Petite Etincelle

Chapitre 36

11070 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/04/2023 10:43

Histoire de vous préparer psychologiquement, imaginez-vous une série Netflix. Des saisons, plusieurs épisodes avec à chaque fois de nouveaux rebondissements. En d’autres mots, cette histoire ne va pas s’arrêter en si bon chemin, loin de là. Je vous réserve encore bien des surprises …

CHAPITRE 36

POV Normal

La forte pluie attristait le paysage de métal. Elle rendait les bâtiments mornes et l’atmosphère grisonnante avec des notes de vert due à l’acidité contenue dans les gouttes, le bruit de ces dernières ricochant sur la matière créant une étrange symphonie ensorcelante. Dans ce décor aux allures de dystopie, pas une âme n’errait. La plupart des robots fuyaient la pluie comme la peste Cybertronique pour la seule et unique raison qu’elle abîmait les armures, rongeant la carrosserie jusqu’à atteindre le fragile protoforme se trouvant en dessous s’ils restaient trop longtemps exposés à ce mélange chimique entraînant la corrosion. Il n’y avait pas beaucoup d’intempéries sur Cybertron, du moins pas de ce côté-ci de la planète mais lorsqu’une pluie se déclarait, personne ne se risquait de sortir pour l’affronter.

Personne, sauf Moonlight.

La fembot marchait rapidement sur le trottoir avec les bras croisés sur son châssis et la tête basse. Elle pressait le pas pour rejoindre le centre médical mais sans la possibilité de se transformer en véhicule pour aller plus vite, elle était malencontreusement dans l’obligation d’y aller à pedes. Sous la pluie torrentielle. En toute vérité ce n’était pas comme si ça la dérangeait, car son esprit était occupé avec autre chose que la pluie corrosive. Elle repensait sans cesse à ce qu’elle avait vue dans le reflet de la vitre, à ces optiques rouges qui la fixaient … Puis à ce sourire des plus effrayants. Retenant ses larmes de désarroi de tomber, Moonlight resserra ses bras autour d’elle tandis qu’elle pressait le pas pour arriver au plus vite à destination. Si seulement elle avait reçu son nouveau T-Cog ! Elle y serait arrivée depuis bien longtemps maintenant, avant même la tombée de la nuit. Toutefois elle se fichait pas mal de savoir que sa peinture serait abimée par la pluie, tout autant que le risque que sa carrosserie ne prenne un méchant coup.

Elle était complètement absorbée par ses pensées, malmenée par sa paranoïa, le Spark accaparé par tout un tas d’émotions différentes. Au point de faire abstraction de tout ce qui l’entourait. La peur, le doute, l’inquiétude, la confusion … Tourmentée par sa vision, elle serra les dentas lorsqu’elle atteignit enfin le centre médical pour s’apercevoir que son Opiluk n’était pas là. Certainement que le grand robot rouge et bleu s’était abrité à l’intérieur pour échapper à cette pluie diluvienne. La façade à peine éclairée par les néons de la rue, Moonlight franchit les marches le plus vite possible en faisant tout de même attention à ne pas glisser avant de rentrer précipitamment dans le bâtiment où il faisait plus chaud et surtout plus sec. Le claquement de ses talons sur le métal faisait échos dans le couloir vide alors qu’elle rejoignit rapidement l’infirmerie de Ratchet pour trouver le médecin dans son bureau vitré accompagné d’Optimus Prime.

Elle s’arrêta net dans ses pas lorsqu’elle vit leurs expressions graves. Hébétée par ces apparences, la fembot passa son regard confus d’un mecha à l’autre jusqu’à ce qu’ils ne tournent leurs têtes dans sa direction quand ils remarquèrent enfin sa présence. Quelque chose dans le regard de son Opiluk l’interpelait … Il était accusateur. Qu’avait dit Ratchet pour faire cet effet à Optimus ? Décroisant lentement les bras de son châssis trempé, Moonlight attendit que les deux bots dans le bureau ne sortent pour leur demander ce qui clochait. Elle n’eut toutefois pas la possibilité de dire quoi que ce soit car le regard désapprobateur du médecin mélangé à celui contrarié de son Opiluk la laissèrent sans voix au milieu de la salle d’attente. Son Spark se remit à courir d’appréhension. Les deux robots qui avaient été dérangés dans une discussion à priori très importante passèrent finalement la porte pour confronter la fembot qui attendait nerveusement dans la pièce d’à côté. Le silence était lourd, ce qui la motiva à le rompre.

«Il y a un problème ?» Finit-elle par demander, non sans une touche de nervosité dans sa voix. Ses optiques passaient d’un bot à l’autre mais ce fût Optimus qui prit la parole en premier, son regard accablant la figeant sur place.

«Tu comptais me le dire quand ?» Réclama froidement ce dernier après avoir tendu un datapad avec des courbes et des annotations inscrites par le médecin. Confusément, Moonlight attrapa les notes pour voir qu’il s’agissait en réalité d’une courbe sur plusieurs cycles exposant toutes ses recharges depuis qu’elle était rentrée à Iacon. Et évidemment, les chiffres n’étaient pas bons du tout.

Moonlight ferma douloureusement les optiques. Elle allait passer un sale quart de groon.

«Est-ce que tu as la moindre idée du souci que je me fais ?» Optimus parlait lentement, mais cela voulait généralement dire qu’il était hors de lui ou qu’il perdait sa maîtrise de soi. C’était rare comme phénomène et plutôt synonyme d’ennuis.

«Je ne voulais pas t’inquiéter … Tu as déjà assez de problèmes pour en rajouter un autre.» Grommela Moonlight entre ses dentas alors qu’elle baissait honteusement les optiques au sol, cette rigidité dans le ton de sa voix la rendant encore plus mal qu’elle ne l’était déjà.

«Qui t’a permis d’en décider !» Gronda aussitôt Optimus.

«Personne ! Je sais ce que tu as enduré quand j’étais chez les Decepticons ! Je sais que tu as ressenti ma douleur ! Ma détresse ! Je ne voulais pas que tu souffres à nouveau par ma faute … Je suis déjà un fardeau en temps normal alors ce n’était juste pas envisageable de t’infliger ça !» Se défendit rapidement Moonlight, au bord des larmes. Colère et tristesse ensemble ne faisaient jamais bon ménage.

«Tu n’es pas un fardeau ! Et ce n’est pas une raison pour me cacher ces informations, Moonlight. Pourquoi tu t’obstines à ignorer mon aide ? Il a fallu que Ratchet m’en parle pour que j’apprenne que tout ne va pas si bien comme tu le prétendais. Tu m’as menti. Je pensais que tu me faisais confiance. Que tu nous faisais confiance.» Corrigea le Prime après avoir tendu sa main vers Ratchet qui ne disait pas un mot à côté de lui. Néanmoins son expression assombrie parlait à sa place pour comprendre qu’il était entièrement d’accord avec son leader en effervescence.

«Mais je vous fais confiance !» Renchérit vite la fembot tout en jetant ses mains devant elle, offensée.

«Alors pourquoi tu ne m’as rien dit au sujet de tes cauchemars ? Pourquoi tu ne m’as pas dit qu’ils ont repris et que leur violence s’amplifiait ? Ils sont en train de te détruire à petit feu ! Il fallait te confier à Ratchet sur ces problèmes. Il a le matériel nécessaire pour réparer ton CPU endommagé, pour te soulager de cette souffrance. Plus tu attends, plus les dégâts risquent d’être irréparables. C’est de l’inconscience à ce niveau-là !» S’inquiéta Optimus qui laissait apparaître une brèche dans son masque d’impassibilité de chef alors qu’il était confronté à cette situation qui le touchait tout particulièrement. En revanche au manque de réponse de sa fille réprimandée, il poursuivit avec impatience.

«Qu’est-ce que je dois faire pour que tu daignes me répondre ? Regarde-moi quand je te parle.» Blâma-t-il, les optiques rétrécies quand elle redressa enfin son regard intimidé pour le confronter.

«J-j’allais finir par vous en parler, c’est vrai … Mais je voulais d’abord faire un travail sur moi-même. Vous montrer que j’étais capable d’endurer ça toute seule, sans l’aide de personne. De repousser ces rêves ridicules par ma propre volonté !» Expliqua brièvement Moonlight tout en faisant de grands gestes désespérés, le Spark lourd de remords. La déception contenue dans le regard de son Opiluk lui était insupportable.

«Tu nous as surtout prouvé qu’on ne pouvait pas te faire confiance pour des choses aussi simples.» Furieux, le Prime secoua la tête dans le déni avant de détourner le regard avec peine. C’était surtout la peur qui le prenait au réservoir, cette peur insoutenable de perdre sa fille à cause de cauchemars … Pour quelque chose qui était corrigible. Mais aussitôt que ces mots durs étaient sortis, instantanément il les regretta. Mais malheureusement il était trop tard pour revenir en arrière car le mal était fait.

Le regard horrifié de Moonlight était suffisant pour comprendre à quel point elle avait été impactée par ces quelques paroles amères.

«Moonlight …» Hésita Ratchet toutefois la fembot l’ignora après avoir jeté le datapad pour courir dans le couloir vers sa chambre assignée. Il trouvait que le commandant avait été un peu trop rude avec elle sur ce coup-là, en revanche il avait raison sur une chose. Moonlight aurait du leur en parler bien avant qu’ils ne commencent à empirer.

Optimus regarda la fuite de sa fille avec une douleur au Spark qu’il traduirait par du regret. Beaucoup de regrets … Il avait indéniablement échoué dans la communication. Il sentait une partie des émotions dévastatrices de Moonlight dans le lien, or elle faisait de son mieux pour les faire taire en le réduisant au silence. Comme elle avait appris à le faire depuis son retour chez les Decepticons ... Sa fille ne voyait pas la gravité, pourtant cette méthode de se renfermer sur elle-même n’était pas la solution pour sortir de cette spirale infernale. Au contraire, elle s’isolait de plus en plus au lieu de demander de l’aide là où elle pourrait facilement en trouver. Optimus savait qu’il devrait aller la voir pour s’excuser d’avoir été aussi brutal cependant sa colère dépassait son entendement, alors il prit la décision de sortir de l’infirmerie pour laisser Ratchet retourner à son travail. Elle avait trahi sa confiance, ce n’était pas rien. Il fallait qu’il réfléchisse et surtout qu’il reprenne le contrôle sur ses émotions contradictoires, notamment cette peur irrationnelle de perdre sa création aussi bêtement.

«Mets en place les séances pour le programme de restauration. Je reviendrai aux premières lueurs demain matin.» Dicta Optimus tout en jetant un coup d’optique à Ratchet qui avait récupéré le datapad jeté au sol. Le visage tiré dans un profond rictus, le grand leader déstabilisé s’éloigna du médecin sans attendre de réponse de sa part.

Encore une fois, la culpabilité le frappa tandis qu’il disparaissait dans le couloir en direction de la sortie.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Le lendemain matin, après un cycle de nuit particulièrement calme et silencieux, Ratchet apporta un cube d’energon à Moonlight une fois sa courte stase terminée. Il voulait s’assurer qu’elle s’en était remise des sermons de la nuit dernière puis qu’elle ne broyait pas trop de noir non plus. La connaissant, ce n’était pas gagné ... Il avait longuement réfléchi aux paroles de son Prime et autant qu’il avait raison sur tous les points évoqués, Ratchet ne pouvait s’en empêcher de penser qu’il avait choisi la mauvaise approche. Il avait été beaucoup trop sévère avec elle car après tout, Moonlight ne pensait pas à mal, elle voulait juste le libérer d’un poids supplémentaire. Un bien pour un mal. Peut-être que c’était maladroit et quelque peu risqué, cependant elle était bourrée de bonnes intentions c’était une certitude que Ratchet était prêt à défendre.

«Comment tu te sens ?» Lui demanda-t-il une fois à l’intérieur de l’espace qu’elle utilisait pour recharger. La fembot bleu ciel était étendue sur sa couchette face au plafond, les jambes repliées, les ailettes écartées dans son dos pour plus de confort. Son visage gris arborait une expression préoccupée tandis que ses doigts tapotaient rythmiquement le rebord de sa couchette jusqu’à ce que le médecin ne vienne se mettre à l’ordinateur à sa gauche. Elle grinça des dentas lorsque son cadre bloqua la lumière puis que son ombre la recouvrit, la forçant à s’exprimer.

«Comment je me sens ? Comme si je venais de détruire la confiance de mon Opiluk et anéanti tous mes espoirs de retrouver une vie stable. Oh, et ai-je oublié de mentionner que maintenant je dois faire face à une pluie de reproches pour mon comportement qui n’était pas à la hauteur des attentes ? Alors que je cherchais juste à faire le bien ? Ce que je me tue à essayer de faire !» Rouspéta cette dernière avec aigreur tout en levant les bras en l’air pour ensuite les faire retomber lourdement sur la couchette.

«Cette réplique est digne de la fille d’un Prime.» Se moqua allègrement Ratchet.

«Je ne suis pas irréprochable, j’en suis consciente, mais je ne pensais pas à mal … Vraiment Ratchet. Je cherchais juste-» Tenta d’expliquer Moonlight cependant le médecin à ses côtés s’empressa de finir sa phrase à sa place.

«À le protéger. Mais le protéger de quoi exactement ?» Il pencha la tête sur le côté puis quitta son écran du regard pour toiser la petite fembot en émoi. Effectivement, elle avait broyé du noir tout le cycle de nuit … C’était une évidence quand il voyait l’état catastrophique de ses batteries, sans parler de son regard épuisé qui lui faisait presque mal au Spark. Il reprit avec plus de fermeté ; «tu es sa fille, et c’est dans le devoir d’un créateur de s’assurer que sa création se porte bien. C’est important pour lui, tu n’avais pas le droit de lui prendre son rôle ! Même si je comprends ton point de vue, il faut te rappeler qu’il se fait toujours du souci pour toi.»

«Pourquoi il réagit comme ça alors. Je ne suis jamais assez bien pour lui !» Grommela Moonlight qui croisa les bras sur son châssis après s’être redressée contre le dossier de la couchette, les optiques plissées et les lèvres pincées.

«Tout simplement parce qu’il a peur. Cette émotion est compliquée à gérer pour un Prime, surtout un Prime avec une liaison de Spark. Ce n’est pas parce que tu es adulte qu’il n’a plus le droit de s’inquiéter pour toi. Vous êtes liés, c’est pour la vie. Optimus a toujours fait en sorte de répondre présent, qu’importe la difficulté, alors c’est à ton tour de lui rendre la pareille en lui montrant que tu peux te confier à lui sur tes problèmes. La confiance est une denrée rare de nos cycles … Tu sais à quel point il y tient, c’est inscrit dans son code d’honneur.» Enseigna le mecha rouge et blanc qui faisait preuve de beaucoup d’altruisme, cherchant à rencontrer le regard attristé de la fembot au menton tombant. À son manque de réaction, il se racla le vocaliser derrière son poing.

«Même si parfois, je le trouve un tantinet sévère !» Toussota-t-il alors qu’il revenait à l’écran de son ordinateur de contrôle pour constater les données récoltées durant la nuit, se rendant compte par la même occasion que le réservoir de Moonlight était bas.

«Et c’est toi qui dis ça ?» S’étonna celle-ci d’un haussement de crêtes optiques suivit par un sourire en coin. Fixant Ratchet avec incrédulité, elle vit avec amusement qu’il écarquillait les optiques, ne s’étant sans doute pas rendu compte qu’il avait pensé à voix haute. Son sourire narquois s’élargit lorsqu’il positionna ses poings à ses hanches puis qu’il se tourna vers elle d’un regard sévère nuancé d’embarras.

«Moi j’ai le droit car je suis le médecin ! Vous me devez respect et obéissance en échange de soins.» Rétorqua-t-il aussitôt tout en levant son index en l’air afin de montrer qu’il ne plaisantait pas. En échange de quoi le sourire de Moonlight s’élargit timidement avant qu’elle ne secoue la tête à son argument ridicule pour se défendre d’avoir osé critiquer le Prime en sa présence.

«Si tu le dis, je ne te jugerai pas. Après tout c’est toi le chef.» Rassura-t-elle tout en dressant ses mains face au médecin quand il plissa suspicieusement les optiques, captant le sarcasme dans sa voix.

«En tout cas une chose est sûre, ça me conforte dans l’idée que je ne voudrais jamais devenir créateur. Pour rien au monde ! C’est beaucoup trop épuisant et agaçant ... Vous usez nos batteries bien avant la fin !» Déplora Ratchet qui soupira dramatiquement tandis que ses épaules s’affaissèrent rien qu’à cette idée absurde. Lui ? Créateur ? Pfff, jamais de la vie !

«Tu sais ce qu’on dit, ne jamais dire jamais …» Moonlight sourit à nouveau quand le mecha frissonna de dégoût. Apparemment, cette idée lui déplaisait, pourtant elle l’imaginait plutôt facilement à la charge d’un étincelant. Même s’il avait raison, les étincelants demandaient énormément de temps et d’énergie et Ratchet n’en avait pas forcément assez pour répondre à leurs besoins … Mais derrière cette aversion se cachait peut-être un véritable mal-être ? Une perspective que Moonlight prenait en compte depuis qu’elle savait que Ratchet cachait la plupart de ses émotions derrière cette personnalité grincheuse, lui procurant de la peine si cette théorie s’avérait vraie.

Il sacrifiait sa vie au profit des autres.

«Ratchet, il y a quoi dans le centre médical Ouest ?» Se retrouva à demander Moonlight qui regardait pensivement le plafond de l’infirmerie, les mains croisées sur son châssis.

«Quelque chose dont tu n’as pas besoin de te préoccuper. Laisse les grands gérer ça.» Objecta le médecin d’un regard oblique sur sa patiente de la matinée. Cependant à son expression indignée, il ne put s’empêcher de continuer avec plus de sérieux tout en optant pour la discrétion ; «un endroit qui nécessite une attention particulière et beaucoup de main d’œuvre. Tu le découvriras bien assez tôt.»

Il ne voyait pas l’utilité de lui en dévoiler plus pour l’instant, puis de surcroit il n’avait pas reçu l’autorisation d’Optimus de lui en dire davantage sur ce secret. C’était pour le moment un mystère qu’ils entretenaient aux optiques de la population de Iacon, seule une poignée d’entre eux était au courant de ce centre. D’ailleurs, comment était-elle au courant pour ce dernier ? Jetant un regard suspicieux dans la direction de la fembot qui balançait paresseusement sa jambe d’avant en arrière, il finit par se dire qu’elle avait dû l’entendre par erreur lors d’une discussion. C’était la théorie la plus probable. Revenant à l’écran holographique de son ordinateur de bord, Ratchet étudia certaines données qui s’y affichaient avant de se rappeler de quelque chose qu’il était censé partager avec la fille de son Prime.

«Optimus a eu un empêchement. Il a été appelé en urgence pour faire une descente à la porte Est. J’ignore de quoi il s’agit, mais si tu veux mon avis, ça ne me dit rien qui vaille.» Annonça-t-il ensuite ce qui sortit Moonlight de ses pensées alors qu’il pianotait furieusement sur son clavier d’ordinateur.

«Il parait qu’ils ont détecté un signal dans ce secteur …» Dit-elle sans conviction, son regard inquiet se déportant sur ses jambes dorénavant étendues.

«C’est possible. Mais en attendant son retour, j’ai reçu des ordres et je suis dans le devoir de les appliquer sans discuter.» Révéla le médecin tandis qu’il finissait d’écrire une ligne pour se tourner une fois de plus vers la fembot qui le regardait avec perplexité.

«Quels genres d’ordres ?» Se soucia-t-elle, une boule se formant dans son réservoir à l’expression très sérieuse de son interlocuteur rouge et blanc.

«Nous allons procéder à une restauration d’une partie de ton CPU. Ce qui implique de devoir faire une liaison cortyco plus poussée pour accéder aux fichiers corrompus de ta mémoire tout en te gardant consciente pendant le long processus. C’est essentiel pour garantir son efficacité.» Expliqua-t-il tout en se baissant pour récupérer une boite rectangulaire sous la couchette de Moonlight. Il en sortit un gros câble noir ainsi qu’une sorte de pince de son contenu sous les optiques anxieuses de la fembot qui n’était pas certaine de comprendre.

«Ça consiste en quoi ?» S’alarma-t-elle.

«Ça consiste à te soulager de tes cauchemars à répétition, à te libérer de tes traumatismes les plus profonds. C’est comme un filtre. Je vais trier ce qui est mauvais et ne garder que le bon, pour que tu puisses enfin recharger correctement sans être sous l’emprise de ces images. J’ai déjà réalisé cette procédure lorsque tu n’étais qu’un étincelant … Tu ne t’en souviens probablement pas car tu étais encore trop jeune à l’époque, mais cette intervention t’avait permise de te développer correctement.» Avoua ce dernier d’une pointe de nervosité dans sa voix qui malheureusement ne passa pas inaperçu à la fembot sur ses gardes.

«Ratchet, je ne crois vraiment pas que ça soit nécessaire. Je vais très bien ! Je t’assure ! C’est juste quelques petits cauchemars sans importance … Ils finiront par disparaître d’eux-mêmes comme ils l’ont toujours fait !» Le Spark s’emballant derrière les plaques de son châssis, Moonlight secoua la tête d’un rire nerveux pendant qu’elle observait le médecin brancher son câble à l’arrière de son ordinateur dans des gestes rapides et maîtrisés. En effet, il connaissait la procédure …

«Arrête de répéter que tu vas bien ! Ce n’est pas vrai. Nous ne sommes pas naïfs comme tu le crois Moonlight, nous voyons que ton état s’aggrave de cycle en cycle. Sache que ça ne m’enchante pas de fouiller dans l’esprit des autres.» Ratchet perdit son calme après s’être redressé pour poser sa main sur son casque, ses nerfs mis à rude épreuve tandis qu’il fusillait du regard la fembot interpellée par sa perte de contrôle. Droite sur sa couchette, elle le fixait avec stupeur, l’obligeant à poursuivre.

«Ce n’est pas une partie de plaisir. Ni pour toi, ni pour moi. Ce n’est pas un traitement anodin, je le conçois parfaitement. Mais nous n’avons plus le choix désormais ! J’avais espéré que ce problème ne se résolve de lui-même, sauf qu’il est empirique. Il a un effet négatif sur ton comportement ainsi que sur tes pièces vitales ! Quand un CPU ne fonctionne pas correctement, c’est tout le protoforme qui s’en retrouve impacté. Ce n’est pas à prendre à la légère, si nous attendons, ça pourrait vite devenir très grave ! Les conséquences pourraient être désastreuses sur le long terme. Des fichiers corrompus peuvent être synonyme de disfonctionnement voir dans le pire des cas, d’une suppression totale de l’individu.» Analysa-t-il avec inquiétude une fois son matériel installé et prêt à l’emploi.

«Je pourrais donc disparaître ? D’un cycle à l’autre ?» S’horrifia Moonlight qui commençait à comprendre la gravité de la situation.

«Théoriquement, non, du moins pas d’un seul coup. Ce processus peut prendre plusieurs orns, on parle plutôt ici d’étapes, de progression. Mais abrégeons. Je n’aurais jamais dû te laisser sortir de l’infirmerie sans cette intervention … Je reconnais que j’ai commis une erreur. J’avais simplement espoir que je ne serais jamais obligé de reproduire ce traitement. Qui plus est, ces complications sont bien trop souvent stigmatisées par la société. Je suis navré si tu as fait face à des injustices.» Regretta le médecin rouge et blanc avec douleur, son regard culpabilisé se baissant un instant sur le sol avant de revenir à Moonlight avec détermination.

«Je vais avoir besoin de ton aide pour me guider et me montrer ce qui te terrifie. Je ne supprimerai que ce qui est à l’origine de ton mal-être, et rien d’autre. Tu as ma parole de médecin.» Assura-t-il tandis qu’il activait le programme via l’interface de son ordinateur, cachant du mieux qu’il le pouvait son anxiété. Il détestait réaliser ce type de procédé sur des patients, car non seulement c’était intrusif mais aussi une véritable épreuve sur un sujet adulte conscient de ce qui lui arrive. Cependant les ordres étaient les ordres … Et Moonlight en avait besoin pour finaliser sa guérison.

«Sérieusement, je ne crois pas que ce soit une bonne idée …» Indiqua Moonlight qui entamait déjà sa descente de la couchette mais le médecin s’empressa de la gronder avant même que ses pedes ne touchent le sol.

«Ne t’avise pas de tester ma patience car je n’en ai déjà plus à ce stade du cycle ! Tu vas sagement revenir à ta couchette et faire ce que je te dis de faire, jeune fille ! Ne m’oblige pas à employer les gros moyens !» Ratchet poussa la fembot de retour sur la couchette d’un regard redoutable, le doigt levé face à son visage pour la menacer de mettre ses paroles en exécution. Moonlight cligna rapidement des optiques à la vive réaction du médecin mais finit par lui obéir sans aucune objection, bien plus calme que lui.

«D’accord Seigneur Ratchet. Vos désirs sont des ordres.» Ironisa-t-elle d’une pointe de sarcasme tout en revenant à une position allongée sur la couchette, se retenant de grogner d’exaspération à toute cette situation qui commençait à lui taper sur le système.

Ce cycle ne pouvait définitivement pas être pire … Après l’engueulade de son Opiluk, elle se retrouvait être le cobaye de Ratchet ? Génial.

«Il faut que tu te détendes. Laisse ton protoforme se détendre, libère le poids de ton armure. Pour le bon déroulé de l’opération, reste immobile, concentre-toi sur les pulsations de ton Spark.» Précisa Ratchet à sa gauche pendant qu’il fixait quelque chose sous la couchette.

«Mes pulsations me disent de foutre le camp d’ici avant que je me fasse exploser. Je vois déjà les gros titres, une fembot s’est faite désintégrée après une expérience qui aurait mal tournée ! Le coupable ? Ce bon vieux médecin qui se serait trompé de prise lors du branchement.» Commenta Moonlight avec humour quand elle le vit brancher un autre câble plus petit à une prise contre le mur du fond, obtenant en retour un regard noir du robot concentré sur sa tâche.

«Une fois que je serais dans ta petite tête, je vais me faire un malin plaisir de supprimer le registre humour nul, car j’ai l’impression que tu l’affectionnes tout particulièrement ces derniers temps.» Répliqua sournoisement Ratchet d’un petit sourire victorieux lorsque la fembot leva les optiques.

Une fois calmés, les deux retombèrent dans le silence au moment où le médecin inspecta l’état général de Moonlight puis qu’il récupéra le câble avec l’étrange pince accrochée au bout. Il l’examina un instant sous toutes les coutures avant de prendre la dure décision de le brancher à l’arrière du casque de Moonlight, là où il avait préalablement retiré une pièce d’armure pour accéder au port spécifique pour ce type d’intervention délicate. Il s’assura qu’elle allait bien avant de retourner à l’écran de son ordinateur pour commencer la procédure, veillant avec précaution aux statistiques vitales affichées au coin gauche de l’écran. Son Spark était un peu plus rapide que la normale, mais sinon à part ça, elle ne présentait aucun signe de stress ou de malaise. Une fois que tout était en place et qu’il ne manquait plus qu’à appuyer sur le bouton de lancement, Ratchet hésita.

Était-il prêt à lui réinfliger ça ? Était-elle prête à revivre cette expérience ? Il se le demandait, cependant il n’avait d’autre choix que de poursuivre alors il actionna le bouton d’un dernier regard attendrit à la fembot immobile.

«Ratchet, je ne veux pas oublier …» Chuchota Moonlight qui commençait à appréhender le déroulé du traitement, ses optiques terrifiées accrochées au visage du médecin qui malgré la situation restait très professionnel.

«Tu n’oublieras qu’une partie. Celle qui te pose problème. Mais c’est toi qui as le pouvoir de décision, tu l’auras toujours.» Répéta gentiment le mecha face à son ordinateur qui visualisait la barre de chargement se remplissant vite.

La connexion se fit presqu’instantanément. Le câble au sol s’illumina d’un bleu pâle alors que l’ordinateur faisait la liaison entre la machine et le casque de Moonlight, les vibrations de cette puissance remontant jusqu’aux jambes de Ratchet. Soucieux, il visualisa les premières données récoltées mais tandis qu’il ouvrait la ligne de code pour entrer dans le CPU manuellement, l’écran de son ordinateur grésilla. Avant de se figer. La lumière du câble vacilla, puis de petites ondes électromagnétiques commencèrent à s’en échapper, de plus en plus vite … Elles partirent du casque de Moonlight jusqu’à la machine à laquelle elle était raccordée par ce même câble. La fembot ne se rendait pas compte de ce qui se passait, mais alors qu’elle voulut tourner la tête pour demander à Ratchet ce qui clochait, il y eu un gros craquement suivit par une extinction générale de toutes les lumières.

Dorénavant plongés dans l’obscurité la plus totale, les deux robots dans la pièce ne voyaient plus que le bleu lumineux de leurs optiques. Il ne fallut que quelques nano-kliks supplémentaires pour que les lumières rouges de secours ne s’activent aux quatre coins, permettant ainsi à Ratchet de voir à nouveau autour de lui. Moonlight était toujours allongée sur la couchette mais il pouvait sentir qu’elle était paniquée de la façon que ses optiques sondaient la pièce de gauche à droite. Que venait-il de se passer ?! Désorienté, le mecha s’empressa d’appuyer sur les touches de son clavier toutefois il n’eut aucune réaction, l’écran demeurait noir. Enfin, sauf pour un petit point rouge en bas à droite de l’écran qui clignotait. Ratchet plissa les optiques à ce signal qui ne lui était pas familier, mais qui devait signifier que le système central était en cours de redémarrage. Ses espoirs furent néanmoins balayés lorsque la voix robotique automatique du centre médical résonna dans le bâtiment privé de fonctionnalités.

Erreur système détectée, veuillez redémarrer.

Erreur système détectée, veuillez redémarrer.

Erreur système détectée, veuillez redémarrer.

«Ratchet ?» Appela Moonlight dans l’angoisse tandis que cette même phrase se répétait en boucle.

«Il a dû y avoir une surchauffe …» Marmonna-t-il tout en appuyant sur les touches pour ouvrir l’interface de commande, sans succès. Ce qui l’inquiétait au plus haut point, c’était les patients qui avaient besoin d’une aide médicale pour garder leur Spark en vie.

Comme Bumblebee.

«Teletraan, redémarre le système.» Ordonna fermement Ratchet au super ordinateur intelligent qui alimentait la quasi-totalité des bâtiments de Iacon. Il leva les optiques quand la voix grave, presque effrayante de Teletraan lui répondit.

Veuillez vous identifier.

Erreur système détectée, veuillez vous identifier.

«Ratchet ?» Répéta Moonlight d’une voix fébrile alors qu’elle se redressait lentement dans une position assise, le Spark pulsant férocement à l’intérieur de son châssis. Serrant ses doigts au bord de la couchette, elle regarda ces lumières rouges qui dessinaient à peine les contours des meubles dans la pièce.

«Qu’est-ce que c’est que ça ? Depuis quand tu me demandes de m’identifier ?» S’impatienta le médecin d’un grognement tandis qu’il recommençait la combinaison de touches pour ouvrir la commande, la voix de Teletraan se manifestant en boucle dans les locaux plongés dans le noir.

Veuillez vous identifier, commande vocale nécessaire.

Erreur système détectée …

Erreur système détectée …

«Teletraan ! Rallume les lumières ! C’est un ordre.» La colère ayant remplacé son incrédulité, Ratchet fronça les crêtes optiques quand Teletraan lui réclama encore une fois de s’identifier vocalement. Pourquoi avait-il besoin d’une commande vocale ? Foutue machine qui testait sa patience ... Mais s’il voulait retrouver toutes les fonctionnalités de son centre, il n’avait d’autre choix que d’obéir à l’ordinateur têtu. Penché sur le clavier pour évaluer ce point rouge en bas de son écran, il répondit à Teletraan, les optiques intensément brillantes de Moonlight en arrière-plan tournées dans sa direction.

«Médecin major Ratchet grade Alpha immatriculé 78832-BX-9.» Énonça clairement Ratchet, ce qui eut pour effet de stopper un brève instant la voix robotique avant qu’elle ne s’exprime à nouveau avec plus de convivialité.

Bonjour Ratchet. Le système a redémarré avec succès.

Indiqua-t-il juste après que les lumières rouges de secours ne s’éteignent puis que les néons bleus ne plongent à nouveau la pièce dans une lumière nettement plus chaleureuse. Un gros bruit sourd se fit entendre dans le sol alors que les puissants générateurs se réactivaient l’un après l’autre. Bientôt, l’écran holographique de son ordinateur s’illumina avec des données tandis que des voix inquiètes et surprises s’élevaient dans les couloirs, rassurant immédiatement le médecin. Personne n’avait été blessé, personne n’avait tiré la sonnette d’alarme. Dans la pièce d’à côté, les monitorings reprirent leurs activités, signalant que Bumblebee était sain et sauf et qu’il n’avait pas souffert du court moment d’inactivité.  

«Nous sommes entrés.» Dit soudainement Moonlight dans son dos.

«Qu’est-ce que tu dis ?» Ratchet se tourna vers la fembot redressée sur sa couchette mais elle fixait le mur face à elle. Il n’y avait aucune émotion sur son visage, néanmoins elle finit par cligner des optiques avant de regarder le médecin avec confusion.

«Quoi ?» Répondit-elle, perplexe.

Ratchet continua de l’observer longuement alors que les voix dans le couloir se faisaient de plus en plus fortes pendant que ses assistants se précipitaient dans les nombreuses salles pour s’assurer que personne n’était blessé. Il épiait la fembot sur la couchette avec un étrange sentiment flottant dans son Spark. Encore sous l’emprise de l’adrénaline, le mecha rouge et blanc secoua la tête puis revint à l’écran de son ordinateur qui affichait les statistiques de Moonlight. Mais il n’y avait absolument rien d’anormal. Tout était en ordre. Elle était juste confuse, tout autant qu’il l’était. Il contacta rapidement le reste de son équipe par communication privée mais il ne quitta pas du regard la fembot assise qui restait sagement immobile avec le câble toujours accroché à son casque.

Evidemment, il ne fonctionnait plus étant donné qu’il avait grillé … Et c’était d’ailleurs un miracle que le reste de l’installation n’avait pas elle aussi grillée ! D’un regard plein de questions, il se dépêcha de débrancher Moonlight avant qu’un autre incident ne se produise.

Mais que Primus le garde, il n’avait aucune idée de ce qui venait de se passer.

{==Rue de Iacon==}

POV Moonlight

J’en avait assez de ma solitude et de mes pensées négatives à longueur de cycle. Assez de me remettre en question en permanence. Je n’étais pas à la merci de mon CPU, je n’étais pas sous l’emprise de ces visions qui ne reflétaient qu’un profond état de confusion. Je voyais des choses qui n’étaient pas réelles … Je m’imaginai être la cible de quelqu’un ou de quelque chose alors qu’il n’y avait rien d’autre que moi et ma propre imagination. Cette paranoïa était en train de me rendre dingue … De semer le doute au fond de moi. Tel un virus qui prenait le contrôle de mes circuits, cette peur irrationnelle me faisait croire que j’étais en train de perdre la tête là où je n’avais aucun problème. Si c’était le plan de Shockwave dès le début de me rendre paranoïaque et donc méfiante envers tous, dans ce cas il avait fonctionné à merveille.

Mais dans quel but ?

Je l’ignorai, toutefois hors de question de me laisser influencer, je n’étais pas totalement sous son joug. Car je savais encore faire la différence entre le vrai du faux, du moins je me forçai d’y croire tandis que je me promenais dans la ville pour tenter d’oublier. Oublier tous mes cauchemars, oublier mes problèmes, oublier cette solitude … Juste, profiter d’un moment de calme. Je repensai forcément au rêve que j’avais fais avec mon cher ami Bumblebee, à sa signification si signification il y avait. Je me souvenais de la créature enragée qui l’avait mis dans cet état alors qu’il affrontait les Decepticons pour me retrouver, pour offrir une chance à mon Opiluk de me sortir de là. Sa guérison était lente, mais je ne perdais jamais espoir qu’un cycle je puisse le retrouver. Vivant et en forme.

Bien sûr, une multitude de souvenirs plus ou moins agréables m’envahirent le CPU. Des souvenirs d’enfance où j’étais avec mon Opiluk, des pleurs, des blessures superficielles, un nouvel ami, une nouvelle peinture, des cris, des rires, des morceaux de conversation, d’autres visions étranges et inexplicables … Un tumulte d’images sans vraiment avoir de cohérence chronologique se précipitaient à l’intérieur de mon casque jusqu’à ce que naturellement, je revienne sur les évènements les plus récents. Le curieux problème informatique de Ratchet. Je ne savais pas ce que je ressentais exactement si ce n’était beaucoup d’incompréhensions non seulement sur mon cas, mais aussi pour cette faille inquiétante dans le système. Que signifiait-elle ? Me sentant vite effrayée par cette énigme, je préférai revenir à des souvenirs beaucoup plus agréables.

Notamment des moments joyeux que je gardai précieusement pour les ressortir dans des moments comme celui-ci où solitude rimait avec mélancolie.

Accaparée par mes pensées qui tournaient principalement autour de Bumblebee, je failli me faire renverser par quelqu’un qui me coupa brusquement la route pour rejoindre le trottoir. Sur le point de fustiger pour son manque de savoir vivre, je fus cependant surprise de voir plusieurs robots marcher rapidement dans la même direction. Dubitative, je m’arrêtai dans la rue pour regarder tous ces bots se précipiter vers la place centrale de Iacon, la plus grande et la plus populaire de la ville. Pourquoi ce soudain mouvement de foule ? Immédiatement, mes pensées se focalisèrent sur mon Opiluk après m’être souvenue de ce qu’avait dit Ratchet tantôt durant l’expérience. Lui était-il arrivé quelque chose ? Et si c’était grave ? Était-il blessé, ou quelqu’un d’autre ? M’inquiétai-je tandis que je suivais tout ce monde avec un Spark nettement plus rapide désormais.

Et si c’était Optimus ? Revenait sans cesse cette question qui accentuait ce malaise dans mon réservoir. J’étais affolée à l’idée qu’il lui soit arrivé malheur, je n’osai l’imaginer alors que mon vocaliser se serrait d’appréhension. Me faufilant aisément entre les habitants qui se précipitaient, j’atteignis la grande place qui se trouvait juste en face du Haut Conseil, un endroit où était rendu la justice. Un nombre incalculable de robots étaient éparpillés un peu partout autour de cette immense place où les plus grands discours étaient prononcés, où les grandes annonces étaient partagées au peuple. Je commençai vraiment à avoir peur. Qu’avais-je donc manqué d’important durant le temps où j’étais à l’infirmerie ? C’était impressionnant de voir cette quantité de robots rassemblés dans un seul et unique endroit, devant l’impressionnant bâtiment du Haut Conseil de Iacon. Je me sentais tellement petite et insignifiante entre ces bots … Pratiquement tous plus grands et bien plus costauds que moi.

C’était étouffant … J’étais soudainement devenue très mal à l’aise car j’avais l’impression de disparaitre dans toute cette masse bruyante. Il fallait que je m’éloigne, cela devenait urgent avant que mes systèmes ne surchauffent puis finissent par me plonger en stase d’urgence. Je n’avais pas spécialement envie de faire un malaise au milieu de ces robots que je ne connaissais même pas … Alors je m’éloignai vers l’arrière pour retrouver un semblant de réconfort, les bras serrant mon châssis. Ce qui amena mes audios à capter des bribes de conversation.

«Il est revenu !»

«Si, je t’assure ! J’ai entendu dire qu’il avait été fait prisonnier par les Decepticons et qu’il aurait réussi à leur échapper …»

«C’est impossible …»

De qui parlent-ils ? Je m’interrogeai, intriguée. Faisant mine de m’intéresser à ce qui se passait devant, je m’approchai des trois robots parlant à voix basse avec excitation.

«Il est de retour pour nous sauver, Sentinel est vivant !»

«Il va nous aider à faire face à la crise.»

Sentinel est de retour ? Je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais, j’étais sans voix.

C’était donc ça le mouvement de foule … Car Sentinel Prime était de retour parmi nous. Ce traitre était parmi nous, je me corrigeai tandis que mon Spark faisait un violent bond dans mon châssis à l’idée de revoir ce robot ici. La dernière fois que je l’avais aperçu, j’étais la captive des Decepticons … Sur le point de me faire lyncher. C’était de sa faute si je m’étais retrouvée chez l’ennemi, c’était de sa faute si Bumblebee était dans cet état, c’était de sa faute si Optimus allait perdre son titre ! La colère grandissant en moi comme un feu prenant vie, je gardai mes optiques livides rivées en haut des marches où venait d’apparaître Skydive, Air Raid, suivit par Fireflight puis Slingshot et enfin le chef des Aerialbots, Silverbolt. Ce dernier escortait le mecha qui était à l’origine de toute cette haine que j’emmagasinai, Sentinel.

Je remarquai tout de suite que l’ancien Prime n’était pas menotté car il pouvait saluer à sa guise la foule agglutinée pour assister à son spectaculaire retour à Iacon. Alors comme ça, il s’était fait passer pour un prisonnier évadé ? Pour faire quoi, récolter de l’empathie et peut-être une rédemption ? Je plissai suspicieusement mes optiques au robot rouge barbus qui entraînait de vives réactions du peuple à chaque fois qu’il levait la main pour les encourager à l’acclamer. Tous ces applaudissements me donnaient le tournis … Ils me répugnaient. Etaient-ils tous aussi aveugles ? Ne voyaient-ils pas la malice dans son regard ? Je désespérai de voir tous ces robots heureux de retrouver Sentinel, le roi des traitres. Ils idolâtraient un bot qui se faisait passer pour un sauveur alors qu’il avait failli être à l’origine d’un génocide si les Autobots n’avaient pas saccagé le plan de Megatron à temps. C’était un véritable crève-Spark de constater que tous ces robots se faisaient aussi facilement dupés avec quelques bonnes paroles et des sourires faussement bienveillants.

Avait-il toujours été aussi doué pour charmer le peuple ?

«Bonjour, habitants de Iacon ! Vous m’avez tous terriblement manqués.» S’exclama Sentinel tout en faisant signe aux robots en contre-bas, ce simple geste soulevant un torrent d’applaudissements.

Bien sûr. Grognai-je intérieurement, furieuse de voir à quel point tout le monde était crédule.

«Je suis enfin de retour parmi vous. C’était une épreuve, mais Primus nous met tous à l’épreuve pour juger notre valeur ! Et aujourd’hui, il m’a accordé sa grâce pour que je puisse revenir auprès vous.» Nous livra-t-il de sa voix respectable avec laquelle il nous avait bercé d’illusions. À sa gauche, Slingshot chassa les robots qui tentaient d’atteindre le haut des marches pour les rejoindre.

«C’est un signe du destin !» Exagéra-t-il tout en levant les mains vers nous, un sourire modéré se dessinant sur son visage marqué par l’âge.

J’avais envie d’hurler. De faire connaître mon désaccord, de lui dire d’aller se faire voir chez Unicron, là où était sa véritable place. De crier à tout le monde que ce n’était qu’un imposteur qui voulait juste s’attirer les faveurs pour échapper au jugement, usant de sa réputation et de son vécu pour atteindre son but. Il ne faisait ça que dans l’objectif de se sortir du pétrin avec éventuellement l’intention de revenir au pouvoir, étant donné qu’il avait toujours sa côte de popularité. Sa manipulation était magistrale, je devais bien le reconnaitre. Mais je voyais le monstre derrière cette facette d’ancien chef respecté de tous aux idéologies novatrices, la parfaite figure de mentor aux optiques des habitants. Un Autobot admirable et digne de confiance ayant apporté des vorns de paix à notre civilisation. Alors pourquoi ce changement radical de camp ? Qu’est-ce qui l’avait corrompu, l’ancien Prime aux incalculables exploits ?

Sur le point de m’en aller tant ce spectacle m’étais insupportable, je me stoppai net dans mon mouvement quand Optimus arriva à son tour dans la scène. Il passa entre Silverbolt et Air Raid pour atteindre Sentinel qui continuait de réclamer de l’attention à son public, pas le moins du monde intéressé par l’arrivée du Prime. Le commandant bleu et rouge n’avait d’optiques que pour lui, son expression frôlant l’irritation lorsqu’il lui tourna le dos pour se tourner vers les habitants en furie. Mon Opiluk ne semblait pas totalement à l’aise devant cette foule en adoration, hésitant sur sa prochaine action avant qu’il ne fasse signe au chef des Aerialbots pour qu’il sorte une paire de menotte. Consécutivement, les voix se turent tandis que les mechas ailés entourèrent l’ancien Prime feignant la confusion pour l’empêcher de prendre la fuite pendant qu’Optimus prenait la parole.

«Sentinel Prime, vous êtes soupçonné de trahison et de complot contre la cause Autobot, considéré comme un crime de guerre. En accord avec les pouvoirs qui me sont conférés, je vous arrête.» Déclara-t-il solennellement tout en fermant les menottes autour des poignets de Sentinel pour qu’il ne puisse plus se transformer, entraînant ainsi la foule à huer en désaccord. J’étais sous le choc. Je ne m’attendais pas à cette réaction de la part de mon créateur, et encore moins d’entendre les prochaines paroles de Silverbolt.

«Jusqu’à ce que nous rassemblions toutes les preuves vous inculpant, vous êtes placé en détention provisoire. Pour un jugement qui se fera devant les membres du Haut Conseil ainsi que les chefs d’escouade. Vous avez le droit de garder le silence.» Poursuivit ce dernier tout en tournant le mecha rouge stupéfié par son arrestation face aux habitants en délire. Toutefois, il ne prit pas en compte la dernière indication de Silverbolt pour faire connaître sa désapprobation.

«C’est scandaleux ! Optimus, as-tu perdu l’esprit ?!» S’indigna Sentinel.

«Je suis parfaitement lucide Sentinel. J’ai la conviction qu’il se passe quelque chose et que vous en êtes le responsable.» Répliqua aussitôt Optimus, les poings serrés à ses côtés pendant que les autres autour de moi recommencèrent à huer mon créateur. J’étais impressionnée par son tempérament flegmatique en toute circonstance, même les plus dramatiques.

«Quoi ?! Mais c’est ridicule ! Voyons Optimus, tu n’as pas les idées claires. Je suis ton mentor et je suis le protecteur de cette ville depuis des vorns. Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ? Cela n’a aucun sens ! J’ai toujours veillé au bon fonctionnement de notre cité, je t’ai montré la voie de la sagesse, je t’ai tout appris des anciens … J’ai fait de toi un Prime !» Se défendit Sentinel qui tenta de se défaire de ses menottes mais Skydive l’attrapa par le bras pour l’empêcher de se débattre.

«Et en tant que tel, j’ai le devoir d’assurer la sécurité de notre ville. C’est le Conseil de Iacon qui reconnaîtra votre innocence ou votre culpabilité, mais jusque-là, je suis dans l’obligation d’agir en faveur de mon peuple.» La voix d’Optimus était ferme mais avec un soupçon de tristesse qui me fit mal au Spark, d’autant plus que son regard autoritaire faiblissait à chaque nouveau cri d’indignation.

«Vous n’avez aucune preuve pour m’inculper de quoi que ce soit !» Rugit Sentinel, vraisemblablement hors de lui que son plan n’ait pas fonctionné comme il le voulait. Il réussi à sortir de l’emprise de Skydive pour se tourner vers le peuple à la recherche de soutien jusqu’à ce que ses optiques bleu clair ne tombent sur moi … La petite fembot à l’écart du groupe. Je me sentais foudroyée par son regard fielleux. Il était débordant de haine, mais aussi de malveillance. Presque intimidée par lui, je remarquai cependant qu’un petit sourire calculateur étirait les coins de sa bouche tandis qu’il levait ses mains menottées dans ma direction, forçant les Autobots à tous se tourner vers moi.

«Vous me parlez de trahison alors que vous avez une espionne parmi vous ! C’est elle qui complote depuis le début, c’est elle qui est à l’origine de tout ça !» Commença-t-il, mais Optimus intervint rapidement.

«Sentinel ! Ça suffit !» Somma-t-il, ce qui n’empêcha pas pour autant son ancien mentor d’insister pour trouver le parfait bouc émissaire.

«Optimus, je t’en prie, tu es aveuglé par ton rôle de créateur ! Il altère ton jugement ! Tu ne veux pas voir la vérité en face car tu l’as élevée, mais c’est pourtant la réalité que tu ne veux pas admettre. C’est une évidence. Elle revient d’un long séjour chez l’ennemi, qui nous dis qu’elle n’a pas été trafiquée ? Qu’elle ne leur a pas prêté allégeance ? Qu’est-ce qui s’est véritablement passé à Kaon ? Nous avons le droit à des réponses ! C’est exactement ce qu’ils voulaient, qu’elle passe inaperçue pour infiltrer nos rangs. Et tu marches dans leur piège ! Vous ne la soupçonnez pas pour la malheureuse excuse qu’elle est sous ta protection ! Mais derrière ce regard faussement innocent se cache en réalité tout un complot. Optimus, tu peux me croire. Je suis ton mentor, je t’ai toujours aimé et soutenu dans tes choix, mais là tu commets une terrible erreur. C’est elle l’espionne !» Renchérit-il tout en faisant des gestes frénétiques dans ma direction, son regard méprisant me glaçant l’energon.

J’étais comme paralysée face à toutes ces optiques qui me jugeaient, me faisaient des reproches en silence. Des chuchotements s’élevèrent à la suite des paroles de Sentinel alors que les robots me fusillaient du regard à tour de rôle, constatant du dégoût et de la peur au fond de leurs optiques. J’entendais des mots comme traitresse et Decepticon s’élever parmi les bots, mais j’étais tout bonnement incapable de me défendre, incapable de dire quoi que ce soit. Tétanisée par toute cette attention, je regardais entre les différents robots qui m’épiaient de haut en bas jusqu’à revenir à la scène plus loin où Optimus me fixait d’une façon que je ne saurai décrire. Était-ce de l’incertitude, là, dans son regard ? Doutait-il de moi ? Longuement, il m’observait sans prononcer un seul mot tandis que Sentinel faisait des allers et retours entre mon Opiluk indiscernable et les Aerialbots gardant le silence.

«Je suis à peine rentré qu’on me soupçonne déjà de quelque chose ? Soyons honnête. C’est ridicule ! Jamais je ne trahirais ma famille. J’ai tout fait pour sortir cette ville de la misère, j’ai toujours fait preuve de diplomatie dans mes choix. Mais cette fembot, elle n’est pas celle que vous croyez.» Affirma le mecha rouge sans état d’âme dans le but de provoquer un soulèvement, ce qui me sortit enfin de mon état de choc.

«Ce n’est pas vrai ! Je sais ce que j’ai vu ce cycle-là ! Sentinel est un traître, il a promis à Megatron de renverser la ville en échange d’obtenir un poste de commandement des armées-» Débutai-je férocement sauf qu’il me coupa la parole d’un pas brusque en avant.

«Mensonges !» S’écria-t-il, mais je ne me décourageai pas. Je devais me battre ! Je devais faire éclater la vérité au grand jour.

«Ce n’est pas des mensonges ! C’est vous qui avez planifié mon enlèvement ! C’est vous qui avez retardé les secours, vous vouliez gagner du temps en délivrant de fausses informations aux Autobots pour que les Decepticons puissent mettre en place tout leur stratagème ! Vous avez menti à Optimus, vous avez menti à tout le monde ici présent. Tout ça par pur égoïsme pour obtenir les faveurs de Megatron pour jouer un rôle dans cette guerre ! Mais la vérité, c’est que vous n’aviez pas prévu que je vous croise dans la base, pas vrai ? Ça a compromis tous vos plans, c’est pour ça que vous avez inventé cette histoire d’enlèvement, pour gagner en crédibilité lorsque vous reviendrez.» Balançai-je sans hésitation tout en le pointant du doigt au milieu de la foule, les bots me laissant la place pour m’approcher des escaliers. J’étais hors de moi, incontrôlable. Je voulais le faire tomber.

Cette haine dans mon Spark était incommensurable.

«Qu’est-ce que c’est que ces accusations calomnieuses ?! Cette histoire est insensée, inventée de toutes pièces !» Sentinel fit mine d’être étonné, mais tout ce qui m’intéressait à présent c’était mon créateur demeurant silencieux à ses côtés depuis mon intervention. Je n’arrivais pas à interpréter son regard, je ne savais pas à quoi il pensait … Et le lien ne m’était pas non plus d’une grande aide depuis qu’il ne se résumait qu’à un épais nuage de confusion.

«Opi, c’est la vérité …» Dis-je d’une petite voix affectée par la tristesse lorsque je vis plus de doutes dans ses optiques bleues. Pensait-il que je mentais ? Après tout, je lui avais menti récemment, ce qui expliquerait cette soudaine incertitude concernant mes propos. Cette simple idée me brisait le Spark ... Il devait choisir entre moi, et son mentor.

«Crois-moi …» Plaidai-je au bord des larmes, la main sur mon châssis. Je ne voulais pas paraître suppliante, mais ce regard dérouté était tout simplement accablant … Il était déchirant, je me déchirai de l’intérieur car mon créateur ne me croyait plus. Je n’avais jamais ressenti pareille sensation aussi dévastatrice depuis que j’étais un petit étincelant en quête d’affection. Nous nous regardions droit dans les optiques pendant plus d’un klik, ce qui me parut intensément long, jusqu’à ce qu’il ne m’hoche sciemment la tête puis qu’il retrouva son air implacable pour regarder Sentinel.

«Ma fille ne ment pas.» Certifia-t-il avec confiance avant de faire signe aux Aerialbots de l’emmener.

Mon soulagement fût instantané.

«C’est une conspiration ! Tu me déshonore Optimus. Tu me fais honte, tu fais honte aux anciens !» Hurla Sentinel alors qu’il était entraîné de force par les bras pour quitter la scène, ses cris bientôt plus qu’un écho lointain pendant qu’il était emmené vers la prison.

À cette décision risquée, les murmures reprirent de plus belle autour de moi mais je n’avais d’optiques que pour mon Opiluk qui tentait de calmer la foule en effervescence de quelques paroles bienveillantes. Il avait dû faire un terrible choix, et ce choix mettait en péril tout son honneur ainsi que son titre de Prime. J’avais terriblement peur pour la suite des évènements … Peur qu’ils ne puissent pas rassembler assez de preuves avant le verdict final. L’idée que mon créateur perde tout ce pour quoi il s’était battu me remplissait d’effroi. Je ne sais pas combien de temps j’étais restée plantée là à repenser à ce qui venait de se passer, mais la foule commença bientôt à se disperser autour de moi. J’entendais certaines bribes de conversation, quelques plaintes mais également des doutes ou encore de la colère dans les voix, cependant la majorité de la population restait très confuse concernant ce choix considéré comme absurde.

Qui aurait pensé que le grand Sentinel Prime pourrait en réalité s’agir d’un espion ? Personne n’aurait pu prédire ça, encore moins Optimus.

Mon Opiluk quitta la scène après quelques paroles échangées pour rejoindre les Aerialbots dans la partie souterraine de Iacon, là où étaient enfermés les pires crapules et les prisonniers de guerre dans des cachots hautement surveillés. La prison était un endroit lugubre que je n’avais pas spécialement envie de découvrir un cycle. Néanmoins je pouvais sentir dans le lien à quel point cette décision l’affectait profondément. Partageant ma peine, je me détournai du bâtiment du Haut Conseil pour chercher un coin plus tranquille où je pourrais échapper à tous ces regards acérés, à tous ces robots qui développaient de la méfiance à mon égard. Pourrai-je leur donner tort ? Pas vraiment. Je m’immobilisai lorsque j’aperçu Hot Rod avec Isis parmi les derniers robots présents sur la place. Mes deux amis ou plutôt anciens amis me regardaient fixement, ne s’étant à priori pas attendus à ce que je les remarque.

L’expression d’Hot Rod était indéchiffrable, celle d’Isis se rapprochait de la compassion, avec peut-être un soupçon de pitié. La fembot Seeker m’offrit un petit sourire timide suivit par une vague de sa main qu’Hot Rod s’empressa de prendre pour l’empêcher de me saluer. Le mecha orange et rouge me fusilla un bref instant du regard avant de lever le menton puis d’entraîner Isis avec lui pour s’éloigner de moi. Cette réaction me dévasta. Je ne comprenais pas pourquoi ils réagissaient ainsi, pourquoi ils étaient si distants … Ni pourquoi ils ne voulaient plus me parler. Hot Rod n’avait pas assuré son rôle d’ami tandis qu’Isis ne m’avait jamais donné sa version des faits. Mais connaissant la fembot au Spark rempli de bonté, ce n’était rien de joli. De savoir que je n’avais pratiquement plus d’amis proches me remplissait d’une profonde tristesse. Je sentis les larmes d’energon me piquer les optiques, mais je m’interdis de les faire couler, car c’était de ma faute si je me retrouvai toute seule.

Je n’avais juste pas été à la hauteur.

«On dirait que ça se corse ton histoire.» S’exprima tranquillement une voix en hauteur quelque part derrière moi. Je passai rapidement mes doigts sous mes optiques puis me tournai vers le mecha blanc et bleu perché sur une sculpture en métal.

«Qu’est-ce que tu fais là ?» J’interrogeai Smokescreen qui balançait sa jambe dans le vide avec insouciance.

«J’étais venu admirer le spectacle. Ce n’est pas tous les cycles qu’un Prime se fait arrêter pour trahison !» Me répondit-il avec légèreté, ce qui eut pour effet de me faire sourire malgré mon chagrin.

«Soupçonné de trahison.» Je le corrigeai.

«Ouais si tu préfères, il n’empêche qu’il n’a pas l’air très net. Peut-être qu’il a quelque chose à se reprocher ? Je parierai qu’il a laissé des traces quelque part et qu’il a peur que quelqu’un tombe dessus par hasard ! Ou alors peut-être qu’il est vraiment innocent et que tout ceci n’est qu’une machination ?» Déclara-t-il ensuite d’un doigt recourbé sous son menton pointu, les optiques rivées vers le ciel bleu dans la réflexion. Je me braquai aussitôt.

«Je ne suis pas folle ! Je sais ce que j’ai vu et entendu. Il n’est pas celui qu’il prétend être. Il joue un double rôle. Reste à savoir pourquoi il revient ici sachant que le risque qu’il encoure de se faire attraper est grand … Pourquoi ne pas s’exiler tout simplement.» Je réfléchissais à haute voix en adoptant exactement la même posture que le mecha sur son perchoir, les optiques se plissant aux théories qui germaient dans mon CPU. Après quelques nano-kliks, je m’éloignai vers une destination bien précise.

«Qu’est-ce que tu comptes faire ?» S’inquiéta Smokescreen qui avait sauté de la sculpture pour me rejoindre.

«Me battre !» Répliquai-je comme si c’était évident tandis qu’un large sourire conquis étirait les coins de mes lèvres. Je n’allais pas le laisser gagner, pas cette fois ! Il voulait la guerre ? Eh bien il l’aura, mais à ma manière.

«Génial ! Tu as besoin d’aide ?» S’enchanta Smokescreen à ma droite alors qu’il croisait les bras derrière sa tête, imitant mon sourire qui ne cessait de grandir au rythme de mes pas.

«Viens avec moi.» Répondis-je spontanément en lui prenant le bras pour l’entraîner avec moi dans une rue.

J’étais déterminée à aider mon Opiluk à traverser cette nouvelle épreuve et à empêcher Sentinel de nous nuire encore une fois. Je trouverai la clé de tous ses secrets, puis je le renverserai. Je montrerai à tous sa véritable nature.

Tel était devenu mon plus profond désir.

A suivre …

VP


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