air et dans les millièmes de seconde qui suivirent une profonde entaille apparut. De nouveau, du pourpre gicla, éclaboussant tout ce qui se trouvait à proximité. Mais le protagoniste ne pouvait s'arrêter là. Virevoltant sur le côté, il planta son arme aiguisée droit dans la poitrine de l'homme qui se trouvait à terre, à l'emplacement de son cœur. Il mourut à peine après qu'il l'ait retirée de son corps.

Le souffle court, l'Exécuteur se détourna du massacre pour s'engouffrer dans une ruelle, puis il bondit dans les airs.

C'était dégueulasse. Tout ce liquide corporel infiltré à travers ses fins vêtements lui collait à la peau. Répugnant. Ça puait. Il plissa le nez.

Des coups de feu le ramenèrent à la réalité à laquelle il aurait bien voulu échapper. Ça canardait par là-bas. On devait l'attendre. Attendre la machine à tuer. Il pressa le pas, se mettant à courir, forçant sur ses jambes brûlantes et épuisées.


Keith n'avait donc comme prévu pas tenu parole. Il avait trahi les Rebelles. Quelle merde. Et Levi… Il était en vie, à coup sûr. On lui avait assuré qu'il était fort et il avait d'ailleurs pu le constater de lui-même. Cela ne l'empêcha de se dépêcher d'autant plus. Les hauts immeubles étaient juste là, abritant la tuerie de ses façades grisâtres et trompeuses.

Un peu plus loin, sur un toit à la vue dégagée, Carla l'observait, figée. Mais il ne fit pas plus attention à elle. Le temps n'était pas la discussion. Il fallait penser à son objectif principal et rien qui compromettait sa réalisation.

Eren voyait rouge. Ce qui comptait maintenant pour lui était de s'assurer la survie des Rebelles et écarter les gêneurs.

Le vent giflait son manteau noir, l'envoyant frapper contre le haut de ses cuisses. Il faisait froid mais son corps était embrasé, inconscient des rafales, animé d'une détermination et d'une force aussi ardente que des braises. Il était épuisé mais ça n'était qu'un faible détail, c'était futile. Il avait l'habitude de puiser dans ses ressources situées jusqu'aux endroits les plus reculés de ses réseaux veineux. Il abimait son corps et le savait, mais lorsque l'on participe à une bonne cause il faut faire les choses jusqu'au bout, les achever. C'était sa devise. Ne rien laisser en suspens, dans l'attente. Il se reposerait ensuite.

Il pouvait bien tenir encore un peu plus, non ?

Les bâtiments étaient juste là, plantés en-dessous de lui, l'attendant avec une tranquillité presque morbide. Le brun se laissa tomber des deux petits mètres qui le séparaient d'eux. Il s'approcha ensuite à grandes enjambées du rebord du toit, s'accroupissant sur celui-ci et observa la scène en contrebas. A côté de lui Auruo et Erd tiraient avec véhémence, mécaniquement, comme s'ils ne faisaient plus qu'un avec leur arme, celle-ci se fondant dans leurs épaules et leurs mains.


Mécanique. C'était exactement ça.


Il était lui-même devenu une satanée machine. Vous savez, comme dans ces rêves où l'on s'observe de loin. On est présent sans être vraiment là. Ce fut le rapprochement le plus explicite qu'il put trouver. Son esprit s'était détaché. Ou alors il s'était endormi, laissant place à autre chose, de plus bestial, de plus brut. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Il aurait même pu dire que c'était le cas à chaque fois qu'il avait affaire à des connards. Il s'emportait trop, il avait l'impression que son sang se figeait alors qu'il allait en réalité sans doute beaucoup trop vite dans ses veines pour qu'il ne parvienne à le sentir se mouvoir. Tout devenait flou, seul son objectif comptait. Eren était rongé par la noirceur, par la rancœur. Il n'était pas idiot, il s'en rendait compte. Malgré tout cela ne parvenait pas à le calmer, alors qu'il était conscient d'aller trop loin. Il avait toujours dépassé les bornes. Que ça soit au niveau de l'éducation et la discipline à l'école, de ses coups de tête au travail ou alors de ses envies bagarreuses. Il avait un besoin oppressant d'extérioriser par les gestes.

Mais, et comme à chaque fois, se le répéter ne suffit pas là non plus. Cette fois-ci n'échappa pas à la règle. Faire tout péter.

Les coups de feu avaient bien baissé. Il y avait principalement eu le coup d'éclat du début, puis le calme mortel était peu à peu venu prendre confortablement sa place. C'était l'attente du coup d'envoi, c'était l'élaboration d'une stratégie. Et maintenant, qui frapperait en premier ? Eren avait toujours eu la preuve comme quoi il fallait faire le premier pas, être le camp à lancer l'attaque. Et c'était bien ce qu'il comptait faire. Les poings serrés, il analysait le plus rapidement la scène en contrebas. Sa vision s'était obscurcie, rougie même. Jusqu'à ce que subitement, il voit de nouveau correctement, comme se prenant une gifle qui le sortit de sa fixation meurtrière. Ses yeux s'ouvrirent en grand.

Là, dans un coin et bien caché derrière une voiture se pelotonnait une masse noire. Levi. La poitrine de l'infirmier se serra. C'était pour lui qu'il s'était ainsi rué vers le repère de Keith, c'était pour lui qu'il s'était épuisé et acharné comme un loup affamé. Il ne laisserait pas le noiraud en arrière, il allait le sortir de là. Parce qu'il ne savait pas ce qu'il avait foutu, mais il était clairement en galère. Beaucoup trop exposé. Les fenêtres en face ne pouvaient pas l'atteindre et quant à celles du dessus, les hommes seraient forcés de pointer leur tête vers l'extérieur et ainsi libre à eux de se faire exploser la cervelle. Mais… Il restait tout de même un certain pourcentage pour qu'ils aient les couilles de le faire. Ou alors dû à leur manque de matière grise. Le brun secoua la tête. Levi… ou le Chien, peu importe, ne méritait pas de mourir. Il était bon, il était droit et gentil. Il prenait soin des autres, de son entourage et même encore plus. Il avait un cœur empli de générosité et d'attention. Bien que caché sous une bonne dose de grognements et d'insultes, mais ça contribuait à son charme si particulier.


« Eh Monsieur je me barre en foutant la trouille à ses coéquipiers, t'es de retour ?


Erd. Il avait presque oublié les deux rebelles. Il inspira profondément, gardant dans un coin de sa tête qu'il fallait sauver les apparences.


- Le clebs est dans une position de merde, qu'est-ce que vous attendez pour le tirer de là ?


Sans doute aurait-il dû paraître moins hargneux. Les deux autres ne répondirent pas, à la place de quoi ils le fixèrent, figés. Voire même choqués.


- Quoi ? grogna le jeune infirmier.


- Eh bah dis donc… t'as pas l'air d'avoir perdu du temps toi, siffla le blond pendant qu'Auruo jaugeait notre protagoniste avec une moue dégoûtée.


Petit instant de flottement.


- Hein ?


- T'es crade et tu pues le sang à trois kilomètres à la ronde, renifla le châtain, lui fournissant une explication concise.


Ah, oui. Ses fringues étaient imbibées de liquide corporel et son masque ne devait plus paraître aussi blanc qu'à l'accoutumée. Cela lui remémora ses prouesses de quelques maigres minutes auparavant. Prouesses mon cul. Des cris l'assaillirent, ceux des policiers qu'il avait tués en masse. Ça avait été comme s'il combattait en pleine transe et maintenant qu'il reprenait conscience de ses méfaits, les impacts pleuvaient sur lui comme un million d'aiguilles. Ça faisait mal. Il souffrait. Il aurait voulu se boucher les oreilles, mais ça ne servirait à rien. A la place de quoi il fut pris de tressaillements. Il voulait échapper à tout ça, ne pas y penser, juste frapper. C'était le seul remède. Donner des coups jusqu'à ne plus sentir son propre corps, ni même celui qui rentrait durement en contact avec le sien.


- Qu'est-ce que t'as foutu comme merde ? grinça Auruo, peu amène.


Eren gonfla les narines.


- Je vous ai sauvé la peau du cul. La flicaille venait dans plusieurs directions, je les ai stoppés.


Il y eut un blanc entre deux courants d'air de malaise.


- Et… de quelle manière ? fit le blond d'une petite voix, qui était retourné à son poste, visant soigneusement la cour un peu plus bas.


- Peu importe, déglutit le brun. Ils vous foutront la paix maintenant.


- « Nous » foutront la paix, corrigea immédiatement Erd.


Puis il soupira avant de continuer :


- Tu as beau être fort, t'as l'air d'en avoir bavé. T'as bien dû risquer ta vie une fois ou deux…


Où voulait-il en venir ?


- Alors… Merci, termina-t-il en marmonnant.


Le châtain émit un « mh » pas très convaincant, mais c'était tout de même ça. Cette marque de… il ne savait trop quoi mit le jeune Exécuteur d'autant plus dans l'embarras.-


- De rien, grinça-t-il presque. Z'aviez qu'à être mieux préparés aussi.


Auruo voulut rétorquer mais Erd le devança :


- Ça n'avance pas cette situation de merde, se plaignit-il, puis il se tourna brusquement vers notre brun, comme touché par la lumière divine. Et si tu te jetais dans la cohue ?! Ça ferait bien avancer cette connerie et au moins mettrait les choses au clair !


- Les choses au clair ? répéta Eren, curieux.


- Comme quoi tu es des nôtres pardi, fit-il avec assurance, et le brun put sentir le sourire dans sa voix. Ça leur en boucherait un coin à ces salopiauds.


- Débile, le morigéna le châtain. Il va pas se jeter comme ça dans le vide à découvert, surtout pour cette raison débile.


- Tch, ricana le blond. Il sera pas seul. On n'est pas les tireurs d'élite pour rien.


- Tu débloques, grogna l'autre.


- Ce plan me plaît.


Les deux rebelles, éberlués, se tournèrent dans un même mouvement vers l'Exécuteur qui venait d'élever la voix.


- H-qu-hein ? bégaya Erd.


- Bah quoi, ne sois pas si surpris, c'est toi qui as proposé ce plan foireux, soupira l'infirmier.


Puis, toujours accroupis, sa main agrippa le rebord de l'immeuble et il se pencha sensiblement vers l'avant. Un sourire s'étala le long de son visage, bien caché par son masque souillé.

- Et puis, j'aime cette idée. Ils ne s'attendront pas à voir débouler quelqu'un comme ça.

Furieux, Auruo se redressa.

- A quoi vous jouez ?! Si tu te fais pas toucher par une balle c'est de la chance à l'état pur ! Tu veux clamser ou quoi ?!

- Je vais tenter ma chance, fit le brun. Prêts ?

- Qu-maintenant ? se récria le châtain en colère, se mettant rapidement en position.

- Je vois pas pourquoi on attendrait plus longtemps, grommela notre protagoniste, qui s'abaissa un peu plus vers le vide.

Il dégaina son Chisa katana et ferma les yeux. Sa respiration ralentit progressivement, à un niveau calme, reposé, jusqu'à ce qu'il ne l'entende même plus. Il extirpa totalement l'air de ses poumons, puis prit une grande goulée d'oxygène, gonflant sa poitrine.

- On commence par la droite. C'est parti ! »

Les deux rebelles auraient beau avoir répondu, il n'aurait pas entendu. Il était parti dans son monde à lui. Au début ce fut comme s'il flottait, puis, rapidement, la chute survint. Elle lui souleva le cœur et bon dieu, qu'est-ce qu'il aimait ça ! Son pied rencontra une surface dure dans les airs. Il avait maintenant activé son don. Il était au niveau du dernier étage, le plus haut, son ascension allait finalement pouvoir débuter. Bifurquant sur la droite, en trois longues enjambées il fut suffisamment proche pour foncer sur l'immeuble. Se tournant à demi, il se jeta contre la fenêtre, celle-ci explosant et le bruit se répercutant aux alentours comme le ferait une avalanche, brisant le silence lourd de menace. Car maintenant, cette dernière avait éclatée. Ce fut le signe de départ. Des têtes sortirent de leur cachette, des cris retentirent. La fourmilière reprenait vie. L'Exécuteur l'avait ranimée et il ferait son job jusqu'à ce qu'elle soit définitivement éteinte. Jusqu'à ce qu'il soit certain qu'elle ne pose plus problème.

« Un intrus ! hurla l'homme le plus proche dirigeant son arme sur le brun.

Mais celui-ci avait disparu. Apeuré, il regarda un peu autour de lui, perdu.

- Jack, at-

Ce fut trop tard pour la mise en garde. L'homme se retrouva une lame en travers de l'estomac. Surpris, il s'étala au sol dans un gargouillis et un son mat. Notre infirmier prit rapidement connaissance des lieux. Il n'y avait là nulle trace d'appartements, simplement une grande allée coupée par quelques piliers. Et des hommes. Une dizaine. Ça allait être ardu compte tenu de la morphologie du bâtiment, mais c'était faisable. Il se lécha les lèvres avec un sourire en coin. C'était ce genre de challenge qu'il recherchait. Il put sentir l'adrénaline le parcourir.

C'était la vie.

Il était si proche de la mort que l'envie de vivre le boostait par une grande claque. Mais c'était agréable, c'était enivrant. Il retira sa lame du corps de l'homme et bascula sa tête d'un côté, puis de l'autre. Il ne s'était jamais foutu dans une merde aussi grosse. Et putain, cette adrénaline vivace lui vrillait les omoplates, faisait fondre son cerveau. Chacune de ses cellules était en ébullition, prête à exploser.

Il entendit un déclic. L'arme prête à tirer. Il plongea sur le côté en direction du pilier le plus proche. Des rafales vinrent frapper le mur, mais elles n'étaient pas suffisamment puissantes pour passer au travers. Le brun entendit des pas prudents se rapprocher de lui. Mais quand les deux hommes parvinrent à sa hauteur, il n'était déjà plus là. A l'aide de son don le brun s'était hissé vers le plafond et, quand ces crétins ne trouvèrent que du vide, il leur tomba dessus avec exaltation. Prendre par surprise c'était le meilleur. En un geste circulaire il leur coupa la gorge en un flot de sang. Son oreille se tendit alors. Il pouvait entendre dans la cour qu'une bataille faisait rage. Il devait se dépêcher. Des voitures venaient d'y débouler, leurs pneus crissant sur le sol inégal.

Son cœur tambourina trois coups dans sa poitrine. C'était le signal. Il se jeta au milieu des gardes, tranchant à droite et à gauche, les pupilles dilatées et les yeux grands ouverts. Il avait l'impression de tout voir et à la fois de ne plus rien sentir. Il frémit sous l'excitation et un sourire naquit sur ses traits, découvrant ses incisives blanches. Il aurait voulu rire, là, tout de suite, sous le coup de l'ivresse effervescente. Son cœur s'affola un peu plus et ce fut si bon… Il aurait voulu que cette sensation ne cesse jamais. Une balle l'effleura à l'épaule, une autre sur le flanc. Ça ne deviendrait qu'une égratignure et puis… Il n'avait pas mal. Il avait conscience qu'on l'avait touché mais ne le sentait pas. Tout son être irradiait, brûlant, et noyant ses ennemis dans un feu fou, inatteignable. C'était dingue. C'était complètement dingue. Et il y était accro. Un rire lui échappa, résonnant parmi les derniers coups de feu de l'étage, achevant le silence.

Les trois derniers s'enfuirent en courant, glapissant. L'un avait fait dans son froc.

« Tss, soupira le jeune brun.

Toujours autant de vacarme dans la cour en tout cas. Et Levi… A peine ce nom parvint dans sa petite tête qu'Eren saisit deux corps par le haut des bras, les soutenant contre son épaule, puis sauta à travers la même fenêtre que par celle qu'il était entré.

- Auruo, Erd, je compte sur vous. » marmonna-t-il.


Et il se laissa tomber de quelques mètres, atterrit sur une plateforme d'air puis fit de même jusqu'au premier étage, les deux hommes décédés bien serrés contre lui, le protégeant. Puis il sauta jusqu'au sol de la cour. Ici-bas, c'était devenu infernal. On se foutait des coups de batte, de poing, de matraque, de barre de fer, de couteau et dieu savait quoi d'autre. Le Chisa katana d'Eren avait beau ne pas être très long, il restait l'arme la plus dangereuse avec son habileté à fendre l'air et trancher sans problème, tout en ayant une portée plus que raisonnable. Le temps de comprendre où ça en était et qu'il élabore un cadre, il pressa les deux cadavres contre lui. Deux ou trois attaques rencontrèrent les corps sans vie. Le brun gonfla les muscles de ses bras et de ses épaules, puis envoya valser les deux hommes morts contre ses opposants. Surpris, ceux-ci firent ce qui était le plus naturel, un réflexe : ils se protégèrent et repoussèrent les corps. Leur attention étant entièrement focalisée sur ces derniers, ils ne purent par conséquent esquiver à temps quand ils virent l'Exécuteur plonger sur eux. Le premier se fit trancher tout le long de la poitrine et, quant au second qui avait levé bien haut son couteau, il se fit arrêté en plein mouvement alors qu'il abattait son bras, recevant bien vite un coup de boule en plein nez. Il s'étala sur le dos, complètement sonné. Pour Eren au contraire, la douleur au niveau de son front le réveilla un peu plus – si c'était possible – et c'est à ce moment-là que débuta sa danse.

Il valsait parmi la foule, décochant des coups, en loupant de justesse et parfois même s'en prenant. Souvent sur les bras, qu'il brandissait pour se protéger. Mais ces enfoirés était vraiment nombreux, il en affluait toujours plus des bâtiments. Bientôt l'on commença à réaliser que l'Exécuteur était dans la place et un cercle flou se forma autour de lui. Seul contre tous. Le brun aurait voulu exploser de rire. C'était encore plus excitant, il avait d'autant plus la frousse de crever comme un clébard.

Ce qu'il n'avait pas immédiatement remarqué c'est qu'il y avait deux bêtes dans l'arène. Lui et… Des pas grattèrent le sol dans son dos, mais si légers qu'il avait failli les louper. Il fit volte-face brutalement. C'était Chien, juste là, lui tournant de trois quart le dos. Il reculait dans sa direction.

« Ces enculés sont des tapettes, cracha le noiraud. Mais ils sont nombreux. »

Ça en devenait d'autant plus intéressant cette situation, pour le brun. Jusqu'à ce qu'il ne constate que le Chien ne portait plus sa cagoule, celle-ci pendant mollement autour de son cou, arrachée. Une prise de conscience le frappa net et de plein fouet. Il ne s'agissait plus de ce héro mystérieux au caractère bien trempé, violent, masqué. Maintenant c'était quelqu'un d'autre. Il était encore difficile pour Eren de parfois se rappeler que, au fond, il connaissait le Chien. Qu'il en avait été étrangement proche. Il s'en était souvenu tout à l'heure, mais ça n'avait pas eu le même effet. Là, alors que la cagoule avait disparu et que le danger les cernait, le jeune infirmier pouvait réaliser combien il s'était gouré. Le noiraud et le Chien étaient identiques. Ils partageaient le même corps. Mais surtout, ils ne formaient qu'un. Ça, c'était encore dur à assimiler. Ils étaient Levi. Et alors qu'il le fixait plus longtemps que nécessaire, une vérité perturbante vint amèrement s'insinuer dans sa tête. Il devait protéger le gérant de Titania. C'était comme ça avec les personnes à qui il tenait ou qui possédaient un grand cœur, il ne pouvait les laisser dans le pétrin. Quitte à faire barrière de son propre corps. Cependant, puisque cela ne suffisait pas, une question tout autant affolante suivie d'une affirmation naquit dans sa cervelle déjà bien torturée.

Il protégeait Levi principalement parce que celui-ci avait bon cœur ou alors parce qu'il se sentait proche de lui ?

Il ne pouvait le nier, il s'agissait de la seconde option.


Non qu'il ne s'en doute pas déjà, enfin tout de même pas jusqu'à cette ampleur, mais s'en rendre compte dans ce genre de situation donne un impact plus conséquent, plus marquant. Son estomac se noua et sa respiration se fit plus rapide. Le noiraud s'était encore un peu rapproché, le brun finit par comprendre. Il se mit dos à lui, les bras écartés, attendant que la première attaque ne survienne. Il devait faire confiance à Levi. S'ils prenaient chacun une moitié à défendre au lieu que l'Exécuteur ne fasse tout le boulot afin de maintenir le noiraud à l'abri, au fond ce dernier serait sans doute davantage protégé. Le brun savait qu'il était fort, alors il fallait qu'il croie en lui. Au lieu de tout faire foirer sur un stupide coup de tête. Et puis merde, il ne s'agissait là ni d'Armin ni de Mikasa tout de même ! Pas la peine d'en faire un fromage !

Un cri le coupa de ses pensées tourmentées. Un homme brandissant une batte enveloppée de barbelés s'était élancé vers lui en même temps que deux autres hommes. Le même nombre du côté du noiraud. Eren avait saisi sans difficulté qu'il ne devait pas trop bouger de sa position. Il s'avança de deux pas rapides et frappa de toutes ses forces son pied contre le tibia du type de gauche. De sa main droite enserrant le katana il envoya ce dernier contrer la batte du mec du milieu. Mais pas uniquement contrer. Sa lame fendilla le bois et, poursuivant son ample mouvement, il l'emmena se fracasser contre la tête du dernier homme, à droite. La puissance du coup le fit tomber par terre et il ne se releva pas, le front éclaté. Peut-être allait-il mourir comme ça, tout simplement, la tête défoncée par une batte entourée de barbelés. L'homme qui tenait cette dernière avec un air horrifié la tira, tentant désespérément de la décoincer du katana. Et laissant ainsi à Eren tout son buste à découvert. Le jeune brun n'hésita pas et s'avança, lui plantant son genou dans le ventre. L'autre lâcha prise sur la batte, permettant à l'Exécuteur le luxe de s'offrir une seconde arme. Cette dernière avait été un peu amoché par sa lame mais restait en état pour mettre quelques couillons au tapis. Il la décoinça du katana de sa main gauche et l'expédia sur le visage du premier type, celui qu'il avait frappé au tibia. Le bruit fut sourd, mat, mais pas désagréable à son oreille. Les coups formaient chacun un son composant une musique, à laquelle il était habitué depuis un jeune âge.


« Pratique, murmura l'infirmier alors que de l'autre main il transperçait la poitrine de l'homme au centre, le dernier debout.


Le reste de la troupe – ils étaient une douzaine, les autres occupés à combattre des rebelles – comptait plonger vers eux tous en même temps. C'était ce qu'il y avait de plus logique à faire face à un ennemi les surpassant en habilité au combat. Mais cette petite démonstration de force enclencha la touche « retenue ». Eren sourit doucement, puis tourna la tête afin de voir où en était le gérant. Avec seulement un petit couteau il venait de terminer d'abattre ses trois opposants. L'Exécuteur put ainsi assister à la dernière scène, quand le noiraud tenait un des hommes par le cou et lui avait enfoncé sa lame en bas du ventre puis l'avait remontée d'un coup sec. L'infirmier ne put retenir un frémissement. C'était gore, mais surtout il se retrouvait lui-même dans ce geste hargneux. Levi saurait se défendre. Il en était certain. Sur cette pensée il fit faire des mouvements circulaires à la batte, du pourpre giclant jusque sur les ennemis qui lui faisaient face. Ils se reçurent le sang de leurs propres compatriotes à la gueule.


- Tch, sadique, grogna Levi derrière lui et le surprenant, mais une trace d'amusement dans la voix.

Le noiraud n'avait pas loupé le geste que l'Exécuteur venait de faire.

- Je préfère me qualifier de provocateur, ricana le jeune brun.

- Si ça te permet de te sentir mieux, répliqua l'autre.

Avant qu'Eren ne puisse rétorquer un des types venait de leur envoyer sa barre de fer. Il allait la bloquer de son katana mais un bras entra dans son champ de vision et s'en empara souplement. Il pinça les lèvres et se tourna vers Levi, qui jouait avec la barre tranquillement.

- Heureusement que je peux faire deux choses en même temps l'péteux, se fouta-t-il ouvertement de sa gueule.


Sur ce il retourna l'arme à son ravisseur, celle-ci pourfendant l'air bien à l'horizontale et venant s'enfoncer dans son estomac. Elle ne le transperça pas bien sûr, mais elle eut au moins le mérite de lui couper le souffle et lui faire un mal de chien. Deux hommes profitèrent de l'action de Levi pour lui foncer dessus. Mais le noiraud les avait vus venir. Et alors qu'il allait mettre un bon coup de poing dans la gueule à l'un, une lame surgit le long de son bras et vint s'enfoncer dans l'épaule de l'opposant. Furieux, il se contenta de foutre par terre le second avant de faire volteface. Eren regardait devant lui, ne prenant même pas la peine de se tourner vers le noiraud. Il sourit sous son masque.


- Bah alors, ne montre pas comme ça les crocs bébé chiot, le nargua-t-il. Je m'étais dit que tu risquais d'avoir besoin d'aide.

Il vit un autre gars hésiter à se lancer vers lui, mais alors qu'il brandissait son katana une lame passa près, très près de sa joue, pour finalement terminer sa course droit dans le coup de l'ennemi. Le couteau de Levi. Le brun tourna la tête dans sa direction, joueur, pendant que le noiraud en sortait deux autres de sa ceinture au niveau de son dos.

- Ta gueule, le rembarra ce dernier.


Ce fut peut-être le signal, en tout cas les sept hommes restant – deux s'étant ajoutés – plongèrent tous en même temps vers eux deux. Eren et Levi n'eurent pas trop de mal à se défendre et encore moins à riposter. Ils concourraient à celui qui mettrait hors d'état de nuire le plus d'opposant ou encore prendrait l'autre au dépourvu. Plusieurs fois l'arme de l'un des deux se glissa sous le bras de l'un, mais cela le mettant plus à découvert du même coup, ainsi l'autre se tournait également pour le protéger. Et leurs lames et deux corps se superposèrent ainsi à maintes reprises, attendant que l'un finisse par baisser les bras.

Parce qu'il y avait une putain de question de fierté entre le Chien et l'Exécuteur. Il fallait qu'ils aient le dernier mot. Quand il n'y eut plus que des corps en souffrance autour d'eux ils se calmèrent, se jaugeant avec colère. Bientôt ils trouveraient une faille pour prouver leur supériorité. Des ennemis s'étaient ajoutés aux autres, par conséquent bien plus de sept corps s'étalaient sous leurs yeux. La bataille était déjà terminée. Quelques rebelles s'étaient rapprochés afin de voir s'ils pouvaient leur prêter main fort, mais finalement ils avaient rapidement conclu qu'ils n'auraient fait que les gêner.

Le massacre prenant fin, nos deux concurrents firent un pas l'un vers l'autre, se fixèrent l'espace d'une seconde derrière leurs verres teintés puis se détournèrent dans un même mouvement.

- La prochaine fois tête de con, grogna le noiraud.

- La prochaine fois clébard. » confirma le brun, reniflant dédaigneusement.


Ils apprirent plus tard que Keith était parvenu à foutre le camp avec quelques-uns de ses hommes, mais qu'ils étaient déjà sur leurs traces, donc pas trop de problème de ce côté-là. Après ce cours compte rendu d'une Hanji étrangement et particulièrement excitée qui fixait à tour de rôle Levi et notre jeune protagoniste, ce dernier partit. La fatigue commençait à se faire plus insistante. Avant de s'en aller de son côté, il jeta un bref coup d'œil au gérant de Titania, qui le fixait sur le toit juste en face. Eren hocha discrètement la tête. Le noiraud ne lui répondit pas, mais continua de le fixer durant trois interminables secondes avant de se détourner et partir rejoindre le reste des rebelles. A quoi pouvait-il bien penser ?

Maintenant, l'Exécuteur pouvait enfin souffler. Il venait de passer une soirée mouvementée à mort qui lui donnerait de sales courbatures demain – il allait souffrir au boulot – mais également une soirée enrichissante, qui lui avait permis une faible marque de rapprochement avec les rebelles. Pas seulement Levi, mais Erd et Gunther et également deux ou trois autres dont il ne se rappelait pas le nom, qui étaient venus lui dire un semblant de félicitation timide.


Eren était maintenant allongé sur son lit. Sa chambre était plongée dans le noir et il avait croisé ses bras sous sa tête, ses yeux tournés vers le plafond. Il repensait au retour de sa mère. Carla lui en voulait. Elle était apparue en un éclair et avait abattu sa colère sur lui, lui donnant à peine le temps de réaliser ce qu'il se passait. Allait-elle revenir alors qu'il l'avait dégoûtée de la sorte ? Alors qu'il lui avait finalement montré le tueur sanguinaire qui se cachait en lui, à fleur de peau ? Il rabattit la couette sur lui, se pelotonnant sous elle, réfléchissant avec un air las.

Mais finalement, pourquoi se torturer autant avec de « et si » ? Peu importe ce qu'il imaginait, il ne pouvait deviner l'avenir ni toutes ses innombrables possibilités. Il vivait constamment dans l'attente.

Épuisé et l'esprit vidé, alors que ses paupières se fermaient doucement, il se redressa subitement comme frappé par la foudre, saisit son portable et pianota quelques secondes dessus avant de se remettre sous la couette et s'endormir pour de bon. La journée serait longue demain, il se devait d'être en forme. Au moins un minimum. Son corps avait beau supporter mille et une charge, il y avait toujours un moment ou une goutte d'eau finirait bien par déborder du verre. Il plongea immédiatement dans le sommeil.


« Levi, je me suis finalement décidé à utiliser mon portable pour une des rares fois dans ma courte existence. J'espère que cet exploit te convaincra d'accepter mon invitation à boire un café dans la semaine ? Disons… au plus tôt ?

Eren. »


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Hello… Yes, it's me, Maaarrrioooo ! Oops sorry .-. Alors ce chapitre les enfants ? Ça vous a plu ? Pas mal de lecture hein, pas forcément beaucoup de dialogues… Mais j'espère que c'était tout aussi parlant :)

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