L'Enfer n'est pas un lieu pour toi

Chapitre 3

2133 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/09/2017 16:06

Never give up - Sia

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Lydia ne tarda pas à commencer ses recherches.

           D’abord, elle tapa son nom dans le moteur de recherche, mais à part des informations sur son poste de shérif adjoint à Beacon Hills, elle ne trouva rien d’intéressant. C’était trop simple.

           Ensuite, elle voulut taper « Hellhound », mais elle se ravisa. Non, il n’y avait que quelques personnes qui le connaissaient comme ça. Un Chien de l’Enfer, ça ne court pas les rues, et ce n’est qu’une légende… Elle devait trouver quelque-chose qui se rapportait à lui, une information qui rétrécissait un peu le champ de recherche. Peut-être une date de naissance – 1990 ? ou avant, peut-être 1985 ? elle ne savait pas. Ou le lieu de ses études ? Elle n’en savait rien non plus.

           Une idée lui traversa la tête, et elle s’empressa de faire une recherche. Des photos de Parrish s’affichèrent : sur certaines on le voyait en uniforme militaire, sur d’autres il apparaissait en civil, en pleine conversation avec ses supérieurs ou avec ses compagnons soldats. Lydia passa un bon moment à faire défiler les photos. L’une d’elle, comme perdue au milieu des autres, accrocha son regard : Parrish, en habits de marque, posait pour un photographe.

Elle ne se l’était jamais imaginé autrement que dans l’armée, la police, ou éventuellement, professeur de self-défense… Mais mannequin !... A tout bien y réfléchir, oui, c’était plausible, Lydia n’aurait jamais dit le contraire.

En zoomant l’image, elle lut un copyright : Modeling Massachussetts. Elle nota sur un bout de papier ce nom et le site internet et le rangea précieusement. Qui sait, peut-être était-ce le début d’une piste ?

           Lydia continua à trier les informations qu’on lui soumettait, en en notant une par ci, par là. Le portrait de Parrish se détaillait : elle connaissait maintenant son année de naissance, son parcours scolaire et professionnel, la ville de son enfance, sa famille… L’une de ses informations lui permettrait-elle de le retrouver ? Lydia l’espérait de tout son cœur.


           Ethan passait ses journées au travail ; Lydia savait qu’il travaillait dans une entreprise informatique, mais elle ne posait pas trop de questions. Elle se retrouvait alors seule dans une grande maison qu’elle ne connaissait pas, et la seule occupation qu’elle avait tournait autour de Parrish.

           Parrish, Parrish, Parrish. Tout le monde l’appelait de cette façon ; elle commençait même à douter que quiconque à part elle connaisse son prénom. Elle ne le considérait pas comme une « autorité supérieure » comme c’était le cas pour le Shérif Stilinski, mais plutôt comme un égal, un ami… Mais comme quoi en fait ? Lydia n’avait pas pris le temps d’y penser. Elle avait eu le sentiment qu’elle devait à tout prix aller le retrouver, mais elle n’avait pas pensé à son origine.

           Assise par terre dans le jardin, elle laissa ses yeux dériver sur le lac Michigan qu’elle pouvait apercevoir, et repensa à tous les souvenirs qu’elle avait de cette personne si chère à son cœur.


~


           La première fois que Lydia entendit parler de Parrish, c’était le soir de la disparition de Stiles. Elle était dépassée par ses visions, et les troubles de Stiles ; et il est arrivé : elle l’avait immédiatement considéré comme une aide précieuse, et s’était promis de toujours veiller sur lui. Mais personne n’avait remarqué la relation qui les unissait, qui naissait de simples regards échangés de temps à autre.

           Elle se rappelle qu’il avait confié avoir été comme « attiré » par Beacon Hills et n’avoir aucune inquiétude face à des statistiques. Mais en l’écoutant – pas les mots qui sortaient de sa bouche non, ceux qui se disaient dans sa tête –, elle se rendit vite compte que si, il avait peur de quelque-chose.

           Au fur et à mesure des mois, elle apprenait à le connaître et à l’apprivoiser. Anticiper ses réactions et les comprendre. Ils s’étaient rapprochés quand Lydia était sortie d’Eichen House, se montrant beaucoup plus attentif à elle, cherchant toujours à la protéger. Elle aussi avait commencé à se rapprocher de lui, sans savoir vraiment si ça allait mener à quelque-chose.


~


           Lydia et Ethan étaient assis sur le canapé en cuir beige ; Lydia, les pieds ramenés sous elle, Ethan, les yeux rivés sur son téléphone.

           - Ethan, je peux te demander quelque-chose, dit Lydia d’une voix fatiguée.

           - Hmm ?

           - Est-ce que ça t’a fait quelque-chose de quitter Beacon Hills ? Je veux dire, sur le plan physique, ou si t’as eu une dépression, ou quelque-chose qui t’a changé…

           Il leva la tête vers elle, un peu troublé par la question.

           - Pourquoi cette question ?

           - Oh, c’est que j’ai souvent mal à la tête, comme si on tapait dessus avec une enclume. Ça m’a pas l’air d’être une douleur… « normale ».

           Ethan se passa une main dans la nuque, presque par réflexe. Il expliqua :

           - Faut faire la part entre la mort d’Aiden et mon départ. D’un côté, ça m’a énormément fragilisé de perdre mon frère : j’étais tout le temp triste, je voulais rien faire, et puis physiquement le pouvoir du Voltron m’affaiblissait plus qu’autre chose.

           - Et ton départ ?, l’encouragea-t-elle. Qu’est-ce que tu as ressenti ?

           - C’était comme si une partie de moi était restée là-bas, qu’on m’avait enlevé quelque-chose… J’avais mal partout et rien ne faisait partir ma douleur. Je crois que ça vient du fait que j’ai dû lutter contre l’« attirance » que j’ai pour Beacon Hills, la même que celle qui m’a fait rejoindre la meute de Deucalion et qui nous avait fait venir.

           Il s’arrêta et regarda longuement un des portraits de son frère.

           - Même avec le temps, cette douleur ne s’est pas atténuée, soupira-t-il. Je crois même qu’elle a augmenté, mais j’ai réussi à la canaliser et parfois j’arrive même à l’oublier.

           - Tu parles de l’éloignement, reprit Lydia. Parrish avait dit à Stilinski, que quelque-chose l’avait attiré à Beacon Hills, comme les émetteurs attirent les loups-garous.

           - C’est vrai. Tous ceux qui décident de quitter la ville doivent subir la colère de ce qui les a fait venir… C’est très possible que tu la subisses toi aussi.

           Lydia hocha la tête. Elle comprenait mieux ce qui lui arrivait.

           - On devrait se changer les idées, dit Ethan en passant la porte de sa chambre. Enfin, toi surtout.

           Son amie paraissait épuisée : cela faisait plusieurs jours qu’elle faisait des recherches sur Parrish, sans succès. Elle leva ses yeux ternes vers lui et acquiesça. Il lui proposa de l’emmener en centre-ville, prendre un café, et de lui montrer des lieux qu’il appréciait.

           Une heure plus tard, ils étaient attablés au Dock, juste à côté de Montrose Beach d’où ils pouvaient voir le lac. Un serveur attendait près d’eux.

           - Tu prendras quelque-chose ?, demanda Ethan à son amie.

           - Oui, un Coca s’il-vous-plaît.

           - Très bien. Et pour monsieur ?, continua le serveur.

           - Juste un café long.

           L’homme hocha la tête et repartit au bar. Ethan soupira, profitant du soleil de l’après-midi.

           - Fait pas cette tête Lydia, la réprimanda-t-il gentiment. Faut te sortir un peu de tes recherches sur Parrish, tu y as encore passé la nuit.

           - Mais je dois le retrouver !, expliqua-t-elle pour la centième fois. On en a besoin ! Et il doit être en train de souffrir lui aussi…

           Le jeune loup haussa un sourcil.

           - Dis-moi vraiment. Par « on », tu parles de la meute… ou de toi ?

           Lydia baissa immédiatement les yeux, les joues un peu roses. Il pouffa.

           - Je me disais aussi, sourit-il.

           - C’est plus compliqué que ça…

           - Oh, compliqué comme un chagrin d’amour…

           Il mima quelqu’un en train d’embrasser, faisant sourire Lydia. Elle changea de sujet après que le serveur leur ait apporté leur boisson.

           - Et toi, reprit-elle, ça avance avec Aaron ?

           - Ça va NI-CKEL, déclara-t-il.

           - Tu le connais depuis combien de temps ?

           - Depuis un an environ, répondit Ethan, tout sourire. Mais ça fait deux mois et dix-sept jours qu’on est vraiment ensemble.

           - C’est précis dis-donc…

           - Ouais, on va dire que je fais les comptes !, rit-il. Au passage, désolé que tu l’aies vu, un peu… débraillé. Pour ma défense je dirai qu’on était bourrés en rentrant hier soir, ahah…

           Lydia ne put s’empêcher de repenser au garçon presque nu qu’elle avait eu la surprise de voir dans la cuisine. Elle laissa échapper un rire, léger, mais teinté d’amertume.


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