Une Tueuse et des vampires

Chapitre 16 : Dernière paroles

2016 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/12/2016 23:54

Chapitre 16


Olivia a presque jeté mon père en travers de la pièce pour ensuite me lancer son poing dans la figure. Ce coup m’a surpris, je ne m’attendais pas à autant de colère ou de force dans un seul petit coup de poing. Je relevais rapidement la tête pour voir un nouvel éclair me jaillir dans la figure. Ça faisait tellement mal !

- Tu compte te laisser faire ? m’a demandé mon ancienne observatrice en sautillant sur place. Tu sais, je serais payée de la même manière, que tu te défendes ou pas.

- Va te faire voir ! lui ai-je lancé en me relevant.

Je lui mis un coup de pied dans le ventre et un autre à l’épaule. Si j’avais pu battre un vampire, je pouvais battre cette espèce de femme frigide au chignon ridicule. Mais un autre coup m’a fait légèrement hésiter. Elle avait bien caché son jeu en paraissant frêle et innocente. Elle avait tout de même de la force derrière les apparences !

Mais je la frappais de nouveau. Au visage, à la jambe, dans le ventre, de nouveau au visage. Je ne m’arrêtais pas et je frappais à l’aveuglette. Lorsque qu’elle fut à terre pendant peu de temps, j’en profitais pour courir jusqu’à mon père. Il était allongée par terre, pas inconscient mais légèrement étourdi je dirais. Il regardait autour de lui comme si tout était en train de tanguer. Un filet de sang se dessinait sur son front, ridé par l’inquiétude.

- Tout va bien papa, tu m’entends ? Je vais te sortir de là.

- Tu saignes mon ange, m’a-t-il dit en fronçant les sourcils. Tu saignes de la lèvre, juste ici.

- Je vais bien, ne t’en fais pas. Je m’occupe d’elle.

Je me relevais et me retournais rapidement. Je pensais pouvoir m’occuper d’elle en quelques minutes et mon père et moi pourrions ensuite aller manger quelque chose et soigner nos blessures.

C’est avec cette pensée que je me retournais vers Olivia pour lui faire voir à quel point elle méritait la raclée que je comptais lui mettre.

Et c’est à ce moment-là qu’elle m’a tiré dessus.


Tout était noir, et j’avais froid. Mes souvenirs étaient flous et je n’arrivais pas à penser clairement. Je sentais une douleur intense dans chaque membre de mon corps. Et toujours ce froid glacial dans mes os.

J’entendis un souffle rauque à côté de moi. Comme si une personne cherchait à respirer mais que c’était plus compliqué que prévu. Mes mains étaient attachées derrière mon dos à l’aide d’une corde bien trop serrée. Avec difficulté, je commençais à ouvrir mes yeux et je me rendis compte que je me trouvais dans un endroit très sombre. Le sous-sol. Ma salle d’entraînement dans la maison de mon père. Pourquoi est-ce que j’étais là déjà ?

En continuant à m’habituer à la pénombre, je me commençais à me souvenir. Olivia était venue chez moi, elle avait pris mon père en otage, nous avait menacé et ensuite…

- Elle m’a tiré dessus, ai-je déclaré, encore sous le choc.

Ma voix était basse et rauque. Je sentais que j’avais besoin d’eau. Et de repos. Et de quelque chose qui pourrait soigner une blessure par balle.

- Tu es réveillée ! s’est exclamé mon père d’une voix aussi basse et faible que la mienne.

Je voyais un léger sourire se former sur ses lèvres. Il était rassuré de me voir en vie mais toujours inquiet de savoir si j’allais passer la nuit, vivante.

- Réveillée est un grand mot pour ce que je suis en ce moment. Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Tu t’es écroulée quand ta soi-disant observatrice t’a tiré dessus. J’ai foncé vers toi pour vérifier que tu étais en vie. Il y avait beaucoup de sang et tu avais perdu connaissance. Et puis, le noir total après ça. Je crois qu’elle m’a assommé.

- Et pourquoi elle nous a emmenés ici ? ai-je demandé en tentant de lever un peu les yeux.

 - Aucune idée mon ange. Mais je suis inquiet pour toi.

- Une tueuse à gage a été engagée pour me tuer et elle s’est faite passée pour mon observatrice. Si tu n’étais pas inquiet, je me serais vraiment demandé si tu m’aimais sincèrement.

- Je ne plaisante pas, m’a-t-il coupé en fronçant de nouveau les sourcils. Et je ne parlais pas de ça. Je parlais plutôt de la mare de sang qui se forme sous ta chaise. La balle t’a traversé le ventre et le sang n’arrête pas de couler.

Je baissais les yeux pour discerner effectivement une fine flaque de sang, juste sous mes pieds. Et je sentais maintenant la douleur qui amplifiait au niveau de mon ventre.

Bien visé Olivia.

- Où elle est papa ? Où est allée Olivia ?

Mon père n’eut pas le temps de répondre et une voix s’est faite entendre depuis le haut des escaliers. 

- Je suis juste ici Laura, ne t’en fais pas.

Elle est descendue, marche après marche et a souri en me voyant grimacer de douleur.

- Je vois que tu es réveillée.

- Je vois que vous êtes une pourriture. Pourquoi m’avoir tirée dessus ? Il n’y a pas plus déloyale que ça !

- Je n’aurais pas pris le risque de me battre contre une Tueuse sans arme voyons. J’avais forcément un plan de secours.

Je lui lançais un regard noir, ayant trop mal pour répondre quoi que ce soit. Mais je voyais bien qu’Olivia distinguait chacune de mes grimaces de douleur et de colère. Et elle était fière d’être la responsable de ces douleurs. Elle me dégoutait.

- Il me semble, a-t-elle repris en descendant les dernières marches de l’escalier, que tu n’en a plus pour très longtemps. Tu vas sans doute mourir dans les heures qui suivent. Faisons en sorte qu’elle soit mémorable.

- Je ne vois pas ce qui pourrait être mémorable dans une longue agonie franchement.

- Voir ton père mourir par exemple, déclara-t-elle presque en ronronnant.

Je levais la tête sans réfléchir à ma douleur dans le ventre et je la fusillais du regard en pendant à quelle point ce serait magique de lui arracher la gorge.

- Vous deviez simplement me tuer, lui ai-je lancé en tentant de me libérer de mes liens. Alors pourquoi vous acharner sur mon père ?

- Erreur. Mon job, c’était de te tuer mais également de te faire souffrir. Une nuance subtile mais importante.

Je percevais le monde autour de moi, comme s’il était teinté de sang. Tout était rouge et je me fichais de la douleur, de la peur. Elle ne devait pas toucher à mon père. Elle ne pouvait pas le tuer. Hors de question.

- Si vous touchez un seul de ses cheveux, je vous jure que je…

- Aucune menace, je te prie ! a-t-elle déclaré en haussant le ton. Tu n’es pas en position de proférer ce genre de menaces.

Je ne pouvais rien faire, j’étais coincée. Attachée, mourante et sans défense. A quoi pourrais-je servir dans cet état ?

- Et pour te faire comprendre qui est en position de force, a continué Olivia en souriant furtivement, je vais te montrer ce que je peux faire avec ou sans ton autorisation.

Elle s’est approché de mon père et d’un geste cruel et sec, elle le frappa au visage si fort que le sang a giclé jusqu’à moi. Je ne pouvais pas regarder ça. Je ne pouvais pas le supporter. Et pourtant, mes yeux ne se détachaient pas de mon père. Il supportait les coups dans crier, sans supplier. Il ne voulait pas me montrer qu’il avait mal, mais qui n’aurait pas mal dans cette situation ?

C’est seulement à ce moment-là que je me rendis compte que je hurlais. Je criais de toutes mes forces, je hurlais pour qu’elle arrête de le torturer. Et elle ne s’est arrêtée qu’après quelques minutes. Et les mains souillées du sang de mon père, elle s’est tournée vers moi en souriant.

- Alors, à ton tour ? Tu ne devrais pas faire long feu avec cette balle dans le ventre de toute façon.

Et après ces vagues paroles, je sentis un coup m’atteindre au visage. Puis un deuxième. Et un troisième. Et un autre. Je me suis arrêtée de compte au dixième, et je tentais d’occulter la douleur. Comme si ce n’était qu’une illusion. Qu’un cauchemar, bientôt terminé. Je devais simplement l’occuper assez pour qu’elle laisse mon père en paix. Pour qu’elle l’oublie, ne serait-ce qu’une seconde.

Après je ne sais combien de temps de torture, Olivia s’est enfin arrêtée pour observer le fruit de son travail. Pas la peine pour moi de regarder dans un miroir, je savais que j’avais le visage en sang. Mais Olivia était heureuse de contempler son œuvre et elle est restée ainsi pendant quelques secondes.

Puis elle s’est dirigée vers la table à côté d’elle, et elle s’est emparée de son arme. Sans doute la même que celle qui m’avait déjà trouée le ventre juste avant. Je pense que je n’avais pas besoin de lui demander ce qu’elle comptait en faire. C’était plutôt simple à comprendre.

- Tu sais, a-t-elle commencé, ce n’est pas contre toi à proprement parler. Je fais juste mon job, et puis je pense que…

- Fermes-là ! dis-je en l’interrompant sans scrupule. Je me fiche de ce que tu pense et de tout ce qui a un rapport avec toi. Alors mets-moi une balle dans la tête, qu’on en finisse.

Elle s’est rapprochée de moi, sans que son sourire ne la quitte une seule seconde.

 - Finalement, te tuer sera plutôt amusant, m’a-t-elle gaiement.

Je lui crachais à la figure et mon sang a taché sa joue gauche. Moi aussi, je sais viser.

- Très bien, assez parlé !

Elle a levé le canon de l’arme devant mon visage et je fermais les yeux en priant pour que mon père survive à toute cette histoire.

Un bruit s’est fait entendre et je sursautais en pensant que c’était le canon de l’arme. Mais après quelques secondes, je remarquais que ce n’était pas le bruit d’une arme. Un gémissement de douleur a fusé dans la pièce et j’ouvris les yeux. Olivia était devant moi, un couteau dépassant de sa poitrine. Et derrière elle, Adam tenait le manche du couteau et avait une expression de rage sur le visage. L’observatrice tomba à terre, raide morte, et Adam s’est approché de moi en perdant toute trace de colère sur le visage. Je n’y voyais maintenant que de l’inquiétude.

- Laura, tu m’entends ? s’est-il inquiété. Est-ce que ça va ?

- Tu es venu, ai-je murmuré avec un mince sourire. Tu… Tu es revenu. »

Et sur ces mots, je me suis évanouie. 


Laisser un commentaire ?