Notre amour écarlate

Chapitre 2 : Chloé

5371 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/05/2017 02:43

 

En l'espace d'un seul minuscule instant, qui pourtant paraissait durer des heures, même une éternité, un monde entier s'était brisé pour la demoiselle cachée juste derrière. Jamais en venant ici comme prévu à la base avec sa grande-sœur, elle ne se serait attendue à voir une chose pareille. Stuart, son amour secret, en train d'embrasser Marie-Luise. Le pire dans tout cela, c'est que sa jumelle, la personne en qui elle avait le plus confiance en ce monde, ne démontrait aucun signe de lutte, ou même ne tentait simplement de le repousser. Après tout, elle était parfaitement consciente de tout cet amour qu'elle ressentait pour cet homme, alors pourquoi... ? Pourquoi ce baiser s'éternisait autant, et pourquoi ces larmes refusaient-elles de s'arrêter de couler de son visage ?!

Bien sûr qu'aucune intention de trahison n'émanait de ce geste auquel Marie-Luise répondait tendrement. La jumelle se sentait horriblement mal de sentir les lèvres de l'homme dont sa sœur était follement amoureuse, mais ce contact que son coeur avait si longtemps espéré lui paraissait trop beau pour qu'elle n'en profite pas, ne serait-ce qu'un instant. Durant l'embrassade, elle avait même pu sentir son partenaire de baiser poser ses mains sur ses épaules, comme pour l'empêcher de partir. Mais elle ne comptait de toute façon pas s'en aller, elle appréciait trop cet instant pour oser faire une chose pareille. Suite à cela, Stuart brisa ce doux contact entre eux pour la regarder avec ce même sourire qu'il avait avant de l'embrasser. A travers ses yeux, son message était plus que clair et puis de toute façon, son geste était parlant.

  • Qu’est-ce qui t’a pris au juste… ? Demanda timidement Marie-Luise, encore sous le choc de ce baiser. C’était comme qui dirait, assez soudain comme geste de ta part. Je t’avoue avoir été assez surprise.
  • Tu m’as proposé de sortir avec ta sœur, et voici donc ma réponse. Avoua sans aucun doute dans ses mots, Stuart à son interlocutrice, qui manifesta son grand choc et montrait désormais que son coeur battait plus vite que jamais. Le jeune homme à la suite de cela, emprunta un regard bien plus sérieux, avant de reprendre. Marie-Luise, je suis terriblement navré de te l’apprendre, mais depuis toujours ce n’est pas de ta sœur dont je suis tombé amoureux. C’est de toi, et ce depuis une éternité… Je ne peux pas sortir avec ta sœur. C’est impossible pour moi d’être en couple avec une personne que je n’aime pas, ça serait mensonger et malhonnête.
  • Tu… Es amoureux de moi depuis tout ce temps ? Pourtant durant tout ce temps tu ne m’as jamais montré le moindre signe d’amour.
  • De la même manière que toi j’ai envie de dire. Répondit presque immédiatement le garçon en récupérant son sourire plein de confiance, envoyant même un clin d’œil à la demoiselle. N’essaie pas de me mentir, Marie-Luise. Si mon amour pour toi n’était pas réciproque, tu aurais tout de suite cherché à me repousser. Surtout que vu ce que tu me dis, tu étais en mission pour faire en sorte que je sorte avec ta petite-sœur.

 

N’ayant certainement aucun doute de la force ainsi que de l’impact de ses mots sur le coeur de la demoiselle, Stuart au simple moyen de son intelligence et de sa perspicacité, était parvenu à percer le plus gros secret de Marie-Luise. En face de cette personne si importante à ses yeux, sans doute plus encore qu’aux yeux de sa petite-sœur, la demoiselle n’avait plus la force de faire semblant une seconde de plus. Cacher cette vérité dans son coeur était beaucoup trop dur, encore plus qu’elle ne l’aurait pensé en venant ici à la rencontre de ce garçon. Lui et seulement lui était parvenu à voir en elle de cette manière, alors qu’elle s’efforçait de tout garder caché. Chaque jour, ce secret concernant ses sentiments à son égard la détruisait progressivement. Elle aurait tellement aimé pouvoir lui avouer, sauter sur l’occasion telle une vraie lionne et avoir sa chance. Mais elle devait se contenir, pour sa petite-sœur, pour qu’elle puisse savourer un instant de bonheur avec ce garçon si chère à son coeur.

Cependant, cette barrière désormais brisée à tout jamais, Marie-Luise n’était plus en mesure de retenir ses émotions si fortes. Cédant à l’appel de sa peine, de cette souffrance tellement violente, elle commença à pleurer à chaudes larmes. Elle, la grande-sœur en apparence si forte. Qui devait veiller sur sa cadette en toute circonstances et qui donc, se devait de montrer le moins de ses défauts et de ses failles, était en train de tout montrer sans retenue. Aujourd’hui, elle n’était plus l’aînée de la famille. Seulement une fille amoureuse comme tant d’autres, qui avait dû se faire souffrance, dans le but de pouvoir offrir un avenir radieux à sa chère sœur. En voyant toute ces larmes couler de ses yeux avec une telle abondance, Stuart su instinctivement ce qu’il devait faire pour elle. Il ne tarda pas. Venant vers elle pour simplement la prendre dans ses bras affectueusement, passant sa main dans son dos pour la rassurer. Désormais, quelqu’un était en mesure de comprendre ses sentiments de la calmer, d’apaiser les maux de son coeur. Mais elle s’en voulait tellement, de voler l’homme dont sa sœur était tombée amoureuse aussi tôt dans son existence.

  • Je voulais garder tout cela pour moi et emporter mon amour pour toi dans ma tombe. Pourquoi est-ce que tu as finis par découvrir la vérité, pourquoi ?! C’était à ma sœur Chloé de t’avoir pour elle toute seule. Cela ne devait pas se passer comme ça, alors pourquoi ?! Pourquoi est-ce que ça s’est passé comme ça ?! Demanda la demoiselle en se blottissant dans les bras de cet homme pour qui son coeur battait tellement fort. 
  • Marie-Luise. Tu es une bonne sœur pour Chloé, tu n’as aucun doute à avoir là-dessus. Si quelqu’un ici est à blâmé, cela ne peut être que moi et personne d’autre. Pour ta sœur, tu es venue me voir pour m’exposer les choses en me demandant de sortir avec elle alors que tu m’aimes aussi. Tu as choisis de sacrifier tes sentiments pour moi, juste pour elle. Il existe très peu de personne en ce monde capable de faire une chose pareille. C’est justement pour tout ce courage que tu montres chaque jour que je suis tombé amoureux de toi, pour cette force que tu possèdes.

 

Stuart avait toujours possédé cette magie secrète, celle de pouvoir décoder n’importe quel langage, d’être capable de lire dans le coeur de chaque personne pour en voir toutes les qualités ainsi que tous les défauts. Ce jeune homme était un maître dans l’art de l’identification, surtout lorsque cette personne lui avait tapé dans l’œil, comme Marie-Luise. Ses mots étaient tous plus sincères les uns que les autres, ce qui ne manqua pas de toucher la demoiselle en plein coeur. Le jeune homme n’était pas le seul à ressentir ce genre de chose, elle aussi éprouvait un amour sans pareil à son égard. Sa voix, ses mots étaient comme un baume apaisant pour la douleur qu’elle ressentait. C’était tellement doux.

Comment elle avait pu supporter de vivre si longtemps loin de là, loin de ses bras ? Elle se posait la question, tandis qu’à l’aide de seulement deux doigts, Stuart redressa le menton de son amie pour lui permettre de le regarder. Désormais, leur regard échangeaient l’un à l’autre, un amour sans pareil, ainsi qu’une envie de goûter aux lèvres de l’autre une nouvelle fois. Désir qu’ils ne manquèrent pas d’assouvir dans l’instant, dans une infinie douceur. Cette fois, Marie-Luise n’était pas du tout surprise par ce geste, l’avait même espéré. Elle voulait l’embrasser, encore et encore, toujours ressentir cette force dans son coeur la poussant à le faire. Elle aurait très certainement dû avoir une pensée pour sa petite-sœur, mais rien. En son coeur, seul subsistait encore ses sentiments pour cet homme, cette tendresse et son envie d’être toujours à ses côtés quoi qu’il arrive. Marie-Luise était follement amoureuse de Stuart, l’amour secret de Chloé.

Tout. Chaque mot, chaque phrase que s’étaient échangés Stuart ainsi que sa sœur étaient parvenus jusqu’à ses oreilles. Chloé était toujours cachée derrière son mur, écoutant attentivement cette discussion, qui la détruisait de plus en plus au fur et à mesure qu’elle avançait. Seulement, lorsque son amour posa à nouveau ses lèvres sur celles de sa jumelle et que celle-ci les avait accueillies avec plaisir, ce fut l’élément de trop. Elle avait fais tellement d’effort pour le séduire, pour qu’il l’aime une fois pour toute et qu’il ne voit qu’elle. Et sa sœur, Marie-Luise lui avait volé sans le moindre petit scrupule, se jetant dans ses bras comme une garce. Sa tristesse et sa souffrance laissèrent progressivement place à une rage et une haine plus que profondes. Ne pouvant supportant d’avantage ce spectacle qui s’offrait à elle, Chloé profita de leur baiser pour rebrousser chemin en passant par la porte ouverte qu’elle n’avait pas refermé par mesure de simple précaution. Comme ce matin avec sa grande-sœur, Chloé était en train de s’enfuir, de fuir la personne de Marie-Luise.

Tellement doux, qu’elle aurait souhaité que ce baiser ne s’arrête jamais et dure une éternité. Cependant, en sentant les lèvres de Stuart commencer à se détacher des siennes, Marie-Luise copia son geste avec la même douceur et la même lenteur pour conserver un maximum l’extase de ce contact avec lui. Elle sentait désormais son regard se poser sur elle avec ce même sourire de toujours. Il était tellement doux, tellement attentionné avec elle et si gentil. La jumelle ne pouvait que fondre en sa présence, et ce, même si son sentiment de culpabilité était toujours présent en elle. Mais Stuart était capable de lui faire oublier ces petits détails pour qu’elle puisse se concentrer sur l’essentiel. Dans son esprit, il n’y avait plus que lui. Lui, et personne d’autre. Pourtant, l’aînée devait bien admettre que quelque chose la dérangeait. Affichant sur l’ensemble de son visage la réalité de son coeur, Stuart l’invita à venir se blottir dans ses bras pour qu’elle tente de se détendre un peu. Il sentait bien que quelque chose n’allait pas.

  • Maintenant qu’on s’est embrassés… Ça veut dire qu’on est ensemble… ? Demanda la demoiselle en craignant plus que tout sa réponse, tout en attendant cela comme une dingue et voulant une réponse autant positive que négative.
  • Euh… C’est vrai que je ne me suis pas vraiment posé la question. Tout s’est passé tellement vite et si naturellement. Répondit simplement le jeune homme en manifestant sa surprise qu’elle en vienne à ce sujet, souriant en fermant les yeux, avant de les ré-ouvrir pour la questionner, légèrement anxieux. Toi, est-ce que tu me veux comme petit-ami ? Je ne compte pas te forcer à sortir avec moi si tu n’en as pas envie, Marie-Luise. Sache cependant que la seule personne avec qui je veux être, c’est bien toi. Parce que je t’aime de manière sincère.
  • Moi aussi je t’aime, Stuart… Avait répondu la demoiselle en sentant son coeur fondre simplement d’amour aux mots de cet homme qui était devenu à l’instant son nouveau compagnon de vie pour une période totalement indéterminée. Avant que son moral ne redescende de nouveau à cause de ses nombreuses interrogations quant à leur relation et l'impact que cela aura sur Chloé. Je suis seulement inquiète vis-à-vis de Chloé, qui sait ce qu’elle serait capable de faire une fois qu’elle aura appris la nouvelle à propos de notre relation à toi et moi…
  • Ta sœur n’est pas un danger public que je sache. Ça m’a l’air d’être une personne tout à fait normale et gentille. Alors tu ne devrais pas t’en faire autant que ça pour elle… Je suis sûr qu’elle comprendra parfaitement la situation et que c'est moi qui t'ai proposé de sortir avec moi, et non l'inverse.
  • Ma sœur est une gentille fille, oui. Seulement ce matin… Elle s’est comportée de manière vraiment bizarre. Je ne t’ai rien dis pour ne pas t’inquiéter, et aussi parce que je n’en avais pas envie. Mais je me suis fait agressé par un mec… Il a placé un couteau sous ma gorge pour me menacer et ma sœur m’a sauvé en le faisant fuir.
  • Il n’y a rien d’anormal à cela… Ta sœur en te voyant te faire menacer a voulu te venir en aide. J’aurais fais exactement la même pour toi, ou pour toute autre personne à qui je tiens..
  • Tu ne comprends pas, Stuart… Une personne normale se serait contentée de mettre l’agresseur hors d’état de nuire une bonne fois pour toute et serait ensuite partie. Mais Chloé… Elle avait vraiment l’intention de le faire souffrir, comme si c’était… Satisfaisant pour elle.

 

Si déchirant, si poignant, si perturbant. Chloé avait été confrontée à son pire cauchemar en l’espace de quelques petites secondes seulement. Elle ne parvenait pas à se retirer cette image de l’esprit, de sa sœur en train d’embrasser son beau prince charmant. Celui pour qui son coeur s’était amouraché depuis toutes ces années. La cadette pourtant se sentait vraiment prête à lui avouer tout son amour. Sans même qu’elle n’ai la chance de se jeter à l’eau, sans même qu’elle ne puisse lui avouer ses sentiments, il lui avait répondu qu’il n’était pas intéressé et qu’il désirait sa sœur, Marie-Luise. Ce matin, cette agression, cet homme préférait également le physique de son aînée au sien. Cela lui apparaissait à présent comme un signe, une prévention en vue de ce qui allait se passer dans la journée. Chloé se surprit même à penser que jamais elle n’aurait dû venir en aide à sa sœur. Elle aurait simplement dû la laisser se faire emporter par cette erreur de la nature, se laisser violer pour que jamais elle ne puisse lui voler son amour. Chloé se sentait trahie, humiliée par cette personne si chère à son coeur.

Marchant dans les couloirs de l’école encore à l’étage, la demoiselle ne percevait plus rien du monde tout autour d’elle. Cette dimension spatiale n’était rien d’autre que la matérialisation de son cauchemar, de son Enfer personnel. Ce baiser s’était bien produit, dans sa propre réalité, avec sa propre sœur. Elle n’arrivait pas à l’accepter une seule seconde. Elle ne voulait pas y croire, mais pourtant, ces larmes coulant de son visage étaient bien réelles et le symptôme de sa peine d’avoir assisté à tout cela. Après tous les efforts qu'elle avait fais pour se maquiller, cela n'avait aucune importance, vu la façon qu'avait son maquillage de l'abandonner de la même façon que sa soeur bien aimée. Tandis que personne ne semblait remarquer sa grande tristesse, ou plutôt ne voulaient rien voir eux aussi, Chloé percuta un camarade de lycée pour se retourna à son passage. La demoiselle ne l’avait pas remarqué, même au moment de l’impact. Mais lui, avait bien senti le coup et manifestait alors son mécontentement légitime en se retournant vers elle pour la regarder.

  • Tu pourrais au moins t’excuser, gamine. Affirma le garçon en attendant que son interlocutrice ne réagisse. Toute fois, Chloé ne montrait aucune signe d’attention et continuait sa marche, ce qui irrita le jeune homme et l’incita à poser sa main sur son épaule pour l’arrêter dans sa marche afin qu’elle lui parle. Eh, la p’tite blonde, j’suis en train de t’adresser la parole… Tu pourrais au moins répon…
  • C’est quoi ton problème, pauvre tache ?! Demanda fermement la demoiselle en manifestant toute sa haine et sa rage, en se tournant simplement vers le garçon pour lui saisir le visage afin de l’encastrer dans le mur de l’école. Elle-même au cours de son geste, n’avait même pas réalisé la force de sa poigne. Tu veux que je te refasse le portrait peut-être ?!
  • Je… Je voulais juste… Murmura difficilement le garçon, la mâchoire fermement bloquée par la poigne si puissante de son agresseuse.
  • Hm… Tu essaies de parler peut-être ? Excuse-moi, je ne comprends rien à ce que tu racontes. Peut-être est-ce à cause de moi ? Toutes mes excuses dans ce cas. Déclara simplement la cadette en souriant comme une hystérique. Lançant par la suite son pied jusque dans l’entre-jambe du garçon, pour le faire s’écrouler par terre en se tenant fermement les parties intimes. Elle se tourna ensuite vers l’assemblée qui était venue assister au spectacle, médusée d’une telle cruauté et leur adressa à leur tour, son regard plein de haine. Vous aussi vous avez un problème peut-être ? Si c’est le cas, chacun pourra passer à son tour pour se faire massacrer, ça me défoulera un peu !

 

Choqués par le comportement plus que violent de la demoiselle, tous les élèves présent dans le couloir retournèrent à leur occupation en faisant comme si de rien n’était. Face à cette réaction de lâcheté, lui rappelant une fois de plus celle de sa grande-sœur, Chloé grinça des dents avant de commencer à courir à travers l’établissement afin de le quitter le plus vite possible. Elle ne pouvait pas rester ici une seconde de plus, à proximité de celle qui l’avait trahi si injustement. Elle sentait qu’en s’exposant ainsi, tous les innocents de ce lieu allaient en payer le prix fort. Ils n’avaient rien fais, ils était tous venus dans l’unique but d’apprendre, comme elle, comme tout étudiant. Elle n’avait simplement pas le droit de leur faire payer pour les crimes de sa famille. Arrivant finalement dans la cour de l’école, Chloé continuait de courir, encore et encore. Elle ne devait jamais s’arrêter, que personne ne puisse la rattraper. Même si la demoiselle était loin d’être une sportive, tout les muscles de son corps la supportaient pour lui donner une force sur-humaine. Ces deux monstres ne devaient pas la voir en train de partir, ou ils tenteraient de l’en empêcher. Chloé avait peur, elle mourrait de trouille à l’idée de se retrouver face à eux une nouvelle fois et de ne pas pouvoir se contrôler. La jeune femme n’était pas dupe. Elle avait bien remarqué que quelque chose clochait dans son comportement, dans sa manière de réagir aux événements déplaisant. Cette envie de violence débordante de son être, toute cette envie de souffrance. Elle-même en la ressentant se dégoûtait plus que tout. Marie-Luise ce matin avait eu raison, ce n’était plus elle dans ces moments-là. Un genre de démon prenait le contrôle de sa conscience. Une chose sur quoi elle n’avait aucune emprise.

Finalement dépassant la grille de l’école pour s’offrir une nouvelle liberté, Chloé était bien consciente qu’en séchant les cours ainsi, elle aurait de gros ennuis. Mais elle préférait largement avoir des problèmes avec le système éducatif plutôt qu’avec la police. Elle sentait que sa fureur était à son paroxysme aujourd’hui, qu’en lui donnant une telle occasion, elle aurait été capable de tuer quelqu’un sans le moindre remord. Il fallait vraiment qu’elle parvienne à se calmer le plus vite possible. Mais pour l’heure, il était impossible pour elle d’apaiser ce démon en train de se réveiller, cette rage dans son coeur qui ne demandait qu’à exploser dans un fracas assourdissant.

  • Pourquoi ?!!!! Pourquoi est-ce que tu m’as volé l’homme que j’aime ?! Hurlait Chloé sans personne autour pour pouvoir l’entendre, laissant bien plus de colère que de larmes s’échapper de son être.

 

Plus tard dans la journée, Chloé semblait en apparence bien plus calme. Sa respiration était moins rapide, plus lente et régulière et ses pas se faisaient plus normaux. Elle avait même réussi à mettre ses mains dans ses poches, signe de son apaisement progressif. Maintenant, elle était loin du lycée. Elle ne pouvait même plus l’apercevoir de l’endroit où elle se trouvait. Ce fameux parc naturel qui lui rappelait tellement de souvenirs à chaque fois qu’elle y mettait les pieds. Chloé depuis toute petite, adorait venir se perdre en ces lieux. C’était un peu comme son domaine personnel, un lieu intime rien que pour elle. Même si des familles très souvent venaient promener leurs enfants, comme c’était le cas avec elle, en venant ici, la demoiselle se sentait seule, tranquille et calme. Au milieu du pont traversant le petit cours d’eau, la jeune fille laissait son esprit voyager au gré de ses envies. L’heure de la reprise était largement passée, et son absence serait remarquée par tout le monde. D’ailleurs, son téléphone portable dans son sac commença à faire entendre sa lourde et insupportable complainte. Irritée par cette sonnerie, Chloé s’empara toute fois de son alliée numérique et zieuta le nom affiché sur le cadran. Marie-Luise. Bien sur, elle avait dû être la première à comprendre les raisons de sa « fugue » et se sentait certainement coupable désormais. Un petit sourire de satisfaction naquit sur ses lèvres, tandis qu’elle rangeait son téléphone dans sa poche sans accorder plus d’attention à cet appel dans le vide. Qu’elle s’inquiète pour elle, que sa culpabilité la dévore de l’intérieur, jusqu’à ce qu’elle se transforme en la chose qui lui ressemble vraiment.

Mais ce n’était pas le moment de se laisser emporter par sa haine. Alors que Chloé avait choisis ce lieu pour une raison bien précise, elle se permit de reprendre son escapade mentale. C’était tellement tranquille, ce petit courant juste sous ses pieds à quelques centimètres. Le bruit que produisait les mini-vagues était plus qu’apaisant. Mais au-delà de tout ça, si la demoiselle avait voulu venir ici, c’était pour autre chose. C’est ici, alors qu’elle était encore toute petite, que le beau Stuart était venu à sa rescousse alors qu’elle était tombée dans l’eau glacée. Bien sûr à cette époque, Chloé était déjà follement amoureuse de ce garçon, mais ce geste de sa part avait renforcé encore plus ses sentiments à son égard. Il était tellement gentil, tellement attentionné. La petite fille qu’elle était à l’époque était non seulement tombée dans l’eau, mais en plus ses genoux étaient en sang à cause d’une vilaine roche sur laquelle elle avait chuté maladroitement. La douleur était si vive, qu’elle s’en souvenait encore. Mais en l’espace d’un instant, Stuart avait réussi à faire partir toute cette souffrance, en déposant un baiser sur les plaies pour ensuite la regarder avec le plus beau des sourires, tel un prince charmant en devenir.

  • Voilà, comme ça tu n’auras plus jamais mal aux genoux. Ça va mieux, Chloé ? Demanda si gentiment Stuart, encore petit garçon.

 

Jamais Chloé ne serait capable d’oublier ce jour si particulier pour elle. Il serait à tout jamais gravé dans son coeur. Elle s’était sentie tellement abasourdie par la présence de ce garçon qu’elle n’avait rien pu répondre. Tout ce qu’elle avait été capable de faire, c’est d’attraper la main tendue par Stuart pour l’aider à se relever. Par la suite, elle s’était retrouvée dans ses bras chaud et sécurisant. Elle sentait qu’avec ce garçon, aucune épreuve dans ce monde et au cours de son existence ne serait trop dure pour être affrontée. Tout ce courage et cette force, c’était en grande partie à lui qu’elle le devait. Mais aujourd’hui, tout ceci était derrière elle, loin dans son passé et jamais elle ne pourrait goûter au bonheur de l’embrasser, d’être à nouveau dans ses bras et sentir sa si douce chaleur. Chloé en se remémorant ce souvenir de leur baiser sur le toit de l’école, raviva de nouveau cette haine si violente dans son coeur. Si bien, qu’elle serra fermement son poing en grinçant des dents. Cependant et contre toute attente, un ballon de foot arriva jusqu’à son pied, attirant ainsi son attention. Regardant en premier lieu l’objet de sport, elle ne s’était absolument pas attendue à recevoir une telle chose, ce qui calma sa colère l’espace d’un instant. Elle put ensuite voir un garçon arrivant vers elle, sûrement pour récupérer le ballon de foot après un tir malheureux.

  • Madame, vous pourriez me renvoyer mon ballon s’il vous plaît ? Demanda le jeune homme très poliment, s’inclinant même sans entrer sur le pont afin de lui laisser une totale tranquillité.
  • Si ce n’est que ça, je pense que je peux en faire mon affaire. Répondit la demoiselle en montrant au garçon, son plus beau sourire en plus d’un clin d’œil. Elle attrapa alors le ballon pour lui renvoyer dans un lancé plutôt adroit. Voilà pour toi mon grand, amuse-toi bien !
  • Super, merci beaucoup madame et passez une bonne journée ! Avait répondu le jeune homme en attrapant son ballon, pour ensuite retourner à ses occupations au loin.

 

Pour une raison idiote, l’intervention de ce petit garçon avait réussi à totalement la calmer. Dans son regard et même dans son attitude, elle avait cru reconnaître son Stuart de l’époque. Ce garçon tellement innocent, si gentil et sans aucune once de méchanceté. La gentillesse incarnée, à sa grande différence. Méritait-elle vraiment sa place aux côtés de cet homme de toute façon, elle, qui était promise depuis tellement longtemps aux flammes de l’Enfer ? Cette question mina de nouveau son moral et c’est pour cette raison qu’elle préféra la chasser de son esprit pour le moment. Après tout, aujourd’hui le ciel était si dégagé et illuminait la ville de sa belle lumière. Chloé aurait été bête de ne pas en profiter, choisissant de passer la journée ici jusqu’à que le soleil ne se couche et que les ténèbres n’envahissent cette partie du monde.

Tandis que finalement, les heures de cours s’étaient terminées depuis quelques minutes, Chloé avait finalement décidé de rebrousser chemin jusqu’à chez elle. Ses parents étaient innocent dans tout cela, ils n’avaient pas à payer les frais de ses escapades ou même de sa possible fugue pour être en paix. Il fallait qu’elle affronte le regard de sa grande-sœur, de cette femme pour qui son coeur n’éprouvait plus qu’une haine sans pareille. Rancœur si grande, ayant naquit en elle à cause justement de tout cet amour qu’elle ressentait à son égard. Arrivant finalement après une petite demi-heure de marche jusqu’à la maison familiale où l’attendait très certainement Marie-Luise, Chloé était prête à la recevoir de pied ferme. Elle entra alors en poussant la porte d’entrée et monta les marches d’escalier pour rejoindre sa chambre tout en haut à l’étage. Si en chemin elle ne croisait pas sa grande-sœur, elle ne chercherait en aucun cas à aller à sa rencontre. Elle éprouvait beaucoup de colère à son égard pour faire le premier pas.

Cependant, en montant, Chloé aperçu son aînée qui la regardait par l’entrebâillement de la porte de sa chambre. Leur regard se croisa, laissant le soin à la plus jeune de comprendre combien elle se sentait coupable de son geste. Mais ne ressentant absolument aucune compassion pour elle en ce moment, Chloé choisit de rejoindre sa propre chambre en lui donnant si l’envie lui prenait, de la rejoindre dans la sienne. Cela ne manqua pas, après seulement quelques petites minutes à attendre sa venue. La plus jeune était assise sur le matelas de son lit, de dos à la porte. Tandis qu’elle pouvait entendre Marie-Luise pousser cette dernière pour entrer timidement. Refermant derrière elle, Marie-Luise en voyant et comprenant les raisons possible du comportement de sa petite-sœur, vint s’installer avec elle en restant de dos à dos.

  • Chloé, pourquoi est-ce que tu as séché les cours aujourd’hui ? Il s’est passé quelque chose au lycée ? J’ai entendu dire que tu avais agressé un élève… Demanda la demoiselle sans obtenir la moindre réponse de sa part. Mais bref… Je suis venue te parler parce que c’est important. J’espère que tu m’écoutes bien parce que je ne compte pas me répéter… Murmura presque la grande-sœur, avant de prendre une grande inspiration. Aujourd’hui, après que cet homme nous ai agressé sauvagement, j’ai pensé que tu ne voudrais plus qu’on s’en tienne au plan de base pour aller à la rencontre de Stuart… C’est pour cela que j’ai pris la liberté d’aller moi-même lui parler de ce que tu ressens. Je lui ai dis que tu étais follement amoureuse de lui et que tu voulais sortir avec lui, mais malheureusement il a préféré rejeter mon offre... Je suis désolée...
  • Rejeté ton offre… ? Après ce qui s’est passé aujourd’hui, tu veux vraiment me faire croire qu’il t’a rejeté… ?! Répondit la cadette sous forme de questions, en laissant éclater toute l'intensité de sa colère dans le ton de sa voix.
  • Quoi ?! Mais de quoi est-ce que tu parles ?! Demanda par la suite Marie-Luise à sa petite-sœur, commençant à craindre quelque chose et cela se ressentait parfaitement dans le ton de sa voix.
  • N’essaie pas de jouer les innocentes, Marie-Luise. Je t’ai vu sur le toit avec Stuart… Je t’ai vu l’embrasser sans aucune retenue, alors que tu savais que je suis follement amoureuse de lui ! Affirma la demoiselle en se tournant vers sa sœur, dévoilant ses yeux plein de larmes à la suite de sa révélation.

 

 

NOTE DE L'AUTEUR : J'ai n'ai vraiment pas l'habitude d'écrire des textes aussi intense en violence... Je ne sais pas du tout ce que ce second chapitre vaut à vrai dire, mais j'espère toute fois que vous apprécierez mon effort au travail ! Un petit commentaire peut-être ?

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