Une Tueuse et des vampires

Chapitre 14 : Un semblant de liberté

1871 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/12/2016 19:52

Chapitre 14


Cinq jours. Cela faisait déjà cinq jours que j’appelais Adam tous les jours et qu’il ne me répondait pas. Je continuais pourtant ! Tous les jours sans exception, j’appelais et je laissais un message en m’imaginant qu’il pourrait peut-être me répondre. Et tous les jours sans exception, je me mentais à moi-même. Mais ça ne me dérangeait pas encore pour le moment. Alors je continuais et je m’acharnais à appeler, et à laisser des messages plein d’espoir et de détresse. Et c’est ce que je fis une fois de plus, le sixième jour.

« Salut Adam, c’est encore Laura. Je tombe une nouvelle fois sur ton répondeur à ce que je vois. Pas grave, j’ai pris l’habitude. Je voulais simplement te dire que je dois te parler, pas longtemps c’est promis. C’est juste qu’Olivia n’est pas vraiment celle qu’il me faut pour les entraînements. Je pense que j’y arrivais beaucoup plus avec quelqu’un, comme toi.

Je laissais un long silence, avant de reprendre de nouveau.

- Enfin bon, je voulais simplement te dire que j’ai besoin de te parler. C’est très important pour moi alors s’il te plaît, rappelle moi. Salut.

Je reposais le téléphone, en continuant d’espérer qu’il me rappelle. C’était peut-être idiot, mais c’est la seule chose que j’avais pour le moment.

Quelques heures après, je commençais à m’entraîner. Toujours sous l’œil intransigeant d’Olivia la coincée. Je devais attaquer, parer, lancer et d’autres choses. Pas très intéressant.

Et après un moment de sport et de défouloir:

- Tu peux faire une pause Laura, vas-y.

Elle n’aurait pas à me le dire deux fois ! Je fonçais hors de la pièce et je me dirigeais vers l’escalier. Je montais doucement et sans savoir exactement pourquoi, j’entrais dans la chambre d’Adam, et non dans la mienne. Ça avait été comme un réflexe pour moi, je n’avais rien contrôlé.

Je refermais la porte derrière moi, et je m’allongeais sur le lit. Puis je fermais les yeux et je tentais de me laisser aller pendant un cours moment. Je respirais à fond sans vraiment réfléchir à quelque chose en particulier. La vérité, c’était qu’Adam me manquait. C’était vraiment étrange à dire mais c’était si vrai ! J’avais besoin d’un ami, une personne sur qui compter. Et je n’avais rien de tout ça. Je n’avais plus d’ami autour de moi. Aucun ami. Juste une pimbêche buveuse de thé. Et c’était loin d’être ma définition d’une amie.

Toutes ces choses autour de moi, ça me perturbait un peu. Les odeurs, les sensations… Tout autour de moi me rappelait mon ami perdu. Je ne pouvais pas rester comme ça encore longtemps. J’allais sans doute devenir cinglée. Je devais voir une personne qui m’aiderait à aller mieux. A me rappeler qui j’étais réellement.

Je voulais voir mon père.

Lui au moins, il ne m’éviterait pas. Je courais récupérer le téléphone et je composais le numéro de mon père. Et lui, au moins, il a répondu après seulement deux sonneries.

- Allo, qui est-ce ? entendis-je dans le combiné.

Mes yeux se sont remplis de larmes lorsque j’ai entendu sa voix.

- Papa ! Papa, c’est moi. C’est Laura.

- Oh mon dieu ! Comment vas-tu mon ange ?

- Je vais bien, à peu près. Mais j’aimerais vraiment venir te voir.

- Avec plaisir ma chérie. Quand voudrais-tu venir ?

- Le plus tôt possible, me suis-je hâté de répondre. Aujourd’hui, ou demain si tu veux. Au moment qui te convient le plus.

- Je reste à la maison alors tu peux venir quand tu veux d’accord ? Je serais toujours là lorsque tu en auras besoin.

- Merci papa. Je pars le plus tôt possible dans ce cas. Et puis, j’essayerai de rester quelques jours avec toi. 

- Parfait, à bientôt mon ange.

Je raccrochais et je fonçais immédiatement faire ma valise. Je ne me focalisais pas sur ce que je mettais dedans mais je pensais beaucoup trop à revoir mon père. Ça faisait si longtemps que je ne l’avais pas vu ! Et je continuais à mettre des vêtements au hasard dans ma valise, en me demandant comment je pourrais emprunter une voiture. Mais malheureusement pour moi, Olivia m’a sans doute entendu faire mon sac de voyage.

- Je peux savoir ce que tu fais ? ai-je entendu dans mon dos.

Je me retournais vivement et je l’a vis, qui m’observait depuis le pas de la porte.

- Je fais mon sac, ça ne se voit pas ?

- Très bien, je vais reformuler ma question. Pourquoi fais-tu ton sac exactement ?

- Je vais rendre visite à mon père, ai-je répondu sans lui jeter un regard.

- Tu me désespère Laura. Premièrement, tu cherche à appeler Adam pour je ne sais quelle raison sans écouter mes conseils. Ensuite, tu ne fais tes entraînements qu’à moitié sans réellement y accorder de l’importance. Et maintenant, tu veux aller dans le monde extérieur pour rendre visite à ton père. Tu le mets en danger en faisant ça !

- Je pourrais le protéger. J’ai fait de gros progrès depuis tout ce temps et on le sait toutes les deux. Il ne sera pas en danger avec moi.

- Bien sûr que si ! Bon écoutes-moi d’accord ? Tu ne vas pas aller chez ton père, et tu vas rester ici pour t’entraîne jusqu’à devenir une vraie Tueuse.

Je m’apprêtais à rétorquer une réponse bien sentie mais bizarrement, je me retenais pour réfléchir un petit instant. La seule vraie qualité que je pouvais trouver à Olivia, c’était son entêtement. Et je savais que je ne pourrais aller chez mon père si elle me suivait pour me retarder ou me ramener dans cette prison. Je devais trouver un meilleur moyen de m’en aller. Un moyen plus intelligent, et plus sournois surtout.

- Bon, très bien. Je vais rester ici, mais je ne veux plus m’entraîner aujourd’hui. Je suis fatiguée.

- Très bien, je suis d’accord pour arrêter l’entraînement. Mais seulement pour aujourd’hui, c’est clair ?

- D’accord.

Je montais dans ma chambre et je restais sans bouger et sans parler pendant un long moment. Olivia devait croire que je lui avais obéi et pour ça, je devais rester calme pendant un temps. Je devais faire bonne figure. Et quelques heures plus tard, le soleil s’était couché. J’avais mangé avec Olivia sans dire un mot, j’étais montée dans ma chambre et j’avais tout fait pour paraître fatiguée et prête à dormir.

Les pas d’Olivia ont résonné dans les escaliers et se sont ensuite dirigés vers sa chambre. Elle a fait du bruit pendant un temps mais après un certain temps, elle éteignit la lumière et elle se mit à ronfler en seulement quelques minutes. J’en profitais et je me levais de mon lit pour enfiler mes chaussures. Déjà habillée et mon sac glissé sous mon lit, j’étais prête depuis très longtemps. Je descendais donc les escaliers à pas de loups et mon sac à la main, je tentais d’atteindre la porte sans me faire pincer bien évidemment. Et juste avant de partir, je m’emparais des clés de voiture d’Olivia. J’aurais aimé dire que j’espérais qu’elle ne m’en voudrait pas, mais c’était totalement faux. Je m’en fichais.

Je sortais de la maison sans faire de bruit, et je sautais dans la voiture. Puis je roulais aussi vite que possible jusqu’à chez mon père. Il était très tard, mais je savais que ça ne dérangerait pas mon père. Il serait tout aussi heureux de me voir que je l’étais en ce moment. Je roulais à toute allure, sans me soucier de ce qu’il y avait autour. Je n’avais pas le permis, c’est vrai. Mais la police ne patrouillait pas encore à cette heure-ci, n’est-ce pas ? En tout cas, une fois devant la maison de mon père, je sortais en trombe de la voiture et je fonçais vers la porte. Je toquais rapidement et sans m’arrêter pendant quelques secondes, et mon père a ouvert la porte avec un visage fatigué. Il n’était pas très bien rasé et il était en robe de chambre, mais il n’avait jamais été aussi parfait.

- Papa ! Je suis si heureuse de te revoir ! ai-je hurlé en me jetant dans ses bras.

- Moi aussi mon ange. Comment tu vas depuis tout ce temps ?

- Tu me manques beaucoup trop pour que je me concentre sur autre chose ! Je voulais tellement te voir depuis le début de mon entraînement. Mais dis-moi, tu n’es pas rasé depuis combien de temps ? Tu te laisse aller !

- Ma fille me manque, que veux-tu ! Entre donc ! »

J’entrais le plus vite possible et je m’asseyais à table, à ma chaise habituelle. C’était si bon d’être de retour ici ! Je sentais l’odeur des petits plats dans le frigo, je voyais la vaisselle sale qui attendait dans l’évier et je pouvais même entendre la machine à laver qui tournoyait dans la pièce d’à côté. C’était si agréable de revenir dans cet environnement si familier et chaleureux. C’était tellement apaisant. Pour la première fois depuis que toute cette histoire avait commencé, je me sentais réellement moi. Je n’avais pas à m’inquiéter de quoi que ce soit et je ne surveillais aucune de mes paroles. Je pouvais dire tout ce que je souhaitais. Mes propos pouvaient être désagréable ou même méchant parfois, mais mon père me comprenait et parvenait à me calmer en moins d’une demi-seconde. Je pouvais être aussi odieuse que possible, il savait toujours ce qui se cachait derrière cette hostilité. De la douleur, et de la peur parfois. J’adorais ça. Je pouvais être enfin moi-même.

Et c’est donc ainsi que je pouvais parler toute la nuit avec mon père. Nous avons parlé de tout et de rien, sans faux-semblant. Je lui racontais tout, jusqu’à ce que le soleil se lève. Et je n’eus pas à mentir ou à prendre sur moi un seul instant. Je me sentais parfaitement bien. 


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