Le Sixième Elément

Chapitre 26 : Chapitre XXVI Memento Mori

1622 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 05:20

        CHAPITRE XXVI : MEMENTO MORI 


           Will fit des efforts pour paraître naturel jusqu’au retour à Heatherfield. Ses amies semblaient quand même inquiètes. Quelques heures plus tôt, elle avait tué en combattant. Si elle ne l’avait pas fait, elle serait sûrement morte. Mais est-ce qu’elle ne se sentirait pas coupable malgré tout ? Will les quitta le plus tôt possible, prétextant devoir rentrer au plus vite. Elle n’accepta que la présence d’Eric pour la raccompagner.

« C’est le mieux, dit Hanabi. Eric connaît ça, il va lui dire les mots qu’il faut, tout faire pour qu’elle ne se sente pas coupable. C’est une guerre après tout.

-Nous n’avons jamais réellement pensé que nous serions amenés à tuer, fit Cornelia. Et maintenant que l’une de nous l’a fait, ça me semble inévitable.

-Moi, tout ce que j’espère, c’est que Will ne va pas craqué, dit Taranee. Je dois y aller. J’ai un coup de fil à donner.

-Embrasse-le de notre part, sourit Irma. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’elle est prête maintenant, ajouta t-elle une fois Taranee disparut à l’angle de la rue.

-Prête à quoi ? demanda Hay Lin.

-A aller plus loin avec Nigel.

-A cause de ce combat ?

-C’est possible, acquiesça Hanabi. Elle a vu que les choses allaient changer inévitablement. Que le risque de mourir est bien réel. Elle veut simplement vivre chaque instant comme si c’était le dernier.

-Carpe Diem, souffla Hay Lin. »

           La jeune asiatique avait le regard dans le vide. Elle était complètement perdue dans ses pensés. Il était peut-être temps de révéler son secret à ses amies. Ce n’était pas de leur réaction qu’elle avait vraiment peur. Elle savait qu’elles la soutiendraient toujours. Non, ce n’étaient pas d’elles qu’elle s’inquiétait. C’était de…

« A quoi tu penses ? questionna Irma.

-Quoi ? fit Hay Lin.

-Tu avais l’air sur une autre planète. Avec ta tenue d’alien, on pourrait penser que tu es rentrée chez toi.

-Irma.

-J’ai pas pu m’en empêcher. Bon, nous aussi on va rentrer. J’ai faim, envi d’une douche et pourquoi pas d’un petit câlin.

-Bonne soirée les filles, salua Cornelia. »

           Main dans la main, Irma et Hanabi s’éloignèrent. Cornelia jeta une œillade à Hay Lin.

« Tu es bizarre ces derniers temps, dit-elle.

-Ha bon ?

-Surtout depuis que tu es revenu de ce voyage découverte aux dernières vacances.

-Ce n’est rien. Je me pose quelques questions, c’est tout.

-Concernant quoi ?

-Mon avenir, le métier que je voudrais faire. Je n’ai pas encore arrêté mon choix. Je veux faire une école d’art ça c’est sûr. Mais pour faire quoi après, je ne sais pas.

-T’en fais pas, je crois qu’on est toutes plus ou moins dans le même cas. Le pire ce doit être Irma. Je crois qu’elle n’a jamais pensé à l’avenir plus de deux jours à l’avance.

-Y’en n’a pas une pour racheter l’autre. A demain.

-A demain. »

 

           Will ne voulait pas rentrer tout de suite. Tenant fermement la main d’Eric dans la sienne, elle se dirigea sans vraiment y penser vers le parc. Il ne faisait pas encore nuit, les jours étaient beaucoup plus long maintenant que l’été se faisait proche. Mais le crépuscule rendait l’endroit inquiétant. Malgré tout elle n’avait pas peur. A croire que le fait d’ôter la vie lui avait retirée certaine de ses frayeurs d’enfant.

           Ils s’arrêtèrent sur un banc. Will se laissa aller contre son homme. Il restait silencieux, attendant qu’elle veuille parler. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes. Puis elle murmura :

« Comment fais-tu pour tuer sans que cela te touche ?

-J’ai subi un entraînement pour ça, dit-il. Depuis mon plus jeune âge, on m’a mis dans la tête que tuer était un acte naturel comme un autre. Nous vivions tous en sachant que nous serions amenés à le faire. S’en inquiéter ne servait à rien. La première fois que je l’ai fait, j’ai ressenti une culpabilité malgré tout. Je me suis dit, que peut-être on aurait pu éviter ça. Et puis au fil du temps et des morts, on y pense de moins en moins. Ça devient plus facile. Mais contrairement à d’autres, ce n’est jamais devenu naturel pour moi.

-Est-ce que je vais m’y habituer ?

-Je ne sais pas. Je ne l’espère pas. Tant que cela te semble mal, c’est que tu restes humaine. »

Will se blottit encore un peu plus étroitement contre Eric. Elle ne voulait pas rentrer tout de suite.

 

           Taranee avait compris une chose importante durant cette journée : elle pouvait mourir à n’importe quel moment. Certes, Yonryu ne lui avait pas mise une lame sous la gorge, mais c’était tout comme. Elle était passée à deux doigts de la mort.

           Memento Mori. Ces deux mots latins résonnaient dans sa tête, plus réels que par le passé. Cette phrase qu’un serviteur murmurait toujours à l’oreille des généraux romains passant sous l’Arc de Triomphe, pour leur rappeler l’humilité. Memento Mori, souviens-toi que tu peux mourir. Elle ne l’oublierait jamais.

           Carpe Diem. Memento Mori. Deux locutions latines. Quatre mots exprimant une philosophie de vivre tous les instants en restant humble face à la mort. Vivre sa vie en sachant que rien n’est éternel. Elle en avait conscience maintenant. Peut-être que demain, elle sera morte.

           Taranee passa un coup de fil à sa mère pour lui dire qu’elle passait la nuit chez Will qui ne se sentait pas très bien ce soir. En espérant qu’elle n’appelle pas chez son amie. Elle se rendit chez Nigel. Elle savait où était sa chambre, au rez-de-chaussée heureusement. Béni soit les maisons de plein pied quand on a le vertige ! Elle se glissa silencieusement jusqu’à sa fenêtre. Les volets n’étaient pas encore fermés. Nigel était devant son ordinateur. Ils avaient prévus de se retrouver sur internet pour se raconter leurs journées respectives.

           Taranee prit son téléphone et appela son petit ami. Elle le vit prendre son mobile, regarder le nom qui s’affichait, sourire et décrocher.

« Bonsoir ma perle, fit-il.

-Bonsoir, répondit-elle. Qu’est-ce que tu fais ?

-Je suis devant mon ordinateur, j’attends que tu te connectes comme on avait prévu.

-Je suis désolé, je ne pourrais pas me connecter ce soir.

-Ce n’est pas grave, tant que j’entends ta voix. Mais je préfèrerais te voir tout de suite.

-Je suis d’accord. On a cas dire dans trois secondes.

-Quoi ?

-Retourne-toi. »

           Un sourire s’afficha sur le visage de Nigel quand il découvrit sa belle métisse derrière la fenêtre. Il vint tout de suite lui ouvrir et l’aida à entrer. Les deux amoureux s’enlacèrent tendrement. Nigel vit immédiatement que Taranee se faisait plus câline que d’habitude. Sans même se parler, ils s’allongèrent sur le lit. Voyant qu’elle continuait à se montrer entreprenante, Nigel profita d’un instant de vacuité pour demander :

« Qu’est-ce qui t’arrives ce soir ?

-Je…je n’ai plus envi d’attendre. J’ai compris qu’on devait profiter de chaque instant. Carpe Diem.

-Tu es sûre ?

-Oui. Tu veux aussi, n’est-ce pas ?

-Oui, j’attendais juste que tu le veuilles aussi.

-Et bien voila. »

           Les deux amants reprirent leurs jeux de caresses et d’embrassades. Leurs vêtements libéraient lentement leur peau. Pour l’un comme pour l’autre, c’était la première fois. Ils voulaient tous deux faires de cet instant, un moment de bonheur et de magie. Taranee fut heureuse de constater que Nigel ne se montrait pas pressé. Elle ressentit une douleur brûlante quand il pénétra en elle la première fois. Mais il resta doux. Et bientôt, la douleur fit place au plaisir. Un plaisir plus intense que lors de ses petits jeux solitaires. Elle était simplement heureuse de partager ce moment avec le garçon qu’elle aimait.

           Tout simplement…

 

 

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