The New Substitute

Chapitre 6

2479 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/02/2017 22:45

Le lendemain matin, alors que la timide chaleur d’hiver se faisait déjà sentir dans l’atmosphère de la Soul Society, Tsunata Nara s’étira d’aise. Elle avait dormi comme un loir, et se demandait bien pourquoi ; son dernier souvenir restant celui de son arrivée à la fameuse fontaine du Seireitei.

Elle se rappela dans un sourire nostalgique qu’elle l’avait repéré lors de sa seconde visite dans ce monde spirituel, cet endroit qui aujourd’hui la faisait prisonnière. Elle avait trouvé dans cette statue quelque chose d’apaisant et de magnifique à la fois, aussi s’y rendre pour se reposer était devenu une habitude récurrente.

Seulement, cette fois-ci, elle avait fini par céder à l’appel séduisant du sommeil alors qu’elle s’était abandonnée dans la contemplation de l’éternel manège aquatique de la sculpture. Pourquoi se sentait-elle donc si bien ? Pourquoi son corps n’était-il pas raidi par d’horribles douleurs dans la nuque, le dos et le reste ? Et, surtout, pourquoi avait-elle chaud ?

Elle ouvrit un œil, mais le referma aussitôt ; la lumière éblouissante lui agressait la rétine, mais c’était une douleur à laquelle elle devait s’habituer si elle voulait prendre pleinement conscience de la situation dans laquelle elle se trouvait.

Aussi tenta-t-elle de nouveau sa chance et parvint, non sans papillonner, à observer l’endroit dans lequel elle se trouvait.

Chez elle.

Comment diable avait-elle pu arriver ici ? Un faible espoir que ce fût l’œuvre de son ami aux cheveux orangés la submergea, avant de se raviser aussitôt ; elle ne les reverrait plus pendant un moment, lui et Orihime, aussi était-il dans son intérêt de se faire à cette idée dans les plus brefs délais. Mais alors, qui avait-il pu la ramener chez elle ?

Sûrement Izuru, même si cela restait étonnant que Rangiku ne l’ait pas réveillé en l’étouffant contre sa poitrine opulente, comme elle en avait la fâcheuse manie.

Renji, alors ? Impossible : il ne faisait aucun doute qu’il l’aurait soulevé avec une délicatesse digne d’un rhinocéros et que son sommeil se serait conclu de façon périlleuse. Cependant, en dehors de ses amis proches, personne ne savait où Tsunata résidait lorsqu’elle se trouvait à la Soul Society.

Elle s’extirpa de son épaisse couverture et se dirigea vers la fenêtre. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et elle devait impérativement s’entraîner. Yumichika allait encore la réprimander pour son retard, avant de lui assurer qu’elle avait de la chance d’être née belle et qu’il lui pardonnerait pour la dernière fois, encore.

Elle pria intérieurement pour que son retard soit insignifiant mais, lorsque ses yeux se posèrent sur la petite pendule qui ornait l’un de ses murs, elle ne pût retenir un hoquet de surprise.

Midi passé, presque une heure pour être exact.

Envahie par l’affolement, elle fonça dans sa salle de bain à toute allure. La douche fut brève, pour une fois. Tout en se savonnant énergiquement, elle s’infligea une gifle mentale et s’insulta pour s’être comportée, une fois encore, comme une parfaite marmotte.

Après s’être séchée grossièrement, elle enfila un shihakushô propre, commença à se chausser et entreprit d’aller s’acharner, comme chaque matin, sur sa chevelure rebelle.

Toutefois, quelqu’un ne sembla pas l’entendre de cette oreille, puisqu’on vint frapper à sa porte.

– Merde ! souffla-t-elle.

Tsunata fondit sur l’ouverture de sa maison – tout en s’assurant que son ensemble était correctement fermé – et la fit coulisser.

Cependant, celle-ci ne resta que peu de temps ouverte. En effet, lorsque la jeune femme eut aperçu celui qui semblait l’attendre, ses yeux s’étaient écarquillés et ses mains avaient agi d’elles-mêmes.

Quelle idée stupide ! Maintenant, son nouveau coéquipier allait réellement la détester, elle pouvait en être sûre ! Mais s’il y avait bien une chose sur laquelle elle ne pouvait passer, c’était qu’on la voit dans pareil état. Jamais elle ne pourrait s’afficher de la sorte, qui plus est devant Shûhei Hisagi !

En parlant du Vice-Capitaine de la Neuvième Division, celui-ci resta complètement éberlué devant la réaction de la suppléante. Enfin, la surprise n’était pas totale non plus : bien qu’il l’eut ramené chez elle la veille, celle-ci ne pouvait en avoir aucun souvenir, aussi devait-elle uniquement se rappeler du comportement déplorable qu’il avait adopté à son égard auparavant. De plus, il restait et resterait celui qui devait remplacer le célèbre Ichigo Kurosaki à ses côtés, il la comprenait donc parfaitement.

Néanmoins, la raison de sa venue n’étant autre que professionnelle, il se permit de tenter le tout pour le tout.

– Tsunata ?

A l’entente de son prénom seul dans la bouche du ténébreux, Tsunata rougit férocement.

– Par… pardon, Vice-Capitaine Hisagi, bégaya-t-elle. Je… je ne peux pas ouvrir.

– Vice-Capitaine ? s’insurgea-t-il. Et pourquoi tu ne pourrais pas ouvrir ? Tu viens bien de le faire, non ?

– Parce que… parce que je ne suis pas prête.

– Tsunata, souffla-t-il, je vois bien que tu me caches quelque chose.

– Pas… pas du tout !

– Ma patience a des limites. Ouvre !

– Non.

Shûhei émit un grognement sonore. Cette fille... Quelle tête de mule ! Elle avait un véritable don pour changer son humeur du tout au tout en une fraction de seconde, c’en devenait impressionnant !

Résigné à défoncer la porte si elle persistait à se montrer aussi bornée, il siffla :

– Tsunata Nara !

– Bon, d’accord ! se résigna-t-elle. Mais je vous jure que si vous rigolez, je n’aurai aucun remord à vous tuer !

Son comportement titillant la curiosité du brun, celui-ci se calma et répondit en toute sincérité :

– Je te promets de ne pas rire.

– Sûr ?

Il sourit discrètement. Le fait que tout le monde s’était attaché à elle ne le surprenait plus tant que ça, en fin de compte : par moments, ses agissements devenaient enfantins et la rendaient plus accessible, plus adorable.

– Certain, répondit-il.

La porte coulissa de nouveau dans une lenteur insoutenable. Shûhei retint son souffle, impatient de découvrir ce que pouvait bien lui cacher la mystérieuse Shinigami.

Il s’attendait à voir un désordre sans nom, ou toute sorte d’autre chose, mais sûrement pas ce à quoi il se trouva confronté : Tsunata, tête baissée, maintenait sa main droite appuyée sur sa frange. En dehors de ça, tout ce qu’elle semblait bien vouloir lui montrer restaient ses joues rondes rougies d’une bien belle manière.

D’une main douce et assurée, il saisit son menton et lui fit relever son joli minois, sans même qu’elle ne se débatte. A quoi cela aurait-il servi ? Certes, dans un combat en un contre un, elle était quasiment sûre de tirer son épingle du jeu mais, niveau force physique brute, le Vice-Capitaine devait la dépasser, et de loin qui plus est. Après tout, Shûhei était un combattant hors pair dont le nom seul incitait le plus grand des respects.

Tsunata se mordilla la lèvre inférieure, offrant au jeune homme un tableau des plus parfaits ; jamais, de toute sa chienne de vie, il n’avait vu chose aussi mignonne qu’elle en cet instant. Toutefois, loin d’être dupe, il se douta qu’un tel comportement de sa part devait avoir une explication.

– Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta-t-il.

– Entrez.

Il se plia à sa volonté, bien qu’une furieuse envie de lui hurler de ne plus le vouvoyer menaçait d’éclater.

Une fois à l’intérieur, Tsunata referma derrière le ténébreux et se tourna face à lui. Petit à petit, la main posée contre ses cheveux glissa, laissant à Shûhei le loisir d’entrevoir ce qu’elle voulait tant lui cacher.

– Qu’est-ce que… commença-t-il.

– Un seul gloussement et c’est la mort qui vous attend, vous vous rappelez ?

Tout cela pour si peu ? Il ne pût réprimer un ricanement, tellement cette réaction lui semblait excessive.

Piquée au vif, elle redressa promptement son visage et le gratifia d’un regard brillant, la bouche pincée et les joues gonflées par la colère. Une puissante énergie blanche se matérialisa autour de sa main droite tandis qu’elle s’approchait dangereusement du ténébreux.

– Tant pis pour vous, je vous aurai prévenu.

– Attends !

Shûhei eut un mal fou à s’arrêter de glousser. Essuyant une larme héritée de son euphorie, il songea à quel point cette jeune femme pouvait être étrange.

– Pourquoi avoir fait autant de manières pour ça ? s’enquit-il.

– Pour éviter que vous vous esclaffiez comme un phoque, crétin ! vociféra-t-elle.

La voir hors d’elle ne fit qu’aggraver son fou-rire ; cette fois-ci, il n’allait pas s’en remettre, c’était certain.

Ce n’est qu’avec une force surhumaine qu’il parvint à retrouver une once de tenue.

– Pardon, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise, finit-il par avouer. Mais, pourquoi avoir voulu me cacher ça ?

– Parce que c’est affreux ! rétorqua-t-elle.

– Affreux ? répéta Shûhei.

– Mais oui, arrêtez de faire l’ignorant ! perdit-elle patience. C’est disgracieux et ça me donne l’air d’une illuminée ! Je ressemble une idiote comme ça !

– Tu es une idiote, ricana-t-il de nouveau.

– La ferme, ou je vous règle votre compte une bonne fois pour toutes !

Cette fille possédait la capacité de le faire tourner en bourrique et, la seconde suivante, le faire se tordre de rire comme jamais il n’en avait eu l’occasion auparavant.

– Tu es une idiote de te rendre malade pour si peu, reprit-il. Qui t’a dit que c’était affreux, disgracieux, et te donnait l’air d’une illuminée ?

Elle détourna le regard et croisa les bras.

– Je ne vois pas bien en quoi ça vous regarde, lança-t-elle.

– Tant que tu ne me l’auras pas dit, je ne bougerai pas d’ici. Et ne pense même pas à te coiffer, parce que je t’en empêcherai. Alors ?

Un soupir sans fin passa la barrière de ses lèvres rougies par sa mastication nerveuse. D’un ton plus calme, Tsunata avoua en fermant les yeux :

– Tout le monde. Satisfait ?

Shûhei resta sans voix devant la souffrance apparente de la blonde, alors qu’il ne s’agissait vraiment de rien de bien méchant : un joli petit épi faisait remonter sa frange du côté droit et la scindait en deux parties bien distinctes, dévoilant quelque peu son front.

Il comprit à présent pourquoi elle avait en sa possession un tel attirail de matériel de coiffure, sans doute s’en servait-elle  pour camoufler au mieux ce petit défaut capillaire qui semblait tant lui tenir à cœur. Tsunata n’était pas une personne superficielle, même lui le voyait, alors la raison d’un tel acharnement devait sans le moindre doute provenir d’un passé douloureux dont elle préférait encore taire l’existence.

Voyant la tristesse et la gêne de la blonde croître proportionnellement tandis qu’il assimilait ses paroles, il décida de réagir, une fois de plus, en toute sincérité.

– Alors ce sont eux, les idiots.

Son regard vert pomme se posa sur le ténébreux, si bien qu’il eut l’impression de perdre pieds tant il se sentait défaillir chaque fois que celui-ci caressait son visage balafré.

Il inspira profondément, mettant tout en œuvre pour ne pas rougir et perdre sa crédibilité, comprenant que la situation n’était propice en rien à ce genre d’erreur.

– Moi, reprit-il, je le trouve très joli.

Les yeux de Tsunata se baissèrent de nouveau, plus peinés encore qu’à l’accoutumée.

– Ce n’est pas la peine de vous forcer, dit-elle d’une voix tout juste audible. J’ai l’habitude, vous savez. Entre ça et ma couleur de cheveux… enfin, laissez tomber.

Le cœur de Shûhei se serra si fort qu’il ne remarqua que tardivement que sa conscience l’avait poussé à s’avancer vers elle. Posté devant la blonde, il attrapa ses épaules et planta son regard cendré dans ses iris.

– Tes cheveux n’ont rien d’affreux, ils sont magnifiques. Tu es très belle comme tu es au naturel, Tsunata.

Les pommettes de la remplaçante s’enflammèrent à vue d’œil, faisant réaliser au Vice-Capitaine les paroles qu’il venait de lui tenir.

Effectuant un brusque bond en arrière, il rougit également. Cette fille… Vraiment, quelque chose chez elle différait de chez les autres. Passant une main dans sa chevelure ébène, il balbutia :

– T-tu… enfin, je…

Un grand sourire illumina le visage de la Shinigami au point qu’il douta un instant d’avoir affaire à la même personne que précédemment.

– Merci beaucoup, Vice-Capitaine.

D’abord bouche bée devant ce minois qui le perturbait depuis maintenant trois jours, il se racla bruyamment la gorge et tenta de reprendre son air sérieux.

– Bon, eh bien je… je vais te laisser te préparer. Le Commandant nous a confié une mission, on doit surveiller la partie Ouest du Seireitei jusqu’à ce soir, avant qu’une autre équipe nous relaie. Tu n’as qu’à me rejoindre devant les quartiers de la Neuvième Division, j’ai des rapports d’autres compagnies à déposer.

– D’accord, sourit Tsunata.

Ainsi, Shûhei sortit de la maison dans laquelle il commençait à faire bien trop chaud à son goût. Après quelques mètres, il s’adossa contre un mur et souffla tout l’air que ses poumons lui permirent.

Tsunata Nara, celle dont le simple sourire suffisait à lui réchauffer le cœur, lui faisait perdre la tête, tout simplement.




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