Watch Girl

Chapitre 3 : Chapitre 02 : Bienvenue à Jersey City

3989 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 10:05

New-Jersey, Jersey City, mars 2013, 10h48.

 Jersey City était une belle ville, mine de rien. J'aurais peut-être aimé venir la visiter, si j'avais eu une vie normale. Quoique, je détestais prendre l'avion ou tout autre moyen de transport, même si j'y étais obligée, alors je n'aurais peut-être pas tant voyagé que ça. Et puis depuis les évènements récents de New-York, la plupart de gens avaient peur de se rendre dans le ciel. Et c'était tout à fait normal. Moi aussi je craignais qu'une autre invasion alien ne se produise. Ca avait été un carnage, et j'avais vraiment eu de la chance de ne pas m'être trouvée là-bas lorsqu'il y avait eu cet incroyable et terrifiant combat. Lee avait trouvé ça << trop cool >>. C'était le genre de personne qui ne se rendait pas compte de l'ampleur des dégâts et pouvait continuer à vivre sans se soucier de cette invasion, on pouvait voir ça comme un avantage, au moins, lui,  ne s'en rendait pas malade.

 Des lunettes de soleil sur le nez et un écouteur dans l'oreille, je passais juste à côté d'un lycée.

         -Donne-moi le nom ? Me demanda Lee à l'oreillette alors que je l'entendais tapé sur les touches de son clavier.

 Je levais les yeux vers la grande insigne.

         -Lycée académique Coles, soufflai-je.

         -Ok, le cabinet du docteur Smith ne devrait pas être loin. Suis le trottoir et prend la première à gauche, tu devrais arriver dans une petite rue où se trouve son bureau.

         -On devait pas se rendre à son domicile plutôt que dans son cabinet ?

         -C'est toi l'experte en informatique Alexy ? Non, je ne crois pas, alors contente-toi de suivre mes ordres, ironisa-t-il.

         -Je suis l'agent de terrain, alors c'est à moi de prendre les bonnes décisions. Et je te dit qu'aller à son domicile aurait été plus simple, protestai-je.

         -Et attendre vingt trois heures ce soir pour le coincer aussi ?!

 Je soupirai. Je détestais avoir tort, même s'il fallait bien admettre que je n'avais pas raison tout le temps, contrairement à Lee. Il était celui qui trouvais toujours toutes les solutions, ce qui m'agaçait souvent.

 Je tournai donc à gauche tandis que Lee m'indiquait le numéro de rue du cabinet. Une fois arrivée devant, je montai les quelques marches qui me séparaient de la porte et entrai. Deux personnes attendaient patiemment, assises sur des chaises qui semblaient valoir une fortune. Une femme d'une trentaine d'années se trouvait derrière un comptoir, les yeux rivés sur un écran d'ordinateur. Je m'avançai vers elle et elle abaissa ses lunettes, me regardant de la tête au pied avant de revenir à son ordinateur.

         -Heu, commençais-je. Je pourrais obtenir un rendez-vous avec le médecin s'il vous plaît ?

         -Mademoiselle, c'est visite libre ce matin, vous avez juste à attendre.

 Sans plus de mots, je m'assis sur une des chaises. Pendant une vingtaine de minutes, je pouvais entendre Lee chantonner une musique qui, à force, devenait insupportable. Alors que plusieurs personnes entraient dans la salle d'attente, le médecin sortit du cabinet et me fit signe de venir. Je chuchotai rapidement à mon ami :

         -J'entre.

 Il m'invita à m'asseoir sur un fauteuil juste en face de son bureau. Il attrapa une feuille et un stylo. C'était un homme fin et élancé aux cheveux bruns grisonnants, de petites lunettes sur les yeux. Il portait un pull à carreaux vert et bleus ainsi qu'un pantalon marron et de très beaux mocassins bruns.

         -C'est la première fois que je vous vois ici, remarqua-t'il. Vous êtes madame ?

         -Heu ... Heu, Becker. Alexy Becker, déclarai-je.

         -Étrange, ce nom me dit quelque chose ... continua Smith avec un léger sourire sur les lèvres.

 Il écrivit mon nom sur une feuille.

         -Peut-être parce que vous avez déjà entendu parler de moi, vous savez, lorsque vous travailliez pour la Fraternité... Il y a quelques années.

 Le médecin releva lentement la tête, les yeux écarquillés et lâcha son stylo d'un coup.

         -Alexy Becker, répéta-t-il. La... Notre plus grande expérience.

 J'acquiesçai.

         -Vous êtes vivante !

         -Quoi ? Vous pensiez que j'allais me faire tuer aussi facilement ? Lançai-je allégrement.

         -Je pensais qu'elle l'aurais fait.

         -Qu'« elle » ? Insistai-je.

         -Vous savez très bien de qui je veux parler, répliqua-t'il.

         -De toute façon je m'en fous, je veux juste que vous coopériez.

         -Avec plaisir.

         -Sérieux ? Lee, t'entends ça ?

 Un sourire se dessina sur mon visage alors que le médecin affichait une mine d'incompréhension à l'évocation du prénom de Lee. Smith s'éclaircit la gorge.

         -La Fraternité m'a ... tout pris.

         -Comme ça vous êtes deux, lança Lee tout en ricanant.

         -Tout pris ? Répétais-je.

         -Lors du démantèlement, on nous avais promis un renouveau, avec le projet Clone. Au final, de plus en plus de membres ont quitté la Fraternité, dont moi. Mais ceux qui sont restés ont tout fait pour nous empêchés de partir, jusqu'à faire du mal à nos famille. Ils m'ont pris ma femme.

 Le visage du docteur devint triste et son regard était emplis de chagrin. J'avais deviné ce qu'il voulait dire par « prendre sa femme ». Elle était morte.

         -Désolée, dis-je tout en baissant la tête.

         -Au moins, j'ai toujours ma fille.

         -Nous voudrions juste savoir si vous connaissez l'emplacement d'une « base », demandai-je tout en imitant les guillemets avec mes doigts. Ou de leur chef.

         -Leur chef est introuvable, j'ai moi-même fais des recherches lorsque ma femme à été tuée. Je n'ai jamais rien trouvé de concret.

         -Alors il ne peut pas nous aider ?

         -Donc vous ne pouvez pas nous aider ? Répétai-je après Lee.

         -Si, mais je ne sais pas si je serais d'une grande utilité, vous sav-...

 Un bruit incroyablement puissant retentit, semblable à celui d'un effondrement et la terre trembla quelques secondes. Un long grésillement se fit entendre dans mon écouteur tandis que certains objets du cabinet de Smith s'écrasèrent au sol. Je me levai de ma chaise, suivie du docteur.

         -Qu'est-ce que c'était ?! Hurla-t-il.

         -Lee ? Lee ?! Criai-je.

 Rien. Je dû attendre une bonne minute avant d'enfin pouvoir entendre sa voix.

         -Alex ? Qu'est-ce qui s'est passé ? La communication à été coupée pendant au moins une minute.

         -J'en sais rien, répondis-je en fixant le médecin.

 Il haussa les épaules.

         -Faut que j'aille voir, affirmai-je à Lee.

 Je pouvais l'entendre s'égosiller << Non, n'y vas pas ! Ça ne sert à rien ! >>  mais je n'en avais que faire. Je me concentrai quelques instants. Au loin, je pouvais voir de la fumée. Le lycée ! Il s'était passé quelque chose au lycée. Je sortis à toute vitesse du cabinet, courant, poussant tout le monde sur mon passage. A peine tournai-je vers la rue qui conduisait au lycée que je pu apercevoir les pompiers, la police et même les médias. Une épaisse fumée englobait la brèche qui s'était creusée dans le bâtiment. Dans cette fumée, une forme massive était présente. Une forme massive et mécanique, blanche. Ce truc mécanique avait une forme plus ou moins humanoïde. Il donnait des coups dans le vide.

 Je courais pour pouvoir voir de plus près, était-ce la Fraternité ? Me cherchaient-il ? Les policiers avaient leurs armes braquées sur la chose mais ne faisaient rien, ils attendaient. Une foule s'était créée juste devant le spectacle. Alors que le "robot" projetait quelqu'un à l'intérieur de la brèche, une lumière bleue apparut et un rayon sortit tout droit de la bête mécanique. Je ne savais pas vraiment ce qu'il se passait, mais j'avais besoin d'aider.

         -Lee, tu peux voir ?! Demandai-je dans la précipitation alors que j'englobais mon crâne de ma capuche.

         -Oui. N'y vas pas.

         -Quoi ? Pourquoi ?

 À ce moment précis, un énorme débris sortit de la brèche pour venir s'écraser sur le robot. La forme massive s'effondra sur le sol.

         -Quelqu'un le combattait déjà, me souffla Lee.

 Je restais bouche-bée. Un jeune homme que je ne pouvais pas vraiment distinguer courait  vers la brèche formée dans le bâtiment. Alors que je tentais d'atteindre le lycée au plus vite, une lumière bleue éblouit tout le monde, puis plus rien. Je m'approchais des débris quand  quelqu'un me retint pas le bras.

         -Mademoiselle ! Hurla l'inspecteur de police qui venait de m'attraper. Veuillez quitter les lieux.

 

***

 

 J'étais assise sur le lit de ma chambre d'hôtel. Lee et moi étions en appel visio, bien que mon ordinateur n'était posé sur le bureau et qu'il ne pouvait certainement pas me voir.

         -Smith m'a fait parvenir de nombreux dossiers sur toi et ... la Fraternité. Si tu veux, je pourrais te les envoyer, déclara chaleureusement Lee.

         -Non, répondis-je sans réfléchir. Je t'ai déjà dis que je ne voulais absolument rien savoir.

         -Ok, dit Lee, un poil déçu. Tout le monde ne parle que de cette attaque au lycée tout à l'heure.

         -Vraiment ?

 Je m'approchai de mon ordinateur tandis que Lee m'envoyait les photos des premières couvertures des journaux locaux.

         -Regarde, commença-t-il en lisant les titres des journaux, "Miss Marvel, l'héroïne qui défend les lycéens", "Miss Marvel, la super-héro est-elle lycéenne pour intervenir aussi vite ?". On dirait que Jersey City s'est trouvé un défenseur.

         -Ouais ... Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse pour le moment.

 Je regardai attentivement les premières pages des magazines. Les super-héros fascinaient tout le monde bien sûr, des gens capable de choses extraordinaires, comme moi, mais qui utilisaient leurs capacités pour faire le bien.

         -Ne me ment pas Alex, je sais que ce genre de personne t'impressionne, lança Lee toujours en ricanant.

         -Bien sûr que ça m'impressionne, comme tout le monde, mais ça m'intrigue surtout. Et ne dit pas qu'ils ne t'impressionnent pas, tu as des photos d'eux dans tes tiroirs.

         -Comment tu sais ça ?

         -Il m'a suffit d'une visite chez toi et l'utilisation de mes pouvoirs.

 Alors que le service de chambre acceptait de m'apporter mon repas dans ma chambre, Lee fouillait attentivement les dossiers envoyés par le docteur Smith. À la télé, sur les chaînes locales, tout ne tournait qu'autour de la dite << Miss Marvel >>.

Toute la soirée, Lee chercha, sans grand succès. Alors que je partais me coucher, il m'annonça qu'il resterait éveillé toute la nuit pour essayer de trouver quelque chose. Je savais très bien qu'il ne trouverait rien excepté des choses me concernant que je n'aimerais sûrement même pas connaître.

 Depuis que la Fraternité m'avait tout pris, j'avais du mal à me réadapter. Pourtant, ça faisait plusieurs années maintenant, mais les choses avaient été tellement vite. Même maintenant. Le monde changeait, des choses incroyables apparaissaient. Rien que l'idée de voir un robot géant en action ne m'étonnait pas plus que ça, alors qu'il s'agissait de quelque chose de complètement inhabituel. Mais quand on savait qu'un géant vert avait combattu des extraterrestres à New-York et qu'un dieu de la foudre l'accompagnait, on était plus vraiment impressionné par quoi que ce soit.

 Après une longue réflexion sur moi-même et sur le monde, je m'endormis enfin. Je pouvais me reposer.

 

***

 

 J'avais souvent ces visions. Des choses affreuses, terrifiantes. Il s'agissait de l'avenir, je pouvais le sentir. J'en avais toujours peur, mais pas autant que la première fois bien sûr. J'arrivais presque à les oublier, la nuit. J'arrivais maintenant à vivre sans y penser, ça avait été difficile. Comment vivre alors que l'on peut voir certaines bribes de l'avenir ? Eh bien on fait en sorte de ne pas s'y voir, bien que ce soit dur. Surtout quand on vis ces visions, quand on peut contrôler le moindre de ces mouvements à l'intérieur. Mais on oublie, avec le temps, ça ne devient que d'horribles cauchemars qui vous hantent encore le matin, mais qui disparaissent si on y pense pas.

 

***

 

 Je me réveillai tout doucement, je n'avais dormi qu'une heure. Je frottai mes yeux et les refermai, essayant de me rendormir. Rien à faire, je n'y arrivais pas. Il fallait que je m'occupe, que je trouve quelque chose à faire pour vider mon esprit. Je m'habillai, enfilai mes bottines et une veste avant de quitter la chambre.

 L'air était doux, tout comme la nuit. Le ciel était sombre, on ne voyait pas même une étoile. Quand il n'y avait pas d'étoiles, j'avais l'impression d'être seule dans cet univers, même si je savais très bien que c'était faux. Il y avait des centaines d'autres espèces qui attendaient d'être découvertes. J'avais toujours eu l'esprit ouvert depuis petite, je savais que nous n'étions pas seuls, le monde ne l'avait pas encore découvert quand je pensais à ça bien sûr, mais je le savais.

 Je marchai sans réelle conviction. Je m'amusai à regarder à travers les murs des maisons. J'étais curieuse, ça m'amusait et m'occupait l'esprit. Cette capacité qui m'avait été donnée dès ma naissance m'était bien pratique. Il suffisait d'une seconde de concentration et je pouvais tout voir, tout sentir. Mes sens étaient plus développés que la normale. Je grimpai sur un toit, observant Jersey City. Du bout des doigts, je touchai la toiture de cette maison. Une texture granuleuse. Le bout de mes doigts prirent instantanément la couleur de cette texture avant qu'ils ne reprenne celle de ma peau. « Un pouvoir? Plutôt un affreux don. » pensai-je. Comment expliquer que je me transforme en femme de bois à sept ans en plein court d'art plastique ? Ou que je devienne métallique à un repas de famille à cause des couverts ? J'étais le bouc-émissaire. La Fraternité m'avait sauvée, en quelque sortes. Sauvée de cette vie  où je n'étais que la petite fille bizarre à qui personne ne voulait parler. Bien que j'aurais aimé rester cette petite fille et ne pas aller avec eux, mais ainsi furent les choses. Ainsi va la vie. Des ados, en groupe et qui riaient aux éclats passèrent sur le trottoir.

 Aurais-je vraiment eu besoin de cette vie ?

 

***

 

 Je rentrai à nouveau dans ma chambre, décidée à retourner dormir, mais impossible de fermer l'œil. Je fus sauvée par l'appel visio de Lee sur mon ordinateur. Je me précipitai vers ce dernier.

         -Alexy ? Tu dors pas ? S'étonna mon ami en replaçant ses lunettes sur son nez.

         -Figure-toi que non. Je suppose que t'as trouvé quelque chose ?

 Je n'aimais pas parler de mes cauchemars à Lee. Il aimait peut-être le fantastique et tout ce qui s'y rapportait mais je ne voulais pas qu'il sache que je pouvais voir l'avenir. Ça l'aurait fait flipper.

         -Exact. Dans les dossiers du docteur Smith. Apparemment, la Fraternité aurait travaillé avec un certain Inventeur. Aucun nom donné. Ce type a bien sûr quitté la Fraternité lors de son démantèlement. Heureusement pour nous, la Fraternité à gardé un œil sur tous leurs anciens membres, dont l'Inventeur. Ce dernier à trouvé refuge ici, à Jersey City il y a un an.

         -Est-ce qu'on est sûr qu'il soit toujours ici ?

         -On est sûr de rien Alex, mais si on a une piste, autant l'exploiter.

         -Et il n'y aucun autre membre dont on est sûr de l'existence ?

         -Bien sûr que si, mais j'ai surtout fouillé ici, à Jersey City. Ça ne te coûte rien de suivre cette piste.

         -Ok ...

         -Parfait ! S'extasia Lee. Et j'ai déjà un indice. Quelqu'un qui pourrait tout à fait être l'Inventeur recrute des ados, une sorte de programme étrange pour l'avenir. Il y a un site internet sur ça. On va commencer par là.

         -Où est-ce qu'il les recrute?

         -Une maison de Greeneville.

         -J'y vais. Indique moi juste le chemin.

         -Tu sais, je commence à me dire que tu devrais te trouver un nom.

         -La ferme Lee, lançais-je en souriant.

 Il avait raison. Autant exploiter toutes les pistes possibles. J'avais passé les dernières années de ma vie à rechercher les derniers membres de la Fraternité, sans réel résultat. Je devais les trouver, mais discrètement, sans me faire attraper. Après ça, je devrais faire en sorte qu'ils arrêtent toutes recherches sur moi, et s'il le fallait, alors je les tuerais tous jusqu'au dernier.

 

TOUTES SCENES APPARTENANT AU COMICS "ALL-NEW MARVEL NOW, MS MARVEL #TOME 2 GÉNÉRATION Y" SONT PUREMENT VOULUES. TOUS LES DROITS APPARTIENNENT A MARVEL.

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