Petite Etincelle

Chapitre 35

9946 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/04/2023 10:35

Un brin d’humour, un brin de tendresse, et … Une note d’angoisse. Voici ce que vous retrouverez dans ce chapitre.

CHAPITRE 35

{==Ruines du passé==}

POV Normal

Ils touchaient au but, enfin, il le sentait au plus profond de son Spark. Comme un tiraillement, un sixième sens qui se réveillait. Leurs recherches étaient sur le point de prendre une toute nouvelle direction. Avec empressement, le commandant des Autobots indiqua de son index deux zones sur la carte holographique où reposaient des fondations datant d’une époque lointaine, celle des Primes originels. D’énormes piliers dépassant facilement les soixante-dix mètres à peine ébréchés par le temps qui soutenaient le poids du temple mystique et de son entrée encore scellée aux optiques des curieux. Ils avaient déblayé la majeure partie des décombres qui empêchaient d’accéder à cette entrée impressionnante, mais ces piliers inquiétaient les scientifiques sur le terrain car d’après eux, la moindre secousse pourrait anéantir des deca cycles de recherches.

La structure en elle-même était bien trop fragilisée pour espérer pouvoir employer les gros moyens, en parlant bien sûr d’explosifs adaptés à ce type de métal à l’épreuve de tout. De toute façon il était hors de question d’utiliser ce genre de technique car ils s’étaient tous mis d’accord pour ne pas abîmer les ruines, malgré la nouvelle difficulté à laquelle ils faisaient face. Les anciens savaient comment faire pour conserver leurs précieux artéfacts. À l’abri de la lumière, à l’abri de l’avidité. À l’abri des mauvaises mains ... Mais Optimus pouvait le sentir, les vibrations ensorcelantes de la forge de la grande Solus Prime, derrière cet épais métal faisant office de porte. Ils n’avaient jamais rien vu de tel … Une pareille construction dépassant largement leurs connaissances en matière d’architecture. Cette porte gravée de symboles était tout bonnement spectaculaire, une merveille de l’ancien temps. Penché sur sa table sous un abri de fortune, le leader des Autobots déchiffrait la carte holographique à la recherche d’une entrée secondaire sous les tonnes de métal avec la supervision de Beachcomber, le géologue et de Wheeljack.

«Il y a peut-être un autre moyen d’accéder aux étages inférieurs si nous passons par-là. Les structures semblent moins fragilisées dans cette zone et pourraient supporter plusieurs charges.» Proposa Optimus tout en se baissant pour avoir un meilleur point de vue de la zone en surbrillance sur l’hologramme vert. De l’autre côté de la table, Beachcomber prit la parole pour argumenter.

«À condition que ça tienne le coup. Regarde, le scan indique une brèche sous le pilier numéro cinq. Si la moindre plaque est déplacée lors de notre passage, nous pourrions mettre en péril des vies … Le haut de la structure est maintenu par ces deux piliers,» Tout en expliquant sa constatation, le mecha blanc et bleu ciel se décala à l’opposé de la table pour désigner du doigt le présumé secteur ; «juste ici. Ça pourrait vite dégénérer, il suffit qu’un bot ne fasse pas assez attention et cet effondrement pourrait tout engloutir sur son passage. Le moindre faux pas, la moindre secousse de trop … Les dégâts seraient irréparables et entraîneront un écroulement de la partie Ouest de la ville dans un immense cratère.»

«C’est impensable ! Le risque est beaucoup trop grand. Autant que j’aime le danger et l’aventure, jamais je ne m’engouffrerai là-dedans. Ça pue le piège. Alors, que faisons-nous ? On explose ce truc ? Cette porte ne s’ouvrira pas d’elle-même, à moins de connaitre la combinaison exacte pour déverrouiller les verrous. Et je ne pense pas qu’ils l’ont écrite sur les murs pour nous faciliter la tâche.» Interrogea Wheeljack consterné par cette révélation, mais tout de même sur ses gardes quant à la démarche à suivre. Les bras croisés et muni d’un rictus exacerbé, il se redressa en attendant de recevoir l’avis de Beachcomber qui ne tarda pas.

«Pour tout vous dire, j’ai déjà réalisé plusieurs simulations, mais aucune n’est vraiment rassurantes … Mise à part forcer la porte d’accès, je ne vois aucune autre solution. Mais je ne crois vraiment pas que ça soit l’idée la plus brillante d’employer la manière forte dans un lieu tel que celui-ci …» Admit-il d’une petite grimace suivit par un redressement de ses larges épaules quand le commandant à ses côtés acquiesça aussitôt, les optiques absorbées par cet hologramme au centre de la table.

«Respectons nos anciens et leurs croyances, n’agissons pas que par intérêts. Je n’accepterai jamais de mettre mon équipe en danger inutilement, au même titre que d’abimer ce lieu historique. Nous ne profanerons pas ce sanctuaire. Nous trouverons un autre moyen d’accéder à cette salle, même si cela représente des orns de travail supplémentaires. Commencez dès à présent à programmer un logiciel qui essayera toutes les combinaisons possibles pendant que nous, nous poursuivrons nos recherches dans la sécurité.» À ces nouvelles directives de son supérieur, le visage de Wheeljack devint livide avant que le bot ne se racle le vocaliser pour chasser sa stupeur.

«Mais Monsieur, vous imaginez le temps que ça prendra ?! On ne parle pas de deux ou trois orns, mais de plusieurs deca cycles ! Et encore, je reste optimiste ! Peut-être même que certains d’entre nous seront rouillés et croulants lorsque l’on trouvera la bonne combinaison. Et je ne vise personne en particulier.» S’alarma ce dernier d’une pointe d’humour même si pour lui, la situation était bien plus dramatique qu’Optimus ne voulait l’admettre.

Car du temps, ils n’en auront bientôt plus.

«Qu’il en soit ainsi. Si Primus est avec nous, nous trouverons la combinaison dans le temps imparti. Alors prions dès à présent pour que ça soit le cas.» Rétorqua Optimus de sa voix grave qui ne laissait plus la place au débat pendant qu’il chassait l’image holographique d’un rapide coup de sa main.

«C’est complètement fou …» Marmonna Wheeljack dépité après s’être détourné de la table dans l’intention de rejoindre son poste de travail qui se résumait à extraire les décombres avec Ironhide et Inferno.   Que c’était barbant … Il n’avait qu’une hâte, c’était de sortir et de se défouler avec son meilleur ami Bulkhead pour se changer les idées.

Suivant du regard Beachcomber qui s’éloignait lui aussi de l’abri, les optiques d’Optimus s’arrêtèrent sur une silhouette familière aux côtés d’Ironhide et de Chromia. La toute nouvelle recrue, le dernier membre à avoir intégré son équipe de chercheurs, Moonlight assistait les deux robots pour prendre des mesures de la porte gigantesque au milieu de la salle aux dimensions exagérées. Sa fille riait à vocaliser déployé avec le couple qui ne cessait de s’engueuler pour un oui ou pour un non, au grand malheur des autres chercheurs se retrouvant malgré eux dans leurs disputes incessantes. Tenant un dispositif de mesure à laser infrarouge dans sa main, elle se dressait sur une pile de débris à gauche de la porte tandis que Chromia se trouvait à l’opposé avec le même petit appareil, Ironhide leur dictant la marche à suivre pour que les valeurs soient parfaites. Un peu trop à gauche … Un peu trop à droite, trop bas ou trop haut, le mecha noir au timbre bourru n’était jamais satisfait, ce qui avait pour habitude d’agacer Chromia.

«Un peu plus à gauche j’ai dit !» Gronda Ironhide qui positionnait ses mains autour de sa bouche pour porter sa grosse voix jusqu’aux deux fembots sous ses ordres. À cela, Chromia soupira de lassitude tout en redressant son bras qui tenait l’appareil pour s’aligner avec Moonlight de l’autre côté.

«Qu’est-ce que tu peux être pénible quand tu t’y mets ! On est déjà à gauche ! Regarde le laser, il est bien droit. Ouvre un peu tes optiques.» Rétorqua-t-elle avec impatience, se retenant de l’envoyer balader car elle n’avait pas envie de contrarier son chef un peu plus loin sans doute à l’écoute de leur conversation. Mais forcément, il fallait qu’il revienne à la charge … Il ne pouvait pas faire autrement.

«C’est pas du tout droit là ! Si je vous dis que vous êtes trop à droite, c’est que vous êtes trop à droite ! C’est pourtant pas compliqué !» Ironhide claqua ses mains contre ses hanches puis secoua la tête de découragement, toutes les optiques rivées sur lui en attendant l’explosion de Chromia.

«C’est toi qui rends les choses compliquées ! Il faut toujours que tu places des commentaires stupides quand il n’y a absolument rien à dire. Tu ne peux pas t’en empêcher !» Répliqua cette dernière alors qu’elle jetait un coup d’optique à la fembot plus jeune qui n’osait pas s’immiscer dans la conversation par peur des représailles. Oh que non ! Très mauvaise idée. Tout le monde ici le savait que ces deux-là pouvaient faire trembler le sol lorsqu’une dispute éclatait et qu’il valait mieux éviter de désamorcer la bombe s’ils ne voulaient pas recevoir de bosses.

«Et ça recommence … C’est pas le moment de nous faire une scène, on a du travail ! Ces fembots, je vous jure … Toujours quelque chose à dire.» Déclara le mecha noir indifférent tout en levant les optiques au plafond de la salle, les mains en poings à ses hanches.

«Aurais-tu l’audace de me le répéter droit dans les optiques ?» Chromia plissa furieusement les optiques, le bras toujours tendu en l’air pour rester droite avec le laser de Moonlight. Une situation particulièrement gênante pour elle car tout pouvait très vite dégénérer, et elle n’avait subitement plus envie de rire alors qu’elle assistait au changement d’atmosphère. C’était devenu électrisant. Elle grimaça lorsqu’Ironhide répliqua avec légèreté.

«J’ai dit que vous faisiez du bon boulot ! Même s’il n’est pas toujours droit.» Il se mit à rire, au grand damne de tout le monde.

«Fais bien attention à ce que tu dis, mon gros. Ou tu risques d’avoir de sérieux ennuis une fois sorti d’ici. J’ai pas envie d’être à l’origine d’un éboulement parce que Monsieur Ironhide a décidé d’en faire qu’à sa tête en me provoquant ! À tes risques et périls, tu sais dans quoi tu mets les pedes.» Prévint Chromia après s’être tournée vers lui pour le menacer avec son index, les optiques bleues méchamment plissées au mecha en contre-bas. Ce qui ne le découragea pas pour autant, au contraire, il trouvait ça amusant.

«Je ne suis pas gros ! Je suis corpulent, nuance, c’est pas pareil.» Ironhide grogna tout en croisant les bras sur son châssis.

«Ta bouche rivalise avec ta corpulence.» Répliqua aussitôt Chromia ravie d’avoir touché un point sensible quand l’expression insouciante d’Ironhide se changea en outrée. Elle sourit victorieusement.

«Quoi ?! Répète un peu pour voir ! Descends qu’on en discute entre quatre optiques ! Tu vas voir si ma bouche est plus grande que mon artillerie !» Fulmina-t-il dans de grands gestes tout en activant ses canons à ses bras, cherchant la confrontation avec la fembot effrontée qui testait sa patience.

«Tu n’as qu’à monter, encore faut-il que tu arrives à déplacer toute cette masse …» Haussant les épaules avec paresse, le sourire de Chromia s’élargit davantage quand les optiques du gros mecha s’écarquillèrent puis que sa bouche s’ouvrit béatement. Elle pouvait presque voir de la fumée sortir du casque d’Ironhide … C’était hilarant.

Se tenant immobile sur sa pile de décombres, Moonlight attendait que la dispute s’arrête. Les optiques larges à chaque réplique cinglante que le couple s’envoyait, elle sentit ses évents s’échauffer de peur que les deux ne finissent par s’entre-tuer. Pourquoi personne ne s’interposait avant que l’irréparable ne soit commis ?! Prise entre deux feux, la fembot bleu ciel chercha désespérément du regard quelqu’un qui aurait l’amabilité de la sortir de cette situation gênante. Toujours le bras levé au-dessus de sa tête, elle commençait à sentir que l’energon dans ses câbles faisait machine arrière et que bientôt elle n’aurait plus la force de tenir dans cette position ridicule. Par Primus … Mais dans quoi s’était-elle encore fourrée ? Déplora-t-elle tandis qu’elle envoyait un regard suppliant vers son créateur proche de la tente où étaient stockées les archives. Toutefois ce fût un autre bot qui prit la décision d’intervenir, un Wreckers pas comme les autres qui ne craignait pas la confrontation.

«Ça suffit les pignoufs, on se calme. Vous avez fait votre petit spectacle mais maintenant laissez les autres bosser sans entendre vos chamailleries répugnantes de couple à longueur de cycle. On a compris que vous vous aimiez fort, mais on aimerait bien terminer ce cycle sans que personne ne perde une optique, OK ?» Wheeljack vint se positionner à côté d’Ironhide pour le dissuader de poursuivre cette dispute qui n’avait ni queue ni tête.

«Pignouf ?! C’est moi que tu traites de pignouf, Wrecker de mes deux ?» S’écria le mecha noir, scandalisé.

«Est-ce que je regarde quelqu’un d’autre ?» Demanda tranquillement le robot blanc et rouge d’un haussement de crêtes optiques insolent tout en désignant le vide tout autour de lui.

«Que cela cesse immédiatement !» Gronda subitement Optimus qui descendait la pente pour se rapprocher des deux mechas en pleine embrouille. À l’intonation de sa voix, tout le monde dans les ruines se tut pour suivre du regard l’imposant chef qui venait de perdre patience. Le bruit de ses pas lourds résonnant contre les murs dans un dangereux avertissement, le Prime autoritaire fusilla du regard les trois responsables de ce grabuge avant de reprendre la parole dans ce même ton sévère.

«Je ne tolèrerai plus aucune dispute en ces lieux. Vous avez le devoir de vous respecter les uns les autres et de respecter ce sanctuaire. De travailler ensemble et de mettre de côté vos rivalités pour que notre projet se développe dans des conditions optimales. Nous ne sommes pas là pour des règlements de compte, mais pour chercher un moyen d’offrir une vie meilleure à nos semblables. De nous offrir une meilleure vie. Si quelque chose ne vous convient pas, ou si quoi que ce soit vous dérange, alors je vous prierai de m’en faire part en privé pour ne pas perturber le reste de l’équipe pendant les fouilles. Est-ce suffisamment clair ?» Somma Optimus, les crêtes optiques froncées de colère aux deux mechas plus petits qui s’envoyaient des regards noirs à tour de rôle.

«Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?» Répéta le Prime avec calme mais fermeté derrière laquelle se trouvait une légère menace, jusqu’à ce que Wheeljack ne soupire puis qu’Ironhide secoue la tête.

«Très clair, chef.» Grommela Wheeljack en mettant bien l’intonation sur la prononciation du mot "chef".

«Limpide.» Acquiesça Ironhide entre ses dentas.

«Bien. Maintenant retournez à vos postes. J’ai besoin de la topographie détaillée de cette porte avant la fin du cycle.» Assigna Optimus d’un petit coup de menton en direction de la porte ovale face à eux, profitant aussi pour offrir un regard d’excuse en direction de Moonlight.

Les deux mechas ne se firent pas prier. Sans même s’échanger un dernier regard mortel, Wheeljack et Ironhide se séparèrent pour faire comme l’ordonnait leur leader mécontent. Non sans une pointe d’agacement. Les deux avaient toujours eu du mal à s’entendre, c’était une évidence … Mais dans un lieu sacré comme celui-ci l’entente était primordiale. La moindre dispute qui éclaterait en bagarre pourrait fragiliser davantage la structure et créer un effondrement de toute la cavité sur eux. Sans compter l’affaissement des tours se trouvant juste au-dessus de leurs têtes. Ce serait une véritable catastrophe qu’Optimus préférait éviter par tous les moyens, même si cela signifiait exercer son autorité sur ses Autobots lorsqu’ils n’étaient pas disciplinés. Quelque chose qui ne l’enchantait guère, mais qui faisait partie de son travail.

«Ahem. Bonjour Prime. Navré de débarquer à l’improviste, mais j’aurais besoin de vous emprunter Ironhide.» Résonna subitement la voix reconnaissable de Silverbolt, le chef des Aerialbots. Le bot en question se tenait non loin de l’abri avec les bras croisés derrière son dos, se balançant légèrement sur ses grands pedes après avoir été témoin du sermon.

«Bien-sûr. Tu es levé de tes fonctions Ironhide. Part rejoindre Silverbolt, je te remplacerai.» Accorda le Prime d’un petit signe de tête respectueux envers le chef ailé avant de tendre la main vers le mecha grognon. Silverbolt échangea un rapide regard avec le commandant rouge et bleu tandis qu’Ironhide lâcha le trépied fixe pour le rejoindre.

«Ah, pas de chance, le devoir m’appelle. À plus tard ma petite enclume d’amour. Bonne chance avec elle Moon. T’en auras bien besoin, crois-moi.» Dit-il tout en marchant à reculons pour saluer sa belle Chromia qui se contenta de lui tirer la langue.

«Où est-ce qu’il va ?» Questionna Moonlight intriguée pendant qu’elle regardait Silverbolt et Ironhide partir par le tunnel de sortie.

«Il aide les Aerialbots à localiser Sentinel. C’est déjà la troisième tentative en un deca cycle. Je me demande bien où il est passé … Apparemment il serait vers l’Est, derrière les dunes figées par la glace. Ils auraient détecté un signe de vie près des frontières du néant, pas loin de Kaon. J’espère que ce gros tas de ferraille me reviendra en un seul morceau ...» Se soucia Chromia, le Spark serré d’inquiétude à l’idée qu’Ironhide se fasse blesser durant cette nouvelle excursion.

Moonlight pouvait percevoir la pointe de peur dans la voix suave de la fembot de l’autre côté de la porte. Elle ne voulait peut-être pas le montrer, mais ses optiques anxieuses parlaient à sa place. D’un sourire triste, Moonlight reprit sa position d’origine pour enfin finir le tracé au laser de la largeur de la porte pendant qu’Optimus prenait des photos avec son appareil ultra sophistiqué. Il ne fallut que deux breems de plus pour finir le travail. Satisfaits, les trois robots libérèrent la porte mystique de leur présence pour retourner sous la tente afin de ranger le matériel dans une caisse de protection. Au loin, Wheeljack taquina Blurr après que ce dernier se prit les pedes dans une barre de fer pour se retrouver à plat ventre sur le sol, faisant glousser Inferno dans le processus. Réactions en chaine … Moonlight cacha un sourire amusé derrière sa main puis s’éloigna de l’abri pour rejoindre une petite dune de débris non loin de la porte illuminée par des spots jaunes pour profiter de la vue après un dur cycle de travail.

Optimus remercia Chromia pour son implication avant de fermer à clé les caisses de stockage en attendant un nouveau cycle. Il n’était pas tard, mais il ne voulait pas non plus épuiser son équipe ni les laisser trop longtemps sous terre sous peine d’impacter leur moral. Ils travaillaient déjà bien assez. Et puis, il fallait du temps maintenant pour trouver la bonne combinaison pour ouvrir cette porte entre ces piliers aux allures de panthéon … Enthousiaste cependant tourmenté, le Prime se tourna légèrement sur la gauche vers la petite fembot perchée en haut de la pile de débris, les genoux repliés et le menton posé sur ses bras. Son regard malheureux était perdu dans le vide, mais à chaque sollicitation dans le lien créateur, il ne reçut que des réponses positives. À priori, rien d’anormal. Pourtant son visage racontait une tout autre version qui l’inquiétait de plus en plus, au point de le faire réagir.

Le commandant décida donc d’escalader à son tour la pile pour rejoindre Moonlight à son sommet. Prenant garde de ne pas trébucher par mégarde sur un morceau de tôle, Optimus atteignit sa destination sans complication mais maintenant la vraie difficulté commençait par l’approche verbale. N’étant pas très doué avec ce genre de choses, il hésita à s’assoir à côté d’elle, cherchant d’abord ses mots pour engager la conversation. Faire des discours devant des centaines de milliers de robots ou raconter des histoires sur le passé ne lui posait aucun problème, en revanche quand il s’agissait de s’ouvrir émotionnellement … C’était une autre histoire. Par où commencer ? Désemparé, le leader des Autobots regarda le sol avant qu’il ne s’aperçoive du coin de l’optique que Blurr et Inferno levaient leurs pouces en l’air pour encourager leur Prime à faire le premier pas.

POV Moonlight

Je regardais mon Opiluk avec une pointe d’amusement tandis qu’il hésitait sur sa prochaine action. En contre-bas de la pile de décombres, je pouvais voir que Blurr et Inferno faisaient des signes pour inciter Optimus à m’aborder, ce que je trouvais plutôt adorable. Ils voulaient simplement l’aider car je savais à quel point ça pouvait être difficile pour lui de faire le premier pede. Décroisant mes bras de mes genoux puis étendant lentement mes jambes devant moi dans une position plus confortable, je me penchai en arrière sur mes mains pour pouvoir voir les optiques du mecha bien plus haut. Il fallait presque que je louche pour atteindre la bonne hauteur alors qu’il passait son regard incertain des deux bots à moi, et vice versa. Je pris la décision de rompre ce malaise.

«Tu veux t’assoir ?» Déclarai-je tout en me décalant sur la gauche pour lui faire une place, souriant sciemment à mon créateur lorsqu’il accepta ma proposition sans broncher.

«Comment se passe ton intégration ? C’est déjà ton huitième cycle dans cette équipe et je constate que tu progresses très vite. Tu sembles t’épanouir.» Partagea Optimus une fois assis à côté de moi dans la même position, presque détendue.

«C’est sympa. Au début je ne pensais pas que fouiller des ruines me plairait autant, pour être tout à fait honnête. Jusqu’ici je n’avais jamais compris ton intérêt pour ces vieilles reliques … Pourquoi tu t’obstinais à recenser le passé alors que le futur était là, dehors. Mais notre passé recèle de mystères qui ne demandent qu’à être révélés. Et j’aime participer à ces découvertes, avec vous tous pour m’apprendre comment les interpréter. J’admire vraiment votre travail. Il y a presque un côté reposant.» Répondis-je à mon Opiluk qui se souciait de savoir si mon adaptation se passait comme je l’espérais.

«Le passé nous permets d’apprendre à ne plus reproduire les mêmes erreurs. À comprendre nos faiblesses. Sans lui, nous ne pourrions pas évoluer. Notre politique n’évoluerait pas, tout comme cette société et notre façon de vivre.» Expliqua-t-il sommairement tout en indiquant les ruines éclairées face à nous de sa main droite, son regard rassurant tourné vers moi.

«Il me fait peur. Il me terrifie.» Admettai-je aussitôt après avoir reculé mes genoux contre mon châssis pour entourer mes bras autour de mes tibias.

«L’inconnu fait toujours peur. Mais il faut apprendre à l’apprivoiser, à le conquérir. Ne laisse pas cette peur prendre le contrôle sur toi, transforme-là en curiosité, et ta perception du monde changera.» Révéla-t-il avec douceur à mes côtés.

Au lieu de lui répondre, je me contentai d’hocher la tête alors qu’un silence relaxant s’installait sur nous. Le menton posé sur mes avant-bras croisés, je me retrouvai vite fascinée par la grande porte du sanctuaire et à ces nombreux symboles dorés qui l’en recouvrait. Ils m’intriguaient ... Que signifiaient-ils ? Que renfermaient-ils ? J’étais remplies de questions à propos de cette porte qui cachait l’un des plus grands secrets de notre peuple. Une relique dotée de la capacité de créer, et de guérir de tous les maux. Ma curiosité me rongeait tandis que j’examinais avec attention chacun des caractères gravés dans le métal épais, chaque courbe gracieuse de l’ancien Cybertronien. Seuls certains robots savaient encore le lire, notamment les plus sages et les plus anciens d’entre nous. Sentinel en faisait hélas partie.

«Est-ce que tu crois que nous arriverons à ouvrir cette porte ? Et que nous réussirons à mettre la main sur la forge de Solus Prime ?» Me retrouvai-je soudainement à demander à voix haute, mes optiques bleues fixées sur cette architecture antique.

«Seule la persévérance le déterminera. Mais le temps est relatif. Tout déprendra de ce que nos recherches donneront, et si nous trouverons la précieuse combinaison nous permettant de l’ouvrir. C’est mon plus grand souhait.» Optimus baissa la tête après avoir positionné sa main droite au-dessus des plaques de son châssis, au-dessus de son Spark.

Je pouvais sentir dans le lien créateur à quel point c’était très important pour lui.

«J’ai entendu Beachcomber et Wheeljack parler d’explosifs …» Avouai-je ensuite.

«Ce que nous n’utiliserons pas. Pas dans un lieu sacré comme celui-ci. Je tiens tout particulièrement à laisser cet endroit intact après notre passage, pour ne pas réveiller la colère des anciens.» Rassura-t-il tout aussi rapidement lorsqu’il reconnut l’inquiétude dans ma voix. Tournant la tête dans ma direction, je fus recouverte de la lumière bienveillante de ses optiques alors qu’il posait sa grande main sur mon épaule, me sortant de ma rêverie passagère.

«Moonlight, je ressens ta peine. Dis-moi ce qui ne va pas, je pourrais peut-être t’aider …» Hésita Opi tout en serrant mon épaule pour me consoler, ou m’encourager à m’ouvrir à lui. Sans doute un peu des deux le connaissant.

Cependant je ne m’attendais pas à ce qu’il me pose cette question et encore moins à ce qu’il me propose son aide. Désormais rigide sous sa paume, je me redressai puis esquiva son regard soucieux quand mes joues commencèrent à chauffer d’embarras. Comment faisait-il pour lire aussi facilement en travers moi ? Je faisais pourtant attention de ne pas trop donner d’informations via le lien en le gardant le plus neutre possible … Je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi alors qu’il avait déjà largement assez de travail avec la ville et les fouilles. Je voulais leur montrer que j’étais pleinement capable d’assumer toute seule tout ce qui me tracassait, tout ce qui me faisait du mal. Je voulais leur montrer que j’étais guérie et que je n’avais plus besoin d’aide. Que je prenais mes responsabilités. Mais surtout, je ne voulais plus jamais faire subir ma propre douleur à mon Opiluk, plus jamais. Il ne le méritait pas. Nerveusement, je tiquais mes doigts contre le métal de mes bras avant d’offrir un sourire que j’espérais rassurant à mon Opiluk toujours en attente d’une réponse.

«Je vais très bien, je t’assure. Tout va parfaitement bien.» M’empressai-je de lui dire toutefois au regard sceptique qu’il me lança, je poursuivis dans cette même voix agitée. Pourquoi je n’avais aucun contrôle sur mon vocaliser quand j’étais prise au dépourvu !

«Promis ! Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter.» Lui mentai-je en forçant un autre sourire sur mon visage. J’avais honte, terriblement honte de mentir ainsi à mon créateur … Mais je ne voulais vraiment pas qu’il s’inquiète pour moi. Ma priorité pour l’instant était de faire un travail sur moi-même puis de gérer mes émotions dans le lien créateur pour qu’il n’y ait aucun soupçon sur la réalité qui était tout autre.

Je m’interdisais de le faire souffrir d’une manière ou d’une autre, quitte à lui cacher la vérité.

«En es-tu sûre ? Tu sembles épuisée.» Evidemment, il doutait quand même. C’était le Prime, il décelait facilement les menteurs quand il en voyait un, à mon plus grand malheur.

«Oui Opi, je ne te cache rien. Je manque juste un peu de recharge, mes batteries ne sont plus aussi performantes qu’avant. Je vais voir Ratchet pour régler ça, ne te fais pas de soucis. Je serai présente le cycle prochain.» Assurai-je d’un léger ton ennuyé alors que je me frottais les optiques avec le pouce et l’index, fatiguée de toujours devoir me justifier.

«Là n’est pas la question. Je veux simplement m’assurer que tu vas bien. Que rien ne te préoccupe.» Optimus se pencha légèrement vers moi pour essayer de capter mon regard mais je gardais mes optiques baissées sur mes genoux, le Spark devenu douloureux à cette inquiétude contenue dans sa voix. Mon créateur se souciait de moi et j’étais incapable de m’ouvrir à lui pour toutes ces raisons-là.

La nuit dernière après mon cauchemar dans l’infirmerie, Ratchet n’avait pas dit un seul mot. Pas même quand j’étais sortie des locaux pour me rendre dans les ruines en ce début de cycle, même pas l’un de ses fameux regards analytiques. Rien. Il avait fait comme à son habitude en se rendant au chevet de Bumblebee tout en me donnant les indications quotidiennes en attendant de revenir le soir pour recharger dans la sécurité de l’infirmerie. Et je lui en étais infiniment reconnaissante car je n’avais absolument pas envie d’en parler par peur de revivre cette terreur qui m’avait emprisonnée dans mon propre protoforme durant de longs kliks. Les plus longs de ma vie … Cependant j’avais l’impression qu’Optimus savait quelque chose que j’ignorais, mais quoi ? Pourquoi me regardait-il ainsi avec peine ? Sur le point de parler à nouveau pour effacer cette expression déçue de son visage, je refermai vite la bouche quand il reprit.

«Dans ce cas, je suis dans l’obligation de te laisser. Je dois me rendre au Haut Conseil de Iacon, nous nous retrouverons ce soir devant le centre médical. Comme toujours, je compte sur ta ponctualité.» Indiqua-t-il tout en se relevant sur ses pedes pour revenir à sa pleine hauteur, retrouvant par la même occasion son impassibilité légendaire tout comme cet aura autoritaire qui forçait le respect.

«Oui Opi.» Me contentai-je de dire d’un regard attristé lorsqu’il se détourna de moi pour entamer la descente, mon Spark se serrant douloureusement à l’intérieur de mon châssis.

Pourquoi j’avais l’impression d’avoir tout gâché ?

{==Hall des Archives, un breem plus tard==}

Après ma courte conversation avec mon Opiluk, j’eu une idée pour occuper la fin de mon cycle. N’ayant pas spécialement envie d’errer dans les rues en pensant à mes amis qui ne voulaient plus me parler, je m’étais dit qu’aller au grand Hall des Archives pourrait m’aider à penser à autre chose. Non loin du centre de Iacon, cet immense bâtiment conique s’imposait parmi les autres tours aux alentours. Là-dedans se trouvaient tout un tas d’archives sur l’ancien monde, et plus particulièrement sur l’ancienne civilisation de Transformers. Je voulais impérativement mettre la main sur des datapads qui pourraient potentiellement parler du sanctuaire de Solus Prime pour espérer trouver quelque chose d’intéressant sur cette porte blindée … Et avec un peu de chance, trouver une combinaison qui fonctionnerait pour la déverrouiller ? En réalité, je voulais surtout faire plaisir à mon Opiluk et au reste de l’équipe.

Car si jamais je trouvai des informations intéressantes à partager, elles pourraient nous offrir d’autres champs de possibilités encore inexplorées. J’apporterai par la même occasion ma contribution personnelle aux recherches et je permettrai à mon créateur d’accéder à son rêve … Un idéal. C’était très important pour moi, autant que de satisfaire ma curiosité. Alors avec toute ma détermination et des idées pleins la tête, j’escaladais les grandes marches pour atteindre les doubles portes forgées qui me conduisaient à l’intérieur des archives historiques de Iacon. Je fus instantanément frappée par l’immensité de cet endroit. De gigantesques étagères remplies de datapads se dressaient de chaque côté de l’allée principale menant tout droit à un guichet où se trouvait un mecha assis sur une chaise. Emerveillée par la beauté de cette salle qui ne semblait connaitre aucune fin, je tournai sur moi-même pour regarder toutes ces archives soigneusement triées par catégorie.

Guerres, politique, géologie, astres, histoire, légendes … Il y avait absolument de tout ici. Allant des conquêtes ayant marqué l’histoire au plus folklorique des contes. Jamais je ne me serai doutée qu’un endroit comme celui-ci existerait, j’étais à une perte totale de mot. Pourquoi n’avais-je jamais pensé à venir dans ce bâtiment avant ? Avait-il toujours existé ? Franchement, je me posai la question tandis que je me rapprochais peu à peu du guichet au fond de l’allée. Je commençais à comprendre tout l’intérêt que portait mon Opiluk aux archives quand je voyais tout ce savoir mis à notre disposition, et pourquoi il se terrait dans des endroits comme celui-ci lorsqu’il était encore connu sous la désignation d’Orion Pax.

Il n’y avait pas foule, tout était étrangement calme, de quoi permettre une grande concentration. Grâce à la taille titanesque des archives, c’était à peine si j’entendais les bruits de pas des autres robots présents … C’était hallucinant ! Me ressaisissant au moment où j’atteignis le guichet, je posai mes mains sur le comptoir pour me rendre compte que le robot gardien des lieux avait des optiques rouges. Je fis de mon mieux pour ne pas le dévisager, mais sans le vouloir, un sentiment de terreur m’envahi. Je vis qu’une petite plaque se trouvait à ma droite et qu’il était écrit le nom du mecha, un certain Whistel. Je ressenti comme un électrochoc alors qu’il redressait son regard ennuyé dans ma direction pour me dévisager de la même façon. De couleur bleu verdâtre, le mecha avec des verres grossissant pour pouvoir mieux lire me leva une crête optique de dédain avant de mettre son datapad de côté pour se pencher vers moi.

«Qu’est-ce que tu veux ?» Me demanda-t-il avec agacement.

«Euh … Je cherche le rayon histoire des Treize Primes.» Me sentant réduite sous son regard irrité, je manquai cruellement d’éloquence tout d’un coup.

«Allée B-A-147 étage du bas.» Me répondit le mecha aux optiques rouges en jetant sa main sur la droite pour me montrer l’allée en question.

«Merci.» Perplexe, je m’engouffrai entre les étagères immenses à la recherche des précieuses archives.

Par chance, il ne me fallut pas longtemps pour trouver la catégorie de datapads que je recherchais activement. Subjuguée par cette quantité, je laissais traîner mon index sur leur rebord pour finalement m’arrêter sur celui qui parlait de Solus Prime et d’un certain temple céleste. Intriguée par le titre plutôt racoleur, je l’emportai avec moi pour aller m’assoir à une table de libre avec un cristal d’energon en guise de lampe. Il n’y avait vraiment pas grand monde dans les parages mise à part deux robots assis à des tables plus loin contre un mur et une fembot seule dans un canapé avec un datapad entre les mains. J’aimais ce silence. Il me permettait de me détendre alors que j’activais mon datapad pour découvrir une image représentative de la puissante Solus Prime avec dans ses mains, la fameuse forge.

«Grendy, il est temps d’y aller.» Chuchota une voix féminine dans l’allée derrière moi. Je me retournai pour voir un mecha noir, orange et vert sur une échelle avec une fembot bleue et verte au sol qui lui faisait signe de la rejoindre. Ils avaient tous les deux la particularité d’avoir deux optiques différentes. Une bleue et une rouge. Les grandes portières dans le dos de la fembot se dressèrent tandis que le bot la rejoignit avec deux datapads dans les mains, un sourire ravi se dessinant sur son visage marqué. Une fois partis, je retournai à ma lecture.

Je ne sais pas combien de temps j’étais restée dans la même position à lire et à m’instruire sur l’histoire de la grande Solus Prime expliquée dans les détails, mais je fini par me rendre compte que mon réservoir s’indignait du manque de carburant.

«Pas maintenant.» Je râlai à voix basse pour ne déranger personne, les dentas serrées d’exaspération.

En effet d’un simple scan de mes systèmes, je découvris que le niveau de mon réservoir était assez bas puis que mes batteries atteignaient tranquillement les quarante pourcents d’autonomie. Ce qui n’était franchement pas énorme. Je grimaçai, c’était à cause de ma mauvaise recharge. Tout le long du cycle j’étais épuisée physiquement et moralement au point de me demander si ne ferais pas mieux d’aller recharger plutôt que de faire des recherches. Me frottant le casque avec lassitude, je posai ma joue contre ma paume pour soutenir le poids de ma tête qui devenait de plus en plus lourde au fil des lignes que je parcourais. Puis tout à coup, mes ailettes dans mon dos se redressèrent subitement en état d’alerte. J’avais l’impression d’être observée … Avec insistance.

D’abord figée sur ma chaise, je me retournai avec précaution pour regarder derrière mon épaule afin de voir qui était à l’origine de mon soudain malaise. Evidemment, il n’y avait personne susceptible de remplir ce rôle. Les allées étaient complètement désertes, et le couple n’était nulle part en vue. Me raclant nerveusement le vocaliser pour le libérer de cette pression insoutenable, je passai mes optiques d’un côté à l’autre, persuadée que quelqu’un allait apparaître comme par magie. Je me sentais affreusement mal … Je n’aimais pas du tout cette sensation éprouvante. Pourtant, j’étais certaine que quelqu’un m’observait, là, entre les allées où le silence régnait dans la pénombre. Un peu comme si mon monde tournait au ralenti avec cette peur contenue à l’intérieur de mes circuits, j’attendis quelques kliks de plus dans cette position immobile en espérant que ce malaise disparaisse de lui-même pour me libérer de ce poids. J’étais angoissée, les ailettes raides dans mon dos.

«Tu deviens paranoïaque ma fille.» Chuchotai-je subitement d’une secousse ridicule de ma tête alors que je prenais le datapad sous le bras pour rejoindre la sortie.

J’étais peut-être paranoïaque, mais je n’avais plus aucune envie de rester ici un seul nano-klik de plus.

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POV Normal

Moonlight rejoignit vite la sécurité de ses quartiers au sommet de la Tour des Cieux. Durant tout le trajet, elle n’avait de cesse de se retourner pour s’assurer que personne ne la suivait. Véritable course contre sa propre ombre à travers les rues de Iacon, la fembot bleu ciel se dépêcha de gravir les étages jusqu’à se retrouver derrière la porte verrouillée des quartiers qu’elle partageait avec son Opiluk, lorsqu’il pensait à venir recharger de temps en temps. Le stress toujours présent dans chacun de ses circuits, elle activa ses évents dans l’espoir de refroidir son protoforme bouillant après avoir couru comme une dératée jusque dans la tour. Cependant elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle réagissait ainsi, car probablement que personne ne l’avait pris pour cible. Sinon, elle l’aurait d’ores et déjà remarqué, pas vrai ?

Elle s’installa calmement à son bureau dans sa chambre avec un cube d’energon pour remplir son réservoir pratiquement vide et le fameux datapad des archives. Elle espérait sincèrement que le mecha gardien n’allait pas lui en vouloir d’être partie en embarquant son précieux datapad … Elle n’avait aucune envie de s’attirer des ennuis. Dorénavant sur sa chaise face à son bureau contre le mur, Moonlight dégusta son cube au fur et à mesure qu’elle avançait dans sa lecture passionnée. En effet, les écrits parlaient d’un temple Céleste qui aurait été bâti après la Grande Guerre pour préserver les artéfacts des Treize Primes de la cupidité. Mais les coordonnées de ce temple n’avaient jamais été découvertes, ce qui laissa Moonlight supposer que ce n’était pas le même sanctuaire que celui se trouvant sous la capitale. Peut-être y en avait-il plusieurs dispersés un peu partout sur la planète ? Pour minimiser les risques qu’une âme malintentionnée ne mette la main sur chaque artéfact ? En tout cas, sa lecture lui permettait de découvrir une nouvelle facette de cette histoire jusque-là réduite au silence.

Volontairement ? Il se pourrait bien.

Les groons passaient, et Moonlight sentit ses optiques devenir de plus en plus lourdes. Luttant désespérément pour garder le contrôle sur ses batteries, la fembot finit par s’affaler sur son bureau avec les mains à plat sur le datapad lumineux. À côté d’elle, son cube à moitié entamé faisait office de veilleuse car la luminosité baissait naturellement avec la disparition des soleils. Son CPU ordonnant à ses membres de ne plus coopérer, Moonlight entama donc la recharge qui la réclamait depuis bien trop longtemps maintenant pour continuer à résister. La fatigue avait finalement eu raison d’elle. Il ne lui fallut que quelques kliks à peine pour se retrouver plongée dans le monde des rêves, dans un endroit qui lui était totalement étranger pour une fois.

«Bonjour ?» Se manifesta-t-elle au milieu d’un couloir vide.

Comme d’habitude lorsqu’elle arrivait dans ces endroits coincés entre le rêve et la réalité, il n’y avait aucun son. À la seule différence que cette fois-ci, elle pouvait s’entendre parler tout comme percevoir les vibrations tout autour d’elle. Perdue au milieu de ce large couloir lumineux, la fembot regarda de gauche à droite pour tenter de trouver une issue qui la conduirait loin d’ici. Encore fallait-il qu’il y ait bien une sortie quelque part … Car la plupart du temps, elle était coincée dans une boucle infinie sans avoir la possibilité d’en sortir sans une aide externe. Ou dans le meilleur des cas, avec la sortie automatique de stase après avoir récupéré un certain pourcentage pour lui permettre de retrouver l’autonomie. Mais avec le peu d’énergie qui lui restait avant de sombrer dans l’inconscience, Moonlight doutait qu’elle puisse utiliser ce moyen les prochains breems.

«Moonlight ?» Appela une voix derrière elle qui lui prodigua un intense sentiment de bonheur.

«Bumblebee ? C’est bien toi ?» Sous le choc de voir que son meilleur ami se tenait bel et bien dans le couloir avec elle, Moonlight senti des larmes de joie remplir ses optiques bleues alors qu’elle trébuchait à ses pedes pour le rejoindre.

«Mais, qu’est-ce que tu fais ici ?» Interrogea-t-elle d’une voix tremblante par l’émotion. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait plus entendue sa voix … Qu’elle ne l’avait plus vu aussi vivant, tout simplement. D’une main posée sur sa bouche pour cacher sa surprise, elle tendit l’autre bras pour toucher son châssis jaune et noir du bout des doigts. Il était solide.

«C’est à toi de me le dire.» Confusément, Bumblebee haussa les épaules alors que Moonlight baissait les optiques de tristesse.

«Tu me manques terriblement, si tu savais … La vie n’est plus la même sans toi. Je me sens si seule … J’aimerais pouvoir revivre certains souvenirs pour ne plus ressentir cette solitude, ce sentiment de vide dans mon Spark. Avoir le pouvoir de remonter le temps pour t’empêcher de prendre cette décision. Je veux que tu saches que je suis désolée. Pour tout. Et que jamais je ne t’abandonnerai.» Moonlight hoqueta à ces retrouvailles poignantes, même si ce n’était qu’une autre illusion de son esprit traumatisé. Les optiques larmoyantes, elle regarda le scout qui n’avait pas changé.

«Je sais. Ce n’était pas de ta faute. Il n’y a qu’un seul vrai coupable dans l’histoire.» Lui offrant un sourire attendri, le mecha jaune et noir tendit sa main pour essuyer les résidus d’energon sur les joues grises de Moonlight. Au contact de ses pouces sur ses joues, la fembot ferma les optiques.

«Quand est-ce que tu reviendras ?» Lui demanda-t-elle dans un chuchotement débordant d’espoir. Elle rouvrit les optiques pour rencontrer son regard désolé mais tandis qu’il était sur le point de lui répondre, son expression changea radicalement.

Il était effrayé.

«Il arrive.» Murmura-t-il avant de prendre la main de Moonlight pour la tirer avec lui dans le couloir derrière lui. Leurs pas précipités ricochant contre les murs, un détail que la fembot remarqua, elle essaya de le faire ralentir pour pouvoir lui demander ce qui n’allait pas aussi soudainement.

Mais les deux bots tournèrent à l’angle pour se retrouver dans un autre couloir cette fois-ci beaucoup plus spacieux avec une alcôve permettant de stocker des caisses sur une structure métallique. Tout à coup, Moonlight se retrouva projetée dans un souvenir d’enfance où Bumblebee s’était retrouvé blessé après qu’elle avait eu la brillante idée de grimper. Était-ce même son CPU qui contrôlait son rêve ? Elle commençait sérieusement à douter alors que les deux s’arrêtèrent brusquement à côté de cette alcôve plongée dans l’obscurité d’où s’échappait de la fumée blanche. L’arrêt brutal du scout la fit entrer en contact avec son flanc gauche mais le mecha ne perdit pas un seul instant pour la placer face à lui en lui tenant fermement les épaules. Il s’abaissa pour plonger ses optiques rondes apeurées dans les siennes reflétant du désarroi.

«Il ne faut pas faire de bruit. Sinon il va nous repérer.» Murmura le scout d’une touche d’impatience dans sa voix.

«Mais qui il ?! Bee, de quoi tu parles ! Qui ?» Déroutée par le comportement énigmatique de son ami, Moonlight attrapa son bras lorsqu’il l’ignora puis qu’il regarda frénétiquement derrière lui.

«Je ne comprends rien-» S’agaça-t-elle, mais le mecha colla rapidement sa main sur sa bouche.

«Shhhh ! Il va t’entendre !» S’empressa-t-il de lui dire avant de l’obliger à se baisser pour passer sous la structure métallique derrière l’épaisse fumée qui sortait des tuyaux pour couvrir les caisses, un parfait camouflage selon Bee.

Sur le point de sommer des explications, Moonlight se tût instantanément lorsqu’elle ressentit de grosses vibrations traverser son corps. C’était gros, c’était lourd. Quelque chose approchait. L’angoisse et le suspense étant à leur apogée, les deux bots se tapirent dans l’ombre de l’alcôve, les optiques écarquillées aux bruits de pas qui se faisaient de plus en plus forts dans le couloir. Pour être sûr que la fembot ne fasse absolument aucun bruit, le jeune scout positionna ses quatre doigts sur sa bouche. La lumière grésillait au-dessus d’eux, le couloir s’assombrissait … L’attente était insoutenable. Ils étaient pétrifiés par la peur, cependant les bruits de pas finirent par s’éloigner avant de devenir lointain puis finalement inexistants. La lumière des néons arrêta de clignoter tandis que l’atmosphère pesante redevint à peu près stable, assez pour permettre aux deux robots de ressentir du soulagement. Bumblebee ne perdit pas un seul instant pour sortir de sa cachette avec Moonlight mais non sans s’assurer qu’ils étaient bien seuls.

«Ecoute moi, c’est très important. Ne te retourne pas. Je veux que tu fonces ! Mais ne te retourne pas, sous aucun prétexte !» Affolé, le scout secoua les épaules de la fembot afin qu’elle l’écoute attentivement.

«Ne pas me retourner … Mais et toi ? Qu’est-ce que tu vas faire ?» S’inquiéta-t-elle tout en attrapant les avant-bras de Bee dans une poigne serrée, la peur de le voir disparaître.

«Faire ce que j’ai toujours fait. Assurer tes arrières.» Indiqua-t-il d’un petit sourire ému. Poussant Moonlight vers la porte ouverte du couloir pour qu’elle ne puisse pas répliquer, il répéta juste avant qu’elle ne franchisse la lumière aveuglante ; «surtout ne te retourne pas !»

La fembot trébucha sans pouvoir crier pour Bumblebee.

Moonlight sursauta violemment sur sa chaise à son bureau, les optiques larges de choc. Elle était de retour dans ses quartiers privés en haut de la Tour des Cieux avec le Spark pulsant la chamade. À droite de sa vision, le sigle réservoir vide clignotait pour lui indiquer qu’il approchait dangereusement des vingt pourcents. Encore embrouillée par son drôle de rêve, elle leva sa main droite pour toucher son casque mais elle remarqua grâce à ce geste que son cube d’energon était rempli … Les crêtes optiques se fronçant de confusion, elle sentit qu’il y avait de l’humidité sur ses joues et au contact de ses doigts elle comprit qu’elle avait pleuré durant sa période de recharge. En même temps, elle avait eu l’occasion de parler à Bumblebee dans son rêve … Chose pas anodine quand cela faisait une éternité qu’elle ne lui avait plus adressé la parole. Mais ce rêve lui paraissait si réel … Si douloureusement réel.

Soudain, Moonlight se raidit sur sa chaise car elle venait d’entendre un bruissement derrière elle à la porte de sa chambre. Tous ses sens désormais en alerte, elle attrapa le rebord du bureau dans une poigne ferme tandis qu’elle écoutait ces étranges bruits. La lumière vive du datapad éclairait l’expression horrifiée de Moonlight qui n’osait pas se retourner … Par peur d’y trouver quelque chose ou quelqu’un. Elle n’était plus seule, cette constatation libéra un vent de panique qu’elle tentait en vain de maitriser. Sentant son Spark pulser au point où elle se demandait s’il n’allait pas sortir de son châssis, elle essaya de ne faire aucun bruit alors que les bruissements se poursuivaient. Finalement après quelques hésitations, elle se retourna lentement pour voir qu’effectivement quelque chose était au pas de sa porte. Il y avait une ombre. Cette ombre bougeait, cherchait un moyen de déverrouiller la porte.

«Tu es entrain de délirer à cause de la fatigue.» Se rassura Moonlight tout en fermant hermétiquement les optiques. Elle serrait tellement son bureau qu’elle pensait pouvoir déformer le métal, ses doigts creusant sa surface au point d’entendre un petit craquement de ses écrous.

«C’est n’importe quoi …» Chuchota-t-elle encore dans l’espoir d’effacer son hallucination qui se jouait clairement d’elle. Son CPU était malade, il n’avait pas encore totalement retrouvé ses fonctions à cause des décharges à répétitions. C’était ce que Ratchet s’évertuait à lui dire à longueur de temps pour qu’elle comprenne qu’elle avait besoin d’aide et de soutien …

Et pourtant, elle continuait à traverser cette épreuve seule.

La peur rapidement remplacée par l’énervement accompagné par un sentiment d’impuissance, la fembot se leva d’un bond de sa chaise puis fit face à la porte argentée pour plisser les optiques à cette ombre sur le sol. Elle avait appris à faire face à ses plus grandes frayeurs, elle avait appris à se débrouiller toute seule pour survivre. Des situations périlleuses, elle en avait connu un paquet chez les Decepticons donc ce n’était pas un mauvais tour de son CPU très imaginatif à cause de son rêve récent qui allait lui faire peur. Ayant retrouvé courage néanmoins sur ses gardes, Moonlight s’approcha prudemment de la porte pour tendre la main sur le verrou à sa gauche. Ses doigts tremblants effleurant la surface verte de la console de commande, elle garda ses optiques rivées sur l’ombre qui cessa tout mouvement dès lors que la porte glissa à l’intérieur du mur.

Moonlight laissa sortir un petit cri de stupeur à la chose qui se trouvait sur le sol à ses pedes. D’abord confuse, elle reconnu immédiatement l’innocent petit Predacon qu’elle avait affectueusement renommé Jinx. Ses longs appendices faisant office d’audios pendaient sur le côté alors que la petite créature aux optiques vertes penchait la tête pour regarder la fembot perplexe. Il laissa sortir un petit sifflement de curiosité lorsqu’elle cligna des optiques puis qu’elle se pencha vers lui avec un grand sourire rapidement suivit par un rire nerveux. Moonlight attrapa le minicon sous les pattes pour le soulever contre son châssis pendant qu’elle plaçait son visage contre sa tête pour le saluer, ses doigts grattant les plaques de métal à son ventre. Sa réaction ne se fit pas attendre. Jinx ronronna de bonheur tout en se tortillant pour donner un maximum de surface à la fembot qui était vraisemblablement rassurée de le voir.

«Tu es ridicule !» Soupira Moonlight tout en levant les optiques au plafond pour avoir autant dramatisé alors que ce n’était rien. Comment avait-elle fait pour oublier le petit Jinx ? La pauvre créature devait se sentir abandonnée … Ici toute seule.

«Je suis aussi ravie de te voir mon ami.» Souriante au petit Predacon qui ne cessait de réclamer des câlins, la fembot se dirigea vers le grand salon pour constater que la fenêtre dans la baie vitrée était ouverte. S’arrêtant net dans ses pas, elle fronça les crêtes optiques avant de visualiser l’intégralité de la pièce. Cependant le salon n’avait pas bougé, tout était toujours en place comme elle l’avait laissé. D’ailleurs, qui grimperait tous ces étages pour passer par une fenêtre trop petite même pour elle ?

«Ça n’a aucun sens. Je délire complètement ! Il faut que je me fasse soigner.» Grogna-t-elle d’agacement en empêchant Jinx d’atteindre son visage avec son museau pour le déposer à nouveau au sol afin de pouvoir fermer cette maudite fenêtre qui lui donnait des frissons.

Regardant un instant en contre-bas à la ville en pleine activité, elle redressa ses optiques vers le ciel de plus en plus obscurci par la tempête qui approchait, ressentant une petite traction douloureuse derrière son optique droite. Maudissant tranquillement pour cette optique défectueuse qui se réveillait de temps en temps pour l’embêter, elle attrapa la poignée de la fenêtre puis la claqua fermement dans un bruit sourd. L’energon ne fit qu’un tour dans ses câbles. Son reflet dans la vitre avait deux optiques rouges qui la fixaient intensément. Impossible. Ce n’était pas elle … Pétrifiée sur place à ce reflet qui n’était pas le sien, le Spark de Moonlight s’emballa violemment dans son châssis tandis que ses lèvres se pinçaient pour retenir le cri qui menaçait de sortir de son vocaliser. De toute façon elle n’en était pas capable tant l’effroi la contrôlait.

Jusqu’à ce que la Moonlight dans le reflet n’esquisse un vil sourire.

La fembot hurla puis trébucha en arrière dans la table basse du salon, brisant la vitre en son centre dans le processus. Affalée sur le dos et écrasant ses ailettes, elle se dépêcha de se redresser pour se trainer en arrière dans la précipitation pour atteindre la porte de ses quartiers sans jamais décrocher ses optiques terrifiées de la baie vitrée. Elle voulait hurler, s’éloigner le plus vite possible de cette chose qui l’avait regardée à travers une vitre. Sur le sol proche de sa chambre, le petit Predacon l’observait avec grande confusion. C’était dans la panique qu’elle sortit en trombe dans le couloir pour échapper à cette vision de l’horreur qu’était son propre reflet, ne se retournant jamais pour regarder derrière elle.

À l’extérieur, le ciel se déchira puis une pluie d’acide se mit à tomber sur la ville.

À suivre …

L’OC Grendy appartient à MarivaPrime, tout comme la fembot qui l’accompagnait (Mariva).

L’OC Whistel appartient à TFomegastar

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